Sly Cooper : Destin de Voleurs - Chapitre 2

Chapitre 2 : Elémentaire mon cher Raton

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Auteur : cooper13

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Écrit et imaginé par Cooper13
Sly Cooper in : Elementary My Dear Raccoon
Fan fiction pour Ratchet Galaxy
Bonne lecture !
Écrit à partir d'août 2015


Fond noir !

On entend juste un « tic », suivi d’un « tac », à intervalle de temps régulier. Le monochrome se dilate légèrement jusqu’à laisser apparaître le chiffre « II » sur un fond blanc. L’arrière plan recule encore au point où un cercle blanc orné de douze chiffres romains allant de I à XII puisse apparaître clairement. Il s’agit d’une grande pendule ronde en bois et en argent. Le « tic, tac » continue de tinter dans la pièce. Ce son est accompagné de plusieurs bruits similaires, tous cadencés à la même fréquence. En effet, plusieurs horloges et autres pendules sont également présentes. « Tic, tac ». Le son est calme, on peut s'habituer rapidement au bruit des différents réveils. « Tic, tac ». La plupart des pendules sont accrochées contre le mur. Il était vraisemblablement 17 heures. « Tac, tic, tac ». En regardant chaque pendule, on peut facilement remarquer qu’elles sont toutes différentes. Aussi bien concernant la matière, la forme des aiguilles, ou encore l’écriture et la disposition des nombres. Ces horloges sont toutes répandues derrière une vitrine.

Un flash de quelques secondes éclaira cette dernière. Le reflet du van se lisait dans la vitre, avec à son bord, son fidèle équipage. Une légère flamme resta accrochée aux portes arrière du véhicule. Le bolide n’en était pas à son premier voyage temporel. Alors que ce dernier accélérait sans trop savoir vers où aller, le gang découvrit où et quand diable cette montre à gousset les avait transportés.


— Londres, décembre 1896 —


A l’ère de la vapeur. Même s’il n’y a pas de quoi partir en fumée, le groupe avait déjà un plan improvisé. La « Eastern Telegraph Company » fut l’une des toutes premières cabines téléphoniques de l’histoire selon Bentley. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une société contenant plusieurs bâtiments publiques, où quiconque sachant utiliser un télégraphe puisse envoyer des messages.
Après analyse du mot, la tortue était certaine : le message laissé sur le van provenait de l'une de ces compagnies. Le terme « STOP » revenait à plusieurs reprises dans le mystérieux mot. Ce qui indiquait qu’il avait été envoyé par télégraphe. La ETC (Eastern Telegraph Company) étant la plus développée des sociétés de communications de cette époque, il y avait de forte de chance que le télégramme provenait de l'un de ces locaux. Ce qui, par conséquent, emmena le gang à se diriger vers celui le plus proche. L’objectif était de rencontrer l’homme, ou la femme, qui leur avait soigneusement posé ce mot sur le capot du van, en Égypte.

Les vapeurs issues des nouvelles grandes entreprises et industries britanniques avaient d’ores et déjà envahi cette ville en pleine expansion. La plus grande était « S.A.R.L. RatTrap & Bombs », spécialisée dans l’extermination des rats. Les premiers insecticides et autres « Tues-rats » de l’histoire de l’humanité. Bien entendu, il y en avait bien d’autres spécialisées dans le charbon, le transport…
En pleine réputation « d’économie-monde », l’empire britannique et surtout Londres prospéraient. Cette ville avait rapidement su devenir le berceau de toute croissance économique et industrielle, lui offrant ainsi une grande réputation mais aussi de nouveaux ennuis.

Au sein de cette grande ville, un véhicule sans chevaux doublait tous les cochers qu’il croisait sur sa route. Ce dernier, lancé à pleine vitesse, voulait à tout prix croiser cet inconnu qui les avait mystérieusement contactés. Londres était reconnaissable par rapport à l’époque actuelle. On pouvait distinguer Big Ben qui surplombait la ville. Malgré l’épaisse fumée qui flottait dans le ciel, le clocher était encore distinguable. Inauguré depuis 37 ans, la ville s'était déjà habituée à être symbolisée par ce monument.
Le premier détail que le groupe remarqua lors de sa folle excursion était la probable période de l’année à laquelle ils se trouvaient. La neige qui tombait, additionnée à celle présente sur les trottoirs, témoignaient de la présence de la saison hivernale. Bien que l’heure ne fut pas aux fêtes de fin d’année, il fallait admettre que l’ambiance était plus chaleureuse que la chaleur insupportable de leur dernière expédition.

Bentley admirait la scène du fond du van. Il regardait Murray et Sly de dos, en train de s'élancer en plein gaz. Le paysage était plus sombre lorsqu'il était observé à l'arrière du van. Les deux passagers du devant bloquaient toute lumière. Le moteur du van semblait faire un bruit inhabituel… Il grognait comme s’il était rongé de l’intérieur. Des 40 degrés Celsius de l’Égypte antique au petit 5 de l’hiver victorien, il était probable que tout était dû au choc thermique auquel le véhicule était soumis. Murray s’inquiéta pour son van. Il n’avait encore jamais fait ce bruit là précédemment.
Mais tant pis, il fallait avancer. Le propriétaire du message devait encore être sur les lieux ! Il fallait le débusquer. Bentley sentait son cœur battre comme jamais. « Qui diable avait bien pu leur jouer ce mauvais tour ?! Qui ?! »
La route bondée de cochers, la neige sur la route et le bruit du moteur n’étaient pas les principaux obstacles de cette course contre la montre. Le vrai problème était que la ville était complètement méconnue par le groupe. Ils y avaient séjourné quelques jours après leur victoire contre Sir Raleigh au présent, mais pas au stade d’en repérer les moindres recoins et d’en connaître l’emplacement des bâtiments dans cette époque. Lorsque Murray comprit qu'il ne savait pas où il allait, il stoppa net le véhicule. Bentley réfléchissait. Il fallait réfléchir. Un bâtiment comme l’ETC ne devait pas être bien difficile à retrouver à cette époque, et à cet endroit. Dès cet instant, la tortue se posa les bonnes questions dans son esprit pour guider l’hippo là où il fallait. Les minutes qui allaient se jouer allaient être cruciales. De plus, le van ne devait pas se faire trop remarquer dans cette époque. Au risque d'en altérer le continium espace-temps. Jusque ici, le van avait toujours eu le chic d’apparaître dans des endroits discrets. D’où l’intérêt pour la tortue de réfléchir vite et bien… encore une fois.

Le but était simple : localiser l’ETC dans un endroit complètement méconnu. La tortue procéda par déduction. Elle décida dans une démarche logique de reconnaître l'endroit même où le van se situait avant de concevoir un quelconque itinéraire. Plusieurs autres cochers semblaient avancer dans la même direction devant lui. De chaque coté se trouvaient des commerces, un boulanger et ce qui ressemblait à une épicerie. Plusieurs habitations mitoyennes annoncèrent le décor. Certains carrefours situés droits devant eux aéraient la voie sur laquelle ils s’étaient engagés. La route était visiblement droite. Lorsque soudain, un bruit sourd se fit entendre à l'intérieur du van. Une sorte de klaxon. Un gros klaxon. Un bruit non pas aigu mais grave… À cet instant, les yeux de la tortue s'illuminaient. Il murmura de suite : "Le train…" Le gang se tut à l'instant. Comme si le son lourd les traquait, un silence s'installa pendant de courtes secondes. Le bruit se répéta une deuxième fois. Murray eut l'impression que ce « gros klaxon » dura plus longtemps la seconde fois. À peine le son s'arrêta que Bentley sursauta sur son fauteuil avec toute l'inertie de son bassin : "Le train ! Nous sommes prêts d'une gare ! Le bureau de "poste" ne doit pas être bien loin de la gare ! Suis le son du train Murray ! Il va nous mener à l’ETC ! "

Sur ces mots, l'hippo renfonça la pédale d'accélération. Qui disait train, disait gare. Qui disait gare, disait télégraphe pas loin. Qui dit télégraphe pas loin dit aussi phrase pas très très française… Mais peu importe, il fallait rattraper ce train ! Le localiser ! Le rejoindre ! Sly entre-ouvrit sa fenêtre pour mieux entendre et localiser la provenance du bruit. Il s'agissait bel et bien d'un train ! Son ami avait l'ouïe fine, se résolut le raton. On entendait plus fort le bruit du train. Plus grave, plus fort, plus proche… Murray tenta de se rapprocher du bruit, il emprunta toutes les routes qui semblaient lui rapprocher du véhicule à grande vitesse. Londres semblait paraître comme un grand gruyère aux yeux du groupe. Plein de chemins, pleins de routes à des trafics différents. Bentley regardait l'heure. Il était 18h16. Le soleil allait se coucher alors que la neige continuait de tomber. Sly sentait des flocons toucher son bras posé contre la portière. Ils étaient froids, et petits. Bien qu'il faisait de moins en moins chaud dans le van, le groupe continuait de rouler la fenêtre grande ouverte. Il fallait rejoindre ce train !

L'hippo esquiva coup sur coup les cochers et coupa plusieurs intersections consécutivement. Le train était proche ! Alors que les premiers lampadaires se faisaient allumer par des agents municipaux, Murray alluma à son tour les feux du van. Les pneus fumèrent sur les pavés à la vitesse du moteur. Le logo du van était toujours flamboyant sur son fond fameux bleu.
Plus le van accélérait, plus les ruelles semblaient rétrécir, les trottoirs se rapprocher, la vision s'assombrir… et les quelques passants toujours aussi surpris. Mais peu importe, le véhicule se rapprochait du train. Bentley le sentait, le train n'était plus loin. Le bruit du klaxon se rapprochait. Cependant, un détail heurta la tortue. Pourquoi n'avait-il pas l'impression de se rapprocher du centre de la ville, mais au contraire de s'en éloigner ? Puis soudain, à une énième intersection, Murray croisa enfin le chemin du fameux train. Murray roulait sur une voie parallèle à celle de la locomotive. Cette dernière semblait accélérer… Sly, qui lui aussi tentait de réfléchir dans tout ce cirque, comprit en même temps que Bentley : " Il ne se rend pas à la gare… Il la quitte ! Il quitte la gare ! Demi-tour Murray ! "
Le pauvre Murray se sentait en plein délire. Il laissait ses amis réfléchir pour avoir l'espoir de coincer un inconnu. Il agissait, il obéissait bêtement. Sans trop comprendre ce qui pouvait bien se tramer dans leur tête. Bien que l'adrénaline dans laquelle le groupe se sentait envahir ne les déplaisait pas non plus à cent pour cent, Murray était un poil stressé. Il ne voulait pas que la réflexion logique dans laquelle s’étaient lancés ses deux amis échoue à cause de lui. Tout dépendait de sa capacité à s'orienter et à conduire un véhicule. Le sien.
Dans un dérapage qui prouvait à quel point l'hippo était maître du véhicule, ce dernier fit un 180° des plus majestueux. Et ce, en frôlant les quelques cochers. Heureusement peu de passant observait la scène.
Les yeux rivés sur la route, l'hippo était concentré dans sa conduite. Les rues étaient droites, mais inondées de cochers. Murray reprit l'accélération d'un simple coup de pied sur la pédale, puis se ré-élança à travers Londres. Le volume sonore du moteur augmentait. Telle une musique, Murray le fit vibrer au rythme de sa détermination. Ils allaient coincer cet importun ! Au fur et à mesure que le bruit du train s'éloignait, la gare se rapprochait ! Le van roulait à la parallèle du chemin de fer. Bentley espérait rattraper l'auteur du message. Qui sait, peut-être se trouverait-il encore à la gare ?!
Lors de leurs derniers mètres, le gang prit le temps d'observer les rues de Londres. Ces immenses boulevards dont leur stress avait réussi à les faire ignorer. Les immeubles étaient grands, et la plupart donnaient directement sur la route. Cette même route qui était déjà pleine de brouillard au sol et de fumée industrielle dans le ciel.

Après une courte course-poursuite, la gare apparaissait devant le pare-choc. Elle paraissait gigantesque. Un bâtiment s'étendant sur plusieurs mètres de longs. Majoritairement constituée de briques, la bâtisse surplombait le boulevard avec sa grande horloge plaquée or. Le toit de la gare semblait être en verre. Murray remarqua qu'un grand nombre de fiacres s'étaient stationnés le long du bâtiment. Les bougies des lampadaires étaient déjà allumées. Le bâtiment était vraiment très grand vue de dehors. On aurait dit un mini palais. Bentley était démangé par l'idée d'aller visiter le monument. Malheureusement, l'ordre du jour lui en empêchait. Les voyages dans le temps prenaient une ampleur non anticipée. La tortue était stimulée par ce genre d'endroit où tout se joue à la minute près, et ce, par la maîtrise des nouvelles technologies.

La réflexion dans laquelle les deux protagonistes s'étaient engagés leur avait caché la notion du temps. Cela faisait déjà dix minutes que le gang avait rejoint cette époque, le présumé auteur du télégramme était sans doute loin maintenant… Mais peu importe, le groupe n'avait plus nulle part où aller. Il fallait tenter. Sans ne plus vraiment croire en sa mission, Sly remarqua l'entrée du bureau de télégraphe aussitôt qu'il claqua la porte du Van. Dont la fenêtre était toujours ouverte. Néanmoins le raton n'avait pas remarqué l'arrivée du cocher à sa gauche. Le crescendo du bruit de sabots des chevaux alerta in extremis l'ouïe de Sly. La serpe à la main, ce dernier esquiva le cocher en se collant dos au van ! Le chauffeur ne prit même pas la peine de se retourner pour regarder le raton. Sly ne remarqua pas non plus à quoi ce dernier ressemblait. Il ne vit seulement les immenses roues en bois passer devant lui. Il semblait pressé. Sly se mordit la lèvre pour ne pas l'injurier ! Mais son devoir le rappela à l'ordre. De plus, il devait éviter tout contact avec le monde extérieur. Au risque d'altérer le temps. D'une motivation sans précédent, Sly s'élança vers l'entrée de la gare. Le télégramme était une petite cabine mitoyenne au bâtiment. Il faisait froid dehors. Sly s'en rendit compte aussitôt qu'il avançait dans le brouillard du soir. Après avoir traversé plus prudemment la rue le séparant de la gare, le raton fit un constat désagréable. Le bureau semblait fermé. Refusant de croire à son impression, Sly s'approcha encore plus rapidement de la cabine. Il se saisit de la poignée et la tira vers lui. Sentant la porte se bloquer, le raton la poussa encore plus fort contre lui cette fois. La porte ne s'ouvrit pas. Il n’y avait personne…

Il fallait le reconnaître. Le gang avait eu beau être efficace, ils avaient fait fausse route. Le raton leva les yeux vers le ciel. Retour à la case départ…



— À quelques rues d'ici… —


Une canne tapotait le trottoir londonien au rythme des pas de son propriétaire. L'homme en question était vêtu d'un grand imperméable bleu marine. La moustache brune, raide et un chapeau haut de forme lui voilant le haut du visage, l'homme avançait d'un pas décidé. Sa tenue empêchait un quelconque observateur de deviner sa race animale. Il portait même des gants foncés. Ses bottes étaient propres. Il était grand, le dos droit et le torse bombé. La canne était légèrement courbée sur le coté de la main. Et celui qui touchait le sol était plus arrondi. Oui, l'individu semblait vraiment déterminé, sûr de lui, le regard imperceptible. L'homme tenait un prospectus enroulé dans son autre main. Lui aussi, il était fermement tenu. Il était tard, la nuit tombait. Les premiers lampadaires étaient toujours restés allumés. Ces derniers reflétaient son ombre contre le trottoir. Ce dernier s'arrêta devant une horlogerie, fermée depuis quelques minutes. Dans la continuité de sa démarche, il sortit sa montre de poche et la scruta fixement pendant quelques millisecondes. Il re-déplia ensuite le prospectus qu'il tenait et le relu attentivement. L'individu se gratta l'arrière du cou. Il semblait perturbé.
D'un pragmatisme singulier, l'individu reprit son chemin. Il replia son papier et le rangea dans son autre poche. Sa canne continua ainsi de tapoter contre le sol, au rythme de ses pas. Sa main gantée libre était restée dans sa poche. L'individu avança d'une dizaine de mètre puis s'arrêta. Il était face à une petite ruelle, perpendiculaire au trottoir auquel il se situait. Après avoir sournoisement observé les environs, il s'engagea dans celle-ci. Elle était déserte et brumeuse. Sûr de lui, l’homme s’agrippa aux parois des murs et escalada l’habitation en quelques instants. Une fois sur le toit, il continua sa lancée. En sautant sur plusieurs toits triangulaires en ardoises, la silhouette tenait sa canne d’une manière familière. Ce n’était pas la première fois qu’il s’aventurait sur les toits de Londres. Ces derniers étaient encore plus étouffés par la brume nocturne, ce qui rendit le protagoniste encore plus discret. Lors de son sprint, la silhouette trahit sa race animale : le manteau relevé par la vitesse de la course laissa apparaître une queue de raton laveur.

L’inconnu semblait se diriger vers la gare…

Au même instant, Sly resta quelques secondes supplémentaires devant la ETC. La cabine était résolument fermée. Le raton avait du mal à lâcher symboliquement la poignée. Il retenta d’ouvrir la porte en la tirant vers lui. En vain. Le raton se résolut à retrouver ses amis dans le van et à leur annoncer la mauvaise nouvelle.

L’inconnu sauta de toit en toit. Sa canne à la main, son chapeau sur l’autre. De la buée commençait à se condenser sur son monocle. Ses pas laissaient des traces de neige sur son passage, tandis que celle-ci continuait de tomber.

En lâchant la poignée, le raton baissa la tête en se retournant en direction du van. Un sentiment indescriptible s’installait dans son esprit. Ce genre de sensation où l’on a l’impression que l’on est en train de passer à coté de quelque chose. Ce genre de moment où sans savoir pourquoi, on sait qu’il y a quelque chose. Cette sensation, désagréable et intrigante à la fois, s’empara de son état d'esprit. En fronçant ses sourcils, Sly se retourna une dernière fois vers le bâtiment de la ETC. Le dos presque courbé.

Avant de sauter du toit, l’homme au chapeau observa la place. Il était face à la gare. La veste et sa queue flottaient dans le vent hivernal. La main devant son front, il semblait enfin trouver ce qu’il cherchait. Le sourire aux joues, l’inconnu s’élança sur le premier lampadaire qu’il rencontra et descendit tel un pompier sur sa barre, en plein sur le trottoir. La neige écrasée par son atterrissage laissa échapper un bruit léger. " Pfou ". La neige avait déjà épaissi sur le sol. Il neigeait réellement depuis un bon quart d’heure déjà. La canne dans sa main, il se retourna vers son objectif et piqua un dernier sprint. Il n’en croyait pas ses yeux.

Toujours au même moment, Sly sentit des bruits de pas précipités venir vers lui. En défensif, il se retourna automatiquement. Il tenait sa serpe comme s’il allait frapper. Cela ne ressemblait ni aux bruit de pas de Murray, ni aux roues de Bentley. « Il ne manquait plus que ça, soupira le raton. »

L’inconnu s’avança vers sa cible. Lui aussi, une légère angoisse s’invita dans son esprit. Il tenait fermement sa serpe, aussi. Prêt à cogner dans le pire des cas. Il ouvrit le dialogue :
« Vous êtes Sly Cooper, Sir ? »

L'individu s'arrêta à un mètre de Sly. Sur le trottoir neigeux de la ETC.

Sly ouvrit grand les yeux. La voix était rauque et virile. En se retournant vers l’inconnu, Sly cacha légère légèrement sa serpe dans son dos. La silhouette lui paraissait familière :
« Lui-même. »

Sur l’instant, le raton fut assez fier de sa réponse. Il avait réussi à masquer sa légère angoisse. Néanmoins, cela était sans doute dû au fait qu’il reconnaissait la personne. Il continua :
« À qui ai-je l’honneur ? »

Les deux protagonistes se regardaient droit dans les yeux. Intensément. Chacun était intrigué par l’autre. Chacun observait physiquement l'autre. Chacun semblait connaître l’autre. La réponse de Sly n’arrangea en rien la situation. À l’entente de ces deux mots, l’inconnu ouvrit grand ses yeux. Pour la première fois, son chapeau haut de forme laissait le spectateur découvrir son regard. Il avait des yeux bruns noisette. Et assez beaux, il fallait l’admettre.
Chacun bougeait la tête dans le même sens que l’autre. Comme un miroir. Ce moment comique et silencieux fut brisé par le deuxième raton laveur :
« Walter Thaddeus Cooper »

D’un geste synchronisé, les deux personnages relâchèrent leur serpe et se tendirent naturellement la main. Toujours en se regardant mutuellement droits dans les yeux. D’une franche poignée de main, les deux individus semblaient finalement heureux de se connaître… jusqu’au moment où un détail heurta Sly :

- Mais… Comment pouvez-vous me connaître ?!
- Ce serait une bien longue histoire à vous raconter ! Je ne suis pas moi-même sûr de bien comprendre la situation. Répondit comiquement Walter. Allons chercher vos amis, je vais vous conduire dans ma boutique. Nous y serons en sécurité.



Ce fut sous une brume neigeuse que nous avons rencontrée, de manière assez inattendue, mon ancêtre du Londres victorien : Walter Thaddeus Cooper. Après un bref trajet et une brève rencontre en van, Walter nous ramena à notre point départ : la boutique d’horloges. L’endroit même où nous nous sommes téléportés quelques minutes plus tôt. Il s’est avéré que la montre à gousset avait probablement été fabriquée ici même dans la journée. Preuve que le réceptacle de Bentley fonctionne bel et bien. Londres en 1896 : telles étaient nos nouvelles coordonnées spatio-temporelles. Nous n'en savions guère plus.

