Folie Furieuse - Chapitre 11

Auteur : Ratchet_Dadou

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15h46, Metropolis, Kerwan

Le Dr. Minucius se retrouvait désormais dans le cachot secret de Nefa. Il était dans une très petite pièce et sa prison ressemblait beaucoup aux geôles d’autrefois. Dans cette pièce très sombre, où il ne pouvait voir qu’à quelques mètres à l’extérieur, il ne pouvait faire que quelques pas en ligne droite. Dans un angle de la pièce se trouvait un petit lit pas très haut. À part cet objet, aucun meuble ne se situait dans le cachot. Il y avait également quelques chaînes, mais le robot qui l’avait enfermé n’avait pas songé à attacher le savant fou. Peut-être ne l’avait-on pas fait car on le jugeait déjà incapable de s’échapper ainsi. Deux Robots-Blargs faisaient office de gardiens de prison. Ils allaient et venaient, surveillant les alentours depuis environ une heure. Minucius savait qu’il était tout en bas de l’immeuble, même sous terre. Il savait que bientôt, on le tirerait de sa geôle pour l’interroger. Parviendrait-il à ne rien dire de plus sur le MTPATUP ? Il l’espérait. Qu’allait-on lui faire pour qu’il avouât tout ? Lui injecterait-on un sérum de vérité ? Le torturerait-on ? Il n’en avait pas la moindre idée, ne connaissant que trop peu Nefa pour le moment, mais il était sûr que ce ne serait pas du tout quelque chose d’agréable. Lorsque le Robot-Blarg lui avait défait ses liens et l’avait poussé à l’intérieur de la prison avant de refermer la porte, il était presque désespéré.

« Et que se passera-t-il à présent ? Avait-il pensé en se lamentant. Que m’arrivera-t-il ? Et, surtout, que deviendront Ratchet et Clank ? Pourquoi ai-je tout révélé à Nefarious comme un idiot ? J’aurais dû faire attention ! Oh, je suis la plus stupide de toutes les personnes intelligentes de tous les Univers réunis ! Mais que va-t-il se passer ? Mais que va-t-il se passer ? Je crains le pire, pour moi comme pour les autres, pour cet Univers comme pour les autres Univers. Ah, c’est de ma faute ! J’aurai dû faire attention depuis le début ! ».

Etc., etc.,… Parfois il lui était même arrivé de murmurer tout haut l’une des phrases qu’il pensait, sans même s’en apercevoir.

Lorsqu’il s’était un peu calmé, mais pas assez pour arrêter de se culpabiliser, il se mit à regarder les alentours, réfléchissant à un moyen d’évasion. Il s’était cassé la tête, mais à chaque fois qu’il trouvait quelque chose, comme crocheter la serrure, il se rendait compte qu’il n’avait jamais le nécessaire pour accomplir le plan auquel il pensait. Il avait vu le lit et ne voulait donc plus qu’une seule chose : dormir, dormir le plus longtemps possible, jusqu’à ce qu’on le tirerait de sa geôle, et tenter d’oublier le plus de problèmes. De toute façon, il ne pouvait plus s’échapper, et il était seul. Il s’était donc allongé sur le lit et avait attendu que le sommeil le cueillît. Il était parvenu à s’endormir. Il avait pu dormir environ une demi-heure avant de se réveiller à cause de l’inconfortabilité du lit. Évidemment, un lit de prisonnier n’est pas un lit de roi. Il s’était relevé et marchait désormais dans sa prison, comme un animal marche dans sa cage.

Il marchait et regardait les alentours sans raison, car il s’ennuyait. C’était l’une des rares fois où il ne songeait ni à sourire, ni à plaisanter. Il ne voulait ne rien dire non plus à l’un des deux geôliers, qui se contentaient de surveiller les environs. Depuis qu’il était séparé de Ratchet et Clank, il se sentait réellement triste. Lorsqu’il avait été capturé dans le Désert de Khornic, il n’était qu’inquiet, car il était rassuré par leur présence. Il s’en rendit compte maintenant, et pas avant. S’il avait pu résister et survivre jusque-là, c’était grâce à eux. Il apprit donc aussi qu’il n’avait jamais vu le danger nulle part avant de se retrouver dans une mauvaise situation dans cet Univers-ci, et qu’il s’était lancé à l’aveuglette avec son fameux MTPATUP. Il n’avait jamais compris le niveau de danger d’une situation, tel qu’il fût, car il plaisantait souvent, jusqu’à maintenant. En réalité, le Dr. Minucius ne réfléchissait – au sens de la vie et des sentiments, pas pour construire une « Machine Traductrice Provisoire » - que quand il était vraiment triste.

