Ratchet & Clank: Mind Games - Chapitre 4

Auteur : Arayn

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Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était entouré par le néant. Aucune étoile, aucune lumière ne venait percer ce voile obscur.

  - Après tous les sacrifices que mon peuple a fait pour les protéger, Polaris a trahi notre confiance au moment où nous avions le plus besoin d'eux !


Les paroles de Rhivan résonnèrent dans ses oreilles. Puis sa voix se mélangea à une autre, plus familière, et les ténèbres se dissipèrent. Il se trouvait sur le cadrant d'une montre à gousset aussi vaste qu'un continent, et lui n'était pas plus grand qu'un atome. Le tictac des aiguilles sous ses pieds sonnait comme le fracas de deux trous noirs entrant en collision.

  - Prendre un risque ? l'interrogea Alister Azimuth, juste à côté de lui. Ou sauver une race entière de Lombaxs qui ont risqué leur vie pour défendre cette galaxie ?


Le général tomba au travers du cadran, et se mua en grain de sable. Il se coinça dans le mécanisme, qui tressauta, se bloqua, et dérailla, faisant voler en éclats la montre. Les aiguilles, éjectées à la vitesse de la lumière, déchirèrent la toile de l'univers. Ratchet regarda son corps et vit qu'il était séparé en plusieurs morceaux, telles les pièces d'un puzzle.

  - Ratchet, les nôtres sont perdus sans nous, tonna la voix d'Azimuth, couvrant l'effondrement du temps.


Le Lombax fut entraîné dans un tourbillon d'améthyste. Incapable de bouger, il était enfermé dans une cage. Deux yeux verts, pâles comme la mort et fendus d'une pupille à la noirceur abyssale, le contemplèrent.

  - L'univers entier te voit comme un héros, le nargua Vendra Prog. Mais je vois un lâche, quelqu'un qui n'a même pas le courage de retrouver les siens.


La cage se brisa, et les barreaux devinrent des éclats de verre, un kaléidoscope qui prit un instant la forme d'une image qu'il avait gravé dans sa mémoire : le portail dimensionnel qui menait là où les Lombaxs s'étaient échappés. Mais il se rendit compte que les fiers gratte-ciels étaient en feu.

  - Je suis le seul à savoir ce que tu cherches dans cette galaxie ! lui cria Tachyon. Le seul à connaître ton véritable nom !


Soudain, le kaléidoscope se brisa, et les miroirs se tintèrent de noir. Il plongeait vers l'abysse, et le Cragmite se tenait au-dessus de lui, dans son trône de crânes Lombaxs.

  - Ta race ne sera jamais en paix, tu m’entends ? JAMAIS !


Ratchet chuta, toujours plus vite, cherchant désespérément la présence de Clank derrière lui, et une peur animale s'empara de lui en même temps que les ténèbres se refermaient. Et il tomba...


***


Ratchet se réveilla en poussant un hurlement. Ses vêtements et lui-même étaient trempés de sueur, et il haletait comme s’il venait de courir un marathon. Saisi d’une terreur sourde, il passa ses mains sur son visage pour s’assurer qu’il était bien réel, et resta quelques secondes assis en tâchant de se calmer. Lorsqu’il tourna la tête, il vit que la nuit était bien avancée et que la lune de Fastoon éclairait le ciel. Il se trouvait sur son lit. Les draps étaient roulés en boule au pied du sommier, et l'air frais de la climatisation fit frissonner le Lombax.


« Un cauchemar », songea-t-il en écoutant les battements frénétiques de son cœur, qui secouaient sa poitrine. La légère douleur dans le creux de son bras finit de le ramener à la réalité.

Il se leva et saisit sa clé. Le poids et la prise si familiers l'aidaient à se sentir en sécurité. La porte de sa chambre s'ouvrit alors brusquement, et Clank fit irruption dans la pièce.

  - Ratchet ! Tu vas bien ?

  - Ouais... C'était rien, Clank, tu peux retourner te coucher.


Le robot se détendit, mais ne quitta pas la pièce. Il le jaugea du regard, les bras croisés.

  - Tu as fait un cauchemar, n'est-ce pas ? Était-ce encore Alister ?

  - Non, pas du tout, mentit Ratchet, j'étais perdu dans les Cavernes de l'Aube. Ces Pythors me filent des sueurs froides !

  - Je vois... Si ce n'est rien de grave, je vais te laisser. N'oublie pas que je suis là en cas de besoin.

  - Bien sûr. Bonne nuit, mon pote.


