Folie Furieuse - Chapitre 16

Auteur : Ratchet_Dadou

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11h05, Metropolis, Kerwan

Qwark attendit que Siridia les déposât sur l’une des nombreuses plateformes Kerwaniennes. Dans ses pensées – et dans la crainte d’affronter un autre danger –, il regardait ses pouces tourner. Comment allait-il donc s’en sortir ? Dans tous ses plans conçus, il ne s’auto-désignait jamais pour passer à l’action. Sasha l’avait désigné de force pour qu’il fît quelque chose dans cette ultime bataille. La bataille aux plus de victimes… Il frissonna, n’osant y penser. Tout cela était un travail pour les deux petits, Ratchet et Clank. Mais il devait prouver à tout le monde qu’il était capable d’accomplir des exploits héroïques. Il devait devenir même historique. Il fallait qu’on entende parler de lui pour l’éternité comme étant « le héros ayant mis un terme à l’Âge des Robots en gagnant la dernière bataille et en ayant donné une bonne raclée au Dr. Nefarious une bonne fois pour toutes ». S’il n’y assistait pas et que l’on gagnerait la guerre, on le considérerait comme le plus grand trouillard de l’histoire et on dirait qu’il se serait caché pour le compte de sa propre vie. Il avait peur ; peur que l’on perdît pour toujours ; peur de mourir. Mais il n’avait pas le choix. Il tenta de rassembler son courage.

En descendant, il constata que ce petit scientifique du nom de Dr. Minucius avait bien fait son boulot. Les tourelles anti-aériennes, habituellement à l’affût du moindre bruit, ne redressaient même pas la « tête » pour « apercevoir » le vaisseau. Siridia se rapprochait de la grande tour où devait se trouver le « grand-machin-qui-fait-mal » – il ne se rappelait plus le nom qu’elle avait employé – pour détruire le dernier Bioblitérateur, le premier étant démoli par Clank de la même façon, sur la planète Khoros. Il voyait cette tour gardée se rapprocher.

Ils se posèrent au pied de la tour ressemblant à celle de Khoros et sortirent du vaisseau. La Rilgarienne sortit, fronçant les sourcils d’un air courageux et tenant son Foudroyeur dans les mains, à l’affut du moindre robot. Qwark, lui, sortit avec l’air angoissé, s’étant mis dans la tête de paraître fort et courageux, tel le véritable héros qu’il rêvait de devenir, lorsque son alliée, ou un autre Guerrier de la Vie, le regarderait. Il portait un Plasmo-Mitrail, son arme fétiche.

Plusieurs Robots-Blargs apparurent devant eux. Sans hésiter et sans leur laisser le temps d’agir, Siridia leur tira dessus plusieurs fois et, comme elle maîtrisait le Foudroyeur, ils « moururent », tous frappés en même temps. Qwark lui-même n’avait pas pu agir car elle fut très rapide. Tout en rentrant dans la tour en courant, dont l’immense porte était ouverte pour laisser passer les robots et qui, pour une raison inconnue, ne s’était pas refermée, elle lui lança :

-Continuons.

Il s’élança derrière elle, ne la voyant déjà plus car elle disparut par la porte. Siridia avait toujours été ainsi depuis qu’il la connaissait : prête à partir à l’aventure et voulant en finir rapidement lorsqu’elle trouvait la situation « barbante ». Quelle fille !

« Elle pourrait m’attendre, tout de même ! » grogna-t-il en lui-même.

