Objectif Terre - Chapitre 22

Auteur : Talwyn

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« Surtout rester calme… Ne pas paniquer… » se répétait Ratchet.
De grosses gouttes de sueur perlaient son front. Ses yeux terrorisés cherchaient désespérément une issue quelconque. Une chance de salut. Il n’en apercevait aucune. La peur lui saisit les entrailles.
Tout avait pourtant si bien commencé…

***


Sitôt sorti de la salle de conférence, il avait couru dans un détale de couloirs déserts pour arriver au bureau de Neil Obama. L’antiquité sur laquelle, par un total hasard, il avait laissé son sac à dos avait été décalée vers la gauche, laissant voir une trappe de bois sombre. Ratchet l’avait poussée, avait replacé l’armoire avec précaution puis était s’était engouffré dans les souterrains de la Maison Blanche. Une première prise de sécurité lui avait fait face au bas des escaliers. Deux rayons rouges ne devaient laisser passer que quelques personnes autorisées. Sans se donner la peine de prendre d’élan, le Lombax avait sauté entre les faisceaux lumineux.
Si simple.
Les rideaux fluos s’étaient succédés. Pour pouvoir passer, Clank avait ouvert des passages dans les plus ardus. Se glisser d’un bout à l’autre du corridor ne comporta aucune véritable difficulté. C’est en entrant dans une pièce circulaire qu’il avait retrouvé le robot.
-Un jeu d’enfant, avait-il directement déclaré à son ami.
-Ne parle pas trop vite, la suite se corse. Apparemment ils nous dispensent des rayons lasers, mais…
Clank avait laissé la fin de sa phrase en suspens et tourné la tête vers les portes en verre d’une cage d’ascenseur vide. L’engin devait se trouver à un étage inférieur.
-Les dossiers sont, d’après ce que j’ai compris, quelques niveaux plus bas. Impossible de pirater a machine. Je ne vois qu’une solution…
Avec un soupir exaspéré, Ratchet avait deviné :
-Ca, ça signifie « désescalade pour cette bonne poire de Lombax». Je me trompe ?
-Non… J’ai, hem… « oublié » mon hélipack.
-Et je n’ai pas mes hoverbottes. Génial.
Il s’était avancé au bord du gouffre et avait poussé un sifflement admiratif. La cage de béton était recouverte de plaques métalliques.
-Chaud braise, c’est plutôt profond. On va jusqu’où ?
-Au –2.
-D’accord. Il faut juste que je veille à ne pas tomber plus bas… Bon, prêt ?
Clank avait sauté sur son dos, répondant ainsi à l’affirmative. Pour être plus libre de ses gestes, Ratchet avait enlevé son holo-déguisement, et s’était mis à descendre.

