Auteur : Ratchet_Dadou
14h40, Metropolis, Kerwan
Ratchet se réveilla. Il voulut immédiatement ouvrir les yeux pour découvrir où il était, mais n’y parvint toujours pas après plusieurs reprises. Il sentit qu’il avait les mains et les pieds liés et se demanda ce qu’il lui arrivait. Puis, quelques secondes plus tard, il comprit qu’il avait les yeux bandés. Alors il se rappela qu’il était prisonnier. Tout engourdi d’avoir dormi dans cette inconfortable position, il tira brusquement sur les liens-laser qui l’attachait au « petit poteau de fer », ressentant le besoin de bouger et de s’étirer. Tout cela se déroula en seulement quelques secondes, presque immédiatement à la suite de son réveil. Ne voyant rien, voulant savoir s’il n’était pas seul, il lança à la sombre pièce :
-Minucius ? Vous êtes réveillé ?
-Ratchet ! Répondit une voix soulagée. Oh, merci ! Je t’ai entendu. Tu es enfin debout !
Réalisant soudainement que le mot « debout » ne convenait pas à la situation et qu’il aurait dû dire plutôt « éveillé », il reprit avec sa voix, cette fois, habituelle, ce qui soulagea un peu mais inconsciemment le Lombax :
-Enfin,… Mauvaise expression !
-Ratchet, fit une voix dans le noir, je suis content de t’entendre.
-Clank ! S’écria son ami. Pourquoi est-ce qu’ils nous ont séparés, ces grands tas de boulons sans cervelle ?
-Je n’en sais rien. Ils m’ont emmené dans une sorte de laboratoire pour me,… disons,… bidouiller ?
-T’en fais pas, l’ami. Si ils ont osé te faire quoi que ce soit, ils vont le regretter amèrement quand je leur écraserai ma super-clef sur le crâne !
-Dois-je te faire remarquer, Ratchet, lui dit Minucius, que nous sommes prisonniers d’une armée de robots psychopathes qui gouvernent le monde et que, dans ce cas, tu n’auras pas le grand plaisir d’utiliser ton arme fétiche ?
Sa voix n’était pas amère ni exaspérée, mais réanimée de son enthousiasme habituel et prête à plaisanter à nouveau.
-Ne vous inquiétez pas, Docteur. Nous allons bien nous évader un moment donné. Et ils regretteront d’avoir dérangé un Lombax, un robot et un scientifique surdoué !
-Ouais ! Fit Minucius en gesticulant – ce qu’on pouvait entendre grâce aux bruits de chaînes de ses liens –, ils vont payer pour tout ce qu’ils ont fait, aussi bien à nous qu’à Solana !
La discussion ne dura guère plus longtemps, car le trio entendit la porte de la pièce s’ouvrir et des personnages – sûrement des robots – entrer. Clank, qui pouvait voir, lui, annonça ironiquement :
-Oh, je crois que nos humbles hôtes sont arrivés.
-NOUS ALLONS VOUS DÉTACHER, annonça une voix grave. JE VOUS CONSEILLE DE NOUS SUIVRE BIEN SAGEMENT.
Il ajouta, l’air de parler à d’autres robots :
-EMMENEZ-LES VOIR LE MAÎTRE.
Ratchet entendit des bruits de pas, dont certains étaient plus forts, ce qui lui permit de deviner que l’une des machines s’approchait de lui. Il la sentait également, non avec son sens du toucher, mais il savait qu’elle était toute proche de lui. Il sentit des mains autour de ses yeux et son bandeau fut enlevé. Il les ouvrit immédiatement. Il put enfin voir. Le robot qui avait enlevé le bandeau était un Robot-Blarg. Il vit Minucius derrière lui, encore attaché et privé de sa capacité visuelle et un autre Blarg métallique s’approcher de lui. Clank, à la droite du savant fou, n’était plus enfermé dans un cube jaune transparent laser. Il était assis sur le sol, ligoté à un autre « petit poteau de fer » par des liens-laser. Il n’avait pas les membres liés comme ses amis, il était juste ligoté, la tête et les jambes seules dépassant de l’amas de lasers jaunes qui le retenaient prisonnier. Le Robot-Blarg qui avait débandé les yeux de Ratchet se releva – car il était accroupi –, passa derrière le Lombax et le détacha du poteau, mais n’enleva pas les liens qui retenaient ses deux mains croisées dans le dos. Il empoigna ses poignets pour éviter qu’il ne tentât de s’enfuir et, en se relevant, le soutint en l’air, comme le grand robot-lézard l’avait fait lorsque le trio était encore dans le Désert de Khornic. Il mit son autre main sur ses pieds pour en détacher ses liens, puis, le tenant toujours par les poignets, le posa à terre. Le Lombax eut à peine le temps de voir que Minucius en était au même point que lui et que Clank, porté par un troisième Blarg, était transporté dans son amas de lasers jaunes qui était à présent détaché du poteau. Le robot qui le tenait le poussa en avant, ce qui lui fit faire un petit hoquet de surprise, pour l’obliger à marcher.
