Aöny Solitaire - Chapitre 13

Auteur : Ratchet_Dadou

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Siny et Volco m’assuraient que l’automne approchait, alors Volco nous avait ramené des baies… comme petit-déjeuner ! J’appris par la suite qu’un renard se mettait à manger généralement des fruits eh cette saison qui allait bientôt commencer. Puis nous partîmes.


Nous avions déjà atteint les collines après avoir traversé la forêt Herbienne, et nous étions encore le matin. Nous marchions désormais en plein milieu des arbres, nous dirigeant vers le Nord-Ouest.

-Après avoir franchi les collines, demandai-je, on passera par où ?

-Entre les collines Herber et Avariny se situent des villages, et des villes comme Hynsi, Maldir et Avny, commença à me répondre Siny.

-Ce sont des villes isolées ou multiples ?

-Pfff ! S’exclama Volco en riant si fort qu’il dut faire un effort pour ne pas perdre l’équilibre. Elle ne sait même pas le deviner avec de la logique !

Je le foudroyai du regard, sa remarque m’ayant déplu, mais il n’en fut pas impressionné et continua à rire. Je me trouvai ridicule de ne rien trouver à répondre et j’en eus honte. Siny soupira en baissant la tête, puis la releva et répondit :

-En fait, vu qu’Avariny est une ville multiple, toutes les villes les plus proches d’elle sont multiples.

Volco riait toujours, mais il commençait à se calmer.

-Nous les contournerons par le Sud, reprit l’arka bleuté.

-Par le Sud ? S’écria le renard bleu dans l’oreille du garçon, ce qui sembla déranger ce dernier. Mais non ! Il faut passer par le Nord !

-Mais, insista son compagnon, une pointe de crainte dans la voix, tu ne te rappelles pas qu’il y a des trolls là-bas ?

-Ce sont des légendes, tout ça ! Rétorqua le canidé d’un ton sceptique en secouant sa patte gauche. Si on monte au Nord, il fera trop froid pour ces reptiles débiles.

-Mais Volco… gémit Siny.

-Pas de « mais » !

-Ça suffit ! Haussa-t-il. On passera par le Sud, que tu le veuilles ou non !

-Tu aimes le suicide, à ce que je vois.

Je décidai de mettre fin à leur discussion. Nous n’avions pas le temps de nous disputer.

-Les gars…

-Je préfère encore les reptiles que les trolls ! Insista Siny, l’air indigné, ne m’écoutant pas.

-Au moins, ils existent, les reptiles, dit calmement Volco.

-Passe par le Nord tout seul, si tu veux ! S’emporta le garçon. Mais alors ne pleurniche pas quand un de ces monstres voudra faire de toi son casse-croûte !

-Les gars… tentai-je à nouveau.

-Tout ça, ce sont des histoires racontées à Rivebois pour pas que les gamins fassent une fugue.

-Si on ne peut pas se décider sur une direction, demandons à Aöny.

-Les gars ! Dis-je plus fort.

-Je ne sais pas si elle saura, elle. Après tout, c’est une fille.

-Les gars ! M’exclamai-je, agacée.

-Même si c’est une fille, je pense qu’elle se débrouille mieux que toi !

-Pfff ! Et qui me le prouve ? Se moqua le renard bleu.

-Halte ! Cria une voix.

Interrompus, nous nous tournâmes brusquement vers sa direction. Nous vîmes alors ce que je craignais de retrouver : un garde brandissant un arc, prêt à tirer. Je regardai à droite et à gauche et en vis d’autres, toutes sortes d’armes sorties.

-Oh, oh ! Fit Siny.

« Voilà qu’avec leur dispute ils nous ont fait repérer ! » pensai-je, de mauvaise humeur.

-Tu vas être punie pour tous les crimes que tu as causés, continua l’archer. Rends-toi, ou nous devrons mettre un terme à ta vie.

-Vous vous êtes trompés, lança Siny. Ce n’est pas une sorcière. J’en ai eu la preuve moi-même !

-Nous verrons cela quand nous serons arrivés à destination. Mon pauvre garçon, tu as bien l’air d’être ensorcelé par cette scélérate.

Bien sûr qu’on ne le croyait pas ! Je pourrais me sauver comme je me suis enfuie de Rivebois, mais cette fois il y avait n’étaient pas aussi rapides que moi que moi et ils risquaient de perdre la liberté ou même la vie. Si je tentais de les aider dans notre fuite, nous risquerions tous la mort.

Alors je levai les bras en signe de soumission, espérant qu’une occasion se présentât assez vite. Il fallait trouver un moyen de nous sauver, pour Dave.

-C’est bien, fit l’archer. Vous êtes plus intelligents que je ne l’aurais cru.

Il ordonna aux autres, m’apprenant qu’il devait être le chef :

-Attachez-les.