Sans s’en apercevoir, tout en marchant et en regardant autour de lui, il enfouit ses mains dans sa blouse. Il ne s’en rendit compte que quand il sentit quelque chose d’un peu froid à l’intérieur. C’était sa bouteille de champagne.

« Quelle situation désespérée, se dit-il, je ne pourrai plus jamais fêter quoi que ce soit… ».

Juste après, il se rappela que le grand robot-lézard avait secoué Ratchet comme un cocktail pour être sûr qu’il n’avait plus aucune arme ni aucun objet. Mais, le sous-estimant, il ne l’avait pas fait à Minucius. C’était donc pour ça qu’il portait toujours sur lui la bouteille de champagne. Avec cette révélation soudaine, le savant fou s’arrêta net, le dos face aux barreaux de la prison et souriant malicieusement. Son regard se posa au bout d’un moment sur les chaînes sur le mur qui semblaient inutiles pour le moment. Il avait une idée. À ses pensées, il pouffa soudain et se mit à rire, et il dut se calmer bien vite, bien qu’il y eût du mal, pour qu’aucun des deux Robots-Blargs ne se doutât de quelque chose. Et voilà, il avait retrouvé sa bonne humeur habituelle. Il inspira et ferma une seconde les yeux pour se donner un encouragement.

Il se tourna vers les barreaux, essayant de ne pas sourir et observant le geôlier le plus proche. Le robot passa à côté de lui, s’arrêta et le regarda droit dans les yeux un moment, sans qu’il ne sût pourquoi, puis continua sa petite marche. Dès qu’il s’éloigna, Minucius sut que personne ne le regardait en ce moment et se dirigea vers les chaînes en ne pouvant s’empêcher de ré-esquisser son sourire. Arrivé à son premier but, il s’assit sur le sol et contre le mur opposé aux barreaux, près d’elles, et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Mais les robots ne le regardaient toujours pas. Alors, sentant son cœur battre la chamade, sentant la peur de se faire repérer trop tôt dans sa manœuvre, il prit les chaînes dans ses mains et les enroula autour de lui rapidement, sauf aux jambes, pour donner l’air de s’être malencontreusement mêlé dedans. Il se plaqua ensuite contre le mur, tirant les deux chaînes qu’il tenait dans ses mains sur son cou, et mit les mains derrière le dos pour donner mine qu’il s’étranglait avec. Il attendit quelques secondes, prenant une autre inspiration en signe d’encouragement intérieur et faisant appel à ses talents de comédiens.

« Nous allons voir si je peux être un bon acteur. » se dit-il.

Puis il se lança. Il agita les bras et les jambes et se mit à gesticuler comme un malade. Il s’écria d’une voix étouffée, en la baissant au fur et à mesure qu’il appelait pour feindre que les chaînes se resserraient sur son cou, laissant de moins en moins l’air passer à travers sa gorge et donc l’empêchant de plus en plus de parler et de respirer :

-Au secours ! Je… ne peux plus… respirer… J’étouffe… À… l’aide…

L’un des Robot-Blarg, qui avait sûrement entendu une partie de son dialogue, était en train de revenir.

-Aidez… moiiii… fit-il en baissant rapidement sa voix étouffée.

Puis il ne dit plus rien, feignant de s’étrangler. Il gesticulait et se débattait comme une abeille piégée dans une toile d’araignée. Il fit une mine étouffée. Par chance, le Blarg métallique y crut vraiment. Il se mit à marcher d’un pas vif vers la porte de sa prison tout en disant de sa voix mécanique habituelle :

-LE BOUSEUX NE DOIT PAS MOURIR. IL EST LE SEUL À SAVOIR COMMENT FONCTIONNE LA MACHINE. COMMENT A-T-IL FAIT POUR S’EMMÊLER LÀ-DEDANS ?

Il ouvrit la porte, n’ayant pas l’air paniqué car il était un robot, mais marchant d’un pas vif car il savait qu’un être organique meurt s’il est privé d’air trop longtemps. Il s’approcha du savant fou et, une fois assez près de lui, commença à se baisser en se mettant accroupi pour tenter de le libérer. C’était le moment que Minucius attendait. Il lâcha immédiatement les chaînes qu’il tenait dans ses mains, sortit en un éclair sa bouteille de champagne et la déboucha s’en se préoccuper où tomberait le bouchon. Le Robot-Blarg n’eut le temps de ne rien dire. Le savant fou lui lança du champagne dans la figure en s’écriant :

-Santé !