Il sprinta, ne voulant pas la perdre, et passa la porte à son tour. Tout en continuant de courir, il se retrouva sur des escaliers qui montaient en tournant, comme cette tour carrée. À part ces escaliers d’un gris sinistre, il n’y avait rien. Son Plasmo-Mitrail en main, il montait tout en continuant sa course. Il monta, monta,… puis s’arrêta et mit les mains sur ses genoux en respirant bruyamment, essoufflé. Il n’en revenait pas : une fille pouvait-elle donc le semer ainsi ? Il en eut honte. Il se souvint que cela faisait trois bons mois que ses activités sportives s’élevaient à zéro et regretta de ne pas avoir fait d’exercices au cas où il repasserait à l’action. Il pensait que son plan serait suivi à la lettre, comme il l’avait conçu, et qu’il n’aurait rien à faire. Mais non. Ce chef des Guerriers de la Vie voulait qu’il fît sa part de boulot comme les autres. Depuis la formation de ce dernier groupe de résistants organiques, il rêvait d’en être le chef. Après tout, il était l’ennemi juré de Nefa, alors il devrait être le véritable capitaine pour l’affronter, maître contre maître, dans un combat épique. Cette situation lui rappela son repos bien mérité à Metropolis après avoir battu le chef des robots sur la planète Magmos lorsque celui-ci était encore organique. Il n’avait plus songé à faire d’activités sportives et ce fut Helga qui vint chez lui pour « lui secouer les puces », comme elle l’avait dit. Elle voulait lui faire faire un parcours d’entraînement et lui avait également affirmé qu’en ce moment il ressemblait à une saucisse verte géante.

Tout en se remémorant ces instants et en s’exprimant dans un monologue intérieur, il avait petit à petit repris son souffle. Il allait à nouveau s’élancer pour tenter de rattraper cette petite coquine, mais il vit un éclair rouge. En réalité, c’était un tir-laser qui se rapprochait rapidement et dangereusement de son visage, menaçant de le transpercer. En un dixième de seconde – ou environ –, Qwark pensa à l’esquiver en se baissant, mais évalua qu’il était trop tard. Pris soudainement de panique, il se mit à crier, voyant le tir se rapprocher de son front. Cela ne dura pas longtemps ; il entendit :

-Warning !

Siridia avait crié « Warning ! » car c’était le moyen le plus rapide de l’avertir plutôt que « Attention ! », « Atención ! » ou « Attenzione ! ». Elle fonça vers lui en un éclair et le fit tomber avec elle. Le tir-laser s’écrasa contre le mur avant qu’il ne fût par terre. Qwark atterrit sur le ventre dans les escaliers en sentant le choc. Il resta allongé, tournant la tête vers sa sauveuse. Celle-ci tira plusieurs coups de son Foudroyeur sur un ennemi qu’elle pouvait voir, mais pas lui. Elle se décala légèrement vers la gauche en vitesse et esquiva un autre tir. Elle acheva son adversaire d’une dernière décharge.

Puis Qwark se releva lentement, exprimant par son visage une gratitude et une frayeur mêlées qu’il ne pouvait pas dissimuler. Il balbutia sous l’effet de sa panique d’il y avait si peu :

-Heu… Siridia… Mer… Merci.
-Pas de quoi ! Lança-t-elle joyeusement en souriant et en lançant son Foudroyeur en l'air pour le rattraper plusieurs fois. Vous croyez réellement que j’allais abandonner un allié, ou devrais-je dire un ami ?
-Un ami ? Répéta-t-il, bouleversé.

Jamais personne ne l’avait considéré comme un ami. C’était la première. Il faillit en avoir les larmes aux yeux. Tout le monde – ou la plupart – le voyaient comme un héros et une idole, mais depuis sa naissance, il n’avait jamais eu de véritable ami. La jeune Rilgarienne continua, ne semblant pas l’avoir entendu :

-J’ai foncé dans les escaliers en éliminant tous les tas de ferraille rouillée qui étaient sur mon passage. Je pensais que vous me suiviez. Mais je me suis rendue compte que ce n’était pas le cas. Je vous ai attendu, mais comme vous ne veniez pas, je suis redescendue. J’ai compris que vous étiez en danger et que vous aviez besoin de mon aide ; et j’avais raison. Combien de robots vous ont embusqué ?

Qwark, saisissant cette occasion pour éviter de se faire passer pour une mauviette, réussit à abandonner sa mine effrayée, se grandit du maximum de ses trois mètres et afficha un air fier en répondant :

-Oh, ils étaient des… milliers. Je les ai combattus sans relâche et je n’ai pas pu te suivre, petite. Mais,… lorsqu’euh… je croyais les avoir tous vaincus, ce tir a filé vers moi, menaçant ma propre vie, la vie du plus grand héros qui soit. Heureusement, tu m’as sauvé. Je t’en suis très reconnaissant.

