Raven - Chapter 7

Author: gag_jak

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Note de l'auteur : Nan je n'ai pas oublié ma fic xD J'ai juste pas vraiment le temps de l'écrire ^^ 'vous aurez probablement une suite dans les semaines à venir… *ange*

*Bonne lecture pour cet énormissime chapitre ^^
Un conseil, si vous lisez la fic, lisez le chapitre en plusieurs fois…. sauf si vous avez du temps devant vous ^^*

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Chapitre 7
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« Je m’étais fais battre.
Cette pensée m’obsédait à un point inimaginable. A peu près autant que d’avoir perdu ma mère.
Juste après être sortit de mon sommeil, je m’étais assis sur une pierre, me laissant aller à mes pensées.
Je m’étais fais battre.
Oui, je m’étais fais rétamer, aussi incroyable que ça puisse paraître. Ils avaient été plus nombreux, mais ça n’excusait rien ! J’avais perdu !! Et ma force que je croyais surhumaine dans tout ça ? Où était-elle passée ?! Je me sentais vraiment nul, incroyablement mauvais, totalement dénué de force…. J’avais pensé les exploser d’une pichenette et…. Et je m’étais fais battre ! Je n’en revenais pas….
Soudain, des paroles que m’avait dites Slim me revinrent à l’esprit….
« Il ne faut pas sous-estimer tes ennemis, au contraire, il faut que tu leur témoignes du respect. Ne l’oublie jamais. »
Face aux Rgolzs, j’avais fait exactement le contraire de ce qu’il m’avait conseillé. Je les avais considérés plus bas, beaucoup plus bas que moi. Et le résultat, je le connaissais… Slim avait probablement raison… il fallait que je fasse attention à présent, à chaque fois que je croiserai des ennemis…..

Eh ? Je déraillais là ou quoi ? J’avais vraiment pensé à écouter Slim ? C’était vraiment n’importe quoi !
Non, il ne fallait pas ! Et puis, pourquoi faire attention à mes ennemis ? J’étais plus fort qu’eux ! Si je m’étais fait battre, ce matin là, c’était parce qu’ils étaient plus nombreux que moi et que je n’étais pas en forme ! Rien de plus ! Maintenant que j’avais récupéré des forces, je pouvais les mettre au sol en moins de deux !
Il suffisait simplement que j’entretienne ma forme pour être de taille à rivaliser avec des adversaires, il n’y avait aucune utilité à leur témoigner du respect… C’était la seule façon de vaincre ! Après tout, si j’avais été respectueux envers les Rgolzs, ils m’auraient tout de même tabassé… Slim donnait vraiment des conseils à la con…

Je devais tirer une leçon de cet épisode et ne plus jamais faire la même erreur. Je ne devais plus jamais laisser la fatigue prendre le contrôle de mon corps, ou alors j’étais perdu. Je devais être fort. Être sans pitié. Tout simplement.
Lentement, un sourire satisfait s’esquissa sur mon visage. J’avais retrouvé mon fondement démentiel, ma raison de vivre insensée : la puissance.

Après un long moment de méditation assis ici, rongé par la faim et la soif, marqué de bleus à divers endroits du corps, je finis par me lever. Je ne pouvais pas rester là éternellement. Il fallait que je bouge, que je trouve quelque chose à faire….
Mais je savais déjà quoi faire, et cela depuis bien longtemps. J’étais venu sur Kerwan pour ça, après tout. Il fallait que j’aille à Métropolis. J’avais essayé de me poser le plus près possible de la ville, elle ne devait donc pas être bien loin. Il suffisait de marcher un peu, je finirais bien par quitter ce plateau rocheux. J’avais une chance sur mille de trouver la métropole du premier coup… mais au pire, je tomberais bien sur un village, et là bas je demanderai la direction de Métropolis. Pas de soucis, j’allais y aller.
Attrapant mon épée d’une main, je me mis en route. Le soleil tapait fort à présent. Après la pluie, le beau temps, comme on disait. Mais j’avais vraiment très soif, et oubliant quelque peu mon honneur, je m’agenouillai pour boire dans une flaque d’eau. Le goût de cette flotte était vraiment immonde, mais pourtant, chaque gorgée me fit le plus grand bien. Hydraté, je partis à grandes enjambées.

Je décidai d’avancer vers le bord de cet immense plateau rocheux, de façon à obtenir une meilleure vue sur les environs. Après de longues minutes de marche monotone sur ce sol rocheux couleur terre cuite, je finis par arriver là où je voulais. Le gouffre délimitant le bord du plateau était de même que la fois où j’avais voulu sauter : vraiment très profond. En regardant à mes côtés, je pus constater que la falaise s’étendait ainsi sur ma droite et sur ma gauche, jusqu’à perte de vue. Pour descendre, il fallait donc mettre en pratique mes leçons d’escalade… En bas, il y avait de l’herbe et quelques arbres ; le sol restait à cette altitude jusqu’à l’horizon.
Mais de toute façon, à première vue, je ne distinguais pas Métropolis.
Enfin…. Ce n’était pas tout à fait vrai. Je percevais un faible son, un petit brouhaha de rien du tout. Comme cela m’intriguait, je cherchai alors plus attentivement.
Et là, je la vis. Elle était à environ une quinzaine de kilomètres au nord-est de ma position. Je savais que c’était Métropolis, et non une petite ville de rien du tout ; ça se voyait : elle possédait des centaines de gratte-ciels incroyablement hauts et s’étendait à l’horizon telle l’ombre d’une montagne. Je ne comprenais pas comme j’avais pu ne pas la voir plus tôt. Elle était si gigantesque, si colossale, que même un myope à demi-aveugle l’aurait aperçu.
Mais enfin bon, je l’avais trouvée, et là était le plus important. Il ne me restait plus qu’à y aller. Mon cœur palpitait doucement d’excitation.

Il restait toutefois un point à régler : la descente. Ça n’avait vraiment pas l’air facile… Dans mes leçons d’escalade, j’étais toujours accroché et la hauteur n’était vraiment pas énorme… Mais il y avait une légère différence entre mes entraînements et le cas dans lequel je me trouvai aujourd’hui, où j’allais devoir descendre sans corde une falaise de soixante-dix mètres…
Bon allez, il fallait s’atteler à la tâche.
Une nouvelle interrogation me traversa l’esprit. Qu’allais-je faire de mon épée durant la descente ? Je n’avais pas de fourreau, donc ne pouvait pas la ranger… et il m’était impossible de la tenir durant la descente. Aussi, sans hésitation, je la fis tomber là où j’allais descendre. Je la récupérerai une fois en bas.

