Prologue
Sourire. Sourire. Masquer ses peines sous un large sourire. C'est ce qu'elle s'était toujours répété. Sa douleur ne regardait personne. Et surtout pas les gens qu'elle aimait. Son regard suivait les immeubles qui défilaient, au rythme de ses sentiments et de ses secrets qui, d'un coup, ressurgissaient, s'imposaient, s'étalaient de tout leur long avant de s'effacer et de s'égrainer lentement dans les abysses de son âme. Ses lèvres roses s'étaient cachées derrière ses mains juvéniles. Son œil droit était à moitié masqué par quelques mèches blondes, retombant joliment sur son nez fin, et ses joues couleur neige. Un léger souffle retint son attention, et ses yeux émeraude se tournèrent lentement vers la silhouette qui siégeait à côté d'elle. De long cheveux noirs encadraient un visage très jeune, coupé par des lunettes opaques dont le noir absolu contrastait avec la blancheur quasi-maladive de sa eau de pêche. Ses bras fins entouraient un livre, et le protégeaient tel un trésor. La jeune fille au cheveux d'or sourit tendrement, en regardant le visage de sa petite sœur Malgré son handicap, elle avait fait de la lecture sa passion et son passe-temps principal. Et chaque roman qu'elle dévorait était pour elle bien plus précieux que tout l'argent du monde. Elle appréciait particulièrement les romans d'aventure, de cape et d'épée, même si elle s'adonnait également à la lecture de romans de science-fiction ou d'amour. Elle n'était pas vraiment difficile… Il fallait dire que le nombre de textes retranscrits en braille était assez restreint.
Son regard vert se focalisa ensuite sur la rose qu'elle avait cueilli avant d'entrer dans le train. Elle était là, juste à côté de la gare. La rosée matinale ne s'était pas encore dissipée, et les épines semblaient s'être adoucies afin de laisser ses doigts fins s'emparer de l'œuvre végétale. Ses feuilles, adoucies par une infinie douceur lors de la cueillette, tombaient légèrement, dessinant alors une légère courbe, qui invitait la jeune fille aux cheveux blonds à se perdre dans l'immensité de cette couleur chlorophylle, à remonter lentement via les courbes plus pâles, avant de finir dans la profondeur si accueillante de ce rouge écarlate… Céleste, puisque tel était son prénom, ne pût résister au désir de sentir, l'espace d'un sourire, le parfum mélodieux, savoureux, coloré de cette merveille… Lentement, elle porta la fine rose à son nez et en huma les senteurs… Quelle symphonie ! Il y avait là les effluves de la rose, certes, mais aussi des champs, de la rosée matinale, de l'herbe fraîchement coupée… Il y avait même une vague odeur de lys… Son mince sourire s'agrandit, portant avec lui tout le calme qui régnait dans le wagon… Ah… Quelle sérénité… C'était plaisant. Les yeux clos, elle s'enfonça doucement dans le fauteuil, qui avait pour elle la douceur et la tendresse d'un nuage. Elle laissa son corps et son âme reposer un long, un très long instant dans ce bonheur des plus calme, dans ce silence des plus reposant. Comme un long sommeil. Cet instant… Il fut si long, et si court à la fois…Elle avait laissé, lentement, sa main gambader à sa guise, et cette dernière était venue se caler dans les cheveux de sa petite sœur La petite aveugle, elle, dormait à poings fermés. Le livre, si précieux à ses yeux transparents, avait doucement glissé de ses bras endormis pour venir percuter le sol. Céleste, qui s'était extirpée de son repos, tendit la main vers le sol du wagon et ramassa l'ouvrage. Ses yeux verts parcoururent le titre, seule partie de l'ouvrage qui avait été imprimée en caractères normaux : « L'île au Trésor ». Elle sourit, et imaginait sa sœur en train de rêver de navires, de chasses aux trésors et de fabuleux joyaux. Tout doucement, Céleste glissa l'ouvrage entre les bras de sa petite sœur, avant de l'embrasser sur le front. Bien souvent, on l'avait surnommée la « sœur poule ». Probablement à juste titre. A cause de son handicap, Céleste considérait la jeune aveugle comme particulièrement fragile et vulnérable, et l'idée même qu'elle ne s'écorche lui était insupportable. Elle considérerait que c'est de sa faute… Et elle en était consciente. Mais tant mieux, répondait-elle chaque fois. Trop d'amour vaut mieux que trop peu…
