Raven - Chapitre 8

Auteur : gag_jak

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Chapitre 8
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« L’aube se leva, envahissant le ciel des couleurs jaune, rouge et orange, pour donner un résultat d’une beauté éclatante. Au loin, j’entendais quelques oiseaux chanter, gazouillant des airs joyeux. Dans les rues, quelques piétons se baladaient déjà, s’arrêtant quand ils croisaient quelqu’un de leur connaissance et discutant gaiement ; souvent, tout cela se finissait sur un éclat de rire, puis ils reprenaient leurs chemins. Ils avaient une belle vie, non sans soucis, mais une belle vie. Une vie heureuse.
Quant à moi, affalé contre un mur dans une sombre ruelle dans laquelle les lueurs du jour arrivaient à peine à passer, les vêtements imbibé de sang qui n’était pas le mien, j’avais une vie misérable. Une vie monstrueuse. D’ailleurs, j’en étais un, de monstre. Je changeais les vies heureuses en vies malheureuses, désastreuses. Comme celle de cette fille, traumatisée à jamais. Jamais elle n’oublierait mon visage, cruel et sans-pitié. Jamais elle n’oublierait la façon dont j’avais tué ses deux amis. Toujours, au fond d’elle, elle garderait un sentiment de haine et de vengeance. Jamais je n’aurais cru devenir ce que j’étais à présent. Un monstre, un démon…

Moins d’une heure après que la fille se soit enfuie, la nuit dernière, des sirènes de police avaient brisé le quasi-silence de la soirée. Ces sirènes signifiaient sûrement que la fille avait tout raconté, et que la police arrivait à présent, pour vérifier ce qu’elle disait. Aussi, je dus m’échapper. Ce fut sans mal, avec ma rapidité exceptionnelle… Je partis m’assoupir dans une autre ruelle, loin de celle-ci, pour être sûr de ne pas être dérangé. Quelques minutes plus tard, je m’endormis, me transportant dans un monde où je n’avais jamais fait de mal à qui que ce soit, et où je n’avais jamais eu ce désir dépravé qu’était celui de tuer…

Une fois réveillé, j’étais resté longtemps tapi dans l’ombre, sans bouger. Maintenant que j’avais l’argent, qu’allais-je faire ? A cette question, je ne parvenais pas à répondre. Bien entendu, j’allais pouvoir m’acheter à manger et à boire, j’allais pouvoir survivre. Mais à part ça ? Allais-je m’acheter un foyer où vivre heureux jusqu’à la fin de mes jours ? Certainement pas ; il fallait que je règle son compte à Slim…. Et maintenant, après ce que j’avais fais la veille, tout le monde allait connaître mon visage. Je n’avais aucune chance de pouvoir vivre sans me faire repérer… Métropolis n’était pas la ville où il fallait que je vive… je devais même changer de planète. Maintenant que les autorités savaient que j’y étais, je risquais de plus en plus gros à y rester…
Une chose était sûre, en tout cas, Raven Cognito devait se faire oublier.
Je devais vivre sans être une menace. Vivre en étant un bienfaiteur au lieu d’un malfaiteur. Vivre dans l’ombre. Vivre oublié. Etait-ce bien possible ? J’en doutais fortement. Mais je ne devais plus commettre de crime, cela était certain.

En attendant, il fallait que je me nourrisse et que je m’abreuve. Cela faisait plus d’un jour entier que je n’avais plus mangé, et bien une demi-journée que je n’avais plus bu. J’étais faible et presque à bout de force, même si la nuit m’en avait rendu quelques unes. Aussi, je me relevais, non sans difficultés. Mes muscles étaient engourdis par la position inconfortable dans laquelle je m’étais endormi. Pour rester en équilibre, je dus rester appuyé dos contre le mur pendant plusieurs minutes ; puis, je me dirigeai vers la sortie de la ruelle en boitillant, le sac plein d’argent sur mon dos. Je n’avais désormais plus qu’un mètre à faire pour arriver dans une rue où les gens affluaient de partout… Mais qui sait ? J’allais peut être me fondre dans la foule. C’est vrai, les types trempés de sang, ça court les rues…
Quoi qu’il en soit, je n’avais pas le choix… Soit je me montrais au grand jour en prenant le risque de me faire repérer, soit je mourrais de faim dans la ruelle. Aussi, je fis le mètre qu’il me restait.

