Objectif Terre - Chapitre 18

-Que faisiez-vous avant d’être journaliste, William ?
Ratchet se remémora les indications que lui avait données Aako deux jours plus tôt. Ils avaient établi le contact via un iPod connecté à un satellite Terrien piraté.
-Eh bien, je ne faisais que des petits boulots, mais tous étaient en rapport avec le petit écran. Comme, par exemple, assistant d’un cameraman pour une mission en Europe, ou d’un éclairagiste sur un plateau de jeu télévisé…
-Votre vocation pour le journalisme était donc déjà fondé ?
-Je ne sais pas si je voulais être reporter en particulier, mais travailler dans le monde de la télévision est un rêve depuis que je suis tout petit. Ca me passionnait… Dès que l’occasion s’est présentée, je suis parti tourner mon premier reportage en Afrique du Sud. C’était il y a trois ans…
-Oui, je m’en souviens, il a fait sensation. Moi-même, je l’ai vu et je l’ai beaucoup apprécié. Il faut dire que vous avez un don pour intéresser le public et toucher le cœur des gens !
Le Lombax ne put s’empêcher de sourire à ces paroles. Évidemment, ce reportage n’avait jamais existé. Et il n’avait jamais été un journaliste. Ce n’étaient que des bobards. Tous ces récits de vie qu’il racontait à Neil Obama avaient été soigneusement inventés par les Martiens dans le but que sa tâche sur Terre soit plus aisée. « Tous les Terriens à qui vous donnerez votre nom seront persuadés que vous êtes un grand journaliste reconnu dans tous les Etats-Unis depuis quelques années », avait proclamé Aako lors de ce premier contact Terre-Mars. Et c’est ce qu’il se passait en ce moment même.
-Merci beaucoup, mais ce n’est pas vraiment un don. C’est plus une qualité bien développée. Une qualité que beaucoup de gens ont mais dont peu apprennent à s’en servir.
-Et modeste avec ça ! rit le Président. Désolé, je vous taquine. Vous avez tout à fait raison, William…
-Vous pouvez m’appeler Will, vous savez , lui fit Ratchet d’un air anodin.
-Ma foi, puisque vous me le demandez si gentiment… Avez-vous des projets de reportage pour le moment ?
-Non, aucun. Je n’ai plus vraiment envie de partir aux quatre coins du monde… Ces temps-ci, je suis plus intéressé par la politique, en fait.
-Vrai ? En ce cas, je peux vous aider ! Vous travaillez pour un journal en particulier ?
-Pas encore. Mais j’ai déjà reçu des propositions d’emploi venant de deux rédactions différentes. Le « Washington Times » et l’ « American Dream ».
-Je me permets de vous conseiller le Washington Times. Leur journaliste de la branche politique vient de prendre sa retraite. Et je peux vous obtenir une place dans les tribunes de la Maison Blanche lors des prochaines réunions.
-Vous feriez ça ? Eh bien, je ne vois pas comment vous remercier…
-En nous écrivant de beaux articles, mon garçon ! Neil Obama fit un élégant mouvement de bras et regarda le cadran de sa montre. Je vois qu’il est plus que temps pour moi de retourner à mes affaires. Ce fut un plaisir, vraiment ! ajouta-t-il en se levant.
-Pour moi également, Monsieur le Président ! répondit Ratchet en lui serrant la main.
Et cette première rencontre avec le Président se termina ainsi.

Fier de son coup, Ratchet –ou William, de son nom d’emprunt- paya son café et reparti vers sa Vaulvo flambant neuve en songeant à cette rencontre qui lui paraissait si banale, là où un Terrien se serait cru dans un rêve. Puis à toutes ces choses hors du commun qu’il avait vécues depuis qu’il avait rencontré Clank. « Je mène une vie bien remplie… » conclut-il.