Ratchet II : The Unknown Enemy - Chapitre 2

Chapitre 2 : Coup de pub

Retour au sommaire

Auteur : Linkinito

Date:
Comments: 0 commentaire
Views: 135 vues

- Appartement de Ratchet, le lendemain, 15 h 13 heure galactique. -

Ratchet consultait sa montre, parfaitement calibrée à l'heure galactique. Mais que pouvait vraiment dire une heure galactique, puisque chaque endroit sur une planète a une heure différente, et des journées différentes en fonction de leur rotation, et de leur orbite ? Cette question a été réglée des dizaines d'années auparavant, lorsque l'ASIPS (Alliance Stratégique InterPlanétaire de Solana) a réuni les plus grands physiciens et ingénieurs de la galaxie, pour un projet pharaonique : l'harmonisation d'un calendrier commun galactique. Des planètes entières furent déplacées et pivotées grâce à des manipulateurs de gravitons gigantesques, pour ainsi calibrer la longueur d'une journée sur vingt-quatre heures, et aligner l'heure galactique sur la capitale planétaire. Les planètes furent ensuite découpées en fuseaux horaires pour obtenir des heures locales. Enfin, le standard d'une durée de révolution fut fixé à huit mille sept cent soixante heures, donc en trois cent soixante-cinq jours divisés en douze mois.

Ce système fut adopté lors d'une observation d'une planète appelée localement « Terre », via des modules d'exploration galactiques en forme d'assiettes furtives très profilées, en remarquant le parfait développement de la faune et de la flore locale. Cependant, aucun contact ne fut établi avec la population évoluée, estimée trop belliqueuse et trop divisée pour prétendre à un contact alien. Petite anecdote intéressante, ils appellent la galaxie de Solana la « voie Lactée ».

Pour en revenir aux planètes et au calendrier galactique, seules les orbites ne pouvaient être changées, certains modes de vie nécessitant des conditions climatiques précises. Il fallait donc accélérer les planètes pour qu'elles puissent boucler le tour de leur astre dans le temps escompté. Certaines ayant tendance à se détourner trop vite de leur orbite, des remises à niveau sont effectuées tous les dix ans, pour conserver une cohésion. Néanmoins, les planètes ne faisant pas partie de l'ASIPS, ainsi que certains rares membres réticents à ces changements orbitaux drastiques, ont pu librement conserver leur mode de vie, ainsi que leurs calendriers locaux. Bien évidemment, cela pouvait poser quelques problèmes au niveau des horaires et de la communication.

Ratchet était donc en train de se préparer pour se rendre sur Kalebo III, planète du siège de Gadgetron. Il devait y être à seize heures, et il fallait trente minutes pour faire le trajet Kerwan/Kalebo III. Il avait déjà mis une armure : celle en Electro-Acier, qu'il avait récupérée sur Bogon. C'était une de ses préférées, qui offrait une bonne protection, et un style incomparable. Mais il y avait un hic et de taille.

« Une petite minute… (Il se regarda) MEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERDE !!!!! »

Ratchet venait de se rendre compte de sa gaffe : il n'allait pas quand même pas présenter une collection Gadgetron avec une armure MégaCorp ! Ce serait fâcheux de faire une promo pour un concurrent… Il remonta donc l'escalier en quatrième vitesse pour aller au premier étage et prit directement la porte pour changer d'armure. Il essaya d'enlever l'armure, mais cette dernière n'avait pas de fonction de déshabillage automatique.

« Mais… c'est… pas vrai ! » Grommela Ratchet, en força sur son bras droit pour enlever une partie de son armure. « Mais… pourquoi… n'ont ils pas… fait… une fonction… d'enlèvement rapide ?! Je vais être en retard, maintenant ! »

Soudain, son téléphone sonna, c'était Dramankar qui appelait.

« Ah, youpi… Allô ? Répondit Ratchet, à moitié en sous-vêtements.
- Ratchet ? Mais que faites-vous ? On vous attend depuis un quart d'heure !
- Comment ça ? Excusez-moi, mais c'est même pas seize heures !
- Hein ? Pourtant moi je vois seize heures et quart sur ma montre… Aaaaaaaaaaah, non, ça y est, j'ai compris. Ce n'est rien.
- Rien ?
- Oui, on est passés à l'horaire décalé cette nuit. Ca fait qu'il est donc bien quinze heures quinze, j'ai oublié de remettre à l'heure ma montre.
- Et vous n'avez pas de fonction de remise à l'heure automatique ?
- Ben… Non.
- Vous faites des armes high-tech, des machines super sophistiquées, des propulseurs galactiques capables de voyager à des vitesses vertigineuses et votre montre de luxe à cinq cent mille boulons n'a même pas la remise à l'heure automatique ?
- J'ai pas pris l'option. Dans les montres de luxe, cela n'est pas en série…
- Mais oui, c'est cela, bien sûr.
- Enfin bref, désolé pour le dérangement. A tout à l'heure ! »

Dramankar avait raccroché. Ratchet essayait toujours de se débattre avec les jambières de son armure, qu'il parvint à enlever après quelques efforts. Il prit ensuite son armure en Adamantium, sa deuxième préférée (et de chez Gadgetron), et la mit presque sans aucun problème, grâce à une fonction d'habillage facile.