À en juger par l'expression sur le visage de son ami, il n'était certainement pas dupe. Mais il eut la gentillesse de ne pas poursuivre la discussion. Il lui souhaita une bonne nuit avant de refermer la porte derrière lui, et Ratchet se retrouva à nouveau seul.

Le Lombax attendit patiemment que le tintement métallique des pieds du robot disparaisse, et s'étala en travers de son matelas. Comment avoir envie de dormir après une expérience pareille ?


Il fixa le plafond. Le ventilateur tournait lentement, sans un bruit. Les pales métalliques brillaient légèrement en passant sous la lumière de la lune, et Ratchet eut, l'espace d'un instant l'impression de revoir ce gouffre de miroirs sans fond.


Il devait se changer les idées. Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre et réalisa qu'il faisait encore jour à Meridian City à cette heure-ci. Il pourrait appeler Talwyn, pour lui annoncer qu'ils reviendraient bredouilles... Il serait sans doute plus pratique de repartir en mission directement depuis Fastoon, sans avoir à retourner sur Iglak pour annoncer la nouvelle.

Décidé, Ratchet se leva. S'ils ne pouvaient pas gagner du temps, il pourrait au moins prendre des nouvelles de sa compagne.

Il sortit à pas de loups de sa chambre et monta les escaliers jusqu'à la salle de holoconférence. Il ignorait la précédente fonction de cette pièce, elle était déjà détruite lorsque lui et Clank s'étaient installés dans cette maison et l'escalier en colimaçon qui menait au deuxième étage s'arrêtait sur le vide. Ils avaient donc profité de cet espace pour ajouter une salle de communications, perchée au sommet de l'escalier comme un phare minuscule. La pièce était peu spacieuse, la majorité de l'espace étant occupée par le projecteur holographique qui trônait en son centre. Ce dernier était relié à une antenne sur le toit, elle-même orientée vers un relais de communications interstellaires situé sur le toit de l'Académie.

Ratchet alluma le projecteur et démarra la liaison avec le bureau de Talwyn, au Centre de Défense Planétaire d'Iglak. Cependant, au lieu de l'interface de chargement habituelle, une icône rouge clignota sur l'écran de contrôle de l'hologramme.

  - "Impossible d'établir la liaison", lut-il à voix haute. Comment ça ?

  - Une erreur réseau est survenue, lui répondit la voix monotone de l'ordinateur. Veuillez vérifier le branchement de l'appareil au relais de communications interstellaires.


Perplexe, le Lombax coupa le contact du projecteur et ouvrit le boîtier pour vérifier les branchements. Tout avait l'air en place... Il suivit les câbles du regard et jeta un coup d'œil à l'antenne. Peut-être qu'une bourrasque avait coupé l'alimentation.

Il hésita à retourner se coucher, et à s'occuper de ce problème le lendemain, mais toute envie de dormir s'était estompée. Il s'habilla, descendit au garage pour se munir d'une caisse à outils et sortit de la maison.


L'air nocturne le fit frissonner, mais il n'en avait pas pour longtemps. D'un coup de Swingueur, il était accroché sous l'antenne, la caisse à outils suspendue à sa ceinture. Tout en veillant à ne pas trop forcer sur son bras gauche, il vérifia méticuleusement que l'appareil était bien fonctionnel, et fut surpris de constater qu'il n'y avait rien à réparer. Le problème ne venait donc pas de son antenne, mais probablement du relais lui-même...

Ratchet tourna la tête vers l'Académie. La silhouette massive se découpait sur le ciel nocturne, chargé de nuages aux formes vaporeuses. Au sommet d'une des flèches encore debout, à presque deux cents mètres de hauteur, la grande antenne pointait vers les étoiles. Un instant, il se dit qu'il pourrait utiliser le communicateur interstellaire de son vaisseau, mais il n'aimait pas l'idée que l'installation soit en panne. Et puis, après avoir passé tant de temps à dormir ces derniers jours, il avait besoin de se dépenser un peu. Une petite escapade jusqu'au relais ne pouvait pas lui faire de mal.


Résolu, il repassa tout de même dans sa chambre pour récupérer des vêtements chauds, sa Clé et son Combustor. Le vent pouvait souffler fort au sommet, surtout à cette époque de l'année, et des Nanophytes traînaient parfois dans les ruines. Le Lombax se mit ensuite en route, guidé par la seule lumière de la lune, qui éclairait suffisamment la rue pour pouvoir se passer d'une lampe.