-AVANCE, BOUSEUX, lui ordonna-t-il.
Forcé d’obéir pour le moment, Ratchet ne pouvait plus jeter de coup d’œil en arrière pour voir ses amis. Il fit plusieurs pas. Puis sortit de la pièce. Puis encore plusieurs pas. Il allait, indiscutablement, voir le Nefa de cet Univers parallèle.
Au plus haut des étages de l’immeuble paraissant presque infini, sur une sorte de canapé rouge bizarroïde et devant un grand écran, tenant une manette entre les mains, Nefa jouait à un jeu-vidéo, faisant une partie contre l’un de ses subordonnés, un robot-lézard qui atteignait presque sa taille. Dans le monde de Ratchet, et dans cet Univers aussi, les jeux-vidéos n’étaient pas nos jeux d’aujourd’hui en images 3D et HD avec toutes leurs interactivités. Non, c’étaient des jeux 2D avec des parties très limitées, comme des combats ressemblant à ceux des rings. Ici il était question d’un jeu avec seulement quelques niveaux de plateformes qui pouvait accueillir jusqu’à quatre joueurs dont le but consistait à être le dernier survivant de ces environnements hostiles prêts à balancer les participants dans le vide. On pouvait incarner plein de personnages au choix. Nefa avait pris,… Nefa, justement, et le robot-lézard devait se contenter d’être virtuellement un bouseux du nom de Skid Mc Marx. Lors de ces parties, le règlement était formel : soit Nefa gagnait, et il en était fier ; soit il perdait, alors il enrageait et le subordonné finissait soit désintégré, soit en petits morceaux dans la déchetterie de la nébuleuse de Wafar. En ce moment, les joueurs devaient sauter sur de dangereuses plateformes dont les piquants sortaient parfois pour blesser les personnages virtuels, le plafond étant bas et la lave bouillonnant au-dessous d’eux, affirmation d’une mort en un coup. Tapant dix-sept fois sur les boutons de la manette à la seconde, Nefa s’accrochait pour ne pas perdre.
-Tu crois pouvoir me battre ? Moi ? Lança-t-il à l’autre robot d’un ton de défi. Eh bien, prends ça !
Aussitôt, dans le jeu, il se tourna vers le Skid Mc Marx et lui envoya une « attaque de la mort » en pleine face – un jet de flammes sortant de ses griffes –. L’adversaire, qui ne put esquiver, fut projeté en arrière et, ne pouvant plus atterrir sur une plateforme, tomba dans le feu. Il mourut d’un coup. Une bande en haut de l’écran annonça fièrement : Dr. Nefarious wins ! Nefa avait gagné. Heureux comme si c’était le tout premier jour de son règne galactique, il se leva immédiatement du canapé, leva énergiquement les bras en l’air et s’écria d’un air triomphant :
-Ouaaaiiiiis ! J’ai gagné !
Ce plaisir fut de courte durée. Le bruit d’une téléportation dans son dos le fit sursauter. Ensuite, avant qu’il n’eût le temps de se retourner, une voix annonça :
-Monsieur, j’ai une…
-Lawrence ! S’écria-t-il, soudain énervé, se tournant d’un coup vers lui. Qu’est-ce que je vous ai déjà dit ? Si vous voulez m’annoncer quelque chose, allez-y en marchant ! En MAR-CHANT !!
-Oh, je suis vraiment confus, Monsieur, continua son serviteur sans changer le ton calme de sa voix, mais c’est très important. Un robot de type H-2 est parvenu à capturer les fugitifs. Les prisonniers sont ici, désormais. Que devons-nous faire, à présent ?