« Ah vraiment, chez MégaCorp, les armures elles sont classes, mais alors quelle galère pour les enlever soi-même… Bon, faut que j'y aille, je vais être à la bourre sinon. »

Ratchet se rendit donc dans son garage, rentra dans le cockpit du vaisseau, fit les vérifications habituelles, puis décolla. Le sas s'ouvrit… Donnant une vue imprenable sur une rue bondée de véhicules et une forte circulation volant au ralenti.

« Mais c'est pas vrai, j'ai la poisse moi… Faut que j'attende combien de temps ?
- Environ deux minutes trente-trois secondes, répondit l'ordinateur de bord.
- Bon… Ben va falloir foncer une fois en hyperespace.
- Fais gaffe quand même à pas dépasser les quatre cents, c'est dangereux sinon. »

Les « quatre cents » dont parlait l'ordinateur de bord était exprimés en parsecs par minute (pc/min), l'unité légale de vitesse en hyperespace. Un parsec est égal à 3,26 années-lumière. S'il était possible de dépasser largement cette vitesse, à l'aide d'un propulseur gravimétrique par exemple, cela restait dangereux pour les conducteurs pour deux raisons : la première, la police de régulation de l'hyperespace (PRH) veillait au grain, et dispose de moyens comme des rayons tracto-stoppeurs pour ralentir les chauffards et les prévenir des dangers. Car en effet, certaines vitesses critiques ne doivent pas être dépassées : l'hyperespace consiste à voyager dans des trous de ver minuscules (de l'ordre du picomètre) qui sont agrandis au passage du vaisseau. Si la vitesse est trop grande, les ondes de matière noire générées par le vaisseau peuvent déchirer les parois des tunnels hyperspatiaux et provoquer un afflux d'antimatière tel que le trou de ver serait détruit, ainsi que tout ce qu'il contient. Plusieurs incidents de ce genre sont répertoriés chaque année.

L'antimatière a été maîtrisée depuis des milliers d'années, ce qui a permis le développement de technologies très avancées et l'assurance d'une source d'énergie inépuisable. Cependant, son annihilation en contact avec la matière la rend très dangereuse, et n'est utilisée que dans des cas très spécifiques. Aujourd'hui encore, si l'antimatière reste la principale source d'énergie de la galaxie, elle est utilisée avec parcimonie, car tout abus, même minime, peut provoquer une explosion démentielle. C'est pour ces raisons que des matériaux bruts, tels l'uranium, ou le très prisé raritanium, sont toujours utilisés pour certains usages.

« C'est bon Ratchet, tu as le temps de t'insérer, disait l'ordinateur.
Eh bien on est partis ! »

Le vaisseau de Ratchet sortit du garage. Etant donné qu'il était encore en ville, il devait rejoindre une zone dite de « décollage spatial » pour pouvoir librement quitter la planète. Si quelqu'un devait quitter la planète dans un cas de force majeure, il peut éventuellement demander une autorisation exceptionnelle aux contrôleurs de trafic aérien pour ainsi rejoindre l'espace intersidéral sans passer par une de ces zones. Quelques minutes plus tard, Ratchet arriva enfin à la zone de décollage la plus proche. Il commença à lever le nez pour arriver pratiquement à un angle vertical, puis enclencha ses propulseurs principaux pour accélérer et échapper à la force gravitationnelle de la planète. Il ne lui fallut qu'une dizaine de secondes pour rejoindre l'espace. S'il y a bien longtemps, il fallait déployer les boucliers pour sortir sans risque à cause des débris de satellites, le programme spatial de récupération des débris organisé par Gadgetron a permis d'effacer ce problème en seulement quelques semaines.

Une fois hors de l'atmosphère, Ratchet enclencha le module hyperspatial, qui était en fait une sorte de canon installé à l'avant de l'appareil. Ce dernier était chargé d'agrandir un micro-trou de ver pour que le vaisseau puisse passer dans l'hyperespace et ainsi rejoindre une planète située à des milliers de parsecs en quelques minutes.

