Objectif Terre - Chapitre 20

Auteur : Talwyn

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« Tiens, je me demande ce qu’est devenu le jeune homme qui habitait cette maison. »
Bourré, comme à son habitude, Mr Jupilaire, debout devant la « Belle Époque » -enfin, si se tenir debout est le terme qui convient à sa tenue-, se posait des questions. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, la bâtisse avait retrouvé un propriétaire, ce dernier s’était volatilisé il y a trois mois déjà. Disparu aussi subitement qu’il était venu, William n’avait laissé aucune trace de lui, ni de sa destination, ni des motivations qui l’avaient poussé à partir de Darnestown. Rien n’aurait pourtant laissé pu laisser croire ce départ soudain ; le jeune homme aux cheveux d’ébène et aux yeux émeraude était bon vivant, prenait plaisir à discuter avec les autres habitants, donnait volontiers des coups de main dès qu’il le pouvait. Plutôt costaud contrairement à ce que pouvait faire croire son apparence un peu chétive, tous les services lui allaient, il ne rechignait jamais devant une lourde charge. L’absence de sa bonne humeur et de son sourire quotidien avait laissé un grand vide autant dans le cœur des villageois que dans la maison qu’il avait quittée sans crier gare. Depuis, les meubles n’avaient pas bougé, les fleurs de son jardin étaient régulièrement arrosées, au cas où il reviendrait mais aussi par habitude. Aucune explication logique n’avait été trouvée à ce sujet. Le garçon état parti, tout simplement.
Avec un soupir, monsieur Jupilaire se dit qu’un étranger aussi attachant et serviable ne se présentait qu’une fois dans une vie, et continua sa route à la faible lueur des étoiles et de la Lune.
En tournant au coin d’une rue, il vit une silhouette sombre marchant dans sa direction. S’il n'était pas si tard, monsieur Jupilaire ne s’en serait pas soucié ; or, il lui parut bien étrange de n’être pas le seul à errer dans les rues en pleine nuit. Il essaya donc, en vain, d’identifier l’arrivant. Il aurait pu reconnaître n’importe quel villageois, même à cette distance, tant ils étaient tous proches les uns des autres, mais cette ombre ne lui disait rien.
« Encore une nouvelle tête ?!… À moins que le petit William ne soit de retour ! Après tout, c’est dans ces conditions que je l’ai rencontré la première fois… »
La silhouette n’était pas bien grande, ce qui correspondait parfaitement à cette hypothèse. Mais, au lieu d’être légère et fluide, sa démarche était d’une nonchalance certaine. L’inconnu se rapprochait rapidement.
Une voix sifflante lui glaça alors le sang :
-Monsieur Jupilaire ?
Consterné, l’interpellé hocha la tête en signe d’approbation. Qui était-il pour connaître son nom ? Il n’eut pas le temps de scruter le visage de l’étranger. En une fraction de secondes, ce dernier avait parcouru la dizaine de mètres qui les séparait et, d’un geste invisible, il l’avait prit par le cou pour le plaquer contre un mur.
Suffoquant, monsieur Jupilaire porta ses mains à celle de l’agresseur, tentant de desserrer sa prise. Sentant que c’était peine perdue, il laissa ses bras retomber mollement le long de son corps et fixa intensément l’homme, si c’en était bien un, qui l’étouffait.
Son visage si blanc et si lisse avait tout d’un masque de plastique. Cependant, les grands yeux rouges criants de vérité et l’orifice s’ouvrant et se refermant lorsque l’individu parlait semèrent le doute dans son esprit.
-Tu ressembler bien à la description, fit la créature dans un Anglais peu correct. Tu avoir connu un jeune William, politicien de renom. Où est-il ?
Cherchant à remplir ses poumons crispés, le malheureux Jupilaire ne sut répondre. Il allait mourir sans que l’inconnu sourcille.
Celui-ci sembla pourtant comprendre l’état critique de sa victime et le lança violemment au sol, lui provoquant une insoutenable douleur dans le dos. Il ne lui laissa pas le temps de se redresser et lui immobilisa bras et jambes. De sa seule main libre, il sortit une dague de sa cape, faisant briller l’acier. Le Terrien frissonna en sentant le métal glacé mordre sa peau.
-Je… ne sais… rien…,parvint-il à articuler.
-Toi pas jouer au plus malin avec moi. Il enfonça encore un peu plus la lame dans sa chair.
-Belle Époque… Will…iam… étranger… pas politicien, mécani…cien… partit il y a… trois mois…
-Où ça ? Le ton coupait court à toute tentative de mensonge.
-Aucune idée…
-OÙ ?
-Sais pas… juste… parti…
-Qui pouvoir m’aider ?
-Personne… ici… personne…
D’un geste vif, l’assassin lui trancha la gorge. Du liquide rouge et chaud en fusa par à-coups tandis que le cadavre s’affaissait sur lui-même. De son pas furtif, froid, inhumain, la créature vida les lieux, abandonnant le corps sans vie de monsieur Jupilaire dans la rue.



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