Nefa, s’étant excité suite à la brusque venue de Lawrence, sourit malicieusement et se frotta les mains en entendant cette nouvelle. Il allait enfin savoir le secret, peut-être grand et incroyable, que contenait cette petite machine semblant ridicule. Si elle ne servait à rien d’intéressant, il allait la faire détruire et s’amuser en faisant torturer les prisonniers.
-Allez informer ce robot que je veux les voir, ordonna-t-il, cette fois calmement, à Lawrence.
-Tout de suite.
Et le robot serviteur disparut devant lui. Dans quelques instants, Nefa allait savoir qui étaient les bouseux rescapés, ainsi que le « robot inconnu ». Il n’avait vraiment aucune idée de leur identité, à part peut-être que l’un d’entre eux fût Qwark. Mais bon, peu importait, ces écervelés n’avaient plus beaucoup de temps à vivre, de toute façon. En attendant, il sentit une présence dans son dos. Il se rappela que son adversaire au jeu-vidéo était toujours là, attendant son prochain ordre. Il se tourna alors vers le robot-lézard, qui s’était levé depuis il ne savait exactement combien de temps – peut-être depuis qu’il avait commencé à parler à Lawrence –, lui indiqua du doigt la porte de la pièce avec un air menaçant et dominant, en fronçant les sourcils, et lui dit gravement :
-Toi, hors de ma vue.
Le reptile métallique approuva de la tête en répondant simplement :
-OUI, MAÎTRE.
Puis il se dirigea vers la porte, la passa puis disparut. Se retrouvant seul, le chef des robots pouvait se concentrer sur ses funestes pensées et préparer mentalement le moyen de convaincre les rescapés de livrer le secret de leur machine. Il attendait patiemment debout, se frottant les mains et esquissant des sourires narquois. Mais la venue des prisonniers commençait à se faire tard, et il commençait à s’impatienter. Il perdit un peu sa bonne humeur et s’assit sur le canapé. Il songea un moment à rallumer la console, mais il préférait de loin les parties multi-joueurs. Que fichait donc Lawrence ? Était-il à une conférence, à une audition musicale, où il jouerait de la guitare ?
Une bonne dizaine de minutes passèrent et toujours rien. Toujours rien ! Mais que fabriquaient-ils, tous ces incapables ? Nefa avait entièrement perdu sa bonne humeur. À leur retour, ses subordonnés allaient être punis.
Puis soudain il entendit la porte de la pièce s’ouvrir brusquement. Ils étaient enfin là ! Ce n’était pas trop tôt ! Avant de se lever, il se retourna, posant les mains sur le grand dossier du canapé, pour voir qui étaient les prétendus bouseux rescapés. À leur vue, il ouvrit de grands yeux, totalement étonné. Un robot – un Blarg bioblitéré –, de type Z-3, était positionné devant trois robots de type Z-4 qui se tenaient là calmement, chacun tenant un prisonnier. Le Blarg robotique à sa gauche tenait… cet ennemi qu’il avait un jour affronté sur Mylon.
C’était Ratchet ! Le petit rongeur était tenu par ses poignets liés. À sa droite, une autre machine tenait un amas de lasers jaunes en forme de cocon d’où ne dépassaient que la tête et les jambes de ce que les subordonnés appelaient le « robot inconnu ». Ce robot inconnu, c’était l’Agent Secret Clank ! Le Blarg métallique qui se situait au centre tenait, de la même façon que Ratchet, un autre bouseux qu’il ne connaissait pas. Il avait la peau bleue, les cheveux blancs, des lunettes et une blouse de scientifique, comme s’il méritait qu’on l’appelât « Docteur » ou « Professeur ». Ce ne devait être qu’un ancien habitant de Gorda City, rien de plus. La réaction de Nefa ne se portait qu’à Ratchet et Clank, car il n’avait jamais vu ce petit être. Ne s’attendant pas le moins du monde à les revoir, il se leva de son canapé et se dirigea nerveusement vers les nouveaux-venus en s’écriant :
-Quoi ?! Ratchet ?! Agent Clank ?! Ce n’est pas possible ! Vous êtes morts !
Il avait dépassé le robot de type Z-3 et s’était approché de Ratchet. Ce n’était pas possible ! Ils ne pouvaient pas être là ! La dernière fois qu’il les avait vus, ils étaient en train de s’enfoncer avec panique en battant des bras dans le smelx de Mylon. Ratchet s’était noyé et Clank avait disjoncté. Comment pouvaient-ils revenir ?! Le Lombax fit, serrant les dents :
-Comment on se retrouve, Nefarious ?