« Activation du module hyperspatial. Destination ?
- Planète Kalebo III, répondit Ratchet.
- Planète trouvée. Entrée des coordonnées. Activation de l'inverseur de singularité. Préparation des stabilisateurs d'anti-matière. Enclenchement des systèmes de conservation temporelle. Recherche d'un trou de ver. Trou de ver détecté… C'est parti ! »

Un grand flash bleu jaillit de l'avant du vaisseau, et du cockpit, il était possible désormais de voir un tunnel rougeoyant et bleuté : c'était l'hyperespace. Ces « tunnels » ont une longueur définie, il est donc possible de les parcourir plus ou moins rapidement. Si dans certains cas un seul trou de ver suffit pour rallier une planète à une autre, il n'est pas rare de faire deux ou trois sauts dans l'hyperespace pour rallier deux planètes éloignées, voire deux galaxies.

« Conduite en mode manuel. A toi de gérer ta vitesse, Ratchet.
- Dis, t'es obligée de faire tout ça pour entrer dans l'hyperespace ?
- Je pourrais très bien ignorer ces étapes, à ce moment là, tu serais broyé par la singularité gravitationnelle du trou de ver, annihilé par l'antimatière, et même si tu survivais, tu ne serais plus du tout à la bonne ligne temporelle.
- J'avoue. Mais comment ils ont réussi à créer des trucs aussi complexes avec des matériaux si simples ?
- Si je le savais, je te le dirais… Et je pense que tu te serais endormi après deux minutes. »

Ces systèmes ont été la base de toute l'exploration spatiale initiée il y a bien longtemps. En sachant que la lumière n'était pas assez rapide pour explorer l'immensité de l'espace, il fallait trouver d'autres moyens. Des centaines d'années de recherches et d'expériences ont été nécessaires pour maîtriser la technologie de l'hyperespace. Il fallait éviter la destruction des appareils, trouver une source d'énergie pour agrandir les trous de ver, et surtout traverser la singularité gravitationnelle avec un angle parfait pour respecter la contrainte temporelle, ce qui représentait l'ultime obstacle. Celui-ci fut surmonté après des milliers d'essais, et encore, pour étendre la conquête de l'espace, il fallait fiabiliser le système et le rendre accessible.

« Allez, dans une demi-heure, on arrive… » Disait Ratchet.

- Trente minutes plus tard, orbite de Kalebo III. -

Un nouveau flash apparut, et le vaisseau sortit de l'hyperespace. La planète Kalebo III était en vue, avec ses océans bleutés et ses continents verdoyants. Le vaisseau avança vers la planète, et Ratchet, à l'approche de l'atmosphère, activa un repousseur d'air, qui comme son nom l'indiquait, envoyait l'air dans d'autres directions pour réduire à néant les frottements avec l'air et ainsi éviter la brûlure de la coque. Cette solution avait été préférée par tous les constructeurs de vaisseaux car moins coûteuse et plus fiable qu'un bouclier thermique. Ratchet se remit à parler à l'assistante de bord :

« Il est quelle heure ?
- Quinze heures, cinquante-sept minutes, et dix huit secondes.
- Okay, on a le temps d'atterrir. »

Soudain, Ratchet reçut un appel de Dramankar. Le lombax appuya sur le bouton pour communiquer, sans avoir son téléphone à la main. Son ordinateur de bord avait pris le relais.

« Allô ?
- Oui, Ratchet ? C'est juste pour vous dire de ne pas atterrir sur la plate-forme nord, là où tous les vaisseaux se garent habituellement. Dirigez-vous plutôt vers la plate-forme ouest, vous y trouverez un tunnel où vous pourrez vous garer tranquillement. Normalement il faut un code mais je ferai en sorte de vous ouvrir à votre arrivée. On se retrouvera dès votre descente du vaisseau.
- Compris, monsieur Dramankar. »

Au fur et à mesure que le vaisseau descendit, le QG de Gadgetron pouvait être aperçu. L'endroit avait pas mal changé : la superficie du complexe avait plus que triplé, la piste d'hoverboard, bien que toujours présente et immergée, était désormais entourée de nombreux bâtiments Gadgetron. Une grande tour avait aussi fait son apparition au centre du complexe. On pouvait désormais distinguer clairement trois plates-formes d'appontage : celle au nord, la plus grande qui était pour les employés, celle au sud-est, qui est destinée à l'apport de matières premières, et celle à l'ouest, qui sert pour l'administration. C'est vers cette dernière plate-forme que Ratchet se dirigeait.

Une fois cette dernière assez proche, Ratchet activa la procédure d'atterrissage automatique. Le sas de la plate-forme ouest s'ouvrit pour donner accès à un parking. Le vaisseau entra, puis trouva assez rapidement une place, qui se trouvait lui être réservée. Une fois à quelques centimètres du sol au-dessus de la place désignée, les Lévitateurs se mirent en marche pour que le vaisseau flotte en l'air. Les moteurs s'éteignirent, Ratchet ouvrit le sas, et Dramankar l'attendait à l'extérieur.

