Ratchet DeadZone - Chapitre 22

Auteur : VideoGammerMan

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La planète était parfaitement ronde, boule de feu resplendissante dans la noirceur de l’espace. Elle tournait lentement sur elle-même, toujours à la même vitesse, toujours selon le même angle de rotation. Il en avait toujours été ainsi. Le globe était entouré de dizaines d’anneaux de feu, protégeant son atmosphère de cendre des comètes et autres astéroïdes perdus. Personne n’avait jamais réussi à traverser ces anneaux. De toute façon, l’astre avait été classé comme étant une étoile, un soleil miniature. Aucun être vivant ne savait que sous la couverture de feu de DeadFire se trouvait une planète constamment plongée dans l’ombre. Aucun être vivant hormis un. Le Gardien de la Relique Sacrée, enfermé depuis des millénaires dans sa prison de cendre : Amon Râ.

Ratchet fut projeté au sol. Il roula dans la poussière et se releva en toussant. Il remarqua immédiatement l’obscurité régnant sur le lieu. Il s’attendait à débarquer en plein milieu d’un brasier, mais c’était tout le contraire qui s’offrait désormais à ses yeux : une immense plaine noire s’étendait à perte de vue. L’endroit était étrangement silencieux. Ratchet leva alors les yeux au ciel et resta cloué sur place.

Dans le ciel s’agitaient de gros nuages gris poudreux qui semblaient dériver au gré d’un vent inexistant. Au delà de cette fumée céleste, un orage de feu semblait avoir lieu. Des éclairs de lave fendaient le ciel par intermittences, et de grosses masses enflammées perçaient parfois à travers les nuages. Du feu mêlé à la substance constituant les nuages tombait en permanence sur le sol, via une petite pluie noire désagréable.

-De la cendre… murmura une voix derrière le lombax.
Ratchet se retourna d’un coup. Avatar était là, ses yeux profonds rayonnant d’intelligence.
-Je croyais qu’on devait aller sur une planète de feu, murmura Ratchet, méfiant.
-Nous sommes bien sur DeadFire, répliqua le sorcier d’un ton neutre. Aux yeux de tous ceux qui connaissent ce nom, l’endroit n’est qu’un soleil miniature. De l’extérieur, on ne voit qu’une boule de feu incandescente. La vérité est que l’atmosphère de cendre est protégée par des dizaines de milliers d’anneaux de feu, donnant à l’ensemble l’aspect d’un brasier. C’est une planète morte, où les pluies de cendre tombant constamment ainsi que l’obscurité créée par ces nuages n’ont pas permis à la vie de s’installer.
-Comment Unknown~Soul voulait-il nous envoyer ici par vaisseau ? Les anneaux de feu nous auraient détruits.
-Je n’en sais strictement rien. Maintenant, trouvons la Relique.
-Et comment ? Nous n’avons devant nous qu’une terre de cendre sans aucun relief aussi loin que porte notre maigre visibilité.
-Là est toute la subtilité de la chose. L’endroit où est caché la Relique ne se trouve pas en surface, mais sous nos pieds.

-Comment tu sais ça ?
-On me l’a enseigné quand j’étais jeune.
-C’est Kain qui te l’a appris, n’est-ce pas ?
Avatar attrapa le lombax par l’épaule et le fixa intensément.
-Que sais-tu de Kain ?
Mais Ratchet ne répondit pas. Il semblait revenir d’ailleurs.
-Non, ce n’est pas Kain qui te l’a enseigné. Tu as volé ces informations.
Avatar repoussa le lombax qui s’écroula dans la cendre.
-Je ne sais pas quels sont ces pouvoirs que tu possèdes, cracha le sorcier d’un air méprisant, mais si j’étais toi, je ferais attention à la façon dont tu les utilises. Si tu refouilles mon passé encore une fois, c’en est finit de ta misérable vie.
Ratchet, toujours allongé, leva les yeux vers Avatar et vit que l’air du sorcier n’avait plus rien d’amical. Il était devenu au moins aussi noir que la cendre sur laquelle ses pieds reposaient.
-Très bien, continua le mage. Maintenant, allons trouver cette Relique.
Il crispa ses mâchoires et son bâton étincela. L’instant d’après, il n’y avait plus personne sur le sol de cendre.