Après avoir jeté mon arme, je me mis sur le ventre pour mieux inspecter la falaise. Il y avait beaucoup de prises, je n’aurais donc pas beaucoup de problèmes de ce côté-là. Sitôt mon inspection terminée, je fis passer mes deux jambes contre la roche de la falaise, me maintenant au bord. Très vite, mes pieds se trouvèrent sur des prises. Courage ! Je descendais à présent, un pied après l’autre, suivis de mes mains.
Bordel, c’était flippant. Ignorant la peur qui obstruait mon esprit, je me servis plutôt de l’adrénaline qu’elle me fournissait pour me forcer à descendre. Je me sentais comme attiré en arrière, comme si quelqu’un m’avait attrapé le dos pour me balancer vers la mort. Je devais user de mes forces pour atténuer cet effet. Je descendais lentement, mais sûrement. Ayant à l’esprit comme seule volonté qu’il valait mieux prendre son temps que de se louper.
Cinq minutes plus tard, je finis par oser un regard vers le bas. Oh joie. J’avais encore à peu près soixante mètres à descendre…. Et mes forces qui faiblissaient déjà… Je n’étais pas sortit de l’auberge…. Et dire que si je lâchais d’une main ou d’un pied, j’avais soixante-quinze pour cent de chances de perdre l’équilibre et de finir en charpie…
Mais bon, ça n’était pas si terrible… Il suffisait de faire très très attention à chaque mouvement et le tour était joué ! Mais le tour était surtout très long… trop long. Mes mains souffraient à chaque fois que je changeais de prise, le contact paume contre pierre les éraflait, et parfois même, les écorchait. C’était un véritable supplice. Mais je n’avais plus le choix, je ne pouvais plus remonter… Alors je descendais, oubliant ma douleur, ma peur, ma folie.

Quelques très longues minutes plus tard, je me rendis compte qu’il ne me restait environ plus que trente mètres à descendre. J’étais littéralement crevé. J’étais sur le point de lâcher à tout moment. Le soleil tapait fort et je n’avais rien pour me protéger le crâne. De grosses goûtes de sueur coulaient sur mes joues. Patience Raven, encore un peu moins de la moitié…
Effort après effort, je me retrouvais à présent à quinze mètres, suant et haletant à n’en plus finir. Je sentais mes doigts glisser sur les prises tellement elles étaient moites. Je n’allais plus tenir très longtemps.
Je m’efforçais toutefois de continuer mon chemin, descendant mon pied et…. La prise sur laquelle je l’avais posé céda, m’entrainant d’un coup vers le bas. Mon autre pied se défit également de sa prise, mais heureusement, je tenais toujours grâce à mes mains… qui glissaient petit à petit. C’était effroyable. Je battais des jambes furieusement, de tous les côtés, espérant trouver une autre prise… mais les rares que j’atteignais s’effritaient avant de s’écrouler. La roche de cette partie de la falaise devait être nettement plus friable. C’était bien ma veine. Je laissais échapper un gémissement de douleur. Mes mains étaient au bord des prises à présent. Dans quelques instants, j’aurai lâché. J’allais donc tomber. J’avais descendu tout ça pour rien ? Je n’en revenais pas. Je voulais lutter, m’empêcher de tomber, continuer à descendre lentement. Mais même si ma volonté était de fer, mon corps, lui, était frêle. Je ne pouvais rien faire, sinon attendre que ça passe. Mes doigts glissèrent encore un peu, et, sans un bruit, abandonnèrent leur prise pour me laisser finir ma route dans le vide.



Un choc rude, très rude. Une douleur intense. Un cri de souffrance. Quelques instants de convalescence. Mes yeux qui s’ouvraient.
Eh ? J’ouvrais les yeux ? Je vivais donc ! Du moins, pour le moment… En tout cas, j’avais un peu du mal à bouger. Mais c’était normal, après tout, j’avais quand même fait une chute de quinze mètres…
J’attendis que la douleur diminue avant d’esquisser un mouvement. Après avoir constaté que ça ne faisait pas mal, je décidai de me lever. Là encore, à mon grand soulagement, je ne souffrais pas d’avantage. Ça avait été une douleur forte, mais brève. Aucun de mes os ne s’était cassé, et aucune de mes articulations n’avaient été victime d’une foulure. Par contre, ma gorge, elle, était complètement asséchée. Il me fallait de l’eau, et rapidement. Par chance, il restait encore quelques restes de flaques d’eau où je bus goulument en oubliant à nouveau toute dignité.
Pour le moment, le compte rendu de ma descente était positif : j’étais indemne et prêt à continuer ma route.
Aussi, je partis en quête de mon épée. Où était-elle donc tombée celle là ? Elle ne pouvait être bien loin : j’avais fait en sorte qu’elle atterrisse au bord de la falaise. Je la cherchais désespérément des yeux, mais il y avait trop de touffes d’herbes pour que je puisse la repérer du premier coup d’œil. Au bout d’une ou deux minutes de recherche, un rayon de soleil finit par m’aider à la localiser. La lame l’avait reflété.
Lorsque je voulus m’en emparer, je fus glacé d’horreur.
L’épée s’était brisée durant sa chute.
C’était une brisure zigzagante faite en plein milieu.
Je fus soudain en proie d’une terrible fureur intérieure. C’était injuste ! Pourquoi avait-il fallut qu’elle se brise ?! Je maudissais tout et n’importe quoi, j’avais envie de prendre les deux morceaux de l’épée et de les mettre en charpie. Mais je n’étais pas stupide à ce point. Dépité, je pris le morceau avec le manche et l’examinai. L’épée faisait à présent une trentaine de centimètres, mais elle était tout aussi tranchante qu’auparavant. Décidé à voir le bon côté des choses, je me dis qu’elle serait plus facile à transporter, et à cacher, une fois en ville.