« Seize heures pile, à la seconde près. C'est ce que j'appelle de la ponctualité !
- J'honore toujours mes rendez-vous, répondit Ratchet, fier de sa performance.
- C'était pas la peine de venir avec votre armure, au fait, j'ai oublié de préciser. Celle que vous portez est… Comment… Démodée ?
- Z'AURIEZ PAS PU LE DIRE PLUS TÔT ?! Répliqua Ratchet. J'ai perdu un temps fou à cause de ça !
- Désolé. Je ne voulais pas vous offenser… Enfin bref, la présentation aura lieu demain, donc nous devons faire vite. Veuillez me suivre, s'il vous plaît.
- D'accord. Mais si c'est pour faire trente-sept kilomètres à pied…
- Vous inquiétez pas, on y sera très vite. »

Le lombax se mit à suivre M. Dramankar, qui était toujours impeccablement présenté. Ils marchaient dans les longues allées du parking, faiblement éclairées. Les véhicules présents étaient très différents, mais provenaient tous d'un seul fournisseur : Gadgetron. En effet, s'il existait plusieurs marques de véhicules dans la galaxie, l'entreprise décida, pour gonfler ses effectifs et relancer la production automobile, d'offrir un vaisseau à tout salarié qui déciderait d'envoyer son ancien vaisseau dans les centres de recyclages Gadgetron. Bien évidemment, les « petits » constructeurs ne pouvaient rien dire, du fait que c'était justement Gadgetron qui les fournissait en matières premières et qu'il suffisait d'une simple pression sur un bouton pour leur couper tous les vivres et annuler toutes leurs livraisons.

Après une petite minute de marche, le président et Ratchet étaient devant un téléporteur biplace. Dramankar sortit une petite télécommande tactile, tapota légèrement dessus pour indiquer des informations, puis invita Ratchet à monter sur le téléporteur.

« Vous n'êtes pas chatouilleux, j'espère ?
- Chatouilleux ?
- Ouais, celui-là a un petit défaut de fabrication au niveau de la restructuration des molécules, ça fait des guilis à l'arrivée. Rien de grave cependant. »

Les deux montèrent sur le téléporteur, et celui s'activa une seconde plus tard dans un bruit court et strident. Ratchet et Dramankar avaient disparu, pour arriver au centre d'une autre pièce, beaucoup plus lumineuse et vitrée.

« Bienvenue dans le grand bureau du président. »

La pièce ressemblait à celle au sommet du centre commercial du quartier des Origines sur Kerwan, mais elle était entièrement circulaire et au moins deux fois plus grande. Entre les armatures en métal brillant et les vitres parfaitement propres, le soleil pouvait illuminer le bureau quelque soit l'heure de la journée. On pouvait voir des statues et des hologrammes des plus grands héros galactiques des dernières décennies, et au grand étonnement de Ratchet, le capitaine Qwark n'y était pas.

« Pourquoi Qwark n'est-il pas dans cette galerie héroïque ?
- Il y était… Jusqu'à l'affaire de l'Hygiénateur Personnel.
- Ah oui… J'oubliais, les contrefaçons…
- Enfin bref. Comment trouvez-vous l'endroit ?
- C'est MAGNIFIQUE ! Mais j'ai une question… Vous avez vraiment besoin d'un si grand bureau pour votre poste ?
- Le patron doit avoir un bureau à la grandeur de sa position sur l'échelle hiérarchique… Bien qu'en effet, je ne pense pas qu'une taille comme celle-ci soit adaptée. Mais bon, faut reconnaître, quand on peut avoir un parcours complet de mini-golf dans son bureau ainsi que des centaines de rangements pour classer les dossiers…
- Ohla… Vous avez dit mini-golf ?
- Oui. Les précédents présidents étaient plus fous que ça encore, à mon arrivée ils voulaient savoir si je gardais la piscine jacuzzi…
- UNE PISCINE JACUZZI ?!
- Ouais, mais un président se doit d'abord de gérer une société, et une société telle que Gadgetron a besoin d'attention. La piscine m'aurait trop distrait, alors j'ai préféré un mini-golf pour déstresser lors d'un coup de colère. A vrai dire, il faut superviser pas moins de quatre-vingt-neuf branches différentes, chacune contenant plusieurs millions de travailleurs… Alors quand y a trois ou quatre branches qui me demandent quoi faire quand y a une série de produits qui tombe HS, il y a de quoi péter un câble. Mais pas le temps de s'attarder sur les problèmes de la société… Venez avec moi. »

Ratchet suivit le sellosien, qui l'emmenait vers le bureau droit devant le téléporteur. En s'approchant des vitres, il se rendit compte d'une chose.

