Author: Ratchet_Dadou
8h57, Désert de Khornic, Zeldren
Le lendemain, Ratchet, Clank et Minucius marchaient dans le désert en direction de la fameuse tour de Fulvkan. Le petit robot se tenait, comme toujours lors d’une mission, sur le dos de son ami. Fatigués, le Lombax et le savant fou s’étaient levés environ à 8h10 et avaient été un peu lents. Et puis, le renard jaune n’avait plus trop l’habitude de se retrouver dans une situation critique comme il s’y était retrouvé déjà trois fois les années précédentes.
Après au moins une heure de marche, Minucius se frotta le front, épuisé par ce soleil de plomb.
-Fiou, souffla-t-il. Vous n’avez pas de l'eau, s’il-vous-plaît, les amis ?
Il laissa tomber la question : il vit au loin une grande tour violette, fine et haute, ressemblant à une tour radio sur la planète Terre. Cette tour avait l’air d’avoir plusieurs étages extérieurs, comme si les plateformes et les escaliers, tels un serpent, s’enroulaient tout autour de cette tige complexe en montant. On voyait un grand support sur le sommet avec une lumière rouge éclatante clignoter au-dessus. Ratchet aussi avait vu cette tour et s’était arrêté, Minucius non loin derrière lui.
-Tiens, c’est peut-être la tour dont Sasha avait parlé, dit Ratchet.
-Fais-moi voir, lui dit Clank qui, comme il était sur son dos, ne pouvait voir que derrière lui.
-Ah, oui. Pardon.
Le Lombax se retourna. Clank aperçut la tour et, après un court moment d’observation, affirma :
-Oui, ça doit être elle. Je ne crois pas qu’il y en aurait cinquante semblables, par ici.
Ratchet se tourna à nouveau vers l’objectif du trio et se remit à marcher. Il tourna la tête vers le savant fou et lui fit signe de le suivre en lui disant :
-Allez, courage, Minucius. On est presque arrivé.
* *
*
Ils marchèrent encore assez longtemps. La tour ne paraissait pas être très loin, mais sa grande hauteur et le fait qu’elle se situait dans un désert, donc dans un large espace vide, laissait voir des illusions trompeuses pour ceux qui ne vivaient pas dans ces grandes plaines jaunes. Donc, même si cette tour laissait à croire qu’elle était proche, elle était en réalité distante de quelques kilomètres. Minucius n’avait jamais fait face à une telle chaleur mais, avec tout l’espoir du monde qu’il rentrerait un jour chez lui avec le MTPATUP, il parvint à résister.
* *
*
Finalement, ils arrivèrent au pied de la tour. Sur les plateformes autour de celle-ci, accessibles par les escaliers, se trouvaient des robots-lézards. Certains avaient l’air de monter la garde et d’autres de s’échanger des informations. On entendait leur discussion, mais pas très nettement à cette distance. Le trio aperçut des rochers de taille moyenne non loin de là, presque tout près du pied de la tour, et décidèrent de s’y cacher. Ratchet courut discrètement et fit une roulade silencieuse pour se retrouver accroupi derrière les grandes pierres, Clank ne quittant pas son dos. Minucius décida d’agir après lui. Il se baissa et marcha le plus lentement et silencieusement qu’il pouvait. Il n’arriva pas immédiatement à la cachette, alors Ratchet lui souffla :
-Dépêchez-vous !
-Tu crois que c’est facile sous cette chaleur ? Répondit-il.
Il se précipita pour les derniers pas et faillit tomber en avant en s’arrêtant brusquement, ce qui éleva des nuages de poussière et créa quelques bruits étouffés. Le Lombax lui fit « Chut » en mettant son doigt sur sa bouche. Minucius ne répondit rien, cette fois, pour deux raisons : rouspéter n’était pas de son genre et s’il parlait, lui et ses amis ne pourraient pas entendre l’une des conversations des robots-lézards, dont les mots étaient déjà difficiles à percevoir. Ils restèrent accroupis, tendant du mieux qu’ils pouvaient l’oreille. Grâce à son ouïe très développée de Lombax, ce fut Ratchet qui put comprendre le plus de mots. À quelques centaines de mètres, sur les plateformes les plus basses, parlaient deux robots-lézards. Leur conversation se déroula ainsi pour le renard jaune :
-TU SAIS, D-13, NOUS DE… GARDER L’ŒIL OUVERT. CES BOUSEUX ET LEUR PETITE… TAL ONT DISPARU DEPUIS HIER.
-BAH, CE SONT DES BOUSEUX. ILS VONT SÛR… RETROUVÉS.