Ratchet eut la désagréable impression d’être compressé, puis ses genoux heurtèrent un sol de pierre. Il étouffa un cri de douleur et resta un instant sans bouger. Puis il tenta de mouvoir ses membres antérieurs, et voyant qu’il y arrivait, examina l’endroit. Il se trouvait dans une assez petite salle pavée de pierre. Le plafond était relativement bas, et la hauteur de la salle ne dépassait pas deux mètres. Des torches étaient accrochées sur chaque mur à intervals réguliers.
« Où suis-je encore tombé ? »
C’était la seule question qui venait à l’esprit du lombax. Il réussit à se lever et fit quelques pas. Alors seulement, il remarqua l’absence d’Avatar.
« Putain il est passé où encore celui-là ? »
Ratchet se sentait bizarre. S’il regorgeait de forces quelques minutes plutôt, il était désormais exténué physiquement et moralement. Que s’était-il donc passé ? Le lombax eut alors une intuition, et son cœur se mis à battre de plus en plus fort. Il passa sa main dans son dos, pensant que ses doigts se refermeraient sur la poignée de la Reaver, mais ils ne rencontrèrent que le vide. De la sueur perla sur le front du lombax. Avatar avait disparu. Avec la Reaver.

-Et merde !
Ratchet comprenait désormais sa faiblesse soudaine. Maintenant qu’il avait goûté au pouvoir de la Reaver, il ne pouvait plus s’en séparer. Sans elle, il n’était plus rien. Il fit quelques pas et s’aventura dans le couloir qui quittait l’endroit, mais l’atmosphère étouffante du lieu ne l’aidait pas. Il avança encore un peu et déboucha dans une nouvelle salle. Alors il comprit où il était : il était au centre de DeadFire, face à la Relique, face à son destin.

L’endroit était tout simplement gigantesque. Tout y était disproportionnellement grand. La salle, d’environ vingt kilomètres de long sur dix de large, était éclairée par une énorme lampe suspendue au plafond, à un ou deux kilomètres du sol. Cette lampe produisait tellement de lumière que la pièce, aussi grande fut-elle, était entièrement visible. Des hiéroglyphes, peints sur chaque centimètre de pierre, recouvraient tout. Au milieu de la salle se tenait une créature colossale, un Titan parmi les Titans, un Dieu parmi les Dieux : Amon Râ.

On le représentait comme un homme, mais il n’en était guère un. Une tête reptilienne allongée, des crocs de plusieurs mètres de long, un gigantesque corps écailleux, deux ailes repliées, et une queue s’enroulant autour de son corps, Amon Râ était ce qu’on appelle communément un Dragon.
S’il avait été un des Dieux fondateurs de l’Univers, Râ semblait avoir perdu son ancienne puissance. Il était allongé au centre de la pièce, visiblement endormi dans un sommeil de plomb. Ses écailles rougeâtres reflétaient la lumière de l’artéfact. Car oui, ce qui servait de lampe à la salle, Ratchet en était sûr, c’était la Relique.

Le lombax n’arrivait plus à décrocher ses yeux de la boule de feu géante. Comment allait-il récupérer cet artéfact ? De plus, il était sur un promontoire surplombant la salle, et ne savait absolument pas comment rejoindre le sol. Il fit un pas, toujours sans détacher sa vue de la relique. Aussitôt, il sentit le sol se dérober sous ses pieds. En une seconde, sans comprendre comment, il avait perdu ses appuis. L’instant d’après, il était debout, sur le sol de la gigantesque salle.
-Putain qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Il ne comprenait rien à ce qu’il venait de se passer. L’endroit était étrange, comme empreint d’un ancien pouvoir. Ce qui était le cas, d’ailleurs, songea Ratchet. Des fumées se dégageaient d’un peu partout. Le gaz était rougeâtre, et se diluait directement dans l’atmosphère au contact de l’air. Quelque chose clochait… Ratchet continua à avancer. Les vapeurs se firent plus intenses. La vue du lombax se troublait. Tout cela n’était normal. D’un coup, une douleur lancinante fit son apparition dans l’esprit du lombax. Il se prit la tête entre les mains, mais la souffrance était trop forte, trop irréaliste pour être vraie. Il tint encore une seconde, puis tout bascula.