***


La tâche se révéla être bien plus ardue que prévu. Le très faible éclairage, le nombre ridicule de prises et la distance importante qui les séparait les unes des autres, la verticalité des parois…
Les membres de Ratchet se mettaient déjà à trembler imperceptiblement. Par l’angoisse et la fatigue qui était survenue très tôt. Et le pire restait à venir…
Clank avait eu raison sur un point ; il n’aurait jamais su, avec sa petite taille, agripper les prises, même en faisant le grand écart. En revanche, un système de sécurité s’était déclenché dès la moitié de leur progression, faisant apparaître un faisceau lumineux à quelques mètres des oreilles du Lombax. Comme pour se délecter de sa toute proche découverte d’intrus, le rayon rouge descendait lentement.
Le duo ne pouvait plus se permettre de pause avant la fin de leur désescalade.
D’autant plus qu’après avoir englouti efficacement cinq mètres, Ratchet ne voyait qu’un mur de métal parfaitement lisse sous lui. Bloqué ! Alors qu’inexorablement, le trait coloré s’approchait ! Que se passerait-il si l’alarme s’allumait ? Une sirène allait-elle sonner, alertant toute la Maison Blanche de leur présence ? Des mitrailleuses allaient-elles sortir des plaques d’acier pour leur tirer dessus sans sommation ?
« Surtout rester calme… »
Son regard horrifié balayait les parois à une vitesse hallucinante. Mille idées plus folles les unes que les autres émergèrent de son esprit. Chaque détail devait être repéré et examiné avec le plus grand soin. Il n’en avait pas le temps !
Brusquement, son cœur accéléra le rythme. Ses yeux s’étaient arrêtés sur la porte en verre qu’ils devaient franchir. Comme pour celle du –1, qu’ils avaient depuis belle lurette dépassée, elle était supportée par un appui d’une dizaine de centimètres de large. C’était leur unique chance. Bon sang, pourquoi donc était-elle si bas ? Il leur restait plus de dix mètres à parcourir !
Il jeta un coup d’œil derrière lui. Il remarqua une anfractuosité entre deux plaques de métal. Une solution fit surface. Était-ce jouable ?
Il prit Clank par la main, le décrocha de son dos et le laissa tomber. Le robot s’accrocha sans encombre à l’appui. Il ouvrit le boîtier d’identification de la porte. Déjà le Lombax ne lui prêta plus aucune attention.
Était-ce jouable ?
Ses mains pourraient peut-être se cramponner à la jointure pour un court moment. De là, il essaierait de…
Était-ce jouable ?
Le rayon était arrivé sur lui rapidement. Plus que quelques centimètres et il était cuit. Plus un seul moment ne devait se perdre. Il se décida à agir.
Une distance effarante, un angle improbable, un saut acrobatique…
Ratchet bondit.
De toutes ses forces.
En l’espace d’un infime instant, il eut l’impression de voler. Il fit volte-face, frotta ses gants contre le mur pour ralentir sa chute au maximum, puis referma violemment les poings sur l’interstice. L’acier geignit sous le poids du Lombax mais celui-ci ne lui laissa pas le temps de s’arracher de la paroi. Un nouveau regard en arrière, une détente brutale des jambes, un demi-tour subit dans les airs, une roulade au sol, et Ratchet, pantelant, s’allongea sur le carrelage du deuxième étage souterrain.
Il adressa un sourire lumineux à Clank.
-Bien joué, pour l’ouverture des portes, l’ami.
-L’appui était bien trop petit pour que tu puisse espérer te rétablir d’un pareil envol. J’ai dû faire vite quand j’ai compris ce que tu comptais faire mais ça a marché.
-Tant mieux, tant mieux.
Il se redressa et se concentra sur la suite des festivités. De nouveaux rayons rouges nettoyaient le couloir. Ensuite une pièce s’ouvrait. Le sentiment qu’ils touchaient au but les fit frissonner. Le duo l’atteignit sans peine. Ils observèrent attentivement les pièges se dressant devant eux.
Ils étaient à nouveau dans une pièce circulaire. Le sol était couvert de rayons lasers s’entrecroisant en de nombreux points. Les murs renfermaient des armes à feu. Et, à trois bons mètres du sol, une étrange coupole de verre était suspendue en l’air grâce à de puissants câbles. La demi-sphère était constituée d’un socle métallique d’où partaient les treuils, d’une vitre ouvrable transparente laissant voir une enveloppe blanche.
Une enveloppe…
L’enveloppe !
Clank trouva le système de commandes des attaches et y parvint en enjamba sans trop de mal les faisceaux lumineux.
-Pfiou, je peux essayer de l’abaisser, mais ça va être dur. Et ça va mettre un moment. Le piratage est risqué.
-Et la coupole ? Est-ce que tu saurais l’ouvrir ?
-Oui, plus facilement. Je ne te vois pas retenter un numéro de voltige vu ton état, mais si ça peut te rassurer…
Les doigts du robot s’activèrent entre les fils électriques. Bientôt, ils s’arrêtèrent, et les fenêtres du globe s’écartèrent.
-Non, je ne vais pas essayer d’y parvenir en sautant, c’est encore beaucoup trop loin. Toi, en revanche…
Clank releva la tête et plongea un regard noir dans celui de son ami.
-Il est hors-de-question que tu me catapulte là-haut.
Ratchet esquissa un sourire.
-Parce que tu as une meilleure idée ?
-Balancer un objet quelconque ?
-Mais tu es un objet quelc… Oublie, se reprit-il face aux éclairs que lançaient ses yeux. Disons que ça risque de tomber par terre et de toucher les rayons. Toi, tu es capable de te rattraper au rebord.
Le robot considéra un bref instant les dangers que ça impliquait mais avait déjà fait son choix. Avec un soupir, il capitula, rentra la tête dans les épaules et resserra ses membres près de son corps. Un rire nerveux monta de la gorge du Lombax, puis il saisit fermement son « projectile », tendit un bars vers la coupole, et propulsa Clank vers le plafond. Bien visé. Il se reçut sur le socle métallique. Il prit l’enveloppe, la lança à Ratchet qui s’en empara fièrement et se détourna.
-C’est bon, je descends tout seul, lâcha-t-il.
Avec un juron, le robot se laissa glisser du piédestal et atterrit…
… Sur un rayon laser.
L’alarme se déclencha. La sirène cria à leur en percer les tympans. Une à une, des mitrailleuses sortirent des murs et ouvrirent le feu. Clank évita les tirs d’une roulade sur le côté. Il se tourna vers Ratchet.
-Ah, bravo ! cracha celui-ci. Demi-tour, vite !
Il s’élança. Les armes ne visaient que le robot, lui ouvrant un passage sans danger. Il arriva à hauteur de la porte. Une lourde herse se baissait lentement.
-Merde ! Clank, grouille ! Ils nous enferment !
La nouvelle fit au robot l’effet d’un titanesque coup de pied. Il courut aussi vite que le lui permirent ses petites jambes, zigzagua entre les balles, dépassa la porte en trombe, devant raser le sol pour la franchir avant l’effondrement de la herse. Dans un bruit sourd, elle s’abattit sur le sol blindé.
-Bon sang, ils ne vont plus tarder. On a intérêt à se tirer.
Clank hocha la tête, mais ajouta :
-D’abord, vérifie quand même qu’on a les bons documents… Je te l’avoue, maintenant je n’en suis plus sûr à cent pour cent…
L’enveloppe avait effectivement de quoi les plonger dans le doute. Elle était bien recouverte en plusieurs langues des mots « Projet d’évasion d’urgence de la Terre » mais semblait ne contenir qu’une feuille…
Ratchet la déchira agressivement.
Une lettre manuscrite portant la signature du Président se trouvait entre ses mains.
« Pour des raisons de sécurité optimale, les documents concernant l’éventuel changement de planète ont été déplacés à Paris. Pour plus d’informations, merci de contacter l’un des dirigeants d’Europe, d’Amérique ou d’Asie. »



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