Les circuits de la machine grillèrent en créant de nombreuses étincelles à cause du liquide et l’ancien être bioblitéré tomba en avant, se retrouvant sur le ventre. Minucius, satisfait et sentant sa bonne humeur habituelle revenir, se releva et resta quelques secondes debout en regardant le « mort » et en disant :

-Je t’avais dit de ne pas trop te saouler, l’ami. Tu ne tiens pas l’alcool.

Puis il rangea sa bouteille presque vide dans sa blouse et se dirigea d’un pas vif vers la sortie de la prison. Il fallait faire attention. S’il se faisait repérer par l’autre geôlier robotique, ce dernier se dépêcherait de refermer la porte, se moquant de laisser son compagnon défunt dans le cachot, car il serait sûr qu’il ne tenterait plus de s’évader. Et là, la technique de Minucius serait alors devenue inutile. Lorsque le savant fou eut passé la porte, il ralentit la marche en se baissant un peu, tentant d’être furtif. Il se colla à un mur et le suivit, ne sachant pas où aller. Il marcha ainsi, puis s’arrêta soudain, le souffle court, immobile : il venait de voir, malgré le peu de lumière, l’autre Robot-Blarg qui revenait vers sa prison. La machine passa à côté de lui sans le voir : il fut invisible grâce à son immobilité et l’obscurité de la salle. Puis il se remit à marcher, un peu plus vite mais toujours aussi prudemment. Il lui fallait sortir de ces cachots secrets rapidement, car le robot allait vite s’apercevoir de son évasion. Il se retrouva à côté de l’angle de la grande pièce qui réunissait toutes les petites geôles et se mit à suivre un autre mur. L’effleurant de sa main droite, il continuait à avancer, s’encourageant intérieurement. Il ne distinguait pas encore l’autre bout de ce mur à cause du noir. Au fur et à mesure qu’il avançait, il distingua quelque chose. Un autre mur ? Oui, mais en se rapprochant il pouvait voir une porte. Où menait-t-elle donc ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais il devait saisir cette chance. Il se rapprocha de cette petite porte, son cœur battant toujours plus vite à chaque pas. Parviendra-t-il à l’atteindre discrètement ? Il l’espérait de tout son cœur. Un énorme suspense l’écrasait de tout son poids et l’impatience de sortir d’ici le brûlait. Déjà qu’il avait réussi à sortir de sa geôle, il ne voulait plus revenir en arrière. S’il se faisait reprendre, il ne pourra plus jamais s’échapper. C’était une question de vie ou de mort. Enfin, après un moment qui lui parut être une éternité, il réussit à l’atteindre. Rassemblant toutes ses forces pour cacher sa grande joie d’être de nouveau libre, il se releva. Il remarqua une poignée et avança sa main pour la saisir et la tourner. Mais une voix qui le fit sursauter de panique l’interrompit :

-PLUS UN GESTE, BOUSEUX !

Pris de peur, il se retourna brusquement et aperçut le deuxième Robot-Blarg. Il s’était aperçu de son évasion et avait réussi à le rattraper. Il tenait un Plasmo-Mitrail qu’il pointait sur lui. Minucius savait qu’il allait sonner l’alarme s’il passait cette porte et courait à travers des couloirs inconnus. Il leva donc très lentement les mains en signe de soumission.

-C’est bon, dit-il calmement, vous m’avez attrapé. Je me rends.
-TU ES PLUS INTELLIGENT QUE JE NE L’IMAGINAIS, BOUSEUX, répondit le robot. APPROCHE, ET JE N’UTILISERAI PAS LA FORCE.

Le savant fou, sans baisser les mains, s’exécuta en marchant lentement. Lorsque cela fut fait, le Blarg métallique ajouta :

-ALLEZ, TU VAS RETOURNER EN PRISON ET TU VAS NOUS LAISSER TRANQUILLES, D’ACCORD ?
-Entendu, fit-il.

Et soudain, sans attendre davantage, il ressortit sa bouteille de champagne de sa blouse et arrosa d’un vif mouvement le robot qui venait de le rattraper en s’écriant :

-À la tienne, frérot !