Il débanda son arc tandis que je fus surprise quand un garde me prit par l’épaule pour me forcer à me mettre à genoux. Mon hoquet résonna en même temps que celui de Siny, qui fut abaissé par un autre garde. Les autres nous surveillaient, prêts à nous tuer si on tentait de s’échapper.

-Comment vous m’avez retrouvée ? Lançai-je.

Le chef ria avant de répondre :

-C’était prévisible. Certains d’entre nous sont restés dans les villes, mais on savait bien que tu allais les éviter. Vers le Nord, la population diminue. Les collines Herber semblent être une très bonne cachette.

On mit mes mains derrière mon dos pour les attacher.

-Tu vois qu’on aurait dû passer par le Sud ? Dit Siny à Volco.

-Il semblerait qu’il soit trop tard pour ça, répondit Volco en chuchotant d’une voix pour le moins du monde alertée.

Je sentis une grosse corde au-dessus de mes poings. On allait me l’enfiler. Soudain Volco sauta de l’épaule de Siny et courut vers le chef en glapissant, comme s’il n’était pas doté de la parole.

-Aöny, ton arme… me chuchota Siny.

Je compris ce qu’il voulait que je fisse et qu’il ne pouvait rien dire de plus ou il serait entendu : pendant la diversion du renard, je devais sortir mon pisto-laser pour tirer sur le garde qui allait m’attacher. Mais je sentais que je ne pourrais tuer d’êtres comme nous, alors, si j’arrivais à bien viser, je lui tirerais dans la cuisse, ou quelque part ou cela ne le tuerait pas, pour seulement le blesser. De plus, si je parvenais à aller jusque là, une flèche irait sûrement me transpercer. Je devais faire une esquive juste après avoir tiré et avant même d’avoir vu l’attaque arriver, ou sinon il serait trop tard. Pour la suite, je n’eus pas le temps de la planifier, car Volco s’arrêta près du chef sans cesser de glapir.

-Quelle est cette créature démoniaque ? Dit le garde, étonné.

-Eh bien, répondit Siny, d’abord ce n’est pas une créature démoniaque mais un renard, et ensuite…

Il s’interrompit, car j’avais sorti mon pisto-laser en un éclair et tiré sur le garde derrière moi avant de rouler aussitôt sur le côté, vers l’arka bleuté. J’avais vu juste : une flèche fila au-dessus de moi avant de se planter dans le sol. Siny n’étant pas dans mon champ de vision et devant agir vite, je tentai de saisir son bras à l’aveuglette pour l’emmener avec moi, mais je ne pus y parvenir et fus obligée de m’élancer sans lui.

Après quelques pas de course, un garde me barra rapide-ment le passage en brandissant son puissant espadon pour me trancher en deux. Je freinai de la manière la plus brusque et me baissai rapidement avant que l’arme d’acier ne fendît l’air de façon horizontale. Par pur réflexe, je lui tirai dans le pied et il tomba sur le sol en gémissant, mais sans lâcher son arme. Ne désirant pas avoir affaire avec lui, je m’éloignai de lui et me retournai.

Je vis Siny courir vers une pente, sûrement parce qu’il avait une idée derrière la tête pour leur échapper. Volco, quant à lui, était introuvable. Soudain, je ressentis un choc quand l’arka bleuté se prit les pieds dans une énorme pierre et chuta. Comme il était sur une pente, le sol finit par être loin sous ses pieds.

Le temps sembla se figer. Je voyais ses yeux ébahis, sa bouche ouverte et ses bras vers l’arrière, l’air de se demander où il s’était embarqué et comment il allait s’en sortir.

Une flèche rompit cette lenteur du temps, filant vers moi. Je ne pouvais l’esquiver et elle allait se planter dans ma poitrine. Heureusement, je réussis à viser et à tirer dans la pointe, ce qui la dévia assez pour qu’elle passât à ma droite sans m’effleurer. Une autre se planta sur le sol, près de mes pieds, avant que je ne pusse me dire qu’il me fallait fuir si je ne voulais pas y rester.

Je courus moi aussi vers le flanc des collines, car la pente pourrait ne serait-ce qu’un peu me protéger des tirs. Je ne pouvais pas courir aussi vite que d’habitude, car sinon je tomberais, mais j’allais déjà bien vite pour un humain ou un arka.