« Une petite minute… Quand je suis venu il y a de cela quelques années pour la pub des hoverboards, y avait pas une tour aussi haute !
- C'est normal. Avant le grand bureau du président était situé au cœur du complexe, on ne pouvait pas vraiment le voir. Puis l'ancien président à décidé de donner un peu de hauteur au bureau, pour ainsi mieux admirer le paysage et contempler sa grandeur. Seulement voilà, la tour a été finie deux jours avant sa mort. Alors il a pas trop pu en profiter.
- Un peu de hauteur ? On est à trois cents mètres au-dessus de la mer !
- Quatre cent douze mètres, pour être précis. Bon, assez regardé par la fenêtre… Regardez bien. »

Dramankar avait ressorti son assistant tactile, et en quelques touches, une plate-forme circulaire s'était élevée pas loin, laissant entrevoir, dans des cavités, des armes et une nouvelle armure.

« La nouvelle collection. Mis à part les fabricants, les gars du marketing et moi bien entendu, t'es le premier mec qui vient pas de Gadgetron à les voir.
- Mazette ! Répondit Ratchet, admirant déjà les nouvelles armes.
- Il y en a trois. Tu peux les prendre, la vitre n'est qu'une simple illusion.
- Que trois ?
- Le reste viendra après. »

Ratchet passa sa main sur la première arme qui l'avait directement attiré : une sorte de pistolet, très effilé et très long, aux formes anguleuses, colorée en diverses teintes de rouge et orange. Lorsqu'il la prit, Ratchet remarqua qu'elle était très lourde et dût utiliser ses deux mains pour la porter.

« Un vieux concept modernisé : le blaster à gros calibre. Son nom : Pistolet Percionique.
- Pourquoi c'est si lourd ?
- J'ai dit gros calibre. Alors qu'une balle d'une mitrailleuse plasma ne peut que transpercer un corps ou brûler gravement, cette arme peut carrément détruire des pans de mur et démembrer n'importe quel alliage en une seule munition !
- Et sur les cibles organiques ?
- Ça ne m'étonnerait pas que si vous me tiriez dessus, je perdrais facilement un bras. Mais après, débrouillez-vous avec les services de sécurité. Et croyez-moi, même vous, vous n'y survivriez pas. Capacité du chargeur : vingt munitions. Si vous voulez tester… »

Une cible robotique apparut à dix mètres de Ratchet. Ce dernier empoigna fermement l'arme, visa avec patience et précision, puis appuya sur la gâchette. Une détonation forte se fit entendre, et presque instantanément, l'épaule gauche du robot explosa violemment, envoyant le bras plusieurs mètres derrière.

« Pu-tain, s'étonna Ratchet.
- A ne pas mettre entre toutes les mains, je vous l'accorde. Vous avez même été surpris par sa puissance, répondit Dramankar.
- A vrai dire, y'a que le TELT qui m'a fait autant bouger en tirant.
- D'ailleurs, la balle ionique que vous avez tiré est dix fois plus rapide qu'un projectile de mitrailleuse. Le vintage revient à la mode, y a pas de raisons pour que les armes dérogent à la règle. Y'a des centaines d'années, les héros galactiques utilisaient ce genre d'arme, et même à une seule main. Seul un expert en arme peut réussir à maîtriser un truc de ce genre sans s'y prendre à deux mains.
- Peut-être… Mais j'aimerais voir les autres armes. »

Ratchet reposa le Pistolet Percionique, et prit la deuxième arme, bien plus imposante. On pouvait voir son nom sur la coque : F-Cube. L'arme pouvait se prendre comme un fusil normal, mais son canon, composé de dizaines de petits trous.

« Je vous présente le F-Cube, pour Fusil à Flèches-Fusée. Chaque munition contient vingt-quatre flèches propulsées par un petit réacteur. Et chaque flèche peut transpercer littéralement n'importe quoi. Vous pouvez choisir entre vingt-quatre cibles différentes, ou alors une seule cible qui devrait être clouée… Au sens propre du terme. Ne vous inquiétez pas pour le recul, il n'y en a presque aucun. Vous qui êtes mécanicien à vos heures, ça doit pas être très différent d'un pistolet à clous.
- Ouais, mais j'ai jamais utilisé de pistolet à clous pour tuer quelqu'un !
- En même temps c'est pas vraiment des clous qu'on tire avec ça. Vous voulez une autre cible ?
- Un peu que je veux, mon neveu. »

La plate-forme qui soutenait le robot brisé rentra dans le sol. Quelques secondes plus tard, un autre robot sortit. Ratchet avait déjà préparé et armé son F-Cube. Lorsqu'il appuya sur la gâchette, vingt-quatre fléchettes propulsées par un réacteur sortirent simultanément des canons, à près de huit cents kilomètres par heure. Ces dernières foncèrent droit sur les alliages en carbonox du robot, et une fraction de seconde plus tard, les fléchettes frappèrent et percèrent les différentes parties du robot avec une telle puissance, que ce dernier se décrocha de la plate-forme et se retrouva presque instantanément planté dans le mur du fond.

