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La Hausse des Frais de Scolarité au Québec, un débat de société.
Bon, lorsque vous avez lu le titre je me dis que vous vous demandez en quoi cela vous concerne, chers francophones de l'Europe. Et bien lisez la suite, au pire cela vous informera de ce qui se passe de l'autre côté du globe. Donc voici la situation:
Le gouvernement libéral du premier ministre Jean Charest a annoncé il y a près d'une année une hausse des frais de scolarité dans les établissements universitaires de l'ampleur de 1675 dollars par année, à un rythme de 325$ sur une période de cinq ans. Leur principal argument: les étudiants du Québec doivent faire leur "juste part" quant à la facture de leurs études universitaires. Suite à un manque d'ouverture du gouvernement lors d'un petit sommet sur la question, les membres des associations étudiantes ont boycotté ce dernier et ont préférer utiliser un moyen de pression plus efficace pour faire plier le gouvernement, soit la grève. Après une grève d'une journée dans la plupart des établissements universitaires et des cégeps (qui sont des établissements de transition entre l'école secondaire et les études universitaires), le mouvement est vite passé à une grève générale illimitée, à laquelle se sont rallier durant les dernières semaines des dizaines d'établissements.
Actuellement plus de 300 000 étudiants sont en grève générale illimitée et 200 000 personnes ont participé à une grande manifestation qui a eu lieu le 22 mars dans les rues même de Montréal. Malgré tous ces efforts, le gouvernement ne semble pas fléchir et les démonstrations de force de la solidarité étudiante n'ont pas fini de se multiplier. En ce moment, les frais de scolarité annuels sont de 2168$ et grimperont jusqu'à 3793$ en 2017, ce qui représente une hausse de 75%. Le gouvernement affirme à la population que cela ne réduira en rien l'accessibilité aux études parce que ces derniers ont pensé à tout en bonifiant le programme des prêts et bourses avec une partie de l'argent accordée à la hausse. Ce qu'il oublie de mentionner, c'est que moins du quart des étudiants ont accès à ce programme puisqu'il faut presque être bénéficiaire de l'aide sociale pour espérer y être accepté.
Dans la catégorie des incohérences croustillantes, le budget alloué à la publicité pour la hausse des frais de scolarité a doublé suite aux manifestations du mouvement étudiant. Le gouvernement donne littéralement nos ressources naturelles à des compagnies multinationales dans le but de créer de l'emploi. Il n'est pas rare que des recteurs d'universités reçoivent des primes complètement ridicules (750 000$ pour le pire exemple) en plus de leur colossal salaire annuel (qui s'élève en moyenne à 400 000$ par année).
Et puis finalement, comble de l'absurdité, la hausse des frais ne rapportera seulement que 360 millions de dollars par année au gouvernement suite à la hausse, ce qui représente un maigre 2,2% du budget annuel consacré à l'éducation, aux loisirs et aux sports. La gratuité scolaire quant à elle coûterait environ 720 millions par année, soit 90$ par contribuable québécois dans l'optique où ces derniers endosseraient 100% du coût.
Aujourd'hui, le cégep auquel j'étudie vient de voter à environ 52% en défaveur de la reconduction de la grève étudiante parce que ces derniers veulent reprendre les cours et considèrent que la grève n'est pas un moyen de pression "adapté" pour faire fléchir le gouvernement. J'avais besoin de me vider le coeur, je me dis que les générations futures devront accepter ces décisions purement idéologiques si jamais nous n'arrivons pas à faire reculer la ministre.
Et vous, chers européens, à combien d'euros s'élèvent vos droits de scolarité? Êtes vous pour se qui se produit au Québec en ce moment? Croyez-vous que l'éducation devrait être accessible à tous ou croyez-vous les étudiants doivent faire leur "juste part" et que l'éducation supérieure est un investissement?
À vous la parole!