Sur ces bonnes pensées, je rassemblai mes forces et me mis en route. J’étais à une bonne distance de Métropolis, il fallait que je marche vite pour y être le plus rapidement possible. Vu la position du soleil, j’estimais qu’il devait être un peu plus de quinze heures. Habituellement, je mangeais aux alentours de midi ; mais là, je n’avais rien à manger. Par conséquent, mon estomac criait famine. Je devais me contrôler, j’allais bien tenir une journée sans manger…. Enfin, je l’espérais.
Des heures passèrent, accompagnées de kilomètres de marche. Plus je me rapprochais de la ville, moins il y avait de verdure autour de moi. C’était comme-ci la ville en elle-même était un répulsif à nature. C’était une des raisons pour laquelle je détestais les métropoles ; pour moi, oublier toute la beauté des forêts, des montagnes, des lacs et des rivières, pour vivre au milieu de béton, de fumées et de poussières, était désolant. Et à juste titre. Mais même si je n’avais pas franchement envie d’aller à Métropolis, j’y étais obligé. Il fallait bien vivre.

En fait, lorsque je m’étais enfuit de ma planète natale, je ne savais pas où aller. J’avais donc réfléchit à une destination. Et quand j’avais mis côte à côte certains éléments, Métropolis était devenu un endroit évident. Pour commencer, je savais déjà que, où que j’aille, je n’aurais rien à manger et à boire, je n’aurais aucun logis, et je n’aurais qu’une vie misérable. Or, pour avoir des vivres, un logis, et une vie à peu près convenable, que fallait-il ? De l’argent.
Et de l’argent, j’en avais, et un gros paquet à vrai dire. C’était les un million de boulons pour lesquelles Slim avait acheté mon robot.
Seulement, il y avait un gros problème. Cette somme avait été déposée dans une des banques les plus prestigieuses de la galaxie. Et cette banque se trouvait à Métropolis. Cette banque était aussi incroyablement protégée, hors de question de la braquer ! Autant me rendre à la police. Non, il fallait que j’aille à la banque et que je demande à retirer de l’argent de mon compte en toute légalité.
Le problème, cependant, était que je connaissais bien le système pour arrêter les criminels dans la galaxie. Lorsqu’un délit était commis, c’était à la police planétaire de s’occuper du hors-la-loi. Mais lorsque ce dernier s’échappait de sa planète et que le crime en question était assez important, toute la galaxie était mise au courant, toutes les polices connaissaient le visage du criminel, et dans tous les quartiers des affiches étaient disposées signalant des récompenses pour la capture du fugitif. Et moi, faisant parti de cette gamme de criminels, je comptais me présenter à l’une des banques les plus surveillées de la galaxie pour retirer de l’argent, en passant, bien entendu, au nez et à la barbe de tous les gardiens, agents de sécurités, caméras de surveillance, et autres clients. Autrement dit ? J’avais sans doute envie de mourir.

Mais il y avait une chance pour que tout fonctionne comme je le voulais. C’était un peu comme si c’était maintenant ou jamais. A l’heure qu’il était, les patrouilles ne devaient pas toutes avoir mémorisé mon visage ; et il ne devait pas y avoir tant d’affiches dans les rues. Après tout, ça ne faisait même pas vingt quatre heures que j’avais commis mes délits. Il fallait donc que je me dépêche, avant qu’il ne soit trop tard.

L’après-midi touchait à sa fin lorsque j’arrivais enfin devant la ville. Métropolis était là, à une trentaine de mètres de moi. Elle était gigantesque.
Devant moi, il n’y avait que d’immenses bâtiments, et en levant la tête, je pus constater qu’ils montaient haut, très haut. A droite et à gauche, la métropole n’en finissait pas. De loin, elle paraissait largement plus petite.
Depuis un petit moment, je marchais le long d’une route survolée par plusieurs véhicules volants. L’entrée par laquelle j’allais pénétrer dans la ville était donc fréquentée, il fallait être prudent. Cette entrée était immense, elle aussi ; c’était une grande avenue où les véhicules circulaient en trombe. Après un rapide coup d’œil, je constatais avec joie qu’il n’y avait aucun contrôle de papiers ou autre, on pouvait entrer librement. Et c’est ce que je fis.

Je me faufilai rapidement sur une zone piétonne, et marchai à grand pas pour gagner le plus rapidement possible cette foutue banque. Pour éviter de me faire repérer, je dus cacher ma petite épée, ce qui ne fut pas une mince affaire. Etant terriblement tranchante, il fallait que j’empêche la lame d’entrer en contact avec ma peau. Je la tenais donc dans ma manche, prudemment, de façon à ce qu’elle ne coupe ni mon haut, ni mon bras. C’était difficile, mais c’était le seul endroit où je pouvais la cacher aux yeux des gens sans qu’elle ne me blesse.

Je ne savais absolument pas quelle distance me séparait du centre ville, ni combien de rue. Tout ce que je savais sur cette foutue mégalopole, je l’avais appris dans un livre qui lui était consacré. Il disait qu’elle était partagée par des millions de rues et ruelles, par des centaines de grandes avenues, et qu’elle faisait en tout et pour tout cinq cents kilomètres carrés. Autre détail, la ville était séparée en deux parties : la partie basse, et la partie élevée. La partie élevée, comme son nom l’indique, était élevée à une cinquantaine de mètres et les gens y vivaient normalement. Ils circulaient sur des plates formes misent en lévitation grâce à des champs-de-force extrêmement puissants qui les maintenaient ainsi en permanence – ces plates-formes étaient équipées de barrière infranchissables pour que personne ne tombe. La partie élevée était comme la basse, elle était au moins autant peuplée et autant de véhicules y circulaient. Et ce livre disait vrai, en levant la tête, je pouvais apercevoir des dizaines de voitures volantes filer à toute allure.

Il y avait donc tellement de rues, tellement de croisements dans cette ville qu’il m’était facile de m’y perdre. En tout cas, je savais que la banque était située quelque part dans le centre ville. Et trouver ce centre allait être long, je le sentais. Mais ce qui m’inquiétait le plus, c’était la population. Je croisais des dizaines de passants par minutes, c’était incroyable. Chacun d’eux était susceptible de me reconnaître et de me dénoncer aux autorités. Je devais donc baisser la tête et prendre un air innocent… et puis, de toute façon, les gens faisaient rarement attention aux enfants de treize ans. Sauf si le gamin en question était recherché pour meurtre, mais bon. Le nombre de piétons que j’évitais sur mon passage était incommensurable, il en affluait de partout, telles des fourmis sortant d’une fourmilière attaquée. Il n’y avait pas que des êtres organiques, il y avait aussi des robots. Mais combien donc de gens vivaient dans ce lieu pourri ? Etait-il tous stupides pour supporter vingt quatre heures sur vingt quatre tant de circulation, tant de monotonie dans le paysage, tant de pollution ? Enfin j’exagérais sur la pollution. Métropolis était bien la seule ville de l’univers à faire un effort de ce côté-là. En effet, des dispositifs de filtrage de l’air étaient disposés un peu partout dans la ville, quelque soit la partie, pour éliminer le plus possible de gaz nocifs à la santé. Un système merveilleux, mais coûteux ; il fallait avoir une fortune pour pouvoir l’installer… mais cette fortune, Métropolis l’avait.