Néanmoins, ce n'était pas le cas de Walter. Mon ancêtre nous expliqua chez lui, qu'il avait reçu quelques jours plus tôt une assez mystérieuse lettre. Cette dernière racontait précisément où et quand se déroulait notre propre rencontre. Celle d'il y a quelques minutes plus tôt… Bentley refusait de croire à un tel prodige. La lecture de la lettre le fit immédiatement changer d'avis. Il était écrit mot pour mot comment nous nous étions rencontrés : lieu, heure, ainsi que la description physique de mon groupe et du van. Exactement toutes les informations nécessaires afin de nous retrouver à ce moment précis. Quelqu'un tenait visiblement à nous faire rencontrer.

Bien que l'enquête fut alléchante, le principal problème n'était pas là. Après une tasse de thé, mon ancêtre nous raconta que de mystérieux événements étaient parvenus ces derniers temps dans Londres. Walter soupçonnait que quelqu'un tentait de le tuer. Depuis quelques semaines, il se sentait épié et avait failli mourir plus d'une fois. Le motif de l'assassinat ne lui paraissait pas impossible. Plusieurs fois même. Ces tentatives n'avaient jamais eu lieu dans sa boutique, mais lorsqu'il agissait dehors en plein casse. En pleine action. Ce qui signifiait que son "ennemi" ne savait probablement pas où il se réfugiait. Heureusement.

Flèches empoisonnées, mort aux rats dans l'alimentaire, flaque d'acide dans la zone du crime… Les tentatives avaient été multiples. Et heureusement là encore : non fructueuses. L'enquête de Walter le mena droit à l'entreprise : "Rat Trap Bombs". Une nouvelle usine qui s'était installée dans la zone industrielle de la ville. Toutes ces tentatives d'assassinat le menaient au même point : l'acide. Il y en avait dans les flèches, dans sa nourriture, ses passages…

L'échantillon de Walter fut prouvé par une analyse complémentaire de Bentley. Il s'agissait bel et bien d'acide sulfurique à 88%. De quoi dissoudre presque n'importe quoi. Rat Trap Bombs était donc rentrée dans notre ligne de mire… Et notre premier objectif était d'y découvrir ce qui s'y tramait.

Nous passerons à la mystérieuse lettre ensuite.


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Élémentaire mon cher Raton !


— Horlogerie Coop'Heure —
— 21 décembre 1896 - 21 : 22 —


Sly se tenait droit sur le repose-corps d'une fenêtre à l'étage de l'horlogerie. Son nouvel allié possédait une bien belle demeure en guise de refuge. Sly réfléchissait tout en admirant sa nouvelle ville. La neige continuait de tomber. Elle allait sans doute continuer de tomber toute la nuit. Ses deux avants bras se croisèrent, posés sur le repose-corps en acier. Le béret cachait légèrement son regard. Cependant, on remarquait facilement que le raton était anxieux. La situation était insupportable pour lui. Quelqu'un les malmenait. Et ils n'en savaient rien. Rien de rien. Ils étaient défendus de revenir dans le présent. La situation craignait un max. Bien que la pleine lune éclairait la présence du raton, son esprit n'en était pas moins sombre.
Bentley le rejoignit en se plaçant à coté de lui. Lui aussi semblait perturbé. L'aventure ne les amusait plus vraiment. Quelque chose les dépassait. Ils avaient horreur de ça. Le rongeur brisa le silence en premier :

- Où est Murray ?
- Il est parti dormir à l'instant. La journée a été difficile.

Bentley observait la montre à gousset dans sa main gauche. Elle était en argent. Les chiffres étaient romains, en noir sur blanc. L'horloge de poche n'avait pas trois, mais quatre aiguilles. Une pour les secondes, une pour les minutes, une pour l'heure… et la dernière qui était la plus fine, semblait indiquer le jour de la semaine. En effet, sept marques disposées à environ 50° des unes des autres surplombaient la coque. Plusieurs fils ornementés étaient inscrits sur le cadran guilloché, ce qui lui apportait un air grisé, reluisant, et sobrement classe. Ces derniers avaient la forme d'une poignée de brindille d'herbe, dont les embouts formaient des cercles. Chacune des aiguilles avait un look différent. Bien que celle des secondes semblait classique, l'aiguille donnant l'heure était globuleuse et percée diagonalement en forme de petite flamme. La coque était également ornée donnant la même figure que sur le cadran. Le tout donnait un air singulier, harmonieux et assez victorien à cet objet. Lorsque le silence s'installa dans le duo, on pouvait même entendre légèrement le son de la petite aiguille.

- Tu m'étonnes. reprit calmement Sly. Il n'y a même pas 24 heures, on réfléchissait à comment combattre une sécheresse et vaincre un despote ; tandis que, maintenant, nous ne savons même pas quand nous pourrons retourner chez nous. Nous sommes bloqués en plein Londres victorien et nous ne savons même pas ce que nous sommes censés faire.
- Nos voyages dans le temps prennent une ampleur démesurée. approuva la tortue.

Cette dernière marqua un silence. Sly la regarda d'une tête de haut avant qu'elle ne reprit :

- Je n'aurais jamais pensé que l'on en serait arrivé là.
- Tu as un plan ? questionna timidement le raton.
- Un début de plan seulement. Il va falloir improviser. Tâchons juste de ne pas mêler Walter dedans. Nous sommes en train de corrompre l'espace-temps de toute ta lignée familiale. Ce n'était pas le but de l'expédition !
- Au fait, pourquoi as-tu créé cette machine ? Mon Volus-Ratonnus n'a pas été endommagé par Cyril immédiatement après ta machine. Pour quelle autre raison as-tu créé cette machine ?!
- Heu… en effet…

Bentley marqua un deuxième blanc.

- Je te l'expliquerai en temps prévu.
- Je ne l'oublierai pas, tu sais ! répondit le raton d'un ton plus euphorique. Bentley reprit comme si Sly n'avait pas parlé : Soyons extrêmement vigilants. Nous sommes restés trop longtemps dans le passé. Nous avons rencontré trop d'ancêtres. Nous laissons notre trace dans le temps. Cependant, quelque chose demeure encore sans réponse.
- Me reste-il encore d'autres ancêtres dans le besoin ?
- Précisément. Il y en a sans doute d'autres. Cyril n'avait pas seulement limité son plan à Rioichi, Richard, Bob, Salim et Tennessee. Imhotep et Walter en sont la preuve ! Il va falloir s'attendre à en rencontrer d'autres.
- Si j'ai bien compris, Cyril avait engagé d'autres types ?
- Exactement. Nous avons arrêté Cyril, mais pas tous ses plans. Seul lui sait qui diable il a prévu de nuire.
- Mais alors, qu'allons-nous faire ? La source de ce mal est probablement au présent. Pire, on ne peut rien faire pour arrêter ce que Cyril a déjà entamé.
- Ce n'est pas une simple affaire de conséquences temporelles Sly ! Quelqu'un nous a glissés un mot. Quelqu'un nous donne des ordres. Un autre scélérat est de la partie !
- Donc, en plus de devoir sauver mes ancêtres, il va falloir démêler tout ce sac de nœud ?!
- Ne t'en fais pas, je vais trouver un plan. Tâche d'ici là d'aider Walter. Étant donné que nous l'avons déjà croisé, mieux vaut accomplir la mission jusqu'au bout.

Bentley finit en scrutant l'horizon : "Nous superviserons ensuite."

Pour la première fois, Sly prit un ton plus que sérieux avec son ami. Ce dernier retourna dans la pièce, tandis que la tortue resta immobile à admirer Londres de nuit. Le raton avait décidé d'aller se coucher. Il allait en falloir des forces. À en croire Walter, un grand mal était sur le point de frapper Londres…



— Paris —
— 22 Décembre 2016 - 12 : 36 —


Un fil rouge fit couper pour rejoindre ses deux nouvelles extrémités à celles d'un fil bleu. La lame de la paire de ciseaux fut poser sur la table, puis, quelques coups de soudure, plus tard, firent réaliser : la lampe de bureau s'éteignit. Les yeux de l'inspecteur Fox se levèrent de la chaise de bureau et allèrent se chercher de quoi grignoter dans la cuisine. Cette dernière avait meilleure mine que la dernière fois ! Pour preuve, elle avait rempli son frigo et pris plusieurs douches ! Sa précédente excursion nocturne lui avait re-donné confiance en elle. Elle possédait en main propre un appareil du dirigeable de LeParadox. Bien qu'elle ne savait pas quel nom donner à ce bidule, elle l'avait baptisé sobrement : le répertoire temporel.

Extrait de sa cabine téléphonique, cet appareil possédait tout l'historique d'appels de LeParadox, ses contacts et l'intégralité de ses conversations. Le Saint Graal pour cette enquête. Il ressemblait à une grosse boîte noire. Sous sa coque rongée par son ancien milieu maritime, Carmelita était incapable de décrire le matériau du composant. Cependant, avant de le livrer anonymement à Interpol, Fox souhaita posséder en avant-première quelques indices.

Heureusement pour elle, tous les indices récupérés avaient survécu à leur ancien environnement sous-marin en vertu de l'étanchéité de la cabine. Vu que les appareils retrouvés n'étaient en aucun point humide, Fox en déduit que les données numériques devaient être intactes. En outre du "répertoire temporel", la renarde avait récupéré un autre composant. Pas plus gros que le cœur de Clockwerk, le "bidule" était composé d'un écran LCD et d'un clavier à chiffres allant de 1 à 9. Néanmoins, celui-ci semblait cassé. Carmelita admira l'appareil dans ses petites mains. Elle ne portait pas ses gants cette fois. Il semblait léger, quoiqu’assez lourd pour sa petite taille. La renarde appuya sur des boutons au hasard pour étudier le comportement de l'appareil. En vue du manque de réponse, elle en déduit qu'il était cassé. Elle décida de le réparer. Peut-être cachait-il quelque chose d'important ?

Elle remarqua que l'appareil était assez creux pour laisser passer son bras à travers. Il s'agissait d'un gant en fait ! Fox fut surprise de ce constat. Était-ce un hasard ? Après tout, la renarde se résolut qu'elle avait de maigres bras…

Après quelques coups de tournevis cruciformes, Carmelita ouvrit le cylindre creux en deux. À peine après avoir posé le carter sur sa table, Fox fit de grands yeux ébahis. Le contenu était incroyablement complexe en vue de sa petite taille. Il était rempli de cartes électroniques, de fils, de micro-processeurs et d'autres composants de ce genre. Pour être honnête, Fox ne connaissait pas la moitié de ces derniers. Surtout un en particulier. Il ressemblait à… une coquille d'escargot radioactive bleue. Ou bien à une paille en queue de cochon turquoise. Tellement indescriptible que l'auteur lui-même décida de passer au prochain paragraphe.

Ne voyant pas comment étudier cet appareil, elle décida de s'en reporter à Bentley. Seul lui était en mesure de lui répondre. De plus, cela faisait un bail qu'elle n'avait pas pris de leurs nouvelles. Depuis cette maudite nuit, elle n'avait quasiment jamais osé leur reparler. Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il était peu coutume pour un flic de ce rang de garder contact avec des "criminels" du leur. Mais aussi et surtout par honte. Injustement, Fox s'était attribuée la disparition de Sly. Il s'était rendu dans le dirigeable pour la sauver. En outre de maraver ce maudit putois, Sly avait disparu pour cet objectif ! Cela faisait déjà sept longs mois qu'elle était sans nouvelle du rongeur. Occupée par son boulot, elle n'avait jamais pris le temps de revoir ses acolytes. Trois semaines plus tôt, elle avait même décliné le repas de Bentley…

Une certaine confiance s'était installée entre eux lors de leur dernière aventure. Une confiance qui n'existait pas auparavant, une toute nouvelle confiance. Les yeux de Fox étaient concentrés et perdus devant l'appareil. Posé sur la table, il était dans le regard profond de Fox. Elle respirait plus lentement. Elle était subitement perdue dans ses pensées. Ce genre de sensations où l'on se rappelle soudainement d'avoir oublié quelque chose. Une honte venait de s'emparer d'elle. La bouche plate. La renarde ne semblait plus vivre d'émotions. Cet événement et ses conséquences l'avaient décidément profondément touchée. Dans ce début d'après-midi parisien, une question s'installa chez Fox : " Devait-elle recontacter le groupe ? "

Peut-être que sa peine s’évacuerait plus facilement avec eux. Fox avait beau être une femme forte, elle était aussi sensible. Pour la première fois pendant sa mise à pied, Carmelita décida de faire une pause et de prendre le taureau par les cornes. Elle voulait revoir ses " amis ".


— Londres —
— 22 décembre 1896 - 06 : 59 —


La silhouette de Sly passa furtivement devant un ballon d'eau chaude. Suivi de sa fidèle ombre. Il tenait sa serpe fermement avant d'effectuer un double saut sur le toit voisin. Les pas du raton défilèrent sur les ardoises crasseuses des toits. Les chaussures bleues tapèrent un rythme de vitesse sur les toits blancs et verts. Le raton se rendait vers le point de rendez-vous précisé sur son binocom. Il ne savait même pas en quoi allait consister le plan de Bentley.

Les rues de Londres étaient aussi claires que la veille au soir. Il avait neigé toute la nuit. Il faisait froid, mais la température resta plus que supportable. La brume paraissait plus gaie par conséquent. Néanmoins, plus le raton se rapprochait de son objectif, plus il confondait la brume matinale à la fumée industrielle qui sortait de ce dernier. Il s'agissait de Rat Trap & Bombs. La ville était moins éclairée de son coté. Tous les lampadaires n'étaient pas encore éteints. Néanmoins, on devinait clairement qu'il n'y en avait pas du coté de l'usine. Ceci la rendait plus sombre et moins chaleureuse.

Sly crut reconnaître l'empreinte de LeParadox sur ce coup. Le despote local possédait ses propres locaux, et semblait aussi avoir une équipe de garde. Le raton sauta du toit. La seconde suivante, il était déjà au sol, les jambes écartées, les pieds fermes, une main au sol et le regard froncé droit devant lui. Son léger sourire rompu l'obscurité du paysage. Il était droit devant un haut grillage. Plus haut que le toit qu'il venait de descendre. Un panneau " KEEP OUT " avait été préalablement déposé sur la barrière en acier. D'un geste soigné, le rongeur sorti le binocom de sa poche et le pointa sur son nez. La tortue commença :

- Pour la première fois, je crains que le zoom du binocom ne soit pas utile dans cet environnement !
- Et tu as de la chance, la fonction " odorat " a été coupée aussi ! railla le rongeur en penchant légèrement sa tête.
- Je n'ai aucun plan des environs. reprit plus sérieusement l'acolyte. Tâche de te repérer dans cette usine. Récolte tout ce que tu trouves. Puis rentre. Cet endroit ne me dit clairement rien qui vaille !

Orxon n'aurait rien à envier à cette pseudo-usine. Était-ce vraiment une usine ? Le raton ne comptait pas tarder à le savoir. D'un geste sûr de lui, Sly sauta après un bref élan avant de s'agripper à la grande grille. Tel le grimpeur professionnel qu'il avait su devenir, le protagoniste n'eut aucun mal à franchir la palissade. Une légère odeur s'incrusta dans ses narines. L'odeur lui semblait inqualifiable et inconnue à la fois. Une odeur dérangeante et pâle régnait dans les environs. Le sol en gravier et les bâtiments en briques ne rendirent pas l'atmosphère plus chaleureuse.

Ne connaissant pas l'endroit, Sly se dirigea vers le plus grand bâtiment. En toutes ces années de casses plus ou moins improvisés, une certaine " démarche à suivre " s'était crée et appliquée pour ces cas de figure. En frôlant de dos le premier mur qu'il avait rencontré, le rongeur monta sur la première échelle qui lui était proposée. Celle-ci menait directement sur les toits plats. Le premier pied posé en haut, il continua sa lancée vers le bâtiment central. Les toits étaient plats. Sly fut surpris de constater des gardes sur les toits. L'ennemi local misait gros sur la sécurité. Il reconnut au loin quelques gardes avec un uniforme kaki. Il reconnut le logo de LeParadox sur ces derniers. Les mêmes rats rencontrés lors des précédentes époques. Suite à cette découverte, le rongeur s'assit derrière une serre en verre. Il voulait contacter Bentley. Le dos contre la verrière, le rongeur réfléchit un instant à comment annoncer la nouvelle à Bentley. Après avoir posé son index sur son oreillette, Sly eut une mauvaise surprise : son ami la tortue n'était plus joignable. Le signal ne passait plus dans l'usine. Le raton comprit qu'il allait devoir réaliser cette mission sans son acolyte.

En se levant, Sly regarda à travers la vitre sur laquelle il s'était appuyé pour tenter de contacter discrètement son ami. Il observa un hangar rempli de garde et de chaînes de production. Néanmoins, les machines étaient éteintes. Incapable de comprendre ce qu'elles fabriquent. Le raton tachait de voir ce qu'il pouvait. Rapidement, la respiration qui sortit de son naseau installa de la buée sur la vitre. Surpris de ce nuage, Sly recula instinctivement son visage de la vitre. Après un rapide coup de manche, il regarda à nouveau à travers la vitre.

Quelques photos plus tard, le raton continua sa discrète expédition sur les toits. Paradoxalement, l'air était moins sombre au sein de l'usine. La fumée ne devait pas s'étaler soudainement sur les toits d'où elle provenait. Une immense cheminée se situait devant lui, quelques bâtiments plus loin. Celle-ci rejetait une épaisse fumée sombre. Sly se crut dans un dôme. Le nuage épais autour de lui prenait la forme d'un bol renversé. Après un tour sur lui-même qui lui valu cette observation, Sly rebaissa sa tête normalement. Sa serpe tenue fermement, le rongeur sauta sur le toit voisin. Les différents immeubles de l'usine étaient assez proches. Les deux pieds sur le goudron plat, le rongeur fit une galipette avant de se cacher derrière une nouvelle serre. Celle-ci était éclairée de l'intérieur. La décoration intérieure était plus soignée que dans le bâtiment précédent. Il devait s'agir des locaux administratifs de l'usine. Le rongeur en déduit qu'il s'agissait du quartier principal. Le raton n'avait pas exploré tous les toits ; néanmoins, l'endroit lui flanquait la chaire de poule. Il préféra se hisser dans la pièce. Après avoir entrouvert une des fenêtres de la serre, Sly sauta dans la pièce.

Après un atterrissage sourd, le raton se jeta sur la porte. Elle était fermée à clé. La serrure semblait solide. En se retournant vers le bureau, le raton regretta son geste. Il n'y avait aucun moyen de remonter sur le toit, et aucune cachette sûre dans la pièce. Le rongeur trouva sa réaction assez peu réfléchie. Pas très professionnelle. Il s'en étonna. Des bruits de pas résonnèrent soudainement derrière la porte. Quelqu'un semblait se rapprocher de la pièce ! La blague.

Sly passa sa main sur son béret. Il ne prit même pas le temps d'observer la petite pièce. Il n'y avait qu'un bureau avec une étagère presque vide. Juste quelques livres sur des équations stœchiométriques. Sly se sentit piégé ! Il allait improviser ! Sans plus tarder, il se jeta sur le bureau pour le fouiller. Avant de s'enfuir, le rongeur en profita pour faire une investigation dans ses tiroirs. Il tomba sur trois dossiers, un trousseau de clé et une bouteille de whisky. Sly lança les clés par dessus la fenêtre, prit des photos de toutes les pages des trois maigres dossiers sans prendre le temps de les lire. Avant de refermer le bureau, le raton entendit les bruits de pas se rapprocher. Le regard paniqué du raton semblait comique à regarder. Néanmoins, il ne dura qu'un centième de seconde. Il reprit aussitôt un air sérieux. Il ferma tous les tiroirs, et jeta son binocom et sa serpe par-dessus la fenêtre par laquelle il était entré. Le binocom atterrit en premier à coté du trousseau de clés. La serpe, elle, ne passa pas par la fenêtre. Les bruits de pas se rapprochèrent du raton. Sly ramassa sa serpe tombée de nouveau dans la pièce. Il sauta d'un bond sur le bureau. Il prit le soin de viser plus sérieusement. Il visa vers le haut, tel un athlète lançant son javelot, le rongeur cligna d'un œil, ce qui lui permit de d'améliorer la précision de son tir. La serpe devait quitter la pièce avant l'arrivée du probable propriétaire du bureau. D'un geste élégant, il fit passer la serpe à travers la fenêtre. Du deuxième coup tout de même ! La serrure se débloqua. Sly sauta une nouvelle fois, illico sur le sol. La porte s'ouvrit.

Un mâle d'une quarantaine d'année fit irruption calmement dans la pièce. Son ombre était projetée du couloir dans le petit bureau. Il crut la pièce vide. Il y avait son bureau, son fauteuil tourné contre celui-ci et son étagère. La tapisserie à rayures rouges sur fond jaune dans un style british était éclairée par le lustre. Il murmura avoir oublié d'éteindre la lumière avant de quitter la pièce. L’air était froid, il s'étonna de ce détail. Puis, il remarqua son "velux" ouvert. L'animal prit un air soucieux et agressif. La pièce était-elle déserte ?