-PEUT-ÊTRE, MAIS DES ROBOT DE… ZY-2 ONT ÉTÉ ENVOYÉS… ARRÊTER. ON NE LES… MAIS REVU DEPUIS.
-CE NE SONT SANS D… PAS CES RAPLAPLAS QUI LES… ÉLIMINÉS. ILS ONT DÛ ÊTRE VICTIMES D’UNE TEMPÊTE DE SABLE, COMME…SOUVENT. COMMENT DEUX BOUSEUX POURRAIENT MASSACRER UNE GRANDE ARMÉE COMME CA ? C’EST IMPO…
Soudain, contre toute attente, Ratchet et Minucius entendirent Clank – qui avait sûrement vu un danger – s’écrier :
-Ratchet, atten… !
Il n’eut pas le temps de terminer qu’une explosion eut lieu. Ce n’était pas vraiment une explosion, mais une espèce d’immense étincelle verte et sonore qui projeta le trio dans les airs. Ratchet et Minucius avait entendu ce bruit soudain, mais il n’avaient vu que les projections vertes que la lumière avait fait sur la roche et le sable, telle un éclair.
-Wouaaah ! S’écrièrent les trois amis.
Ratchet sentit dans son grand saut involontaire Clank se détacher de son dos, mais il ne le voyait pas. Il s’écria :
-Clank !
Minucius retomba le premier sur le sol. Il atterrit sur le dos en poussant un bref gémissement, puis, une fois la chute passée, se rendit compte qu’il avait mal là où il avait percuté le sol. Ratchet atterrit le deuxième de la même façon. Il lui faudrait quelques secondes pour se relever, complètement sonné de cette attaque inattendue. Clank, lui, évita de chuter en sortant ses hélices et en les faisant tourner, ce qui lui permit d’atterrir en douceur. Les deux êtres organiques n’avaient pas compris ce qu’il venait de se passer. Puis ils comprirent en entendant :
-VENEZ, VOUS AUTRES ! IL SEMBLERAIT QUE J’AI TROUVÉ LES DEUX BOUSEUX ET LE ROBOT INCONNU EN QUESTION ! CAPTURONS-LES !
Un robot-lézard, beaucoup plus grand et l’air plus puissant, courut vers Ratchet, qui était encore allongé sur le sol, comme Minucius. Il s’arrêta brusquement près du Lombax, le retourna de façon à ce qu’il se trouvât sur le ventre, lui mit les mains dans le dos et les attacha avec des liens-laser. Il n’y eut pas beaucoup de résistance de la part du renard jaune, car il était encore un peu sonné, et donc il fut maîtrisé plutôt facilement. Sur le ventre, il avait sa tête tournée vers la droite et ne pouvait pas voir Minucius, mais il entendait qu’on l’avait lui aussi capturé. Il entendit sa voix :
-Faites quelque chose ! Ratchet ! Clank !
Le grand robot-lézard empoigna ses deux poignets liés pour le soulever vivement en l’air, son dos face à lui, les pieds et la queue pendant vers le sol. Ratchet fit un petit « Whoua ! », ne s’attendant pas à un tel soulèvement. Il tourna la tête pour tenter d’apercevoir ses amis. Il vit Minucius à terre, mains et pieds liés et immobilisé par un autre robot, et Clank, qui était enfermé dans une petite boîte-laser, à peine assez grande pour qu’il pût y entrer, lévitant dans les airs. Elle était si petite que le petit robot s’y trouvait assis et obligé de baisser la tête qui était bien appuyée contre le « plafond ». La petite tige qui portait sa boule rouge était elle-même recourbée à cause d’un des côtés de ce cube jaune transparent. Il avait l’air triste et déçu.
-Je suis désolé, dit-il. Tout est ma faute. Si je vous avais prévenu ne serait-ce qu’un peu plus tôt…
-Te rouille pas pour ça, petit bonhomme, le rassura le Lombax. Et puis, tu sais, rien n’est encore fini.
-NOUS VOUS AVONS ENFIN ATTRAPÉS, dit le grand robot-lézard. JE ME DISAIS BIEN QUE DE SIMPLES BOUSEUX ET UNE BOÎTE DE MÉTAL NE POUVAIENT PAS RESTER LONGTEMPS EN LIBERTÉ. VOUS ALLEZ TOUT DROIT VOIR LE MAÎTRE.
-Et, à propos du maître, demanda Ratchet en feignant de n’avoir pas tout compris au sujet de cet Univers, n’étant pas du tout abattu par la situation, ce ne serait pas le Dr Nefarious, par hasard ?