Plusieurs minutes plus tard, je débouchais sur une place circulaire encerclée par de hauts gratte-ciels. Dans cette place, des centaines de panneaux publicitaires animés ou non étaient disposés sur les immeubles, histoire d’annihiler le peu de cervelle des gens vivant en ville à coup de propagandes. J’examinai les panneaux rapidement, et tout à coup, je fus pris d’un haut-le-cœur. Sur l’un d’entre eux, d’à peu près trois mètres sur trois, un portrait-robot trop réaliste de moi-même était affiché ; il indiquait une récompense de trente mille boulons pour ma capture.
Même si je savais pertinemment que j’étais recherché par toute la galaxie, cela me faisait bizarre de voir mon portrait affiché ainsi. En fait, je me sentais imposant. Une sensation très étrange, mais bien agréable. Je savais que chaque personne qui voyait l’affiche devait se dire que j’étais dangereux, et qu’il fallait éviter de se retrouver en face de moi. J’imposais une crainte mêlée de respect, en somme. C’était bien excitant et je sentis un sourire se dessiner sur mes lèvres.
Mais ce n’était pas que positif, n’importe qui pouvait me reconnaître et appeler la police : je devais redoubler de prudence. La place, quant à elle, était blindée de monde et de véhicules. Cette ville était vraiment surpeuplée. Quand je voyais toutes ces personnes, ce n’était non pas la peur d’être reconnu qui travaillait mon esprit, mais une envie, une envie spéciale. L’envie de toutes les tuer.
Voir toutes ces personnes bouger, réagir, parler, me perturbait. Je ne le supportais pas. Ils dégageaient tant d’énergie… Je voulais leur enlever la vie pour embellir la mienne. J’avais envie de puissance. J’avais envie de voir le sang couler. J’avais envie de voir des cadavres joncher le sol. J’avais envie de sentir le sang d’autrui encore chaud sur mes mains. J’avais envie de faire des choses horribles et morbides… Je voulais me sentir bien. A un prix incroyablement monstrueux, certes, mais là était tout le plaisir de l’acte, n’est-ce pas ?
J’étais un jeune homme d’apparence frêle, mais de personnalité infâme. Et cela me réjouissait, me rendait heureux… mais j’allais être encore plus heureux une fois mon massacre effectué.

Un passant me bouscula légèrement avant de s’excuser et de continuer son chemin. Et dire que je tenais mon épée dans ma main. Et dire qu’il ne se doutait de rien. Et dire que j’avais le pouvoir de lui trancher la gorge à n’importe quel moment… Je dus lutter pour ne pas agir. Pas maintenant, Raven, pas maintenant… J’allais tuer plus tard, pour l’heure, ma priorité était de récupérer l’argent. Et, de toute façon, si je m’attaquais à la population, je n’allais pas tarder à me retrouver avec la police sur le dos. Autant signer mon arrêt de mort.
Et même si la mort ne me faisait pas peur, je devais rester envie pour tuer Slim. Il le fallait.

Je ne pouvais me permettre de gaspiller mon énergie inutilement. J’allais en avoir besoin bientôt. Et le plus tôt allait être le mieux. J’en avais marre de marcher dans cette ville ! Il fallait qu’il se passe un peu d’action, que diable ! Je cherchais des yeux les panneaux de circulation, et là, je fus envahi de soulagement. Le centre-ville était indiqué comme étant à un petit kilomètre. Bientôt, j’allais pouvoir me défouler.

Le kilomètre de marche, je le parcourus rapidement. Très vite, j’étais passé de rue en rue en suivant les panneaux et en évitant les passants qui rentraient hâtivement chez eux. En arrivant au centre-ville, j’eus les yeux exorbités par le spectacle et la vision qu’il y avait devant moi. A la place de trouver, comme je m’y attendais, des immeubles hideux rangés de manière serrée, il y avait là une zone dégagée. Les gratte-ciels formaient un immense rectangle d’environ trois kilomètres sur deux délimitant la zone. A l’intérieur de celle-ci, il n’y avait quasiment aucun bâtiment. Ici, c’était fleuri de tous les côtés, il y avait des arbres et d’autres plantations sur les côtés et dans des espaces créés à cet effet au milieu de la place de manière symétrique. Une masse d’âmes marchait en tous sens à l’intérieur du rectangle ; les véhicules circulaient à hauteur raisonnable au dessus d’eux. Cet endroit semblait être un lieu de détente, en quelque sorte : des milliers de bancs étaient disposés où l’on pouvait s’installer confortablement.
En plein milieu de la zone se dressait une immense construction, magnifique pourtant. C’était une tour construite avec de la pierre il y a plusieurs milliers d’années ; tout en haut se dressait une horloge d’or que les employés de la ville réparait à de nombreuses occasions – étant vieux, le mécanisme de l’horloge n’était plus tout à fait en état… Je trouvais cet édifice splendide seulement en pensant à la main-d’œuvre qui s’était chargée de le construire ; de nos jours, on construisait un immeuble en un mois… Et puis, le bâtiment changeait des autres, ne pas l’avoir détruit comme les autres de son époque avait été très judicieux : je ne devais pas être le seul à trouver qu’il embellissait la place.
Quant aux bâtisses formant le périmètre de la zone, ce n’étaient que des boutiques, des magasins, des cliniques, une banque…

C’était d’ailleurs celle qui m’intéressait. Après tout, comment en douter ? Elle se trouvait à une trentaine de mètres à ma droite. C’était un bâtiment haut d’une bonne soixantaine de mètres et large d’une vingtaine. Il n’était pas directement collé aux autres immeubles, il était séparé d’eux par des ruelles assez larges. Il était d’un blanc éclatant, tenu par d’immenses piliers de marbre blanc, eux aussi. Pour accéder à la porte, il fallait gravir des escaliers blancs et se faire fouiller par un des nombreux gardes surveillants vaillamment l’entrée. Juste en dessous de la massive toiture était inscrit le nom : « Métropolis City Bank ». Il n’y avait aucune chance pour que je me trompe, c’était la bonne.
L’épée n’allait pas passer inaperçue, évidemment : les gardes la repérerait au premier coup d’œil. Il fallait que je m’en débarrasse. Je partis donc dans une des nombreuses ruelles sombres proches de moi et, après avoir fait une certaine distance, sortis prudemment l’épée de ma manche et la cacha dans une benne à ordure d’une hideuse couleur bleue.
J’étais prêt.

