Auteur : Hecktoplasme
Bonjour, ce que vous vous apprêtez à lire est l'ancienne version de la Scarlett Capsule. Pour le peu d'entre vous qui êtes au courant, j'avais commencé cette fan fic en 2015-2016 pour Ratchet-Kanbeï, Caramelou35 et Notak dont l'histoire reprend certains de leurs personnages (R/K et Maximilien pour ne citer qu'eux par exemple). Je n'ai jamais eu l'occasion de la publier ici car j'avais eu une flemme intersidérale. En 2020, comme vous le savez, on a été frappés par la pandémie de Coronavirus, ce qui m'a permis de dégager du temps pour me consacrer à la Scarlett Capsule et donc de vous proposer la version ci-dessous. Le souci étant qu'entre la casse de l'écran de mon ordinateur, mes études qui ont repris et ma santé qui a dégringolé, la Scarlett Capsule n'était plus dans mes priorités. Cependant, j'ai voulu faire ce que j’espérais un joli cadeau d'anniversaire à R/K en continuant et terminant le volume 1. Comme j'avais oublié certains détails, je me suis replongée dans la lecture de la première version et j'avais trouvé ça très mauvais et décousu car je voulais parvenir très rapidement à mon arc préféré de ce qu'on appellera le cycle I. Et donc devant cette version que je jugeais très en deçà de ce que je voulais communiquer, j'ai décidé de réécrire la Scarlett Capsule. Cette nouvelle version, bien que très récente est bien plus riche et bien mieux construite d'un point de vue personnages. D'autres arrivent, d'autres partent ou changent, certains événements itou. Pour éviter de m'embêter à publier un chapitre puis de laisser de longs espaces entre deux publications, j'ai décidé de publier un chapitre toutes les semaines à partir du premier avril (à moins qu'une nouvelle catastrophe ne se produise *ahem*). Pour le moment, la Scarlett Capsule 2.0 en est à son quatrième chapitre et fait à peu près 25 pages. Si on devait trouver une correspondance entre les deux versions niveau chronologie, on en serait aux environs de la fin du chapitre 3 de l'ancienne version. Comme je n'avais pas envie de perdre ces précieuses pages, j'ai décidé de les compiler dans un seul et même post. Voilà voilà.
Prologue : Projet Top bizarre.
Date de publication : 27 mai 2020.
Galaxie d'Unia, Grande Cité de Luvia. Une grande planète-cité, capitale sous contrôle Lombax. Une aube qui point. Une chambre qui diffuse une douce lumière. Un lit immense dans lequel dort une créature minuscule.
-Mademoiselle, il est temps de vous lever, annonça une voix robotique féminine.
La Lombax grogna et se cacha sous sa couette bordeaux avant de s'étirer comme le ferait un félin.
-Oui oui, ça va, je suis levée. Dis, Jenna, quel est le programme du jour ?
-Vous devez vous rendre à un shooting photo de sept heures et demi à onze heures et quart puis manger avec votre père de onze heures quarante-cinq jusqu'à midi et midi avant de choisir qui sera votre rendez-vous de cette semaine. Ensuite, à dix-sept heures vous devez prendre une navette pour l'Académie Militaire de Frémionne. Vous rentrerez vers vingt-deux heures sur Luvia puis vous irez vous coucher.
La jeune femme soupira.
-C'est pas une vie, râla t-elle, sortant de son lit. Et demain, c'est quoi le programme ?
-Vous avez quartier libre demain matin. En revanche, l'après-midi vous devrez apporter de nouvelles mises à jours à la Scarlett Capsule conformément aux demandes du Président Sullivan.
-D'accord, il me gonfle celui-là...
-Mademoiselle ! Il s'agit de notre Président tout de même !
-Ouais ouais, peu importe, réserve moi un rendez-vous demain matin pour me faire tailler la fourrure ainsi qu'une pédicure, tu seras gentille.
-Ce sera fait.
-Merci. Maintenant diffuse ma play-list du lundi.
Une musique pop se fit rapidement entendre dans l'immense chambre. La Lombax mit ses lunettes, rondes, sur son museau qu'elle remua avec grâce avant de se diriger vers sa salle de bain.
-Mets la douche à température ambiante. Aujourd'hui je veux porter ma robe blanche à fleurs.
-Bien, Mademoiselle Kiara. La courte ou la longue ?
Kiara se déshabilla, posa ses lunettes sur le rebord du lavabo, immense comparé à sa taille minuscule et se glissa sous la douche.
-La courte. Je veux mes talons compensés crème. Quels bijoux tu me conseilles pour aller avec ?
-Votre parure d'améralite ainsi que votre montre rose me semblent être le meilleur choix.
-Très bien, je les veux prêts dans deux minutes, maintenant laisse moi, s'il-te-plaît.
Kiara soupira une nouvelle fois, se lava et éteint l'eau avant d'activer le séchoir. Elle sortit de la douche et s'observa dans le miroir. On aurait dit une peluche. Elle détestait son corps et son visage, trop parfaits à son goût. Son pelage était plus blanc que la neige. Son museau petit et rose était mis en valeur par des tâches et des rayures brunes. Trois sur ses oreilles, tombantes, qui se terminaient par cette même couleur. Ses yeux présentaient une magnifique hétérochromie totale qui se traduisait par un œil gauche vert d'eau et l'autre bleu cristallin mais aussi par une vue misérable ainsi qu'une pupille dysfonctionnelle qu'elle se devait de cacher derrière le port de lentilles. Ce que Kiara voyait comme un défaut était vu comme une bénédiction par les Lombax de l'Ancien Temps. En effet, elle était une Fa, une Lombax présentant une hétérochromie. Les Fa étaient un peuple vénéré comme des êtres divins sur Fastoon. Faire naître un enfant avec les yeux vairons lui assurait de pouvoir vivre une belle vie. Au fur et à mesure deux catégories de Fa résultèrent de la consanguinité de ce peuple : les Fa dits « purs » et les « nouveaux ». Les Fa dits « purs » se distinguaient par la présence d'une queue atrophiée pour les mâles et les femelles là où ceux qu'on appelait « nouveaux » possédaient une queue normale pour les mâles, les femelles d'en possédant pas à la base. Notre héroïne, était quant à elle, une Fa « pure ». En plus son appartenance à un peuple rare et vénéré, elle était aussi minuscule, signe de grande beauté chez son espèce.
-Des fois j'aimerais tellement ressembler plus à Lucie, soupira la jeune Lombax.
Lucie était sa meilleure amie. Une Lombax aux traits bien moins nobles puisque grande et têtue. Les deux étaient devenues amies lors d'un match du frère de Lucie, basketteur extrêmement connu dans la galaxie d'Unia. Elles avaient toutes deux été choisies pour faire partie d'un projet top secret pour le moment.
Académie militaire de Frémionne. Au crépuscule. Une escouade de jeunes Lombax et Cazars sortit de la douche, nus comme des vers, se séchant chacun leur tour.
-Eh, Kanbeï, t'oublie pas que demain matin on rendez-vous après le p'tit déj, résonna une voix grave et mature.
Elle provenait d'un Lombax plutôt petit, à la fourrure blanche et aux rayures rouges. Ses yeux bleus semblaient être des lasers tant ils brillaient malgré la lumière faiblarde de la salle de bain du groupe Epsilon. Il était le seul à être habillé puisque les lieutenants se lavaient après que leurs cadets soient sortis de la salle de bain.
-Oui, lieutenant Sullivan, je n'oublierai pas, promis, répondit un Lombax un poil plus grand que les autres.
-Lieutenant Sullivan, pourquoi Kanbeï est convoqué demain, si cela n'est pas trop indiscret ? demanda un Cazar un peu trop curieux.
Sullivan le fusilla du regard tout en restant appuyé, les bras croisés contre le mur.
-Mêle-toi de tes affaires, je t'assure que c'est pour le mieux.
-Mais...
-Tais-toi avant que je ne te fasse récurer la salle de bain des filles et des garçons.
Kanbeï fit une tape sur l'épaule de son camarade, lui indiquant de laisser tomber. Le jeune homme qui ne semblait pas avoir plus que la majorité entreprit de mettre son pyjama. Sa fourrure était de la même couleur que le sable du plus aride des déserts d'Unia et contrastait avec la magnifique lueur émeraude de ses yeux vifs, quoique innocents. Il attendit que tous soient sortis pour discuter avec le lieutenant.
-Max, tu n'étais pas obligé d'être aussi méchant avec Jérôme...
-Ah parce que tu connais son prénom en plus, cracha l'autre avec mépris.
-Bah oui, on est ensemble depuis qu'on a dix ans, à force c'est un peu normal, non ?
-Pourquoi tu t'embêtes avec les Cazars ? Ils nous sont inférieurs et tu le sais très bien.
-C'est faux ! Et puis ce n'est pas très gentil pour Mélo' !
Max, Maximilien de son vrai nom, fit la moue tout en fronçant les sourcils.
-Oui mais Mélorie c'est pas pareil, elle n'est qu'à moitié Cazar. Cela dit, c'est déjà une moitié de trop. Son père fut trop bon de laisser sa mère atterrir dans son lit.
Kanbeï agita les oreilles, agacé. Il ne supportait pas la xénophobie de Maximilien mais savait pertinemment qu'il ne pourrait pas le faire changer d'avis là-dessus.
-Ouais bon, ça va, je te laisse, on doit se lever tôt demain, j'aimerais aller dormir, si ça ne te gêne pas.
Max fit un signe de tête et le cadet s'éclipsa sans un mot. Une fois qu'il fut sorti, une Lombax se faufila dans la salle de bain, pourtant masculine. Le jeune homme s'autorisa un sourire en voyant l'intruse.
-Personne ne t'a vue, j'espère, demanda t-il, taquin. Vu ta taille, je suis sûr que si.
-T'es pas sympa, cracha t-elle, je fais l'effort de venir te voir dans cet endroit sordide et toi tu te moques de moi ?
-Mais enfin, Lucie, tu sais que je plaisante, tu es le plus beau poteau de l'univers et c'est pour ça que je t'aime.
Maximilien s'approcha et se mit sur la pointe des pieds pour embrasser sa « petite » amie. Lucie était une splendeur sauvage, géante mais gracieuse. Ses yeux jaunes étaient effrontés, taquins et surtout sincères. On pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. En l’occurrence on y voyait de l'agacement ainsi que de l'amour pour ce petit Lombax aigri. Soudain elle repoussa son amant alors qu'il commençait à se faire un peu trop entreprenant à son goût.
-Tu as pensé à dire à R/K que demain matin il n'avait pas séance de tir mais qu'on avait un meeting ?
-Ouais ouais, râla t-il, déçu d'avoir été éconduit de la sorte. Et toi ? Tu l'as dit à Mélorie ?
-Yes ! Je suis bien contente de revoir Kiara, elle me manque.
-Kiara, Kiara Smith ? demanda t-il tout en levant une oreille et en fronçant ses sourcils rouges et broussailleux.
Lucie acquiesça.
-Alors ça y est, on a enfin la composition de l'équipe... je me demande ce qu'à mon géniteur en tête...
Maximilien était le fils du président d'Unia, un homme détestable mais incontesté qui inspirait la terreur et le respect parmi ses citoyens. Même s'il le détestait, Max avait la même aura et inspirait la crainte parmi ses pairs.
-Oui, parfait ! Tu es si belle !
Kiara râla intérieurement alors que la prenait en photo.
-On a bientôt fini ? Je commence à fatiguer à force de faire semblant de sourire.
-Encore une tenue et tout sera fini. Tu es si rigoureuse, tu inspires le respect, ma chère !
-N'importe quoi, marmonna t-elle tout en prenant le chemin vers sa loge.