Pendant son discours mensonger et héroïque, il avait quelques fois cherché ces mots, mais au bout du compte, il jugea qu’il ne s’en était pas mal sorti. Siridia regarda par-dessus la barre qui clôturait l’escalier jusqu’à la hauteur de son cou, puis le regarda à nouveau avec une tête maligne. Elle le connaissait bien, elle. Elle ne se faisait pas prendre par ses belles tirades.

-Je ne vois qu’une seule carcasse de robot ici : celle de celui que je viens de détruire, déclara-t-elle.

Elle se doutait de quelque chose, c’était sûr. Qwark n’avait pas l’esprit assez vif pour comprendre qu’elle l’avait tout de suite démasqué. Il réfléchit deux secondes, cherchant à ne pas montrer son air gêné, puis lui présenta son Plasmo-Mitrail.

-Et c’est normal ! Répondit-il. Tu vois ce Plasmo-Mitrail ? Ce n’est pas un flingue ordinaire. Lorsque j’ai battu le Dr. Nefarious à Metropolis, il y a longtemps, je suis allé voir Al qui y a installé une Super-Fonction-Désintégration !

Siridia, ne se laissant pas prendre au piège, n’ajouta rien à ce sujet, le laissant croire qu’elle fut convaincue par son mensonge. Elle recommença à monter les escaliers, plus lentement cette fois, puis lui lança après quelques pas :

-Venez. Nous devons atteindre le sommet.
-Heu, oui, réagit le capitaine. C’est de mon devoir que je dois sauver la Galaxie de Solana. Tous ces êtres-organiques-devenus-robots-qui-doivent-redevenir-organiques croient en moi. Je ne dois pas capituler, faire face à l’ennemi et, dans un but suprême,…
-Bon, vous venez ? L’interrompit la Rilgarienne, qui était déjà presque à l’angle droit de ce niveau des escaliers, lui faisant signe de la main.

Il soupira, ennuyé de n’avoir pas pu terminer sa belle et majestueuse tirade, et se mit à la suivre.


* *

*


Le duo mit environ une demi-heure à monter toutes les marches. La plupart du temps, ils pouvaient avancer tranquilles, mais par moment des Robots-Blargs apparaissaient, dans la simple intention de les tuer. Siridia était la plus combative : elle réagit la plus vite et tua un bon nombre de leurs ennemis.


* *

*


Ils atteignirent enfin le sommet de ces nombreux escaliers et s’avançaient vers la petite entrée d’une salle à peine plus grande que Qwark, à travers de laquelle on voyait deux petits écrans penchés vers un petit siège noir qui se situait devant un clavier de commandes. La salle était grise. Elle ressemblait beaucoup à la salle contenant le canon sur Khoros où Clank avait réussi à détruire l’un des deux Bioblitérateurs.

En marchant vers l’entrée de la salle, l’air sérieux et déterminé, Siridia accéléra le pas dans le but de dépasser Qwark tout en rangeant son Foudroyeur et en sortant deux Hydro-Cracheurs, une dans chaque main, et en les chargeant, tendant les bras de sorte à tirer sur sa droite et sur sa gauche en cas de besoin. Arrivée sur le seuil de l'entrée, sans tourner la tête, elle relâcha la détente des deux armes et Qwark vit des éclairs bleus en sortir pendant qu’un fracas métallique brusque résonna. Il comprit alors que deux robots se trouvaient collés contre le mur des deux côtés de l'entrée, cachés, attendant le bon moment pour surprendre le duo et le descendre avant qu’il n’eût le temps d’agir. Décidément, cette fille était hors du commun ! Le gaillard vêtu de vert lui demanda en passant à son tour la porte et en désignant les carcasses robotiques à moitié éventrées :

-Comment tu as fait pour savoir qu’ils étaient là ?
-Simple intuition, répondit-elle sans afficher d’émotion.