Il était dans une pièce sombre et éclairée par une petite ampoule en fin de vie. Devant lui se trouvaient des barreaux. Il se crut d’abord emprisonné. Mais il comprit bien vite qu’il ne se trouvait pas à l’intérieur de la prison, mais bien à l’extérieur. Ratchet cligna des yeux. La douleur avait disparu aussi soudainement qu’elle était apparue. Le lombax commençait à s’habituer à l’obscurité, et il distingua une silhouette assise sur le sol de l’autre côté des barreaux. Celle-ci était recroquevillée sur elle-même en position fœtale, et ne bougeait pas. L’endroit était froid et inhospitalier. L’être devait être ici depuis un bout de temps, à en juger par l’état de la tunique qu’il semblait revêtir au-dessus de lui. Ratchet était persuadé d’avoir déjà vu cette chose quelque part. Mais où ?
-Approche.
La voix s’était élevée, lente et grave. La silhouette n’avait toujours pas bougée.
-Je ne peux pas vous rejoindre ; vous êtes de l’autre côté de la grille, répondit le lombax d’une voix bizarrement naïve.
-Je suis enfermé, oui. Mais pas toi. Tu n’es pas réellement ici. Tout ceci n’est pas réel. Approche Ratchet.
Le lombax fit un pas, pensant rencontrer le métal froid de la grille, mais ne toucha rien d’autre que le sol : son pied avait traversé les barreaux. Ratchet eut un sursaut, mais continua d’avancer, et cinq secondes plus tard, il fut de l’autre côté.

Il distinguait désormais mieux l’être lui faisant face. Le dos courbé, les genoux repliés, la tête baissée, il avait la carrure d’un vieil homme. Plus que jamais, Ratchet aurait juré avoir déjà vu cette personne.
-Qui êtes vous ? murmura le lombax.
-Peu importe mon nom puisque tu ne me connais pas. Saches simplement que je suis un membre d’une race oubliée, d’une race que personne n’a jamais connu dans l’Univers.
-Où sommes-nous ?
-Là où mes geôliers ont jugé bon de m’enfermer, je suppose, répondit le vieil homme avec un très léger sourire.
-Merde, mais qu’est-ce que je fous là ? J’étais sur DeadFire quand Avatar m’a touché et…
-Avatar… l’interrompit l’homme. Cet être est bien plus puissant que tout ce que tu peux imaginer.
-Que voulez-vous dire ?
-Nous n’avons plus que très peu de temps. Écoute-moi bien. Je t’ai fait venir ici car tu es le seul à pouvoir défier, et vaincre, le Destin. Il y a très longtemps, lorsque les six Dieux enfermèrent le DarkDeath dans l’Univers, le premier être vivant au Monde a formulé une prophétie. Nul ne sait comment, mais tout le monde le sait. « Lorsque les Six éléments primaires, la Femme, le Feu, la Glace, l’Eau, la Pierre et le Sang seront réunis, alors l’Univers éclatera et il en surgira le Créateur, le Dévoreur des Mondes, le Destin en personne, le DarkDeath. » Ma tâche était de veiller à ce que ceci n’arrive jamais. Mais l’être le plus puissant de l’Univers, Unknown~Soul, s’est allié avec celui que tu nommes Avatar. À eux deux, ils ont réussi à trouver la seule personne capable d’accomplir la prophétie. Toi.
Ratchet réfléchissait à toute vitesse. Il recoupait les nouvelles informations à celles qu’il avait récolté lors de la vision sur le passé d’Avatar.
-Ainsi, commença-t-il, en volant la première relique, qui représentait, je suppose, la Femme, j’ai enclenché un truc pas cool.
-Et ce truc est la Destruction du Monde. En effet, y’a plus cool.
-Ok… Et je suppose que si vous m’avez fait venir ici, c’est pour m’aider à trouver une solution à ce léger problème.
-En effet. Ce que tu as enclenché est irréversible. Artémis est morte, JungleMania détruite, la Reaver en ta possession…
-Euh vous avez oublié un léger détail. Juste avant d’arriver ici la Relique s’était volatilisée.
Le vieil homme releva la tête d’un coup, et des yeux rouge vif s’allumèrent.
-Comment ça ?
-Bah je crois qu’Avatar nous a télétransporté dans le temple de la Relique d’Amon Râ, mais j’ai dû avoir du mal supporter le voyage, puis rester quelques secondes inconscient, et il en a profité pour me la subtiliser. Je suppose.
Son ton était sérieux, mais il y avait subtilement mêlé une touche ironique. Le vieil homme se mit à trembler et les contours de la prison devinrent flous. Alors le prisonnier se leva et se campa devant le lombax. Même courbé, il était grand et impressionnant. Alors Ratchet se souvint.
-Mais vous êtes…
-Peu importe qui je suis, coupa l’homme. Écoute-moi bien Ratchet. Tu dois absolument récupérer la Reaver. Tu n’aurais jamais du te fier à Avatar. Il est plus fort que toi. N’essaye pas de le neutraliser, ou il t’abattra d’un coup de bâton. Sois le plus malin et récupère cette Relique ! Ensuite, devance-le et pars chercher les autres artéfacts. Mais ne tue pas leurs Gardiens. Pactise avec eux.
-Comment cela ?
Toute la salle était devenue floue, et la voix du vieil homme semblait de plus en plus distante.
-Fais ce que je t’ai di, Ratchet. Ou nous sommes tous perdu.