Je me dis – et je l’espérais – que Siny et Volco ne risquaient pas la mort, surtout Siny, car il se faisait passer pour « le jeune garçon ensorcelé par l’infâme sorcière ». On essaierait au pire de le capturer et de l’interroger. On pouvait aussi le considérer comme le complice volontaire de la sorcière, mais cela ne serait pas sûr pour le moment. Et puis, s’il pouvait donner des informations sur cette ténébreuse invocatrice, pourquoi le tuerait-on ? J’espérais que j’avais raison, je ne voulais pas encore être la seule survivante, je ne voulais pas être seule à nouveau. Je ne voulais pas perdre Siny et Volco…

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Ayant assez descendu la colline, je décidai de la longer en restant toujours à la même hauteur pour ne pas avoir à la re-monter entièrement et pour pouvoir espérer retrouver Siny et Volco plus rapidement. Petit à petit, grâce à ma grande vitesse, j’avais pu semer les gardes. Mais le danger n’était écarté : ils allaient me rechercher dans toute la forêt et pouvaient même, pour me forcer à me rendre, capturer Siny ou Volco, ou bien les deux. Je ne pouvais pas me balader comme en temps normal, il fallait que je me dissimule entre les plantes et les arbres en faisant le moins possible. Je m’accroupis donc, me déplaçant le plus silencieusement possible.

Je me faufilai entre les arbres, me cachant derrière chaque tronc dont je m’approchai, tout en cherchant Siny ou Volco des yeux. Je m’inquiétais à leur sujet. Il fallait les retrouver.

Au bout de quelques instants, j’entendis des bruits de pas. Je me dis que c’était peut-être mes compagnons, mais les jambes étaient trop nombreuses et les bruits trop sourds.

Les gardes approchaient.

Sentant l’urgence monter, je regardai partout autour de moi, tentant de trouver une bonne cachette. Mais se mettre derrière un tronc ne serait d’aucune utilité. Je réfléchis alors à la manière d’agir : fuir ou les affronter ?

Un gland me tira de mes pensées en tombant sur le sol à quelques décimètres. Je levai alors le regard instinctivement et aperçus le feuillage d’un haut chêne facile d’accès. Voilà la solution : je pouvais me dissimuler dans son épais feuillage. Vu cette épaisseur, je serais pratiquement invisible. Entendant les gardes tout proches, j’attrapai une des branches les plus basses, grosses et solides de l’arbre, et me hissai par-dessus. Une fois à la bonne hauteur, je posai mon pied droit sur la branche et poussai sur celui-ci pour pouvoir monter et m’agripper alors à une branche plus haute avec mon bras gauche. Je grimpai ainsi, de branche en branche, me dirigeant vers l’épais feuillage. Je craignais qu’on ne me vît avant d’y parvenir, mais je ne m’arrêtai pas car il y avait toujours une chance. Lorsque la moitié de mon corps pénétra dans la verdure, entendant les gardes pratiquement à côté, mon pouls s’accéléra un peu et je crus vraiment qu’on allait me découvrir. Mais lorsque je fus complètement cachée dans la cime de l’arbre, aucun cri ni aucune flèche volant au vent ne semblaient se montrer. J’appuyai de ma main sur l’une des branches paraissant assez solides et, évaluant que celle-ci pouvait supporter mon poids, je poussai sur mes jambes – qui étaient sur une prise solide – et parvins à m’asseoir sur cette branche. Ainsi positionnée, j’espérai que mon évaluation fut juste et ne bougeai plus pour ne plus faire de bruit.

J’entendis de lents pas. Les gardes regardaient partout sans trop faire de bruit. Ils cherchaient à ne pas alerter les fugitifs pour pouvoir les surprendre. Mais à moins de grimper dans tous les arbres de la forêt et de fouiller dans chaque feuillage, ils ne me trouveraient pas. D’après ce que j’entendais, ils marchaient discrètement, fouillaient dans les buissons et regardaient partout autour des arbres. Après de longues minutes qui me parurent être une éternité, respirant le plus silencieusement possible et ressentant de l’inquiétude pour Siny et Volco – s’étaient-ils fait prendre ? –, je les entendis enfin s’éloigner.

J’attendis encore quelques instants, voulant être sûre de ne pas pouvoir être entendue, puis je songeai à descendre, mais une soudaine idée me retint : de cette hauteur, je pouvais peut-être apercevoir mes deux compagnons, ne serait-ce que Siny, car Volco serait probablement trop petit pour être vu. Je posai donc mes pieds sur la branche où j’étais assise. Je fus alors accroupie. Très prudente, je dépliai les genoux et tendis les bras pour m’en faire une balance. Me concentrant intensément, j’avançai d’un pas vers l’extrémité de la branche. Puis je fis un autre pas. Puis un autre. Je me mis à me déplacer ainsi, me battant pour garder l’équilibre et réalisant que cela était faisable, mais non sans risque. Une fois mon but atteint, je pourrais voir clairement la forêt, ce que m’empêchait l’épais feuillage pour le moment. Mais lorsque je posai une nouvelle fois le pied sur la branche, celui-ci glissa et, avec un grand coup dans la poitrine, je commençai à tomber.


Je chutais à l’horizontale, et je ne savais pas comment j’allais sortir de ce pétrin qui me donnerait plusieurs fractures osseuses sérieuses !

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