Et ainsi, je me redirigeai en direction de la banque en me retenant de sourire pour paraître le plus naturel possible. Il devait être dix-huit heures quarante-cinq, environ : la banque allait sûrement fermer dans un quart d’heure. Il fallait donc que je me dépêche.
Une fois au pied de l’escalier de marbre, je les escaladai rapidement. Tout en haut, juste avant que l’on me laisse franchir l’immense porte en titane, un des gardes brandit un objet métallique d’un geste mécanique et le fit passer devant moi, de mes pieds à ma tête. Cet objet devait sûrement servir à détecter la présence d’objets suspects. Voyant qu’aucune alarme ne se déclenchait, il se décala et me laissa entrer dans la banque. Il ajouta toutefois :

« - Dépêchez-vous, nous allons bientôt fermer. »

Je lui répondis affirmativement d’un signe de tête et poussai le battant de la porte qui s’ouvrit sans aucun bruit. Ce premier garde ne m’avait pas reconnu, c’était positif. Une fois entré, je laissai la porte se refermer automatiquement derrière moi et contemplai la salle.
Elle faisait vingt mètres de long pour vingt mètres de large ; dix magnifiques piliers de marbre noir et blanc, à la manière d’un échiquier, soutenaient le plafond de manière symétrique, cinq à gauche de la salle, cinq à droite ; le carrelage, également de marbre, avait la même couleur que les piliers. Une vingtaine de personnes se trouvait ici ; dix d’entres eux étaient des gardes, placés de manière stratégique pour que tous les recoins de la salle soient surveillés ; les autres étaient des clients de la banque qui faisaient la queue au guichet, ou étaient assis sur un banc en attendant que les personnes qu’ils connaissaient aient finies ce qu’ils avaient à faire. Je remarquai également des caméras de surveillance disposées sur chaque pilier ainsi que deux tourelles d’attaque sur les murs. Mais celles-ci, elles fonctionnaient grâce aux caméras de surveillance ; si ces dernières détectaient une menace, les tourelles s’enclenchaient. Par conséquent, il me suffisait de me rendre invisible pour échapper à leurs attaques.
Par contre, au sujet des gardes, il valait mieux que je ne me fasse pas repérer.

Sans trop me presser, je me mis dans la file d’attente la plus courte, patiemment. Je promenai mon regard dans la salle, examinant les petits détails de rien du tout pour passer le temps. Mon attention se porta sur un type assis sur un banc qui devait avoir dans les cinquante ans passés. Cet homme était plongé dans la lecture de son journal. Il releva la tête au bout d’un moment, je le fixai droit dans les yeux. L’expression qu’affichait son visage était étrange. Il avait l’air étonné, surpris. Très vite, il feuilleta son journal pour revenir en arrière, vers ce qu’il avait déjà lu. Il s’arrêta d’un coup et fixa sa page hâtivement, puis il releva la tête pour me regarder à nouveau. Il était encore plus surpris qu’avant.
C’est là que je compris.
Ce type m’avait reconnu. Mon portrait robot était dans le journal. Mais bordel, comment avais-je pu être assez bête pour regarder droit dans les yeux un type lisant un journal ?! Il fallait être cinglé !
Je détournai aussitôt la tête pour regarder en face de moi, vers la dernière personne à attendre au guichet. Vite ! Qu’elle se dépêche ! Il fallait que je sois dehors avant que le type n’alerte les autorités !
J’osai un léger regard en arrière, l’homme avait l’air d’hésiter. J’espérais qu’il allait hésiter longtemps…. Enfin, la personne devant moi daigna me laisser la place.
Je me mis aussitôt en face de la guichetière robotique.

« - Que désirez-vous ? - me demanda-t-elle simplement.
- J’aimerais retirer de l’argent de mon compte en liquide, s’il vous plaît.
- C’est à quel nom ?
- Heu… David Robertski. » Evidement, c’était un faux nom. Quand Slim avait créé mon compte, il n’avait tout de même pas donné ma véritable identité. Et c’était mieux pour moi aujourd’hui… La guichetière tapa le nom sur son ordinateur.
« - Vous avez des papiers d’identités ? ». Aïe, là ça se compliquait. Je n’avais aucuns papiers pouvant prouver l’identité que je lui avais donnée. Je jetai un œil au type sur son banc. Il avait l’air toujours aussi perplexe, il réfléchissait.

« - Non - répondis-je - malheureusement, je suis sorti sans mes papiers…
- Ce n’est pas grave, dans votre dossier, vos empreintes digitales sont enregistrées. » Mes empreintes digitales ? Slim les leur avaient fournis. Et moi, comme un imbécile, j’avais dû en laisser plein lors de mes meurtres sur ma planète natale : la police avait dû les repérer. J’avais de la chance. La banque n’avait sûrement pas encore fait d’actualisation des dossiers depuis ce matin ; si elle l’avait fait, mes empreintes digitales auraient été reconnues comme appartenant à un criminel et j’aurais déjà été arrêté en ce moment même…

« - Veuillez poser votre pouce sur cet appareil, je vous pris ». Joignant le geste à la parole, la guichetière me donna un objet plat et rond. Je fis ce qu’elle m’avait demandé avant de lui remettre l’objet. « - Bien, les empreintes concordent avec celles que nous avons enregistrées. Je vais vous mener à votre compte, si vous voulez bien me suivre…. ».

