Raven - Chapter 3

Author: gag_jak

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Chapitre 3
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« Dans les mois qui suivirent, mon père cessa de m’entraîner avec un bâton et me passa une sorte de fleuret. Nous fîmes alors des combats que je perdis coup sur coup ; mais pourtant, il me répétait sans cesse que je progressais. Moi, j’en doutais fortement, mais il fallait que je continue à m’entraîner. Le fleuret ne faisait guère mal, mais qu’est-ce que ce serait lorsqu’on nous passerons au sabre ?
Les jours passaient, et, en cachette, je m’entraînais à élaborer des techniques pour battre mon paternel. Tant que je n’étais pas au point, je n’en dévoilais aucune lors de nos affrontements. Car il le fallait, il fallait que je le batte !
Un jour, enfin, j’étais prêt.

Au début du nouvel affrontement, mon père ne se doutait de rien, il croyait que le combat allait être comme à l’habitude : court et facile. Pourtant, j’étais sûr qu’il allait en être autrement. Ma confiance en moi était énorme. Je ne suis pas du genre à être trop sûr de moi habituellement, mais là, puisqu’il ne savait en rien que je m’étais entraîné, j’étais persuadé que tout allait se passer pour le mieux.
Le signal de départ prononcé, je fondis sur lui et tentai d’abattre mon fleuret dans ses côtes. Il se déplaça instantanément derrière moi, je me retournai alors pour frapper horizontalement. Surpris, il se décala juste à temps et envoya son fleuret sur moi. Je parai aussitôt, puis contre-attaqua d’un coup de pied dans le ventre. Sans perdre de temps, je sautai pour abattre ma lame sur lui. Mais il avait repris ses esprits, et, pendant que j’étais en plein vol, il m’assena un coup de son avant-bras et me fit tomber.

- Pas mal, fit-il avec sincérité, un grand changement par rapport à d’habitude. Tu t’entraînes depuis quand ?
- Deux… deux semaines…
- Je vois… Tu fais preuve d’énorme volonté, et tu as confiance en toi, c’est bien. Mais tu en fais peut être un peu trop, même si tu n’avais pas dévoilé tous tes atouts, je te signale que moi non plus. Il ne faut pas sous-estimer tes ennemis, au contraire, il faut que tu leur témoignes du respect. Ne l’oublie jamais.
- J’essaierai, marmonnai-je.
- Eh ! Ne te décourage pas ! Tu es sur la bonne voie !

Bien sûr que j’étais découragé et déçu ! Je fulminai intérieurement ! Je m’étais entraîné jour et nuit… pour rien ? Il était vraiment trop fort pour moi. Bordel, que pouvais-je faire ?

- Je ne te battrai pas de toute manière ! lui envoyai-je. Tu es plus vieux et plus puissant… Tu es quasi-invincible !
- Ecoute Raven, tu es sur la bonne voie, je te l’ai dit. Tu t’es entraîné brillamment pendant ces deux semaines, mais il faut que tu continues comme ça.
- C’est plus facile à dire qu’à faire ! Je suis fatigué et las à force de m’entraîner !
- Entraîne-toi moins difficilement alors. Les techniques que tu as apprises par tes propres moyens sont bonnes, mais loin d’être suffisantes…
- Tu ne m’en apprends presque pas, toi !
- C’est parce que je comptais le faire plus tard. Mais puisque tu sembles prêt, je vais commencer…

Il m’enseigna alors au fil des mois toutes sortes d’enchaînements et nos combats se firent de plus en plus rare. Pour ne pas perdre de temps. Rarement, il me montrait comment me servir de l’épée de diamant qu’il m’avait offert. La puissance de celle-ci était terrifiante, elle permettait de trancher un arbre d’un seul mouvement.
Il passa également un long moment à m’apprendre à créer des armes. A neuf ans, je réussis à inventer une petite mitraillette ; un mois plus tard, un lance missile.
Tout cela était intéressant. Mais ce n’était pas ce que je voulais le plus. Nan, je voulais apprendre la seule chose qui m’avait vraiment impressionné… Je finis par lui poser la question :

- Papa… Quand est-ce que tu m’entraîneras à améliorer ma vitesse ?
- Il n’y a pas vraiment d’entraînement spécifique…
- Ah bon ?
- Oui, il faut juste que tu coures le plus vite que tu le peux sans jamais t’arrêter. Ton organisme s’habituera alors à cette vitesse, et, au fur et à mesure, ne fera que de l’augmenter. Mais attention, je préfère te prévenir dès à présent : plus tu vas vite, moins tu devras courir longtemps. Car ça pompe beaucoup d’énergie. Trop d’énergie. Moi, je cours au maximum à six cent vingt-quatre kilomètres par heure ; c’est énorme, certes, mais je ne peux le faire que pendant deux secondes. Si je le faisais durer plus longtemps, j’aurais la mort en récompense.
- C’est dangereux…
- Oui, mais toi, tu n’en es pas encore capable.
- Je peux tout de même m’entraîner ?
- Bien sûr…

Avec le feu vert paternel, je partis courir pendant de longues heures, faisant de même tous les jours pendant que mon père partait travailler. Trois mois plus tard, je courais deux fois plus vite qu’avant, et atteignais à présent les soixante kilomètres par heure.
L’année qui suivie fut comme les autres : partagée par la création d’armes et de gadgets, l’entraînement à l’épée et autres techniques à mains nues, et mes courses à travers les bois et les montagnes pour augmenter ma vitesse. Mais créer des armes ne suffisait pas, il fallait savoir les manier. Alors, mon paternel m’appris à tirer, d’abord sur des cibles proches, puis de plus en plus éloignées. Là aussi, la tâche était plus compliquée qu’elle ne le paraissait. Les armes étaient souvent trop lourdes pour que je puisse viser à ma guise. Heureusement, les armes plus légères tenaient facilement en main… mais je ne visais pas mieux…
Mais au fil des jours, je me rapprochais de plus en plus du centre des cibles. Qui sait, un jour, je finirai peut être par faire mouche ?

