Objectif Terre - Chapitre 5

Auteur : Talwyn

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Le voyage jusqu’à Mars était long, Ratchet s’était endormi quelques heures.
-Nous allons d’abord sur ma planète, afin d’y planifier les détails et de vous instruire sur les habitudes terriennes. La Voie Lactée est lointaine, puis il faudra dissimuler notre arrivée sur Mars, car les humains surveillent tout ce qu’il se passe dans notre galaxie, avait proclamé le Martien la veille.
Se réveillant, Ratchet avait regardé par le hublot, et le spectacle qui s’offrit à lui l’émerveilla.
En un tourbillon titanesque d’étoiles et de planètes, la Voie Lactée se tenait devant le vaisseau.
« Wow, c’est beau ! »
« En effet. Et tu verras, la Terre rivalise de beauté avec toutes les autres planètes. »
« Tu l’as déjà vue ? » s’étonna le Lombax.
« Je ne me souviens plus où… Peut-être aux infos ou sur l’Aphelion. À ce propos, je lui ai demandé de nous suivre; sinon, ton vaisseau serait resté sur-place. »
« Mince, j’avais oublié ! Merci, Clank. »
Après de nombreuses heures, ils virent enfin Mars, la planète rouge.
-Je ne vois aucun port spatial… Où allons-nous nous poser ?
Le Martien répondit sans tourner la tête.
-Je vous ai dit que nous nous cachons. Cela vous suffit pour le moment.
Ratchet se renfrogna. « Port invisible ? Caché dans un cratère ? Visible uniquement aux Martiens ? Qu’en penses-tu, Clank ? »

Au bout de quelques minutes, Aako appuya sur une bonne dizaine de touches différentes sans les regarder.
-Vous… commença Clank. Puis, se ravisant : Tu as l’habitude de piloter ce vaisseau ?
-Depuis que je sais marcher, je ne le quitte plus. Cela répond à votre question ?
Ratchet ouvrit des yeux ronds comme des flancs :
-Tu rigoles ? Tu n’es jamais descendu de cette boîte de conserve géante ?
Le Martien tourna la tête et le fixa.
-Je me suis mal exprimé. Si, bien sûr, je le pose sur Mars, je ne vis pas dedans. Mais dès que je dois partir en mission, je le prends. C’est lui ou rien !
-Tu pars souvent en mission ? s’enquit Ratchet.
-Oui.
-Et elles sont toutes d’une importance aussi haute que celle-ci ?
-La plupart, répondit Aako avec fierté.
Clank concerta son ami par pensées.
« Ce n’est pas n’importe qui. »
« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? »
« Il a l’air d’avoir l’habitude de faire ce genre de ‘banalité’, à savoir demander à deux héros inter-galactiques de sauver sa planète en grand danger tout en pouvant très bien revenir bredouille. Tous les espoirs de sa race sont sur ses épaules. Et il sait parler bon nombre de langues sans fautes et sans traducteur. »
« Tu as raison, ce doit être une personne d’importance. C’est peut-être un noble ou un bon guerrier… On devrait peut-être même être honorés de sa présence. Quelle ironie ! »
Puis ils entendirent une série de mots incompréhensibles venant du vaisseau. Ils ne captaient rien.
-Le compte à rebours est lancé ! dit le Martien. 5-4-3-2-1…
À ce moment, le vaisseau disparut. Seuls les sièges et les passagers, drôles de convois dans l’espace, étaient visibles. Puis ce fut au tour des banquettes en cuir confortable et, enfin, celui des êtres vivants.
- Ouah ! C’est… dément ! ne put s’empêcher de lancer Ratchet.
Le néant était partout, pourtant percé de millions d’étoiles. Ils voguaient sur une nuit infinie. La vue leur était largement ouverte, comme à travers une baie vitrée extrêmement transparente. Ils ne sentaient plus les sièges sous eux.
Après avoir calmé sa fascination, le Lombax comprit ce que voulait dire Aako par ‘drôles de sensations’. Non seulement, habitué à avoir les pieds sur terre, il avait l’impression désagréable d’être entraîné dans une chute sans fin, mais en plus il ne se voyait pas. Ni lui, ni Clank, ni le Martien. Il pouvait bouger, mais, ne voyant pas ses membres, tous ses gestes étaient hasardeux. Il ne connaissait plus ses dimensions. La longueur de ses bras, de sa queue, de ses oreilles… Tout était flou, comme s’il avait les yeux masqués.
Sentant un chatouillis à l’extrémité de son oreille droite, il tenta de se gratter.
C’est ainsi qu’il se lança dans une dure et longue expédition : l’ascension de son corps !
À sa première tentative, il reçut un doigt dans l’œil.
-Aïe ! Mais quel crétin !
-Ratchet ? Où es-tu ? Tout va bien ?
Il crut que son cœur allait lâcher. Il ne se rappelait même plus qu’il était en compagnie de deux autres personnes, et cette voix venue de nulle part, si proche, le déstabilisa complètement.
-Non rien, Clank, c’est pas grave. Je me suis mis le doigt dans l’œil.
-Tu pourrais faire attention !
-Hmpf.
Toucher le bout d’une longue oreille que vous ne voyez pas avec un bras dont vous ne pouvez estimer les mesures était pour le moins difficile.
Il eut subitement une idée et changea de méthode. Il fit glisser sa main le long de ses jambes d’abord, puis de son corps pour parvenir aux épaules. Là, il ralentit et progressa doucement vers son visage. Enfin, sentant son casque de cuir et le transmetteur métallique sous ses doigts, il trouva l’oreille et la remonta. Il suivit la direction jusqu’au bout du membre velu.
« J’Y SUIS ! »
Il entendit le robot rire dans son esprit.
« Très bien, et après ? »
« Rhô, ne te mêles pas de ce qui ne te regarde pas. Je devais me gratter l’or… »
Il ne termina pas sa phrase. Le chatouillis était parti depuis longtemps.
« J’ai fait ça pour rien, voilà ce qu’il se passe. » admit-il en grommelant.
-Enfin ! Ma planète est proche ! Courage, dans quelques instants, vous reprendrez pleinement ‘possession’ de vos corps, clama Aako.
Effectivement, la planète rouge était immense devant eux. Ils ne voyaient toujours aucune piste d’atterrissage.
-Où allons-nous atterrir ?
-Patience, vous verrez ! Laissez-moi me concentrer.