Elle sortit de derrière son guichet et me conduisit à une salle dans le fond. Il y avait là des milliers de gros tiroirs gris empilés soigneusement. Chacun d’eux était un compte. Evidement, la salle était surveillée par de multiples caméras de surveillance. Vu la hauteur du bâtiment, il devait y avoir environ une trentaine d’autres salles du même genre aux étages supérieurs. La guichetière s’arrêta soudainement et tapota un tiroir de ses doigts robotiques :

« - C’est le votre - fit-elle - le compte numéro 12682. » Elle montra du doigt un clavier numérique « Vous devez taper le code de votre compte ici, et seulement après vous pourrez retirer l’argent dont vous avez besoin ». Ayant vu mon hochement de tête, elle continua : « Je vais retourner dans la salle à côté. Sitôt que vous aurez terminé, vous fermerez votre tiroir et vous sortirez par là où vous êtes entré. »

Elle s’en alla après avoir dit ces mots. Au moment où elle ouvrit la porte, j’entrevis l’homme au journal qui discutait avec l’un des agents de sécurité. Il désignait du doigt la salle où je me trouvais.
Ça y est, le type avait alerté quelqu’un. Je n’avais pas une seconde à perdre, je devais prendre l’argent et me tirer au plus vite !
Je tapai aussitôt le code qui était « 1912913 ». Je l’avais retenu facilement, Slim me l’avait fait connaître grâce à un moyen mnémotechnique. La dix neuvième lettre de l’alphabet était un « S », la douzième un « L », la neuvième un « I » et la treizième un « M ». Le code était en réalité Slim.
Répugnant.

Dès que j’eus tapé le code, j’ouvris le tiroir en trombe. A l’intérieur, il y avait des tas de billets représentant chacun une somme de cent boulons. Je constatai avec joie que Slim avait également mis un sac-à-dos dedans. C’était sûrement pour les « cas d’urgence », comme il le disait si bien. Et justement, c’en était un, de cas d’urgence.

Soudain, l’agent de sécurité que l’homme au journal avait prévenu entra dans la salle.

« - Hé vous, là ! - me lança-t-il. » Par réflexe, je tournai la tête dans sa direction. Après une demi-seconde d’hésitation, il dégaina son arme. « Plus un geste ! Vous êtes en état d’arrestation ! ».

Eh merde ! Juste au mauvais moment. D’un mouvement rapide, j’ouvris le sac et mis le plus possible de liasses de billets à l’intérieur. J’enfilai ensuite le sac sur mon dos.

« J’ai dit : plus un geste !! - s’agita à nouveau le garde - Posez ce sac et mettez les mains sur la tête !
- Tu commets une grave erreur. - lui dis-je d’un ton posé - Tu ne peux rien contre moi, écarte toi.
- Rends-toi ou je fais feu !
- Tu l’auras cherché. »

A ce moment précis, j’enclenchai mon invisibilité et courus dans sa direction à toute vitesse – c’est-à-dire à environ cent soixante kilomètres par heure. Une fois à sa hauteur, je lui assenai un coup de poing en plein torse. Le malheureux fut envoyé loin en arrière : il défonça la porte par laquelle il était entré et s’étala sur le carrelage quelques mètres plus loin.
J’étais fier de mon coup, bien que je ressentais une douleur au niveau du poignet.
Je sortis de la salle à mon tour. Je vis immédiatement que les civils avaient été évacués et que tous les gardes tenaient leurs armes en main. Celui que j’avais frappé n’allait pas se relever, mon uppercut lui avait probablement enfoncé une ou deux côtes dans les poumons ; il allait mourir à petit feu. Les autres étaient sur le qui-vive, à leurs mines, ils devaient se demander où est-ce que j’étais passé. Quatre étaient devant la porte de la sortie de la banque, bloquant le passage ; deux autres s’approchaient courageusement vers la salle où je me trouvais précédemment.

Grâce à mon invisibilité, je pus me placer sans me faire repérer juste devant les gardes surveillants la porte en échappant à leurs regards. Je pouvais les écarter en moins de deux, mais non, il fallait que je profite du moment. Il fallait que je profite de leur faiblesse. Il fallait que je les tue.

Aussi, je flanquai un incroyable coup dans la face d’un des hommes. Puis, toujours dans mon élan, j’attrapai sa tête et la fracassai contre la porte de titane. Il y eut un bruit d’os fracturé : je lui avais brisé le crâne. La vie avait quitté son corps, une adrénaline déjà familière parcourut le mien. C’était une sensation de force, de puissance, de pouvoir. C’était merveilleux.
Il fallait qu’elle s’accentue ! Je devais continuer.
D’un geste rapide, j’attrapai l’arme que ma victime tenait dans ses mains avant de laisser tomber son cadavre sur le carrelage. J’appuyai trois fois sur la gâchette. Les trois autres gardes à mes côtés s’effondrèrent avant d’avoir pu tirer.
Cinq eu moins au total. Je me rendis vite compte que de tuer ces hommes avec une arme à feu m’apportait moins de plaisir que de le faire à mains nues. Il y avait le contact direct avec l’adversaire en moins. Mais bon, dans les cas d’urgence, c’était toujours utile.

Les cinq agents de sécurités restants se rendirent très vite compte que je pouvais me rendre invisible. Ils se mirent tous à tirer dans la direction des quatre cadavres devant la porte, là où je me trouvais avant. Oui, avant, car le temps qu’ils réagissent, j’étais déjà derrière l’un d’eux. Rapidement, je me saisis de sa tête et lui braisai la nuque. Il s’écroula immédiatement.
Ensuite, toujours aussi rapidement, je courus vers un autre garde et lui flanquai un coup dans l’estomac ; il se plia de douleur. Je plaçai le canon de mon arme sur son crâne et pressai la détente. En une explosion de sang, son âme s’éteint.

Je dus vite partir en courant pour éviter les tirs des derniers survivants. Ils mitraillaient à l’aveuglette, espérant me toucher. Même si je voulais faire durer ce moment de plaisir plus longtemps, je devais penser à ma santé. Aussi, je fus obligé d’en abattra deux de loin, pour faire cesser cette pluie de balle.
Il n’en restait plus qu’un, adossé contre un mur, ne sachant que faire. Il ne savait plus s’il devait tirer sans regarder, ou s’il devait attendre de m’apercevoir une demi-seconde. Dans les deux cas, il allait mourir, c’était fatal.
Je vins promptement jusqu’à lui, le ruant de coup en visage avant de l’achever d’une balle dans le ventre. Sous l’effet de la balle, la victime perdit la vie. Elle tomba sur le sol en glissant le long du mur, y maculant une trainée de sang.
En voyant tous ces cadavres autours de moi, je me sentais bien.
Tout à coup, une pensée me traversa l’esprit : pourquoi prenais-je tant de plaisir à tuer ? La réponse me vint immédiatement : c’était pour cette sensation, ce mélange de puissance et de pouvoir. Le pouvoir d’arracher une vie, ce n’était pas donner à tout le monde. La plupart des êtres vivants dans l’univers serait répugné par cela…. Mais moi non. Cette sensation était tellement bonne. C’était un plaisir délictueux qui avait l’effet d’une drogue sur moi. Je devais irrémédiablement recommencer à tuer. Encore et encore, jusqu’à perpétuité.
Mais à part, cette sensation, qu’est-ce que m’apportait en plus chaque meurtre ? Rien. Je tuais pour tuer, et c’était là tout le plaisir du jeu.
Un jeu abominablement cruel, mais d’une jouissance impressionnante.

