Fragments de Regards - Chapitre 2

Auteur : KidNova

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Mourir. Mourir. Comme chacun des flocons, tourbillonnants, virevoltants, avant de s'éteindre au sol. Parmi ces étoiles de glace, toujours plus nombreuses, plus sulfureuses, plus majestueuses, volait à toute vitesse le cheval de fer. Les rails qui le portaient traversaient tous types de paysages, forêts, villes, plaines vertes. Les fenêtres luisaient, reflétant la douce lumière de l'aube mourante. Au loin, déjà, se profilait la montagne blanche, déjà couverte de vacanciers. Céleste était à moitié couchée sur la banquette, et son visage s'était doucement posé sur la vitre froide. Ses paupières beiges cachaient ses iris verts. La jeune fille, enthousiasmée au début du voyage par la rencontre du jeune homme, avait déchanté, dés que le train eût quitté la région parisienne. Les exploits que contait l'inconnu avaient vite fatigué la jeune fille à la Rose, qui avait finit par l'ignorer. L'autre s'était peu à peu tût, et l'adolescente aux cheveux d'or dormait désormais à poings fermés. Son souffle doux faisait doucement voleter une mèche de cheveux platine, rebelle. Quand le train s'arrêta enfin, la légère secousse et le sifflement mécanique de l'engin réveillèrent la jeune fille. Lentement, elle se leva, enjamba l'inconnu et sortit du train, regardant sa destination dans toute sa splendeur : Une station de sports d'hivers, nichée au cœur de la vallée, bordée par la montagne. Céleste attrapa vivement ses bagages et se dirigea vers l'accueil de la station. Après quelques formalités, on lui remit la clé de sa chambre, qu'elle s'empressa de rejoindre. Ses pas l'amenèrent à une petite porte de bois, à peine plus grande qu'elle. Celle-ci cachait une petite pièce simple, lumineuse. Deux lits simple, séparés par une table de chevet en sapin, une petite armoire, et une bibliothèque. Il y avait également une petite douche, un lavabo, des toilettes. Séparés de la minuscule salle d'eau, une table, trois chaises, un petit réfrigérateur, un micro-ondes. Il ne manquait plus que les locataires. La fille à la Rose posa ses bagages à côté de l'armoire et s'installa sur le premier lit, près de la fenêtre, admirant la montagne et les neiges éternelles. Une légère brume cachait encore les skieurs matinaux. Céleste laissa se promener quelques instants le fil de ses pensées, avant de sortir de sa rêverie, et d'ouvrir son sac. Elle sortit un petit ordinateur portable, qu'elle alluma nerveusement. Ses doigts se mirent à danser sur le petit clavier, en chœur, en rythme avec la mélodie, si particulière, que laissait échapper la barre d'espace. Après quelques recherches, la jeune fille trouva sans difficultés l'adresse postale de la sœur de cette « Ambre ». Elle passa une petite dizaine de minutes à rédiger une lettre de soutien. Même si elle ne la connaissait pas, l'histoire l'avait particulièrement touchée, et ce sentiment de proximité, de devoir, l'avait envahie à la lecture de l'article, et ne l'avait pas quittée depuis. Cette lettre, d'une demie-page Word, lui procura un certain état d'âme, soulagé, apaisé. Elle ne manqua pas de signer de son nom et d'y ajouter son adresse mail, avant de l'envoyer. Quand elle abaissa l'écran pour ranger le matériel, un sourire s'était affiché sur son visage. Alors qu'elle commençait à faire son lit, on toqua à la porte. Une personne entra quelques secondes plus tard. Une fille de son âge, vêtue de noir, se tenait sur le palier, un sac à dos à la main, une imposante valise à ses pieds. Elle s'avança, salua la jeune fille à la Rose, avant de s'asseoir sur le lit en sortant une cigarette. Céleste pencha la tête sur le côté en fronçant u sourcil.

« Tu… Tu comptes fumer ici ?
Mouis… » fit-elle en allumant sa cigarette, avant de souffler la fumée grisâtre en direction de son interlocutrice.
Celle-ci sentit, quand la fumée l'atteignit, sa gorge s'assécher. Ses narines piquaient, ses poumons s'embrasaient. Son souffle s'arrêta quelques instants. En manque d'air, Céleste sentit sa poitrine comprimée, serrée, écrasée. Elle toussa : l'air enfumé lui racla violemment la gorge, l’endolorissant d'avantage. Quelques vapeurs noirâtres s'échappèrent de ses lèvres. La jeune femme se leva, ouvrit la fenêtre et y passa la tête. L'air pur, à nouveau, lui emplit les poumons. Une douce fraîcheur matinale prit la place de a fumée chaude et sale. Le froid intense endormit la douleur : Céleste put prendre le temps d'apprécier les saveurs de l'air pur. Le vent frais transportait jusqu'à elle les douces odeurs de pin et de tilleul, tout en faisant virevolter les quelques mèches blondes qui cachaient son œil droit. Un sourire s'afficha sur ses lèvres… Il fallait qu'elle sorte, qu'elle profite de cette fraîcheur, de la neige encore pure… Elle se retourna, attrapa son manteau, et sortit précipitamment en s'excusant auprès de sa colocataire. Après une trentaine de secondes de course, la jeune fille à la Rose put chausser ses raquettes, et s'avancer vers le mont sauvage. Peut-être aurait-elle l'occasion de cueillir une edelweiss, de la mettre à la place de la rose rouge, derrière son oreille. Ou peut-être pourrait-elle écrire une page ou deux sur le paysage extraordinaire qu'offrait la montagne en cette saison. Une dizaine de minute de marche lui suffit pour atteindre son objectif. Céleste posa son anorak sur la neige et s'y assit. Le froid ne la dérangeait pas : en grelottant légèrement, elle se sentait vivante. La jeune fille observa ainsi quelques instants le paysage. Derrière elle, la ente devenait trop ardue pour être escaladée. Devant, une crevasse de cinq ou six mètres, aux parois gelées, reflétait la lumière du soleil sur la jeune fille. A gauche, quelques piques de glace lui bloquaient l'accès. Il ne restait que le petit chemin ensoleillé, à droite, pour sortir d'ici. Mais ne voulait pas s'échapper, s'évader de ce sanctuaire de neige, de roche et de glace. Céleste sortit un calepin, et se mit à griffonner. Son sang, ses sourires et ses larmes se mirent à couleur sur le papier, au chaud, entre les flocons et les reflets de l'aube. Elle se retourna, sentant quelque chose, derrière elle. Elle se retourna.

« Une edelweiss ! »

Elle approcha sa main de la fleur des neiges. De petites étoiles perlaient dans ses yeux, son regard luisait… Elle effleura la fleur du bout des doigts… Un bruit sourd, un grondement… Elle leva les yeux… C'était déjà trop tard…

Céleste était condamnée.



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