Elle s’avança vers le tableau de commandes en rangeant ses deux armes et s’assit sur le petit siège noir qui semblait avoir été conçu pour l’Agent Clank, comme sur Khoros. Ce ne fut pas bien confortable, car elle était trop grande, mais ce n’était pas le moment de jouer les princesses. Les Guerriers de la Vie avaient une galaxie à sauver. Grâce à l’écran et au clavier, elle put diriger le grand canon destructeur. Comme tout le monde le savait, le Bioblitérateur, jugé à présent comme ayant accompli sa mission pour la conquête galactique - avant la découverte des « bouseux survivants » -, se trouvait à quelques mètres sous terre, près de l’immeuble de Nefa. Seulement quelques mètres. Le tir surpuissant du canon pourrait l’atteindre. Pendant qu’elle dirigeait la machine, Qwark attendait à côté d’elle, debout et les mains derrière le dos. Elle se concentrait. De la sueur, née à la fois du suspense – allait-elle réussir ? – et à la peur de faire une erreur dans la manipulation de l’engin, coulait sur son visage vert. Enfin, après quelques secondes qui lui parurent une éternité, le bruit sourd d’un tir du canon, à moitié étouffé car ils se trouvaient à l’intérieur, résonna, puis on entendit une immense explosion lointaine. Avait-elle réussi ? Le Bioblitérateur était-il détruit pour de bon ? Qwark vit que oui lorsqu’elle se leva brusquement du siège, sautilla joyeusement et leva les bras en s’écriant d’une voix puissante :

-Yes ! On a réussi ! On a réussi !

Mais soudain, un tir-laser rouge vint traverser son ventre. Qwark sursauta. La Rilgarienne afficha une tête étonnée, l’air trahi, la bouche grande ouverte et les yeux laissant paraître un mystérieux vide qu’elle n’avait jamais. Elle posa ses mains sur son ventre, d’où coulait déjà beaucoup de sang, à peine visible sur sa combinaison noire, mais d’un bleu vif dégoulinant sur le sol. Un silence régna pendant une seconde qui parut être une éternité pendant qu’il ressentait la tristesse le dominer de plus en plus. Sans attendre, le prétendu super-héros tourna la tête vers un tireur. Il s’aperçut alors que l’une des carcasses des Robots-Blargs était encore « vivante », son bras étant la seule partie de son corps à encore pouvoir s'animer. C’était ce bras, armé d’un pistolet-laser noir qu’il ne connaissait pas, qui avait tiré sur elle en profitant du moment de joie du duo. Qwark tira sur le bras robotisé avec son Plasmo-Mitrail, ce qui le fit voler et heurter le mur avant de retomber sur le sol, derrière son allié « mort ». Il observa encore quelques secondes les robots, au cas où l’un d’eux fonctionnerait encore, mais il sembla que ce n’était pas le cas.

Il se tourna donc vers Siridia, qu’il remarqua allongée sur le sol, sur le ventre, et se précipita vers elle. Il s’agenouilla ensuite près d’elle et, aussi lentement et doucement qu’il put, la retourna sur le dos pour qu’elle ne souffrît moins. La petite Rilgarienne respirait lentement et péniblement, sa main droite sur sa blessure. Le sang ne s’arrêtait pas et avait toujours la même vitesse. Qwark exprimait par son visage une tristesse et une inquiétude énormes. Il voulut de toutes ses forces que cet instant ne fût seulement qu’un cauchemar. Les larmes commencèrent à lui couler des yeux.

-Je t’en prie,… Siridia… murmura-t-il péniblement. Ne pars pas… Je trouverai un moyen de te sauver.

Elle lui sourit faiblement, mais cela ne dura même pas une seconde, comme si cela lui coûtait trop d’effort.

-Qwark… Je ne… veux pas… mourir.