À peine effectua-il un pas dans la pièce que son fauteuil se retourna vers lui. Sly était assis dessus. Le regard tout souriant. Il observa rapidement son futur interlocuteur. Le poulet paraissait assez âgé, le pelage blanc et gris. Juste une veste noire sur le dos. Chapeau haut de forme. Mèche de cheveu blanche sur le front. Canne à la main. L'air assez bourgeois. Ce dernier recula, l'air surpris, d'un pas. Sly fut également surpris à la vue de son nouvel interlocuteur. Il lui disait quelque chose. Après une brève seconde, l'inconnu -et le propriétaire des lieux accessoirement- cria à la garde ! La sécurité de l'usine semblait opérationnelle : en moins d'une dizaine de secondes, plusieurs gardes se brusquèrent dans le couloir. Au moins cinq d'entre eux pointèrent leur chargeur sur le raton. Heureusement, personne ne semblait venir du toit.

Après son demi-tour sur fauteuil, Sly mit son béret de travers avec un air malicieux. Il brisa la glace avec son sourire et une sorte d'accent :

" Buongiorno Signore ! Yé soui là pour le ménage ! Yé pas eu d'bol, la porte s'est fermée et j'ai oublié mon balai dans le couloir ! " Il se leva et avança fièrement vers le protagoniste. En se mêlant dans la foule de gardes, il continua : "Regardez, il est là".

Le volatile était froid. Le regard noir, il fusilla le raton. Ses hommes, eux aussi, semblaient ne rien piger.

Le raton continua de pousser psychologiquement les gardes qui l’entourèrent. L'air inoffensif du rongeur additionné à l'incompréhension du propriétaire des lieux motivaient plus d'un garde à ne pas tirer sur l'inconnu. Ainsi, Sly sortit de la pièce sous le regard incompris des personnages.

Enfin, le volatile s'énerva : " Mais qui êtes-vous ? "

Sly remit son béret à l'endroit puis écarta ses bras pour se délimiter un espace. Il orienta ses mains plates vers le sol :

" Allons les gars, calmos. Je ne vais pas vous tuer ! En fait, je vous ai mentis, je ne suis pas italien. Par contre, je viens quand même faire le ménage. Enfin, pour répondre à votre question : Je suis Sly Cooper ! "

Un écran de fumée envahit soudainement le couloir. Le raton prit la fuite violemment et soudainement après avoir lâché la bombe fumigène. Il s'élança dans le couloir sur une roulade pour esquiver les tirs ennemis. Après avoir fuit dans l'angle du couloir, le rongeur longea les murs et continua sa course. Les gardes n'allaient pas tarder à le suivre dès que l'écran de fumée aurait terminé son effet. Le rongeur se jeta dans les couloirs. Des gardes semblaient être à ses trousses. Sly avait eu l'occasion d'observer son probable nouvel adversaire. Il allait se rendre compte de la disparition des clés. Il fallait faire vite. Sly ouvrit la première fenêtre qu'il croisa. Il monta sur le rebord, et escalada la façade. Il s'agrippa sur la première gouttière qu'il croisa et fonça vers le toit. En se redirigeant vers la serre par laquelle il était entré, le raton veilla à bien avoir semé les gardes. Heureusement, ses affaires étaient toujours là ! Sa serpe, son binocom et le trousseau de clé. De peur de se faire fouiller, le raton avait pris comme précaution de se débarrasser de ses affaires. Après s'être ré-équipé, le raton n'eut qu'une seule idée en tête : quitter cet endroit. Niveau discrétion, c'était raté.

Saut après saut, il retourna vers son point de départ. Lors de son atterrissage sur le dernier toit, Sly bondit sur la gouttière pour descendre illico au sol. Il se laissa glisser au long de la perche en aluminium. À plus de deux mètres, il lâcha le tuyau et roula sur le béton. En se relevant droit, le raton prit le soin de remettre son béret. Cependant, les gardes qui l'attendaient depuis le rez-de-chaussée le dévisagèrent légèrement. L'inconnu rencontré précédemment l'attendait avec ses gardes.

Sly était encerclé. Il observait la scène avant qu'elle ne débute. Il s'était un poil fait remarquer. Néanmoins, le raton ne semblait pas être perturbé. Seul un détail l'incombait : l'homme lui rappelait quelqu'un. Une vieille connaissance ou le sosie d'un mec issu d'une bande-dessinée. Le rongeur ne savait dire sur le champ qui l'homme lui rappelait. L'assurance toujours aussi solide, le raton observa son futur interlocuteur. La présence des gardes à torche lui semblait discrète par rapport à leur chef. Celui-ci s'avança :

- C'est à mon tour de me présenter, M.Cooper.
- Ho, ne vous sentez pas obligé !
- Je suis le professeur Lazare Yolkegg.

Le probable propriétaire de la SARL Rat Trap & Bombs répondit avec un léger accent britannique. Il se tenait droit sur sa canne. L'air fier. Le raton venait de remarquer le port d'un monocle. Ce dernier le retira, et continua avec une voix sans accent notable : « Moi aussi, je ne t'avais pas reconnu. Rat-thon ! »

"Rat-thon". Ce surnom. Cela faisait des années que Sly ne l'avait pas entendu. Depuis son départ de l'orphelinat pour être plus précis. Instantanément, le rongeur comprit à qui il avait affaire. Sans montrer un signe de surprise, Sly rétorqua :

- C'est marrant que vous possédiez cette entreprise en plein 1896. Car là d'où je viens, elle n'a jamais existé.

À ce moment précis, Sly ré-entendit son oreillette fonctionner. Bentley le contacta. Le raton se sentit soulagé intérieurement. À ce même moment, Yolkegg reprit la parole :

- Vous savez ce qui n'a jamais existé ?
- Votre titre de " Professeur " ? Dans mes souvenirs, vous étiez plutôt du genre à être punis par eux, et non à l'être !

Cette phrase marqua un blanc de quelques secondes. Le pragmatisme et la sécheresse de la voix de l'individu tendirent l'atmosphère. L'oie reprit comme si Sly n'avait rien dit :

- Votre stupide Volus Ratonnus ! Vous savez ce qui est illusoire maintenant ?

Sly resta figé devant le " professeur " Lazare Yolkegg. Les jambes écartées, vues de bas et la serpe vers le sol. Il laissait le volatile parler :

- Votre stupide amitié. De vous à moi Cooper : ton amie la tortue te ment. Pourquoi a t-elle créé cette machine à voyager dans le temps ? Une dernière question moins rhétorique maintenant. J'aimerais bien ré-entendre ta voix sans ce stupide accent italien… s'exclama froidement le volatile.

Bien que la discussion semblait assez provocatrice, le raton ne montra aucun signe de faiblesse. Le professeur Yolkegg tutoya soudainement le raton. Rien ne devait affecter Sly, sinon, il laissait son adversaire prendre le dessus. Où diable cette andouille voulait-elle en venir ?

- Sans ton héritage de techniques ancestrales et les divers talents de tes amis, qu'aurais-tu réussi à accomplir ?
- Si tu veux me faire passer pour un vaurien qui exploite ses amis, je suis déçu Lazare. Ça fait très " Sly 3 " !

Sly venait aussi de tutoyer son adversaire. Le lien de " respect " était définitivement rompu, tout comme le quatrième mur. Le professeur ricana dans sa barbe avant de poursuivre :

- Cette question là aussi, était rhétorique. Je te parlais de ton fameux Volus Ratonnus et de tes ancêtres. D'où, j'annonce dorénavant ma question : Quand et comment comptes-tu écrire une nouvelle page dans cette œuvre ?
-Ça fait deux questions ça.

La nonchalance du raton brisait le pragmatisme dont faisait preuve le volatile. Celui-ci reprit d'un ton plus énervé, et en visant son interlocuteur de son index gauche :

- Tu as beau faire le malin, ta grossièreté ne règle pas le problème. Tu n'as jamais rien fait d'autre que de t'allier avec des gens pour en détruire d'autres ! Bien que je ne t'avais encore jamais vu, j'ai déjà entendu parlé de toi Cooper ! Et crois-moi, je compte bien ne pas me laisser faire ! Je ne vais pas laisser un amateur détruire mes plans sous prétexte qu'ils sont moins loyaux que les siens… Garde, tuez-le !

Sly ne releva même pas le visage vers l'oie. En se rongeant un ongle, il lui lança : " C'est bon, tu as fini de parler ? "

Lazare fut outré. Pourquoi le rongeur le narguait-il encore ?! Il devait mourir ! En relançant le même ordre à ses gardes, le volatile fit un constat étonnant : ils dormaient tous ! Allongés sur eux-mêmes. Ces gardes porcins n'étaient plus en mesure de lui obéir. Le professeur à plume fit une poker face des plus comiques. Il vit Sly avancer vers lui tout souriant.

- Tu en as mis du temps Bentley, je me serais fait tirer dessus moi !
- Je te sauve la vie en endormant une dizaine de gardes en moins de dix secondes, et tu te plains. Jamais content.
-Tu as vu qui on retrouve ?
- Ton vieil ami d'enfance ? Heureux de te r'voir, Lazare !
- C'est bien connu…

Bentley était venu ! Ayant perdu le signal de Sly, il avait décidé de le rejoindre. Lazare Yolkegg venait tout juste de remarquer sa présence derrière lui.

Le rongeur grimpa sur le grillage et atterrit à coté de Bentley. En ignorant leur ennemi d'enfance, les deux protagonistes filèrent vers le refuge.

L'oie resta verte et se sentit impuissante. Il laissait son ennemi prendre la fuite. De toute manière, ils comptèrent se retrouver.

Bentley roula aussi vite qu'il le pouvait. Il fallait fuir avant l'arrivée des flics. Dès qu'il avait perdu le signal de Sly, il s'était rendu au point de rendez-vous en cas de "problème". Précaution qui s'était avérée utile. Le groupe n'allait pas tarder à comprendre ce qui se tramait dans Londres. Les dossiers que Sly avait photographiés allaient éclaircir plusieurs points.

L'ironie du raton témoigna de sa gratitude envers son ami de l'avoir sauvé. Néanmoins, il repensa bizarrement au discours tenu par son vieil ennemi : avait-il quelque chose à apporter au Volus Ratonnus ? Qu'avait-il réalisé pendant toutes ces années de si différent ?


— Paris —
— 22 Décembre 2016 – 18 : 12 —


Il faisait nuit depuis déjà une bonne heure dans la capitale. Une moto circulait avec feux de croisement. Les bouchons devenaient plus noirs à cette heure-ci. Afin d’éviter d’être retardée, l’inspecteur (mise à pied) Fox avait acheté une bécane. Les promotions pour noël, additionnées au potentiel prix de revente de sa voiture, l’avaient convaincue de changer pour une Leo Vince. En doublant voiture après voiture, Fox se rendit compte qu’elle avait perdu l’habitude de circuler pendant que les autres automobilistes lui ouvrèrent la voie à l’entente de sa sirène. En moto, c’était différent. C’était à elle de se frayer un chemin.

Par question de gain de temps, elle avait vendu sa vieille voiture personnelle qui ne lui servait jamais, pour une K1200R flambant neuve. De toute façon, elle comptait se resservir bientôt de sa voiture de fonction. Elle était supposée revenir au boulot la semaine suivante ! En attendant, son nouvel achat lui permit d'arriver plus rapidement à sa destination : le refuge du groupe. Fox possédait leur adresse. Néanmoins elle ne l'avait jamais rendu accessible à Interpol. Les événements passés avaient participé à cette décision. Fox termina par se garer devant leur immeuble. L'unique place restante semblait n'attendre que la renarde sur un créneau. En se levant de son véhicule, la canidé sortit un paquet en guise de présent. Elle n'avait pas prévenu Bentley et Murray de son arrivée. Fox n'était pas du genre à utiliser son portable à tout va. N'ayant pas réussi à les joindre la première fois, elle avait décidé de les recontacter en personne. Un tel événement ne pouvait se vulgariser à travers un appareil. Il fallait qu'ils se reparlent en face à face.

Fox sonna à l'interphone… Elle attendit une réponse. L'attente lui sembla interminable. Bien que cela ne faisait que dix secondes qu'elle avait appuyé sur le bouton, le manque de réponse la justifia à tenter de nouveau sa chance. Elle pressa une nouvelle fois le bouton. Toujours rien… Carmelita hésita entre remonter sur sa moto et rentrer, ou tenter de sonner encore une fois. La déception fut quelque peu amère. Ce genre de moment où l'on se motive à voir quelqu'un qui finalement, sera absent. Elle refit encore sonner l'interphone une dernière fois, sans surprise. Bentley et Murray avaient dû sortir. Bizarre. Probable mais bizarre.

Par conséquent, elle décida de reporter sa visite au lendemain.


— Horlogerie Coop'Heure —
— 22 décembre 1896 - 07 : 32 —


Une fois revenu de ma mission de reconnaissance avec mon ami reptilien, je prit le soin de raconter aux autres membres l'issue de celle-ci. Lorsque Murray apprit -entre deux parts de pudding- que la pseudo-brute de son enfance était dans le coup, il perdit la crédibilité de la mission. Néanmoins, la réaction de mon ancêtre fut tout autre. Il prit l'information bien plus au sérieux. Selon lui, le " professeur " avait déjà fait des siennes dans Londres. En outre de ses différentes tentatives de meurtre à l'acide, Walter connaissait notre vieille connaissance de par les différents changements qu'avait subis Londres ces derniers temps.

La ville était submergée d'une vapeur obscure. Bien que celle-ci était entrée en pleine ère industrielle, le ciel s'était étrangement assombri peu de temps après la mise en place de RatTrap & Bombs. Certains bâtiments, la plupart religieux, avaient soudainement été fermés au public. Et la police, qui elle aussi, était mystérieusement occupée à combattre une vague de petit délits de gamins des rues. Ce qui l'empêchait de se concentrer pleinement aux différents problèmes évoqués plus tôt par mon ancêtre.

Tout ceci n'était pas sans agacer mes amis, et moi-même je l'admis. Nous pensions que notre affaire en Égypte aurait été la dernière avant un sacré moment. Nous souhaitions tous nous reposer, reprendre notre vie paisible et bien méritée à Paris. Hélas, nous étions à la place confrontés à une affaire qui affectait le cours de l'Histoire au plus haut point. Dans quelle galère nous sommes-nous embarqués, et ce, contre notre gré ? Quel était le rapport entre Yolkegg et LeParadox ? D'autres personnes étaient-elles impliquées dans l'histoire ? Qui tirait les ficelles ?

Mon gang reconnaissait ses faiblesses : nous n'avions pas su retrouver la personne qui nous avait glissé ce mot. Et j'ai moi-même failli faire capoter la mission de reconnaissance en m'enfermant dans le bureau personnel de notre ennemi local. Le terrain était glissant, et pourtant nous nous y engageons tête baissée. J'ignore où tout cela va nous mener…

Walter décida de nous narrer son premier ennui de cette longue liste, histoire que nous en sachions davantage. Il était appuyé contre sa cheminée, qui était allumée. Son feu était chaleureux. Nous nous étions confortablement assis sur les différents divans qui l'entouraient, le temps qu'il raconta son récit :


" Tout commença il y eut quelques mois. "

La voix de Walter Taddheus Cooper était rauque, virile, froide mais agréable à écouter. Son rythme était stable. Il se tenait droit sur sa canne, le dos parfaitement vertical et le regard profond. Le verre de son monocle reluisait contre la lumière qui éclairait la pièce. Sur tous les ancêtres que le groupe avait rencontrés, Walter était sans doute celui qui ressemblait le plus à Sly. Le même regard, le même sourire, les mêmes joues et… le même charme désinvolte. La moustache en prime.

" Je me souvenais d'avoir regardé ma montre lorsque je fus confronté pour la première fois au professeur Yolkegg. Il était 20h tapant. Je m’apprêtais à sortir pour assister à une représentation de Don Giovanni à l'opéra. Non point pour assister à la performance de la troupe théâtrale londonienne, mais pour prendre en filature un membre de leur publique. J'étais sur une affaire qui demandait une grande discrétion. Je me rendis au théâtre à pied. Le trajet dura une bonne vingtaine de minutes. Il faisait frais. La fin de l'automne approchait à ce moment de l'année. Je fis une pause de quelques secondes une fois arrivé devant le bâtiment. En avance de dix minutes sur les horaires d'ouverture -je mets un point d'intention à toujours être en avance-, j'attendis ma canne contre le sol, sur le trottoir face au théâtre, l'arrivée de ma cible. C'est à ce moment, lors de mon attente, qu'un cocher faillit me renverser."

Sly sursauta légèrement à l'entente de cette phrase. Le regard crispé, la tête penchée à 5° de plus que d'habitude… Il réagit discrètement. Lui aussi avait failli se faire renverser par un cocher lorsqu'il s'était rendu à la gare la veille. Coïncidence ? Il laissa Walter continuer son récit :

" Le cocher s'arrêta, sa porte face à moi. Je ne saurais dire ce qui me fit réagir comme je le fis la seconde suivante. Mes réflexes de voleurs me poussèrent à esquiver cette porte. Mon instinct me fit trouver cette situation assez étrange. D'un geste inégalé, je me penchai sous la voiture et je roulai perpendiculairement aux deux roues. À peine ma tête eut le temps de rentrer sous le cocher qu'un bruit aquatique retint mon intention. Je me tournais pour me mettre dans le sens du véhicule lorsque je compris qu'un liquide avait été éjecté de la cabine. Si ne m'étais pas penché sous le véhicule, celui-ci m'aurait été destiné. Heureusement, personne dans les environs ne reçut ce mystérieux breuvage dans la figure. M'imaginant un quelconque accident, j'étais loin de m'imaginer ce qu'il en retournait vraiment. Mon dos au sol, mon ventre à la cabine, je pus entendre une voix crier " Où diable est-il passé ? Il n'a pas pu disparaître ? ". Je ne voyais rien si ce n'était une petite bande de lumière avec une vue sur le pavé de la rue. Je ne comprenais pas encore ce qu'il se passait. Mon angle de vue était caché partiellement entre la hauteur du trottoir et le dessous du fiacre sous lequel j'étais allongé. Je vis un pied sortir de la cabine, puis seulement un autre. L'homme en question semblait me chercher. Il n'avait pas compris où je m'étais caché. À cet instant… je m'immobilisai. "

Walter captivait son public. Sly regardait son ancêtre avec une certaine fierté ; tandis que Bentley et Murray l'admiraient avec un air impatient et soucieux. Le gentleman continua son récit tout en mimant ses faits et gestes. Il arrivait même à retranscrire son émotion de l'instant sur son visage :

" Lorsque l'inconnu retourna dans le véhicule, je remerciais le ciel de ne pas lui avoir donné l'idée de se pencher ! Alors que j'entendis le chauffeur en train d'atteler ses chevaux, je m'accrochai à l'essieu qui tenait au-dessus de moi ! Je tenais fermement ma serpe et veillait à ne pas salir mon costume. Le cocher avança in extremis. J'allais savoir où diable ce scélérat se rendait ! J'abandonnais ma mission pour une toute nouvelle ! Je ne vous cache pas, mes amis, que cette situation m'excita ! Me voici accroché à un essieu de cocher en train de poursuivre un mystérieux individu qui avait tenté de m'éliminer ! Le voyage était rude, je m'accrochais de plus en plus en dépit des diverses secousses du trajet. Je me reconnaissais entre les rues de Warwick avenue et Edgware Road. Jusqu'à notre arrivée à Kensington Palace. L'individu sortit du cocher à cet endroit. Je ne pouvais toujours pas voir son visage, ni dans quelle direction il comptait se rendre. Afin de ne pas me faire remarquer, j'attendis que le cocher repartit. Je voulais m'éloigner de mon mystérieux assassin avant de le prendre en filature à pied. Je cru l'entendre proférer quelques menaces au conducteur si celui daignait le faire payer le prix du voyage. Je fus assez rassuré lorsque je compris que mes bras allaient enfin pouvoir lâcher cet essieu. Mes bras fatiguaient. Je tenais beaucoup plus difficilement qu'au début du voyage. Cela faisait déjà deux miles que j'étais accroché à celui-ci. Je repartis en même temps que le cocher. Une fois que nous étions éloignés du château, je me permis de crier "STOP ! HALTE !", ce que fit aussitôt le conducteur de la charrette. "

Devant l'ampleur du récit, Bentley interrompit timidement Walter : " Qu'as-tu donc fait ? Tu es sorti du dessous du cocher, puis tu l'as questionné ? "

Walter répondit immédiatement : " Exactement ! Je lui ai demandé ce que son ancien client voulait. Il me répondit l'air effrayé que ce dernier le menaçait de le tuer si on lui posait la moindre question. Le chauffeur avait été pris en otage, et forcé d'agir contre son gré. Son client voulait garder l'anonymat le plus total ! Il termina ses explications en m’annonçant qu'il comptait changer de métier dès le lendemain. L'homme à qui j'avais affaire ne semblait pas être le même type de d'habitude. Sans plus tarder je me remis en direction du Kensington Palace pour retrouver mon individu. Hélas, impossible de le retrouver. Il avait disparu.

Une pause de quelques secondes s'effectua par Walter, qui laissait le groupe digérer ce qu'il venait de leur dire.