Elle détestait ces photographes. Elle détestait leur hypocrisie. On lui fit enfiler un costume et alors qu'on lui noua la cravate autour du cou, elle se demanda qu'elle aurait été sa vie si elle avait pris plus du physique de son père, somme toute assez banal plutôt que de l'immense beauté de sa mère. Sans doute plus simple. On attacha ses cheveux en un magnifique chignon banane et on fit boucler ceux qui poussaient sur ses joues. Elle en avait marre d'obéir à ce mode de vie impossible que lui imposait son rang. Ses parents, bien qu'aimants, ne l'avaient pas protégée de l'attention provoquée par son physique si atypique. À part Lucie, seule Jenna, son assistante artificielle pouvait prétendre au statut d'amie. Le reste n'était composé que de lèches-bottes qui vendraient pères et mères pour une minute de son attention. On la laissa boire et elle consulta son communicateur dernier cri -tellement dernier cri qu'il n’était pas encore sur le marché, de chez Smith. La jeune femme avait reçu un message de Lucie. « Ça craint, Max m'a fait une sale griffure sur le bras, quel sauvage celui-là, lol. Bonne nuit, hâte de te voir, love. » Kiara leva les yeux au ciel, amusée. « Quel animal ! Moi aussi j'ai hâte de te voir. Dis, aux prochaines vacances tu veux aller dans ma station balnéaire ? Bisous, bonne nuit. » Mine de rien, recevoir un message de sa meilleure amie l'avait assez requinquée pour terminer cette séance photo sur les chapeaux de roue !
Kanbeï fut réveillé par la sonnerie de l'Académie, forte et bruyante. Contrairement à ses camarades, ça ne le dérangeait pas plus que ça puisque c'était son quotidien depuis sa naissance. Il passa sa tête sous son lit pour saluer Jérôme qui grognait.
-Dis mon pote, tu prendras la séance de tir en vidéo steuplait ? J'aimerais bien analyser les résultats, si ça ne te dérange pas, of course.
-Eh beh. T'es vraiment un acharné du boulot, toi, lança le Cazar qui refaisait son lit. Tu ne comptes pas partir une fois ton diplôme obtenu ? Tu vas t’enrôler ?
-Ouais, pourquoi ? Tu quittes ?
-Bah oui, comme presque tout le monde ici. Tu ne veux pas avoir une vie tranquille ? Avoir une famille ?
-Écoute, l'armée c'est ma famille et je ne me vois pas vivre ailleurs qu'ici. Et puis j'ai hâte d'avoir mes propres cadets sous mes ordres.
Ses yeux brillaient.
-D'accord d'accord, je te fais ça.
Dans un coin de la pièce Max surveillait ses cadets. Puisqu'il était leur supérieur, il avait le droit à sa propre chambre, certes petite mais qui lui conférait un peu d'intimité. Il était déjà prêt et en tenue.
-Moins de blabla, je veux vous voir prendre votre petit déjeuner dans dix minutes, les morveux.
-Il abuse, chuchota Jérôme qui enfilait son caleçon. Il n'a que deux ans de plus que nous.
Kanbeï descendit de son lit et attrapa sa tenue. Elle était composée d'un treillis gris et de bottes noires et épaisses.
-Laisse tomber, c'est Sullivan, tu le connais. Il est comme ça.
-Comment tu peux être ami avec un type pareil ? Franchement, ça me dépasse.
-Bah, il est sympa, quand il veut.
R/K enfila ses habits et se dirigea vers la salle de bain des cadets, alla aux toilettes, se lava les mains, la figure et se brossa les dents avant de marcher d'un pas décidé vers la cafétéria. Lucie et Maximilien étaient déjà présents. Ils avaient gardé de côté une place pour lui et une autre pour Mélorie qui se glissa derrière lui pour lui cacher la vue avec ses mains. Le jeune homme renifla et reconnut son amie à l'odeur sucrée qu'elle dégageait.
-Coucou R/K, lança t-elle, enjouée.
-Salut Mélo, tu as eu le mémo toi aussi ?
Ils se dirigèrent vers la file pour prendre leur repas du matin. Mélorie était une très belle femelle hybride Lombax-Cazar. Ses oreilles de Cazar et son absence de queue en faisait un mélange assez rare et très équilibré entre les caractères physiques des deux espèces. Elle en était très fière. Même si les Cazar d'Unia n'était pas bien vus, elle en tirait une sorte de sur-puissance. Son pelage chocolat au lait et ses grands yeux lui valaient mille compliments de la part de sa promotion. Même Max n'était pas insensible à ses charmes. Seul Kanbeï y semblait hermétique. Ce qui la dérangeait beaucoup. Malgré cela, ils étaient très proches depuis que Mélorie avait intégré l'Académie. Frémionne formant des soldats mais étant aussi une école réputée où il était bien vu d'y envoyer ses enfants pour leur éducation. À dix-neuf ans ils devaient choisir s'ils souhaitaient s’intégrer dans la vie civile ou au contraire, rester dans l'armée. Le jeune homme avait déjà fait son choix depuis bien longtemps mais la jeune femme hésitait encore sur son choix.
-J'ai hâte de savoir pourquoi en doit aller à une réunion avec le Président, souffla Mélorie, pour faire la conversation.
-Peut-être parce qu'on est les meilleurs de notre promotion ? C'est ce que Lucie m'a dit en tout cas. Mais sinon j'en sais rien, on va bien voir.
Ils récupérèrent leur butin et s'installèrent près de leurs supérieurs.
-Tu exagères, R/K, chouchou, tu aurais pu coiffer ta fourrure mieux que ça, pesta Lucie qui était parfaitement toilettée et apprêtée. C'est le Président et le Maréchal St.Clair qu'on va avoir le plaisir de voir, pas Zouzou le Crassou.
R/K baissa les oreilles, honteux. Maximilien ricana tout en buvant une gorgée de youzhi, l'équivalent du café dans la galaxie d'Unia.
-Oh mais tu n'as pas le loisir de rire, toi ! Ton cadet est non présentable et c'est de ta faute. Regarde Mélo', elle est impeccable. Par chance j'ai toujours un peigne sur moi.
Elle entreprit de coiffer Kanbeï qui râlait comme un putois. Soudain, une petite voix hurla le prénom de la Lombax. Tout le monde tendit les oreilles et se retourna vers la source du bruit. Il s'agissait de Kiara. R/K qui tenait le bras de Lucie pour l'empêcher de le coiffer ouvrit ses yeux en grands, abasourdi par la vision qui s'offrait à son regard. Elle était divine. Des courbes parfaites, de longs cheveux bruns, un petit museau rose et une toute petite taille. Il croyait rêver. Mélorie aussi fut subjuguée mais ne put s'empêcher d'insulter intérieurement cette gosse de riche incapable de ne pas se mettre en scène. En plus elle était en robe, c'est de la triche ! Lucie enleva la main du cadet de son bras, rangea son peigne et se leva, courant d'un pas léger, sportif, vers son amie.
-Wow ! Tu as encore grandi ? Tu es si belle même si cette coupe ne te va pas tant que ça, darling, souffla Kiara qui faisait semblant de ne pas être dérangée par l'attention que lui portait l'ensemble de la cafétéria.
Elle se devait de rester dans le personnage.
-Et toi alors ? Tu n'as pas pris un centimètre ! Et pour mes cheveux, tu sais très bien que si je les avais longs comme les tiens, ça serait une horreur. Je suis militaire, je ne tiens pas un stand de crêpes, moi !
Les deux firent sembler de bouder avant d'éclater de rire. R/K se pencha vers Maximilien et lui demanda qui elle était.
-Elle ? C'est Kiara Smith, la fille d'Anton Smith et d'Aza-lee Fa. Me dis pas que tu ne sais pas qui c'est ?
Le jeune homme fit non de la tête. « Ouf, sauvée ! » Pensa Mélorie, jalouse comme une teigne. Max fit de gros yeux avant de lui tirer les oreilles.
-Mais tu vis dans quel monde mon pauvre vieux ?!
-Mais arrête ! Tu me fais mal, geint Kanbeï.
Kiara passa sa tête derrière Lucie, la bouche entre-ouverte, ses oreilles aux aguets, intéressée par la plainte. Elle reconnut bien-sûr Maximilien mais préféré concentrer son regard sur ceux qu'elle ne connaissait pas. R/K lui apparut comme un mâle assez beau, quoique assez banal, un peu comme son père, même si son patenrel avait le mérite d'avoir le poil blanc, ce qui le rendait un petit peu exceptionnel en soi. Ce mâle là n'avait que la structure de son visage de vraiment unique. Le pelage doré ? Du déjà-vu ! Les yeux verts ? Grand classique. Vraiment, pas vraiment de quoi fouetter un chat. Par contre, la femelle valait vraiment le coup d’œil. Pas tout-à-fait Lombax, pas tout-à-fait Cazar, vraiment, une splendeur. Le pelage marron était vraiment exceptionnel chez les Lombax et ne s'obtenait que par hybridation avec un ou une Cazar. En soi, cette femelle était comme elle et cela la rassurait un peu.
-C'est qui ? demanda t-elle.
-Ah oui, ce sont mes amis. Tu connais déjà Max mais viens, je vais t'introduire.
Lucie prit la main de son amie et l’amena à son petit groupe. Kanbeï la trouva encore plus belle vue de près.
-J'ai l'honneur et l'avantage de te présenter Mélorie Adams et Kanbeï dit R/K.
-Salut, siffla Mélorie, croquant dans son fruit.
-Bon...bonjour, bafouilla le jeune homme.
Maximilien lui fit un signe de tête auquel elle répondit. Ils ne s'appréciaient pas beaucoup, encore moins lorsque leurs parents avaient en tête des les marier ensemble.
-Salut. C'est vous les heureux élus ?
-Oh ouais, répondit R/K, on a été choisi pour la séance d'orientation. Et toi, tu fais quoi, ici ?
Kiara fit claquer sa langue, agacée.
-C'est pas une journée d'orientation, pauvre idiot. On a été choisis pour faire partie d'un projet visant à améliorer la sécurité de notre galaxie.
La mine choquée de Mélorie et R/K la fit sortir de ses gonds.
-Mais c'est pas vrai ! Vous ne lisez pas vos mails ?!
Lucie prit une mine grave.
-Laisse-les. Ils ne savaient pas, on ne leur a rien dit. On est pas tous comme toi, on a pas ta liberté d'expression. Maintenant, si tu veux bien, baisse d'un ton.
La jeune femme baissa ses oreilles, honteuse.
-Ça a l'air d'être une sacrée connasse, celle-là, pensa Mélorie. Tant mieux, Kanbeï est à moi.
-Pardon... je ne voulais pas être impertinente... j'ai pas dormi durant le voyage, je suis à fleur de peau, veuillez ne pas m'en tenir rigueur. Oh ! J'ai omis de me présenter, même si je pense que vous savez tous qui je suis.
Lucie lui tendit son fruit et Kiara croqua dedans. Max pointa du doigt son cadet.
-Bah figure-toi que notre ami ici présent ne sait pas qui tu es. Désolé princesse, tu n'es pas connue partout.
Kiara le fusilla du regard. Vraiment, Maximilien lui sortait par les pores.
-Oh tiens, ché marrant, fit-elle, en train de mâcher avant d'avaler. Je m'appelle Kiara Smith et je serai le mécano et la pilote en second de notre équipe.
Kanbeï et Mélorie s'échangèrent un regard surpris mais ne pipèrent mot, sentant qu'il ne valait mieux pas l'ouvrir.
-Oh et tant que j'y suis, je me demandais, tu n'as pas de nom de famille ?
-Moi ? Non non, Kanbeï est mon nom de famille.
-Alors quel est ton prénom ? Ton surnom c'est R/K... Robert ? Raoul ? Roger? Romain ? Rémy ?
-Je n'ai pas de prénom.
-Oh...
-T'en fais pas, va, ce n'est pas grave. C'est comme ça d'être orphelin. Mais tu peux m'en trouver un, si tu veux.
Kanbeï lui offrit un magnifique sourire malgré sa timidité.
-Mmmhhh... Je ne te connais pas assez pour ça mais je vais y réfléchir, c'est promis.
