Suite du débat démarré sur le topic Call Of Duty
@ couenne : Soit, mais sache que j'aurais malgré tout répondu à ton message, qu'il soit provocateur ou non ; néanmoins, comme tu auras pu le constater, je ne suis guère amateur de ce genre de méthode, et quand je dis que ta réaction est à côté de la plaque, c'est justement par rapport au ton employé qui à mon humble avis ne sert absolument pas le fond de ton argumentation, qui est en revanche tout à fait sincère et que je respecte. Voilà pour la petite parenthèse, histoire que l'on puisse poursuivre ce débat sans à prioris ou griefs.
COD n'est en effet pas le seul, mais je maintiens que c'est l'un des principaux vecteurs de cette idéologie hautement condamnable.
Je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait que le media à lui seul n'est pas le principal lien sur lequel voyage cette idéologie, et qu'il y a des questions d'éducation, de culture, etc. Je pense que dans ce cas, l'éducation parentale est tout aussi essentielle que l'éducation scolaire. Quant au fait que l'enseignement d'histoire dispensé par les établissements français soit complètement neutre… laisse moi en douter, mais ça c'est un autre sujet.
Oui, je suis sûr de moi en disant que les jeunes issus de milieux défavorisés, et très souvent pauvres, ont accès aux jeux vidéo, et cela part en effet de mon vécu. J'ai suivi un enfant de 11 ans (qui aurait eu 14 ans cette année) durant 3 ans lorsque j'étais à Toulouse. J'étais bénévole dans une association nommée l'AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville), qui est présente dans plusieurs villes de France, et qui cherche à établir un lien direct entre les jeunes de milieux défavorisés et les étudiants.
J'ai accompagné ce jeune garçon durant 3 ans, aussi bien au niveau scolaire, que social. La mission de l'AFEV n'étant pas juste une simple aide aux devoirs masquée sous un prétexte socio-culturel, mais une véritable démarche effectuée dans le but d'offrir à ces jeunes un avenir social, culturel et à plus long terme, professionnel. Bref, j'ai évolué dans les banlieues de Toulouse durant de nombreuses heures, et suffisamment pour te garantir que ces gens là ont accès aux jeux vidéo et le constat que j'ai pu faire parle de lui-même : les 4/5 des gosses avec qui j'ai été en contact via l'enfant dont j'étais en charge, possédaient TOUS une 360 ou une PS3 ainsi que des jeux Call Of Duty. Plusieurs d'entre eux m'ont confié que cet accès aux consoles et aux jeux passait par des moyens pas toujours légaux.
J'ai passé des heures à discuter avec cet enfant, et je l'ai vu grandir durant ces 3 années, et ce contact m'a permis de découvrir de moi-même le milieu des banlieues, les mentalités ambiantes, et les réels malaises qui les rognent. Le théâtre, la musique classique, la littérature, etc ont été sujets à de nombreuses discussions entre lui et moi, et j'ai vraiment eu un mal fou à faire naître de l'intérêt chez lui pour ces medias, et à lui faire comprendre qu'il ne s'agissait pas uniquement d'oeuvres élitistes réservées aux intellectuels. Je lui ai demandé ce qu'il aimait tant dans COD et les jeux de guerre, et sa réponse était à chaque fois la même : le sentiment de pouvoir, et de patriotisme. Cette unité au sein d'un groupe capable de pousser aux actions les plus folles. Je lui ai alors exposé mon point de vue, en lui disant que ces jeux représentaient quand même une sacrée propagande pro-américaine, et qu'ils véhiculaient des idées racistes envers des civilisations pour la plupart orientales. Sa réponse fut que, selon lui, si des jeux comme COD et les medias de manière générale prenaient les Russes, les Afghans, etc pour cibles, c'est qu'"il y avait forcément une raison". "Oui mais laquelle ?" je lui ai demandé… "bah je sais pas, l'histoire des peuples". M'a t-il répondu, sachant qu'il avait très peu de connaissances historiques.
Je ne vais pas m'étaler plus longuement sur ce sujet, mais comme tu peux le voir, il y a encore un réel malaise quant à l'obtention de la culture, historique notamment, et qui empêche ces jeunes, qui représentent une bonne partie des consommateurs de COD & co, de prendre suffisamment de recul. Du moment où il n'y a pas de prise de recul, et où l'accès à la culture passe principalement par la TV et des jeux comme COD, l'influence de tels médias prend une envergure disproportionnée. Les jeunes avec qui j'étais en contact ne s'informaient pas, ne lisaient pas d'actualités que ce soit sur les journaux gratuits ou sur internet, n'écoutaient pas la radio sauf pour de la musique, et n'allumaient la TV que pour regarder un film ou jouer à la console. Ils sont reclus sur eux-même, se sentant exclus, et c'était là tout le potentiel d'une association comme l'AFEV : élargir le champ de culture, et ouvrir davantage les esprits au monde qui les entoure.
Inutile de te préciser que les parents, dans ce contexte, ne sont absolument d'aucune aide… ils laissent leurs enfants voguer à leurs occupations sans quasiment aucune modération.
Je connais plusieurs amis et cousins, âgés de moins de 15 ans, qui jouent à COD, mais qui ont eu la chance d'avoir des parents présents pour prendre la peine de parler avec eux, et d'avoir une connaissance historique minimum.
L'allié le plus redoutable de cette idéologie, et qui favorise sa circulation, c'est justement ce manque de communication entre enfants et parents. L'école peut enseigner de nombreuses choses, mais le développement de la psychologie chez l'enfant devrait avant tout passer par les parents. Quand cela n'est pas le cas, l'esprit va chercher des réponses ailleurs, notamment dans les medias et produits culturels dans lesquels cette société baigne. Naïf ou pas, comme un enfant l'est naturellement, l'influence se fait malgré tout et de manière inconsciente.
Donc, oui, COD n'est pas le seul responsable, bien entendu, mais en l'occurence, dans le milieu dans lequel j'ai évolué via cette association, crois moi, c'est un outil de propagande absolument conséquent et destructeur, et c'est là que l'on doit en appeler à la responsabilité d'un éditeur comme Activision.