Deux semaines après mon dixième anniversaire, mon père vint me trouver alors que j’étais à la création d’un lanceur de boules enflammées :

- Raven ! Tu es là…
- Oui, pourquoi ?
- A vrai dire, je dois faire quelque chose que je ne peux pas faire seul. J’ai besoin de toi !
- Super ! fis-je en m’enthousiasmant.
- Quelques hommes et moi, nous devons nous infiltrer dans une base surprotégée… Il me faut créer quelque chose qui pourra désactiver tous les systèmes défensifs.
- Pourquoi dois-tu t’infiltrer dans une de ces bases ?
- Les affaires sont les affaires, je ne peux pas t’en parler. C’est le secret professionnel…
- D’accord, qu’est-ce que je dois faire ?
- J’ai dans l’idée de créer…
- Une bombe à IEM ?
- Si on veut… mais en beaucoup mieux ! Il faut que nous créions un programme à installer sur un ordinateur assez puissant pour qu’il envoie des ondes sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde.
- Et comment tu veux faire ?
- Ce programme devra contenir plusieurs autres programmes. Ça ne devrait pas être trop difficile à faire, mais ce sera long, et je dois le faire vite ! C’est pour cela que j’ai besoin de toi, nous nous répartirons les tâches. Bien sûr, je te guiderai sur ce que tu devras faire.

Peu après, nous commençâmes. J’avais déjà appris à créer quelques programmes, mais aucun de cette complexité. Heureusement que mon père m’aidait, car je galérai…
Pour créer ces programmes, je me servis des logiciels contenus dans une bombe à IEM – ou autres gadgets du genre – et les remaniai. Je dus aussi en créer quelques uns en suivant les instructions de mon paternel.
Le jour d’après, en fin d’après midi, nous terminâmes la formation du programme. « Il est puissant », certifia mon père avant de me remercier. Il partit presque aussitôt, faire ce qu’il avait à faire dans cette base surprotégée.

Quand il revint, il dit que la mission fût un succès, et que le programme avait diablement bien marché ; il me demanda alors de lui choisir un nom :

- Code A-323, proposai-je.
- Pourquoi ce nom compliqué ? fit-il dans un rire.
- Et bien, le prénom de Maman commence par un « A », et tu es né le vingt-troisième jour du troisième mois du calendrier Solanien.
- C’est une bonne et sage idée, va pour ce nom !

Il ébouriffa mes longs cheveux noirs et sortit de la pièce.
L’enseignement devint plus tard assez différent, mon père décida de me faire passer certains tests, pour voir si je me souvenais de ce qu’il m’avait appris. Dans ces épreuves, il me demanda d’effectuer quelques techniques à l’épée, et de créer diverses choses. Un matin, il me présenta la maquette d’un assez grand bâtiment :

- Cette base est protégée, imaginons que tu veuilles y entrer, comment ferais-tu ?

Je restai perplexe un moment, envahi par la fatigue : je venais de me lever.

- Ce n’est pas compliqué, tu peux le faire !
- Explique moi encore une fois, s’il te plait.
- Bon, d’accord… Parfois j’oublie que tu n’as que dix ans. Bref… la maquette devant toi représente un centre de commande… Une base ou un QG, si tu préfères. J’ai branché le courant, ce qui signifie que les dispositifs de défenses sont actifs. Je ne te conseille pas d’approcher ta main !

Ce jour là, j’avais envie de le provoquer, et, pour le contredire, j’approchai ma main. Sans même que je frôle la maquette, je me pris un coup de jus. Je poussai aussitôt une petite exclamation de douleur. J’aurai mieux fait de l’écouter…

- Je t’avais prévenu, rappela mon paternel. Comment ferais-tu pour désactiver tous ces systèmes défensifs ?
- Mmh, je crois que je te laisserai faire !
- Non, ce serait trop facile ! Imaginons que je ne suis pas là et que tu veux attaquer cette immense base.
- C’est simple !
- Evidemment…
- J’utilise le code A-323 que nous avons développé l’autre jour.
- Bien… Et rappelle moi quel est son principe ?
- C’est un code permettant à un puissant ordinateur d’envoyer des ondes néfastes désactivant tous les systèmes de défenses à plusieurs dizaines de kilomètre à la ronde.
- Oui ! Et en plus, nous sommes les seuls à l’avoir découvert ! Il n’existe aucune parade possible, ou alors je ne la connais pas…
- Il y a une parade, il y en a toujours une… Tu ne la connais pas, c’est tout.
- Tu as sûrement raison…

Il m’ébouriffa les cheveux comme à son habitude et ajouta en souriant :

- Je suis fier de toi.

A ce moment, je fus empli d’une joie immense. C’était la première fois qu’il me le disait ! J’avais vraiment l’impression qu’il était fier de moi … ce fut un moment magnifique. »

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