Kiara lui retourna son sourire et le petit groupe entreprit de débarrasser la table pour se rendre dans la salle de conférence. On les fit entrer et s’asseoir chacun à une place précise. Évidemment, le Président n'était pas là en personne mais le Maréchal St.Clair oui. Ce Lombax au pelage doré et aux yeux bleus était un un ancien Prétorien amer et détruit par la perte de Fastoon. Cela ne l’empêchait pas d'avoir une attitude sympathique envers les cinq recrues postées devant lui. R/K l’appréciait beaucoup, pour lui, il était comme un père.
-Bien, les enfants, si vous êtes là, c'est parce que vous avez des aptitudes exceptionnelles et que vous avez été jugés inspirants par notre gouvernement et c'est ce pourquoi notre illustre président vous fera l'honneur de vous parler en holo-cam d'ici une petite minutes alors soyez dignes de sa présence.
Maximilien fronça les sourcils alors que l'appel débuta. Le Président était un vieux Lombax, de taille moyenne et ressemblant trait pour trait à son fils.
-Bonjour.
Les cinq se levèrent et saluèrent religieusement leur chef suprême.
-Bien, nous pouvons débuter la conférence. Si vous êtes ici c'est parce que nous vous avons trouvé une utilité à chacun d'entre vous pour notre grand dessein. Nous voulons monter une équipe de héros pour rassurer notre peuple et VOUS serez ces héros. Vous avez été sélectionnés parmi les meilleurs des meilleurs et vous ne pouvez décemment pas refuser notre offre.
Brut, froid, direct. Tous eurent des frissons dans le dos tellement cet homme était antipathique.
-Nous comptons lancer ce projet d'ici trois mois. Vous aurez donc trois mois pour vous préparer pour votre futur rôle. Est-ce bien clair. Évidemment que ça l'est. Je vais vous communiquer par mail les tenants et aboutissants de votre mission. Bien, vous devriez les avoir reçus. Maintenant je vais vous donner vos rôles et le Maréchal St.Clair vous expliquera le reste. Maximilien Sullivan.
Max se raidit.
-Vous serez le capitaine de votre équipe et le pilote attitré de votre vaisseau.
-Bien, monsieur le Président, qu'il en soit ainsi.
L'Homme se tourna vers Lucie.
-Lucie Freeman, vous serez la pilote de terrain ainsi première mitrailleur de bord.
-C'est un honneur, monsieur le Président.
-Inutile de vous donner votre rôle à vous, mademoiselle Smith. Vous savez déjà tout. Quand à vous, Kanbeï, vous serez un mitrailleur de bord et surtout le sniper. Et vous.
Il y avait du dégoût dans sa voix.
-Vous serez celle chargée de l'armement, Mélorie Adams. Bien, maintenant que nous avons fait le tour je vous laisse. Au revoir.
Et il les laissa en plan. Kiara gonfla les joues de colère, Lucie philosopha, Mélorie se sentit insultée, R/K se demanda si c'était normal et Maximilien fit la moue. Cet appel sembla irréel, inconcevable. Eux, des héros ? Kiara était à peine rentrée dans la vie active, R/K et Mélorie n'étaient même encore diplômés et Lucie et Maximilien avaient encore quelques années devant eux avant d'être promus.
-Bon, les enfants, je sais que c'est une grosse responsabilité mais pensez aux avantages. Vous vivrez deux jours par semaine dans un vaisseau tout neuf et grand luxe, vous aurez des appartements privés- même si cela ne doit pas vous défriser, mademoiselle Smith-, vous serez nourris et habillés gratuitement en plus de toucher un très bon salaire. Franchement, c'est un avenir radieux qui vous attend. On vous demande juste d'être bien habillés et de sourire. Voilà tout. Bien, pour vous quatre, je vous invite à faire vos affaires le plus vite possible puisque vous serez transférés dans deux jours. Quand à vous, mademoiselle Smith, vous pouvez disposer. Ce fut un réel enchantement de vous avoir parmi nous.
Kiara se leva, fit un joli sourire et s'en alla.
Durant les trois jours qui suivirent, R/K resta abasourdi par la nouvelle. Jérôme avait beau lui demander ce qu'il se passait, rien ne put sortir. Il exécuta chacun de ses gestes comme s'il était une machine. Adieu à sa carrière de sniper anonyme mais doué. Adieu anonymat rêvé. Adieu vie toute tracée. Lui ? Un héros ? L'idée de parler à Kiara était déjà trop dure pour lui -à part ce moment d'adrénaline qu'il avait eu quand ils se sont rencontrés- alors devenir célèbre... mais attendez ! Il allait pouvoir côtoyer cette splendeur au quotidien, quelle bonne nouvelle ! Cela lui redonna la motivation de préparer son unique carton et sa seule valise. Puisqu'il avait du temps, il se décida à enfin lire le courrier du Président.
« Capitaine Kanbeï... » Il avait été promu sans rien faire ?! Il n'en revenait pas. « ...vous avez été choisi pour devenir le sniper de la Scarlett Capsule car nous estimons que vous êtes la meilleure recrue possible pour ce rôle. Vos exploits lors de la bataille de Senmizû ont prouvé votre valeur. Avant de devenir un des membres de cette équipe montée par nos soins, vous allez vous soumettre à un entraînement rigoureux afin de faire de vous un personnage charismatique et aimé de tous. Vous aurez votre planning dans vos quartiers de la Grande-Cité de Luvia. Encore félicitations. Keith Sullivan, Président de la fédération Lombax d'Unia. »
Le jeune homme fut tiré de sa lecture par Maximilien qui venait de terminer de charger ses cartons dans le vaisseau qui allait amener le petit groupe vers leur nouveau « chez-eux ».
-T'es prêt ?
-Oui oui. Dis, t'en penses quoi, de toute cette histoire ?
J'en pense rien, sinon que c'est une chance pour toi d'enfin séduire. Ça te fera pas de mal, espèce de sauvage. Allez, mets tes affaires dans le vaisseau, Luvia c'est loin.
-J'arrive. Et les autres ?
-Les autres ne sont pas au courant. Ils pensent qu'on part en mission alors tu la boucles et tu montes dans le vaisseau.
Le voyage jusqu'à Luvia se fit sans encombre. Le Lombax au pelage doré fut subjugué quoique effrayé par la vue qui s'offrait à lui. La ville était grande, vivante, haute, colorée. Tout ce que Frémionne n'était pas. Sa réaction enfantine fit rire ses amis qui eux connaissaient la capitale comme leur poche.
-Dis Lucie, demanda Mélorie, c'est quoi le programme de ce soir ?
-Kiara nous a dit qu'elle s'occupait du repas donc on va arriver, se poser, se laver et manger puis on va aller se pieuter. Dès demain on sera occupés comme on ne l'a jamais été. Cette ville de ne dort jamais.
Leur vaisseau les déposa et repartit vers Frémionne. Ils entrèrent dans un énorme penthouse sublimement meublé. Kiara n'était pas encore là mais Jenna les « attendait ».
-Bienvenue messieurs Kanbeï et Sullivan et mesdemoiselles Adams et Freeman.
R/K poussa un cri de stupeur.
-Ne vous affolez pas. Je suis Jenna, l'assistante de mademoiselle Smith et aussi, à partir d'aujourd'hui la votre. Demandez-moi n'importe quoi et je le ferai. Mademoiselle Smith m'a demandé de vous avertir que des montres connectées vous attendent dans vos chambres respectives et qu'elle aura un peu de retard car elle a eu un léger souci lors de son dernier rendez-vous programmé. Avez-vous besoin de quelque chose ?
-Que tu préviennes, la prochaine fois, ironisa le Lombax.
Encore une fois, sa réaction fit rire ses compères. Jenna leur indiqua leurs quartiers et se mit en veille. La chambre de Kanbeï était au premier étage. Il monta donc les escaliers lumineux et rentra dedans. Elle était immensément grande. Trop grande à son goût et très impersonnelle avec ses murs blancs et ses meubles noirs mais elle était confortable. Il posa son carton sur sa commode et s'assit sur son lit pour enlever ses chaussures.
-Voilà ma vie, donc. Moi qui croyais que le plus grand confort auquel j'aurais pu avoir droit était celui de la chambre qu'on octroie aux officiers... ahahahah...ah. Dis, Jenna ?
-Oui, monsieur Kanbeï ?
-Appelle-moi R/K. Je n'ai pas d'autres vêtements que ma tenue actuelle, est-ce que par hasard on aurait reçu les nouveaux uniformes ?
-Non, pas encore, monsieur R/K.
-Mince.
-Cela dit, vous pouvez commander votre tenue pour ce soir. Votre comte indique que vous avez Trente mille boulons disponibles.
-Combien ?!
En effet, jusqu'à leur diplôme, les cadets n'étaient pas payés.
-Oui, il s'agit de votre salaire mensuel. Voulez-vous commander?Vous avez encore une heure avant l'arrivée de mademoiselle Smith.
-Bah... Ok, je suppose.
Cette nouvelle vie était déjà pleine de surprises. Il feuilleta rapidement les premiers résultats qu'il avait tapé dans la barre de recherches et s'acheta pour la modique somme de cent boulons une paire de baskets en toile vertes, un t-shirt rouge ainsi qu'un pantalon noir. Kanbeï prit sa douche, mis ses nouveaux vêtements arrivés par téléportation et se coiffa un peu, espérant impressionner Kiara en étant à la fois cool et naturel.
Pourvu qu'il puisse réussir à lui parler...
Fin du prologue.
Chapitre 1 : la Fa qui ne sentait pas la mer
Date de publication : 30 mai 2020.
Lucie rentra dans sa chambre. On aurait dit celle qu'elle avait chez ses parents avant leur déménagement. Les murs étaient couleur banane, assortis à ses rayures. Elle retira joyeusement ses chaussures et se dépêcha d'enlever son treillis avant de se jeter dans son nouveau lit. La jeune Lombax lâcha un soupir de bonheur.
-Adieu Frémionne, adieu les connards de l'Académie ! Je suis libre...
D'amères larmes roulèrent le long de ses joues avant de se perdre dans sa fourrure taillée à ras. Elle avait du travailler plus dur que tout le monde, enfin, plus dur que ses camarades masculins et la voilà dans un projet qui allait faire d'elle une figure acclamée et respectée. Le rêve! Mais elle ne se leurrait pas, Lucie savait pertinemment que si elle avait été choisie c'était grâce à son frère jumeau. Non ! Il ne faut pas rameuter de vieux démons ! La Lombax se tapota les joues et força un sourire exubérant.
-Jenna, prépare moi ma robe rouge et mes talons noirs, s'il-te-plaît.
-Bien, mademoiselle.
Elle se rua dans sa salle de bain, ravie d'avoir enfin de l'intimité. La blondinette s'offrit un bon bain bien chaud. Une fois la gigantesque baignoire vidée, elle en sortit et s'ébroua, mettant de l'eau partout.
-Y a pas à dire, certains côtés désuets de notre espèce sont quand même géniaux. Quelle sensation !
Notre héroïne s'enroula dans une serviette de bain et revint dans sa chambre où l'attendaient ses vêtements. De sa valise elle en sortit une très jolie culotte en dentelle rouge ainsi qu'un corset de maintient du même ton puis enfila une très jolie maxi robe d'un rouge vif pourvue d'une fente remontant le long de sa jambe droite. Lucie s'admira un court instant dans le miroir géant qui faisait face à son lit.
-Qui est donc cette magnifique créature ? Ah mais c'est moi !
Elle éclata de rire.
-Bon, c'est pas le tout mais les bijoux maintenant. Voyons le cadeau que tu nous as fait, Kiara chérie...
Il s'agissait d'une très jolie montre connectée très féminine. Le bracelet était en fait une très jolie chaînette noire surmontée de pierres précieuses.
-Je te reconnais bien là ! Je sais très bien ce je vais porter avec ton cadeau.
Elle attrapa une boite et en sortit un collier délicat ainsi que des créoles du même métal que sa montre. Un instant plus tard Lucie avait terminé de se parer. Il ne manquait plus que ses cheveux. Ils étaient courts et ébouriffés mais après un moment de négociation avec sa brosse à poils elle réussit à les dresser en un très joli carré lisse. Encore un avantage de sa nouvelle carrière: adieu les cheveux pratiques, la jeune femme pourrait enfin les faire repousser.
