Devinez quoi… Marty O'Donnell a gagné son procès contre Bungie/Activision, et par la même occasion, tous les détails entourant cette sombre affaire de licenciement ont éclaté au grand jour. Le site Venturebeat nous raconte aussi le pourquoi du comment le compositeur attitré du studio, et l'un de ses co-fondateurs, a fini par quitter l'aventure Bungie après plus de 20 ans de loyaux services.
Tout commence en 2012. Il est acquis que la franchise Destiny sera perpétuée et financée pendant pas moins de 10 ans par Activision. Bungie demande alors à O'Donnell de composer la musique de l'intégralité de la saga. Non pas du premier opus seulement, mais bel et bien de la saga. Autrement dit, il lui était incombé de créer l'ensemble des thèmes musicaux qui allaient accompagner l'univers Destiny pendant 10 ans.
Il compose ainsi une immense suite orchestrale, en huit mouvements, nommée Music Of the Spheres. Un ouvrage qu'il qualifie comme étant son travail le plus abouti et ambitieux jusqu'alors. Ses partitions seront interprétées et enregistrées début 2013, et le studio travaille dès lors d'arrache-pied en vue de la présentation du jeu à l'E3.
Seulement voilà… O'Donnell, grandement frustré du fait qu'Activision rechigne à publier l'ouvrage Music Of the Spheres en tant que produit séparé, commence à exprimer des craintes auprès des dirigeants de Bungie quant à la liberté créative et intellectuelle du studio au sein d'un contrat chez l'éditeur mondial #1. Il reproche ainsi à son studio de n'avoir pas consenti les efforts nécessaires pour pousser la publication de son oeuvre. Sa frustration n'en n'est que renforcée. Et cela n'allait pas s'améliorer…
Peu de temps avant l'E3, Activision se permet de remplacer la musique d'O'Donnell dans le premier trailer du jeu par une autre musique de son choix, et ce sans avertir le studio. O'Donnell réagit furieusement face à cette décision qu'il juge scandaleuse et demande aux managers du studio de faire valoir leur droit de veto. Ce qu'ils feront, mais en vain, Activision outrepassant cette objection.
Les relations entre le compositeur et le studio vont mal, O'Donnell ressentant une dégradation de l'ambiance au sein de Bungie depuis son accord avec Activision. Forcément, l'équipe est sous pression, c'est leur plus gros projet, et il est produit par l'éditeur le plus influent du milieu. Son attitude répressive lui est reprochée, et les dirigeants de Bungie estiment qu'il s'accorde trop d'emprise sur la direction audio du projet. Bref, son comportement ne plait pas à l'équipe, qui juge par ailleurs son attitude néfaste aussi bien pour le projet que pour l'équipe. Sa forte insistance commence à déranger, et Activision met en garde Bungie sur le fait que son comportement risquerait d'endommager leurs relations éditoriales avec le studio. L'un des managers du studio suggère ainsi de licencier O'Donnell.
Léger "souci" : O'Donnell détient des parts sur le studio et ses projets, en tant que l'un des 7 financiers de Bungie. Ryan, le manager en question, termine alors prématurément le contrat qui lie le compositeur au studio, de peur que son attitude finisse par entraîner des représailles de la part d'Activision et qu'il donne une mauvaise image du studio et de son projet. Ne pouvant risquer une fracture du contrat les liant à Activision, Bungie a ainsi sacrifié l'un de ses principaux membres, en lui refusant ses propres parts. Et c'est sur ce point précis qu'un procès a été porté, et qu'au final O'Donnell a remporté l'action judiciaire contre Bungie en réclamant des sommes lui revenant de droit.
Finalement, O'Donnell a fini par fonder son propre petit studio indépendant, mais ne possède plus aucun droit sur la musique qu'il a composée pour Destiny. Reste à avoir si l'ensemble des thèmes de l'ouvrage Music Of the Spheres continueront d'alimenter les futurs opus de la saga, ou si Activision imposera un changement majeur à ce niveau.
Une bien triste histoire en somme. Je comprends aussi bien la frustration d' O'Donnell de voir son travail sous-évalué après autant d'années d'implication dans la vie de Bungie, que la crainte du studio de voir ses relations éditoriales (et donc vitales) endommagées faute à l'un de ses membres.
Personne ne pourra cependant reprocher à O'Donnell d'avoir poussé un coup de gueule et d'avoir bataillé pour la reconnaissance de son travail, plutôt que de faire la fine bouche et laisser couler.
Source : http://venturebeat.com/2015/09/04/ex-bungie-composer-marty-odonnell-wins-epic-legal-fight-with-former-bosses/