Un léger cliquetis attira son attention. Elle tourna nonchalamment la tête vers la fenêtre du wagon. Quand ses yeux caressèrent la peau brillante des automobiles, un petit sourire peignit son visage. D'ici quelques minutes, ses sœurs et elle seraient arrivées à destination. Elle se tourna vers sa jeune sœur, posa sa main sur son épaule et la secoua tout doucement, afin de l'éveiller. La jeune aveugle pivota légèrement, et ouvrit ses yeux bleus, inlassablement cachés derrière les grands verres opaques. Elle s'assit de manière plus convenable, son précieux ouvrage toujours dans ses bras. Son regard inexistant se tourna vers sa sœur, qui renforça son sourire et ébouriffa les cheveux de la petite. Pourquoi souriait-elle à ce point ? A force de vivre avec sa sœur, elle avait apprit qu'un sourire se ressentait dans la voix. Et sa sœur avait bien besoin de sourires, en tous genres.
« On est bientôt arrivées, Neo. » fît la jeune femme.
La plus jeune sortit son sac à dos, et rangea consciencieusement son livre à l'intérieur, avant de remonter doucement ses lunettes opaques. Quand le sifflement des portes, tel l'appel à la liberté, se fit entendre dans le wagon, les deux jeunes filles se levèrent, et prirent la direction des portes, suivies de près par la petite dernière, Océane. Un petit bout de fille d'à peine cinq ans, portant de petits vêtements colorés et une chevelure châtain, teintée de roux. Ses grands yeux, verts eux aussi, furetaient sans cesses, de chaque côté, et enregistraient les moindres détails. Océane fouinait du regard dans tous les sens pour trouver des détails, qu'ils soient intrigants, amusants, ou tout simplement différents, démarqués. De plus, en l'absence de Céleste, Océane jouait le rôle de guide pour Neo, fonction qu'elle assurait parfaitement, malgré sa jeunesse excessive. D'ailleurs, elle prit la main de la benjamine et prit les devants. La jeune aveugle la suivit sans se poser de question. Céleste prit les deux grosses valises qu'elles avaient emportées, et les posa sur le sol. Les roulettes permirent à la jeune blonde de les transporter sans efforts. Céleste, discrètement, vérifia dans son sac à dos la présence d'un ouvrage généreusement relié, tout en lançant un clin d'œil à Océane, qui le lui rendit en un sourire. Elle était elle aussi au courant pour le cadeau d'anniversaire de Neo, qui aurait lieu le lendemain. Les trois jeunes filles rentrèrent sans difficultés chez elles, où leurs parents les attendaient. Céleste, en entrant, posa le roman sur le dessus d'une étagère, afin que Neo ne tombe dessus par hasard, avant l'heure. Elle y posa également un DVD portant l'inscription « Joyeux Anniversaire ». Elle s'était enregistrée, car malheureusement, elle devait partir en stage dés demain matin. D'un pas lent, calme, pensif, elle se dirigea vers sa chambre. Céleste poussa la porte de chêne qui la séparait de sa chambre et se coucha lentement sur le lit. Ses yeux émeraude se baladèrent sur le plafond de hêtre, alors que ses pensées divaguaient de sujet en sujet. Doucement, ses yeux se refermèrent, et bientôt, elle s'endormit.
Fiction écrite par KidNova
Et si la mort n'était qu'un début ?
Catégorie : Divers
2 chapitres • • 1 • 41
Moyenne :
Statut : En cours
Kid
Hum… Pardon. Content de voir que t'es allé plus loin que le fofo écriture de jv.com