Loin de là, à bord du vaisseau d’Unknown~Soul.
Cervantes tournait en rond. Vingt quatre heures déjà qu’il était enfermé dans cette cellule. Il n’en pouvait plus. Il voulait sortir, se défouler, massacrer des trucs. Reprendre sa routine habituelle, en fait. Les autres survivants de l’Elite étaient là, eux aussi. Farah, Dan, W3RM, Dante, Jak, Daxter, Kaileena, Kilik, Kya, Rayman, Lara, le Prince de Perse et Clank… Certains dormaient, exténués par ce qui leur était arrivé sur JungleMania, d’autres semblaient plongés dans leurs pensées, mais aucun ne semblait pressé de sortir de sa cellule. Aucun à part un. Cervantes.
-Nan, mais regardez-vous ! gueula-t-il incapable de se contenir plus longtemps. On dirait des larves ! Vous comptez rester enfermé ici toute votre misérable vie ?
-On ne peut rien faire, protesta Kilik. Donc on se repose. Et on attend.
-Vous attendez quoi ? Qu’on vienne vous ouvrir la porte ?
-Nous sommes sous surveillance audio et vidéo vingt quatre heures sur vingt quatre, l’interrompit Lara. Alors si j’étais toi je ferais mieux de fermer ma gueule.
-Mais tu n’es pas moi, poupée, c’est bien là tout le problème. Alors range tes deux pyramides en silicone et trouve une solution à notre problème.
Lara le fusilla du regard mais ne répondit pas. « Le meilleur moyen de s’affaiblir, c’est de s’entretuer », songea-t-elle sagement.
Le silence s’installa de nouveau, et le pirate continua de tourner en rond en ruminant.

Quelques minutes plus tard, Cervantes cherchait toujours comment s’échapper de ce trou à rat lorsqu’un bruit mécanique perça le silence. Une seconde plus tard, la porte s’ouvrit. Un robot entra dans la pièce. Il flottait quelques centimètres au-dessus du sol et était dépourvu de membres inférieurs. C’était un classique droïde ménager, le fusil à pompe dans les mains en plus.
-Veuillez me suivre sans discuter. Unknown~Soul désire vous parler. Ne commettez pas d’imprudences. Je suis bien armé, et vous êtes dépouillés de tout accessoire.
Le pirate rêvait d’aller lui tordre le coup, mais il était encore sous surveillance vidéo. Plus tard…
Les survivants se regardèrent, puis se levèrent sans un bruit et suivirent le robot, qui s’engagea dans le couloir. Tout se passa alors très vite. Cervantes se glissa derrière le droïde, lui attrapa la tête et la tourna d’un coup sec. Celle-ci retomba sur sa poitrine, inerte. Mais l’automate, bien loin de tomber sans vie, se retourna d’un coup, fusil chargé. Bien mal lui en pris. Dix secondes plus tard, il était éventré, corps séparé des deux bras.