-BIEN SÛR QUE SI, BOUSEUX, répondit un autre robot derrière lui qu’il ne pouvait voir. SEUL LE DERNIER DES IMBÉCILES NE SAURAIT PAS QUE C’EST LUI QUI GOUVERNE LA GALAXIE DEPUIS À PEINE QUATRE MOIS. VOUS N’AVEZ PAS À VOUS FAIRE D’ILLUSION : RIEN DANS TOUT L’UNIVERS NE POURRA ROMPRE L’ÂGE DES ROBOTS.
Aussitôt le grand robot retourna le renard jaune de sorte à ce qu’il eût la tête en bas, en le tenant par les pieds, et le secoua de bas en haut et de haut en bas aussi vivement que s’il était un cocktail. Le pauvre Lombax sentit son liquide céphalorachidien s’agiter, telle une tempête, dans sa tête, et tout l’intérieur de son ventre remuer sans cesse. Il s’écria, en ayant du mal à prononcer sa phrase à cause du secouement :
-Woua-a-a-a-ah ! Mais qu’est-est-ce que-e-e tu fa-a-bri-i-i-iques ?
Il sentit ses armes qu’il avait emportées remuer dans ses « grandes poches ». Puis, toujours secoué vivement, il les vit tomber, une par une, ainsi que sa clef, sur le sable. Puis le robot qui le tenait cessa de le secouer, sortit un lien-laser pour lui attacher les pieds pendant qu’un autre s’occupait de ramasser les armes. Puis il fut remis à l’endroit alors qu’il pensait que le sang dans sa tête allait le rendre gaga. Tenu par les poignets, comme avant, les pieds pendants, on lui banda les yeux, ce à quoi il ne s’attendait pas.
-Hé ! Fit-il. C’est tout noir !
Il entendit des bruits de pas et sentit son corps se balancer légèrement au-dessus du sol. Il savait qu’on l’emmenait quelque part.
-Hé, je ne vois plus rien ! S’écria Minucius. Où nous emmenez-nous ? Je veux voir ! Je veux voir !
Il entendit un vaisseau posé qui était tout proche. Lorsque la luminosité baissa sous ses paupières, il comprit que lui, ses amis et les robots étaient entrés dans la navette. On monta des escaliers. On passa des portes. Il était incapable de se représenter la taille du vaisseau sans son sens de la vue. Minucius murmurait :
-Oh, où nous emmènent-ils ? Où nous emmènent-ils ? Que va-t-il nous arriver ?
Le savant fou, de si bonne humeur d’habitude, semblait cette fois très inquiet. Que se passait-il en lui ?
On passa encore une autre porte. Cette fois ils entrèrent dans une pièce sombre. Ratchet sentit qu’on le posa brusquement sur le sol. Ses jambes et ses cuisses heurtèrent le sol. Sans lâcher ses poignets, on les lui attacha à une sorte de petit poteau de fer avec un grand lien-laser puissant dans un bruit de ferraille, comme s’il s’agissait de chaînes. Puis on le lâcha. Il tira sur ses liens pour s’assurer qu’on l’avait bien attaché. Il vit que oui. Puis, quelques secondes plus tard, il entendit le même bruit. On avait sûrement attaché Minucius. Puis il entendit des bruits de pas, puis la porte s’ouvrir pour ensuite se refermer. Les bruits de pas étaient toujours présents, mais plus étouffés. Les robots devaient s’éloigner.
-Sont-ils partis ? Chuchota Minucius, l’air apeuré.
-C’en a tout l’air, répondit Ratchet.
Il remarqua que Clank n’avait pas prononcé un mot depuis tout ce trajet.
-Clank, ça va ? Demanda-t-il.
Aucune réponse. Il commença à s’inquiéter.
-Clank ? Clank ?
-Je crois qu’il n’est pas avec nous, dit calmement Minucius.
Il fut un peu bouleversé. Que voulaient-ils à son ami ? N’était-il pas avec lui et le Docteur car il était de nature robotique ? Il chuchota, parlant plus à lui-même qu’au savant fou :
-Clank… Que vont-ils lui faire ?
La discussion ne put continuer. Une voix féminine annonça :
-Activation du cryosommeil dans la salle B-8 766443.
-Cryosommeil ? Fit Minucius d’une voix lasse, comme s’il avait abandonné.
-Je crois qu’on va roupiller un peu, Docteur, lui dit Ratchet.
Bientôt les deux prisonniers respirèrent un gaz soporifique et inodore. Il fallut à peine quelques secondes, contrairement au gaz tsé-tsé, pour les endormir.