Pour terminer, je suis ensuite revenu sur le lieu du crime. Celui ou j'avais failli me faire éclabousser par le mystérieux inconnu. Une grosse tache avait marqué le trottoir. Après m'être penché au dessus d'elle, l'odeur me fit comprendre qu'il ne s'agissait non pas d'eau, mais d'acide. "

Le ton de la voix de Walter baissa à la chute de sa phrase. Le groupe comprit qu'il avait terminé son histoire. L'acide était là, encore, l'élément clé de l'intrigue. Murray brisa le court silence : " Tu n'as donc aucune piste pour le… pister ? "

Walter s'appuya sur sa canne avant de relever sa tête vers l'amphibie l'air tout souriant :

- Justement, non ! s'exclama-t-il. Allons chers confrères, vous avez lu le Volus-Ratonnus, vous connaissez mes méthodes en matière d'enquête et de charme ! Je vous ai intégralement racontés mon histoire. Mes moindres faits, gestes et observations ! Comment mèneriez-vous la suite de l'histoire, si elle vous était arrivée ?
- L'acide nous reconduit vers RatTrap & Bombs, mais que deviner de plus ? interrogea Sly.
- Je vous ai racontés que j'ai vu l'individu sortir du cocher lorsque j'étais en dessous de celui-ci.
- Seulement les pieds ! ajouta Murray.
- Et c'est bien assez… continua Sly en sursautant du divan. À quoi ressemblaient-ils ?
- Trois doigts, en écailles.
- Comme ceux que pourraient avoir une certaine oie ? murmura Sly.
-Élémentaire… conclut Walter.
-Yolkegg ! chuchota Bentley. C'était Yolkegg !


— Paris —
— 23 Décembre 2016 – 18 : 15 —


Fox sonna de nouveau à l'interphone… Elle attendit une réponse. L'attente lui sembla encore interminable. Bien que cela ne faisait que dix secondes qu'elle avait appuyé sur le bouton, le manque de réponse la justifia à retenter sa chance. De plus, il s'agissait de son deuxième essai. Elle pressa de nouveau le bouton. La réponse semblait être la même que la veille. Toujours rien… Carmelita hésita entre remonter sur sa moto et rentrer, ou retenter de sonner. La déception fut encore quelque peu amère. Tout comme le paragraphe, l'absence de réponse lui sembla répétitive. Cette fois, elle ne refit pas sonner l'interphone une dernière fois. Bentley et Murray avaient dû sortir un soir, mais de là à s'absenter de Paris à quelques jours des fêtes de fin d'année, c'était vraiment bizarre. Probable, mais bizarre. Une idée traversa l'esprit de la renarde.

Leur sonnette était peut-être cassée. Bentley pouvait avoir sa propre machine à voyager dans le temps et une technologie presque futuriste, il était aussi capable d'avoir un mini-hélicoptère in-maniable et une sonnette d'entrée HS ! Fox appuya sur une autre sonnette. Elle se fit passer pour la voisine bête et stupide qui a oublié ses clés. Entendre l'inspecteur Fox d'une voix plus jeune et naïve fut assez surprenant ! Elle n'avait pas l'habitude de faire la fille stupide. Sa stratégie paya tout de même. Le résident la laissa entrer.

Bien que Fox n'avait encore jamais mis les pieds dans l'immeuble du duo, malgré leurs diverses tentatives d'invitation, elle rejoignit la porte de leur appartement sans le moindre doute. Elle toqua à leur porte. Après une autre brève et interminable attente, elle admit l'absence de réponse. Le duo était officiellement absent. Non ! Fox était motivée à les revoir. Elle voulait vraiment reprendre de leurs nouvelles. Elle s'assit contre leur palier de porte, les genoux sous le coude, les bras les serrant et l'esprit perdu dans ses pensées.

Le premier quart d'heure d'attente s'effectua sans que Fox n'eut besoin de regarder sa montre. Il était déjà six heures et demi passé, accroupie dans un couloir, un soir précédent Noël… Il y avait mieux comme situation. Bentley et Murray ne partaient jamais en voyage à ce stade de l'année. Leur absence n'était pas normale. Sans hésitation, Fox se releva et décida de s'introduire chez eux. " Ironie de la situation " songea-t-elle. Aucune serrure n'avait encore su rivaliser avec l'équipement et le savoir-faire de la renarde. Néanmoins, ce fut la première fois qu'elle se confrontait " volontairement " à la technologie de Bentley.

Elle sortit d'une sacoche toute une panoplie de pinces et autres ouvres-portes. La porte contenait trois verrous et un paillasson " Bienvenue " avec un petit chat. Agenouillée sur sa jambe droite, Fox s'occupa de la serrure la plus basse. Après avoir tenté de crocheter la porte pendant 20 secondes, elle se releva, rangea ses outils et entra violemment son pied dans la porte. Cette dernière éclata en une dizaine de morceaux. Seules les serrures étaient encore intactes et dans leur emplacement respectif. Carmelita murmura : " Désolé pour votre porte les gars. Je suis inspecteur, pas agent secret ! "

Puis, elle pénétra dans l'appartement, vide.


— Horlogerie Coop'Heure —
— 22 décembre 1896 - 07 : 47 —


- Yolkegg n'a donc pas d'hommes de main. Il se contente de faire tout le boulot. Il est clair qu'il fait partie du plan organisé par LeParadox.

- Et un moustique en plus dans la barrique ! lança Sly avec un sourire béat.

Le groupe était toujours dans la même pièce. Chacun sur un divan, près du feu. La neige retombait dehors.

- De déduction en déduction, suite aux nouvelles tentatives de meurtres auxquelles j'ai subi, je suis arrivé à la conclusion que vous connaissez déjà : RatTrap & Bombs. termina Walter.

Bentley sortit son fauteuil de la salle en premier. Il s'engagea sur les dossiers de Lazare que Sly avait photographiés préalablement. Installé dans la pièce voisine, il se prépara un café pour les quelques heures de travail qui l'attendaient. Sly, Walter et Murray restèrent dans la pièce. Les trois protagonistes se regardèrent tous droit dans les yeux, les uns envers les autres, comme pour se demander subtilement de prendre la parole, afin de briser ce long silence perturbant. Sly se leva de son divan. En s'appuyant l'épaule gauche contre la cheminée, il s'adressa à Walter, qui était en face de lui, épaule droite contre la même cheminée : " Un détail m'intrigue Walter. Tu annonces avoir été intercepté par un cocher… "

La question n'avait absolument pas été envisagée par l'ancêtre londonien. Walter adorait prédire les paroles de ses interlocuteurs, ou encore répondre à la question avant même qu'elle ne soit terminée. La prédiction des actes de ses ennemis était un don qu'il avait su perfectionner avec l'âge. Le raton d'une cinquantaine d'années avait beau avoir décrit sa méthode dans le Volus Ratonnus, aucun descendant n'avait réussi à aussi bien se l'approprier. Concernant les pages sur Thaddeus Cooper, il fallait principalement retenir sa méthode sur le vol par diversion, par charme, et de déduction intuitive. Ses deux plus grandes œuvres. La question de Sly pouvait supposer plusieurs points. Il avait pu déjà croiser un cocher suspect près du refuge, ou encore avoir pu croiser ce type de véhicule au sein de l'usine de Yolkegg. Néanmoins, bien que Walter voulait se prêter au jeu, l'air inquiétant de Sly le refroidit. Il fit un signe de tête afin de donner l'autorisation à Sly de continuer :

- Un cocher a également failli m'écraser peu de temps avant notre rencontre à la gare… (Sly tourna son regard vers Murray) juste après que je sois sorti du van.

- LES GARS ! Devinez quoi ?! cria Bentley depuis la cuisine.

Le groupe se réfugia dans la pièce voisine à l'entente de la voix du reptile. Il semblait perturbé. Sly fut le premier à surprendre Bentley en train de tenir le bracelet de la montre à gousset, les aiguilles à la hauteur de ses yeux. Après avoir lentement tourné sa tête vers le gang, la tortue reprit d'un ton plus calme :

- J'ai fait des recherches sur cette montre. Bien que la coque et le bracelet semblent provenir de ton atelier, le mécanisme provient de l'extérieur ! De plus, cette montre ne donne pas l'heure. Il s'agit d'un compte à rebours !

- Un compte à rebours vers quoi ? questionna Murray.

- Ça, je n'en sais rien. répondit automatiquement Bentley.

- Diantre… Comment est-ce techniquement possible ? souffla Wlater.

L'individu qui avait donné la montre voulait réunir le gang avec Walter. Néanmoins, Yolkegg ne connaissait probablement pas l'endroit où vivait l'ancêtre de Sly, il n'avait jamais tenté de l'assassiner chez lui. La personne qui avait construit cette montre au sein même du refuge de Walter devait être quelqu'un d'autre. Sous la pression de toutes ces nouvelles questions qui apparaissaient, le raton ajouta :

- Quelle heure affiche-t-elle ?

- Deux jours, dix-sept heures et vingt-quatre minutes.

- La minuterie est programmée pour… le 25 décembre à minuit ? questionna encore le raton…

- Mais oui… j'aurai dû le remarquer plus tôt. grommela la tortue. La petite aiguille tourne dans le sens trigonométrique, et non pas dans le sens horaire ! Que diable va-t-il se passer le 25 ? Sly, Murray… cette montre a été conçue spécialement pour nous. C'est un message. L'individu qui nous a laissés ce mot en Égypte nous fait passer un message. Il va se passer quelque chose dans exactement deux jours, dix sept heures et vingt-trois minutes. La tortue agitait la montre dans une main et le papier dans l'autre.

- Mais quoi ? coupa Murray.

- Et vers quoi pouvons-nous nous diriger ? renchérit le rongeur.

Walter regardait attentivement le groupe qui semblait perdu. En un geste, il prit le message écrit de la main de Bentley et l'examina. Après de brèves secondes, il lança :

- Le papier est soyeux, et ne présente aucune ligne pour écrire droit. Le texte n'est pas manuscrit mais tapé à la machine. Ce type de machine à écrire, on en dénombre je dirais… plus de deux mille ne serait-ce dans tout Londres. Soyons optimistes, et partons du principe selon lequel le message ait été tapé à Londres. Néanmoins, en observant attentivement chaque lettre, on remarque qu'il y a une micro tâche au bout de chaque "s"… regardez tous les "S" des différents "STOP", le mot "présent" ou encore "sinon". L'extrémité supérieure du "S" est légèrement effacée.

Bentley reprit le mot des mains de Walter après que celui-ci le lui ait tendu. Après vérification de ses dires, il prit sa loupe et ré-examina la feuille. Avant d'ajouter :

- J'ai également remarqué un défaut sur les "P" majuscules. Il y a un petit point vers le centre de la boucle.

Walter reprit :

- La machine qui a tapé ce texte contient plusieurs défauts, dont sur les lettres "P" et "S". Ce qui signifie d'une part que le mot n'a pas été écrit depuis une machine neuve. Mais aussi qu'il n'a pas été rédigé depuis une imprimerie pour journaux, ce qui réduit considérablement notre recherche à un demi-millier de machine.

- C'est encore beaucoup. soupira timidement Murray.

- Alors revenons à la feuille en elle-même, oublions ce qu'il y a d'écrit ! orchestra l'ancêtre. Il reprit le papier des mains de la tortue. Ce type de papier n'est pas du journal. Il confirme notre première hypothèse. Bien que la feuille soit blanche, on peut distinguer un léger blanchissement au chlore, et l'absence générale des chiffons -la principale matière première des feuilles de papier. Cela prouve qu'elle provient de…

Walter reniflait le papier qu'il froissait avec sa main gauche. Les rides de son front se plissèrent sous le poids de sa réflexion. Puis soudain, une idée brève lui frappa l'esprit. Il reconnaissait l'odeur. La culture sur sa ville value à Walter la résolution de cette énigme : les feuilles des carnets de chants de la cathédrale Saint Paul.

Pour résumer, l'individu qui avait déposé ce message sur le van, s'était rendu dans la cathédrale londonienne, avait arraché une page vierge des carnets de chants, avait rédigé un message en imitant le style d'un télégramme depuis une machine à écrire, s'était rendu dans le passé en Égypte et avait déposé le mot sur le capot. L'hypothèse était maigre et ambiguë, mais elle était la plus facile à démontrer. Celle-ci n'avait rien à voir avec celle du départ : pas de ETC, pas de gare… Quelqu'un du groupe devait dorénavant se rendre sur les lieux de leur nouvelle piste. Sans en connaître l'origine, il existait potentiellement un lien entre l'usine RatTrap & Bombs et la cathédrale Saint Paul. Et leur mystérieux adversaire était placé en plein centre.


— Paris —
— 23 Décembre 2016 – 18 : 20 —


La lumière de la pièce fut allumée depuis l'inspecteur Fox à l'entrée de la pièce. Elle était entrée dans ce qui ressemblait visiblement au bureau de Bentley. Elle était d'abord passée dans le salon. Elle avait remarqué que la table à manger était munie de trois couverts. Fox se crut dans un rêve. Elle se tenait chez Sly. Et elle ne comptait absolument pas procéder à des arrestations. La renarde remarqua tardivement qu'elle ne s'était pas munie de son fidèle électro-gun à la ceinture. Fox ne voyait pas comment interpréter cette situation. Elle possédait enfin l'adresse du clan Cooper, elle pouvait les faire arrêter sur le champ, n'importe quand… Mais quelque chose l'en empêchait. Elle avait passé suffisamment de temps avec le groupe pour avoir appris à les connaître. Fox avait toujours eu l'impression de ne coffrer que des criminels sans scrupules, sans aucun sens moral et éthique. Avec Sly, c'était différent. Avec le temps, elle avait compris qui il était. Des hommes qui se battaient contre les mêmes ennemis qu'elle, qui partageaient les mêmes opinions qu'elle, ne pouvaient foncièrement pas être mauvais, peu importe de quel coté de la loi ils se situaient. Carmelita l'avait compris. Elle espérait seulement ne pas l'avoir compris trop tard.

L'absence de Bentley et Murray au sein de leur appartement, aussi louche pouvait-elle sembler, renfonçait encore plus la solitude de la renarde. Elle était seule, chez le refuge du clan, vide, un soir, à deux jours de noël. Drôle de situation pour une flic d’Interpol, en retrait.

Après avoir également constaté l'absence du van, elle se rendit dans la chambre du groupe. Elle observait le bureau de Bentley. Vu le vrac et l'état de l'appartement, Fox en déduit que le groupe avait fui l'endroit en vitesse. Étaient-ils en danger ? Cherchaient-ils à fuir quelqu'un, quelque chose ? Non, ils étaient partis de leur plein grès. Sinon Bentley aurait au moins pris la peine d'emporter tous ses gadgets. Fox ne comprenait pas la raison de leur absence. Ni depuis quand ils l'étaient. À coup sûr, depuis plus longtemps que la veille. Elle réfléchit à comment obtenir toutes ces réponses.
Puis elle se souvint des couverts présents sur la table à manger. Carmelita s'était faite invitée par Bentley il y a moins de trois semaines. Elle avait décliné. Elle ne savait dire si elle avait décliné, quatre, cinq ou bien dix invitations depuis l'affaire LeParadox, néanmoins, elle se souvenait que Bentley tentait de la recontacter régulièrement tous les mois. Chaque invitation était un repas organisé ici, chez lui. Si les couverts étaient encore présents sur la table, cela signifiait que Bentley était déjà parti -avec Murray- pendant le repas. Si le dernier repas organisé était le même que celui dont Fox a décliné l'invitation, cela signifiait que le groupe était parti il y a trois semaines, au début du repas (à en croire la propreté des assiettes). De par ces indices minutieusement remarqués et interprétés par Fox, la renarde conclut que le duo avait quitté les lieux depuis trois semaines, le soir même auquel elle avait décliné sa dernière invitation.

Une amère déception se ressentait dans l'esprit de la renarde. Elle voulait vraiment parler à ses… amis. Ils lui manquaient. Elle voulait les revoir, et savoir comment les revoir. Elle ne savait pas où ils étaient partis. Avaient-ils quitté leur refuge parisien pour l'Inde ? Prague ? Le Canada ? Comptaient-ils passer les fêtes de fin d'années ailleurs qu'ici ? Certainement. Le gang avait ses traditions. Il n'y avait pas de sapin dans la pièce, ou ne serait-ce même la moindre crèche. Carmelita était déçue. S'était-elle aperçue (trop tard) qu'elle négligeait des êtres qui lui étaient chers ? Si oui, elle sentait qu'elle le regretterait. Elle le regrettait peut-être déjà. Une sorte de léger déchirement intérieur la hantait. Ce même genre de déchirement qui intervient lorsque l'on regrette notre comportement. Une honte soudaine. Carmelita culpabilisait. Il faut savoir que la culpabilité est le dernier des sentiments que la renarde était prête à affronter. Depuis toute petite, elle avait mis un point d'honneur à ne jamais avoir honte, à toujours avoir un comportement exemplaire. Son poste chez Interpol, pour ces raisons, lui a toujours convenu à la perfection. Bien sûr, l'inspecteur avait d'autres hobbies dans sa vie, même si son boulot lui prenait la plupart de son temps… Bien sûr, l'inspecteur avait d'autres proches que le gang. Néanmoins, plus le temps passait, plus elle se rendit compte que son comportement, certes récent mais pas moins conséquent, risquait de lui faire tout perdre. Avait-elle saisi l'importance de sa mise à pied ?

L'objectif était de se remettre en cause. Ne serait-ce même de se reposer pour décompresser. Son comportement naturel se serait rétabli de lui-même. Et ainsi être plus efficace pour la suite. Or, depuis trois semaines, elle avait autant, si ce n'est plus, travaillé sur l'affaire LeParadox. Peut-être aurait-elle dû profiter de son temps libre pour revenir sur ce qui lui était finalement, aussi cher. Se ressourcer. Revenir dans son état normal. Sans ramener Sly au présent, cela aurait déjà permis de la ramener à elle. En se comportant de la sorte, on ne fait que contourner le problème. On ne le règle pas. Elle était censée reprendre le boulot dans trois jours, mais Fox en était au même stade qu'avant sa mise à pied : elle se sentait seule. Pour la première fois, Fox s'ouvrit à ses sentiments. Elle se sentait seule, exténuée par sa prise de conscience et désemparée.

Elle était envahie par une envie pressante de se confier à ses amis. Le qualificatif " amis " traversa pour la première fois l'esprit de la renarde, volontairement. Elle regrettait son comportement. Elle s'assit sur le siège de bureau. Ce dernier semblait assez grand par rapport au gabarit de Fox. Sûrement parce qu'il s'agissait en fait du fauteuil de Murray. La main sur le front, dans sa crinière de cheveux bleus, Fox culpabilisait. En dépit de tout son travail, elle reconnaissait le fait qu'elle avait fait fausse route. On se sent vulnérable seulement à partir du moment où l'on comprend. Où l'on comprend que tout ce dont quoi nous avons été en mesure de faire devient inutile.

La renarde resta pendant un long moment à contempler le bureau de la tortue. Éclairée par le seul néon de la pièce. Elle réfléchissait à son comportement. Envers elle, mais aussi envers les autres. À comment aurait pu se produire les événements s'ils avaient été différents… Également aussi à comment elle allait se comporter à son retour au boulot.

En pleine introspection, Fox ne fit même pas attention aux différents documents qui traînaient sur le bureau de la tortue. En fait, si. Elle crut lire le mot "Sly", assez mal écrit, sur une feuille à carreau. Elle cligna des yeux pensant que esprit lui jouait des tours. Elle regarda à un autre endroit sur la même feuille. Elle crut lire cette fois-ci son propre prénom " pas Carmelita ". Elle retira la main de son front, dont sa coiffure avait gardé la forme, et secoua sa tête furtivement. Elle regarda cette fois-ci volontairement le document sur lequel elle était tombée. Elle le retira de la pile de feuille sous laquelle il était enfoui. Puis elle le lut attentivement… Mot après mot. Elle ne semblait pas croire ce qu'elle était en train de lire.

Les yeux de la renarde s’ébahirent. Elle ne savait pas comment interpréter ce qu'elle lisait. Cela ne semblait pas réel :

" Message à ne pas lire avant 2016.
Bentley, Murray, j'aurais tellement de choses à vous raconter… Mais le temps et la taille de la feuille m'en empêchent. J'ai été retrouvé grâce à la pierre de Bob, mon ancêtre Imhotep m'a tout raconté. Venez me chercher sans plus tarder, avec tout le matériel qu'il nous faut pour un casse. Je vous expliquerai.
Voici mes instructions : Placez le Volus-Ratonus dans la machine à remonter le temps. Il vous emmènera droit sur ma position. Secundo, ne prévenez pas Carmelita, ça risque d'être dangereux. Et enfin, emmenez de la nourriture de notre époque ! Je suis obligé de suivre un régime spécialisé, à base de lentilles sèches. Ce qui ne correspond pas réellement à mes goûts…. gustatifs.
Votre ami,
Sly Cooper "


Accompagné de sa signature. La même que celle du Volus-Ratonnus.

Les mains de la renarde tremblaient. Elles froissaient timidement le papier qu'elle était en train de lire. Par surprise. Elle venait d'être prise par surprise. Une multitude de questions lui traversa soudainement l'esprit. Ce mot avait été rédigé par Sly ? Dans le passé ?! Mais comment ?! Fox se crut en plein délire. Après avoir contemplé le message pendant une longue minute, elle se jeta sur la pile de documents encore présent sur le bureau !


— Ludgate Hill —
— Près de la Cathédrale Saint Paul —
— 22 décembre 1896 - 08 : 00 —


Les cloches de la cathédrale tintèrent huit coups.

Il se situait sur un toit donnant une vue quasiment directe sur la célèbre cathédrale. Walter Thaddeus Cooper se munit du binocom que lui avait prêté quelques minutes plutôt Bentley :

- Fourberies ! Comment diable pouvez-vous retransmettre votre visage au sein de ces binocles ? s'exclama le raton.
- Heu… C'est de la technologie du futur Walter… affirma la tortue. Évitez d'ébruiter ce que vous êtes en train de voir ! Ce serait embêtant si nous étions en train d'apporter des idées technologiques à ce stade de l'histoire !
- Mon cher Bentley, soyez sans crainte ! Vos histoires de voyages temporels aussi intrigantes soient-elles, sont bien gardées ! Maintenant que je dois faire oubli cet engin communicatif, dites-moi par quelle porte vais-je pouvoir vous laisser pénétrer au sein de la cathédrale ?