-Quelle douceur, ironisa Lara en s’avançant vers le pirate et les restes du robot. Et on fait quoi maintenant ?
-Je peux peut-être reprogrammer ce droïde pour qu’il nous mène à un vaisseau de secours, commenta Clank.
-Demande-lui plutôt l’armurerie, répliqua Kilik. Nous n’irons nulle part sans arme.

À quelques milliers de kilomètres, sur DeadFire.
Ratchet ouvrit les yeux. Il était allongé sur le sol de pierre du promontoire qui surplombait la salle de la relique. Il ne comprenait pas. Il croyait être descendu… Il jeta un coup d’œil à l’immense pièce et comprit alors ce qu’il s’était passé : Avatar était en bas, face à Amon Râ, désormais réveillé. Il tenait la Reaver dans une main et son bâton dans l’autre. Il avait du assommer le lombax avant de descendre rejoindre le Dieu. Ratchet, qui avait dû manquer un épisode, ne dit rien et attendit. Une voix grave et puissante résonna dans le hall.
-Je savais que tu viendrais.
-C’était inévitable.
-Tu cours à ta perte. Tu n’es pas celui de la prophétie.
-Je suis au-dessus de la prophétie.
-Même ton père est concerné par la prophétie. Tu ne peux y échapper. Si tu oses m’affronter, tu périras. D’une manière ou d’une autre.
-C’est ce que nous verrons.
Une onde de choc sembla alors sortir du sorcier pour directement percuter le Dieu. Celui-ci poussa un grognement de rage et cracha une boule de feu qui fut parée par une nouvelle onde de choc. Râ, jusqu’alors couché, se leva alors, emplissant toute la pièce. S’ensuivit une bataille titanesque. La magie d’Avatar de semblait pas atteindre le dragon, qui attaquait toujours avec la même rage dévastatrice. Mais les pouvoirs du sorcier, s’ils ne semblaient pas avoir de vrais vertus offensives, avaient une vraie fonction défensive : ni le feu, ni les griffes, ne venaient entailler le sorcier.

Mais tout à une fin. Un coup de patte mieux placé que les autres empala littéralement Avatar sur une griffe. Malgré cela, le sorcier s’extirpa de l’ongle du Dieu et, revigoré par la Reaver, se mit à courir sur l’avant-bras de son adversaire. Celui-ci essaya de le faire lâcher, mais il tenait bon. Vingt secondes plus tard, il avait atteint la bouche du monstre.

Le coup fut terrible. Le pouvoir mêlé du bâton et de la Reaver se précipita à travers la gueule de Râ, qui laissa échapper un cri de douleur, avant de s’écrouler, gravement blessé. Avatar retomba souplement sur le sol.
-Qu’est-ce que tu disais déjà ? cria-t-il avec un sourire. Je suis le meilleur, nul ne peut me vaincre.
Le Dieu, cruellement affaiblit, laissa échapper un grognement roque.
-Mwahahahaha ! triompha le sorcier. Il est temps d’en finir.
Il leva ses deux armes, prêt à détruire Râ.
Alors Ratchet sut qu’il devait agir.
Il se jeta au bout du promontoire et entama une descente rapide, s’aidant des quelques corniches naturelles disposées assez régulièrement dans la paroi. Mais il était déjà trop tard. Le sort en était jeté. Avatar s’était stoppé en plein mouvement, et il fixait désormais la lame qui lui transperçait le corps. Cette lame, il la connaissait. Dentée au milieu, recourbée au bout, d’une cinquantaine de centimètres, c’était une lame du Chaos.

Tout alla très vite. L’arme plongée dans le corps du sorcier se retira pour replonger dans le sol à l’endroit où elle était apparue et, une seconde plus tard, les dalles explosèrent. Du sol sortit un grand chien noir dont les trois têtes fixaient dangereusement Avatar. Sur son dos était assis une légende, un mythe, celui qui venait une nouvelle fois de défier la Mort : Kratos.