« Je peux aller voir ? Demanda Ratchet.
- Je vous en prie. Au fait, l'arme a une fonction permettant de viser plusieurs cibles, aussi. »

Ratchet s'approcha donc du robot, troué par les vingt-quatre projectiles à tous les endroits : tête, bras, jambes, torse. Les réacteurs étaient encore fumants, et malgré la vitesse démentielle, les fléchettes avaient été spécifiquement dessinées pour qu'elles restent plantées dans le corps et puissent le « propulser » vers le mur le plus proche pour le planter, telle une punaise.

« J'aimerais comprendre. Ces armes sont réellement puissantes et sont parfois cruelles, rétorqua Ratchet. Je ne sais pas si je m'en servirais dans certaines circonstances, je préfère bien mieux un Foudroyeur ou un bon vieux Annihilateur pour éliminer mes ennemis…
- Nous avons aussi réfléchi à cela. Mais comme vous le ne savez peut-être pas, la division armement et défense de Gadgetron cherche avant tout des moyens efficaces. Encore aujourd'hui, de nouvelles technologies rendent des armes conventionnelles toujours moins efficientes. Il faut donc faire appel à de la force brute. Et de fait, quelqu'un qui utilise une arme doit être habitué à tuer. Il a généralement vu la mort en face. Vous êtes une personne qui a frôlé la mort, à de nombreuses reprises. Et vous devez sûrement savoir, que plus l'élimination est rapide, moins le danger est grand.
- C'est une industrie malsaine tout de même. Avec ceci, vous pouvez transformer n'importe quel quidam en criminel…
- C'est vrai. Mais il ne faut pas oublier que chaque arme est traçable et que chaque crime effectué est répertorié. On ne lésine pas sur la sécurité, et nous faisons tout pour limiter les dommages collatéraux. Nos armes n'ont principalement qu'un but de dissuasion, et plus nos armes sont puissantes, plus notre pouvoir de dissuasion est fort. Après, si nos armes permettent de gagner des batailles, ou forgent les destinées de nombreux héros, grâce à leur puissance, on ne s'en plaindra pas. D'ailleurs nos clients numéro un dans ce secteur restent toujours les armées planétaires. Et nous avons besoin de personnes comme vous pour montrer ce gage de qualité et de puissance, pour offrir aux armées la puissance de dissuasion dont ils ont besoin pour maintenir la paix. Ce que vous faites est bien plus qu'un coup de pub, c'est une avancée pour la société.
- J'ai toujours aimé les armes, leur puissance m'a toujours fait rêver. Mais je dois reconnaître que tuer quelqu'un, qu'il ait des plans pour dominer la galaxie ou que ce soit juste un larbin visant à me barrer la route, ce n'est jamais vraiment agréable. Il faut essayer de mettre de côté les sentiments, et je fais en sorte de faire ressentir le moins de souffrance possible en tuant. C'est tout de même assez…
- Effrayant ?
- Oui, voilà, vous avez trouvé le mot. Voir une personne souffrir… Je déteste ça.
- L'empathie… Généralement, c'est cette empathie qui fait que vous êtes un héros. Bon nombre de fous alliés complètement déglingués sont dépourvus de cette empathie, et s'amusent de la souffrance des autres. Ressentir la souffrance, c'est montrer qu'on a une âme saine. Mais sachez qu'un robot ne ressentira jamais aucune souffrance, même blessé. Clank a sûrement une personnalité, mais il ne ressentira jamais aucun mal. Il peut comprendre la souffrance des autres, mais avoir mal n'est pas dans ses cordes. C'est un des principes robotiques. Tu fonctionnes, ou tu meurs.
- Je me souviens… Lorsque je me suis rattrapé in extremis à Clank juste après avoir détruit la planète de Drek à cause d'une onde de choc, il m'a simplement dit que le mécanisme de son bras était cassé, sans rien ressentir. Il ne pouvait plus s'en servir, et sa main a glissé. Mais il a réussi à me sauver grâce au propulsopack dont il est équipé…
- Je vois. Bon, ne perdons pas trop de temps dans ces envolées existentielles, il y a encore une arme et une SUPER armure à tester. »

La troisième arme était radicalement différente des deux autres. C'était en réalité une sorte de grenade, assez singulière en apparence, mais qui renfermait une puissance originale.

« Voici la grenade antigravitationnelle. Il va falloir la lancer à la main.
- Lancer à la main ? C'est pas trop archaïque comme truc ?
- Vous inquiétez pas, le meilleur reste à venir. »

Un nouveau robot surgit, mais cette fois, il était mobile et avançait vers Ratchet. Ce dernier appuya sur le bouton de déclenchement de la grenade, et la lança vers le robot. Quatre secondes plus tard, la grenade explosa, mais sans faire aucun dégât. En effet, toute la gravité avait disparu dans un rayon de cinq mètres à partir du point d'explosion, ce qui fit voler le robot, alors en état d'apesanteur.