Tout de suite, les éclats des soleils de Kerwan m’éblouirent et je dus lever un bras pour me protéger. Je jetai un bref coup d’œil à la rue : c’était un quartier piéton, aucun véhicule n’y circulait. Il devait y avoir une quarantaine de personnes qui y marchaient, voire plus. Il y avait çà et là des petits commerçants qui essayaient de gagner leur vie comme ils le pouvaient. Je m’avançai dans cette nuée de monde, essayant d’oublier que mes vêtements noirs étaient teintés de rouge. Je cherchai des yeux un éventuel marchand de nourriture, mais je n’en voyais pas. Je continuai donc à avancer, en baissant la tête pour qu’on évite de trop s’attarder sur mon visage…. Mais les gens ne faisaient pas attention à moi, de toute façon. Ils avançaient précipitamment, regardant droit devant eux, n’accordant que peu de regards aux personnes qui les entouraient ; et la majorité du temps, c’était seulement pour les éviter.
Quelques mètres plus loin, la voix de quelqu’un qui clamait quelque chose parvint à mes oreilles. De là où je me trouvais, je ne parvenais pas à comprendre un traitre mot de ce qu’il pouvait bien raconter. Par conséquent, je décidai donc de me rapprocher de lui pour entendre ce qu’il avait à dire. Et quand enfin je percevais les sons distinctement, cela ne me plut pas du tout. L’homme, qui devait avoir trois ans de plus que moi à tout casser, brandissait fièrement un journal et annonçait ce qu’on pouvait trouver à la une :

« Un psychopathe en ville !! Une quinzaine de morts violentes !! La banque inviolable violée ! Si vous voyez cet homme, merci de prévenir les autorités ! Restez sur vos gardes ! Il peut être n’importe où !! ».

Bien entendu, une photo de moi en assez grand format était imprimée sur chaque première page de cette édition du journal. La façon dont les autorités l’avaient prise ne faisait planer aucun doute dans mon esprit. A vrai dire, même, je m’y attendais. Quand l’adolescente est allée tout raconter à la police – ce qui est évident –, cette dernière a dépêché des hommes sur le lieu du crime pour vérifier la véridicité des faits. Après cette vérification positive, les autorités voulaient bien évidemment avoir une image de moi, pour pouvoir m’identifier facilement.
Ils ont donc fait appel à des spécialistes en ophtalmologie pour scanner l’œil de l’adolescente. Avec une technique spéciale – qui consiste à récupérer les informations que le nerf rétinien a envoyé au cerveau – on peut enregistrer les éléments qu’une personne – vivante, cette opération ne marche pas sur les cadavres puisque le cerveau est éteint, en quelque sorte – a vu pendant les deux dernières heures. Et j’étais suffisamment près de la fille pour que l’image soit bien nette, et mon visage bien apparent. Bien entendu, ce n’était qu’une supposition… mais c’était la seule solution qu’il y avait à ce problème, car c’était la seule possible. En d’autres termes, peut être aurai-je du tuer cette fille… même si le prix à payer pour ma conscience aurait été insoutenable.

Quoi qu’il en soit, avec ce type qui braillait de telles choses sur moi en brandissant ma photo, alors que j’étais justement à moins de cinq mètres de lui, je ne me sentais pas du tout en sécurité… Surtout qu’il distribuait les journaux à qui en voulait, sans leur faire payer. J’avais du faire un sacré choc envers la mairie de Métropolis pour que l’on donne les journaux gratuitement, simplement pour informer la population de mon existence, et du danger que je représentais pour cette ville, et pour toutes les vies qui s’y trouvaient. Je n’osais même pas imaginer le nombre de flash-spéciaux que les chaînes étaient obligées de passer…
J’allais avoir du mal à passer inaperçu. Terriblement de mal.

Dans l’immédiat, en tout cas, je devais m’éloigner de ce distributeur de journaux… Mais juste au moment où j’allais partir dans la direction opposée, je remarquai qu’il avait avec lui une charrette, et qu’elle servait à transporter de la nourriture qu’il vendait. Il était le seul vendeur de nourriture de ce coin-là, et il fallait bien sûr que ce soit lui qui soit chargé de distribuer les journaux… C’était bien ma veine. Une partie de mon esprit m’ordonnait de m’en aller, de ne pas prendre de risque ; je ne devais pas être capturé par la police. Mais l’autre partie ne pouvait supporter cette absence de nourriture, elle voulait que je mange quelque chose ; ou alors j’allais m’effondrer de faiblesse… Je pouvais très bien chercher d’autres marchands de nourriture, où il y aurait moins de risques à les approcher… Mais qu’est-ce qui me disait qu’il n’y aurait pas d’autres distributeurs de journaux dans leurs parages ? Ou des écrans géants diffusant ma photo ?
Je n’avais donc bel et bien pas le choix, de toute manière. Que j’aille vers ce vendeur là, ou un autre, un danger me guetterait, où que je sois. Je pris donc la cruelle décision d’aller vers ce distributeur de journaux, en ayant parfaite conscience des dangers que cela représentait. Je mis mes cheveux derrière mes oreilles, et époussetai quelque peu mes vêtement, pour que je ressemble le moins possible à la photo du journal.
Mais à vrai dire, je n’avais que très peu d’espoir.