Il lui fallut une vingtaine de minutes pour arriver devant la porte du campus. Franchir les grilles avait toujours quelque chose de solennel. En marchant dans la cour principale, Ratchet imaginait les centaines d'étudiants et de scientifiques qui se croisaient ici chaque jour. Arrivé au pied de l'édifice, le Lombax s'arrêta un instant pour contempler la façade, qui d'une façon surprenante s'était remarquablement préservée. Il passa la grande porte, et ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur en voyant l'état de l'Académie.


Le hall occupait toute la longueur du rez-de-chaussée, formant une immense allée couverte. Les différents étages étaient empilés sur les côtés, en laissant un espace vide au-dessus de l'allée centrale. Ou plus exactement, c'était dans cet état que se trouvait autrefois le bâtiment. Depuis, le toit de verracier s'était effondré, et les épais piliers qui soutenaient la structure étaient en grande partie détruits. La plupart des étages n'étaient aujourd'hui plus que des tas de gravats, et Ratchet ne pouvait qu'espérer que peu de Lombaxs s'étaient retrouvés coincés en-dessous.

Il avait exploré cet endroit de fond en comble, mais les soldats drophydes n'avaient rien laissé au hasard, et toute trace d'archives ou d'équipement technologique avait disparu. Tachyon avait récupéré puis détruit toutes ces connaissances et ces artéfacts, et beaucoup d'historiens se démenaient encore pour retrouver leur trace, si elle existait encore. La seule chose sûre, c'est qu'il n'y avait plus rien sur Fastoon.


Contournant un amoncellement d'acier tordu et de verre brisé, Ratchet se hissa sur un pilier à moitié effondré et monta jusqu'au toit en se servant de son grappin pour "marcher" le long de la pente raide. C'était le seul moyen de monter dans les quatre tours qui couronnaient le bâtiment principal, l'accès originel ayant été condamné par des débris. Arrivé au sommet, il avança le long d'une rampe étroite, suspendue à plus de cent mètres du sol, et arriva au pied de la tour de communications.

Cette dernière s'élevait jusqu'à une plateforme, située soixante mètres plus haut. Une petite salle permettait de gérer les données émises et reçues par l'antenne parabolique qui se trouvait au-dessus. Comme dans un phare, à la différence qu'aucun mur ne cachait la structure squelettique de la tour, un long escalier en colimaçon permettait de monter au sommet. Mais Ratchet n'avait pas emmené son Swingueur pour monter des escaliers.

Il pointa son bras vers la plateforme, et le versa-grappin jaillit de son poignet pour s'accrocher à sa cible avec un impact sonore. Le Lombax remonta le long de la tour en rappel, sautant d'une poutrelle à l'autre presque sans effort. Il était tout de même légèrement essoufflé lorsque sa main put agripper la barrière qui ceignait la plateforme, et le vent froid qui régnait à cette hauteur n'arrangeait rien. Cependant, sa respiration se coupa aussitôt lorsqu'il entendit un bruit, tout proche : on était en train de frapper sur quelque chose.


Discrètement, Ratchet dégaina son Combustor et enjamba la barrière. La porte du poste de contrôle était ouverte, mais il ne pouvait pas voir ce qui se tramait à l'intérieur. À pas feutrés, il longea la barrière jusqu'à se trouver en face de l'ouverture et découvrit la source du bruit : trois silhouettes, tapies dans l'ombre, étaient en train de saccager à mains nues le matériel de communication. Le Lombax reconnut un Tharpod, un Terraklon et un Agorien. Aucun des trois ne portait de signe distinctif, et ils étaient vêtus comme des civils.

  - Hé ! s'exclama-t-il. Éloignez-vous de...


Il fut coupé par un flash, suivi d'un éclair violacé, et l'Agorien se retrouva juste devant lui en un clin d'œil. L'imposante créature leva le poing, qui se chargea d'énergie. Des veinules mauves apparurent sous sa peau, se concentrant sur son bras. Ratchet dut se fier entièrement à son instinct pour esquiver ce coup, si fulgurant qu'il sembla faire chauffer l'air sur son passage. Cependant, le Lombax était adossé à la barrière, et sa liberté de mouvement en était fortement réduite. Il saisit sa clé de la main gauche et décocha un puissant uppercut dans la mâchoire de son adversaire. Ce mouvement lui arracha une grimace de douleur : son bras était encore fragile. Pire encore, il s'aperçut que la montagne de muscles à la peau rouge avait à peine bronché, et que ses deux amis sortaient à leur tour de la salle pour couper tout échappatoire.

