Ratchet mix Jak - Chapitre 71

-Vortex : D’après toi, l’armée est en route depuis combien de temps ?
-Chik : J’en sais rien. Trente minutes, plus ou moins.
-Vortex : Et… il y a combien de monstres ?
-Chik : Beaucoup trop pour que l’on survive simplement avec de la chance !

Joignant le geste à la parole, il fit demi-tour pour avertir les résistants de la situation.
Ceux-ci poussèrent un hoquet de stupeur commun en affichant des mines apeurées. Mais pourtant, Chik lisait dans leurs yeux qu’ils ne reculeraient à rien pour renverser le président. Car ils savaient que ce n’étaient pas que leur avenir qui se jouait là, mais aussi celui de plusieurs milliards d’êtres vivants dans l’univers.

-Résistant : Combien sont-ils ?
-Chik : Je dirais entre trois et cinq mille.
-Résistant : Et nous, combien sommes-nous ?
-Vortex : Trente-cinq… Six personnes sont restées à la base. Des blessés graves et une femme enceinte.

Il s’ensuivit un long moment de silence où la plupart des résistants comprirent qu’ils n’avaient que très peu de chances de survivre à la bataille.

-Résistant : Dans combien de temps devraient-ils arriver ?
-Chik : Sûrement dans un peu moins d’une demi-heure.
-Résistant : Alors il va falloir se préparer.
-Vortex : Et au plus vite !

Sans échanger un mot de plus, ils sortirent leurs fusils et vérifièrent leurs chargeurs.
Chik chuchota à l’oreille de Vortex :

-Chik : Honnêtement, tu crois qu’on a une chance ?
-Vortex : Infime, mais elle existe.

Il pointa du doigt en direction de la colline sur laquelle ils se trouvaient, et fit constater à Chik qu’ils étaient en amont par rapport aux troupes ennemies.

-Vortex : Cette position est très avantageuse car elle indique que les monstres vont devoir monter pour nous atteindre. Et c’est là qu’ils subiront le plus de pertes.

Chik acquiesça. La pente étant longue d’environ cinq cents mètres et raide à soixante-quinze degrés, elle allait être une très bonne alliée. Il n’avait pas pensé à cela…
Quand tous les préparatifs furent effectués, les hommes se mirent en position, formant une seule ligne au sommet du versant de la colline.
Loin de là, un Métal-Head ouvrit sa gueule et poussa un abominable hurlement.

-Vortex : Ecoutez moi ! Il faut tout faire pour éviter le combat au corps à corps ! Si on en arrive à ce point là, les Créateurs Noirs seront alors presque invincibles ! Tuez en le plus possible à distance ! C’est une question de vie ou de mort…

D’un acquiescement commun, les soldats approchèrent le viseur de leur fusil jusqu’à leur œil, tout en posant l’index de leur main dominante sur la gâchette : ils étaient positionnés.
Chik sortit d’une de ses nombreuses poches un petit cube métallique qui se déplia en un magnifique et grand arc. Il tira également de sa veste cinq flèches argentées dont il équipa son arme.
Soudain, les capricieux nuages recouvrant la lune se dissipèrent, la laissant éclairer le paysage de ses luxueux rayons que l’arc refléta avec une teinte bleutée. Mais cette vision fabuleuse était aussi responsable d’une frayeur incommensurable. En effet, l’éclairage de la lune offrait aux soldats la perspective d’admirer l’armée longue de plusieurs kilomètres qui s’avançait vers eux. Tout devant se tenaient les plus rapides, ces Métal-Heads cavalaient en marquant le sol de leurs griffes crochues et aiguisées ; plusieurs rangées en arrière progressaient les Créateurs Noirs ; et enfin, tout au fond, se dressaient parmi la mêlée de monstres d’énormes créatures de plusieurs mètres de hauts. Dans le ciel, survolant la troupe en battant des ailes à rythme constant, des oiseaux géants poussaient des hurlements furibonds.

Lorsque ce groupe de monstres fut à trois cents mètres de la pente, Vortex demanda :

-Vortex : Prêts ?

Chik tendit la corde de son arme en la pointant vers le ciel et acquiesça d’un hochement de tête, bientôt suivi par les autres hommes de troupe.
Vortex abaissa alors sa main en guise de top départ et cria :

-Vortex : Maintenant !!

Aussitôt, Chik débanda son arc et ses cinq flèches fusèrent dans les cieux en un sifflement monotone. En plein milieu de leur vol, elles se dupliquèrent par cinq fois, devenant ainsi une nuée de vingt-cinq flèches qui finirent leur course dans le cœur de plusieurs Métal-Heads dépravés. Devant les corps de leurs confrères défunts, les monstres crièrent rageusement en claquant des crocs.
Une kyrielle de balles rouges transperça alors le ciel dans des bruits de détonations frénétiques. Cette véritable pluie s’écrasa violement sur la vague noire d’ennemis en la trouant de part en part, amoncelant le sol de dépouilles monstrueuses.

Vortex s’empara de son fusil de sniper, et, en prenant bien le temps de viser, envoya une balle entre les deux yeux d’une bête volante. Celle-ci piailla de douleur en s’écrasant sur plusieurs dizaines de Créateurs Noirs en retrait.
Chik envoya nouveau des flèches qui s’abattirent en touchant parfaitement leurs cibles.