Je fis donc le premier pas, en essayant d’avoir l’air le plus naturel possible, et le moins stressé. Je sortis un billet à l’avance, pour que le vendeur ne voie pas la somme considérable qui se cachait dans mon sac à dos. J’arrivai enfin devant sa charrette ; celle-ci lévitait à quelques centimètres au dessus du sol et contenait toutes sortes de nourritures et de boissons. Alors que je me demandais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui acheter, le vendeur m’interpella :

« Bonjour, jeune homme ! Tu désires acheter quelque chose ? »

Je voulus lever les yeux, par pur réflexe, mais je me ravisai aussitôt. Il ne fallait pas que je le regarde dans les yeux. Il ne fallait pas qu’il me reconnaisse !

« Heu… oui » lui répondis-je simplement, toujours sans lever les yeux « J’aimerais trois sandwichs et une bouteille d’eau, s’il vous plaît.
- Très bien, je vais te donner ça » il se pencha pour attraper ma commande dans la charrette « Ca te fera vingt-cinq boulons ».

Je lui tendis mon billet de cent, en regardant sur ma droite, en essayant de ne pas attirer l’attention.
Le vendeur me donna un sachet contenant tout ce que je lui avais demandé, en me rendant la monnaie en boulons. Après avoir prononcé un bref « Merci », je me retournai, me préparant à marcher à grande vitesse. Ça c’était plutôt bien passé, finalement… Je n’aurais pas du m’inquiéter… Mes cheveux retombèrent sur mon visage, mais je m’en fichais, à présent. Le danger était passé.
J’allais partir, quand soudain, le marchand m’attrapa par l’épaule et me lança :

« Dis, tu ne voudrais pas l’édition du journal d’aujourd’hui ?
- Nan, désolé » dis-je sans me retourner « Ça ne m’intéresse pas.
- Et pourtant ça devrait ! L’édition est gratuite ! » Après un bref regard en biais, je constatais qu’il se dirigeait vers moi pour m’en donner une « Il faut que tu fasses attention au type qui est sur la première page, tu comprends ? A ton âge, tu pourrais être une cible facile, il pourrait te tuer facilement…Veille à l’éviter si jamais tu le croises ! »

Une demi-seconde après qu’il ait prononcé ces mots, je lui adressai un regard plein d’ironie. Comme il se trompait… ça faisait de la peine à voir… S’il savait qui j’étais… S’il savait à qui il s’adressait… Il me tiendrait moins en pitié, c’était certain…
Mais alors que je comptais continuer mon chemin, je compris dans le regard du jeune marchand que j’avais fais une erreur. Une grave erreur. Je n’aurais pas dû le regarder dans les yeux…. Son regard était figé, pétrifié, comme s’il n’en revenait pas. Je percevais même une pointe de peur dedans.
Cela ne faisait plus aucun doute : il savait qui j’étais, il savait à qui il s’était adressé, et c’était certain, il me tenait moins en pitié, à présent.

« Tu…t-t-tu… Tu es…. ? » balbutia-t-il.

Sans perdre de temps, je me précipitai sur lui et, à l’aide de ma vitesse, l’entrainait dans la ruelle la plus proche en moins de deux secondes. Une fois que je fus arrêté, il tomba sur le dos. Je le saisis par le col et le plaquai contre le mur.

« Ne… ne me faites pas de mal….. » réussit-il à dire avant que je ne lui mette la main sur la bouche.
« Ce n’était pas dans mon intention ! » lui crachai-je « Je ne veux faire de mal à personne, tu comprends ?! » A ces yeux emplis de détresse et de peur, je compris qu’il ne pouvait admettre une telle chose. Mais bon, c’était compréhensible, après tout ce que j’avais fait la veille…. « Ecoute-moi bien ! » repris-je « Tu ne m’as pas vu ! Compris ? Si par hasard, les autorités me retrouvent dans les minutes qui viennent, je saurais que c’est toi qui leur as donné ma position. Et à ce moment là, je te tuerai. Tu peux piger ça, hein ?! »

Il hocha positivement la tête. De toute façon, ce n’était pas comme s’il avait eu le choix. Je le lâchai alors et il s’écroula sur le sol. Je savais très bien qu’il allait tout de même contacter la police ; en tout cas, s’il avait un minimum de cervelle. M’enfin, d’ici qu’elle arrive, je serais loin. Mais je n’allais tout de même pas tuer ce jeune vendeur, il ne le méritait pas de mourir à son âge… C’était un innocent, après tout.