Revenant à la réalité, je me décidai à sortir de la banque. Si je restais plus longtemps, un commando d’intervention spéciale allait arriver. Et là, je n’y survivrai pas. J’ouvris donc la porte de titane et sortit du bâtiment.
Sitôt dehors, je fus relativement surpris par deux choses. La première, c’était qu’il faisait déjà à moitié nuit, le soleil s’était couché à une vitesse fulgurante. Quant à la deuxième, il s’agissait des deux voitures de police qui me faisaient barrage en bas des escaliers. Derrière elles se tenaient quelques policiers.
J’avais bien envie de les tuer, eux aussi. Mais je ne pouvais pas perdre de temps, car si je restais, j’allais devoir faire face à de multiples renforts.
Heureusement, ces policiers ne me voyaient pas, j’étais toujours invisible. Mais rester dans cet état me fatiguait lentement, je ne pouvais pas rester éternellement ainsi. Je décidai donc d’enlever l’invisibilité une fois dans la ruelle me ramenant à mon épée, soigneusement cachée.

Je partis donc à toute vitesse, passant au dessus des véhicules policiers d’un bond – en ne manquant pas d’assener un coup de poing à l’un d’entre eux au passage. Puis, toujours à la même allure, je m’engouffrai dans la ruelle où je me rendis à nouveau visible. Ici, je marchais d’un pas lent pour recouvrir à nouveau mes forces. A priori, personne ne m’avait suivit, je pouvais marcher tranquillement.
Seulement, ce « a priori » était totalement faux. Je n’eus même pas le temps de tourner à l’un des nombreux virages et croisements de ces ruelles que j’entendis un homme à la voix grave qui m’ordonnait de me rendre car il faisait parti de la police.
Un autre stupide. Mais ce n’était pas grave, j’allais encore pouvoir goûter à cette fameuse sensation.
Je n’allais pas lui sauter à la gorge directement, non, je voulais lui tendre un piège : il fallait qu’il me suive tout au long de mon trajet. Comme cela, dès que je me serai emparé de mon épée, j’allais pouvoir le tuer avec. Il faut varier les plaisirs.

Ainsi, je courus à très petite foulée pour être sûr de ne pas le semer ; et en effet, il me suivait. Ou plutôt, ils me suivaient, car vu le nombre de pas que j’entendais, il y avait au moins trois policiers à mes trousses. La chose devenait de plus en plus attrayante…

Assez rapidement, je finis par tourner à un croisement et retrouver la benne où j’avais caché l’épée. Précipitamment, je la cherchai pour m’en armer. Tout de suite après, je m’adossai contre le mur pour attendre les policiers. J’étais juste à côté de la ruelle par laquelle ils arrivaient. Celle-ci devait faire deux mètres de large ; des tuyaux métalliques passaient en hauteur, pour rejoindre les deux murs.
Soudain, le premier flic arriva, il avait un peu d’avance sur ses collègues. Il passa à mes côtés, sans me voir. Je profitai de sa faiblesse visuelle pour lui donner un coup d’épée juste dans les jambes. Le pauvre poussa un hurlement de douleur avant de s’effondrer à plat ventre. Aussitôt, je lui sautai sur le dos et lui plantai sauvagement ma lame dans le crâne ; le sang coulait abondamment à présent, mes doigts en était tout imprégné.
Mais je n’avais pas le temps de m’en réjouir : déjà, les deux autres policiers arrivaient.
Rapidement, je sautais sur l’un des tuyaux en hauteur pour leur tendre un guet-apens. Quel magnifique jeu, celui du chat s’amusant avec sa souris avant de l’achever…

Ils arrivèrent en trombe, essoufflés et armés. Ils découvrirent vite le corps sans vie de leur camarade, et, sans perdre de temps, ils allèrent à son chevet pour vérifier si son pouls battait encore. Franchement, tu as déjà vu, toi, un type s’étant fait transpercer le crâne ayant un pouls battant encore en action ? Quelle stupidité.
Je choisis ce moment pour passer à l’action. Je bondis de mon perchoir en effectuant un saut périlleux bien réussi, j’atterris juste devant mes deux futures victimes. Je leur souris brièvement avant de frapper avec mon épée de gauche à droite, leur tailladant le torse. Ils hurlèrent de souffrance au même moment en s’étalant sur le dos. Je me mis juste au dessus d’un, et juste après l’avoir regardé souffrir, je l’égorgeai.
Pendant ce temps, l’autre s’était relevé et tentai de s’échapper malgré le sang qui coulait à flot de sa blessure. Je le rattrapai bien vite, et, une fois à sa hauteur, je lui assenai un coup d’épée en pleine tête.

La sensation de puissance était dans mes veines comme jamais elle ne l’avait été. Ce moment était formidable. J’avais usé d’une telle cruauté que j’en étais même fier.
Mais il me fallait encore plus de puissance ! Il fallait que je tue encore ! Je n’en avais pas eu assez ! Il ne fallait pas que je m’arrête maintenant, cela aurait été trop bête !
Aussi, en courant dans les ruelles, je me mis en quête de personnes à assassiner. Et je n’avais pas tardé à trouver. Trois cent mètres plus loin dans cet interminable labyrinthe de ruelles se tenait un groupe de jeunes individus. Il était composé de deux jeunes hommes et d’une jeune fille ; ils devaient avoir une quinzaine d’années. Ils étaient assis sur des vieux pneus et discutaient en rigolant. Ils étaient si absorber par leur conversation qu’ils n’avaient même pas entendu les trois policiers hurler. Dommage pour eux, cela aurait pu sauver leurs vies.

