Auteur : VideoGammerMan
Jak fut le premier à apercevoir le corps du lombax, gisant au milieu de la forêt vierge. Celui-ci était en piteux état. Deux lames noires sortaient de chacun de ses bras et son poil avait pris une couleur gris métallique. Ses yeux, grands ouverts, étaient d’un rouge qui reflétait sa folie.
Jak s’approcha de la carcasse inanimée.
-Ratchet, ça va ?
-Tu crois vraiment qu’il à l’air d’aller bien ? gueula Kratos derrière son épaule.
-Toi, le boucher, ta gueule !
-Dis le moi en face et tu vas rejoindre cette tribu de lézards en enfer ! gronda le spartiate.
-Vous allez la fermer ? intervint Daxter. Vous croyez vraiment que c’est le moment de vous engueuler ?
-Si t’as un problème cloporte, adresse-toi à mes lames du chaos, susurra Kratos, une lueur malicieuse dans les yeux.
-Nan, ça ira tout compte fait, répondit la beloutre d’une petite voix en reculant de quelques pas.
-Hey ! appela Dante. Vous avez vu ? Le lombax bouge !
En effet, Ratchet s’était assis et se tenait la tête avec ses mains. Puis, sans leur accorder un regard, il se releva. Il eut un moment d’absence où il regarda dans le vague, puis ses yeux devinrent plus luisants que jamais.
-La Relique…, murmura-t-il.
Tout d’un coup, il sembla s’apercevoir de la présence de ses compagnons qui l’encerclaient.
-Laissez-moi passer, cracha-t-il.
-Ratchet…, commença Jak.
-La ferme ! Je vais chercher la Relique et tuerai tous ceux qui se trouveront sur mon chemin. Alors, une dernière fois : écartez-vous.
Les deux lames qui dédoublaient désormais les bras de Ratchet se mirent soudain à scintiller.
-Ne fais pas de bêtises, gronda une voix derrière lui.
Le lombax se retourna. Le Tronçonneur se tenait là, l’épée dégainée et les muscles saillants. Il devait faire quatre ou cinq fois la taille de Ratchet, mais celui-ci ne s’en préoccupa pas et, sifflant, il se jeta sur son adversaire. Ce qui se passa ensuite dura moins d’une seconde. Ce fut si rapide que personne n’eut le temps de réagir. Ratchet sauta sur la jambe du Tronçonneur puis, avec une agilité et une rapidité dépassant la normale, grimpa sur le dos du géant. Un dixième de seconde plus tard, une lame noire et brillante tranchait la gorge de l’ancienne bête de foire. Le lombax retomba sur ses pieds. Du sang maculait son pelage grisâtre. Derrière lui, le Tronçonneur s’écroula sans avoir compris ce qui lui était arrivé. Toute sa vie repassa en une seconde dans son esprit, puis il mourut.
Les autres héros présents sur la scène du crime n’avaient pas eu le temps de bouger un pouce. Dante fut le premier à reprendre ses esprits.
-Il est devenu complètement fou, balbutia-t-il. Il faut l’arrêter pendant qu’il en est encore temps.
Il dégaina son épée et sauta sur le meurtrier. Celui-ci se décala d’un pas sur le côté tout en réalisant un habile geste du poignet. Le fils de Sparda retomba lourdement sur le ventre et roula sur deux mètres, avant de ne plus bouger.
-Assez de morts pour l’instant, susurra Ratchet. Allons maintenant accomplir notre mission.
Il allait s’enfoncer dans la forêt lorsqu’une détonation se fit entendre. Jak avait dégainé son vulcanoshooter, et s’était enfin décidé à agir. Le lombax se retourna. Le trou présent dans son abdomen n’avait pas l’air de le déranger plus que ça.
-Tu avais le choix entre la vie et la mort. Tu as choisi la mort. Adieu Jak.
Le fait que cet être possédé prononce son nom comme si de rien n’était pétrifia littéralement Jak. Il s’attendait à tous, sauf à ça. Sans qu’il puisse comprendre pourquoi, la manière dont il avait prononcé son nom l’avait totalement dépourvu de ses moyens. Un moment, il pensa même que son adversaire allait partir sans l’attaquer. Cruelle désillusion…
En une fraction de seconde, Ratchet fonça sur le héros, lames en avant. Celui-ci, désemparé, n’eut même pas le temps d’esquisser un geste. Il ne put que sentir l’haleine putride du lombax qui se tenait face à lui, et réaliser qu’une lame le transperçait de part en part. Un filet de sang coula le long de la lèvre du mourant.
