Chapitre II : Quarter Pounder with cheese à Igliak? Le Qwarkastique Cheese.
Author: StreetPablo
Chapitre II
« Et devine comment ils appellent un « Quarter Pounder with cheese » à Igliak?
- Un « Quarter Pounder with cheese » ?
- Ça a pas de sens « Quarter Pounder » avec leur système métrique.
- Mais alors quoi ?
- Ils disent « Qwarkastique Cheese »
Je n'ai jamais eu de patience. C'est pour cela que j'ai rapidement abandonné mon foyer lorsque j'étais jeune. J'ai laissé ma mère seule, noyée dans son chagrin, accroupie dans un coin de notre pauvre petite bâtisse à Marcadia, pleurant sans cesse.
Je n'étais pas insensible à son malheur. Mais j'étais insensible à sa passivité.
Lorsque mon père la frappait, tous les soirs, alors que son haleine de truand empestait l'alcool, la seule chose qu'elle arrivait à faire était de pleurer. Je les regardait du coin de l’œil, je les observais en silence. J'attendais que ma mère fasse quelque chose, qu'elle se lève, qu'elle se dresse face à cet idiot et qu'elle ose une fois pour toutes le mettre à terre et s'imposer face à lui. Mais elle ne le faisait pas. Elle venait me voir, le visage meurtri de coups, alors que je dormais paisiblement. Et ma mère, tous les soirs, s'excusait. «Pardonne-moi mon fils, me disait-elle, de ne pas être assez forte».
J'étais jeune. Je n'avais aucune patience.
Un soir, alors que mon père regardait la ville de Marcadia et les vaisseaux nocturnes qui transperçaient les nuages et qui contournaient les hauts gratte-ciels, je n'ai pas hésité une seule seconde : j'ai pénétré dans sa chambre et ouvert un placard, dans lequel j'ai agrippé le Constructo-pistolet qu'il avait gardé après avoir terminé son service militaire dans la guarde prétorienne Cazar. Je l'ai chargé, sans hésiter. J'ai marché dans les couloirs sombres de notre appartement jusqu'à lui, j'ai pointé l'arme vers lui, et je lui ai lâché, sans hésiter, de ma voix de jeune impatient que j'étais :
«Tu mérites de mourir, père».
Mon père a ri. Il n'a fait que ça. Pendant deux minutes, ses yeux se sont posés sur moi, et il s'est esclaffé d'un rire gras. «Toi? ne cessait-il de hurler. Toi, petit morveux, tu me menaces?». Et il riait encore et encore.
Il ne connaissait pas son fils. Il ne savait pas de quoi il était capable.
Lorsque j'ai tiré sur lui, qu'une balle a transpercé sa jambe pour aller briser la vitre qui donnait sur la ville de Marcadia, j'ai vu dans ses yeux quelque chose que jamais je n'avais perçu auparavant : de la peur.
Il m'a insulté sans cesse, gisant au sol, la cuisse ensanglantée. J'ai pris un sac que j'avais préparé préalablement, où j'avais introduit quelques habits, et de quoi me nourrir pour quelques jours. Mon père appelait ma mère, l'insultait à son tour, lui ordonnant de m'arrêter. «Il ne doit pas s'échapper! Je dois m'occuper de ce petit con!».
Je me suis précipité vers la porte de sortie. A ce moment-là, j'ai croisé ma mère au bout du couloir. On entendait les hurlements de mon père qui résonnaient dans toute la pièce.
J'ai cru qu'elle allait venir me voir, qu'elle allait être aussi lâche que je pensais qu'elle était. J'ai cru que ma mère allait me livrer aux mains de ce truand qu'était mon père.
Mais elle m'a simplement souri. Avec tendresse et amour.
Je l'ai fait à mon tour, j'ai ouvert la porte de notre appartement, et je suis parti en courant. Je me suis réfugié pendant plusieurs jours dans les rues de Marcadia. J'ai pensé à ma mère et à son sacrifice, et je me suis rendu compte trop tard que je m'étais trompé. Ma mère n'était pas lâche. Elle s'était sacrifiée pour moi.
J'ai appris quatre jours plus tard la mort de ma mère. Je n'ai pas voulu savoir de quelle manière elle avait décédé, car j'avais déjà une idée du coupable.
Je n'avais pas de patience, lorsque j'étais jeune. Et celle-ci avait fini par me jouer des tours.
*
***
Lorsque j'ai rejoint l'armée de Métropolis quatre ans plus tard, j'avais déjà vingt-et un ans. Je n'avais pas changé : toujours aussi brutal et direct.
Ma patience n'avait pas changée, j'étais toujours angoissé à l'idée d'attendre. Je haïssait ça, moi qui avait toujours tout sous la main avec un simple regard et quelques mots bien placés.
Clarence m'avait appelé le matin, d'une heure très matinale. J'avais râlé, mais je m'étais quand même dirigé vers le commissariat. Apparemment, on avait arrêté deux petits malins qui pouvaient nous livrer des informations. J'étais content de pouvoir enfin m'amuser un peu. Mais lorsque j'ai pénétré dans le commissariat, je les ai vus.