La caméra zooma en plein sur l'immense clocher central de la grande bâtisse religieuse. Elle était blanche et se fondait ainsi dans le décor hivernal de la ville. Elle prit un panorama complet de celle-ci pendant la suite de la conversation.

- Comment saviez-vous que j'allais, vous demandez de me laisser pénétrer dans l'enceinte ?! s'exclama la tortue.
- J'incline à penser que vous doutez de mes capacités cognitives Bentley. Notre but est de découvrir les plans de Yolkegg. Selon vos dires, il doit les conserver dans ce que vous appelez " son Aurdinatheur ". Seul vous, êtes en mesure de le faire. Or, vous m'avez demandé de vous rejoindre pour cette mission. Votre agilité inférieure à la mienne additionnée à votre handicap au niveau des jambes m'alertent donc sur mon utilité lors de la mission. Les portes du rez-de-chaussée, dont la porte principale, doivent être subtilement et constamment surveillées par les gardes de Yolkegg. En tout bon planificateur que vous êtes, vous avez sans doute pris en compte cette information. Vos conclusions ont dû se porter vers les seuls accès restants disponibles : tous sont sur le toit. Il me doit donc de rentrer à travers les quelques ouvertures des cloches laissant diffuser leurs sons. Une fois dedans, je pourrai vous déverrouiller l'accès de l'intérieur, sans alerter le moindre garde.
- Bon, eh bien dans ce cas, maintenant que le plan est compris, je pensais vous demander d'ouvrir la porte d'entrée nord. Elle est plus discrète que la grande porte et moins axée sur la rue principale de l'entrée sud. expliqua la tortue sans montrer un quelconque signe d'hébétude à son interlocuteur. Il me sera plus aisé de vous rejoindre.
- Très bien, je m’exécute !
- Ha, et sinon…
- Qu'y a-t-il ?
- Ça se prononce "Ordinateur" !

Le raton se munit fermement de sa serpe, rangea minutieusement son binocom et s’apprêta à escalader son nouvel objectif. Le premier arbre fin qu'il croisa lui permit d'accéder directement à la hauteur d'un des vitraux du bâtiment. La cathédrale était aussi immense que blanche et propre. Sa façade semblait flambant neuve. Walter fit ce constat dès lors qu'il se rapprochait de la bâtisse. Les pieds en l'air, le raton s'appuyait mains contre le rebord d'un vitrail. D'une gymnastique parfaite, ce dernier utilisa le bout de sa serpe pour s'accrocher au plafond plat de Saint Paul. Ainsi, le raton grimpa sur le toit de la cathédrale sans plus de difficultés. Il n'y avait pas le moindre garde dans les environs. Étaient-ils tous enfouis dans l'enceinte du bâtiment ? Au moment où Walter posa sa deuxième main sur le toit, son regard fit une découverte assez surprenante : le toit était truffé de rayon laser ! La venue du gang sur ce territoire avait donc été préméditée par Yolkegg et ses hommes. Ces derniers avaient installé les lasers depuis peu, selon les observations dudit raton. Sans néanmoins avoir déjà eu affaire à cette technologie, Walter fut capable de deviner à quoi ces derniers étaient destinés. Il devina également depuis quand ils étaient posés. Le toit était enneigé, tandis que la couleur naturelle des émetteurs des rayons lasers étaient encore à découvert. Il n'avait pas reneigé depuis la nuit dernière. Du moins très peu. De plus, des traces de pas étaient encore visibles dans la neige. Ils étaient donc ici depuis aujourd'hui même !

D'une finesse sans précédent, Walter parvint à se hisser jusqu'au dôme reflétant la forme du célèbre édifice. Pour lui, les rayons étaient aussi faciles à esquiver, qu'à deviner l'heure de leur installation. Il pénétra à l'intérieur du bâtiment à travers les encoches du dôme laissant résonner le son de ses cloches.

Il faisait aussi sombre à l'intérieur qu'à l'extérieur de la cathédrale. La silhouette de Wlater se hissait parmi les centaines de cloches présentes dans le gigantesque dôme. Walter pensa à vérifier sa montre avant de rentrer. Il était huit heures et six minutes. Dieu merci, les cloches n'étaient pas supposées sonner à cette heure-là. Walter admirait le dôme de l'intérieur. Il était encore plus impressionnant de l’intérieur. Walter s'était rarement rendu dans une église de son époque, et jamais dans une cathédrale. Il faut dire que son " non-respect " du huitième commandement lui faisait une bonne raison de ne pas les fréquenter. Bien que son époque, de par son éducation, lui avait instruit des valeurs chrétiennes, Walter se disait également qu'il fallait aider des amis dans le besoin.

Après avoir posé son premier pas dans l'enceinte, puis le deuxième, le raton redressa son dos, posa sa canne, et analysa la situation. De grands escaliers descendants se dressèrent devant lui. Walter fut surprise de ne constater aucun garde. Il ne semblait également pas y avoir d'autre sécurité, type les mêmes lasers que sur le toit. Sans donc se poser plus de questions, Walter emprunta les escaliers qui s'offrirent à lui. Il arriva devant la grande horloge. Sa silhouette reflétait contre celle-ci. Serpe à la main, il s'apprêta à continuer son chemin. Bien que l'architecture des lieux était plutôt splendide, il voulait à tout prix s'éloigner des cloches avant que le prochain quart d'heure ne tinte. Il tenait à ses tympans autant qu'à la réussite de la mission.

Marche après marche, d'escaliers en escaliers… Walter diminua la distance qui le séparait du sol. Il peinait à descendre les dernières marches. Néanmoins le sportif qu'il était lui permit d'affronter cette escapade sans plus de mal. Il en profita pour observer l'architecture de la bâtisse.

Une fois rendu au premier étage, le raton s'appuya contre une barrière tout en observant le rez-de-chaussée. Celui-ci présentait quelques gardes à torches. Après avoir localisé la porte qu'il devait ouvrir, Walter prit contact avec Bentley,

"- Diantre ! Il y a des gardes au sol. Comment vais-je pouvoir vous faire pénétrer à l'intérieur sans provoquer le bruit d'ouverture de ces immondes portes ?
- Les portes doivent être verrouillées à l'aide de clés. Fouillez les poches des gardes Walter ! Un petit coup de serpe sur la tête devrait ensuite les dissuader de nous empêcher d'entrer.
- Parfois, il m'arrive d'oublier d'employer la simplicité même ! "

Sans plus se soucier de la réussite de son objectif, Walter sauta par dessus la rambarde et atterrit les genoux pliés, pieds en "V", sur le sol de la cathédrale. Il observa l'emplacement de ses nouvelles cibles. La salle était en forme de long crucifix. Un seul garde s'occupait à lui seul de toute la nef. Il réalisait le même long aller-retour entre les deux rangées de bancs, sur le sol blanc. Deux autres gardes occupaient respectivement chaque bras du bâtiment, alors que le chœur était désert (celui-ci étant réservé au Clergé, Walter en déduit que les gardes avaient un certain respect pour la religion catholique). Un dernier garde occupait la porte principale, à l'arrière de la nef.

À peine ayant touché le sol au niveau du centre de la nef, Walter se roula sous un banc. Prêt à devoir ramper, il se situait à l'intersection des deux bras, coté gauche. Les bras devant lui, sa serpe dans sa main droite, le rongeur attendait le moment opportun. Celui où le garde du bras du transept gauche se rapprocherait, tandis que celui du droit aurait le dos tourné. Le temps que le garde porcin avança près du banc sous lequel se situa Walter, ce dernier observa sa serpe. Celle qui lui faisait office de canne, lui servait également de parapluie.
Après quelques secondes d'attente, l'ennemi se situa près du banc en bois. Walter pensa opter pour son attaque furtive spéciale. La rapidité du geste fut violente et brusque pour le cochon. Parallèle au banc, Walter fit une demi-roulade avant de sauter en s'agenouillant. Les genoux ensuite dépliés, le rongeur saisit le mollet du garde avec l'embout de sa canne, et le rapprocha de lui-même. Ce qui le fit glisser, et s'étaler lamentablement au sol. Une fois l'ennemi à terre, le raton l'acheva en employant son parapluie tel une batte de Baseball sur sa tête. Le gardien n'eut même pas le temps de comprendre ce qui lui était arrivé. Trois secondes plus tard, le dos allongé au sol, le garde vit trois petits cochons habillés en ange voler avec des ailes… Il ne restait plus qu'un garde pour les deux transepts. Ceci facilita la tâche à Walter pour le suivant. Leurs uniformes verts kakis facilitaient leur repérage sur les murs blancs de l'enceinte. Lorsque la tête du deuxième ennemi heurta malencontreusement la canne de Walter, ce dernier se mit illico à ramper en dessous des bancs de la nef. Une fois le garde de l'allée centrale éliminé, la porte serait déjà presque ouverte à Bentley.

Hélas, le quatrième garde situé au niveau de la porte avait une vue directe sur le troisième. Ce qui signifiait qu'il fallait d'abord s'occuper du quatrième, lorsque le garde de la nef avait le dos tourné. Walter longea le sol jusqu'à la moitié de l'allée. Il s'arrêta au niveau d'un pilier en pierre, puis l'escalada. Il se servit d'une tringle vide pour torche afin d'atteindre le niveau supérieur. La technique de la catapulte infernale de l'ancêtre médiéval, lui aussi anglais, lui permit d'effectuer un tel mouvement. Le raton s'agrippa à un des rebords du noble poteau. Ces rebords ornaient la décoration du pilier, et lui offrait ainsi une architecture singulière s'inscrivant parfaitement à son univers. La main gauche sur ce même rebord, Walter enfourcha avec sa serpe, le rebord supérieur. Il y en avait plusieurs. Tous situé à un mètre l'un de l'autre. Il n'y avait pas moins de six piliers identiques de chaque coté de l'allée de la nef. En s'agrippant à son manche, le raton parvint à monter sur le deuxième rebord. Le dos face au mur. En contournant le pilier de la moitié, Walter hésita à faire la marche suivante. Il devait sauter sur le rebord de la partie supérieure de l'arc boutant placé au dessus de lui. Sur sa gauche. Le raton découvrit le monument et son architecture au fur et à mesure qu'il avançait. Il savait où il devait se rendre, néanmoins, il n'avait pas réellement réfléchi au chemin à emprunter. Au moment où Walter sauta de son rebord, ce dernier eut un moment de panique. Il était situé à presque vingt mètres de haut, pour s'agripper à un rebord des plus petits. Le doute s'empara de son geste. Était-il fou ? Penser rejoindre un tel espace aussi haut ? Il s'était néanmoins jeté sur sa cible. Trop tard pour réfléchir. Il était en l'air, décidé à rejoindre le rebord supérieur. Hélas… Sa main frôla son objectif.

La cathédrale St Paul était entourée d'une brume épaisse, dans la braise matinale. À l'intérieur, un raton était accroché comme jamais à sa serpe. Les pieds dans le vide, les yeux fermés, le sourire entre-ouvert, n'osant réaliser le danger de la scène. Lors de sa fausse chute, le raton eut la bonne idée de ne lâcher aucun cri. Ce qui lui permis de rester dans la discrétion. Les gardes eurent également la bonne idée, ou la mauvaise selon le point de vue, de ne pas tendre leurs regards vers le haut. Après considération du risque évité, Walter se résolut de remonter sur le rebord. Malgré la mort évitée, il avait réussi à atteindre son but. Dos contre mur, les mains posées sur le balcon situé au dessus de sa tête, et le dos courbé. Walter comptait contourner son ennemi depuis l'étage. Or, celui-ci était injoignable depuis sa position actuelle autre que par escalade. Au moment où Walter lâcha ses pieds dans le vide - la serpe cette fois-ci accrochée sur le rebord du balcon situé au dessus de sa tête - il regretta son geste.

" Pourquoi faut-il toujours que je me complique la vie ? " barbouilla-t-il…

Le raton tenta de remonter sur sa serpe. Il mit toute la force de ses bras à sa disposition. La première main posée sur le rebord du balcon fut un des signes de réussite de l'escalade de Walter. Il venait d'escalader 28 mètres en moins de cinq minutes. Performance d'autant plus remarquable en vue de l'âge avancé du protagoniste. La manière dont Walter pénétra sur le balcon fut moins glamour. Une fois le corps entier allongé sur la rambarde, le raton se laissa tomber de l'autre coté. Il n'avait plus de force ! Allongé sur la pierre, le rongeur cacha sa queue à l'instant même où un garde pencha sa tête envers sa direction. Chanceux avec ça. Le rongeur prit le temps de s'asseoir un court instant. Le dos cette fois-ci contre la rambarde, le chapeau par terre et les genoux pliés.

Après avoir essuyé la buée naissante sur son monocle, Walter remit son chapeau, se munit de sa canne et se leva d'une traite. Il devait d'abord terminer sa mission. Une fois à l'étage de la nef, le rongeur longea tranquillement la voie qui lui était offerte. Il se rapprochait de sa prochaine victime. Le garde près de la porte. Une fois rendu au bout de son parcours, l'ancêtre victorien franchisa le repose-corps d'une jambe et attendit le moment adéquat. Lorsque le gardien de la nef s'éloigna -lors de son parcours habituel- de l'homme près de la porte, Walter saisit son occasion. Il allait enfin s'occuper du garde en question sans que l'autre ne s'en aperçoive. D'un bond grandiose, le rongeur s'expulsa de son repose-corps, la serpe en l'air. À l'approche de Walter, le garde porcin sentit une présence s'approcher de lui. Bien avant qu'il ne comprenne comment sa situation médicale allait violemment s'aggraver, le garde à torche reçut un bout d'or massif sur la figure. BAM !

Sans se reposer sur ses lauriers, l’assommeur se releva et courut vers le dernier gardien. Il fallait le choper avant qu'il ne constate que son collègue ne soit dans les vapes. À vrai dire, il était sur les pierres, littéralement. Un triangle-carré plus tard, Walter fit virevolter son ennemi avec sa canne avant de le ressaisir en plein vol avec son manche. Une fois plaqué au sol, le raton le frappa avec l'autre embout de sa canne au visage. À défaut de pouvoir toucher du bois, le garde en avait mangé… La voie était enfin libre.

D'un geste pragmatique, le rongeur remit son chapeau droit sur sa tête. Il bloqua le manche de sa serpe sur son avant bras droit, et d'une dégaine au dos droit, se rapprocha de la grande porte d'entrée. À peine après avoir consulté sa montre, il entre-ouvrit discrètement la porte. Bentley l'attendait dehors. Il faisait encore nuit, tout autant qu'il s'était mis à neiger de nouveau. La tortue le regarda l'air étonné. En franchissant la porte, il ajouta :

" Tu en a mis du temps, il y avait seulement quatre gardes ?! "

En tout bon gentleman qui se respectait, Walter ne pria pas à Bentley de lui faire répéter sa phrase. Malgré sa subjective impertinence. L'absence de réponse rendit la question de la tortue rhétorique. Le rongeur baissa malgré lui sa lèvre inférieure, avec un regard légèrement (et comiquement) dégoûté.

La tortue à roulette remarqua plusieurs étagères avec des livrets, ainsi qu'un bénitier près de la porte d'entrée. Les deux compères avançaient droit vers le chœur de la cathédrale. Le chemin était plus agréable à effectuer depuis le sol. Cela était sûrement dû au risque de la chute mortelle rendue quasiment nulle, selon ledit raton. Bentley lui, admirait pour la première fois la taille et l'architecture intérieure du bâtiment. Les quelques torches allumées rendirent l'atmosphère légèrement froide. En évitant de marcher sur les gardes au sol, Walter prit la parole d'un ton observateur : " Ils viennent de votre époque… "
Après un temps de latence, Bentley prit le soin de lui demander la justification de son dire. Walter répondit que " Les torches des gardes ne provenaient sans doute pas de son époque. " Tandis qu'il les enjambait, Bentley les contourna en activant la fonction saut de son fauteuil.

La croisée du transept franchie, les deux compères pénétraient dans le déambulatoire, le couloir arrondi à l'arrière du chœur. Bentley tentait de capter un quelconque signal par ses différents appareils. Ses soupçons allaient être déçus. Il ne captait rien. Saint Paul était complètement aux normes de son époque. Pas le moindre anachronisme notable. Néanmoins, la tortue remarqua que le signal de ses différents capteurs étaient atténués. Les mains sur son clavier virtuel, elle comprit que quelque chose semblait stopper son signal. La présence des lasers sur le toit, les quelques gardes du rez-de-chaussée et l'affaiblissement du signal n'étaient pas anodins. L'endroit empestait la présence du volatile.

La tortue tenta donc de trouver une quelconque trace d'aluminium ou autre matériau susceptible de stopper son signal. Néanmoins ce dernier était impossible à localiser. Son radar indiquait une même intensité pour toute la surface de la cathédrale parcourue. Comme si l'objet non identifié était partout et nul part à la fois. Après un troisième aller-retour de la croisée des transepts, la tortue se demanda si le mystérieux " objet " (à priori objet) n'était pas enterré ou emmuré. Néanmoins, Yolkegg avait sans doute occupé le bâtiment depuis moins de deux heures. S'il avait daigné enfouir un quelconque appareil dans un tel bâtiment en aussi peu de temps, il s'élançait dans une tâche vaine.

Les deux compères ne connaissaient pas le bâtiment. L'explorer les exposerait au risque de se perdre, ou même de se faire repérer. Les gardes n'allaient pas rester assommés éternellement. Néanmoins, il faut agir. La tortue prit la décision de monter d'un étage. Histoire de tester l'évolution du signal… La tortue se dirigea vers les escaliers placés en colimaçon, cachés derrières les colonnes sur le coté de la nef. Walter fit une grimace à la vue de ces derniers. Il y avait des escaliers ?!

Ces derniers menaient les protagonistes à l'étage d'où provenait le raton. Bentley parcourut rapidement les couloirs qui surplombaient sur l'allée centrale. Bien qu'il fallait se dépêcher, la tortue saisit l'occasion de visiter ce lieu. Il s'agissait ici d'une des plus grandes réussites architecturales du monde ! Le gang avait (déjà) vécu sept époques, il n'avait même pas pris le temps de faire du tourisme ! Un détail heurta la tortue lorsqu'elle roula au fil du long balcon. Un tube avec un très petit diamètre longeait le repose-corps. Bentley sortit une loupe de son fauteuil et l'examina. Il était solidement lié au balcon par des attaches rapides. On pouvait le comparer à un tuyau. Dont chaque embout possédait un tube de sortie. Une sorte d'arrosoir, version long tuyau. La canalisation était pourvue de petites encoches à intervalles de longueur régulière. Un objet en aucun cas digne des années 1890. Walter observa la tortue. Il fallait admettre qu'elle avait l’œil. Le rongeur n'avait même pas remarqué cet objet lors de son escalade. Le vide en dessous de ses pieds a dû y être responsable certes.

Toujours aussi silencieusement, la tortue fixa rapidement le regard de son ami. Histoire de lui faire passer un message télépathique. La tortue retira son gant gauche avant de toucher le tube. Il fit ensuite frotter ses doigts entre eux. Le regard froncé, la tortue termina son constat : des tubes-arrosoirs surplombaient discrètement la cathédrale. Encore de nouvelles questions s'invitèrent dans l'esprit du groupe. Ils n'étaient pas prêts de les résoudre.

Le silence envahissait la scène. Chacun tentait d'analyser la situation, sans perdre de vue l'objectif de leur venue. Plus l'affaire évoluait, plus celle-ci prenait une tournure inattendue. Une voix agressive brisa l'ambiance mystérieuse et profonde.

" Do you want to visit the building ? "

Les deux personnages sursautèrent envers la voix. Un aigle et deux autres gardes porcins se pointèrent droits devant eux. Leur manière de faire gesticuler un pied de biche dans leurs mains indiquait clairement leurs intentions. Leur maraver le visage grave sévère.


— Paris —
— 24 Décembre 2016 – 09 : 00 —


Levée plus tôt dans la matinée, Fox se réveilla assoupit sur le bureau de Bentley. Elle avait visiblement passé la nuit ici. Quelle sotte ! Elle détestait ne pas se réveiller près de ses affaires. De plus, elle n'était pas dans une situation légale. Elle s'était rendue chez des gens sans leur accord, sans ne serait-ce même les avoir prévenus, puis elle s'y était installée pour la nuit ! Le regard dans le vide, coiffure laissée à désirer, et l'esprit mal rangé, le crayon sur lequel la renarde s'était endormie se décolla de sa joue et tomba sur la pile de documents déjà également froissée. Elle ne revint pas également à elle immédiatement. Cependant les événements de la veille étaient encore tout frais dans son esprit. Sly avait recontacté ses amis, et il l'avait écarté. Il n'avait même pas daigné la prévenir.

Cela faisait presque sept mois que l'ex inspecteur future ex mis à pied remuait ciel et terre pour le retrouver. Et Sly ne l'avait même pas prévenue. Elle. Sa petite amie. Carmelita était frustrée. Déçue. Et en colère.

Elle voulait des explications. Sly n'allait pas s'en tirer comme ça ! Pas cette fois !

Il aurait beau encore lui sauver la vie, ou bien même la reprendre des griffes d'un psychopathe, elle comptait lui parler. Sérieusement.