Je lui pris tout de même des mains son édition du journal, histoire de voir ce qu’il se disait à l’intérieur. Quelques secondes après, mon sac d’argent sur le dos et mon sachet à nourriture dans la main gauche dans lequel j’avais mis le journal, je partis en courant à travers la ville, pour m’éloigner le plus possible de cette zone.
Ce n’était vraiment pas évident de courir vite dans cette ville, tout simplement parce que je débouchais souvent dans une avenue blindée de monde, et là, le challenge était de ne foncer dans personne. Heureusement pour moi, je m’étais déjà entrainer à slalomer comme cela dans la forêt… cependant, les arbres sont immobiles, pas les piétons. Mais je m’en sortais plutôt bien.
Cinq minutes plus tard, j’étais à nouveau isolé dans une ruelle, bien qu’un peu essoufflé. J’ouvris le sachet plastique avec un entrain précipité. Il fallait que je mange ! Je sortis le premier sandwich et croquai dedans furieusement. Bon ok, ce n’était pas de la nourriture en provenance d’un restaurant cinq étoiles, mais c’était toujours ça. Et pour mon estomac qui criait famine depuis bientôt deux jours, c’en était largement l’équivalent. En moins de dix minutes, j’avais littéralement englouti les trois sandwichs qui me servaient de repas et vidé ma bouteille d’eau. Comme repas, cela avait été frugal ; mais au moins, je me sentais mieux, à présent que je n’avais plus la gorge sèche et l’estomac vide.

Je sortis ensuite le journal du sachet, pour l’examiner. Ma photo remplissait entièrement la première page, avec écrit dessus, comme le disait le vendeur : « Un psychopathe en ville ». Ce qui était, reconnaissons-le, très réjouissant. J’ouvris le journal pour lire l’article en deuxième page. Là aussi, la lecture ne me remonta pas vraiment le moral…

« Hier, dans la fin de la journée, une série de crimes aussi infâmes les uns que les autres ont été perpétrés. Le criminel s’est d’abord introduit dans la banque de Métropolis, et a vidé un coffre entier d’argent. Au passage, il a éliminé, de manière barbare, les dix gardes chargés de surveiller le hall de la banque. Heureusement, les civils ont pu être évacués avant que le tueur ne sorte de la salle des coffres. Après s’être enfuit de la banque, le bandit s’est échappé dans des ruelles, suivi de près par quelques policiers armés. Ces policiers ont aussi été assassinés de manière horrible. Le criminel est ensuite tombé sur un petit groupe de trois jeunes adolescents. Il a laissé s’enfuir la fille présente dans le groupe après avoir tué les deux autres jeunes hommes.
Quand la police est arrivée sur ces lieux, l’assassin s’était déjà enfui. Le seul indice que les autorités ont pu trouver est une épée véritablement tranchante dont la lame était souillée de sang laissée sur les lieux. Les empreintes retrouvées dessus ne correspondent à personne de connu. Mais par contre, elles sont fichées dans la banque de Métropolis pour un certain « David Robertski ». Ce nom n’étant recensé nulle part ailleurs, est donc inventé de toute pièce. Aucun autre indice n’a pu être relevé.
Le criminel correspond cependant à la description donnée pour le suspect du meurtre de dix policiers l’avant-veille, sur la planète Nastia. Pour ces deux affaires, il n’y a désormais plus qu’un seul suspect. Les inspecteurs se demandent néanmoins si le braquage de la banque de Métropolis en est vraiment un, car d’après ses empreintes, le coffre semblait appartenir au suspect.
Ces réponses là, nous ne les auront sans doute jamais. Mais les recherches sont poussées sur la recherche du vrai nom du suspect…
En attendant, nous conseillons à la population de Métropolis de rester prudente, et de faire attention à qui elle pourrait bien croiser dans les sombres ruelles de la ville… »

Et joint à ce paragraphe, il y avait une petite interview de l’adolescente que j’avais laissée partir. Mais je n’avais pas envie de la lire. Je n’avais pas envie de revivre ce moment, sous les yeux terrorisés de la jeune fille. Je froissai donc le journal et le lançai sur le sol.
Mon épée… Je l’avais complètement oubliée… Je n’avais plus d’arme pour me défendre, à présent. Mais après tout, c’était mieux ainsi… Sans épée, je ne serais plus – ou en tout cas, moins – tenté par la puissance et le plaisir de tuer.
Oui, ainsi, c’était mieux…
Les autorités prenaient donc l’enquête avec sérieux… Mais je m’en fichais. Ils ne remonteraient pas jusqu’à moi, ou alors ça m’étonnerait. Et puis même s’ils découvraient mon nom, qu’est-ce que ça allait changer ? Rien, absolument rien. Je serais toujours en cavale, sans avoir plus de danger me guettant.
Mais bref, maintenant que j’étais rassasié, j’étais prêt à bouger, à faire quelque chose.