Saisissant tout de même cette seconde d'inattention du colosse, Ratchet rangea ses armes d'un mouvement fluide et se laissa basculer par-dessus la barrière. Il se rattrapa aux barres métalliques qui passaient sous la plateforme, et eut à peine le temps de souffler que des tirs passèrent à quelques centimètres de son visage. Il se balança pour esquiver les attaques et riposta avec quelques rafales de Combustor, mais il était dans une position désavantageuse. Les projectiles, de la taille d'un œuf, traversaient la plateforme bien plus facilement que les balles de plasma de son pistolet. De couleur blanche et violette, ils laissaient une traînée d'air déformé derrière eux, comme des balles tirées sous l'eau. Ratchet n'avait jamais vu une arme tirant des projectiles de ce genre, mais n'avait pas vraiment le loisir de se poser des questions.

Soudain, la grêle s'arrêta, et le Lombax put reprendre son souffle. Les bras douloureux, son pelage roussi par endroits, il allait se féliciter de ne pas avoir été touché lorsqu'un grincement métallique lui fit baisser les yeux.

Les tirs de ses agresseurs n'avaient pas traversé que la plateforme : toute la structure de la tour avait été sérieusement endommagée. Les poutrelles à moitié fondues ployèrent, se tordirent et finirent par céder, et tout commença à s'effondrer dans un long hurlement de métal froissé et brisé.

  - Ah non, pas encore ! s'écria Ratchet, pris au milieu de débris.


Il n'avait pas Clank pour amortir sa chute. Le mieux à faire était donc de ne pas tomber. Malheureusement, le point le plus haut auquel se raccrocher se trouvait soixante mètres plus bas. Ses méninges remuèrent à toute vitesse, et une idée germa alors que la tour basculait vers la cour principale de l'Académie. Il lâcha prise, et se propulsa avec ses jambes pour s'éloigner de la tour. Il plongea en direction du plafond brisé du hall. Le vent froid siffla à ses oreilles, couvrant le fracas qui détonnait derrière lui. Il accrocha son Swingueur à une poutre qui dépassait du plafond au moment où il passait au travers, et laissa le grappin se dérouler sur quelques mètres pour amortir le choc. La poutre, déjà fragile, se plia dangereusement, et Ratchet s'approcha du sol beaucoup plus que ce qu'il espérait. Il serra les dents et se prépara au choc... puis se rendit compte que la poutre n'avait finalement pas cédé, et qu'il était suspendu à seulement quelques mètres du sol.

Il souffla de soulagement et se réceptionna avec souplesse au milieu du hall. À une vingtaine de mètres, un nouveau tas de gravats était venue combler l'entrée du bâtiment. Sans attendre, le Lombax se mit à courir vers les décombres de la tour, Combustor au poing.


Arrivé à proximité des débris, il prit une seconde pour constater l'ampleur des dégâts. La grande antenne de communication interstellaire gisait au sommet du monticule, désormais réduite à l'état de morceau de métal tordu. Quoi que ces intrus cherchaient à faire dans la salle de contrôle, c'était maintenant terminé : la tour était complètement irréparable. Ils allaient sûrement devoir remplacer la plupart des composants...

Il ne trouva aucun corps autour des gravats. S'ils étaient encore en vie, ils devaient être coincés en-dessous. Il regrettait de ne pas avoir pris son armure, ou au moins un moyen de contacter Clank, ou Rhivan. Mais il ne pouvait pas prendre le risque de les laisser s'échapper, alors il s'aventura dans la ruine.

Les dizaines de tuyaux, de poutrelles et de panneaux métalliques formaient une véritable toile d'araignée. Ratchet avait peu d'espace pour bouger, mais c'était sûrement le cas de ceux qu'il cherchait aussi. Malgré la lumière ambiante, l'épais nuage de poussière soulevé par la tour agissait comme un écran de fumée. Le Lombax progressa le plus discrètement possible, une main sur le visage pour ne pas éternuer. Pas question de se faire surprendre une seconde fois !


