Bon, je viens réveiller un peu ce topic. Parce qu'en deux ans il y en a eu des lectures qui m'ont passionnées !
Comme j'apprécie beaucoup la littérature russe, on va commencer par ça !
Si vous êtes intéressés par la philosophie politiques et plus particulièrement l'anarchisme je vous enjoins à lire deux petits traités assez courts (entre 60 et 80 pages) qui nous viennent de la Russie de la fin du XIXème siècle : Dieu et l'Etat de Mikhaïl Bakounine, traité intéressant où les principes d'égalité, de solidarité et de liberté sont placés comme valeurs les plus hautes et où les privilèges sont perçus comme mauvais et corrupteurs. Et le deuxième traité est de Kropotkine, il s'agit de La morale anarchiste, dans lequel il donne ses idées concernant ce que doit être l'anarchisme et critique les institutions passées.
Deux petits bouquins intéressants tant sur le plan des idées que sur leur portée historique aussi car ils ont une grande influence dans les milieux anarchistes par la suite.
D'ailleurs si vous voulez plus d'histoire, j'ai fait deux lectures qui permettent d'avoir une idée de ce qu'était les camps de travail et goulags russes pendant l'U.R.S.S. C'est deux livres sont écrits par des auteurs qui ont vécu dans les camps. Le premier dont je vais parler et Alexandre Soljenitsyne qui a écrit Une journée d'Ivan Denissovitch, qui est un petit/e roman/nouvelle qui, comme le titre l'annonce clairement, raconte la journée d'un homme dans les camps. Et attention, il y raconte une belle journée ! (et je vous invite donc à découvrir ce que "belle journée" veut dire dans ce contexte). C'est le premier texte qui est écrit et publié en U.R.S.S sur les camps en 1962, le terme de goulag n'est pas employé dans le récit. Le deuxième auteur que j'ai lu sur le sujet est Varlam Chalamov, opposant politique au régime bolchevique il est envoyé assez tôt dans les camps et y a passé pas moins de 22 années de sa vie. Ca fait quand même beaucoup. Il a écrit un recueil de nouvelles de plus de mile pages : Les récits de la Kolyma, néanmoins c'était un peu cher donc je me suis replié sur Vichéra. dans Vichéra il donne son témoignage sur le premier camp dans lequel il a été envoyé. Comment est organisé le camp, qu'elles en est la population, qu'elles en sont les rouages et les conséquences. C'est extrêmement intéressant, riche, on découvre des histoires hallucinantes sur ce qu'il s'y passait, les rapports de forces qui se mettent en place au sein du camp, on croise des figures importantes en U.R.S.S à cette époque. Franchement pour tous ceux qui s'intéressent à cette période et aux camps, je recommande.
Je passe ensuite à un pavé un peu plus littéraire, qui est devenu à ce jour mon roman préféré. Un roman complet, hyper riche. Il traite d'énormément d'aspect de la vie, de la société et développe à fond la psychologie de ces personnages (surtout des deux principaux). Vous en aurez peut-être/sûrement déjà entendu parler, c'est un classique de chez classique, il s'agit d'Anna Karénine de Tolstoï. Et n'ayez pas peur du fait qu'on dise que c'est un classique, si vous aimez la lecture vous aurez pas de problème à le lire. Si j'ai décidé de le lire c'est parce que c'est un livre cité dans plusieurs films d'Ernst Lubitsch, (au moins deux), où il sert soit comme signe de reconnaissance entre deux individus qui se cherchent soit comme gardien d'un message important. Et on l'évoque juste. Mais je trouvais ça curieux, je me suis dit que le réalisateur devait y tenir à se bouquin, et comme j'aimais bien ses films je me suis dit que je jetterais un coup d'oeil au livre. J'ai jamais autant dévoré un livre (950 pages d'un livre poche en une semaine), il y a un seul moment où j'ai décroché pendant 3 lignes, à cause de la fatigue, mais c'est tout. Si vous voulez lire et que vous vous sentez de lire un pavé de mile page, allez-y, je vous laisse découvrir ce chef d'oeuvre ('y pas d'autres mots).