Fox n'eut même plus mauvaise conscience à se servir de la cafetière de Murray et Bentley. Elle leur en voulait également. Eux aussi ne l'avaient pas prévenue. La caféine fut son effet rapidement. Fox se rassit sur le bureau. Le dossier était encore chaud. Elle souffla sur la fumée de sa boisson pour la refroidir. Puis elle se rappela qu'aujourd'hui, c'était la veille de noël ! Elle voulait en finir rapidement pour rejoindre sa famille. Elle voulait au moins se faire belle le temps d'une soirée. D'un geste rapide, elle se saisit du dernier document dont elle avait souvenir de la veille.

Fox tenait le document droit devant elle. Les bras tendu à 180° : elle contempla la mise en plan mécanique d'une sorte de long vase. Ce dernier lui rappelait quelque chose… Il s'agissait d'un cylindre, rempli de fils et composants électroniques. La coquille radioactive bleue lui confirma ses doutes. Fox connaissait l'objet. Elle en possédait même l'unique exemplaire !

La renarde sauta de son siège et bondit près de son sac à main. Il était posé par terre, près du couloir d'entrée. Munie d'une seule main, Fox ouvrit sa pochette et sortit victorieusement le même engin décrit sur les plans. Fox l’avait étudié quelques jours plus tôt ! Du moins elle avait tenté. Après l’avoir fait récupérer par Dimitri au fin fond de la Seine, la renarde ne sachant pas faire fonctionner cet appareil, avait décidé de se référer à Bentley. Elle l’avait donc emmené avec elle, pensant pouvoir transmettre le problème au cerveau reptilien. Hélas, il était absent.

Mais fort heureusement, et fort mystérieusement, il possédait de la documentation sur ce dernier ! Le problème était donc à moitié résolu ! Fière de sa reconnaissance, la renarde se pencha pleine de motivation sur la documentation. De retour assise sur le fauteuil, elle scruta minutieusement chaque détail. La doc était munie d'un plan format A3. Celui-ci comprenait tous les composants du " mystérieux gant " avec leurs dimensions et leurs emplacements. La renarde put ainsi mettre un nom sur le (a priori) " Chronodéplaceur " ! De ce fait, Fox ouvrit tous les tiroirs du bureau, elle voulait trouver une notice, un moyen de comprendre comment diable utiliser cet appareil. À en croire les plans, celui qu'elle possédait était intact. Mais comment s'en servir ?

Autre question également : comment Bentley avait-il récupéré ces documents ?

Au bout du troisième tiroir, la renarde finit par trouver la fameuse notice. Après l'avoir posée, elle l'ouvrit sans plus tarder, puis elle survola les paragraphes. Arrivée à la dixième page, la jeune femme aux boucles bleues ne comprit pas un seul mot de ce qu'elle lut. Elle lisait du " vortex " par ci, du " canalisateur temporel " par là… Sans compter le fait qu'elle ignorait également ce que signifiait le nom de l'appareil en question. Un " chronodéplaceur ".

Ceci lui fit se frotter la tête. Il était déjà onze heures. Fox voulait profiter de sa journée. C'était noël. De plus elle allait reprendre le boulot la semaine suivante, l'esprit tout aussi préoccupé. Cela ne présageait rien de bon. Pour récapituler, son petit ami lui avait menti, et sa famille ne pourra toujours pas lui faire ça. Après avoir fermé son blouson, elle se dirigea vers la porte d'entrée. C'était avec une pointe de tristesse que la renarde quitta l'appartement, le fameux refuge du gang. Elle repartait avec le sentiment de solitude qui la hantait encore plus fort qu'en arrivant. En plus, elle savait qu'elle ne devrait jamais divulguer cette information à ses collègues. En somme, elle recevait de la tristesse, et de la frustration. Bon sang, Sly était vivant, et il ne l'avait pas prévenue !

En quittant l'immeuble, la renarde croisa sur le palier trois rats masculins. Ils étaient vêtus d'un pull rayé, blanc et noirs. Un béret noir et de grandes lunettes grises. Ils semblaient armés, chacun avec un flingue. Elle n'aurait jamais daigné les suivre si elle n'avait pas entendu l'un de ces hommes prononcer : " Ces idiots du clan Cooper sont au dernier étage. "


— Premier étage de la cathédrale Saint Paul —
— 22 décembre 1896 - 08 : 15 —


" How… I'm a french tourist ! " s'exclama Bentley en lançant discrètement, la main contre la poitrine, une fléchette anesthésiante envers l'aigle. Ce dernier para le coup avec son aile droite et fit virevolter aussitôt le fauteuil à travers la rambarde. Il venait de se jeter dessus assez violemment sur la tortue. Cette dernière, lors de la chute longue de vingt mètres, comme cette phrase, frôla le fait de se transformer en omelette grâce à l'activation de ses propulseurs avant de toucher le sol. L'ennemi semblait rapide. Au même moment, Walter contra le coup du premier porc avec sa serpe. Puis celui du deuxième. Après l'esquive, il s'éloigna d'un pas du duo à queue de tire-bouchon, les observa, les considéra puis leur demanda : " Is there a group rate ? "

L'aigle sauta de l'étage et plana dans l'allée de la nef, à l'observation de la tortue. Tel un vautour en plein désert. Il atterrit soudainement devant lui, les serres ancrées dans le carrelage. Le regard pénétrant, le bec déclara le combat à la carapace. Bentley garda son sang froid. Il n'avait pas l'habitude de se battre. Encore moins contre un type qui faisait deux têtes de plus. L'ennemi avait un regard triomphant : un léger sourire se dessina sur son bac, les yeux froncés comme s'il savait qu'il allait gagner. La tortue opta pour sa dernière option, poser une bombe.

Walter déplia son parapluie et le tint par le coté doré de sa serpe, orienté vers ses ennemis. Par effet de surprise, les gardes regardèrent leur adversaire béatement. De cette manière, la " cannapluie " cacha le poing du raton dans le visage du premier cochon, qui dû au choc s'assit sur le sol. Le deuxième garde, plus malin, recula d'une traite et perça la toile de l'outil avec son pied de biche.

Ce fut avec tristesse que Walter constata le dégât qu'avait subi son fidèle outil. En se redressant vers son ennemi, il le fusilla du regard. Sans contrefaçon, il plia son appareil et double-sauta au dessus du garde. Tout en atterrissant -sur le premier garde à terre- il lança un violent coup de serpe sur celui qui demeurait debout. Ce dernier bloqua l'attaque avec son pied de biche… Tel un duel à l'épée, les deux adversaires forcèrent chacun sur l'arme de l'autre, le regard en phase et profond. Walter fut celui qui fit preuve de plus de force. Le raton se situait légèrement au dessus de son adversaire du fait qu'il se situait sur le torse de l'autre garde. Et en dépit de son âge avancé (pour l'époque), cette position lui donna l'avantage. Sur ce même air impénétrable, les deux ennemis continuèrent tant bien que mal leur affrontement. Ce fut Walter qui renversa son adversaire.

Un étage plus bas, l'ambiance fut radicalement différente. Bentley recula tour de roue après tour de roue. Il scruta son agresseur qui s'approchait de lui l'air conquérant. Comme une brute dans une cours de récréation. La tortue s'efforça de cacher son intimidation. Il détestait se battre. Encore moins sans Murray dans les parages. Le premier coup d'aile de l'aigle frôla de justesse le bob de la tortue. Le deuxième fit rougir les roues du fauteuil. Bentley était fait. L'autour des palombes savait qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de ce misérable reptile. Comme à son habitude, lorsqu'une telle situation se présente à lui, Bentley prend le temps d'analyser la situation. La tortue se rappela de son dernier affrontement. Il préféra plutôt ds souvenir de l'avant dernier. Face à Jean Bison, alors que les morceaux de Clockwerk avaient disparu, Bentley n'avait pas cédé à la panique ! C'est en regardant Walter " en joue " face à ses ennemis que Bentley reprit confiance en lui. Il y avait peut être un moyen de se débarrasser de cet oiseau de malheur !

Le bruit de la serpe tinta contre le pied de biche. Le cochon recula au rythme des pas du raton. Cling ! Le porc soupira lorsqu'il sentit son arrière train contre le rebord de l'étage. D'un geste violent, il frappa la serpe de Walter, qui dans son élan, se fit saisir par l'embout. En levant ses bras Walter accrocha sa serpe à l'arme de l'ennemi et la sortit de sa main. Le pied de biche vola du premier étage avant de tomber sur un banc de la nef, vingt-huit mètres plus bas. La raton triompha de son premier adversaire. C'est à ce moment qu'il vit Bentley d'en haut, face à son prédateur. Les roues contre les marches du chœur.

Ses gants tenaient fermement ses accoudoirs. L'aigle était situé à 2 mètres de lui. Une discrète angoisse prit place dans son esprit. Il fallait agir ponctuellement, et finement. Au moment où le rapace sortit ses serres, la tortue se cramponna furtivement dans sa carapace. L'aigle n'avait plus qu'à donner un coup fatal. Ses collègues s'en sortaient moins brillamment. Bentley, de l'intérieur de sa carapace, lança une bombe en plein sur l'aigle. Il la lâcha pile de manière à ce que la détonation s'enclencha à la réception. L'aigle se prit l'explosion en pleine face. L'impact de la bombe fit sursauter le fauteuil. À cet instant, Bentley prit la route et passa derrière son agresseur, qui s'était à peine remit de son coup. Lorsque ce dernier s'essuya le visage, à moitié noir et déplumé, il se retourna vers son ennemi, qui prenait la fuite. Il n'avait pas l'air content.

La tortue s'arrêta en plein milieu de la nef. L'aigle, saisit l'occasion pour se jeter sur lui ! À ce moment, Walter sourit à son ennemi, dont la trachée se tenait à fleur de peau (au sens propre) à sa serpe. Depuis quelques secondes déjà. Le porc eut ensuite le droit à un magnifique coup droit avec la main gauche de Walter. La rapidité du geste l'étourdit, au stade où le raton en profita pour le faire passer subtilement par dessus la rambarde. Ce qui écrasa l'aigle. Le bec ancré dans le béton. Il était arrivé à bon port. Walter entendit ensuite un bruit de recharge derrière lui. Le deuxième garde s'était relevé. Et il pointait un flingue en plein sur son monocle. " Diantre ! "

Il n'aurait pas fallu longtemps à Bentley pour comprendre qu'il se situait devant deux comateux. Il avait réussi à improviser. Fier de sa performance, la tortue leva son regard vers Walter. Néanmoins ce dernier ne se montra pas.

Le raton perdit la tortue de vue lorsqu'il recula de la rambarde. Il levait les mains à partir des coudes, face à son premier ennemi qui d'une part s'était visiblement réveillé. Et qui d'autre part qui tenait un flingue pointé droit vers lui. Walter ne s'était jamais confronté à la mort de cette manière. La moustache s'hérissa à la compréhension de la situation. Le porc n'était pas d'humeur à négocier. Il allait lui tirer dessus dès que son ami la tortue se pointerait. Pour affronter la balle fatale, le rongeur retira son chapeau et le colla contre sa poitrine gauche. Le haut du haut de forme vers l'ennemi. Il ferma ensuite sobrement ses yeux. Puis il pensa au futur choc. Dans le noir complet.



Aucune détonation ne se fit encore entendre.



Walter s'impatienta.



Rien. Toujours rien. Le rongeur finit par s'impatienter. Il décida d’entrouvrir lentement un œil. Son adversaire allait-il lui tirer dessus ? Il constata avec surprise, la présence de Bentley face à lui. Le garde allongé au sol. La tortue l'avait endormi. La bataille se termina sans halte à la boutique de souvenir. Avec son habituel tact, Walter entama la conversation :
- J'aurai peut-être dû écouter Tennessee. Savoir se servir d'un revolver ne serait pas vain en cette époque.
- Merci Bentley de m'avoir sauvé ! railla ironiquement la tortue.
- Pour être honnête mon cher Bentley, je ne serai pas mort.
- Le canon orienté vers votre poitrine, on en reparle ?

Les deux compères, ne firent même plus attention à leur adversaire étalé au sol. La tortue prit néanmoins le soin de lui retirer son arme. Ils étaient toujours à la recherche d'un lien avec Yolkegg, l'usine et la cathédrale. Les tuyaux semblaient se diriger vers l'intérieur d'un couloir de l'étage. À ce moment, le rongeur reprit : " Pour votre gouverne, le haut de mon chapeau est par balle. Ma poitrine était ainsi protégée. "

Ce fut avec un malin regard que Walter clôt la discussion. Il se pencha immédiatement contre la rambarde. Après quelques secondes d'observation vers l'étage inférieur, le rongeur se précipita vers l'escalier. Direction, le tas d'ennemis au sol. Bentley suivit son compère sans plus de compréhension. Walter s'arrêta à la tête de l'aigle, dont ce dernier était encore encastré la tête dans le béton. Le raton s'accroupit au niveau de sa hanche, puis fouilla dans les poches de l'autour des palombes. Ce fut devant les verres ébahis de Bentley que Walter sortit un trousseau de clé. La trouvaille de l'objet n'en indiquait pas pour autant son utilité. Qu'ouvraient donc toutes ces clés ?

Un trousseau de clés. Y-avait-il un objet encore plus simple pour schématiser ce qu'il manquait à cette énigme pleine de serrures ? Une musique de Peter McConnell ne serait pas de trop dans cette lecture calme de faits et découvertes improbables. Dont l'issue semblait de plus en plus s'assombrir. Walter analysa les différentes clés. Il tenta de comprendre ce que chacune d'entre elles étaient susceptibles d'ouvrir, et si elles pouvaient servir dans un quelconque endroit de cette cathédrale. Le rongeur analysa les moindres détails : taille de l'anneau, diamètre du panneton, matériaux de la tige, poussière présent sur celle-ci… Bentley connaissait maintenant suffisamment l'ancêtre pour croire en ses capacités et en ses connaissances.

Le rongeur s'arrêta devant une petite clé radiale. Il n'en avait encore jamais vu. Elle était assez longue. Elle possédait une étiquette où il était écrit " Projet Cooper ". Bentley s'en saisit et l'analysa à l'aide du binocom. Grâce à celui-ci, il était capable de déterminer à quoi elle pouvait servir. Par chance, la tortue détecta la serrure adéquate à la clé au sein de la bâtisse religieuse ! À l'étage. Pour être plus précis. Heureusement, le bâtiment ne semblait pas abriter plus de gardes. Il fallait se dépêcher avant que les autres ne reprennent leurs esprits. En suivant le signal de la tortue, les deux compères se rendirent vers la grande coupole. Ils n'étaient plus qu'à 86 mètres en dessous de la voûte. Une porte en acier bloquait l'accès. Il était clair qu'elle ne provenait pas de cette époque. La tortue se demanda pourquoi aucun policier n'avait enquêté sur celle-ci… Walter fit glisser la clé à l'intérieur de sa serrure. Elle convenait.

La dernière étape de la mission s'était déroulée assez rapidement. Un trousseau de clés trouvé, puis une porte d'ouverte ! Le duo se retrouva sous la grande coupole de la cathédrale. Elle était vide. Mystérieusement vide. À une exception près. En plein centre se trouvait un bureau, avec une machine à écrire, un télégraphe, un ordinateur et des bulletins de chants. Sur les contours de la pièce circulaire, on pouvait remarquer des poignées sur des socles. Ils étaient tous de la taille de Walter ! La tortue roula près du bureau. Il était simplement composé de bois : une base et quatre pieds rectangulaires. La tortue trouva un mot près de la machine. Le même genre que celui qui fut trouvé sur le van après la bataille contre Horemsaf. Ce fut avec hébétude que la tortue le trouva. Walter observait les poignées tandis que Bentley le lut à haute voix :

" Bien joué Cooper ! STOP
La prochaine fois, soyez plus rapide STOP
Dernier avertissement STOP
Votre prochaine étape se situe dans le bureau de Yolkegg STOP "


— Paris —
— 24 Décembre 2016 – 11 : 06 —


Dès que Carmelita entendit ces mots, elle se dirigea perpendiculairement à son trajet initial, et mit son visage près de la boite aux lettres la plus proche. Les trois individus passèrent ainsi près d'elle, sans la remarquer spécialement. " Qui étaient-ils ? " se murmura-t-elle. Une fois les trois inconnus ayant passé l’ascenseur, Fox se retourna furtivement, le cuir du dos de sa veste collé contre les boites aux lettres. Prenant conscience qu'elle n'était pas armée, elle prit le risque de les suivre. Direction : les escaliers ! Sans plus attendre, la renarde se jeta dans le couloir en colimaçon, et se tapa tout le premier étage à pied. Ces escaliers étaient en béton, situés dans une cage sans décorations. Le premier étage passé, Fox s'élança envers les 5 autres. Le son de ses bottes raisonna à l'intérieur, au rythme de ses pas. La renarde parvint au deuxième étage. Encore trois autres. Elle devait les rejoindre avant l’ascenseur ! Au fil des marches, elle se questionna sur l'origine de ces individus. Étaient-ils des sbires de LeParadox ? Troisième étage atteint. Ou bien, quel était le motif de leur venue ? Le tournis commença à s'installer dans l'esprit de Fox. Elle était déjà au quatrième étage. Elle ne pouvait pas appeler Interpol. Elle venait d'entrer illégalement chez Bentley ! Cinquième et dernier étage ! Enfin ! L'animal était à bout de souffle. Elle sentait ses cheveux friser de par la sueur.

Elle entrouvrit la porte d'escaliers, lorsqu'elle vit l'ascenseur d'en face déjà en place. Le dernier du groupe de rats était en train d'évacuer le monte-charge. Fox ne savait pas réellement ce qu'elle faisait. Elle referma délicatement la porte, et s'assit dos à elle, à même le sol. Elle remarqua qu'elle avait gardé le mystérieux gant sur sa main droite. Au même moment, l'héroïne entendit l'hébétude des gardes. Ils venaient sans doute de constater que la porte était cassée. Fox admirait l'appareil dans le noir de la cage-escalier. Il émettait une petite lumière bleue, et le fait qu'il s'agissait d'un gant sans poche pour les doigts la rendit encore plus badass. La faible lumière éclaira partiellement le visage de Fox, assise genoux pliés contre elle. Elle semblait pré-occupée. Lorsque le bruit des inconnus s'éloigna, la renarde se releva et entra discrètement dans le couloir. Ils n'étaient plus là. Mais bel-et-bien dans l'appartement du gang.

Après bien avoir veillé à refermer sans aucun bruit la porte de la cage, Fox avança sur la pointe des pieds vers l'entrée du refuge. Le paillasson était dégueulassé par l'arrivée du trio. La renarde avançait discrètement. Le poids de ses boucles d'oreilles contrastait la légèreté de ses mouvements. Carmelita ne savait pas si elle devait s'occuper de ces brigands, ou simplement les espionner. Partir n'était simplement pas une option envisageable. La renarde avait malgré tout de la compassion pour ses " amis ". Leurs ennemis étaient également les siens. Ils avaient souvent eu les mêmes, avec du recul… Cette parenthèse terminée, Fox se hissa dans l'appartement.

Le bureau de Bentley était saccagé. Mais vide. Fox profita de l'occasion pour se glisser derrière une armoire renversée. Elle voulait écouter ces brigands, pour apprendre à mieux les connaître. Qui étaient-ils et que voulaient-ils ? La prochaine phrase prononcée par un des sbires répondit à l'une de ces questions. Leur voix résonnèrent à travers les pièces :
- R.A.S. dans les chambres ! Pas de Volus-Ratonnus à l'horizon. Pas même la trace de la moindre personne.
- Ça sent le parfum pourtant. Quelqu'un est venu récemment ?!

À l'entente de ces propos, Fox se recroquevilla encore plus fort. Elle pouvait se faire repérer bêtement. Si elle s'était endormie ici, elle était facilement repérable !

- Un parfum de femme si je ne m'abuse.
- Hé Raymond, tu sais pas ce que c'est toi, un parfum de femme !
- La ferme ! Et aide-moi à trouver ce maudit bouquin. Je vais pas me retaper la mauvaise humeur de la patronne par ta faute !

La situation inquiéta légèrement Fox. Elle n'avait jamais autant frôlé un risque mortel. Néanmoins, elle décida d'avancer. Elle voulait en savoir plus. En se relevant délicatement, la renarde s'orienta silencieusement vers le couloir. Les silhouettes des inconnus fouillant le salon reflétaient à travers le mur face à elle. Ces dernières paraissaient grandes et presque effrayantes. La décoration de l'appartement avait un style très " vieux Paris ". Les tapisseries roses étincelants, étaient ornées de symboles et paragraphes dorés. Les meubles en bois, aussi renversés étaient-ils, gardaient un aspect vintage en contraste avec la modernité de la ville. C'est avec hébétude que Fox constata le bazar de la pièce. Les trois gardes étaient chacun plongés dans des piles de documents étalés au sol. La renarde pouvait limite se planter au milieu de la pièce sans être vus, tant les trois gardes étaient bornés dans leurs recherches. Qui rappelons-le, étaient vaines. Le Volus était actuellement en possession du gang, deux cents ans plus tôt. Une photo s'envola d'une des piles de documents. Le hasard voulu qu'elle atterrit aux pieds de la renarde, côté face. Ce fut avec surprise, que Fox ramassa la photographie. Il s'agissait d'une photo d'elle avec Sly, posant devant la tour Eiffel. Une touche de nostalgie emporta Carmelita. Qui restait appuyée derrière le mur, le regard discret envers ses ennemis. Elle se pencha pour la ramasser, et la mit soigneusement dans une poche de sa veste jaune. Elle resta ici, à les observer un moment. Ils fouillaient tous les placards de Bentley, toute la paperasse qu'ils contenaient. Le sol monta de trois millimètres tellement la pièce fut inondée de papier.