Tout en pleurant, il chercha des yeux de quoi stopper l’hémorragie. Mais il ne trouva rien. Il songea à quitter la pièce en sprintant pour lui ramener quelque chose qui pourrait la sauver, mais il savait que son temps était compté. Il ne pouvait pas la laisser seule. Il baissa la tête, posant ses mains sur le sol, à genoux, en sanglotant.

-Ne pars pas, Siridia… Ne pars pas… supplia-t-il.
-Sau…vez… les autres… l’entendit-il murmurer faiblement. Laissez…moi…

Il releva soudain la tête pour la regarder en face, voulant lui rétorquer qu’il ne l’abandonnerait jamais, mais elle restait la bouche ouverte, ses yeux regardaient quelque chose d’invisible et on n’entendait plus sa respiration. Elle était morte.

Lorsqu’il le comprit, il rebaissa la tête, sanglotant et chuchotant : « Siridia… Siridia… ». Il resta ainsi pendant longtemps.




De leur côté, Clank et Al avaient attendu le signal de Qwark et de Siridia quand ces derniers auraient réussi à détruire le dernier Bioblitérateur. Le signal ne fut pas un message par radio, mais une grande explosion qu’ils virent au loin.

-Ça y est ! S’était exclamé Al. Ils ont détruit le Bioblitérateur !
-Comment être sûr qu’il s’agisse d’eux et de cette machine ? Avait demandé Clank.
-Eh bah, peut-être à part vous deux qui avez disparu, tout le monde sait qu’après la victoire du Docteur Nefarious, il a décidé de ne plus s’en servir mais de le garder comme trophée. Son invention se trouvait là-bas, à quelques mètres sous terre.
-Eh bien, il ne surveille pas trop ses affaires, on dirait, avait dit le petit robot avant de lancer son rire habituel.


Ils parcouraient donc à présent Metropolis, Al ayant son petit bijou de « débioblitération » à la main, ressemblant à une arme dont un rayon dérobotisant pouvait sortir. Clank surveillait ses arrières pour éviter qu’un robot ne leur tirât dessus. À chaque fois qu’un tir apparaissait, il l’avertissait. Quand le roboticien jaune s’occupait de « débioblitérer », le rayon multicolore mettait plusieurs secondes à agir et ne devait pas quitter la cible, ou il recommencerait sa manœuvre, comme pour l’utilisation du Morpho-Rayon, du Moutonator ou du Canardator. Il arrivait parfois que le robot ciblé s’échappait de l’étreinte d’énergie, semblant préférer mourir que de redevenir organique et de « trahir le Maître ». Mais l’intelligent duo parvenait toujours à les dérobotiser.

Lorsque les ennemis retrouvaient leur corps de chair, d’os et de sang, ils semblaient au début tout abrutis, puis retrouver leurs esprits peu à peu en posant d’abord un déluge de questions. On supposait que leur esprit et leur conscience, les ayant quittés en devenant des robots, revenaient petit à petit. Clank et Al leur conseillait toujours après qu’ils furent délivré de leur esclavage et de leur respect envers Nefa de se réfugier là où ils avaient déjà attendu le signal de Qwark et de Siridia. La plupart obéit. Ils délivrèrent ainsi des Robots-Blargs, des Robots-Citoyens et même des Robots-Tyrannoïdes, qu’ils n’avaient jamais vus depuis bien longtemps – peut-être un peu plus de quatre mois –.


Le duo se trouvait désormais sur une grande plateforme où se trouvait de l’herbe, embusquant un Robot-Blarg qui se trouvait seul. Al dirigea plusieurs fois son invention vers la machine mais, coincée entre eux et un mur, il ne cessait de courir de gauche à droite et vice-versa, en ligne droite, pour échapper au rayon.

-Clank, dit le roboticien jaune, il faudrait que tu m’aides, là !