« C'est vraiment énorme, cette arme. Pouvoir supprimer toute gravité dans un rayon de cinq mètres…
- C'est même une arme que vous pouvez utiliser sur vous-même. Avec cela, vous pouvez prendre un avantage stratégique sur vos adversaires en surgissant par les airs… Là où personne n'est censé vous attendre.
- Génial. Et l'effet dure combien de temps ? »

Le robot se fracassa subitement sur le sol, l'effet de la grenade ayant cessé.

« Dix secondes, répondit Dramankar.
- Très bien. Mais vous avez dit que le meilleur restait à venir. S'agirait-il de l'armure ?
- Tout à fait. »

Ratchet approcha donc de cette fameuse armure. Cette dernière était verte et noire, avec de nombreuses protections au niveau du torse, des bras et des jambes. Le casque était formé d'une protection intégrale au niveau du crâne, et une visière transparente était présente au niveau des yeux. Le bas de la tête était aussi protégé, avec des ouvertures fines et longues telles des fentes pour laisser passer l'air.

« Elle est vraiment magnifique, répondit Ratchet, admirant les formes et les alliages de cette armure.
- Nous l'avons appelée Sirius, en référence à une étoile de notre galaxie. Une étoile aussi brillante que les savants et les ingénieurs qui ont construit cette armure.
- Elle a quoi de spécial, en réalité ?
- Touchez-la. »

Ratchet approcha sa main et l'effleura. Un grand flash blanc s'ensuivit autour de Ratchet, et deux secondes plus tard, Ratchet se retrouvait avec l'armure Sirius sur son corps, celle en Adamantium qu'il portait précédemment s'étant retrouvée sur le présentoir. Ratchet se regarda pendant plusieurs secondes, sa peau et sa fourrure étant habillées d'un tissu fait de nylon, de microfibres de titane et de carbone pur, ultra-résistant. Ses protections étaient faites en carbonox raffiné noir, tandis que son casque recouvrait l'intégralité de sa tête. Sa visière commençait déjà à indiquer quelques informations sur l'environnement qui l'entourait : la température, les personnes présentes et leur race…

« UN TRUC DE BAAAAAAAAAAAAAAARGE !
- Et vous n'avez encore rien vu. Si vous souhaitez respirer un peu mieux, appuyez sur votre tempe droite. »

Ratchet appuya sur une sorte de bouton située sur son casque au niveau de sa tempe, et son casque « s'enroula » dans une sorte de sac située au niveau du haut de son dos.

« Vous avez piqué ce truc à Pox Industries, non ?
- C'est surtout eux qui nous l'ont piqué, rétorqua Dramankar.
- Bon, d'accord, mais ça reste une simple armure…
- Passez votre doigt au niveau de la longue lumière verte sur votre avant-bras. »

Ce qu'il fit, immédiatement. Et soudainement, un écran holographique apparut au niveau de son bras, avec diverses options. Ratchet reconnut immédiatement un système de sélection des armes. En appuyant sur une des icônes, un canon sortit instantanément de son avant-bras. Une indication sur l'arme et les munitions apparut immédiatement sur la visière.

« Vous allez pas me faire croire que toutes les armes sont intégrées à l'armure ?
- Vous avez tout compris. Toute notre nouvelle collection d'armes repose dans cette armure. C'est de loin notre armure la plus aboutie. Elle comporte pas moins de quatorze armes intégrées : les classiques comme le Mitraillor, le Propulsobus, le Répulseur, le Lance-missiles SX40, ou encore le Pyrocracheur, mais aussi quelques nouvelles réjouissances comme les drones DVIL, pour Dispositif Volant Inter-Laser, le Lance-Lamétoiles ou encore le Maquilleur de cible.
- C'est dantesque ce machin.
- Aussi, si ça vous plaît, vous pouvez aussi prendre l'arme en question dans votre main si vous le souhaitez. Et sachez qu'il est possible de faire ça pour les deux bras : rien ne vous empêche d'avoir un Mitraillor dans une main et un Lance-Lamétoiles dans l'autre. Mais il faut bien veiller à conserver votre arme, sinon vous ne pourrez plus l'utiliser.
- Et comment vous faites pour conserver toutes ces armes dans cette armure… La taille de toutes ces armes doit être énorme !
- A votre avis, comment on peut faire rentrer vingt missiles dans un simple lance-roquettes ? Technologie de compression atomique. Comment on peut passer d'une version portable à une version intégrée ? Transfert et reconstruction de matière. Ce sont des technologies qui sont sans cesse améliorées. Et d'ailleurs, je peux vous poser la même question, où est-ce que vous rangez votre arsenal durant vos aventures ? Dans votre slip ? Non, car vous l'avez sûrement vu, vos armes se déploient à partir d'un tout petit cube. Alors faire rentrer quatorze armes dans une armure comme celle-là, ça n'a pas été très compliqué.
- Mais pourquoi continuez-vous à vendre des armes conventionnelles qu'il faut porter si vous savez les intégrer aux armures ?
- Certains y sont réticents, pas mal de gens préfèrent avoir leur arme dans leur main pour sentir la puissance de feu. Et puis certaines armes, de par leur conception, ne sont pas faites pour être intégrées. Et puis c'est toujours plus impressionnant d'exposer des armes complètes dans une vitrine.
- Très bien. J'espère que cette armure a une fonction d'enlèvement rapide comme les autres ?
- Bien sûr. Maintenant que vous avez fait connaissance avec vos nouveaux joujoux, vous pouvez vous rendre dans votre suite.
- Une SUITE ?
- On aime chouchouter nos invités. On leur réserve toujours des suites de luxe.
- C'est trop franchement, merci M. Le président.
- Il n'y a pas de quoi. »