-Je me suis débarrassé de vous, vous étiez morts, j’ai accompli mes projets, et vous, vous revenez ! Vous étiez morts !
Nefa, presque au point de perdre le contrôle lui-même, se ressaisit soudain et se calma en pensant au secret, peut-être immense, que gardait la machine. Il se calma donc et, les mains dans le dos, se mit à marcher de Ratchet à Clank et de Clank à Ratchet, en ligne droite.
-Vous n’êtes pas là pour me dire comment vous avez échappé à la mort, commença-t-il, mais pour me dire en quoi est utile votre machine.
-Ah, notre machine ? Fit Ratchet calmement.
-Le MTPATUP… soupira le petit bonhomme bleu. Quand ils l’emportaient,… Il est entre ses mains, à présent.
Il tourna la tête vers celui qui venait de parler. Arrivé près de Ratchet, il changea à nouveau de trajectoire, comme il faisait d’habitude, et, une fois qu’il fût près du bouseux, s’arrêta et se pencha vers lui, les mains toujours derrière le dos. Sa tête était très proche de la sienne.
-Mais dites-moi, murmura-t-il, c’est bien ce minable l’inventeur de cette machine ?
Il entendit la voix de Ratchet lui lancer comme s’il défendait un être cher :
-Il s’appelle Dr. Minucius, et je te conseille de le laisser tranquille, où tu auras affaire à moi !
Nefa se releva et regarda le Lombax en riant doucement.
-Docteur ? Vous l’appelez Docteur ? Ce bouseux ne le mérite pas, à moins que sa machine serve vraiment à quelque chose d’utile.
Il recula de quelques pas, s’adressant au trio de rebelles :
-À quoi sert-elle ?
-Nous ne vous le dirons jamais ! Lui lança Clank de son amas de lasers jaunes dont il était prisonnier.
-Ouais ! Enchaîna Minucius. Plutôt mourir que de vous dire qu’elle sert à voyager à travers d’autres mondes !
En entendant cette phrase, Ratchet et Clank regardèrent immédiatement le scientifique d’un air très étonné, semblant se dire : « Mais pourquoi avez-vous tout révélé ?! ». Ils en étaient bouche bée. Ce Minucius n’eut d’abord pas l’air de savoir ce qu’il venait de dire, puis se rendit compte de son erreur. Il eut alors un air gêné et regarda ses compères qui devaient lui en vouloir.
-Heu,… oups ! Fit-il.
Il eut ensuite quelques hoquets de rire, mais il avait vraiment l’air de savoir la faute qu’il venait de commettre ; il reprit son air gêné. Quant à Nefa, il fut satisfait de la bêtise de ce crétin. Voyager à travers d’autres mondes ? Voilà qui était intéressant… S’il apprenait comment utiliser cette machine, bien que petite pour lui, il pourrait étendre son nouvel empire. Son règne serait alors dix fois, vingt fois, mille fois plus puissant ! Qu’appelait-il « d’autres mondes » ? D’autres galaxies ? D’autres dimensions ? Peu importe, il allait bientôt le savoir. Il se rapprocha un peu du scientifique.
-Alors voilà le secret de cette invention ! S’exclama-t-il. Un moyen de transport suprême ! L’histoire des robots ne s’arrête donc pas là !
Et aussitôt il fit entendre un rire glacial.
-Euh, non, non ! Fit la voix de Minucius. En fait, nous vous faisions marcher !
Dès que son rire se calma, il regarda l’inventeur de la machine, qui faisait mine de rire, comme s’il voulait le convaincre qu’il l’avait vraiment fait marcher. Mais il savait qu’il avait livré le secret du voyage à travers les autres mondes par inadvertance et qu’il essayait à présent de le dissuader du contraire. Nefa souriait de malice : il allait étendre son pouvoir et plus rien ne pourrait l’arrêter.
-Allons, petit être organique, lui dit-il, dis-moi tout sur cette fameuse machine. Il n’y aura pas beaucoup de sacrifices. Juste…
Il fit une courte pause, puis se dressa d’un coup de toute sa hauteur, se penchant très légèrement vers le bonhomme bleu, et cria comme un malade mental :
-Juste deux ou trois milles trilliards !!!