Ce petit tour au travers de la littérature russe étant fait, j'aimerais maintenant évoquer avec vous un auteur qui ne m'a pas laissé indifférent et que j'aime de plus en plus à chaque nouvelle et roman que je découvre de lui. Il s'agit de Stefan Zweig. Je connaissais de lui Le joueur d'échec, de nom seulement car je ne l’avais pas lu. Je n'étais pas non plus tenté de le lire. Encore une fois c'est le cinéma qui m'a encouragé à découvrir cet auteur. Si vous connaissez The Grand Budapest Hotel, magnifique film de Wes Anderson, vous aurez peut-être noté qu'à la fin le film s’inspire des oeuvres de Stefan Zweig. Pas d'une oeuvre en particulier donc, fait curieux à mon sens sur lequel j'ai décidé de lever le voile. J'ai commencé par une petite nouvelle répondant au doux nom de Amok, un petit mot ne désignant rien d'autre que la folie meurtrière. Et tout de suite j'ai commencé à comprendre quels éléments avaient pu inspirer Wes Anderson. Déjà il y a la narration, où le narrateur accomplit l'acte de narration au travers une oeuvre qu'il écrit et dans laquelle il relate des éléments passés qui lui reviennent à l'esprit. Ensuite il y a la palette de couleur utilisée pour les descriptions dans le livre. Il reste attaché à quelques teintes de couleurs qui reviennent régulièrement dans les descriptions. Ce premier livre m'a fait plaisir, j'étais heureux après l'avoir lu (malgré l'aspect tragique de la nouvelle). J'ai donc renouvelé l'expérience, avec cette fois Le voyage dans le passé. Procédé narratif similaire avec une légère différence. Pas d'écrivain cette fois là, juste un homme qui retrouve son aimée et en la revoyant évoque alors toute leur histoire, comment ils se sont retrouvés éloignés, quel a été sa vie à lui pendant ce temps. Très belle histoire encore une fois. Alors à nouveau j'ai voulu en relire. Il fallait que ça arrive, j'ai emprunté Le joueur d'échec au CDI de ma prépa, et encore une fois je n'ai pas été déçu. Cette fois on est sur un bateau, pendant le trajet des gens se réunissent pour jouer aux échecs, un journaliste (le narrateur) un peu curieux s'intéresse à ce qu'il s'y passe. Il découvre alors qu'un monstre de jeu d'échec se trouve là, inconnu du monde il bat un champion présent sur le bateau. Le journaliste, intrigué, décide de l’interviewer, on retourne encore une fois dans le passé pour découvrir l'histoire étonnante de ce tout aussi étonnant personnage. Cette année j'ai lu La confusion des sentiments, je m'attendais, et j'avais peur d'avoir à faire à un truc un peu trop cul-cul, bah en fait ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. C'est un livre de la fin des années vingts, et il aborde des thèmes qu'aujourd'hui encore on n'oserait pas aborder, je ne veux pas trop en dire car je risquerais de spoiler, mais lisez le, c'est pas très long, c'est très sympa, charmant, étrange, inattendu.
Je fatigue un peu, mais avant de partir j'aimerais vous parler de deux romans de Victor Hugo, qui ne sont pas les plus connus parmi le grand public. Le premier est un roman qui se passe au moment de la révolution française, Quatrevingt-treize, un roman génial qui contente autant ceux qui adore la forme du roman et les aventures épiques que ceux qui sont à la recherche d’éléments historiques sur le début de l'assemblée. Avec une deuxième partie qui n'est pas toujours très digeste, le tout est néanmoins génialement conçu et permet une fin en apothéose, somptueuse et dramatique. J'ai lu le livre en trois jours, parce que c'était un moment où j'avais le temps, rien d'autre à faire, et ça m'a permis de bien l'apprécier. Donc ça c'était il y a deux ans. Cette année la même personne qui m’avait conseillé Quatrevingt-treize m'a dit de lire Les travailleurs de la mer. Alors comme cette personne est de bons conseils, c'est ce que j'ai fait. Je dois dire que j'ai beaucoup souffert au début, énormément de description, soit du folklore local (de Guernesey) soit de navires, avec des termes très techniques qui ne sont même plus utilisé aujourd'hui. Mais j'ai passé le début, et j'ai suivi les personnages, un à un (comme le veut la composition de ce roman), et j'ai aimé. J'ai senti, ressenti les états des personnages. Notamment du personnage central, un personnage mystérieux qui a des capacités incroyables. On s'y attache, on subit avec lui, et à nouveau on arrive sur une fin d'une beauté illustre, sans équivalent. On lâche le livre des mains en se demandant ce qu'on va faire, qui on est dans ce monde. J'ose vraiment pas en dire plus, en dire trop. Et si ce que je vous ai dit au début sur la complexité du début du roman vous inquiète, j'ai vu qu'il existait des versions "abrégées", qui doivent se débarrasser de ça. Si vous vous sentez de lire la version intégrale, franchement allez-y, malgré les difficultés c'est vraiment génial. Et sinon pour ne pas passer à côté de ce roman regardez du côté de ces versions abrégées.
Je vous laisse avec tout ça. Et s'il vous plaît venez faire revivre ce topic en partageant vos lectures et les livres que vous aimez !!