Lorsqu'elle estima être restée assez longtemps, la renarde décida de s'en aller. Elle en savait assez. C'est lorsqu'elle franchit le palier… que son téléphone se mit à sonner !

Le thème musical d' " InFamous " tinta soudainement, au stade où Fox se retourna rapidement devant les trois rats. La renarde ne s'inquiéta pas de savoir qui pouvait bien l'appeler ! Au même moment, ces derniers levèrent la tête vers elle. L'air désagréablement surpris. Fox effectua un sourire niait, avant de prendre violemment la fuite. Après un regard croisé, les trois mammifères se mirent à la poursuite de l'intrus. Fox venait de prendre l'ascenseur lorsque le premier rat franchit le palier. C'était la première fois qu'elle prenait la fuite de sa vie. Sans électro-gun, mieux valait ne pas risquer sa vie. Dans l'ascenseur, la renarde imagina avec un malin sourire ses trois poursuivants se taper les même cinq étages qu'elle à l’allée. À peine le "ding" eut le temps de retentir, que Fox se précipita dehors ! Casque de sécu' sur la tête, pieds sur la moto, mains au guidon, blouson fermé… Fox s'élança furtivement dans la rue. Au même moment, les trois gardes sortirent de l'immeuble.

Sans prendre le temps de constater vers où leur cible prenait la fuite, les malfrats prirent place dans leur véhicule respectif : une berline noir, avec un logo encore jamais vu… Un grand " S " kaki.

Le bruit de ce moteur rattrapa facilement celui de la moto de la renarde. La queue de Fox flottait dans le vide. Il n'y avait presque personne sur la route. Il restait encore quelques quarts d'heure avant la pointe. Les quelques véhicules présents sur la piste étaient facilement évitables. Carmelita profita d'une ligne droite pour se retourner et constater la présence de ses poursuivants. Une berline noire… Sans blague ! Les bus étaient plus facilement évitables, exceptés dans les rond-points. Fox ne respectait volontairement pas la limitation de vitesse. Elle voulait attirer l'attention des flics, histoire de se débarrasser de ses agresseurs. Hélas un des rats ouvrit la vitre de sa berline dès le premier carrefour, et pointa Fox avec un flingue. Il prit le temps de viser. Sa cible ne s'était même pas rendue compte qu'elle était pointée. Le groupe semblait peu scrupuleux. Sortir une arme, s’apprêter à s'en servir, en plein bassin parisien et en milieu de journée n'était pas un geste d'individu lambda. Fox pensa les semer lorsqu'elle entendit le son suivant : " PAN ! "

" POUF ! " fut le bruit du pneu arrière de Fox. Cette dernière fit de grands yeux avant de comprendre ce qu'il lui arrivait. La moto s'arrêta net, projetant sa seule passagère. La poursuite fut courte. Mais la chute fut cruelle. Carmelita glissa sur un long mètre. Heureusement, son casque et sa fidèle veste jaune diminua les dégâts. Le gant s'activa lors de la chute, et émis une faible lumière bleue. Le temps maussade du mois de décembre rendit celle-ci plus visible qu'en plein jour. Il ne pleuvait pas, mais Fox aurait bien aimé qu'un orage s'abatte sur la berline. À la vue d'une dizaine de piétons, tous ébahis, la berline s'arrêta devant Fox. La renarde se retourna sur le dos. Elle n'était pas vraiment blessée. Seuls son épaule et genou gauche la brûlaient. La glissade avait été rude. La renarde ne savait pas si elle rêvait. Personne n'appelait la police ? On lui avait tirée dessus !

À moitié assommée, Fox vit d'un œil entre-ouvert un de ses poursuivants sortir de son véhicule. La tête dans son casque fracturé, Carmelita vit le rat s'avancer vers lui. Un son extrêmement aigu s'incrusta dans ses oreilles, certainement dû au choc. Elle le vit lever son bras droit vers elle. Tenant fermement un flingue. Il lui lança :
" Où est le Volus-Ratonnus ? "

Carmelita redoutait cette question… Rapprochant, avec difficulté, son sac à main près d'elle, elle décida de faire l'innocente. La main droite (éclairée par le gant) sur sa lisière, elle répondit lentement :
" Je ne sais pas où il est ! "

À ces mots, le regard du rat s'assombrit froidement… Ce moment sembla durer une éternité. Puis, sans autre forme de procès, il tira sur la renarde.

À l'entente du bruit de la détonation, Carmelita, l'air apeurée, tendit rapidement sa main vers l'ennemi et cria : " NON ! "

Puis un écran de fumée la fit disparaître dans le son du tir.


— Horlogerie Coop'Heure —
— 24 décembre 1896 - 20:00 —


" Nous y sommes. " commença sobrement la tortue. Le fond noir affiché sur l'écran près de la cheminée laissa place à une photo de la cathédrale. " La messe de minuit approche, et comme vous le savez le plan de Yolkegg va être mis à exécution. Ainsi j'officialise le commencement de l'opération " Dinde de Noël ".

Notre petite escapade au sein de l'usine et de la cathédrale n'aura pas été inutile. Nous avons pu comprendre ce qu'il mijote. Et en bonus, nous avons également obtenu une nouvelle indication de la part de notre tireur de ficelle. J'ai divisé l'opération en deux parties.

D'une part Sly, tu iras avec Walter dans la Cathédrale. Objectif : bloquer les plans de Yolkegg. Je t'ai donné toutes les informations au préalable. Confronte-le, bat-le et Walter, occupe-toi de le livrer aux autorités locales. Espérons que nos précautions aient marché.

D'autre part, je me rendrai avec Murray au sein de l'usine. Nous allons suivre les indications de notre " tireur de ficelle ". C'est en effet, le surnom que je lui ai attribué. Du moins le seul sans vulgarité. Faute de connaître son vrai nom.

Si tout se déroule sans encombre, nous devrions être dans notre prochaine époque dès demain. "

Un flash marqua la fin du diaporama. Sur ces dernières paroles, employées par le même ton rauque habituel, le gang se regarda tous dans les yeux. Chacun étant assis d'un coté de la table. Ce soir, leurs chemins se sépareront.



La nuit de Noël dans la capitale anglaise. Y-avait-il une ambiance encore plus chaleureuse ? Les feux des cheminées, les décorations hivernales, les lumières des lampadaires, la neige tombante et… le son des cloches de Saint Paul. L'ensemble aurait pu redoubler de chaleur si la fumée de Rat Trap Bomb n'envahissait pas l'air urbain. Les toits étaient couverts de neige tantôt blanche, tantôt grise. Les traces de pas des deux Cooper indiquèrent leur chemin emprunté. Ils couraient sur les toits, en direction de la bâtisse religieuse. La messe de minuit allait bientôt commencer. Celle-ci allait marquer le début de la fête de Noël pour tous les chrétiens de Londres. Soit toute la population de la ville. Il faisait froid à cette heure-là. Les deux ratons avaient accompagné leurs vêtements d'écharpes.

La brume laissa peu à peu apparaître la cathédrale. À la vue de celle-ci, les deux protagonistes se dirigèrent vers le premier lampadaire et atterrirent sur le toit. Une fois rentrée dans le bâtiment les deux ratons empruntèrent l'escalier en colimaçon et se cachèrent au premier étage. Appuyé derrière un pilier, les deux ratons observèrent le premier étage. La cathédrale était presque vide. Presque aucune personne ne se situait dans l'allée de la nef. Le plan de Bentley avait marché sur ce point.

Yolkegg était assis au premier rang… Seul. Il était vêtu d'un joli costume. Sly reconnaissait le style vestimentaire de son vieil ennemi. Pour information, Yolkegg était du genre " tout dans la forme ". Il se donnait un genre qu'il n'était pas. Un charlatan. Néanmoins, cette fois-ci Sly le prenait au sérieux. Son plan pouvait mettre un sacré coup à la ville de Londres. Walter fixa droit dans les yeux son descendant. Sly fit de même. D'un regard télépathique, chacun se fit un adieu. Sly comptait s'occuper du volatile, tandis que Walter devait retourner dans le bureau situé dans le dôme. Seuls quelques pratiquants étaient assis dans l'enceinte religieuse. Une vingtaine tout au plus. Autant dire que le saut de Sly pour rejoindre le rez-de-chaussée ne fut pas parfaitement discret. Cependant Yolkegg connaissait son ennemi. Les yeux fixés sur le chœur, l'oie savait que Sly se rendrait ici, ce soir même. Sly s'assit l'air innocent sur un banc de l'allée gauche. À une dizaine de rangées de son ennemi. Il se passa un long quart d'heure entre l'arrivée du raton et le début de la cérémonie. Le faible nombre de pratiquants rassura le raton. Leur plan fonctionnait… jusque là.
Pendant ce temps, Walter fila droit au bureau du dôme. Selon les indications de la tortue, il brancha une clé USB verte sur un port de l'appareil.

Au même moment, à une centaine de mètres, Bentley se situa droit devant l'usine. Il pilotait dorénavant l'ordinateur du professeur Yolkegg à distance ! Son objectif était de pirater son bien actuel le plus précieux. Une fenêtre s'ouvrit sur son binocom. Un logo de chargement à l'effigie de la tortue apparut. Sa durée fut relativement plus courte que les dernières fois ! Le temps de lire cette même phrase et hop, Bentley se hissa au sein des lignes de code.


Toutes les clés de données activées, le reptile se permit un d'insérer un petit commentaire dans le programme…


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Cette partie de la mission permit à Bentley de contrôler les barriques d'acides de l'usine. Et ce, depuis l'ordinateur de Lazare à Saint Paul. Suite à sa rencontre avec Sly, il avait dû déménager ses affaires.

La cérémonie commença à 21 heures pile. La cathédrale était presque vide. Seulement une cinquantaine de personnes étaient présentes. Sly considéra qu'une bonne partie de la ville était sauvée. Néanmoins, cinquante personnes étaient potentiellement en danger. Un prêtre canin sortit de son déambulatoire pour se rendre sur le chœur. Vêtu d'une longue toge blanche, il s'appuya sobrement sur le pupitre et constata sans surprise le faible nombre de pratiquants. Lazare fut à peine étriqué par ce détail. Il était pris dans sa mission. Son plan devait s'effectuer ce soir, ou jamais. Le volatile se leva soudainement de son banc, et s'élança vers le prêtre. Sly l'observa agir du fond de la salle. Intérieurement, il pria pour que le piratage de Bentley s'effectua avec succès. Son regard était profond, agressif et son sourit plat. Yolkegg monta triomphalement sur l'estrade. Après avoir sorti un micro de son veston, il lança fièrement à l'assemblée : " Bonsoir Londres ! "

Des enceintes placées régulièrement tout au long de la nef relayèrent les dires de l'oie. Cette dernière reprit d'un ton plus inquiétant…

" Mes hommes ont logiquement dû barricader toutes les issues de la cathédrale. Je vous prierai mon père… d'aller vous asseoir parmi la foule immédiatement. "

Le labrador obéit à l'instant. Yolkegg apprécia cette sensation de pouvoir.

" Je ne sais si vous le ressentez, mais je suis ému. C'est la première fois que je prends la parole devant tant de monde ! Je vais vous poser une question, Londres ! Étés-vous heureux en ce soir de noël ? La pintade était-elle bonne ?! "

Le public parut surpris de cette intervention. Le professeur bougeait sur sa scène au rythme de son discours.

" Bon, je vais arrêter de faire mon intéressant. Je vais aller droit au but. Votre ville est le berceau de l'ère industrielle. Cette même industrie qui d'ici moins de deux siècles va détruire la planète ! Du coup, comme je viens du futur pour venir assassiner l'un d'entre vous, je me suis dis… autant détruire la ville entière ! "

Suivit d'un léger rire, Lazare se plia le dos et bomba son torse vers le ciel. Ses ailes englobèrent son champ de vision. Le bec fin souriait, en regardant son public surprit et incompris. Un de ses membres demanda dans le vent quel verset l'oie était-il en train de raconter. Sans réponse. Yolkegg sortit une télécommande de son autre poche. D'un regard froid, il termina :

" Sur ce, Londres… Je te souhaite un joyeux noël ! "

C'est à ce moment que Sly ferma ses yeux. Après avoir appuyé sur sa télécommande, le rongeur ne sentit rien. Excepté l'incompréhension de Yolkegg. Après avoir ré-ouvert sereinement ses yeux, Sly se leva. Puis se plaça au milieu de l'allée principale.

" Dis-moi Yolkegg, ce gars-là que tu veux tuer… Ce ne serait pas mon ancêtre à tout hasard ? "

L'oie resta calme :

- Rathon ! Tu es tellement prévisible… Je me demandais quand diable tu allais intervenir. C'est pour ça que j'ai fabriqué cette fausse télécommande ! lança le volatile en jetant l'outil au sol. Il en sortit une nouvelle de sa même poche de costume.
- Vraiment ?! lâcha spontanément Sly.

Yolkegg tenait un autre moyen de faire pression sur son adversaire. Le public s'impatienta. Personne ne comprenait ce qu'il se passait. Alors qu'un homme se leva dans la foule, pour quitter l'endroit, une balle lui atterrit entre les deux pieds. Sly observa soudainement l'étage. Une dizaine de gardes armés étaient régulièrement répartis de chaque coté de l'étage. Yolkegg retourna près de son pupitre. Sa voix perçait les enceintes :

- Maintenant tout le monde m'écoute ! Sly, approche… Dis moi, comment as-tu su ? Il n'y avait aucune information sur mes plans dans les dossiers que tu as pris dans mon bureau, à l'usine.
- Tu m'insultes. Il ne faut pas s'appeler " Walter Thaddeus Cooper " pour comprendre ce que nous avons observé. Tu es riche Lazare. Dès que tu as obtenu l'âge légal, je me souviens t'avoir vu heureux de toucher " enfin " ton héritage familial. Les gamins que nous avons rendus visite en prison n'ont pas fait preuve de moins de cupidité pour nous avouer que tu les avais payés pour distraire les flics… ceci te permettant de réaliser ton petit plan.
- Malin, mais peut mieux faire… Je veux savoir comment as-tu su, pour ce soir ?

Lazare menait la discussion. Il posait les questions. Néanmoins Sly souhaitait le déstabiliser de par la manière dont son gang avait tout compris. Il marqua un blanc après la prononciation de ces deux mots : " Du téflon. " Ceci agaça Lazare. Ce rongeur avait toujours eu la manière de le mener à la baguette. Même lorsqu'il était en position de faiblesse ! Le regard de l'oie fit comprendre au raton qu'il devait continuer :

- Les tuyaux au-dessus de cette voûte. Ils sont en téflon, pas vrai ?
- Exact.
- Ceci a particulièrement alarmé mon ami carapacé. Il n'avait jamais rencontré un tel matériau !
- Il voulait une médaille ? tenta l'oie d'ironiser.
- À vrai dire, il l'aurait méritée ! Le Tétra-fluoroéthylène est la molécule de ce matériau. Or celle-ci n'a été brevetée qu'en 1945. Selon Bentley. Une telle découverte dès 1896 mériterai bien plus… qu'une simple médaille !
- Et donc ?
-ET DONC, il s'agit également du seul matériau capable de résister à, je te le donne dans le mile : de l'acide sulfurique ! Étonnant, puisqu'il s'agit tout de même du même produit que fabrique ton usine. Tu sais, celle où je t'ai parlé avec un accent italien.

Lazare comprit, comment ils avaient compris. Sly se rapprocha de lui, il parcourut tout le long de la nef, en parallèle de l'avancée de sa phrase :
" Tu as réuni toute la ville de Londres sous un même endroit pour l'arroser avec un produit mortel pour animaux Lazare ! Assassin ! "

La serpe du raton était fermement tenue par la main gauche de Sly, qui pointa violemment du doigt son ennemi. Son regard était perçant, et orienté vers celui qu'il méprisait de seconde en seconde. L'ambiance s'échauffa dans la cathédrale. Les londoniens comprirent avec peine la conclusion qu'il fallait tirer : " Ils allaient mourir ". Les gardes à l'étage surveillèrent leurs cibles avec une pression supérieure. C'est à ce moment que des voix montèrent dans l'enceinte. Lazare commença à s'impatienter. Il ne fallait pas qu'ils se révoltent à deux doigts de la fin !

- Je me doutais bien que tu aurais fini par tout deviner, Sly. Tu es ici depuis quatre jours. Je te connais. J'ai grandi avec toi, pour rappel. Quatre jour pour détruire les projets d'un homme, c'est bien plus qu'il ne vous faut. J'ai donc peaufiné mon plan… Voici une deuxième télécommande. Achevée ce matin même ! Bentley n'a sans doute pas pu déjà la pirater. Et je te la donne.
- Pardon ?

Le volatile tendit la télécommande vers son camarade alerte :
- Tu as le pouvoir de te débarrasser d'une ville entière, en un clic. Sly.
- Non merci ! répondit-il aussitôt. Seule la surprise du geste ralentit son temps de parole.
- Réfléchis, Sly. Réfléchis. Je suis sérieux. Tu t'es toujours dit " du coté des gentils ". Mais as-tu au moins ressenti une fois cette agréable sensation de domination ? Tu as l'occasion de te procurer une ville entière ! La ville la plus influente du monde à ce stade de l'histoire ! Pense à tout ce dont quoi tu pourrais gagner ! Pense à toutes les familles d'industriels polluant notre monde que tu pourrais nous faire épargner !

Lazare était plongé dans le regard de Sly. Les yeux plus profonds que jamais. Au stade où son interlocuteur, notre raton-laveur, en devint préoccupé. Le rongeur prit l'offre au sérieux. Jamais quelqu'un ne lui avait encore parlé sur ce ton.



Murray détruit la porte d'un bâtiment extérieur de l'immense usine. Son bide était suffisamment fort pour arracher une serrure en acier. Bentley entra en premier dans le hall en brique. Le groupe avait réussi à ne pas se faire repérer jusqu'ici. Une bonne dizaine de gardes travaillaient encore dans Rat Trap & Bombs. Ils n'étaient visiblement pas tous dans la cathédrale.

D'après le " tireur de ficelle ", les prochaines instructions étaient soigneusement placées dans un bureau de ce bâtiment. Bentley regarda une nouvelle fois la montre à gousset. Celle-ci indiquait dorénavant trois heures pile. Deux aiguilles se superposaient sur le " XII ". Dont les minutes, et celle des jours. Ceci motiva les deux compères dans leur quête. C'était le "D-Day" selon Bentley, et la "N-Night" selon Murray. S'ils ne partaient pas avant la fin du compte à rebours, Dieu seul savait quel sort leur était réservé…

Ils empruntèrent les seuls escaliers apparents, les menant vers l'étage.



Lazare pensa convaincre Sly des bien-fondés de ses plans. Selon lui des centaines, même des milliers de futures crapules se situaient dans cette église. Fallait-il supprimer leurs vies pour en sauver d'autres sous le motif qu'elles seraient " plus honnêtes ". Des meurtres en un seul clic. Tel était le dilemme que Lazare souhaitait offrir à Sly. Sans se mentir, il était vrai : le XXIe siècle rencontre de sérieux problèmes de pollution plus où moins liés à l'industrie.

" Réfléchis le rongeur… je te considère comme quelqu'un d'intelligent. Ne me déçois pas. Penses-tu honnêtement que je suis un réel " assassin " ? " enfonça Yolkegg, le regard et le bec perçant dans ceux de Sly. La télécommande était encore dans la main de l'oie, tendue vers le rongeur. Prête à être offerte. " Sauve le futur, Sly ! "

" Sauver le futur "… Ou laisser en vie des innocents ? Réaliser difficilement un génocide… Ou laisser lâchement suivre le cours de l'histoire tel qu'il est ? Être un héros, ou devenir un monstre ?

Sly se saisit finalement de l'objet. Il fut le premier à sourire. Suivi de la seconde suivante par son interlocuteur. Il tenait fermement le petit appareil. Le bras plié vers lui, l'autre tenant sa serpe. Le béret était toujours en face du haut de forme. Il avait fait son choix. Peut être pas un des plus grands de toute sa vie, mais sans doute un des plus raisonnés !



Au même moment, l'hippo' rose massacra une nouvelle porte. La septième, et la dernière du bâtiment. Ce fut avec hébétude que le groupe ne trouva pas le moindre message. Le " tireur de ficelle " disait-il la vérité ? Bredouille, le duo espéra que Sly aurait plus de chance. Il ne leur restait plus que deux heures et demi !



Justement, Sly était sur le point d'agir. Devant un public pris au piège. Sur le chœur du bâtiment, le raton regarda succinctement ses potentielles victimes avant de rétorquer :

" Non. Simplement non. "

Sans montrer un quelconque signe d'outrage, Lazare répliqua aussitôt :

- Comment ça, " Non " ?
- Je ne suis pas un héros !
- Alors active ! Les tuyaux en téflon n'attendent que ça !
- Mais je ne suis pas non plus un monstre comme toi Lazare !
- Comment ça ?