-Désolé, murmura le tueur à l’oreille de sa victime. Adieu, mon ami.
Il retira son bras du ventre de Jak et se retourna pour s’enfoncer dans la jungle en courant.
« Mon ami », pensa le héros en tombant à genoux. « Mon ami »…
Il s’écroula sur le ventre et tout devint noir.
Au même moment, à quelques kilomètres …
Le monstre se tenait devant les trois rescapés. Il était vraiment gigantesque. D’un seul coup de mâchoire, il aurait pu gober les trois compagnons. Il devait faire une vingtaine de mètres de hauteur pour une cinquantaine de longueur. Ses arcades sourcilières, qui semblaient taillées dans du roc, laissaient voir deux yeux rouges constamment animés d’une lueur cruelle. Ses dents, légèrement espacées les unes des autres, frôlaient les deux mètres pour les plus grandes. Toute sa peau, d’un vert granuleux, semblait aussi dure que de la pierre. Sur son dos étaient disposées deux ailes rouges-sang d’environ trois mètres chacune. Néanmoins, ces appendices ne semblaient pas pouvoir supporter le poids du titan.
La créature fit un pas et poussa un terrible rugissement qui glaça le sang des trois survivants dans leurs veines. Même Cervantes, le pirate sans âme, tressaillit de peur. Les compagnons étaient pris au piège. Devant eux, le TGM. Derrière eux, un gouffre où une mort certaine les attendait.
D’un coup, sans prévenir, la bête se jeta sur ses victimes.
-Attention ! gueula Kilik.
Celui-ci se jeta sur le côté juste à temps. Il sentit le souffle putride du monstre prêt de lui et entendit claquer ses mâchoires dans ses oreilles. Il roula dans l’herbe avant de se relever maladroitement. Il jeta un coup d’œil autour de lui. Cervantes n’avait même pas l’air d’avoir été perturbé mais Voldo, avait mordu la poussière. « Au moins, il a échappé à la morsure », pensa l’érudit.
Le TGM se retourna d’un coup sec en poussant un hurlement à déchirer les tympans. Sa queue, qui devait frôler les quinze mètres, siffla l’air à une vitesse éclaire, déracinant les arbres présents sur son passage. Kilik se la prit de plein fouet. Il fut projeté sur une dizaine de mètres avant d’atterrir sur le sol de pierre, complètement sonné.
La douleur tout d’abord… Une douleur inexplicable… Puis la colère, la rage … L’envie que cesse tout ce délire, l’envie d’en finir une fois pour toutes.
Kilik se releva d’un coup, malgré son dos meurtris et la douleur qui lui emplissait le crâne. Il tibuta, trébucha et faillit retomber. Mais il ne sentait plus la douleur. Il n’avait qu’une envie : voir le TGM mort à ses pieds dans un bain de sang. Il empoigna son Bô et fonça droit sur le monstre. Celui-ci le regarda venir tranquillement puis, au dernier moment, il fit un pas en avant tout en balançant son énorme mâchoire vers l’érudit. Celui-ci esquiva l’attaque avec une surprenante agilité pour se retrouver entre les jambes de la créature. Là, il concentra son aura sur le Bô. L’arme se mit à briller. Kilik frappa alors d’une force surhumaine la cheville droite de la créature. Le coup fut si puissant que le TGM hurla de douleur et posa son genou au sol. Le jeune homme ne se fit pas prier. Il sauta sur le genou de la bête avant de se faufiler jusqu’à son entrejambe. Il repéra le point faible de toute créature mâle, concentra son aura, et frappa de toutes ses forces.
Le cri déchira l’air, déracinant les arbres et disloquant tout ce qui se trouvait sur son passage. Ce hurlement de douleur gela le sang de Kilik dans ses veines. Il s’évanouit et tomba de la jambe du monstre s’écrasant lourdement dans l’herbe. Voldo, qui se trouvait juste devant le monstre, fut littéralement explosé par la puissance sonore qui émana de la gueule du TGM. Quant à Cervantes, il resta debout sans bouger, sans aucune émotion apparente. Il se disait que, finalement, le point faible de la créature était facile à trouver, lorsque l’on réfléchissait un temps soit peu. Un moment, il crut que le monstre allait s’écrouler et mourir tant la douleur était grande. Il se trompait une fois de plus.