-Eh ben, si ton sauvageon ne te fond pas dans les bras ce soir, je ne sais pas ce qui pourra le faire craquer, ma belle, franchement, t'assure.
Elle était prête.
La chambre de Maximilien était vierge de toute fioriture. Un lit, une table de chevet, une penderie, un bureau, c'est tout.
-Je sais bien que tu ne me portes pas dans ton cœur mais tu aurais pu quand même décorer un peu, râla t-il.
Le Lombax retira son ancienne tenue et enfila un pantalon habillé, une chemise blanche ainsi qu'une paire de chaussures de soirée noires.
-Et dire que je vais devoir me la farcir tous les jours.
Max sortit une jolie montre à gousset de son sac à dos et l'ouvrit. Dans l’intérieur du couvercle s'y trouvait une photographie d'une très belle jeune Lombax dans la fleur de l'âge. Elle avait un pelage blanc comme la neige, de grands yeux pleins de vie et des rayures rouges.
-Mama... comme j'aimerais que tu sois là. Papa n'est pas gentil avec moi, viens m'aider, mama...
Amberly Sullivan, née Azimuth était une célèbre pilote de la garde Prétorienne ainsi que la sœur du Traître Azimuth. Keith Sullivan, un politicien en faveur du Plan de Retraite Lombax vers la galaxie d'Unia, en était épris et ils se marièrent avant d'avoir Maximilien. Maximilien était le cadet d'une fratrie de quatorze enfants et certainement celui que Keith détestait le plus pour plusieurs raisons. Il le tenait pour responsable de la mort sa mère alors qu'il n'était encore qu'un petit garçon dont les oreilles venaient à peine de se décoller. Amberly faisait partie des nombreuses victimes du génocide organisé minutieusement par Tachyon.
-Évidemment que tu ne peux pas m'aider, n'est-ce-pas, mama ? Après tout, je t'ai tuée, pas vrai, mama ? C'est ce que papa dit et il a raison... mais je te promets que je vais faire de mon mieux...
De grosses larmes pleines de tristesse finirent leur course contre la photo.
-... je te promets de devenir le meilleur pilote et le meilleur fils pour papa... comme ça tu me pardonneras, hein, mama ?
-Mais oui, maman, je suis bien arrivée. Non maman, je ne me suis pas faite virée.
Mélorie agita ses oreilles, agacée. Elle avait sa mère au téléphone.
-Mamaaaaaaan, c'est une promotion je te dis. Oui oui, je viendrai t'expliquer mais la semaine prochaine. Oui oui, c'est ça, on se voit bientôt, bisous.
Elle raccrocha alors qu'on sonna à sa porte. Elle retira le champ de force et à sa plus grande joie, c'était R/K. Son cœur chavira lorsqu'elle le vit. Qu'est-ce qu'il était beau dans sa tenue civile. Le parfum émanant de son pelage arriva jusqu'à ses naseaux et elle se sentit partir.
-Ça va ? Tu n'as pas l'air bien.
Quelle voix ! Elle n'en pouvait plus d'amour.
-Oui oui, ça va, lâcha t-elle, le souffle court. Qu'est-ce que tu me voulais ?
-Bah... je voulais avoir ton avis, tu me trouves comment ?
-Tu es vraiment trop canon, cria la jeune femme, toute émoustillée.
R/K fit de grands yeux et Mélorie se reprit.
-Ahem, je veux dire, ça va, tu es beau, pourquoi ?
-Eh ben en fait...
Allait-il enfin lui confesser son amour ? Mais oui, pourquoi se serait-il fait aussi beau ? Un tas d'idées perverses lui traversèrent l'esprit sur l'instant mais elle se refusa à elles. Non, leur amour serait beau et timide, comme lui. Et puis un amour qui naît d'une amitié d'enfance. Y avait-il quelque chose de plus que ça, à part lui, bien sûr.
-J'aimerais bien plaire à Kiara.
QUOI ?! Mais ce n'était pas possible !
-Ah, souffla t-elle, glaciale. Je sais pas, peut-être, tu aurais dû aller voir Lucie ou Sullivan.
-Lucie se parle à elle-même et pourquoi Max ?
-Bah, tu n'es pas au courant ? Ils étaient fiancés à un moment.
Le monde s'écroula sous les pieds du jeune homme et il écarquilla tellement les yeux qu'il tenait plus du poisson grabule que du Lombax. Mélorie se plongea dans incompréhension de son ami et vit une occasion de l'utiliser à son avantage.
-Oui et c'est lui qui l'a larguée. 'Parait qu'elle l'a mal pris et qu'elle en est encore follement amoureuse.
Et pour la touche finale...
-Désolée... j'espère que tu trouveras quelqu'un de bien pour toi... tu sais que je déteste briser tes rêves mais je me devais de te le dire...
Évidemment, elle mentait. C'était Kiara qui avait rompu après qu'ils eurent été pris en photo par des paparazzis lors d'un de ses rendez-vous arrangés. Mais elle connaissait Kanbeï comme sa poche et savait qu'il n'irait pas leur demander ni chercher sur l'ultra-net. Quelle aubaine. Mélorie prit son ami dans ses bras, lui caressant la tête « pour le consoler ».
-J'ai tellement de la chance de t'avoir comme amie...
Elle ressentit comme un pincement au cœur et commença à ressentir des remords. Kiara arriva peu de temps après. R/K ne lui adressa pas la parole, Maximilien passa la soirée collé contre Lucie et Mélorie se félicita d'avoir évité un rapprochement entre les deux.
Après le repas Kanbeï alla directement se coucher, un peu déçu. Il n'avait jamais eu d'attirance pour une fille avant Kiara. Mais qu'est-ce-qu'il s'imaginait ? Comment une fille pareille pourrait s’intéresser à lui ? Il n'avait même pas de prénom. Aucune famille ne l'avait réclamé après la Fuite. Il était juste un soldat anonyme, rien de plus.
Fastoon, ??? avant la Fuite. Un rire. Une famille heureuse, un petit garçon souriant qui joue dans la mer.
-Ma..ma. L'eau, l'eau !
-Oui...
Une Fa qui prend son enfant dans les bras et qui l'appelle par son nom mais on ne le comprend pas. Une Fa qui frotte sa joue contre la sienne. Une Fa qui sent bon. Une voix qui rit. Une voix grave qui rit.
-Ton fils sait dire autre chose que « mama » maintenant.
La Fa rit aussi. Elle rit. « Mama » rit. La Fa repose son enfant. L'eau est bonne, marrante et elle sent. Elle ne sent pas comme la Fa.
-C'est aussi ton fils, pas vrai... ?
La Fa redit le nom mais on ne le comprend pas. La Fa aime cet enfant. Elle lui a donné un prénom. Il y a un homme. Il n'est pas un Fa. C'est aussi un Lombax mais pas un Fa. Le Lombax s'approche de sa famille et les prend dans ses bras. Son poil est ras. Sa fourrure est dorée, dorée comme celle d'un désert. Ses oreilles sont grandes.
-Oui, je suis l'heureux papa de cet enfant...
L'homme est heureux. Il le dit. Il sent le soleil. La Fa ne sent pas le soleil et elle ne sent pas la mer non plus.
-Emly, tu penses qu'il sera heureux, plus tard ?
-Oui, on sera toujours là pour lui. Toujours.
La Fa, « Mama », « Emly » le dit, c'est que c'est vrai.
-Et toi...
Elle redit encore une fois ce nom.
-... Tu seras toujours là pour nous ?
Le petit garçon ne comprend pas. Soudain le décor change ! Tout est en feu et bruyant, le petit garçon a peur mais il a grandi. Un petit peu. La Fa court avec le petit dans ses bras. Son petit. La Fa ne sent pas comme à la plage, elle sent le sang et la mort. Elle sent comme un champ de bataille. Il est terrifié, elle aussi. La Fa tombe, écrasée par bâtiment qui s'écroule. Par chance, elle arrive à jeter son petit pour le mettre hors de danger. Il a mal et va vers elle pour se plaindre.
-Maman, bobo...
La Fa ne répond pas, elle ne répond plus. L'enfant crie et R/K se réveille en hurlant, son lit trempé de sueur et rempli de poils dorés. Il pleure, complètement terrorisé. Ce rêve était affreux, tout se mélange dans sa tête. Son souffle est court, irrégulier.
-Oh, la ferme R/K !
C'est la voix de Maximilien. Étrangement, cela eut le mérite de le calmer. Le Lombax tourna la tête vers son réveil. Cinq heures du matin. Quelqu'un vient sonner à sa porte mais il ne veut pas ouvrir. Il referme les yeux et se recouche. Qu'est-ce-que l'esprit est tordu, parfois.
Fin du chapitre 1.
Chapitre 2 : Une tartine.
Date de publication : 30 mai 2020.
Six heures du matin, Kanbeï se réveilla pour de bon.
-Bonjour monsieur R/K, voulez-vous voir le ciel ce matin ?
Il prit une grande inspiration.
-Oui, s'il-te-plaît. Et appelle-moi R/K.
-D'accord, monsieur R/K.
-Non non, juste R/K. Pas de monsieur qui tienne.
-Très bien, j'enregistre l'information.
Et il soupira d'aise.
-Dis, quel est mon emploi du temps d'aujourd'hui ?
-Mademoiselle Kiara a prévu une séance de shopping avec tous les membres du projet à neuf heures, ensuite vous aurez un cours sur la posture donné par madame Smith en personne à midi puis à quatorze heures vous déjeunerez avec elle, après vous aurez une séance de sport avec l’entraîneur personnel de Victorien Freeman. Votre journée se terminera par un dîner avec vos camarades.
Le Lombax fit la moue.
-Eh beh, c'est chargé aujourd'hui. Merci Jenna.
-De rien, mons... R/K, R/K.
On l'appelait R/K à cause de son nom de famille, Kanbeï et du héros Lombax, Ratchet Kanbeï. Cela coulait de source. C'était un homme bon, un combattant de la vérité ainsi que l'idole de notre ami. Malheureusement, il avait péri lors de la Fuite avec l’entièreté de sa famille. Quel dommage. Au moins, il avait la chance d'avoir le même nom de famille que lui. Dans la société Lombax, le prénom était quelque chose de sacré, de réfléchi et jusqu'à leur adoption, les orphelins abandonnés sous X n'ont pas le droit d'en avoir un et cela était le cas de notre héros. Personne n'avait voulu de lui, à part le Maréchal St.Clair. « Tu sais, quand tu seras devenu quelqu'un, tu pourras te choisir un prénom. » Ses mots résonnaient encore dans sa tête aujourd'hui. Il s'était battu trop durement, avait étudié trop durement en ce but. Il attendait impatiemment la reconnaissance de ses pairs et de jour en jour, son envie d'avoir un prénom était grande. Le jeune homme se rappela aussi qu'il avait demandé à Kiara de lui trouver un prénom. Heureusement qu'elle ne s'était pas formalisée ! Quelle horreur, cela le fit grincer des dents.
-Bon, c'est pas le tout...
Il se mira dans la vitre qui venait de passer du mode opaque au mode translucide. Le monde dehors était magnifique, coloré et vivant. Et lui aussi était magnifique coloré et vivant. Tant pis si Kiara était encore amoureuse de Max, ils pourraient quand même être amis et qui sait... peut-être qu'un jour il pourrait se trouver une femme avec qui faire sa vie. Après tout, elle n'était encore qu'une inconnue.
-...mais faut s'activer.
-Ptain, j'aime pas le matin.
Kiara était en short et débardeur de nuit, ses lunettes sur le nez, des chaussettes hautes aux pieds, les cheveux en bataille.
-Surtout quand je fais des cauchemars. Et toi Jenna, bien dormi ?
Elle avala une gorgée de son youzhi. Elle le prenait sucré avec un nuage de lait végétal.