Et la machine « mourut » de la même façon que la précédente, sauf qu’elle tomba sur le dos. Minucius remarqua que sa bouteille de champagne était désormais vide. Il devrait faire encore plus attention désormais, car il n’avait plus de moyen de défense.

« À moins que… ! » se dit-il.

Il jeta la bouteille vide derrière son dos et entendit le fracas du verre sur le sol. Il pourrait prendre certaines choses que le robot avait sur lui pour être mieux équipé. Il ramassa le Plasmo-Mitrail qui était tombé non loin de là. Puis il se dirigea vers la porte, mais une autre pensée l’arrêta : il se souvint, à son arrivée dans cet Univers avec Ratchet et Clank, que le premier Blarg qu’ils avaient vu tous les trois leur avait demandé leur plaque de reconnaissance. L’une de ces plaques pourrait lui être utile. Il revint donc vers le robot « défunt », visa son ventre et tira plusieurs coups avec sa nouvelle arme à feu. Par chance, le ventre fut très largement ouvert et ce qui devait être la plaque de reconnaissance n’était pas abîmé. Le savant fou avait d’abord pensé que ces plaques devaient se trouver dans le ventre des robots. Il avait vu juste. Un bout de métal indemne dépassait de la carcasse métallique déchirée. Minucius le saisit et le tira doucement pour éviter de l’abîmer. Une fois la plaque de reconnaissance dans ses deux mains – car elle était assez longue –, sa main droite tenant toujours comme elle pouvait le Plasmo-Mitrail, il apprit qu’elle ressemblait à un long rectangle d’un gris pratiquement argenté et aux bords arrondies. Dessus se trouvait inscrit :

0984586920036
Plaque de reconnaissance



En effet, elle pourrait lui être utile si un autre robot l’arrêtait et l’analysait, car les subordonnés de Nefa avaient l’air de prendre un être organique pour l’un des leurs tant qu’ils n’avaient pas remarqué l’existence des cellules vivantes de ce dernier. Jugeant que la furtivité n’était plus nécessaire tant qu’il restait dans cette pièce, il se dirigea à nouveau vers la porte d’un pas sûr, l’ouvrit et la passa.

Il se retrouva dans un long couloir éclairé où se situaient plusieurs carrefours d’autres couloirs. C’était presque un labyrinthe. On y voyait plus clair, mais c’était toujours aussi gris et sinistre. Il trouva cela normal : il se trouvait encore dans les sous-sols. Il avança de quelques pas vifs quand il s’immobilisa à un carrefour en croix, la peur de se faire repérer qui harcelait son cœur et qui lui donnait mal au ventre, lorsqu’il entendit des pas. Des pas qui se rapprochaient. Le robot venait vers la gauche. Il était encore assez loin, mais il le verrait à coup sûr quand il arriverait si le savant fou ne tentait rien. Il regarda d’abord à sa droite, mais ne vit aucun endroit où se cacher. Davantage paniqué, son cœur tambourinant au point de bondir hors de sa poitrine, il regarda à gauche et eut une lueur d’espoir : une porte jaune automatique se trouvait à côté de lui. Elle était légèrement arrondie vers l’extérieur et devait s’ouvrir et se fermer comme les portes d’un ascenseur. Une petite console avec un minuscule écran et un petit clavier se situait à côté d’elle. Un grand bouton rouge reposait sur le centre du clavier. Peu importait où elle menait, c’était sa seule chance. Minucius appuya sur le grand bouton rouge sans hésiter, pensant que cela ferait ouvrir la porte et que s’il se serait trompé, il aurait au moins tenté quelque chose au lieu de se faire attraper bêtement. Une voix féminine, qui devait être celle du petit ordinateur, demanda machinalement :

-Montrez votre plaque de reconnaissance.

Minucius ne put s’empêcher de souffler de soulagement et de remercier intérieurement le ciel d’avoir pensé à prendre cette plaque. Il aperçut une sorte de rectangle gris foncé sur le mur, dessous la console. Peut-être était-ce de là que la machine analysait les robots. Il y présenta donc le rectangle argenté dans le sens de l’inscription, retenant sa respiration car il craignait qu’il le montrait dans le mauvais sens, ou tout simplement que la machine n’analysait pas de là. Il entendait les pas se rapprocher. Sa peur, son suspense et son impatience se mêlaient dans une affreuse symphonie d’angoisse. Il n’avait jamais rien vécu de tel. Quelques secondes plus tard, la voix féminine reprit :

-Analyse terminée. F-1807 k. Permission d’entrer.