Oui mais quoi ? Qu’allais-je bien pouvoir faire, maintenant que j’avais rempli l’objectif de me nourrir ? Tout m’était inconnu dans cette ville, à part bien sûr ce que j’en avais lu. Je ne connaissais absolument rien. Je ne connais strictement personne, dans cette ville…
Quoique, ce n’était pas tout à fait vrai, cela. Slim m’avait en effet parlé d’un endroit. D’un endroit pas très respectable, évidement… C’était le Quartier Général de fabricants d’armes et vaisseaux illégaux, vendus à des acheteurs illégaux, en toute illégalité. Et comme moi je n’étais pas très en accord avec la loi ces derniers temps, je me disais qu’ils me laisseraient sans doute acheter un vaisseau, pour que je m’en aille de cette ville, de cette planète. Et pour aller où ? Encore une question sans réponse… et il y en avait tant qui se bousculaient dans mon esprit…

Mais bon, ma décision était prise. J’allais aller à cette base. Quant à ce qui allait se dérouler plus tard, j’y réfléchirais plus tard. Chaque chose en son temps, après tout. En attendant, il fallait que je fouille dans mes souvenirs, pour me rappeler où cette enflure de Slim avait dit que la base se trouvait… Je ne m’en souvenais pas très bien, malheureusement… Il m’en avait vaguement parlé quand il m’avait appris les endroits à aller en cas d’urgence, où j’aurais éventuellement besoin de me réfugier… Je crois qu’il avait mentionné que ça se trouvait près d’une grande horloge… mais quelle horloge ?

Au moment où cette question se posa dans mon esprit, je me rendis compte d’à quel point j’étais un abruti. Si Slim avait donné comme point de repère une horloge, c’était donc qu’il ne s’agissait pas d’une horloge banale. Et j’avais bel et bien croisé une telle horloge. C’était celle du centre-ville, celle qui avait été construite il y a des millénaires, et que l’on n’avait pas détruite. Et évidemment, cette horloge se trouvait juste à côté de la banque que j’avais cambriolée la veille. La même banque qui était à présent entourée de milliers de journalistes en quête d’avancement dans l’enquête et d’informations nouvelles, de centaines de policiers pour empêcher ces journalistes de passer, et de dizaines d’inspecteurs qui étaient payés pour trouver le nom du coupable, en cherchant tous les indices possibles.
Autrement dit : ça n’allait pas être la joie.
Mais de toute façon, mon invisibilité allait me faire passer inaperçu. Pas de problème de ce côté-là. Cependant, les malfaiteurs ne devaient pas être joyeux, eux. Et surtout, ils n’allaient pas m’accueillir à bras ouverts, alors que j’avais ramené une foule incroyable près de leur quartier général….

De toute manière, il fallait que je tente ma chance. Je n’avais pas le choix, aucune autre solution ne se profilait dans mes raisonnements. Par conséquent, je me mis en route, reprenant quasiment le même chemin que la veille, mais en étant invisible, pour moins de risque. Là où ça se compliquait, c’était dans les rues pleines de monde, car je ne devais en aucun cas bousculer quelqu’un. Parce que je doutais fortement que les piétons aient l’habitude de se faire heurter par quelqu’un d’invisible… Aussi, je marchais toujours quasiment contre le mur, là où le moins de monde passait. Mais je devais toujours me pousser pour laisser passer quelqu’un, de temps en temps.

Durant ma « balade » pour retourner au centre-ville, j’eus le loisir d’observer la ville, et, surtout, de confirmer mes craintes. Désormais, sur chaque panneau publicitaire que j’avais vu la veille, ce n’était plus des publicités pour des produits qui y étaient présentés, mais ma photo. Ma photo, avec écrit juste en dessous : « Ennemi public N°1 ».
N’empêche, devenir l’ennemi n°1 en un jour, il fallait le faire. Mes meurtres seuls ne m’auraient pas propulsé à la première place, à mon avis ; ce devait être le « cambriolage » de la banque qui me l’avait fait. C’était seulement la banque la mieux surveillée de la galaxie, après tout…
Mais si ce coffre ne m’avait pas appartenu, je n’aurais jamais pu l’ouvrir… et ça, ils l’ignoraient – même s’ils étaient en voie de le découvrir. Je pus constater également que la somme offerte pour ma capture était passée de trente mille à huit cent mille boulons. Je ne pus m’empêcher d’en être fier, rien qu’une demi-seconde. J’avais dû battre à record en termes d’avancée rapide dans la criminalité…

Quelques longues minutes plus tard, j’arrivais enfin au centre-ville. L’endroit était comme la veille, sauf que, comme je l’avais prévu, il y avait une foule incommensurable de monde. Et cette foule commençait à partir de la banque et s’éparpillait un peu partout dans le centre-ville. Mais peu m’importait. Moi, tout ce qui m’intéressait, c’était de trouver le Quartier Général des fabricants d’armes. Il ne restait plus qu’à savoir où il se trouvait…
Slim m’avait toujours appris que les bâtiments des lieux de ce genre étaient relativement petits. En général, ils ne faisaient pas plus de deux mètres sur trois… Cependant, dans cette mince pièce se cachait toujours un ascenseur qui servait à descendre dans les entrailles du sol. La technique des Quartiers généraux étaient non pas de s’étendre à la surface du sol, mais en dessous. Ainsi, ils garantissaient leur sécurité en n’étant pas voyant. C’était malin et ingénieux. Et en plus de cela, cela leur permettait d’utiliser l’espace qu’ils désiraient pour construire leur base.