-Je ne dors pas, mademoiselle Kiara, vous le savez bien.
-Ah oui, c'est vrai, répondit-elle, ton d'un las et monotone. Tu voudrais quelles features pour ta prochaine mise-à-jour ?
-Je ne sais pas, mademoiselle Kiara, celle qui vous siéra.
-Appelle-moi Kiara, va.
-D'accord, mademoiselle Kiara.
Kiara fronça les sourcils et avala une autre gorgée.
-Cet après-midi je vais te brancher au Scarlett Capsule. Je vais en profiter pour rénover la structure de ton IA et je vais régler cette sale habitude de m'appeler mademoiselle à tous bouts de champ.
-Comme il vous plaira, mademoiselle Kiara.
Kiara s’énerva pour de bon.
-Ça m’énerve, ça m’énerve, ça m’énerve, râla t-elle tout en se tartinant un morceau de brioche avec du beurre végétal. En plus j'ai rendez-vous avec un loser ce soir, rha. Je suis pas un ptain de morceau de viande.
Les larmes lui montèrent aux yeux. Pile à ce moment là, R/K traversa le champ de force. Il portait sa tenue de la veille, faute de mieux.
-Salut.
-Bonjour.
Le ton était un peu étrange, bizarre, gêné. Il vint s’asseoir en face d'elle. Pendant une bonne minute les deux ne pipèrent mot.
-Et toi, tu as bien dormi ou tu vas aussi me répondre que tu ne dors pas ?
Kiara avait les yeux mi-clos.
-De quoi ?
Le jeune homme plongea son regard dans celui de son interlocutrice et remarqua que la pupille gauche de Kiara restait figée et était recouverte d'un voile laiteux.
-Tu as remarqué ? Pas grave, je m'en fiche. Si tu veux savoir, la consanguinité c'est mal. Je suis presque aveugle sur un œil. Je porte des lentilles pour que ça ne se voit pas. Pardon de t'horrifier avec ça, surtout au petit-déj.
Kanbeï fronça les sourcils à son tour.
-Pourquoi ça devrait me faire peur ?
-Parce que c'est moche ?
-Je ne trouve pas ça laid.
Le silence revint. Pendant ce temps, il l'observa sous toutes les coutures. Sa petite taille. Les petites mouchetures au niveau de ses pommettes, ses longs cils noirs, ses jolis sourcils bruns -certains Lombax les teignent pour les faire paraître plus fins ou plus épais!- , ses oreilles tombantes avec leurs pointes qui rebiquent, ses yeux en amande. Le gris de l'intérieur de son iris gauche. La finesse de ses mains malgré une certaine usure inexpliquée, comment ses bras semblaient être gantés par de la fourrure brune, le début de sa poitrine plastronnée par ce même poil couleur chocolat. Ses seins plantureux, sa taille marquée, la largeur de ses hanches. Ses jambes musclées. Comment ses oreilles réagissaient au son des vaisseaux passant près des vitres. Tout cela c'était Kiara et tout cela était magnifique. Le Lombax pensa à Lucie. Lucie avaient des yeux plus ronds, un museau plus large avec une forme plus carrée, un visage moins fin, moins long. Son poil était d'un ton plus gris que celui de Kiara. Leurs rayures étaient différemment placées, Lucie en ayant trois par joues et deux par oreilles. En parlant de ses oreilles, ces dernières pointaient vers le haut et étaient plus longues. Et Lucie était blonde, pas brune. Tout un tas de différences, donc. Mais Mélorie aussi était très différente de Kiara. Déjà, Mélo' n'était pas totalement une Lombax mais elle en avait quelques traits. Les rayures sur ses oreilles ressemblaient plus à celles de Lucie mais avec la couleur de celles de Kiara et celles de ses joues n'étaient que de deux au lieu de trois chacune. Il y avait aussi Maximilien qui était très différent de Kiara. Déjà, c'était un mâle et il avait une longue queue là où Kiara avait une petite queue ressemblant à un pompon. Le pelage de Max tirait un peu plus sur le crème que celui de Kiara et le bleu de ses yeux n'avait rien à voir avec les bleus des yeux de la jeune femme. Non, vraiment, rien à voir.
-Tout va bien ? Ou tu comptes me fixer toute la journée ?
R/K se tira de sa transe, très gêné. Il avait cette capacité à receler toutes les différences entres des individus, jusqu'à la teinte de leur pelage ou le type de celui-ci dans un rayon de deux kilomètres.
-Oh désolé, désolé !
Il mit ses mains jointes devant son visage, implorant son pardon.
-C'est pas grave.
Elle lui fit un joli sourire. Maintenant qu'elle le regardait de plus près, il était plutôt beau, ses grands yeux rayonnaient et étaient complimentés par les dorures situées dans ses iris. Son museau était humide et humait l'air de l'endroit. Ses oreilles étaient dressées, aux aguets. Il tenait plus de l'animal inconnu et sauvage que la plupart des Lombax qu'elle avait l'occasion de croiser.
-Dis, je peux avoir un verre de lait, s'il-te-plaît ?
-Oui oui, bien sûr, c'est dans le frigidaire situé derrière toi.
Kanbeï se leva et elle admira la finesse de ses muscles sculptés par des années d’entraînement intensif. La jeune femme s'autorisa même à admirer le postérieur de son camarade. Oui, c'est ça, il était plutôt beau.
-Au fait, tu n'as pas été beaucoup bavard hier, est-ce que tout allait bien ? Ou si c'était le ship-lag ?
-Oui, je n'ai jamais vraiment voyagé, ahah.
-Je vois. Je suis désolée de ne pas avoir demandé à ce que ta chambre soit décorée, j'ai pensé que tu aimerais choisir ta déco toi-même.
-C'est gentil.
Elle était gentille, finalement.
-Allez, donne-moi un baiser.
-Non, je ne veux pas !
Une petite fille au pelage blanc et aux rayures blondes luttait contre trois jeunes Lombax plus âgés qu'elle. Un quatrième restait planté là, à essayer de la « convaincre ».
-J'ai dit non, laissez-moi tranquille !
Sa voix était cassée à force de crier et de pleurer mais cela fut vain, il lui arracha un baiser.
-Eh, regardez, j'ai embrassé la géante !
Lucie se réveilla en sursaut, donnant un coup de coude dans le bras de Maximilien qui dormait encore. Elle était dans sa chambre. Sa tête lui faisait un peu mal. Peut-être qu'elle et son petit copain avaient abusé de la bouteille d'alcool que Kiara avait ramené. Max se réveilla aussi, en râlant.
-Kanbeï puis toi, dites-le si je vous ai fait quelque chose, bordel.
-Ouais, tu râles dès le matin.
La jeune femme eut droit à un regard noir de la part de son partenaire.
-Oh ça va, pardon. Ça te va ?
-Non, je veux un câlin et un bisou magique.
Elle se colla contre lui. Le contact des deux fourrures était très agréable.
-Tu as encore rêvé de ça, pas vrai ?
Lucie ne répondit pas et il poussa un soupir.
-Je suis désolé.
Mélorie se réveilla tranquillement, naturellement, ravie de sa nuit. Elle était persuadé d'avoir fait un rêve prémonitoire concernant son futur avec R/K. La jeune femme serait celle qui lui donnerait un prénom. Comme cela était romantique. Mélo sifflota tout en prenant sa douche et continua jusqu'à ce qu'elle soit habillée, parfumée et équipée. Son bon moral vira à la tempête quand elle vit R/K et Kiara discuter ensemble. Il la remarqua et lui fit signe de venir.
-Coucou.
-Bonjour.
-Salut.
Son ton était froid envers Kiara mais bouillant envers Kanbeï. Mais la Lombax n'était pas stupide, elle l'avait vue faire sur Frémionne et avait demandé à Jenna d'enregistrer tout ce qui la concernait de près ou de loin et elle l'avait entendue mentir mais faisait semblant de ne rien savoir, en attendant de savoir comment aborder la situation.
-Tu as bien dormi ?
-Oui, très bien.
-D'accord.
La tension était électrique et resta ainsi jusqu'à ce que le couple arrive.
Fin du chapitre 2.
Chapitre Spécial : Le baiser de la mort, partie 1.
Date de publication : 5 juin 2020
Fastoon, quinze ans avant la Fuite. À l'aube d'une nouvelle journée. Dans la Cité Défendue, cité mère des Fa. Dans le palais royal. La reine Rhéa était sur son balcon, prenant son petit-déjeuner avec ses deux filles, des jumelles nommées Aza-Lee et Kathleen. Elle était magnifique, ses grands yeux vairons contrastant avec le noir de sa fourrure. Son air digne lui donnait un côté indomptable et fier. Ses filles possédaient une fourrure gris charbon et les même yeux que leur mère, c'est-à-dire vert d'eau et jaune ainsi que des rayures brunes, héritées de leur défunt père qui était lui-même un Fa. La lignée royale n'avait jamais eu le besoin de se reproduire avec des non-Fa depuis sa création. Bien sûr, cela n'avait pas évité les escarres liés à la consanguinité. Notre bonne reine le savait mieux que quiconque puisqu'elle était aveugle d'un œil. Rhéa contemplait son plus grand trésor, ses deux enfants.
-Oui, maman ? Tu veux quelque chose, demanda Aza-Lee qui avait remarqué le regard insistant de sa mère.
-Rien, je vous regardais. Vous êtes si belles, votre père serait fier de vous.
-Tu crois ?
Kathleen se tut, des deux filles, elle était celle qui était la plus touchée par la mort de leur père, tué durant la Grande Guerre opposant les Lombax aux Cragmites.
-On peut arrêter de parler de papa, s'il-vous-plaît, souffla t-elle, doucement.
Rhéa et Aza-Lee se turent, retournant à leur repas.
Reepor, douze ans avant la Fuite. Nuit noire. Camp Lombax. Les troupes à l'avant se faisaient décimer, celles à l'arrière étaient effrayées. Le sang Lombax jonchait le sol comme une mélasse rougeâtre et inéluctable. Personne ne savait quoi faire. Cette bataille devait être la dernière et la victoire devait être simple mais les Cragmites avaient caché astucieusement leurs dernières ressources. Alors que tout semblait perdu, des vaisseaux alliés larguèrent des robots faisant une dizaine de mètres sur le champ de bataille et alors un grand soupir de béatitude se fit remarquer sur le visage de ces soldats désespérés. Les Familiers étaient arrivés. Ces véhicules géants, Lombaxoïdes, étaient le dernier recours des armées Lombax et le bijou de la couronne du peuple Fa. Aussi, seules les femelles Fa avaient le droit de les piloter. Ces dernières percevaient ce droit comme un honneur et combattaient dignement lors des « baisers de la mort », c'est-à-dire les opérations les nécessitant. La reine elle-même participait aux baiser de la mort et la voilà, ici, prête à sauver son peuple de la guerre. Son familier était un peu plus grand que les autres, noir avec des détails dorés alors que ceux de ses guerrières revêtaient les couleurs des Fa ; le bordeaux et l'argent.
-Mesdames, êtes-vous prêtes pour ce dernier baiser de la mort, demanda Rhéa, sûre d'elle.
Sa quinzaines de coéquipières répondirent par un « oui » crié à l'unisson et alors le combat débuta. Ce dernier était cruel, sanglant et monstrueux pour le peuple Cragmite. Au bout de deux longues heures de lutte acharnée, un détachement Cragmite encercla une trentaine de soldats Lombax qui tentaient de rejoindre les vaisseaux qui devaient les faire s’échapper de cet enfer. Celui qui allait devenir Ratchet Kanbeï, le grand héros de la bataille finale, faisant partie des survivants, tua une vingtaine de soldats mais le jeune homme savait pertinemment qu'il ne faisait qu'acheter du temps à ses camarades. Contre toute attente un Familier arriva à leur rescousse. Le robot géant sauta par dessus les soldats et décima les troupes adverses avec férocité. Ce que sa pilote n'avait pas prévu c'est que ces derniers avaient calculé le coup et avaient préparé des explosifs pour faire sauter cette machine de malheur. Il tomba lourdement sur le sol. Ratchet fonça voir si la personne à l’intérieur allait bien. Il força l'entrée et en extirpa une Lombax grièvement blessée. Lui et ses compagnons d'infortune lui nettoyèrent le visage et découvrirent une jeune femme, encore très jeune, comme eux tous, au pelage doré et aux rayures brunes. Par chance, le communicateur du Familier était intact et il sonnait en boucle. Une des soldats décrocha, permettant à Rhéa et à son équipe de pouvoir aller chercher les survivants. Le petit groupe apprit par la même occasion qu'ils étaient les derniers survivants de la Dernière Bataille. Les larmes jaillirent comme une pluie diluvienne sur leurs visages.