-Ce Dieu est à moi ! hurla le Spartiate. Et à personne d’autre !
Les lames du chaos tourbillonnèrent, mais le sorcier, encore sous la surprise, reprit ses esprits à temps et para l’attaque.
-Kratos… murmura Avatar. Décidément increvable. Comment es-tu sorti des Enfers cette fois ?
-En combattant et en soumettant Hadès, le Dieu des Morts, répliqua le spartiate avec un haussement d’épaule. Il a été sympa, il m’a même passé son animal de compagnie, continua-t-il en désignant l’énorme chien à trois têtes. Maintenant, ôtes-toi de mon chemin !
La réponse du sorcier fut courte, précise, et mortelle : une onde de choc balaya le spartiate et sa monture, les projetant à l’autre bout de la salle. Ratchet, qui était resté quelques secondes sans bouger, stupéfait par ce qu’il voyait, continua sa descente.
-Tu crois vraiment que ta magie peut quelque chose contre moi ? hurla le guerrier. Je ne sais pas qui tu es, mais tu ferais mieux de t’incliner à mes pieds !
Une boule de feu s’écrasa à deux centimètres du spartiate, projetant des débris brûlants sur sa peau nue.
-Très bien.
Kratos leva alors le bras. Aussitôt, le sol se mit à trembler, et les dalles de disloquèrent. Alors ils apparurent. Des morts, des dizaines de morts… Une bonne partie de ceux que le spartiate avait tué durant sa vie. Ils surgissaient du sol, le visage balafré, le corps mutilé, mais ne sentant pas la douleur. En quelques secondes, Avatar fut assailli de toute part. Les créatures n’étaient pas puissantes, mais elles ne semblaient pas souffrir des sorts que le sorcier leur lançait, et elles revenaient sans cesse à l’assaut.
-Les Morts sont immortels ! lança Kratos en riant. Un autre cadeau du Seigneur des Enfers.
Pendant ce temps là, Râ reprenait sur lui. Il se sentait mieux, mais il était toujours faible. Aussi ne prêtait-il que peu d’importance au spectacle qui se déroulait devant ses yeux. Ratchet, quant à lui, s’était arrêté. Pénétrer dans cette forêt de morts vivants relevait du suicide, même si Kratos était normalement de son côté.

Avatar succombait. Les Morts, armés de glaives, d’épées ou d’arbalètes le harcelaient. Malgré sa force, il ne pouvait contrer toutes les attaques en même temps. Un sabre finit par lui transpercer l’épaule. Il poussa un grognement et relâcha son attention. Il n’en fallut pas moins aux attaquants pour redoubler d’efforts. Quelques secondes plus tard, la main gauche du sorcier vola, avant de retomber, inerte. La Reaver, qui s’y trouvait logée, percuta le sol dans un bruit métallique. Avatar sut qu’il avait perdu. Néanmoins, il insista. Ruisselant de sang, il démembra encore quelques cadavres, mais une flèche l’atteignit au cou, et il s’écroula. Il vit ses ennemis se précipiter pour l’achever. Il ne voulait pas mourir. Il ne pouvait pas mourir ! Les arcs furent bandés, les épées furent levées. Enfin, tout s’abattit. Les dalles explosèrent sous le choc. Les Morts ne comprirent pas tout de suite, mais Ratchet, lui, savait ce qui s’était passé. Car à l’endroit où Avatar s’était tenu quelques secondes plus tôt, il n’y avait plus personne.