Donc, pour trouver ce Quartier Général, je n’avais qu’à chercher le plus petit bâtiment du centre-ville. Cela aurait pu être nettement plus difficile. Et le mieux, c’est que je le repérai après seulement cinq minutes de recherche. Il était sur la gauche, coincé entre deux gratte-ciels – l’un étant celui d’une agence de publicité, l’autre étant un immeuble où des gens y habitaient.
On aurait dit que le petit bâtiment – qui devait faire deux mètres cinquante de haut et quatre de large – bouchait l’entrée d’une ruelle.

Quoi qu’il en soit, je m’empressai de le rejoindre. J’aurai très bien pu y aller à découvert en hurlant que j’étais le criminel, personne n’aurait fait attention à moi. Tous les journalistes présents étaient complètement concentrés sur ce qu’il se passait à la banque qu’ils n’avaient même plus conscience du monde qui les entourait. Ça faisait peine à voir…
Une fois devant la minuscule bâtisse, je constatai qu’il n’y avait pas de portes. C’était bien la preuve que c’était le bon bâtiment, cette présence de tant de sécurité. Mais j’étais persuadé qu’il y avait une caméra cachée quelque part ; aussi je me rendis visible et frappai cinq coups sur la porte en disant haut et fort :

« Laissez-moi entrer ! Je veux faire affaire ! ».

Trente secondes passèrent. Pendant un instant, je crus que je m’étais trompé d’endroit, que j’avais tout faux… Mais non. Un bruit en provenance du bâtiment me confirma que je n’étais pas dans l’erreur. Une demi-seconde plus tard, le mur qui était en face de moi disparut, comme ça, d’un coup. Ensuite, un bras musclé m’attrapa et m’entraina à l’intérieur de la pièce. Puis, une fois que je fus rentré, le mur réapparut, et le plancher descendit dans la terre. Je compris tout de suite que c’était l’ascenseur qui se remettait en marche. Apparemment, l’ascenseur n’était pas dans la mince pièce, mais était la pièce. Et il allait nous amener dans le quartier général, moi, et les deux hommes dans l’ascenseur. Ces derniers étaient de fortes carrures et semblaient en colère. Malgré cela, je leur demandai tout de même :

« Le… le mur, c’est quoi ?
- Un hologramme solide ! Tu devrais le savoir, c’est toi qui l’as installé !
- De… de quoi ? » Alors là, je n’y comprenais strictement plus rien.
« Que fous-tu à Métropolis ?! » beugla l’autre homme « Nous t’avions interdit d’y retourner, sous peine de mort !
- Attendez, les gars, j’comprends rien là…
- Il n’y a rien à comprendre » fit le premier à m’avoir adressé la parole en dégainant un couteau de sa ceinture « Tu vas juste finir ta vie dans les secondes à venir »

Par réflexe, je voulus dégainer mon épée, mais je ne l’avais pas. Manque de chance. Le deuxième homme prit lui aussi une sorte de dague dans sa main droite.

« Je ne pige pas » fis-je en reculant « Je suis juste venu faire affaire !
- Nous ne faisons plus affaire avec toi, c’est terminé.
- Depuis le coup de la dernière fois, on a une dent contre toi, à vrai dire.
- Et cela, tu le sais très bien, puisque nous te l’avons dit en t’éjectant de Kerwan !
- Nous t’avions ordonné de ne plus venir dans cette ville… et qu’on voit à la une du journal ? Toi !
- Et qui retrouve-t-on devant notre porte ? Toi !
- Nous t’avions prévenu, tu n’as pas voulu respecter nos indications… alors voilà, c’est ici que va finir ta vie, Slim ! » Sur ces mots, ils se précipitèrent tout deux sur moi. Avec une roulade, je les évitai et passai derrière eux. Je leur lançai alors :
« Oh là ! Y’a erreur ! Je ne suis pas Slim ! »

Ils éclatèrent tout deux de rire.