Fastoon, onze ans avant la Fuite. La pilote attendait quelqu'un. Il arriva, il s'agissait de Ratchet Kanbeï. Ils s’étreignirent avec passion avant de s'embrasser. Comparée à lui, elle était vraiment minuscule, tellement petite qu'elle devait se mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir l'enlacer.
-Tu m'as tant manqué, chuchota t-elle, dans l'intimité de l'oreille de son amant.
-Toi aussi, Emma-Lyne, toi aussi, répliqua t-il, fourrant son museau dans la douce fourrure de sa moitié.
Il l'adorait, tout simplement. Dire qu'il l'avait rencontrée sur un champ de bataille. Le Lombax en remercierait presque les Cragmites d'avoir fait exploser son familier, sans cela, qui sait, jamais il ne l'aurait rencontrée. Elle aussi l'aimait et planifiait de lui demander de l'épouser. La jeune femme en avait demandé la permission à sa reine et elle l'avait accepté avec joie. Ce qu'elle avait hâte.
Toujours Fastoon, sept ans avant la Fuite, palais royal des Fa. Perceval Tachyon, Keith Sullivan, Alistair Azimuth ainsi qu'un génial jeune inventeur, fils de Quentin Smith, Anthon Smith, étaient escortés vers la salle du trône par les gardes. À l’intérieur attendaient la reine, ses deux filles ainsi que la sœur d'Alistair, Amberly. Cette dernière, bien que brillante pilote au solde de la Garde Prétorienne, était aussi une Fa, seulement, son hétérochromie n'étant que partielle, on lui avait offert le choix de pouvoir vivre hors de la Cité Défendue. Mais celle qu'on appelait « la sauvage » n'en restait pas moins une Fa. On ouvrit la porte. Sa majesté jaugea d'un air empli de dédain Tachyon, le dernier des Cragmite et élevé par les Lombax.
-Bien, bonjour messieurs.
Tous se mirent à genoux. Amberly croisa le regard de Keith. Elle le connaissait, elle l'avait déjà vu, une fois. Ce politicien de pacotilles qui avait réussi à grimper les échelons grâce à ses beaux discours. Il était de taille moyenne, pas franchement séduisant, avec son pelage gris sale et ses yeux de vipère. Anthon se tenait à sa droite. Lui, au moins était un bel homme. Enfin, son regard se porta vers son frère, le fringuant magistrat Quatre-Boulons. Il la salua d'un geste de tête.
-Ne perdons pas de temps, le votre étant aussi précieux que le mien. Je ne m'attendais pas à votre présence, magistrat, c'est un plaisir, vraiment.
-Le plaisir est partagé, votre majesté. Je suis venu me porter garant pour monsieur Tachyon ici-présent.
-Tant mieux, si je puis me permettre, il me semble que vous êtes déjà marié, n'est-ce-pas, plaisanta t-elle.
-Non, pas encore. Mais nous l'envisageons, merci de vous en soucier.
-Cela est naturel, voyons. Enfin, comme je le disais, ne perdons pas de temps. Monsieur Smith, vous avez demandé la main d'une de mes filles, pourquoi ?
-Pour être exact, ce n'est pas moi, votre grandeur.
-Tiens donc, fit Rhéa, un peu décontenancée par la désinvolture de son interlocuteur.
-Mon père pense qu'un mariage entre ma famille et la votre assurerait un avantage et une prospérité pour les deux partis. En plus de cela, je me dois de vous dire que vous et vos filles sont un véritable plaisir pour mon humble rétine, que ce soit pour votre beauté singulière ou pour votre intelligence.
Aza-Lee roula les yeux. Kathleen semblait perdue.
-Allons, allons, arrêtons les simagrées, voulez-vous ? Je m'en remets au jugement de la principale intéressée, Aza-Lee, qu'en penses-tu ?
-Je pense que c'est une très bonne idée, mère. Avoir la Smith Inc. dans notre famille nous donnerait un avantage considérable pour l'élaboration de la nouvelle génération de Familiers. Et puis ses études me plaisent.
Rhéa leva un sourcil, circonspecte. Bon, si cela était la volonté de sa fille, pourquoi refuser.
-Soit, j'accepte, souffla la reine. Passons à monsieur Tachyon. Je pourrais vous demander pourquoi diable voudriez-vous prendre ma seconde fille en mariage mais cela serait inutile puisqu'il s'agit d'une décision qui ne dépend que du Conseil.
Il la répugnait. Cet être petit, insectoïde, qui se cachait derrière de grands sourires pour obtenir ce qu'il voulait. Et elle devait lui céder l'une de ses filles ? Quelle horreur.
-Je prendrais bien soin de votre fille, soyez-en assurée, ma reine.
-Naturellement. Bon, et vous, monsieur Sullivan, j'ai ouï dire que vous vous étiez épris de notre Amberly ici-présente. Est-ce vrai ?
Alistair détestait Keith, encore plus depuis que celui-ci c'était mis dans l'idée d 'épouser sa petite sœur.
-Absolument.
Sa voix ne comportait aucune émotion. Cet homme déjà assez vieux avait pour sale habitude de se marier avec de jeunes femmes pour ensuite en choisir d'autres quelques années après. Seulement, il était dans les règles et lois Fa.
-Et vous, Amberly, êtes-vous pour ?
La Lombax acquiesça, le regard éteint. Rhéa savait qu'elle devait refuser cette union mais puisqu'elle avait consenti, elle ne pouvait pas revenir en arrière. Le sort en était jeté.
Fastoon, Cité Défendue, maternité. Trois ans avant la fuite. Aza-Lee hurlait à pleins poumons. Elle n'avait pas souhaité prendre de calmants pour son accouchement. Anthon était à ses côtés, se faisant broyer la main par son épouse. Sa mère s'occupait elle-même du bon déroulement de la naissance tandis que Kathleen était chargée de faire patienter les amis de la famille en salle d'attente. On lui avait proposé de venir assister mais la jeune Lombax n'y tenait pas. Cela ferait trop mal. Pour des raisons évidentes, elle n'aurait jamais d'enfants. Cela la faisait détester Tachyon encore plus. Soudain, Anthon sortit, complètement essoufflé.
-Ça y est, elle est là, hurla t-il avant de s'évanouir.
Son père le ramassa, fier de lui et pressé d'aller féliciter la jeune maman. Félicité, la mère d'Anthon, apporta de quoi boire à sa belle-fille. Ils adoraient cet esprit brillant qui savait tenir leur fils en haleine durant leurs célèbres joutes verbales. Aza-Lee était allongée, une petite boule de poils toute blanche collée contre elle. Elle arborait un regard béat, soulagé. La petite créature dormait paisiblement.
-Papa, mamans, sœur adorée, amis estimés, je vous présente Kiara, nouvelle princesse des Fa.
Fin de la partie 1.
Chapitre 3 : Jenna In the Scarlett Capsule
Date de publication : 5 juin 2020
Kiara entra dans son atelier, sa clé dans une main, un sachet contenant de la junk food de l'autre.
-Jenna, prête à passer au niveau supérieur ?
-Toujours, mademoiselle.
-Alors c'est parti.
La jeune femme fit entrer une équipe de robots mécaniciens.
-Jenna, tu connais la musique.
L'IA lança une play-list pop et Kiara se mit au travail. Tout se goupilla comme une symphonie. Elle ouvrit le vaisseau et entra à l'intérieur pour en modifier le réseau électrique afin qu'il puisse accueillir une entité comme Jenna. Ensuite, elle croqua dans son burger avant de bidouiller les contrôles du véhicule spatial. Après la jeune femme se dirigea vers les quartiers de survie. Toutes les cabines étaient prêtes. Parfait. Elle prit une gorgée de son soda. D'ordinaire notre princesse en bleu de travail ne s'autorisait pas ce genre d'écarts dans sa diète mais pas quand elle travaillait sur un projet aussi titanesque.
-Jenna, je vais te débrancher un peu pour pouvoir t’intégrer à UI du vaisseau.
Et elle le fit. Kiara se retrouva rapidement dans le noir de son atelier avant que l'IA de son père ne prenne le relais.
-Bonjour messieurs dames, je suis NEMO, l'intelligence artificielle créée par monsieur Smith.
R/K fit un bon de stupeur alors qu'il courrait sur un tapis de course, menant à sa chute inexorable.
-Mais c'est pas vrai, pesta t-il.
-Bonjour NEMO, ça fait un bail.
-Bonjour, mademoiselle Smith. En effet, cela fait deux ans que vous n'avez pas eu besoin de mes services.
-T'en fais pas, ça ne prendra pas longtemps. J'ai besoin de reprogrammer Jenna. Appelle mon père.
La porte de l'atelier s'ouvrit, faisant tendre l'oreille à Kiara. Des pas lourds rencontrèrent la soute du vaisseau.
-Ça ne serra pas utile, bonjour mon petit ange.
Un sourire franc apparu sur le visage de celle qui n'était plus tout-à-fait une enfant et elle se retourna vers lui. Anton Smith était un Lombax au poil blanc neige et aux rayures rouges. Son visage était marqué par le stress de ces dernières années. Ses yeux bleus légèrement ridés souriaient par eux-même.
-Papa !
Les deux s'enlacèrent et frottèrent leurs joues l'une contre l'autre.
-Tu veux intégrer Jenna au vaisseau, c'est ça ?
La jeune femme acquiesça.
-Et tu en es où ?
-J'en suis à la reprogrammation.
-La partie la plus complexe donc, je vais t'aider.
Lucie sonna à la porte d'un appartement de la partie huppée de la planète. Elle portait un perfecto en cuir, un short en jean ainsi qu'un top bleu marine. Ses cheveux étaient lâchés et son poil brossé.
-T'en fais pas ma belle, ce ne sont que tes parents...
L'isolation des premières années à Frémionne l'avait poussée à prendre l'habitude de discuter seule. Une Lombax de taille moyenne ouvrit la porte. Elle semblait avoir la cinquantaine, son pelage était doré avec des rayures brunes. Il lui manquait un morceau d'oreille droite, compensé par une prothèse en métal. La femme fondit en larmes en voyant la jeune femme située devant elle.
-Salut, maman, lança Lucie, d'un ton hésitant.
-Ma petite fille...
La Lombax fendit sur sa fille pour la serrer dans ses bras qui protesta un peu, à la fois touchée et gênée.
-Lloyd, Justine, Denise, Anna, Joris, Lucie est revenue !
Un bruit de fracas se fit entendre au loin, faisant baisser les oreilles de la jeune femme. Un troupeau poilu accourut pour finir leur course sur les deux femmes. Lloyd était un cinquantenaire au pelage entièrement blanc et au visage marqué. Ses yeux jaunes brillant d'amour. Justine, Denise et Anna étaient des enfants dont les parents biologiques avaient été tués durant la Fuite. Justine était la plus grande avec ses dix-sept ans, Denise la benjamine avec ses seize ans et Anna, la cadette, qui n'avait que quelques jours quand la tragédie s'est produite. Joris était quand à lui un garçonnet mi-Lombax, mi-Cazar adopté par les Freeman car il fut abandonné à cause de son métissage. Les Freeman aimaient leurs enfants plus que tout au monde. Au total ils avaient adopté huit enfants et en avaient eu deux naturellement. À eux douze ils formaient une belle et grande famille.