Mais il avait sous-estimé les capacités de ses adversaires. Soudain, une lueur violette apparut à l'extrémité de son champ de vision. Par réflexe, il se jeta au sol, une seconde avant qu'une déferlante d'énergie ne traverse les décombres. Un son abyssal retentit alors que le métal était déchiré par l'attaque et éparpillé au loin. L'air sur son passage était brûlant. Le Terraklon surgit de sa cachette et se jeta sur Ratchet, qui roula sur le côté pour esquiver. Il se releva en un éclair, son arme braquée sur son ennemi. Son doigt pressa la gâchette, mais il fut surpris au même moment par L'Agorien, qui l'avait chargé avec une vitesse hallucinante pour sa carrure. Le projectile de plasma atteignit le Terraklon à l'épaule, et le Lombax se pencha en arrière pour esquiver le poing qui le visait au torse. Ce dernier l'effleura à peine, mais le halo couleur améthyste qui l'entourait entra en contact avec lui. Ratchet ressentit une vive douleur, comme si sa poitrine brûlait de l'intérieur, et une force considérable le projeta dans les airs. Il atterrit quelques mètres plus loin. Sonné, il toussa de la poussière teintée de rouge. Il n'avait aucune idée de ce qui venait se de passer, mais il était sûr d'une chose : il ne fallait en aucun cas qu'il soit touché.

Le Tharpod émergea à son tour de la ruine, et le trio s'avança vers lui. L'épaule du Terraklon fumait, mais il n'avait pas l'air d'en tenir compte. Ratchet serra les dents et ramassa son Combustor. Il se trouvait dans la cour de l'Académie. À l'extérieur, personne ne risquait de le surprendre, mais il n'avait nulle part où se mettre à couvert. En reculant lentement, il pointa son arme sur eux. Pouvaient-ils se déplacer plus vite que ses tirs ? Si c'était le cas, autant essayer de les prendre par surprise.

Il continua de reculer, sans lâcher ses adversaires des yeux. Les trois avançaient de manière presque synchronisée, les mêmes veinules violettes luisant sous la peau.


Et tout à coup, l'engagement commença. Le Terraklon bondit vers lui, le Tharpod le darda de ses étranges projectiles, qui semblaient sortit de sa main, et l'Agorien le contourna. Combustor dans la main gauche et Super Clé dans l'autre, Ratchet se battit en veillant à éviter chaque décharge d'énergie. Il parvint à repousser leurs assauts, mais ils étaient si rapides qu'il avait bien du mal à riposter. Il perdit lentement du terrain, jusqu'à heurter soudainement une paroi.

Il se trouvait au pied du mur de l'Académie, mais il était tellement absorbé par le combat qu'il fut surpris de s'en être approché aussi vite.


Profitant de cette seconde d’inattention, le Terraklon réussit à porter un coup à la tête du Lombax, qui ressentit immédiatement comme une intense lumière qui semblait éclater dans chaque recoin de son crâne. La douleur le fit vaciller et il tomba à terre. Sa vision se brouilla et des points noirs dansèrent devant ses yeux, tandis qu’il apercevait confusément l’Agorien et le Tharpod qui se dirigeaient vers lui. Il pouvait à peine se mouvoir quand l’Agorien lui passa son bras massif en travers du cou et le souleva du sol, sans pour autant l’étrangler. Ratchet se débattit du mieux qu’il put, mais il ne pouvait rien faire contre la poigne de fer qui le maintenait. Le Tharpod s’approcha et sortit de sous sa veste un petit conteneur cylindrique, pas plus grand qu'une bouteille. À l’intérieur se trouvait une forme vaporeuse, de la même couleur que les attaques de ses agresseurs. Elle louvoyait légèrement, et Ratchet aurait juré qu'elle le regardait. Le Tharpod posa sa main sur la poitrine du Lombax, qui éprouva une sensation atroce et indescriptible, comme si son système nerveux se rétractait lentement au fond de son cerveau. Du coin de l’œil, il vit le spectre violet sortir du bocal et remonter le long du bras de son porteur comme un serpent, se dirigeant droit vers lui.

Comprenant avec horreur ce qu'il se passait, Ratchet se débattit de plus belle. L'adrénaline inonda son organisme, et la paralysie disparut. Il vida le chargeur de son arme sur le torse de l'Agorien, qui lâcha prise et s'effondra au sol. La créature se replia dans le conteneur et les deux autres agresseurs se jetèrent sur le Lombax à genoux.


  - Ratchet ! cria soudain la voix d'un petit robot, reconnaissable entre mille.


Une sphère bleutée vola dans les airs et éclata à ses pieds, et il eut l'impression de chuter lorsque la bombe temporelle les enveloppa. Ses agresseurs, piégés dans l'ambre du temps, ne bougeaient presque plus, et Ratchet en profita pour s'échapper, mais il avait oublié dans quel état il se trouvait et retomba à genoux quelques mètres plus loin. Il lui fallait des Nanotechs.


