Le retour de la Q-Force !
Ou presque. Dénommé Full Frontal Assault en Amérique du Nord, le dernier opus en date de la saga se nommera au final Q-Force chez nous. De quoi susciter de vives attentes, et pour cause : tout fan qui se respecte avait déjà entendu parler de la la célèbre Q-Force, dans Ratchet & Clank 3 plusieurs années auparavant.
Nous espérions ainsi le retour de visages appréciés tels que Sasha, Helga, Al, Skidd... de vieilles connaissances du duo intergalactique, mais qui ne feraient finalement pas leur retour. Déception.
Demeure néanmoins l'inconditionnel trio fondateur, Ratchet, Clank et Qwark, qui auront pour lourde tâche de remettre en marche les systèmes de défense planétaires de trois mondes, croulant sous la menace d'un mystérieux vilain... Un vilain tout droit sorti du passé de ce cher Capitaine Qwark.
Spécifiquement développé pour accompagner l'année des 10 ans de la série, il aura connu une production relativement courte, un an seulement; deux fois plus que la durée du développement de Quest For Booty. Quelques similitudes rapprochent ce dernier de Q-Force : un volet distribué numériquement sur le PSN, mais également en Blu-ray aussi bien sur le territoire européen que le territoire américain.
S'il s'agit bel et bien d'un mini-épisode, il s'avère toutefois bien plus généreux que Quest For Booty, avec une campagne solo et coopérative (à deux en écran partagé ou en ligne) ainsi que le retour tant attendu d'un mode compétitif, pouvant accueillir jusqu'à 4 joueurs.
Q-Force, bien que fidèle à la formule traditionnelle (dont s'était éloigné All 4 One) de la série, avec un gameplay action à la 3ème personne, une caméra 3D ainsi que le grand retour des populaires hoverbottes d'A Crack In Time, propose un tout nouveau concept directement inspiré des jeux MOBA, Multiplayer.Online.Battle.Arena. League Of Legends, vous connaissez ?
Aussi bien l'aventure que le mode multijoueurs sont fondés sur ce concept qui, l'air de rien, rappelle le mode Siège de R&C 3. Le but est simple : vous devez protéger et défendre votre base coûte que coûte, en explorant premièrement le terrain en quête de munitions et de boulons, qui vous serviront ensuite à acheter des défenses; dans un second second temps, il s'agira de construire des défenses diverses (tourelles, mines, barrières, etc) et de solidifier votre base; enfin et en troisième lieu, vous devrez résister à des vagues d'assaut.
Ces principes sont valables quel que soit le mode de jeu, la seule différence étant qu'en multijoueurs compétitif deux duos s'opposeront, chacun cherchant à défendre sa propre base tout en attaquant la base adverse. Si ces règles de jeu laissent une relative liberté d'action et de déplacement dans la campagne, elles sont en revanche plus strictes en multijoueurs, puisqu'un chronomètre indiquera le temps imparti à chaque phase : reconnaissance du terrain, solidification de votre base, puis assaut de la base adverse.
Si les boulons ne servent plus à acheter d'armes, il n'empêche que vous devrez méritez l'arsenal mis à votre disposition en piratant des pods, souvent défendus par les forces ennemies, via un mini-jeu de dextérité. Les armes les plus puissantes verront leurs pods dispersés aux endroits les plus moins accessibles des niveaux. À noter que le système évolutif des armes auquel la série nous avait habitué est également de retour. La variété des armes, toutes étant plus ou moins dérivées d'All 4 One, est appréciable mais pas de réelle nouveauté à se mettre toutefois sous la dent.
Rapidement, l'on se prend à apprécier cette nouvelle recette, offrant au jeu un vrai dynamisme. La grandeur des niveaux, qui se joint à un level design inventif et bien pensé, contribue grandement au plaisir que l'on prend à parcourir les terrains de jeux à toute allure à l'aide de nos fidèles hoverbottes.
Ce sont pas moins de cinq niveaux, répartis sur trois planètes, qui vous seront proposés durant la campagne solo et/ou coopérative. Une variété d'environnements appréciable bien que limitée, qui confère à chaque décor son ambiance. Le jeu se veut d'ailleurs plutôt joli, bénéficiant des dernières avancées technologiques du moteur d'Insomniac (occlusion ambiante, éclairages plus fins, effets de lens-flare, etc), mais l'on reste cependant en dessous du rendu global d'un A Crack In Time.
Q-Force est le second volet de la saga tournant à 30 images/seconde, et si le jeu reste relativement fluide on notera quelques ralentissements occasionnés par l'affichage d'un nombre conséquent d'éléments et effets spéciaux à l'écran. Clairement, les ressources et effectifs limités investis sur projet se font ressentir, malgré toute la bonne volonté du studio Insomniac de Caroline du Nord.
La difficulté bien dosée offre un challenge plutôt abordable, qui ne sera toutefois pas forcément adapté aux plus jeunes, à moins d'être accompagnés d'un second joueur. La progression se fait de manière souple, mais devient d'autant plus plaisante et stimulante à deux joueurs en coopération.
Il vous sera alors possible de choisir entre trois personnages jouables, inutile de préciser lesquels. En solo, ce choix vous est également offert mais n'influe en aucun cas sur la narration. Ne vous attendez donc pas à des cinématiques personnalisées en fonction du héros choisi.
Si l'histoire se veut simpliste et plutôt courte (comptez une ou deux heures de plus que dans un Quest For Booty), on y revient volontiers seul ou accompagné d'un ami afin de boucler l'intégralité des défis et points de compétence. La rejouabilité est donc vraiment bonne, et renforce le rapport qualité/prix du jeu, qui est vendu pour la modeste somme de 20€.
Cet opus peut également se vanter d'une intrigue et de dialogues comptant indéniablement parmi les plus drôles de la série. L'écriture savoureuse et toujours juste de T.J Fixman touche une fois encore droit au but, et nous livre des séquences à l'humour ravageur, l'une d'entre elles notamment étant d'ores et déjà devenue culte. Une véritable réussie.
Musicalement, Q-Force marque encore des points. Déjà félicité pour son remarquable travail sur les musiques d'All 4 One, Michael Bross retourne à la composition et confirme tout le bien que l'on pouvait penser de lui. Le thème central du jeu s'impose sans contestation possible comme le thème central le plus épique et marquant de la saga. Moins fourni en partition qu'All 4 One, du fait de sa nature de mini-opus, le jeu profite de thèmes qui dans l'ensemble accompagnent parfaitement l'ambiance et l'action de chaque niveau. Ne cherchez plus, le digne remplaçant de David Bergeaud se nomme Michael Bross.
Le design audio n'est pas en reste, mais l'on regrettera pour la première fois dans la série la présence de coupures ou décalages sonores désagréables, et qui nuisent à l'immersion.
En conclusion, Q-Force est un jeu de qualité, montrant une réelle volonté de la part des développeurs de faire évoluer la saga, tout en expérimentant de nouveaux concepts. Une prise de risque à saluer, mais qui ne saurait masquer les défauts apparents de cette modeste production.
L'ignorer ou le rejeter sous prétexte des nouveautés qu'il met en avant serait une erreur tant il mérite l'attention de n'importe quel fan digne de ce nom. Au-delà des clins d’œil évidents à l'ère PS2 de la franchise, c'est le mélange détonnant entre le gameplay typique Ratchet et le gameplay MOBA qui fait tout le charme de cet épisode véritablement unique en son genre. Libre à chacun d'y adhérer, ou de s'en priver.