-Que fais-tu ici, ma petite fille, demanda le père, ému.
-Papa, je ne suis une petite fille, je fais deux mètres !
-Oui mais pour nous, tu resteras toujours une petite fille tu sais, ria la mère.
Tous se relevèrent et rentrèrent dans la maison. Joris demanda à être porté par Lucie. Cet appartement lui paraissait si familier mais en même temps si étranger. En effet, la jeune femme avait quitté sa famille pour suivre la formation offerte par l'Académie de Frémionne il y a une dizaine d'années et ne la retrouvait qu'une fois par an, pour ses congés. Il y a quatre ans de cela, Owen, le jumeau de Lucie leur avait offert un plus grand logement dans un meilleur quartier de la capitale et même si celui-ci sentait pareil que l'ancien, Lucie ne s'y sentait pas chez elle. Pire ! Elle s'y sentait extrêmement mal à l'aise. La petite famille se regroupa dans le salon. Sur un mur il y avait un énorme portrait des Freeman au grand complet. La jeune femme l'observa attentivement de gauche à droite et de haut en bas Victoire, la mère, y portait un très joli tailleur noir avec des talons. Lloyd portait un costume du même ton. Linda, la deuxième plus aînée portait une robe mauve très basique. Elle était une belle Lombax malheureusement abîmée par la Fuite. Tout le coté droit de son corps était robotisé. Son pelage doré rappelait celui de Victoire. Ses yeux éteints ne brillaient déjà plus et ne brilleraient plus jamais. Lucie eut un pincement au cœur. Elle lui manquait terriblement et s'en voulait ne pas avoir pu aller à sa crémation. À sa droite, Franklin à qui il manquait une jambe. Il avait un sourire craquant et son pelage d'une douceur incomparable faisaient craquer toutes les filles. Bien qu'ils n'étaient pas si proches au vu de la différence d'âge qui les séparait, la jeune femme aimait passer du temps à ses côtés pour boire un café. Elle se promit d'ailleurs de le contacter sous peu pour se prévoir une sortie ensemble. Ensuite il y avait Edgardo. Ahlala, Edgardo ! Une phrase, un paragraphe, un récit ne pourraient pas relater correctement et entièrement le personnage ! C'était, pour faire simple, un bon vivant. Au milieu il y avait Rita et son épouse Wanda. Le portrait avait été pris à leur mariage. Elles rayonnaient. Et tout à droite il y avait Lucie et Owen. Les deux se ressemblaient beaucoup. Lui souriait à pleines dents et elle semblait ailleurs. En bas à gauche il y avait Justine, Denise, Anna et Joris qui n'étaient encore qu'un bébé, là, dans ses bras d'une de ses sœurs. C'était il y a deux ans. Avant la disparition de Linda. Lucie déroba son regard de ce portrait trop douloureux. Justine remarqua l'air perturbé de sa sœur. Elle était une belle jeune fille, petite, fine et surtout une Fa moderne. L'adolescente alla chercher des verres tandis que Denise partit prendre des petits gâteaux.
-Et maintenant, on voit si ça marche.
Kiara opina du chef et dans une synchronisation parfaite ils lancèrent Jenna. Une petite mélodie se fit entendre et de nouveau une panne de courant survint avant que la lumière ne revienne. Ils avaient réussi.
-Et donc tu dis qu'on t'a affectée à la sécurité de Luvia, mais quel honneur !
Victoire frémit de fierté. Elle aurait eu la même réaction si elle avait appris que son enfant avait trouvé un job en tant qu'homme-sandwich mais cela faisait quand même plaisir à Lucie.
-Oui, fit la jeune femme en un petit rire, jouant avec son petit frère. Dites les filles, vous avez toutes grandi, vous allez bientôt me manger la soupe sur la tête, toutes, là.
Justine se mit sur la pointe des pieds pour tapoter la tête de sa grande sœur. Denise et Anna se jetèrent elle pour la chatouiller.
-Pas...
-Moyen...
-Qu'on...
-Soit...
-Aussi...
-Gigantesque...
-Que...
-Toi...
-UN JOUR !!
-Ah bah ça c'est pas gentil, répliqua Lucie, un peu agacée.
Elle en avait marre qu'on la traite de géante et de qualificatifs du même genre. C'est vrai quoi, qui est la personne qui avait décidé qu'être petit c'était mieux, hein ? La jeune femme croqua dans un gâteau par dépit.
Kiara rentra dans l'appartement de la Scarlett Capsule, elle avait encore deux heures avant son rendez-vous arrangé. Son communicateur indiqua qu'elle avait reçu un message de Lucie dans le groupe de l'équipe. « Désolée, mes parents insistent pour je mange chez eux, on se voit demain. »
-Ah. Bon, je pense que je vais aller nager, moi, du coup.
La jeune femme se dirigea au sous-sol du penthouse, dans les vestiaires. Elle n'avait vraiment pas envie d'aller à ce rendez-vous et connaissait la rengaine. Le gars n'allait pas écouter un traître mot de ce qu'elle raconterait, voudrait la draguer et se plaindrait qu'elle n'en aie pas envie. Ces hommes ne cherchaient pas une partenaire de vie mais une place de choix dans les industries Smith et cela la dégoûtait au plus haut point. Celle qui était vue comme une princesse féconde ne les voyait que comme des insectes à écraser. Alors qu'elle commença à se déshabiller, Kiara vit des vêtements dans un vestiaire. Des sous-vêtements issus de Frémionne ? Ça ne pouvait pas être Maximilien, le connaissant, il ne porterait que des sous-vêtements de marque. Ils étaient décolorés par les cycles de machines et légèrement usés. Alors cela ne pouvait être que R/K. Elle décida de ne pas s'en occuper et revêtit un maillot de bain une pièce rouge carmin, sa couleur fétiche. Ensuite, la Lombax attacha ses cheveux en queue de cheval et se mit en route vers la douche pour se désinfecter. Une fois ceci fait, elle entra dans l'énorme pièce contenant la piscine chauffée et remarqua Kanbeï, en grande difficulté face à son robot entraîneur qui le traînait par la queue pour qu'il rentre dans l'eau. Décidément, la cohabitation se promettait intéressante. Cela la fit sourire.
-Besoin d'aide ?
Kiara l'observa, beau, très beau, oui.
-C'est marrant, chuchota t-elle, pour elle-même. Il me rappelle quelqu'un... mais qui ?
Fin du chapitre 3.
Interlude I : Kiara Smith.
Date de publication : 7 juin 2020
Les six élus ont reçu pour ordre de consigner chaque jour leurs pensées pendant trois mois dans le but de collecter des données pour le futur de la Lombaxité. Voici les différents enregistrements. Nous commencerons par Kiara Smith.
Jour 1 :
« Je ne sais pas quoi penser de ce projet, pour être tout-à-fait honnête. Ouais, sûr, je suis heureuse d'être avec Lucie et tout mais y en a une qui ne peut pas me voir en peinture et l'autre qui me file des frissons. Et y a le timide là, il est allé se coucher plus tôt que nous. Si ça se trouve il ne nous aime pas? Bah, je m'en fous au pire. Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire. Kiara, je rends l'antenne. »
Jour 2 :
« Non, décidément Mélorie ne m'aime pas. Et je dois bien avouer que je ne l'aime pas beaucoup. En revanche, j'aime beaucoup son sens de la mode, elle a bon goût. Sinon, R/K est sympa, j'aimerais bien qu'on devienne amis, après tout. Par contre j'ai pas vu Maximilien après notre séance shopping. Je me demande ce qu'il faisait. Je pourrais demander à Jenna mais ça serait fouiller dans sa vie et ça n'en vaut pas peine. Mon rendez-vous s'est extrêmement mal passé. Comme d'habitude... bon ben je crois que c'est tout... non ! Attendez, j'ai bien raccordé Jenna à la Scarlett Capsule. Pour l'instant elle doit s'y habituer mais elle gérera, j'en suis certaine. Voilà, c'est tout ! »
Jour 3 :
« J'ai assisté à mon premier cours de tir. La sensation est sympa, sans plus puis je suis allée me faire tailler les poils, ils commençaient à me gêner. Jenna fait des progrès incroyables. Max va pouvoir commencer à la piloter d'ici une petite semaine. Il m'a dit bonjour. Il n'a pas l'air d'aller bien. Mais je m'en fiche. C'est juste que ça plombe le moral de Lucie... argh, quel con ! Il pourrait faire un effort quoi. C'est l'anniversaire de Lucie dans une semaine et il la traite comme si ils n'étaient pas en couple ! Oups, je n'aurais pas du dire ça. Au pire c'est dit. »
Jour 4 :
« Mélorie m’énerve ! Vous savez ce qu'elle a fait ? Elle a mis de la sauce piquante dans ma nourriture ! Résultat ?! Je me suis étouffée et j'ai tout recraché sur elle. Au moins ça c'est bien fait pour elle. Mais sérieux quoi... je ne lui ai rien fait alors pourquoi tant de haine ? Je vais finir par la frapper. Max m'a demandé ce qui ferait plaisir à Lucie pour son anniversaire. Ça m'étonne mais en même temps, ça me fait plaisir. »
Jour 5 :
« RAS. C'est le week-end, foutez moi la paix. »
Jour 6 :
« Veuillez visionner l'enregistrement d'hier. Merci. »
Jour 7 :
« R/K hurle dans son sommeil. Est-ce qu'il a un stress post traumatique lié à la Fuite ? Faudrait que je lui demande. Ça m'inquiète. »
Jour 14 :
« Et ce qui devait arriver arriva ! J'ai foutu une mandale à la pétasse. Non mais oh. »
Jour 15 :
« Maximilien et le Scarlett Capsule semblent être en parfaite harmonie, j'en serais presque jalouse si je n'étais pas celle qui l'avait conçu. »
Jour 16 :
« La saison solaire semble revenir petit à petit. J'hésite à les emmener en vacances avec moi. Mélorie me fait de la peine, elle s'est salement pris la tête avec Kanbeï. Je me demande pourquoi. Max me dit de laisser tomber, que je ne peux pas comprendre. »
Jour 17 :
« Mon parterre de fleurs est magnifique cette année. Mélorie m'a dit qu'elle le trouvait très beau. Ça me fait plaisir. »
Jour 18 :
« Mes fleurs font la tête. Lucie m'a dit de demander à Mélo mis elle ne va toujours pas bien. Peut-être que je devrais aller lui parler. Notre mésentente vient sûrement d'un mal-entendu... »
Jour 19 :
« J'ai appris à R/K a jouer aux jeux-vidéos, c'était cool. Maximilien s'est excusé de m'avoir mis dans une position délicate. Ça fait du bien. »
Jour 20 :
« Mes fleurs vont mieux. Je suis contente. »
Jour 21 :
« J'ai rien à diiiiiiiiiiiiiireuh !! »
Chapitre 4 : Menteuse
Date de publication : 21 juin 2020
Disclaimer : Ce chapitre comporte quelques passages évoquant du sexe et de la nudité. Rien de bien pervers mais tout de même, je préférais prévenir. (C'est moins détaillé qu'une scène d'amour dans une série par exemple.)
Grand place de Luvia. Vingt Zera de l'an quinze après la Fuite. Midi. Une foule impossible s'était rassemblée pour l'élocution du président Sullivan. L'homme renfrogné s'était mis sur son trente-et-un. Visiblement, il devait avoir quelque chose d'important à dire. Il parla tout d'abord de la montée en flèche des crimes au sein de la civilisation Lombax, rappelant la tragédie d'il-y-a quinze ans. Ensuite, il parla d'unité et termina son discours sur une promesse. La promesse de jours meilleurs, d'une grandeur à venir.
-...et c'est pourquoi, chers amis, que je vous présente la Scarlett Capsule, s'époumona Keith à pleins poumons, feignant une immense joie.
Le vaisseau et son équipage apparut, sur un char. Ils portaient tous un uniforme écarlate. R/K était très mal à l'aise. Mélorie, Lucie et Maximilien saluaient poliment la foule tandis que Kiara s'en donnait à cœur joie, appréciant le bain de foule.