Clank, lui tournant le dos, surveillait les environs au cas où un autre robot viendrait secourir le Blarg métallique. Avant qu’il ne pût se retourner face à leur ennemi pour aider Al à le « débioblitérer », il vit soudain à sa droite un tir-laser rouge s’écraser sur l’herbe, laissant un petit cercle marron de terre d’où sortait de la fumée. Il en sursauta, car il était doté d’émotions, réalisant que le robot cherchant à leur échapper avait failli atteindre Al. Juste quand le tir disparut – car les lasers d’une arme à feu étaient très rapides –, il entendit son allié s’exclamer :

-Woah ! Voilà, il s’est souvenu avoir une arme !

Le Guerrier de la Vie savait lui aussi que les Robots-Blargs étaient stupides et qu’ils ne pensaient qu’à analyser des choses qui leur paraissaient inconnues. Clank se retourna et vit le Blarg bioblitéré continuant à courir pour tenter d’échapper au rayon d’Al, tenant un Plasmo-Mitrail jaune à la main. Tout en se déplaçant rapidement, il recommençait à viser le roboticien. Le petit robot se mit à courir vers son ennemi, faisant entendre les petits bruits de ses articulations, prêt à ranger son antenne surmontée d’une boule rouge et à sortir son Hélipack. Il s’en rapprochait rapidement, car il en était tout près.

Le Robot-Blarg, ne l’ayant pas encore remarqué jusque-là en visant Al, l’aperçut et pointa immédiatement son arme vers lui. Il tira. Par chance, Clank eut le temps de l’esquiver en sautant de côté, faisant toujours face à lui. Puis il se remit à courir vers lui et, quand il se sentit prêt, il sauta vers lui du plus haut qu’il pouvait et activa son Hélipack. Alors, lorsqu’il allait se heurter contre le bassin du robot, ses hélices lui permirent de faire comme une sorte de double-saut qui l’éleva plus doucement jusque sur sa tête. Il relâcha son Hélipack lorsqu’il atteignit son but, de sorte à tomber à plat ventre dessus, et s’y accrocha fermement de ses mains. Son ennemi chercha à s’en débarrasser en secouant très fortement la tête. Clank sentit la sensation de la secousse intense et il crut que ses mains allaient lâcher prise tout en ayant les yeux ronds et en faisant des « Whaoo, whaoo, whaoo… ! » rapides. Mais il parvint à tenir bon.

Agacé – ou plutôt voyant que cela ne servit à rien, car c’était un robot dépourvu de toutes émotions –, le Blarg métallique pointa son arme au-dessus du niveau de sa tête dans le but de l’éliminer. Le petit robot vit un gros Plasmo-Mitrail qui lui occupa tout le champ de vision et pensa à descendre à la seconde sur le sol ou bien il y passerait. Quand soudain, avant qu’il n’eût pu faire quoi que ce fût, il vit un éclair blanc et ferma les yeux à cette réaction. Il crut d’abord qu’on lui avait tiré dessus, mais il ne ressentait aucune douleur. Il se demanda s’il existait vraiment une vie après la mort et s’il pourrait vivre cette deuxième existence lui aussi.

Puis la lumière totale s’estompa et il se rendit compte qu’il se trouvait toujours à Metropolis, en compagnie d’Al qui avait l’air à présent détendu. Il crut voir de la couleur sous lui et baissa le regard. Le Robot-Blarg du gris sinistre robotique de cet Univers était maintenant d’un rouge vivant ; il n’était plus un Robot-Blarg, mais un Blarg organique. La grande lumière n’était en fait que le rayon « débioblitérant » d’Al vu de près. Clank n’était pas devenu organique, lui, même s’il avait été touché par le faisceau : l’invention du roboticien jaune pouvait redonner aux êtres bioblitérés leur corps d’origine, mais n’avait pas la capacité de transformer des robots qui l’avaient toujours été.

Clank descendit du Blarg grâce à son Hélipack et se posa en douceur sur le sol avant de rejoindre son allié. Le duo vit le Commando Blarg, vêtu d’une armure lui rappelant le gris de sa ferraille peu avant sa guérison, mettre une main sur la tête et plisser les yeux. Il avait l’air épuisé, ou énormément abruti.