Je me postais à deux mètres d’eux, fièrement et souriant. Ils s’arrêtèrent brusquement de parler pour me regarder. Le teint de chacun d’eux devint livide. Il faut dire que voir un type maculé de sang qui tenait une épée, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus réjouissant…

« - Qu’est-ce que tu veux ? - me lança un des garçons. »

Au lieu de lui répondre comme quiconque l’aurait fait, je me mis à avancer, brandissant mon épée en l’air, sans m’arrêter de sourire. Je m’apprêtais à commettre un nouveau massacre, et j’en étais fou de joie. Comprenant enfin, mes victimes se levèrent et reculèrent.

« - Hé ! Fais pas n’importe quoi ! - balbutia l’autre - On a de l’argent ! Prends tout si tu veux, mais ne nous fait pas de mal !
- Je m’en contrefous de ton fric. - lâchai-je sans m’arrêter.
- Tu veux quoi alors ? - tenta la fille. »

Ma réponse fut simple :

« - Je veux vos vies ».

Et aussitôt, je me précipitais vers le premier adolescent, lui plantant mon arme dans le ventre. Puis je la lui retirai avant de le refrapper pour être sûr qu’il soit bien mort. Les deux autres étaient tétanisés, ils reculaient lentement, les yeux exorbités, bouche bée. Ils n’en revenaient pas. C’était sans doute la première fois qu’ils voyaient quelqu’un mourir. Ils devaient en souffrir.
Et j’allais faire durer leur supplice… enfin, celui de la fille en tout cas.
Je courus et fendit l’air de ma lame, tailladant le type avant de l’achever d’un nouveau coup dans le ventre avant même qu’il ne touche le sol. La fille alla bêtement se plaquer contre un mur.
Elle semblait déconnectée de la réalité, ce qui était sûrement le cas.

Je me postai devant elle, la fixant droit dans les yeux.

« - Alors, ça t’a plu ? »

Elle ne me répondit pas, évidemment. Mais toutefois, elle me lança un regard plein de larmes.

« - Tu vas mourir, comme tes amis, est-ce que tu le sais ? »

Elle fondit soudain en larmes, mais je ne m’en préoccupais guère. Je savourais trop ce moment pour me défiler devant quelques larmes. J’approchai la lame de son cou lentement, pour qu’elle ait le temps de comprendre ce qui allait lui arriver. Je la maintenais contre le mur d’un bras, et bougeais mon épée de l’autre. Elle ne pouvait pas bouger, elle allait subir ce sort, comme les autres. Plus l’épée était proche de son coup, plus ses sanglots s’amplifièrent, mais elle ne se débattait pas. Elle était pitoyable. Pleurer si proche de la mort, était-ce bien là la solution ? Mais cela rendait mon acte encore plus cruel, encore plus monstrueux… plus magnifique. Dans ses yeux, je lisais une peur profonde et une détresse immense… Il était temps que je l’achève.

Mais tout à coup, toutes les sensations qu’elle devait ressentir me percutèrent. Cette détresse, cette faiblesse, ces larmes… elle était comme moi, lorsque le Rgolz m’avait amené dans une ruelle pour me tabasser. Elle était aussi malheureuse que moi à ce moment. Elle venait de voir deux de ses meilleurs amis mourir sous ses yeux et elle n’y avait pas été préparée, comme moi lorsque j’avais vu ma mère mourir. Elle était comme je l’avais été avant d’avoir tué pour la première fois.
Je ne pouvais pas la tuer. Je me reconnaissais dans ses yeux. Je ne pouvais pas…

Alors je reculais, la libérant de mon emprise. Je finis par lâcher mon épée et me laisser tomber contre le mur en face de celui où elle était adossée. Je ne comprenais plus rien. Mes pensées n’étaient plus claires. Regardant autour de moi, je vis les cadavres des deux adolescents, à peine plus âgés que moi. Je les avais massacrés. Pour quoi ? Pour rien.
Ils étaient tous comme moi, ils ne méritaient pas ce qu’il leur était arrivé. Pourquoi avais-je fais cela ?! Ils ne le méritaient pas ! Ce n’était que de simples adolescents après tout…
Quel genre de monstre étais-je devenu ? Pourquoi prenais-je plaisir à commettre de telles atrocités ? Je ne me reconnaissais plus, je ne savais plus qui j’étais vraiment. J’avais changé du tout au tour. J’étais un tueur dégénéré… Pourquoi ?
Je ne supportais pas ce que j’étais devenu, je me haïssais. J’aurais voulu déjà mourir. J’aurais dû me jeter de cette falaise ! Je me rendis vite compte que des larmes coulaient sur mes joues. Je pensais à tous ces gens qui n’avaient rien fait de mal et que j’avais abattu. J’étais triste pour eux. Incroyablement triste.
La fille ne comprenait plus rien, elle était abasourdie. Elle n’avait même pas bougé depuis que je l’avais libérer.

« - Dégage ! – lui criai-je – Va t’en ! Pars avant que je ne change d’avis et que je ne te tue… »

Elle ne se fit pas prier et s’en alla à toutes jambes. Ses sanglots résonnaient dans toute la ruelle.
Je compris alors ce que j’étais devenu. J’étais ce que j’avais reproché au monde. J’étais comme Slim… en pire. J’étais mauvais.
Cette adolescente allait être traumatisée à vie… à cause de moi. J’infligeais à autrui des souffrances incommensurables, et pas seulement à mes victimes, mais aussi à leurs familles entières. Je faisais ressentir aux autres ce que j’avais ressenti, tout le mal que j’avais enduré durant cette vingt quatre heures.
J’avais massacré des innocents. Et cela ne servait à rien…
Je regrettais tous mes meurtres. Ces pauvres gens qui avaient perdu la vie…
Je regardais l’épée pleine de sang sur le sol. C’était une arme cruelle que j’avais utilisé cruellement. Une arme de mort. J’étais devenu un marchand de mort.
Je n’étais même plus humain.
J’étais un démon, rien de plus. Un être sans cœur.
Les gens de cette ville méritaient de vivre tout autant que moi. C’était normal… Mais je ne l’avais pas compris avant ce moment. J’étais plongé dans les remords à n’en plus finir.

Il fallait que j’assume, que je me pardonne intérieurement.
Mais il n’y avait pas plus difficile, car dans mon esprit, je ne méritais pas le pardon. Je ne méritais rien.
Un démon ne méritait rien. Il fallait que je redevienne un être respectable avant de me pardonner. Et alors je pourrais à nouveau mériter des choses… »

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