Une suite détonante
Seulement un an après la sortie du premier opus, Insomniac délivre une suite qui surpassera l'original sur tous les plans, faisant franchir à la saga un palier décisif, principalement en ce qui concerne le gameplay. Au delà d'une amélioration évidente du moteur 3D, capable désormais d'afficher des animations à un débit impressionnant de 60 images/seconde et rendant de surcroît le jeu encore plus fluide que son aîné, R&C 2 met en place de nouvelles bases, telles que l'évolution des armes, bénéficiant d'une transformation au bout d'un certain temps d'utilisation, ou la possibilité d'acheter de nouvelles armures, qui elles aussi bénéficient de ce nouveau système d'expérience. Plus le joueur joue et tue d'ennemis, plus son arsenal et sa santé évoluent. Un concept directement emprunté au monde du jeu de rôle (RPG), qui enrichit considérablement la recette déjà addictive du premier volet.
Fort de nouvelles caractéristiques, le gameplay profitera aussi d'une variété nettement accrue, à tel point que R&C 2 demeure encore aujourd'hui l'opus le plus varié dans les défis qu'il oppose au joueur. Insomniac semble maîtriser tous les genres avec une facilité insolente, et en un seul jeu permet au joueur de s'essayer à des courses de Hovermoto à grande vitesse, de défier la gravité sur des mondes prenant la forme de mini-sphères, de résoudre des puzzle-games ingénieux, d'affronter des vagues d'ennemis dans des arènes, de combattre dans l'espace à bord d'un vaisseau, de rentrer dans la peau de Clank en jouant les chefs d'armée, de partir à la recherche de dizaines de cristaux dans des déserts malfamés, etc. Tout ceci sans compter certains concepts directement repris du premier opus, tels que des séquences nous plaçant aux commandes d'un Clank géant.
L'arsenal lui aussi se voit considérablement enrichi, avec la possibilité de racheter ou d'obtenir gratuitement, grâce à sa sauvegarde de R&C 1, certaines armes de ce précédent opus. Les environnements quant à eux ne sont pas en reste et bénéficient également d'un grand soin, bien que la direction artistique s'avère bien moins exotique qu'auparavant, avec des constructions plus industrielles, plus urbaines, et des couleurs moins enchanteresses.
Seul véritable point noir de cet opus, le scénario, qui, bien que toujours aussi garni en séquences humoristiques, met complètement de côté la relation entre Ratchet et Clank. On aurait pourtant pu s'attendre à l'inverse suite aux évènements du premier volet, et nul doute que cette relation aurait sans doute mérité davantage d'approfondissement. La trame se déroule de manière quelque peu pataude, et ne propose finalement aucun véritable enjeu, là où la volonté de revanche contre Drek et l'envie de voir le duo apprendre à mieux se connaître et à travailler ensemble constituaient un let-motiv évident dans le premier chapitre de la saga.
Nettement plus ambitieuse et riche en tonalités, la bande musicale s'avère être une grande réussite, mixant à la perfection rythmes électros et mélodies orchestrales. Le panel de sons a quant à lui doublé, offrant toujours plus d'immersion à un univers déjà bien ancré dans l'esprit des joueurs. Enfin, il serait dommage d'oublier le contenu « bonus » plus que généreux du jeu. On peut donc citer en vrac le Musée Insomniac (environnement secret permettant au joueur d'entrer dans les coulisses de la fabrication du jeu et de découvrir les concepts abandonnés en cours développement), la Monstropédie (encyclopédie complète des ennemis présents dans le jeu, avec leurs origines, leurs faiblesses, leur points forts, etc), des mini-jeux jouables à 2, la possibilité de refaire le jeu en mode FPS (vue à la première personne, soit au travers des yeux du personnage), etc... Tout a été pensé et conçu pour satisfaire les fans, et les joueurs en général.
En résumé, Insomniac ne s'est pas contenté de créer une suite 1.5, mais un jeu faisant office de véritable mini-révolution dans la saga. Un effort d'autant plus appréciable qu'il s'agit alors seulement du deuxième volet.