Les Métal-Heads aériens crachèrent de leurs gueules un poison violet qui toucha un résistant au thorax. La blessure le brûla sauvagement, et la douleur fût telle qu’il en succomba en tombant le long de la pente vertigineuse. Vortex s’égosilla :

-Vortex : Vite !! Ce sont les seuls qui peuvent nous atteindre, il faut les éliminer en vitesse !
-Chik : Il faut aussi continuer à mitrailler ceux qui se trouvent au sol ! Sinon ils se rapprocheront bien plus facilement !
-Vortex : Alors il faut se répartir les tâches !

Ils se divisèrent donc en deux groupes égaux. Chik, qui faisait partie du groupe pour abattre les volatiles, décocha une rafale de flèches qui transperça le cou d’un monstre.
Quelques minutes plus tard, ils réussirent à tous les abattre, mais ils perdirent cinq de leurs hommes. A ce moment, l’un des Créateurs Noirs posa le pied sur le bas de la pente.

-Vortex : On en a tué environ mille, ils s’approchent trop vite !
-Chik : D’une manière ou d’une autre, il va falloir se préparer à l’éventualité du corps à corps !
-Vortex : Nous serons réduis en bouillis !
-Chik : Espérons que non !

Chik balança son arc en arrière et attrapa de derrière son dos une mitraillette qu’il pointa en direction des monstres sanguinaires.
Vortex visa avec son fusil l’un des Métal-Heads titanesques et l’élimina. Dans un dernier râle, la bête s’écroula dans un fracas de poussières, et cracha de sa gueule béante un flot de sang.

Malgré les efforts des résistants, les créatures gagnaient énormément de terrains et étaient désormais à moins d’une centaine de mètres d’eux.

-Vortex : Reculez !! Au corps à corps, vos armes à feux ne serviront à rien !!

Les canons des fusils continuaient de cracher inlassablement leurs projectiles, ne craignant pas les rugissements enragés des Créateurs Noirs qui s’étaient octroyé la première ligne du front. Vortex, qui les avaient déjà vus à l’œuvre, fut parcouru d’un frisson en revoyant leur terrible noirceur. Les pertes ennemies étaient impressionnantes, leur nombre ne s’étendait plus qu’à mille. Cependant, les cadavres ne semblaient pas les arrêter, et même si leurs effectifs avaient baissés, ils n’en paraissaient pas moins terrifiants.

Les soldats reculèrent sous les vociférations de Vortex tandis que le premier Créateur Noir fit son apparition au sommet de la crête ; un missile du Pourfendeur le fit vite redescendre. Mais bientôt, ce ne fut plus un mais une masse de monstres déchaînés qui apparu. La mitraille envoyée s’engouffra dans leurs corps noirs qui s’étalèrent face contre terre, pendant que les autres avançaient encore et encore.

-Chik : Il faut tenter le tout pour le tout !

Tout en parlant, il s’avança en beuglant pour se donner du courage. Sa chaîne frappa la tête maintenant ensanglantée d’un des nombreux monstres et assena un violent coup de Zares’roks dans les entrailles d’un autre. Une mâchoire faillit le couper en deux, mais, d’un réflexe exceptionnel, il bloqua la bouche à l’aide de son épée ; il pu alors sentir l’haleine fétide de la créature avant de la transpercer de sa lame.

-Vortex : En avant !!

Les résistants brandirent en hurlant des épées souvent faites à partir de morceaux de métaux tranchants trouvés sur le sol, et se lancèrent à l’assaut avec plus d’inconscience que de courage.
A l’aide d’un exploseur, Vortex tenta de repousser encore une fois les ennemis, puis, résigné, sortit de son fourreau l’épée qu’il avait récupéré sur le cadavre de Xenon.
Les Créateurs Noirs ripostèrent rapidement en lacérant mortellement le visage des résistants.
Chik appuya sur un bouton de son Gant à Chaînes et murmura :

-Chik : Il est temps de passer à l’artillerie lourde !

Aussitôt, il envoya une de ses chaînes – maintenant parsemées de pointes aiguisées – sur les monstres, les tuants coups sur coups. Vortex, quant à lui, évitait soigneusement les puissants coups de griffes qui s’abattaient sur lui et riposta de plusieurs coups bien placés.

L’affrontement fut rude, les créatures arrachaient à mains nues les membres des résistants trop faible pour résister, envoyant gicler aux alentours plusieurs litres de sang. Cependant, la combinaison des chaînes de Chik et de l’épée de Vortex suffit à anéantir la plupart de ces monstres.
Arriva un moment où les résistants ne répondirent plus qu’au nombre de huit, tandis que les Métal-Heads et les Créateurs Noirs n’étaient encore que des centaines. Les coups farouches d’un malheureux soldat réussirent à tuer un Métal-Head au moment où un autre lui transperça l’abdomen de son puissant bras.

Chik, épuisé, continua à assener des coups de Zares’roks un peu partout.

-Chik : Si l’on veut survivre, il va falloir que l’on court jusqu’à cette foutu centrale électrique ! Sinon nous ne survivrons pas !
-Vortex : Tu as raison !

Vortex gueula l’ordre à tous les résistants encore vivants pour l’entendre. Et aussitôt, ils se ruèrent rapidement – et envahis par de la folie pure – vers la pente d’où affluait les bêtes sanguinaires.
La descente fut rapide, envoyant des coups de droite à gauche, aucun Métal-Heads ni Créateurs Noirs ne réussit à les blesser fatalement ; pourtant, leurs corps tranchés témoignent de leurs essais.

Après quelques minutes, les quatre survivants se mirent à courir au milieu du tas de ruine de Métropolis, poursuivis par une vague noire impressionnante…