Clank et Rhivan accoururent vers lui. Le vieux Lombax avait revêtu son armure Prétorienne, luisant d'un éclat froid sous la lumière de la lune, et tenait fermement sa double clé, prête à en découdre. Il posa brièvement la main sur l'épaule de Ratchet, lui intimant de ne pas bouger.

La bulle temporelle se dissipa et les deux ennemis restants firent volte-face, sans même un regard pour leur compagnon, étendu dans la poussière. Rhivan se mit en garde et la mêlée s'engagea. Resté en retrait, Clank s'approcha de son ami et lui administra les premiers soins. Les Nanotechs firent bientôt effet, et Ratchet retrouva le contrôle de ses membres. Les idées enfin claires, il voulut avertir ses compagnons des capacités de leurs ennemis, mais les mots moururent dans sa gorge lorsqu'il se retourna vers le mur.


Rhivan se battait comme une bête sauvage. Pas comme un animal en cage, mais comme un prédateur. Chaque mouvement, chaque coup était mesuré avec précision et délivré à une vitesse stupéfiante. Lorsque le Tharpod, qui avait reculé vers le mur, tenta de l'atteindre par derrière, il se retourna, balayant du même coup les jambes du Terraklon, et lança sa clé dans sa direction. Se muant en une traînée de lumière chatoyante, elle vrombit et souleva un nuage de poussière sur son passage, et vint clouer le Tharpod sur le mur, la gorge coincée entre les branches de la pince profondément enfoncée dans la paroi métallique.


Rhivan se retrouva sans arme face au Terraklon, qui n'arrivait toujours pas à le toucher, mais qu'il ne pouvait se risquer à attaquer à mains nues. Ratchet, à nouveau en possession de ses moyens, lança sa propre clé en direction du Lombax, qui l'attrapa au vol pour asséner un coup foudroyant. La nuque du Terraklon se brisa dans un craquement sonore et son corps sans vie s'écroula dans la poussière.

Le vétéran se retourna vers le Tharpod, qui se débattait contre le mur. Malgré sa force inhabituelle, il semblait incapable de déloger la clé qui le bloquait. S'apercevant que son propriétaire se dirigeait vers lui, il leva une main et une vague d'énergie surgit de nulle-part, déferlant sur le vieux Lombax. Ce dernier esquiva d'un mouvement fluide, comme s'il avait lu les pensées de son adversaire, et se jeta sur lui sans perdre une seconde.

  - Attends ! lui cria Ratchet. Il nous le faut vivant !


Rhivan saisit le manche de sa clé et l'arracha du mur d'un coup sec. Le Tharpod, bien que libéré, s'écroula au sol comme une marionnette dont on aurait coupé les fils, et cessa de bouger. Ratchet, ne sachant s'il était encore en vie, se rua vers eux, alors que le vieux Lombax s'agenouillait au-dessus du corps, deux doigts posés sur la gorge de ce dernier.

  - Il est mort, confirma-t-il.

  - Pourquoi tu l'as tué ? protesta Ratchet. Il aurait pu nous donner des informations !

  - Je ne l'ai pas tué. Il s'est suicidé quand j'ai esquivé son attaque.

  - Vous en êtes sûr ? demanda Clank en s'approchant. La biologie Tharpods ne permet pourtant pas un arrêt volontaire des fonctions vitales.

  - C'est pourtant ce qu'il s'est passé.


Rhivan rengaina sa double clé, et tendit la sienne à Ratchet. Dans son armure de trillium, il paraissait beaucoup plus imposant. Il venait d'accomplir une impressionnante démonstration des capacités de la Garde Prétorienne. La dernière fois que Ratchet avait vu quelqu'un se battre ainsi, il s'agissait d'Alister.

  - Tout va bien ? s'enquit-il.

  - Super, grimaça le jeune Lombax. Heureusement que vous êtes venus.

  - Dans ce cas, tu vas peut-être pouvoir nous expliquer ce qu'il s'est passé, suggéra Clank sur le ton de la réprimande. Que faisais-tu ici à une heure pareille ?

  - ... Si cela ne vous dérange pas, intervint Rhivan, nous pourrions continuer cette discussion autre part ? Nous sommes à découvert, et je n'ai pas vraiment envie d'attendre que d'autres assassins cyborgs nous tombent dessus.

  - Je ne crois pas que c'étaient des cyborgs, objecta Ratchet en pointant du doigt le bocal du Terraklon, qui contenait toujours l'étrange créature vaporeuse.

  - Je crois qu'il va me falloir un café, soupira son compagnon.



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