-Où… Qu’est-c’qui s’est passé ? Murmura-t-il faiblement.
-Oh, pas grand-chose, répondit Al, ironisant. Vous avez juste été bioblitéré par le Dr. Nefarious pendant quatre bons mois.
-Le Dr. Nefarious ? Fit le Blarg en secouant la tête. Qui c’est, celui-là ?

Clank et Al se regardèrent, étonnés. Ils n’avaient jamais eu affaire à cette question. Normalement, tous les Solaniens – à part les Floraniens et les petits animaux – le connaissaient depuis un bon moment. Ceux qui n’avaient pas eu « la chance » d’en entendre parler lorsque Qwark le combattait avant que Ratchet et Clank n’intervinrent avaient fait sa connaissance peu après la défaite du Président Drek. Puis le Commando leva la main de sa tête en ouvrant un peu plus les yeux, signe qu’il commençait à retrouver ses esprits.

-Ah, oui. L’espèce de robot bizarre qui voulait faire la révolte des robots et chais plus quoi d’aute.

Sa phrase apprit au duo qu’en réalité, il l’avait oublié car il venait à peine de sortir de sa vie d’esclave robotique. Il ajouta :

-Et maintenant, c’est quoi la situation ?
-Nous sommes en train de mener la dernière bataille de cette guerre contre lui, lui raconta Clank. Soit le monde redeviendra comme avant, soit il restera ainsi.
-Ainsi ?
-Il n’y a pas que vous qui avez été bioblitéré, figurez-vous, poursuivit Al. Nous n’étions plus que six êtres organiques dans la galaxie. Grâce à mon invention, il y a un espoir de tout faire rentrer dans l’ordre.

Le Blarg, qui ne semblait tout d’abord pas avoir remarqué que Clank était un robot, tourna à nouveau son regard vers lui, cette fois rapidement, et s’exclama :

-Hé, mais t’es bien un robot, toi ! Pourquoi tu nous aides ?
-Celui-ci est différent, marmonna Al.

Sans crier gare, il se baissa brusquement sur le petit robot, l’empoigna et le souleva du sol.

-Whoua ! Fit Clank.

Le robot sentit qu’il arrêta le geste d’un coup et vit quelque chose. Après une seconde, il distingua que c’était son Plasmo-Mitrail braqué sur lui, prêt à tirer. C’était la deuxième fois qu’il fut menacé par la même arme, tenue par la même personne. Le Blarg semblait avoir retrouvé ses esprits plus vite que les autres.

-Je te reconnais ! S’écria-t-il. C’est toi qui as assassiné le Suprême Président Drek en compagnie de ce sale rongeur ! Tu vas payer pour ça !
-Lâchez-le ! Rugit Al.
-Attendez ! Fit Clank. Tout d’abord, c’est la guerre contre Nefarious qui nous intéresse.
-Il est où, ce type ? Marmonna le Blarg.
-Il est toujours en liberté. Nous devons le mettre hors d’état de nuire, et après nous pourrons régler notre compte. Cela vous conviendrait-il ?

L’ancien être bioblitéré laissa son arme braquée sur le petit robot pendant quelques secondes, semblant hésiter. Puis il hocha la tête et le reposa par terre.

-Marché conclu. Mais n’en profite pas pour te défiler, O.K. ?
-D’accord, mentit Clank, sachant qu’il allait rentrer dans son Univers d’origine si les Guerriers de la Vie réussissaient à reprendre Solana.

Al lui décrivit ensuite l’endroit où il devait se rendre pour le moment. Mais pendant la discussion, le Blarg désigna quelque chose derrière le roboticien jaune et le petit robot. Les deux Guerriers de la Vie se retournèrent et aperçurent une douzaine de Robots-Blargs armés jusqu’aux dents. Certains avaient même un Dévastateur ! Ils s’approchaient lentement, tels des voyous prêts à tabasser leur victime dans la rue. Ils encerclèrent les trois personnages en braquant leurs armes sur eux. Le trio se retrouva coincé entre leur demi-cercle et le grand mur qui avait servi à empêcher le Blarg « débioblitéré » d’échapper au rayon d’Al.