Lazare marqua un blanc. Le manque de réponse instantanée du rongeur le poussa à continuer :

- Tu penses un peu à notre avenir ? Paris est en 2016 une des villes les plus polluées au monde ! lança le volatile. Le ton montait. L’agressivité des paroles également. J'ai travaillé dur pour réussir un tel coup ! C'est comme ça que tu salues mon travail ? Je suis comme toi, Sly ! Un orphelin qui a dû réussir en partant de rien !
- Ce n'est pas notre rôle !
- Ha ouais ? Quel est ton rôle alors… À part agacer les types comme moi ?
- Je suis un Maître-Voleur ! Et non pas un justicier ! Il existe des gens très biens pour exercer ces responsabilités, qui travaillent jour et nuit sans relâche contre ces mêmes personnes que tu penses combattre ! Je pense à quelqu'un plus particulièrement… Et ces mêmes personnes n'ont pas besoin de….
- Foutaises !
- … parvenir à de tels moyens pour réussir leurs objectifs ! Tu es sur le point de commettre un génocide temporel Yolkegg ! Tu es un fou ! Un psychopathe ! Un malade, un danger !
- Ne deviens pas insolent.
- Tu l'es toi-même envers ta personne. Pour revenir à ta question, mon rôle est justement de botter les arrières-trains des, je cite : " types comme toi " ! Sur ce, je me débarrasse du pouvoir que tu viens de me confier…

Sly donna de l'élan à son geste, et éclata la télécommande au sol. Devant les yeux à la fois incompris et impuissants de Yolkegg. Un léger soulagement se fit entendre par les habitants londoniens. Avant qu'ils n'applaudissent en chœur le rongeur. Légèrement en sueur, Sly constata avec surprise la réaction de ses ex-victimes. Ils l'avaient écouté. Physique des particules à part, ils avaient tout compris. Sly ajouta ensuite :

- Je ne te l'ai pas dis, mais mon gang et moi avons œuvré pour qu'un minimum de personnes ne viennent ici ce soir. Donc n'essaie même pas de lâcher ce produit par un autre moyen. À défaut de sauver la planète, tu sauveras juste ton titre officiel de criminel. Bentley vient de pirater tous tes réservoirs d'acide dans ton usine. Tu as perdu, Lazare. Rends-toi.
- Si je ne tue pas Londres, tu mourras en consolation. le ton toujours aussi glacial.

En un rapide regard vers ses gardes à l'étage, Yolkegg leur ordonna de tirer sur le rongeur. Avant d'avoir constaté que Walter s'était déjà occupé d'eux. Ce qui le mit encore plus en mauvaise posture. Refusant la défaite, Lazare lâcha une bombe fumigène avant de prendre la fuite.

Les derniers événements s'étaient déroulés très rapidement ! Sly pensa néanmoins avoir fait le bon choix. Alors que l'écran de fumée commençait à s'estomper, le rongeur eut l'impression que ce moment dura une éternité. Lazare avait plus d'un tour dans son sac, et la manière dont laquelle il venait tout juste de piéger Sly le démontrait. Il allait devoir le payer. Cet homme était dangereux. Le raton repensa à cette discussion. Une dernière fois avant que la fumée ne disparut, laissant l'oie ré-apparaître devant la grande porte de sortie. Tenant celle-ci ouverte, offrant ainsi une vue de la nuit depuis le fond de l'enceinte.

Lazare effectua un regard moqueur, et railla " Joyeux noël, Sly. " avant de fermer cette même porte.
Il venait de prendre la fuite.

Le public silencieux, ne sachant pas comment réagir resta sagement observer Sly. À ce moment, Walter descendit -par les escaliers- et s'approcha du pupitre du chœur. Se saisissant du micro laissé par le volatile, il lança à l'assemblée : " Il nous faut un fiacre, vite ! "



" YHAAA ! " cria Walter. Son cocher était lancé à la poursuite de celui de Lazare. Situé quelques mètres devant eux. La route neigeuse, additionnée au brouillard profond, offrait un décor nocturne unique pour une telle course… Le bruit du fouet claqua l'air qui ventila le véhicule lancé en pleine vitesse. Les routes étaient vides. Tout le monde devait prendre le repas chez soi. Le nombre de vitres éclairées par les lumières des foyers témoignaient de l'efficacité de la campagne de communication du gang. Presque tout le monde était resté chez soi ! " YHAAA ! Plus vite ! " Sly communiqua Bentley et chacun s'expliquèrent la situation. Ils n'avaient aucune idée où se rendre dans l'heure qui suivait, et Lazare filait à l'anglaise. Sans mauvais jeu de mot.

Lorsque, enfin, Walter réussit à voisiner le cocher de l'oie, le rongeur saisit l'occasion pour bondir sur le conducteur voisin. La force du rongeur fit lâcher les commandes du cocher au volatile. Au stade où les deux ennemis s'expulsèrent du véhicule et atterrirent dans une vitrine commerciale. Le hasard voulut qu'il s'agissait de l'horlogerie de Walter. Ce dernier ne rejoignit pas Sly, il continuait son escapade, dans l'objectif de stopper le cocher sans pilote. Il s'agissait de celui de Lazare, il contenait sûrement des choses pouvant servir de preuve !

Sly se tenait comme à son habitude, droit devant son adversaire déchu. Lazare Yolkegg était assis sur le sol, sa jambe lui infligeait une douleur à rester sur une posture peu avantageuse. Tandis que Sly rayonnait face à lui. Il venait, avec son gang, de contrecarrer ses plans. Comme à l'époque. Le van se tenait derrière Sly. Il était seul dans la pièce avec son vieil ennemi. Le volatile regardait Sly avec un regard qui en disait long sur sa rancune. La peau poilue du raton était au premier plan, la couleur du van fut floutée par sa rétine. Le bec aigri commença avec un rire nerveux :

" Hinhin, je sais ce que tu penses Cooper… Comme à l'époque ! "

Sly n'aimait pas entendre le son de sa voix. Trop de mauvais souvenir concernant ce triste personnage. Cette brute de récré. Les regard froncé et pénétrant, le sourire crispé, le raton laissa son adversaire parler. Il ne voulait pas lui donner de l'importance en lui accordant une quelconque réponse. Néanmoins la future phrase de Lazare le fit tomber des nus :

" Je viens du futur, Sly. "

Après s'être relevé, le raton avait constaté avec surprise, qu'il se situait dans la boutique de son ancêtre. Ce qu'il le fit presque ignorer la phrase de son ennemi. Plusieurs horloges cassées s'éparpillaient au sol. Les " Tic Tac " du début du chapitre continuaient néanmoins de fonctionner. Faire résonner la pièce.

- Moi aussi, je viens du futur.
- Tsk… Tu ne comprends donc jamais rien. Je viens d'un futur plus évolué que le tiens. À trois années près.
- Je m'en serais douté.
- Je viens donc d'un futur que tu n'as pas encore vécu.
- Ça, j'avais cru le comprendre au bout de la deuxième fois où tu l'as dit !
- D'un futur plus ancien, d'une époque évoluée. D'un temps où le plus grand coup de ta carrière a été réalisé.

L'oie marqua volontairement un blanc. Le son des pendules s'accentua plus facilement dans la pièce. Histoire de tendre l'atmosphère. Sly pria intérieurement pour que son ennemi ne lui dévoile rien de son avenir ! En un dialogue, il risquait gros ! Sur le même ton lent et prenant, Yolkegg continua :

- J'ai demandé à te rencontrer avant que tu n'effectues ce casse. Je voulais que ce soit moi ! La cause de ta perte !

Le sous-entendu fit froid dans le dos. Le raton laissa sa lèvre inférieure s'ouvrir.

- Tandis que tu voyages dans le temps, la vie au présent continue de se dérouler !
- Je ne suis jamais rentré ?
- Ce fut le casse le plus audacieux depuis la création de la lignée familiale des Cooper !
- …

Sly n'émit plus aucune émotion. Il ne voulait plus entendre ses dires. Mais la tentation de connaître son futur était trop forte. Où diable donc, cet oiseau de malheur voulait-il en venir ?!

- Le casse de " La Grande Information ". Le soir de la Saint Constant. Sur le quai des Gesvres.

Ce fut derrière le van, que les yeux du rongeur entendirent les derniers mots de Lazare Yolkegg : " Le soir où Sly Cooper est mort. "




Après sa défaite, Lazare n’a pas tenté de se rendre chez Walter par hasard. Ses ordres étaient de déposer un mot et l'objet de notre nouvelle destination sur notre van pendant notre opération. Et ces ordres lui étaient donné, par le " tireur de ficelle ". (Trop) sur de lui, Lazare ne pensait pas avoir besoin de nous donner nos futures coordonnées. Il pensait nous vaincre. Ego surdimensionné.

Au sujet de notre mystérieux ennemi, Lazare nous avoua qu’il ne connaissait pas son nom. Après l'arrivée de mes amis, il refusa catégoriquement de nous donner le peu d'informations qu'il connaissait sous le motif qu'il le craignait. Même sous la pression des baffes de Murray. Néanmoins il fut plus bavard au sujet de notre étape en Égypte antique… C’était Lazare en personne qui nous avait posé le mot et la montre. Il avait également organisé notre rencontre avec Walter. Bien que sa mission primaire fût de récupérer la serpe de Walter, il n’avait pu résister à la tentation de tous nous confronter. Et heureusement, il avait perdu.

Yolkegg passa le reste de la nuit et de sa vie, dans une prison anglaise pour tentative de meurtre, création d'acide sulfurique à perte et corruption de jeunes malfamés. Le juge décréta quelques semaines après son arrestation que sa très grosse amende servirait à reconstruire le vieil orphelinat de la ville. Ironie du sort. En parlant d'ironie, j'avais pas mal de rancœur pour ce personnage. Lui même orphelin, il n'avait pas daigné en soudoyer d'autre pour arriver à ses fins. Ayant reçu la même éducation que mes amis et moi-même, je dois avouer que je me perds parfois, à essayer de comprendre mes adversaires.

Après s'être débarrassé des dernières affaires de Yolkegg dans cette époque, nous primes le temps de partager tout les quatre un bon repas à l'horlogerie Coop'Heure. Après tout, c'était noël ! Murray adora la dinde de Walter, et Bentley raconta tellement d’anecdotes amusantes à propos de notre enfance que nous dûmes arrêter de manger deux fois pour éviter de nous étouffer en rigolant ! Walter offrit une montre ressemblant à celle de la gare de Londres, version miniature, à Bentley ! Mon ami fut à la fois gêné d'avoir rien prévu et enthousiaste de l'intention. Ce repas nous permit de nous détendre, de rigoler, de nous reposer. C'était la première fois que nous avions pris une pause depuis nos retrouvailles. Quel agréable moment ! Et comme convenu, nous quittâmes cette époque pour notre nouvelle destination avant minuit !

Le plan de notre « tireur de ficelle » s’était assombri par les plans de notre ennemi d’enfance. Qui finalement en plus d’avoir échoué n’était finalement qu’un sbire supplémentaire de LeParadox. Mais malgré les rires, je sentais une légère angoisse au sein de notre trio. L'histoire empirait, et nous ne savions toujours pas comment renverser le courant… A peine notre mission terminée, le Volus-Ratonnus nous indiqua la prochaine époque quand se rendre.

Le pire dans l’histoire, fut le fait que je cachai à mes amis ma connaissance de ma potentielle future mort. En route vers notre nouvelle mission, je ne voulais pas gâcher notre court instant de répit.







Suite à l'Episode 3 !



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Fan Fiction réalisée par cooper13
Sur et pour :
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Achevée le 07/08/2016 à 20 : 30

Remerciements à ZAXEL26, d'avoir relu intégralement le chapitre avant de le publier. Ce chapitre a pu être publié ainsi grâce à toi ! emoji

Notez, suivez et commentez ma fiction !
Contactez-moi si vous trouvez des fautes ou si vous avez des remarques à faire dans ma fan-fiction.

Sly Cooper : La Nouvelle Page (2014-aujourd'hui)

Sly Cooper est un personnage de jeux vidéo ainsi que de bande dessinée créé par le studio Sucker Punch Productions, puis reprit par Sanzaru Games. Il s'agit d'une marque déposée. Je ne sais pas pourquoi je l'écris, mais ça fait plus sérieux !

Oui, je compte copier-coller ces lignes à chaque fin de chapitre !

Frohe Weihnachten ! emoji


Vous avez vraiment tout lu ? Tout depuis le début ? Vraiment ? Bon, eh bien, si vous traînez encore sur ma fic, autant satisfaire votre lecture. Voici une petite zone spoilers qui ne devrait pas vous déplaire (comme tout le reste de votre lecture, n'est-ce pas?). Dans ce passage, vous trouverez ici des "friandises", de quoi rire un peu : des références citées, des anecdotes et même des blagues cachées (avec le très richissime humour de l'auteur… emoji

Voici donc quelques petits bonus concernant l'écriture du Chapitre 2 : Elémentaire, mon cher Raton. Bonne fin de lecture ! emoji

Il est recommandé de lire le chapitre EN ENTIER avant de lire la zone spoiler suivante, parce que vous pourrez vous faire… spoiler, tout simplement.

-Le premier paragraphe ne raconte pas un élément de l’histoire. Je m’adresse directement au lecteur. Je lui dicte ce qu’il doit précisément imaginer. C’est la première fois que je m’adresse directement au lecteur.

-Je n’ai pas choisi le chiffre 2 romain de manière anodine : il s’agit du deuxième chapitre de ma fic’ !

-La « Eastern Telegraph Company » a réellement existé. Je me suis inspiré de la « Western Union » que l’on peut remarquer dans différents films ou bande-dessinées de western. Néanmoins, je ne sais pas si un poste de télégraphe était réellement placé prêt de la gare londonienne.

-J’ai trouvé ça assez symbolique le fait d’imaginer la première apparition du van à travers une vitrine de magasin d’horloge ! Imaginer la fumée du van revenant d’une autre époque face à une pendule de l’époque victorienne… Je trouve ça tellement stylé. J’espère avoir réellement réussi à vous faire imaginer cette scène !

-J’ai essayé de faire le début d’épisode le plus dynamique et le plus « In média res » de tous les Sly… Et d’exploiter une première course-poursuite/contre la montre avec le van.

-La rencontre entre Sly et son ancêtre m’a été inspirée par la régénération du douzième docteur de la série « Doctor Who ». Lorsque les deux personnages se regardent avec hébétude et curiosité les yeux dans les yeux.

-Lorsque Sly rencontre son ancêtre, les deux personnages effectuent les mêmes gestes comme dans un miroir. Cette idée provient de "Retour vers le futur : le jeu". Lorsque Marty passe sa main sur son coup en même temps que son ancêtre. Ceci pour faire comprendre au public qu'ils sont de la même famille.

-Tout au long de mon chapitre, j’amène le lecteur à se poser beaucoup de questions sur l’origine du message, les plans de Lazare, l’identité du « tireur de ficelle », le rôle réel de LeParadox et d’autres petits détails que vous avez logiquement oublié, mais que vous retrouverez dans les chapitres futurs ! J’espère que ceci n’alourdi pas la lecture et qu’elle reste agréable. Si le premier chapitre était synonyme d’action et d’aventure, je voulais que celui-ci soit placé sous le signe de la réflexion et de la déduction. En espérant que ceci a été lu comme tel et apprécié…

-La première intervention de Carmelita la situe en train de relier deux câbles entre eux, la seule partie visible de son corps étant ses yeux. Je pense que cette idée de plan provient de la bande-annonce du film « Ratchet & Clank », où l’on voit Ratchet relier deux câbles électriques.

-Bien que les deux premiers extraits avec Fox soient de l’ordre du récit, et surtout de l’introspection (réfléchir sur soi-même), il faut attendre les deux autres extraits pour avoir un minimum d’actions à se mettre sous la dent. Ceci est volontaire. Sans « spoiler », j’annonce que Fox va avoir un grand rôle dans les chapitres à venir. Et je veux réellement que le lecteur entre dans sa tête, comme moi je la vois.

-Le passage de Sly dans l’usine a été complètement rédigé en improvisation… J’ai écris la moitié du chapitre à l’aveugle. D’où sa longueur. J’espère mieux structurer mon récit à l’avenir.

-Le passage où Walter explique sa première rencontre avec Yolkegg est un clin d’œil aux livres de « Sherlock Holmes », où dans la plupart des nouvelles, il s’agit de Sherlock qui narre ses aventures à Watson. L’action ne se déroule pas au présent.

-Je suis plutôt fier de mon idée de la montre « compte à rebours ». Et j’adore les montres à gousset !

-Je n’ai eu l’idée d’utiliser la cathédrale St Paul bien après avoir réalisé l’avatar. Heureux hasard, puisque mon image est devenue encore plus représentative de mon chapitre ! :^^ :

-J’ai recopié le mot que Sly avait envoyé à ses amis pour les retrouver du chapitre précédent. J’y ai cette fois-ci intégré le problème du raton avec les lentilles !

-Après relecture, je me rends compte que Walter Thaddeus Cooper est très largement inspiré de Sherlock Holmes. Futé, cultivé, drôle et un léger coté mystérieux.

-Je me suis renseigné sur les plans géométriques de la Cathédrale Saint Paul pour mon récit. Ceci dans but de le rendre historiquement crédible.

-L’idée d’appelé le gant « Chronodéplaceur » a été obtenu en regardant les noms des gadgets de « Ratchet & Clank : A Crack In Time » sur Ratchet Galaxy. La « chrono-bombe » n’a pas eu un rôle inutile dans l’histoire !

-J’ai rencontré pas mal de difficulté à imaginer une scène de combat avec Bentley en fauteuil…

-J’aime l’idée d’un épisode spécial noël pour la saga Sly Cooper ! Je n’ai jamais compris pourquoi aucun des jeux de la saga n’en contient un.

-J’ai décidé d’offrir à Sly, non pas un combat de boss pour l’opération, mais d’effectuer un choix moral. Orchestré par les plans de son ennemi d’enfance : Lazare Yolkegg. Histoire de rendre notre héros plus profond. J’espère avoir réalisé une sympathique réflexion, à la fois courte et intense. Pas trop naïve pour autant. Cette situation est également insolite (à mon humble avis) dans la saga. Même si "Sly 3" parle de pollutions des eaux et de mariages forcés, jamais la licence n'a fait affronter à ses héros des problèmes contemporains assez graves comme la situation environnementale de notre planète. Le voyage dans le temps offrait pour moi un scénario assez original vis-à-vis de ses responsables. Attention, ceci dit, je ne vise personne. J'écris pour distraire, non pas pour dénoncer et faire ma morale !

-J’espère ne pas décevoir mes lecteurs avec ce chapitre que j’ai décidé de rendre légèrement plus sombre, et froid. Sly Cooper n’est pas une série de science-fiction pour adulte à la base, et j’espère respecter ce fait.

-Le prénom de Lazare a été choisi au hasard en regardant mon calendrier ! x) Pour savoir pourquoi « Yolkegg », je vous invite à traduire les mots « Yolk » et « Egg ». Pour rappel, le méchant est une oie ! emoji Je voulais un nom type « Toothpick » de Sly 4 ! x)

-Lorsque l’un des trois rats dit « R.A.S. dans les chambres. » est une blague destinée à la série policière « Castle ». A chaque fois que les flics font une entrée chez un mec dangereux, il est absent. Et chaque membre de l’équipe gueule « R.A.S. dans la chambre… R.A.S. dans le salon… » ! x)

-J’ai essayé de rendre pas mal de scènes avec des détails symboliques. Par exemple, prenons le passage final : Sly se tient debout devant Lazare qui lui, reste au sol. Des bouts de verre qui appartenaient à la vitrine avec des pendules se situent au sol. Le temps est tombé, le décompte est terminé et le raton triomphe comme toujours sur son ennemi. Le van bleu (comme la couleur de Sly) se situe derrière lui. Les dernières images que le lecteur a du héros est son regard perçant… Bref, j’essaie vraiment de faire imaginer au lecteur des moments épiques, parfois sombres, parfois plus légers le tout dans un scénario profond. J’espère que j’arrive à vous faire imaginer et ressentir tout ça !

-Le chapitre 3 sera plus proche du « Sly » que l’on connait tous. Ce sera du « Sly » tout craché, loin de mes prises de liberté sur l’univers… Je vais prendre du recul sur ce long chapitre avant de me re-prononcer sur les deux derniers de la fic’ ! emoji J’aurai également moins le temps de m’y consacrer en 2017, du coup je pense offrir un chapitre plus classique, tout aussi sympathique mais plus court. D'ici là, donnez moi vos remarques, que je sache vers quoi tourner la fiction… emoji

-Cet épisode fait 50 pages Word taille 11 Calibri (sans tenir compte des anecdotes). Il possède dix pages de plus que le chapitre précédent. D’où ma crainte plus grande d’avoir fait un truc long et ennuyant/incompréhensible.

-J’ai bien passé dix bonnes heures à essayer de réaliser ce maudit avatar ! J’espère que vous l’aimez ! emoji Il a été réalisé seulement sur Paint et Paint.Net !

-A votre avis, où et quand se déroulera la troisième époque ?

-Le titre de ce chapitre s'est choisi entre "Élémentaire Mon Cher Raton" et "Cauchemar Sulfurique". L’avatar du chapitre étant déjà terminé, avec difficultés, j’ai renoncé à modifier le titre. J'ai décidé de conserver le premier titre. Néanmoins, un titre avec le mot "cauchemar" m'aurait bien plu…

-Un décod’art se situe sur l’avatar du chapitre ! Sauriez-vous retrouver le code caché ? emoji Pour info, je vous invite à ouvrir l’avatar dans un nouvel onglet et zoomer sur l’image à 500% ! emoji

-Mon ordinateur et/ou le site lague(nt) lorsque je fais "Aperçu" du chapitre ! :o

-C’est tout pour ce chapitre. Par pitié, notez, et commentez ! ^^’ J’insiste, dites-moi tout ce que vous aimé, et détesté. J’écris ces anecdotes pour que vous compreniez mes choix et que vous sachez quoi me dire dans vos commentaires ! ^^’
Je veux tout savoir sur votre lecture ! Je vous également vous re-remercier chaleureusement d'avoir tout lu ! emoji Sincèrement !



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