Minucius sentit un immense soulagement en voyant la porte s’ouvrir en se divisant en deux. Le robot qui approchait allait presque le découvrir. Il entra en vitesse, mais avec le moins de bruit possible, dans la pièce. Il entendit le robot passer en ligne droite, sans changer de direction, c’est-à-dire sans avoir tourné vers le couloir où il s’était déplacé. S’il l’avait fait, il l’aurait découvert. Il avait sûrement entendu la voix de l’ordinateur, mais devait s’être dit que c’était évidemment l’un de ses compagnons. Puis quelques secondes plus tard, la porte se referma. Le savant fou se trouvait dans une petite pièce ronde et grise– avec le sol et le plafond plats –. Il se crut d’abord enfermé malencontreusement, mais en voyant une multitude de boutons avec à chacun d’entre eux inscrit en-dessous un numéro, il comprit qu’il était dans un ascenseur. Soulagé comme il ne l’avait jamais été, il tomba à genoux et posa les deux mains sur le sol, lâchant l’arme, en respirant lentement et bruyamment. Il se sentit d’un coup faible, sa tête tournait et ses jambes étaient lourdes à cause de ce même soulagement. Il ne s’était jamais senti aussi angoissé de toute sa vie.

-Oh, mon Dieu… murmura-t-il.

Puis il se releva avec difficulté en ramassant sa nouvelle arme, se rappelant soudain qu’un autre robot pouvait emprunter l’ascenseur et le repérer. Il se rapprocha des boutons correspondant aux étages de l’immeuble, hésitant où aller. Il voulait retrouver Ratchet et Clank. Ils étaient son seul espoir et il était leur seul espoir. Il était sûr qu’ils ne se trouvaient pas bien haut dans l’immeuble, mais ils devaient être prisonniers soit dans l’un des plus bas étages, soit dans l’étage où il était actuellement. Où aller ? Minucius n’en savait rien ; il était complètement perdu. S’il changeait d’étage, il avait aussi bien de hauts risques de se faire prendre que s’il restait dans ces sous-sols et aussi bien de chance de retrouver ses amis partout où il pensait. Le savant fou avait une expression très inquiète. Il était totalement perdu. Il se rattrapa alors qu’il était à deux doigts de se ronger les ongles. Il n’avait jamais été aussi perplexe et indécis.

« Que faire ? Que faire ? » se répéta-t-il dans sa tête.

Quelques minutes d’hésitation plus tard, une voix féminine annonça, un peu plus grave que celle du petit ordinateur :

-À tous les robots de la base principale : ne dérangez le Dr. Nefarious en aucun cas, sauf pour une des plus extrêmes urgences. Il va châtier dans ses quartiers l’un des bouseux pour son insolence en le faisant mourir dans d’atroces souffrances. Il sera libre dans quelques heures. Merci de votre compréhension. Ceux qui oseront le déranger seront désintégrés.

Le cœur du savant fou faillit bondir en dehors de sa poitrine. Il sentit un grand coup à l’avant de sa cage thoracique. Il cria en lui-même un « Ratchet ! » paniqué. Il mit ses deux mains sur sa tête, comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’il était terriblement inquiet.

« Ce malade va le torturer ! »

Il se souvint qu’il avait été dans les quartiers de Nefa peu avant d’être enfermé seul dans sa geôle. Il se concentra pour regrouper toutes les images de cet épisode. Il chercha à regarder derrière le chef robot que le grand robot lui-même, ce qu’il avait fait la plupart du temps en ce moment. Après une longue concentration, il y réussit. Derrière Nefa se trouvaient des vitres derrière lesquelles on pouvait voir le ciel bleu ; et les pointes de seulement les plus hauts immeubles de la ville. Il put donc apprendre par lui-même que les quartiers de l’actuel maître de la galaxie se situaient au plus haut étage. Il s’avança vers la multitude de boutons, se dressa sur la pointe des pieds – car il était assez petit – et parvint avec beaucoup d’efforts à appuyer sur celui au plus grand nombre : le 215. Il se mit à attendre en trépignant nerveusement d’impatience que l’ascenseur eût fini son chemin. Il espérait plus que tout au monde qu’il arriverait à temps, autrement Ratchet serait perdu.

Il était plus que jamais agité. Quel serait son état s’il avait appris la terrible nouvelle alors qu’il n’avait aucun moyen de s’échapper de sa prison ?



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