Le TGM se redressa. Dans ses yeux brillaient la fureur, la colère, la rage. Il vit le pirate debout devant lui et se jeta dessus. Il l’écrasa mais ne s’en rendit pas compte. Il continua à balancer des coups de mâchoires dans le vide, à détruire tout ce qu’il voyait. La douleur devait être telle qu’elle avait plongé le monstre en plein délire. Bientôt, l’endroit ne fut plus qu’une plaine dévastée et vide de végétation sur cent mètres à la ronde. Des feuilles et des arbres abattus jalonnaient l’endroit. La bête s’arrêta enfin et regarda son œuvre. Elle sembla satisfaite à la vue que rien ne lui avait résisté.
Mais soudain, une épée émergea d’un tas de feuilles géantes. Puis une deuxième transperça à son tour le limon vert. Cervantes écarta les dernières feuilles, puis se mit debout face au TGM, qui n’avait pas l’air de comprendre.
-Tu croyais de débarrasser de moi comme ça ??? cria-t-il. Tu vas apprendre à tes dépends que nul ne peut affronter le pirate sans âme Cervantes sans le payer de sa vie.
Dans ses yeux brillait une lueur sauvage, qui reflétait une envie de meurtre, une envie de carnage.
Le monstre ne prévint pas. Il se jeta sur Cervantes, gueule en avant. Celui-ci bondit sur le côté pour échapper à la mort, puis sauta sur la mâchoire du TGM. La créature fut surprise par cette réaction inattendue et baissa une fraction de seconde son attention. Ce laps de temps suffit au pirate pour remonter au niveau des yeux de la bête. La peau écailleuse offrait des prises idéales. Lorsque le monstre vit son ennemi de si près, il comprit le danger. Il secoua la tête dans tous les sens, mais Cervantes tint bon. En dernier recours, la bête tenta de déloger le pirate à l’aide de ses membres antérieur. En vain ; ceux-ci étaient bien trop courts. Enfin, Cervantes arma Soul Edge et Nirvana et les planta dans l’œil gauche du TGM. Un liquide jaunâtre sortit en cascade pour l’asperger. Mais il ne laissa pas à son adversaire le temps de réagir. Il bondit vers le deuxième œil et lui fit subir le même sort. Puis il sauta à terre tendit l’oreille pour entendre le monstre hurler.
-C’est ça, crève ! gueula-t-il. Tu ne sais que crier ! Tu n’es pas digne de moi !
Il ne faut jamais être trop sûr de soi. Et ce jour-là, Cervantes l’apprit à ses dépends. Il ne s’y attendait tellement pas qu’il n’eut pas le temps de réagir. Le TGM le goba sans qu’il n’ait pu esquisser un geste. Mais lorsque la bête voulut refermer ses mâchoires, elle eut une surprise : le pirate empêchait la fermeture de la gueule par la force des bras.
-Tu es vraiment increvable, mais ne crois pas gagner avec moi ! hurla-t-il. Je vais en profiter pour te refaire une bouche digne de ce nom !
Il dégaina une de ses épées. Il ne retenait désormais plus la mâchoire supérieure qu’à l’aide de son bras droit. Il poussa un cri sauvage pour se donner de la force, puis entreprit de taillader tout ce qu’il pouvait. Du liquide noir giclait de partout. L’odeur qui régnait dans la bouche du monstre était tellement nauséabonde que n’importe qui d’autre aurait déjà vomi ses tripes.
Cervantes faiblissait. Face à la souffrance, le TGM redoublait d’effort pour avaler son adversaire. Quelques secondes plus tard, le pirate du de nouveau s’aider de ses deux bras, tant il commençait à fatiguer. Alors que le corsaire allait lâcher prise, sa dernière chance de survie lui apparut. Il choisit le bon moment, puis utilisa tout ce qui lui restait de forces pour trancher une canine et se jeter dans le trou engendré. Il entendit la mâchoire claquer juste derrière lui avant de retomber lourdement sur le limon.
