Auteur : Black-Andromede
Peu importe où j’allais, il y avait toujours des morts sur ma route. Mais cette fois-ci, j'étais arrivé dans un endroit lugubre, malsain, où l'odeur de la mort régnait et me mettait mal à l'aise. La vue de cadavres empilés les uns sur les autres par terre, des vers sortant par tous les orifices me donnaient un haut-le-cœur, provoquant des nausées qui me firent vomir à plusieurs reprises tandis que des rats arrachaient des dépouilles des lambeaux de peau putréfiés grisâtre. Je fermais les yeux pour essayer de me calmer et de ne pas voir les atrocités aux alentours, mais ce fut pire encore; je m'imaginais la scène qui aurait répugné plus d'un. Je marchais en me tenant aux parois rocheuses pour ne pas tomber, le peu de lumière provenant de quelques torches accrochées aux murs me permettait de me retrouver dans ce véritable labyrinthe sans fin. La grotte dans laquelle j'étais entré s'enfonçait profondément et se divisait en plusieurs tunnels. Mes vêtements avaient été déchirés, en chutant à de nombreuses reprises, et recouverts d'excréments en tout genre. Je portais de simples habits en tissus, mon épée fourré dans son étui à la ceinture et un sac contenant un bout de pain et une gourde d'eau.
Au début j'essayais d'éviter les dépouilles sur mon chemin, mais très vite, par fatigue et perte de temps, je choisis plutôt de marcher dessus. Les maigres os fragiles des cadavres se brisaient sous mon poids, créant des échos dans toute la caverne. Cet endroit était épouvantable, il me repoussait lentement dans mes derniers retranchements, chaque pas devait être calculé, avancer était un vrai défi. Je m'assis pour me reposer en faisant bien attention de balayer de la main les débris et autres squelettes au sol. Je m'étais mal préparé, je pensais que partir à sa recherche ne serait qu'un simple périple, mais voilà déjà une semaine de passée, dont toute une journée dans cette immense caverne, depuis que ma famille avait été tuée. J'avais traversé quelques petits villages jusqu'ici, où j'avais pu me reposer dans des auberges, mais l'idée de dormir avec des morts ne me réjouissait pas, je dois l'avouer. Le sommeil commençait déjà à planer sur moi alors que je reprenais mon chemin.
Au loin, une vive lumière m'indiquait que j'avais enfin trouvé la sortie. Des vents glacés qui traversaient de part en part les galeries me réconfortaient dans mon idée, ils me reposaient légèrement en arrière. Je marchais le dos courbé, pieds nus en m'aidant de tout ce qui se trouvait devant moi pour avancer. Les bourrasques d'air glaciales s'intensifiaient, je sentais mon vissage brûlé, mes mains se raidirent, mes jambes se congeler petit à petit et à chaque inspiration l'intérieur de mon nez geler entièrement. Je devais mettre mes bras en avant pour me protéger tout en faisant attention de ne pas glisser. Le sol était encore plus humide, l'eau mélangée à du sang s'était transformé en une fine couche de givre, c'est comme si je marchais sur un lac glacé. Mon calvaire n'était pas fini, une fois la sortie atteinte, je me retrouvais en plein milieu d'un bois vide. A par le bruit des rafales violentes, rien ne se faisait entendre sous les couches de neiges. Malgré l'épuisement, à bout de force, je continuais à chercher un abri entre les arbres. Sans mon épée, sur laquelle je prenais appui, je serais déjà sûrement mort depuis longtemps. Par chance, je réussis à trouver un petit antre où je pu me reposer quelques instant. Avec des gestes lents, je mangeais difficilement un simple morceau de pain. A chaque bouchée ma gorge semblait s'enflammer, mon ventre criait famine et mon corps se refroidissait. Je croyais mourir éveillé.
Je n'eus le temps de me rassasier que je commençais à ressentir une présence, un danger. Des battements d'ailes se rapprochaient très rapidement, une bête se posa en face de moi, elle savait que j'étais là, comme si elle m'avait attendu depuis tout ce temps. Elle poussait des cris stridents à vous rendre sourd. C'était une sorte de grand chien avec des cornes, une queue et des ailes, qui me faisait vaguement penser à une gargouille. Je ne pouvais plus me battre, j'étais bien trop exténué. Elle courait dans ma direction et essayait de me taillader avec ses griffes acérées. J'arrêtais ses coups péniblement avec ma lame, sa force était telle qu'elle me repoussait en arrière avec grande aisance. La bête me griffait à plusieurs reprises, créant de profondes entailles dans ma chair. Je la frappais du plat de mon épée pour ensuite fendre sa peau qui ressemblait à une carapace, avec ses nombreuses écailles rigides. Elle fit un tour sur elle-même, me balayant de son extrémité et provoquant ma chute à terre. La gargouille essaya de m'empaler avec ses cornes mais, pour l'éviter, je fis une roulade sur le côté pour ensuite la contourner. Par surprise, je pris en main ses deux ailes et, sans remord, je les lui coupais. Etourdie, je lui fis gouter mon glaive en le faisant pénétrer dans sa gueule, le sang jaillissant dans tous les sens. La bête mourut en silence en se laissant tombée.
Je me tenais à un arbre pour reprendre haleine lorsque je remarquais que l'on m'observait, des ombres se déplaçaient tout autour de moi. Ils m'encerclèrent très rapidement; c'étaient des templiers qui me recherchaient. Ils portaient des lances dans une main et de grands pavois dans l'autre. Le blason sur leur armure était un griffon noir perché sur une colline en hauteur. Celui qui me semblait être leur chef donna l'ordre de m'attraper en faisant un signe de la main aux autres membres du groupe qui se rapprochaient de moi.
Ils m'avaient rattrapés malgré mes tentatives de fuites, je ne comprenais pas comment ils avaient fait. Les fuir avait été ma seule préoccupation ces derniers jours. Personne n'avait pu se vanter d’avoir survécu à une sorcière jusque là, et lorsque l'histoire sur la mort de ma famille se répandit dans le pays, j'étais pour beaucoup le coupable. J'étais recherché par les templiers, de puissants guerriers employé par notre roi. Ils s'occupent de chasser les tueurs, bandits et autres vermines bien trop dangereux pour des soldats normaux; Ils font partie d'un ordre religieux très secret. Ils n'avaient fait que me suivre jusqu'à maintenant, mais ils avaient seulement attendu que je sois épuisé pour m'attaquer. Malheureusement pour moi, je n'en avais plus la force ni l’envie, ne serais-ce qu'en tuer un seul aurait été un exploit vu mon niveau à ce moment-là. Je tentai bien de m’échapper mais je me rendis à eux à contrecœur, épuisé par tout les évènements encourus. Ils m'emmenèrent enchaîné, me traînant au sol derrière eux. Ils me méprisaient sans raison, doutant de mon innocence, ils me soupçonnaient d'être la cause de toutes ces horreurs.