Ratchet serra la main à Dramankar, d'un geste efficace. Une fois le coup de main passé, un robot accompagna Ratchet hors du bureau. Quelques étages plus bas, une plate-forme d'appontage pour des mini-taxis réservés aux employés de la compagnie était disponible. Un véhicule attendait à cet endroit. Le robot transmit des informations au chauffeur, qui accueillit Ratchet. Le chauffeur appuya sur un bouton qui fit coulisser la porte passager, pour entrer dans le taxi. Le chauffeur engagea la conversation.

« Alors comme ça vous êtes une nouvelle égérie de Gadgetron, hein ?
- On peut dire ça comme ça, répondit vaguement Ratchet.
- Je vous ai vu dans DreadZone. Et je peux vous dire que vous avez été des centaines de fois meilleur que d'autres candidats qui se débrouillaient comme des manches à pioches.
- Tant que ça ?
- Absolument.
- Vous dites ça pour me flatter ?
- Pas du tout. Je vous assure que parmi les deux centaines d'héros qu'ils ont capturé, il n'y a que vous, le Capitaine Starshield, Brown Ranger et Mad Monkey Mad Night qui se sont réellement bien débrouillés. Mais ils se sont tous fait avoir sur un truc bidon… Sauf vous.
- Je suis aware, comme dirait… Ah, c'est quoi son nom déjà ?
- Jean-Claude Dan Lamme ?
- Voilà. C'est ça.
- J'aimerais savoir une chose… Ca fait quoi de tuer quelqu'un ?
- Vous voulez dire quoi par là ?
- Ben… Vous savez, un héros doit tuer mille personnes pour en sauver des milliards… Ce qui fait de vous un « bon » criminel.
- Je me sens jamais criminel. Pour moi, ceux sur qui je tire n'ont pas d'âme, n'ont aucune pitié et sans aucun sens de survie. Alors ce qu'ils pensent, je m'en fiche. Et j'essaie au mieux de mettre de côté mes sentiments, car je sais que lorsque je tire sur quelqu'un, je fais quelque chose de bien.
- Intéressant… On est arrivés. »

Le taxi venait de se garer en face d'un haut bâtiment situé à l'extrémité sud du QG. Un grand bâtiment vitré, en forme de tourbillon et en harmonie avec les nouvelles infrastructures.

« Votre chambre est au trentième étage, suite numéro trois. Elle est déjà ouverte.
- Vous savez déjà ça vous ?
- Le robot m'a transmis TOUTES les infos.
- Ah, d'accord… Merci !
- Au plaisir. »

La porte en élytre s'ouvrit et Ratchet sortit du taxi. Il monta les quelques marches qui le séparait de l'entrée, puis la double porte vitrée s'ouvrit automatiquement à son arrivée. Le hall d'entrée était très cossu et marbré, avec de nombreux cristaux de divers métaux et origines, reflétant les lumières du plafond et celles de l'extérieur. Ratchet fut même aveuglé par un reflet d'un cristal de raritanium qui avait renvoyé la lumière solaire. Après avoir trouvé les ascenseurs grâce à un panneau d'indication, il entra dans une des cabines et annonça « trentième étage ». La cabine se mit donc à monter et s'arrêta quelques secondes plus tard à l'étage numéro trente. La double porte s'ouvrit, et il était possible d'apercevoir un couloir magnifiquement décoré avec des tissus et des bois de luxe locaux. Ratchet avança de quelques mètres pour arriver devant la porte numérotée trois. Il poussa la porte, déjà ouverte.

« Pfiouuuuuuuu ! Ca c'est de la suite. »



Commentaires (0)