-MOUREZ, BOUSEUX, leur lança l’un d’eux.

Le Blarg se rapprocha du demi-cercle envahissant sans même prendre la peine de lever les mains en signe de soumission et annonça d’une voix dominante :

-Mes compatriotes, vous voyez, je ne suis pas comme eux. Je suis des vôtres. Faites ce que bon vous semble avec eux, mais allions-nous et arrêtez d’obéir aveuglement à ce robot bizarre qui se fait appeler Dr. Nefarious.

L’une des machines visa sa tête avec son Plasmo-Mitrail, prêt à tirer. Voyant cela, le « débioblitéré » insista :

-Ne me tuez pas, imbéciles : je suis des vôtres.

Un tir-laser rouge lui traversa la tête. Clank et Al sursautèrent sur le coup. Le Blarg tomba sur le dos, le sang coulant du trou minuscule dans sa tête, affichant un air très étonné. Il avait dû se sentir trahi pendant si peu de temps qu’il ne s’en était même pas rendu compte. Le Robot-Blarg qui l’avait descendu et suivi du regard pendant sa chute dit à présent :

-NOUS N’OBÉIRONS À PERSONNE D’AUTRE QU’AU MAÎTRE, STUPIDE ÊTRE DE CHAIR ET DE SANG.

Puis il releva le regard vers les Guerriers de la Vie. Un autre robot, qui tenait un Tempête N60 – arme qu’ils n’avaient jamais vu chez les Blargs métalliques jusque là –, ajouta :

-AU SUIVANT.

Un troisième, qui avait son arme rangée, fonça vers Al et l’attrapa à l’épaule droite. Avant que Clank ne pût faire quoi que ce fût, il attrapa également ses côtes droites, le souleva et le jeta par-dessus la plateforme.

Avant de tomber dans le vide, le roboticien jaune lança son invention servant à délivrer les habitants bioblitérés de sorte qu’il ne chutât pas avec lui. Avant que l’objet n’atterrît sur le sol, le petit robot fonça vers le bord de la plateforme, voulant se jeter dans le vide pour sauver son allié grâce à son Hélipack. Mais lorsqu’il fut tout près de la limite de ce gazon aérien, des grandes mains l’attrapèrent et le jetèrent en arrière. Il vit le ciel défiler devant ses yeux, sentant une sensation désagréable. Il crut d’abord qu’il allait tomber de l’autre côté en ne pouvant sauver Al, mais il fut surpris en sentant un grand choc dans le dos. Il rebondit légèrement et sentit un autre choc moins fort, puis le processus recommença encore une fois, en moins fort. Ce moment où il ne toucha pas le sol avait été si rapide qu’il n’avait pas eu le temps de sortir ses hélices. Il se retrouva couché sur l’herbe avec l’énorme inquiétude de ne pas pouvoir aider le roboticien jaune. Il chercha à se relever, mais le choc avait rendu son action pénible et, avant qu’il ne pût se relever complètement, il vit un Plasmo-Mitrail fixé sur lui. Il remonta le regard et aperçut l’un des Robots-Blargs. Mais évidemment, qui d’autre pourrait-ce être ? Il n’osa pas regarder à sa gauche ni à sa droite pour voir si les autres machines l’encerclaient.

-DOMMAGE QUE TU N’AIES PAS VOULU NOUS AIDER, PETITE BOÎTE DE MÉTAL MINABLE, lui dit le robot qui voulait le descendre, aucune émotion dans les yeux. TU EN AVAIS TOUJOURS LA POSSIBILITÉ QUAND TU JOUAIS DANS TES HOLO-FILMS. MAIS MAINTENANT, IL EST TROP TARD. TU AS OSÉ DÉCEVOIR LE MAÎTRE.

Il allait tirer. Clank ferma les yeux en tendant les bras et en dirigeant ses paumes vers son futur meurtrier, comme si ce réflexe pourrait le sauver. Il attendit ainsi le choc qui mettrait fin à sa vie tout en espérant que Ratchet, de son côté, réussirait.



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