« Alors qui es-tu ?
- Je suis son fils, Raven Cognito.
- Tu es le fils de cette ordure ? Prouve-le-nous !
- Laisse tomber, Steph, il dit vrai. Regarde son visage, il est encore assez enfantin.
- Tu n’as peut être pas tort… Nan, ouais, tu as raison, Slim est plus grand que cela. N’empêche, la ressemblance entre les deux est frappante… mais on s’en fiche ! Il mérite la mort autant que son père ! Simplement pour le fait de l’apprécier !
- Je n’apprécie pas mon père ! » crachai-je alors « Je n’ai qu’un but dans ma vie, à présent, le tuer ! Le traquer comme une bête, jusqu’à ce que je le fasse passer à trépas ! Et rien ne pourra m’en empêcher ! Si vous essayez de me tuer, j’arracherai vos vies avant même que vous n’ayez fait un pas ! Suis-je clair ? »

Ils m’avaient vraiment mis en colère. Me confondre avec Slim ? Dire que je l’appréciai ? La rage émanait de mon corps, et je ressentais ce besoin de puissance. Rien que pour me défouler, je voulais les étriper. J’avais envie de les assommer et de me servir de leurs couteaux pour les égorger. Et ce sans remord, puisque ce n’étaient pas des innocents. En fait, ça me ferait même très plaisir….
Mais je ne devais pas, je devais d’abord fuir cette planète…

« Alors là, petit » fit le dénommé Steph « Je dois avouer que tu m’impressionnes… Quel âge as-tu ?
- Je vais avoir quatorze ans.
- Si peu ? Tant de rage et de détermination, à ton âge, ce n’est pas courant.
- Mais ce ne sont peut être que des paroles en l’air ! As-tu seulement le courage de tuer ?
- Je croyais que vous aviez lu le journal. Ce que j’ai fait hier s’y trouve. Alors, d’après vous, ai-je le courage de tuer »

L’expression sur leur visage me fit sourire. Je les impressionnai vraiment… Et là encore, je me sentais fier de mes agissements de la veille…
Un bruit sourd retentit. Nous étions arrivés en bas, dans le Quartier Général. Une porte s’ouvrit et je pus voir sous mes yeux une immense salle de plus de deux cents mètres de long et de large. Dedans s’y trouvaient des tas de gens en train de vaquer à leurs occupations, des tas de vaisseaux et des tas d’armes. Les murs et le plafond étaient d’un blanc luxueux. Cà et là, il y avait quelques sortes de maisons de fortunes où les brigands devaient dormir.

« Suis-nous » lança Steph.

Lui et l’autre homme entrèrent dans l’immense salle – ou base – et se dirigèrent vers une des maisons, située non loin de la porte par laquelle nous avions débouchés. Ils entrèrent à l’intérieur, et comme ils me l’avaient demandé, je les y suivis. La maison était relativement petite, seulement composée de deux pièces : tout d’abord, quand l’on entrait, on observait sur notre droite une sorte de placard où était entreposé un nombre important d’armes ; puis, en face, il y avait un salon avec canapé et table ainsi qu’un lit dans un coin – je remarquai également une holo-télé posée sur un meubles. Sur toute la longueur d’un des murs, il y avait tout un complexe informatique, composé de plusieurs écrans et de différents claviers. Sur chaque écran, on pouvait voir des vidéos de caméras de surveillance, et autres programmes en cours. Le tout avait l’air hyper compliqué.

L’un des hommes s’assit sur le canapé et l’autre, Steph, à la table, en mettant en évidence l’arme à feu qui était posée dessus. Moi, j’étais resté entre le salon et la réserve d’arme.

« Quelles genres d’affaires veux-tu faire, exactement ? Et ne tentes pas de coups fourrés, nous sommes armés, je te le rappelle.
- Je veux acheter un vaisseau pour m’enfuir de Kerwan.
- C’est tout ?! Je m’attendais à quelque chose de plus… constructif, de la part du fils de Slim…
- Je ne suis pas comme lui ! » criai-je.
« Nan, c’est vrai » dit doucement Steph « Lui fait plutôt dans la finesse, pour ne pas se faire repérer… Toi, tu fais les choses plus directement, en tuant tout le monde sur ton passage. Il y a une différence, en effet, et je me demande lequel des deux Cognito je préfère… »

Là, il avait touché une corde sensible… Mais je répondis avec tact.

« En effet, mais moi, je ne vous ais pas trahi dans je ne sais quelle affaire…. Slim l’a déjà fait, j’imagine ?
- Mouais… bref, passons. Donc tu veux t’enfuir… Pourquoi ? Que comptes-tu faire ?
- Je ne suis pas en sécurité à Métropolis, il faut que je m’en aille. C’est tout.
- Parce que tu crois que tu seras plus en sécurité ailleurs ? Sache pour ton information que les autres planètes ont aussi triplé leurs systèmes de sécurité ! Tu ne seras pas non plus en sécurité.
- Peut être… mais je le serais plus qu’ici !
- Sans doute… Mais je maintiens que tu devrais rester ici…
- Pourquoi ?
- Que sais-tu faire, Raven ? Que t’as appris ton père ? Car évidemment, il t’a appris des choses…
- Je sais fabriquer des armes, des robots et autres gadgets… Et je repose ma question : pourquoi ? Pourquoi voulez-vous savoir ça ?
- Mmh, ça pourrait faire l’affaire… T’en penses quoi Derek ?
- Oui, il pourrait nous être utile…
- Mais à quoi ?!
- J’ai autre chose à te proposer » repris Steph « Reste à Métropolis et fabrique des armes pour notre compte ! »

Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je dus rester au moins deux secondes complètement perplexe. La proposition était alléchante… mais il ne fallait pas accepter n’importe quoi. Après tout, ils avaient bossé avec mon père… Même s’ils devaient l’aimer autant que moi, à présent…

« Et j’y gagnerai quoi ?
- La sécurité. Un endroit où dormir. Un boulot. Vivre normalement, sans être en cavale. Alors ?
- Je resterai… ici ?
- Non. Il est trop tôt pour que tu ais une chambre parmi nous. Mais je peux t’avoir un appartement non loin d’ici. Je l’ai en un coup de téléphone. Acceptes-tu mon offre ?
- C'est-à-dire que… heu, oui. J’accepte. »

Je dis ça machinalement. Cette proposition était tellement belle que je ne pouvais que l’accepter. Bon ok, j’aurais pu trouver plus légal, mais c’était mieux que rien…
Steph sortit d’une de ses poches un Holo-Phone et se mit à parler à je ne savais qui. Quelques minutes plus tard, il griffonna quelque chose sur un papier et me le donna.

« Tiens, ce sont les coordonnées de l’appartement. Un de nos hommes t’attendra dans le hall de l’immeuble. Vas-y. Tu commenceras ton boulot demain, en attendant, repose-toi et change-toi. Des vêtements seront à ta disposition.
- M-merci…
- De rien. Mais tu as intérêt à fournir du bon travail, parce que sinon, nous te virerons… Ou mieux, nous te livrerons à la police pour avoir la récompense. L’accord te convient ?
- Oui.
- Bien, tu peux disposer.
- Je le prends comment, l’ascenseur ?
- Je l’activerais depuis ici » dit-il en désignant les ordinateurs « Vas-t-en, maintenant. »

Sur ces mots, je sortis de la petite maison. J’étais fou de joie. J’avais de nouveau un objectif ! Quelque chose à faire ! Et surtout, je n’aurai plus à vivre dans les rues, à toujours me cacher… Et j’aurai ici tout le loisir d’en savoir plus sur Slim, et de savoir comment il pourrait réagir, le jour où je serais à nouveau face à lui. Ma vie allait être nettement plus facile, à présent…

« Attends ! »

Je me retournai. C’était celui qui s’appelait Derek qui m’interpella.

« Attrape ! »

Il me lança un objet que j’attrapai facilement par son manche.

« Ça pourra t’être utile… » dit-il en retournant dans la maison.

En regardant l’objet qu’il m’avait lancé, je fus à la fois pétrifié d’horreur, et encore plus fou de joie. Cet objet m’emplissait de force. Je me sentais bien en l’ayant en main. Cet objet était capable de tuer, capable d’actes infâmes. Cet objet était monstrueux. Il pouvait me faire redevenir l’être dépravé que j’avais été la veille. Et c’était pour cela qu’il me faisait horreur… Mais sur le moment, je m’en fichais. C’était tellement bon de l’avoir entre mes mains…

Cet objet était une épée. Certes pas de diamants, comme celle de Slim, mais elle devait être bien tranchante, elle aussi. Je regagnais une épée après en avoir perdu une. Après m’être servit de l’autre pour tuer violemment des innocents. Après m’être comporté en monstre, en assassin. Être que j’avais juré de ne pas redevenir.
Mais maintenant… maintenant que j’avais à nouveau cette épée en main… c’était différent. Mes pensées comme quoi c’était bien que je sois éloigné de mes idées destructrices et meurtrières me paraissaient bien floues, bien lointaines… Je ne pensais plus vraiment la même chose, à ce moment là.
Rien que le fait de toucher cette épée faisait revenir cette envie de tuer. Cela prouvait que le démon que j’avais en moi n’avait pas disparu, mais s’était simplement endormi…. Et il était prêt à se réveiller, à n’importe quel moment.
Je voulus lâcher l’arme pour éloigner ce monstre de moi. Mais je ne pouvais pas. La force que cette épée dégageait s’infiltrait en moi. C’était trop bon pour que j’arrête cela maintenant… et surtout trop stupide.

Je me dirigeais donc vers l’ascenseur, en ayant à l’esprit une pensée terrible. La pensée que moi, Raven Cognito, je n’étais toujours pas l’être bon que je croyais être, ou en tout cas, être redevenu. Je n’étais pas fait pour être un type bien. La puissance resterait en moi, quoi qu’il arrive. L’envie de tuer reviendrait… et s’amplifierait. De plus en plus, au fil des années.
Mais tu sais quoi ? Je m’en fichais.
J’en étais heureux. »

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