Excité comme il ne l’avait été que rarement dans sa vie, il se remit à rire plus fort. Cela faillit percer les oreilles du pauvre Ratchet, qui était le personnage à avoir l’ouïe la plus fine dans la pièce. Il était très probable qu’on l’entendît dans plusieurs étages d’en-dessous. Dans ce rire de malade, on put entendre, si on se concentrait, de petits grésillements, et le Docteur s’arrêta net, parfaitement muet et immobile comme une statue. On voyait encore son air triomphant, sauf qu’il ne faisait plus rien. Comme quand il avait chanté « Appetite for Arnachy » * à la radio, il s’était bloqué bêtement. Sa joie avait été trop grande pour qu’il résistât à ce blocage instantané. On entendit alors la voix de John :
-Pamela, tu ne comprends pas ! Dès que je t’ai vue, j’ai su que c’était toi. Toi ! L’amour de ma vie !…
Pendant que l’épisode continuait d’être diffusé, Ratchet et Clank regardèrent le chef robot, étonnés, comme ils l’avaient toujours été face à un de ses blocages, avant de s’échanger un regard étonné et un peu gêné, l’air de se dire : « O.K…. ». Minucius voyait la scène avec la même tête. Même une tête un peu plus étonnée, car c’était la première fois qu’il assistait à un de ces « bugs » cérébraux. Puis il regarda ses amis, qui le fixaient déjà, et fit mine de dire : « Alors, c’est comme ça qu’il disjoncte, d’habitude ? ». Les trois Blargs robotiques qui tenaient les prisonniers se regardaient également, l’air de se demander qui « débloquera le Maître ». Voyant leur hésitation, le robot de type Z-3 leur tourna le dos et leva sa main gauche, signe qu’il se portât volontaire.
-JE VAIS LE FAIRE, dit-il.
Il se rapprocha de Nefa pendant qu’on entendait une phrase de Pamela.
-Je suis désolée… dit-elle.
Lorsqu’il arriva tout près derrière lui, il leva une main et frappa d’un coup assez fort dans son dos. Un coup assez faible pour ne pas l’endommager mais assez fort pour le réveiller. Le rire de Nefa reprit très fort après son interruption soudaine, puis fit un rapide decrescendo avant de s’éteindre. Comme d’habitude, il n’avait jamais aucun souvenir de ses blocages, tels qu’ils fussent. Minucius ne se laissa pas impressionner. Il lui lança :
-Vous voulez savoir comment utiliser le MTPATUP ? Jamais !
Nefa ne fut pas déconcerté par ce refus. Il continuait d’esquisser un sourire narquois, se tenant les mains.
-Oh, mais j’ai encore du temps, minable, répondit-il. J’ai encore plein d’activités à faire avant de partir en vacances dans un autre monde. Tu es timide pour le moment, mais tu me le diras bientôt.
Il s’éloigna un peu du bonhomme bleu et ordonna aux robots :
-Enfermez-les dans mon cachot secret. Séparément, pour qu’ils ne puissent pas planifier ensemble quelque chose contre moi.
Les subordonnés s’exécutèrent et se dirigèrent vers la porte. Ratchet ralentit un peu. Il voulait peut-être le regarder une dernière fois avec mépris et colère, mais il n’en eut pas le temps. Le robot qui l’emmenait le força à marcher en le poussant.
-AVANCE, BOUSEUX, lui ordonna-t-il.
Puis ils quittèrent la pièce.
Lorsqu’il fut seul, il lui vint une idée qui le fit rire tout seul. Il appela alors Lawrence. Après qu’il eût prononcé trois fois son nom, son serviteur apparut devant lui.
-Que voulez-vous, Monsieur ? Demanda-t-il.
-Dites à F-1209 k que je veux Ratchet dans une heure. Pas plus, pas moins.
Il ajouta, se frottant les mains :
-J’aimerais m’amuser un peu.
-Tout de suite, Monsieur, fit Lawrence, toujours avec son air calme et indifférent. Autre chose ?
-Ce sera tout pour le moment. Partez.
-Bien, Monsieur.
Et il disparut. Nefa était désormais le maître de Solana. Et bientôt, il irait dominer d’autres galaxies ou quelque chose comme ça, et ce n’était pas quelques bouseux qui allaient l’arrêter. Son règne allait s’élargir jusqu’à ce qu’il ne soit plus. Mais Nefa allait vivre très longtemps et ne pensait jamais à sa propre mort. Il avait accompli ses desseins, massacré Qwark, bioblitéré la population et soumis la Galaxie de Solana à ses volontés. En gros il avait, indiscutablement, gagné.