Désormais, Cervantes avait compris que le monstre aveugle se dirigeait à l’aide des sons qu’il émettait. Ses yeux firent le tour du périmètre. C’est alors qu’il remarqua la dernière solution possible pour achever le monstre : le précipice. Le pirate fit un pas. Les feuilles craquèrent sous ses pieds. Le TGM tourna immédiatement la tête dans sa direction.
-Et merde !
Il prit ses jambes à son coup, courant le plus vite possible. Il savait que le monstre le rattraperait rapidement une fois qu’il se mettrait en marche. Le forban entendit les pas de la bête en train de galoper derrière lui. Pour la première fois de sa vie, il eut peur. De la sueur coula le long de son front, et une poussée d’adrénaline qu’il n’avait jamais connu le fit accélérer. Lorsqu’il arriva au précipice, il sauta droit à l’intérieur et, à l’aide d’un salto avant retourné, il réussit à s’accrocher aux racines qui l’avaient déjà tiré du gouffre. Le TGM était à ce moment juste derrière lui et fonçait aveuglément sur sa proie. Le piège de Cervantes fonctionna à merveille. Le monstre tomba dans le ravin en étouffant un cri de surprise, puis s’écrasa au fond dans un bruit sourd. Le pirate jeta un coup d’œil en contrebas. Les insectes et autres créatures des abysses sortaient déjà de leurs trous pour se précipiter sur leur nouveau repas.
-Il n’en a plus pour longtemps, souffla le vainqueur. Le marais est trop étroit pour qu’il puisse s’échapper. Ces bestioles vont le bouffer sans qu’il puisse se défendre… Je ne sais pas ce qu’un monstre aussi résistant peut protéger, mais ça ne doit pas être un simple bibelot. Bon, on va chercher la Relique et on se casse de cette planète maudite. Mais avant …
Il se hissa hors du gouffre et se dirigea vers la dent qu’il avait coupée.
-Une bataille pareille mérite bien un petit souvenir, ironisa-t-il. Il confectionna rapidement une corde avec tout ce qu’il put trouver par terre, puis s’accrocha la dent d’environ un mètre cinquante dans le dos.
Il s’apprêtait à quitter cet endroit dévasté lorsqu’il entendit un bruit étouffé derrière lui. Il se retourna tout en dégainant ses deux épées. Il n’y avait personne. Soudain, il sentit une pression sur son pied qui faillit le faire trébucher. Quelque chose sortait du limon. C’était…
-Un bras ?! Je ne suis donc pas le seul survivant…
Il s’empressa de déterrer le corps, qui était en l’occurrence Kilik.
-Merci mon vieux, dit-il en se redressant. Où est la bestiole ?
-Avec ses amis au fond du marais.
-Tu en es donc venu à bout… Franchement bravo.
-Sans toi je ne serais arrivé à rien. Mais trêve de bavardages. Il est temps de quitter cette maudite planète. Allons chercher leur foutue relique.
-Je te suis.
Trois cents mètres plus loin se trouvait une des entrées du temple. Elle était fermée par une porte colossale d’environ trois mètres de haut, qui semblait indestructible. Cervantes essaya de la défoncer, mais il ne réussit même pas à l’ébranler. Il jura.
-Putain, il manquait plus que ça ! Comment on va entrer ? Y’a même pas de serrure !
-Laisse-moi l’examiner, lui répondit Kilik.
Il étudia la porte pendant cinq minutes, la touchant, l’observant dans ses moindres recoins.
-C’est une énigme, dit-il enfin. Il n’y a qu’un seul moyen d’ouvrir cette porte. Mais les gravures ont été en partie effacées par le temps, et je n’arrive pas à comprendre leur signification.
-Laisse tomber, lâcha Cervantes. J’ai trouvé un moyen plus simple.
Il s’approcha d’un arbre qui devait faire dans les cinq mètres et le coupa en deux d’un coup sec. Le résultat obtenu dépassa ses espérances. Le tronc tomba pile sur la porte, leur offrant un pont de fortune pour passer par dessus. Kilik fut réellement étonné. Il n’aurait jamais cru le pirate capable de tant d’ingéniosité.
-Allons-y, ordonna le forban. Il est temps d’en finir…