-Ces jeunes gens sont représentatifs de la nouvelle génération et seront notre guide et exemple à travers ces temps compliqués. Accueillez-les comme il se doit, je vous en prie ! C'est avec une fierté immense que j'applaudis mon fils cadet, Maximilien Sullivan, qui a su passer chacun des tests afin de devenir capitaine et pilote de ce magnifique vaisseau dernier cri signé Smith Inc. ! Feu ma femme serait tellement fière de lui, je suis certain qu'elle lui sourit depuis le Monde d'en Haut !
Que d'hypocrisie.
-N'oublions pas non Princesse Kiara qui nous a fait l'honneur de créer ce vaisseau de A à Z ainsi que les gadgets de ce merveilleux équipage. En plus de nos chers futurs héros en herbe nous pourrons compter sur Lucie Freeman et Mélorie Adams qui nous seront d'une aide précieuse. Ce n'est pas tout. Je vous ai gardé le meilleur pour la fin. Nous savons à quel point la perte de héros tels que Ratchet Kanbeï fut tragique pour notre civilisation mais je peux vous présenter quelqu'un de son acabit, il est un peu comme un fils pour moi, je parle de 00 Kanbeï. J'ose espérer que vous l'aiderez à se faire un nom parmi nous.
Menteur.
-Pour leur souhaiter la bienvenue, un bal aura lieu ce soir, on espère que vous le suivrez avec attention sur votre holovision !
Et blablabli, et blablabla. R/K ne retint qu'il devait se mettre en costume et surtout danser. Devait-il inviter Kiara. Ces trois mois passés ensemble l'avaient persuadé qu'il était vraiment attiré par la Lombax. Il resta perdu dans ses pensées même une fois rentré à l'appartement.
-Dis, Kankan, lança Kiara, jouant avant une des feuilles d'une de ses nombreuses plantes, tu veux bien m'aider à m'occuper des plantes, aujourd'hui ?
-Oui, bien sûr.
La jeune femme se leva d'un pas léger et tendit un arrosoir à son ami. Son poil avait poussé. Elle pouvait y discerner le beige de son museau et de la pointe de ses oreilles. « Kankan » -à prononcer canne-canne à cause de son petit accent-, semblait s'épanouir de jour en jour et cela remplissait Kiara d'une immense joie. Ils rentrèrent dans la serre du penthouse. Elle sentait le chaud et le soleil.
-Quelle chance d'avoir pu sauver quelques plantes de Fastoon, souffla la Lombax.
R/K acquiesça.
-C'était comment, Fastoon, demanda t-il.
-Tu ne t'en souviens pas ?
Il fit non de la tête.
-Ma mémoire commence à mes sept ans. Je n'ai aucun souvenir d'avant. Tu me diras, au moins mes parents ne me manquent pas.
-C'est triste.
-Pas vraiment, je préfère que ce soit comme ça que de devoir vivre avec un deuil permanent.
Un grand silence survint.
-On s'y fait, tu sais, soupira Kiara.
La boulette ! Le jeune se donna une tape sur le front.
-Dé...
-Peu importe !
Elle se releva et retira la poussière sur sa fourrure.
-...solé ?
-Dis, tu veux bien être mon cavalier pour ce soir, j'ai planté le mien, c'était qu'un con. Et un gros en plus.
-Avec plaisir.
R/K laissa sortir un cri intérieur.
Lucie se mordilla la lèvre. Le contact de sa fourrure contre celle de Maximilien était exaltant et excitant. Cette danse des corps faisait tomber et virevolter des poils qui terminaient leur course contre le sol de la chambre de la jeune femme.
-Je t'aime, Lucie, déclara Max entre deux râles de plaisir.
Elle fit un grand sourire et se colla contre lui pour lui lécher la joue. La queue du Lombax caressait avec douceur et désir le corps de sa partenaire. Il se lassa aller à la contemplation. Il pouvait enfin dormir à ses côtés. Quelle joie, quel bonheur. Lucie et Maximilien s'étaient rencontrés en classe. À l'époque il n'avait aucun ami et elle itou. Au moins il était mieux loti que celle qui allait devenir sa meilleure amie. En effet, sa grande taille et son genre lui valaient de vilaines railleries. Mais à ce moment là, il s'en fichait pas mal. Jusqu'à leurs seize ans ils ne se parlaient pas tellement et surtout jusqu'au bal annuel de Frémionne qui marqua un tournant dans leur relation. Elle venait de le bousculer alors qu'il se servait du punch.
-Eh mais tu peux pas faire attention, la géante ?!
-Excuse-moi.
-Ouais non, tu soûles, putain quoi.
-Si c'est pour dire ça ferme ta gueule et viens avec moi, je vais réparer ma bêtise.
La jeune femme l'emmena dans les toilettes des filles et frotta le treillis tâché de Maximilien qui se retrouva donc en caleçon et t-shirt. En la regardant plus attentivement, elle avait du charme et elle avait l'air sympathique.
-T'inquiètes, j'ai bientôt fini, tu vas pouvoir retourner voir ta cavalière, pas besoin de me fixer comme ça.
-J'ai pas de cavalière.
-Oh non, comment est-ce possible ? Un mec aussi gentil et affable que toi ?! Non, tu dois déconner...
Lucie était sarcastique mais elle avait vu juste. Elle lui plaisait.
-Eh oui, c'est étonnant pas vrai ? Lucie, c'est ça ?
La blondinette opina du chef. La queue de Max fendait l'air, il était intrigué.
-Mais pour toi ça sera Freeman, Sullivan. Je te connais bien tu sais. Tu n'aimes personne et personne ne t'aime.
-Même pas toi ?
-Même pas moi, rit la Lombax. Tiens, c'est propre.
-Merci.
Elle lui tendit ses affaires et leurs fourrures entrèrent en contact l'une avec l'autre. Étrangement, cette sensation était agréable.
-Pour me faire pardonner je veux bien te tenir compagnie, fit la jeune femme avec malice.
-Oui mais ton cavalier, Freeman ? Tu ne vas quand même pas le planter là ?
-J'ai pas de cavalier.
-Oh non, comment est-ce possible ?! Une meuf aussi gentille et douce que toi ?! Non, tu dois plaisanter, c'est pas possible.
Elle lui fit les yeux ronds et se mirent à rire de concert.
-J'aime ton style, c'est d'accord, une danse, ça te dit ?
-Ici ?
-Bien sûr que non, dans la salle, avec les autres.
-Parce que tu sais danser ?
-Pas avec les géantes mais avec les femmes, oui. S'il-te-plaît, Freeman.
Lucie lui tendit la main comme elle lui tendait la main alors qu'elle dormait, paisible, à ses côtés.
-S'il-te-plaît, Freeman, reste auprès de moi pour toujours, murmura t-il comme une prière.
-Méloooooooooo', je t'assure, tu vas adorer ma robe, vraiment.
Kiara sautillait comme un cabri, extatique.
-Montre au lieu de sauter, là.
Leur relation s'était beaucoup améliorée durant les trois mois qui se sont écoulés. Elles n'étaient pas si proches mais elles s'entendaient bien. Mélorie s'enfonça dans le lit de Kiara, jouant avec une peluche en forme de fleur.
-Tu aimes beaucoup les plantes, pourquoi, demanda la métisse.
-C'est dans ma culture, c'est tout.
-Mon père est aussi un Prétorien et c'est pas flagrant comme truc.
-Parce que c'est pas des Prétoriens dont je parle, je cause des Fa. Ma grand-mère possédait quatre magnifiques serres intérieures au palais ainsi qu'un grand jardin. C'est mon moyen de perpétuer son héritage. C'est une forme de deuil si tu veux.
-Oh, d'accord.
Kiara enfila sa robe. C'était une belle robe bordeaux, moulante et en dentelle.
-Et Tachyon, il était comment ? Après tout, c'est ton oncle.
-Petit et effrayant mais tu veux bien arrêter ? J'ai pas envie de parler de lui. Et ma robe, t'en penses quoi ?
-Elle est magnifique.
-Maximilien, Maximilien, Maximilien.
R/K était derrière la porte de la chambre de son ami.
-Maximiliiiiiiiien, miaula t-il, dramatique.
Pile à ce moment-là Mélorie remonta les marches et entendit le jeune homme. Elle se dirigea vers lui.
-Ça va ?
-J'ai invité Kiara ce soir mais je ne sais pas danser, je voulais demander à Maximilien de m'apprendre mais il ne répond pas.
La métisse ressentit un pincement au cœur.
-Tu veux que je t'apprenne ?
Elle se sentit stupide de se faire elle-même du mal mais pour lui elle aurait fait n'importe quoi. Les yeux de Kanbeï s'illuminèrent.
-Tu ferais ça pour moi ?!
-Bien sûr. Attends-moi là, j'arrive.
Mélorie retourna dans sa chambre pour s'attacher les cheveux avant de retrouver R/K. Elle plaça ses mains sur ses épaules.
-Attrape-moi par la taille. Fais un pas en arrière, un pas en avant.
Le jeune homme appliqua les ordres avec attention.
-C'est très bien. Continue ainsi.
Le regard améthyste de la métisse se plongea dans l'émeraude de celui du Lombax. Elle n'y lisait rien. Sa queue ne se balançait pas, il était concentré. Jamais le R/K d'avant n'aurait fait cet effort pour quelqu'un d'autre. Comment Kiara avait pu le changer dans de telles proportions en aussi peu de temps ?! Il n'était plus le même petit gars timide qu'elle avait connu et qui se contentait d'appliquer les ordres. Mais en même temps la jeune femme remarqua une odeur de parfum. Il n'en mettait jamais avant. Son poil était brillant, signe qu'il avait commencé à mettre un après shampoing. Sa fourrure était brossée. Pourquoi elle ?! Pourquoi Kiara avait réussi l'impossible ?! Comment avait-elle osé ?! Il était aisé pour Mélorie de la détester quand elles ne se connaissaient pas mais maintenant que les deux rivales avaient réussi à s'apprivoiser elle avait compris pourquoi. Et c'était pire encore. Son cœur s'arracha en petites miettes éparses. Visiblement, il n'y avait qu'une place dans celui de son ami. Il fallait se rendre à l'évidence. Cette valse n'était qu'une farce. Pourquoi se forcer à faire semblant que ces sentiments n'existaient pas ? Ces émotions diverses, cette tornade de désespoir et de déception qui lui arrachaient les membres un par un. Il fallait en finir. La jeune femme plaqua R/K au sol, se mit au dessus de lui en lui bloquant les bras avec ses mains et ses jambes en enroulant les siennes autour.
-Mais, protesta le Lombax, choqué. Lâche moi !!
Elle ne l'écoutait déjà plus. Ses yeux étaient vides, tristes.
-Dis, qui je suis à tes yeux ?
-Hein, qu'est-ce tu veux dire... ?
-Qui suis-je pour toi ? Une amie ? Une collègue ?
-Tu es ma meilleure amie, enfin ! Mais lâche moi ! Arrête, tu me fais peur !!
Elle retira son t-shirt et sa brassière, relevant une poitrine petite et ronde.
-Et maintenant, qui je suis, soupira t-elle.
Sa voix était presque muette. R/K ferma les yeux.
-Mais qu'est-ce que tu as aujourd'hui, bordel ?! Arrête ça, je t'en supplie !!
-Arrête, je sais que tu caches des revues coquines sous ton oreiller ! Quoi ? Je ne te plais pas ?! Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi, hein ?!
Quelqu'un sonna à la porte de la chambre du Lombax.
-Tout va bien là-dedans ?
C'était la voix de Lucie. Mélorie lâcha son emprise, les yeux pleins de larmes, se rhabilla et sortit en courant.
-Tu m'expliques, c'était quoi, ça, demanda la Lombax, perplexe.
Notes de fin de chapitre : Ah bah voilà, ce qui devait arriver, arriva.
Ca rappel des souvenirs tout ca!!