-Il nous a échappé… marmonna Kratos. Mais peu importe. L’important est que je récupère la Relique.
-Je ne te laisserai pas faire.
Amon Râ, toujours faible mais ayant légèrement récupéré, s’était redressé et barrait désormais le chemin au spartiate.
-Les Dieux sont vraiment suicidaires. Mais je vais être clément. Tu me laisses prendre la Relique, et je te laisse vivre.
-Toujours la même prétention. Tu n’es pas celui de la prophétie. Pas plus que celui que tu viens de chasser d’ici. Tu vas vite le rejoindre si tu t’obstines.
-Quelle prophétie ?
-Peu importe.
-Alors, tu vas mourir.
-Kratos, non !
Ratchet avait crié. Il se souvenait encore des paroles du vieil homme. « Mais ne tue pas leurs Gardiens ».
-Que fous-tu ici, lombax ? cracha le spartiate, surpris.
-Je viens chercher la Relique. Je suis celui de la prophétie.
Kratos éclata d’un rire tonitruant, et se mit à marcher vers Ratchet, qui était toujours aussi désarmé.
-La prophétie ? cria-t-il. Je vais la détruire, cette prophétie !
Il arrivait au niveau du lombax. Ce dernier recula, mais il était trop tard. Les deux lames du chaos fendirent l’air, se plantant dans la cage thoracique de leur victime, puis s’extirpant dans une gerbe de sang. Ratchet tomba à genoux, et regarda son sang s’écouler. Il cligna des yeux. Il n’arrivait pas à y croire. Il essaya de balbutier quelque chose, mais n’y arriva pas. Il se sentit tomber, et sa tête heurta douloureusement le sol de pierre. Il resta là, étendu, pas encore mort, plus totalement vivant. Kratos, lui, était déjà passé à autre chose. Ratchet entendit des cris, des rugissements de douleur… Mais tout cela semblait loin, très loin…

Le sol trembla. Le lombax fit un effort surhumain pour rouvrir les yeux. Ce qu’il vit lui arracha un hoquet de surprise, qui se transforma en un sursaut de douleur. À ses côtés reposait une tête de Dragon. La tête d’Amon Râ.

Celle-ci était encore attachée à son corps, mais ce dernier ne semblait pas des plus vivant.
-J’ai échoué, murmura le Dieu. Il va s’emparer du Feu Sacré. La Relique sera sienne.
Au moment même où ces paroles étaient prononcées, la lumière s’éteignit, et la salle fut plongée dans les ténèbres.

-Râ… commença Ratchet. Il y a peut-être un moyen de s’en sortir.
-Lequel ?
-Un pacte…
-Un pacte ? Qu’est-ce qui te fait croire que tu es digne de pactiser avec moi ?
-C’est simple. Soit nous pactisons ensemble, soit nous mourons ensemble.
-Alors je mourrais. Je ne peux m’abaisser au point d’offrir mon âme ainsi.
-Votre âme n’est plus rien ! Dans quelques secondes, elle sera détruite. Si nous associons nos âmes, nous pouvons vivre…
-Cela n’y changera rien. La Relique a été volée. La planète va mourir. Elle va exploser dans un déluge de feu. Kratos possède les pouvoirs d’Hadès. Il peut s’enfoncer dans le sol d’une planète pour réapparaître dans les souterrains d’une autre… Il est sûrement déjà parti. Mais nous, nous n’avons aucune issue.
-Qui ne tente rien n’a rien ! Nous devons tenter !
-Tu es jeune et fougueux. Tu ne peux pas comprendre.
-Et votre prophétie alors ? Si je meurs, comment pourra-t-elle se réaliser ?
Ratchet sut qu’il avait vu juste à l’expression du Dieu.
Celui-ci ne répondit pas, mais tendit sa gigantesque patte au-dessus de Ratchet et l’attrapa. Ce dernier glissa dans la paume du Dragon, répandant une traînée de sang sur les écailles rougeâtres.
-Ratchet, continua Râ, je ne peux pas pactiser avec toi. Tout simplement parce que je n’ai plus d’âme depuis longtemps. Mon âme a été enfermée dans le Feu Sacré. Elle ne m’appartient plus.
-Alors, c’est fini… soupira le lombax d’une voix fatiguée.
-Je le crains.
Ratchet articula une grimace de douleur. Il avait froid. Si froid… Il avait l’impression de s’éloigner de son corps, petit à petit, centimètres par centimètres. Quelques larmes coulèrent le long de son visage. Il eut une pensée pour Sasha, qu’il avait abandonné à Unknown~Soul, une pensée pour les membres de l’Elite, qu’il avait entraîné malgré eux dans cette quête suicidaire, une pensée pour tous les mystères de l’Univers et de l’Au-delà, qui ne seraient jamais résolus.
-Finalement, c’était pas mal de vivre, articula-t-il difficilement.
Amon Râ poussa un long soupir, qui résonna en écho dans la caverne.
Les deux êtres se regardèrent une dernière fois, et chacun put voir sa propre souffrance dans les yeux de l’autre.
Il y eut un dernier battement de cil et ils moururent.



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