Le ton de sa voix laissait deviner qu'il se remémorait ce qu'il devait faire.
« Je ne sais pas. Va savoir de quoi ils sont capables. L’Aphelion l’a sûrement détecté, en revanche. »
« Mais il est indiscret de le contacter devant notre hôte pour lui poser une question auquel il ne veut pas nous répondre. Bah, de toute façon, on verra bien là-bas ! »

Le Martien prit la parole :
-Apprêtez-vous à subir un drôle de sentiment ; nous allons passer en mode invisible d’ici une petite dizaine de minutes.
-Quoi ? Il y a des effets secondaires ?
-Normalement non, en tout cas pas pour nous, Martiens. Mais il n’y a effet physique, c’est juste dur moralement.
« Il me prend pour quoi, exactement ? Je suis pas une fillette ! » sourit Ratchet.
-* Emètsys d’étilibisivni ne sruoc d’noitavitca.*, fit une voix venant de nulle part.
-Qu…Que… Qu’est-ce qu’il a dit, le vaisseau ?
-Ah, c’est vrai, Mars ne parle pas la même langue que vous. Moi, je ne m’en rends même plus compte, j’ai tellement l’habitude… Il a dit : ‘Système d’invisibilité en cours d’activation’.
-Ah, d’accord…
Clank intervint :
-Monsieur, pourquoi nos traducteurs n’ont pas marché ?
Le Martien ferma les yeux et lâcha une série de sortes de roucoulements aigus. Les deux amis sursautèrent.
-Ah, ne m’appelez pas Monsieur ! C’est vous les héros, ici, pas moi !
Et il recommença ce son étrange.
« Mais… Mais… » Le Lombax saisit, sidéré. « Mais il rit ! »
-Plus sérieusement, votre traducteur ne comprend que les 10 000 langues principales. Oh, c’est déjà beaucoup, je ne dis pas, mais nous ne sommes pas assez connus de l’Univers pour que notre langage ait sa place parmi les traducteurs et dictionnaires inter-stellaires. Nous sommes trop éloignés, pas assez nombreux, vous comprenez ?
Tout retournés par le ‘rire’ de la créature, Ratchet et Clank acquiescèrent.
-Et, mons… euh, Martien, comment feront-nous pour vous comprendre ?
-« Oh, mais ne vous en faites pas, je serai à vos côtés. Je vous traduirai tout ce que vous devez savoir. Et mon nom complet, c’est A.A.K.O. 1201. Mais faites comme tout le monde, appelez-moi Aako. »
-D’accord. Juste une question : pourquoi ces chiffres et ces lettres ? l’interrogea Ratchet.
-Ca dépend de la ville où nous éclosons, de la date à laquelle nous sortons de l’œuf…
-Vous sortez d’oeu…
«Ratchet, laisse-le tranquille. S’il devait tout nous expliquer sur les Martiens, nous y serions encore dans des mois.
« Tu as raison. Mais tout de même, naître d’un œuf, comme un oiseau… Trop bizarre ! »
Aako fit mine de n’avoir pas entendu, peut-être pour éviter de devoir donner des précisions.



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