Ils étaient là, les deux, assis sous la lumière de la salle d'interrogatoire. J'ai tout de suite remarqué les mégots qui brûlaient entre leurs museaux, et j'ai serré la mâchoire pour ne pas laisser un juron s'échapper. J'ai reconnu leur attitude, leurs costumes et leurs yeux plein de malice et de folie.
«Alors, t'en dis quoi? m'a sorti Clarence lorsque je me suis approché de lui, les observant derrière le miroir sans tain.
-Ce sont des incapables. Des crapules.
-Ils ont été arrêtés dans le quartier d'Alyz, au nord d'Igliak. Ils étaient en pleine altercation avec un autre gang.
-Ils étaient armés?»
Clarence a ri, et il avait raison.
«Tu penses vraiment que ces deux-là se sont déjà baladés sans arme aucune? Cheikhall, tu me déçois».
Je n'ai pas répondu, et j'ai tout simplement pénétré dans la salle d'interrogatoire.
Ils m'ont tout de suite regardés. Sans peur aucune, avec un regard méprisant qui m'a tout de suite fait changer de stratégie d'approche. J'ai posé mes mains sur la table, agrippé le mégot de l'un d'eux, et je l'ai balancé de l'autre côté de la salle.
«Interdiction de fumer pour les détenus. Je vais pas le redire deux fois».
L'autre n'a rien fait. Derrière ses petites lunettes noires aux verres ronds, il ne m'a même pas regardé, alors qu'il exhalait la fumée par les narines de son bec.
«T'as compris, le piaf? j'ai alors grogné. Pas de cigarette ici. Jette-là avant que je t'en mette une.
-Pas de manque de respect, inspecteur. Moi aussi j'ai des poings, et je peux parfaitement vous en foutre une aussi».
A ce moment là, j'ai tout simplement agrippé le mégot de ce dernier pour l'écraser sous ses yeux. L'oiseau n'a rien fait, il est resté stoïque. Son coéquipier canin, à ses côtés, est lui aussi resté de marbre.
«Bien, nous pouvons commencer, j'ai alors dit en me redressant. Alors, vous en avez pas assez?
-Assez de quoi, grogna l'un d'eux d'une voix caverneuse.
-D'être des criminels? Des tueurs à gages payés par les plus malfrats d'entre nous? De vous faire de l'argent en comettant des meurtres?
-On fait comme on peut.
-Et c'est pour cela que vous avez participé au cambriolage, vous aussi? En vous unissant à un héros moderne de la télévision?
-Je le répète, on fait comme on peut».
Je soupirai, mes dents grinçaient. Je me suis assis en face d'eux, j'ai croisé les bras sur ma poitrine, et j'ai, lentement, sorti un paquet de cigarettes de ma poche.
«Ne jouez pas les durs avec moi, les mecs. Dans les quartiers d'Igliak, vous êtes peut-être des menaces. Mais devant moi, vous êtes deux simples bouffons dans la cour du roi."
L'oiseau au pelage bleu s'avança sur sa chaise. Il ôta nonchalamment ses lunettes et les posa sur la table.
«J'ai pas envie d'entendre vos tentatives d'intimidation, inspecteur. Alors, j'ai quelque chose à vous proposer. Soit vous continuez à parler au vent, avec vos paroles qui tentent de nous effrayer et de montrer votre autorité. Vous allez perdre votre salive, car vous savez bien que nous n'avons pas peur. Soit vous nous laissez partir tout de suite avant que tout cela ne se corse, avec vos manières de beau parleur et de justicier. Je vous assure, ça ne me plaît pas du tout.
-Et moi, j'ai alors dit en allumant la cigarette entre mes lèvres, je haïs les caïds de votre genre qui se croient puissants car ils ont une arme dans leur poche. Lorsqu'on vous l'enlève, il ne reste que ça, ce que j'ai devant moi à l'instant présent : des imbéciles».
Tout passa très vite. Malgré leurs mains attachées avec des menottes, l'un des deux brigands flanqua un coup de pied à la table qui se renversa soudainement sur moi. Déstabilisé, j'ai sauté de ma chaise au bon moment, me libérant de l'emprise de la table qui s'écrasait au sol accompagnée d'un son fracassant.
Sans plus tarder, j'ai agrippé la veste de l'un des deux détenus, je l'ai plaqué contre un mur avec force. Son visage s'est cogné contre le béton armé, son arcade s'est mise à saigner. Je l'ai immobilisé avec peine. Pendant ce temps, Clarence est entré dans la salle, et avec son arme, à visé l'oiseau aux plumes bleues qui se dirigeait vers moi pour sauver son coéquipier. Il a simplement levé les mains en l'air en lançant un juron, voyant que la situation se retournait contre eux.
Quelques secondes plus tard, le silence s'est installé dans la salle. J'en ai profité pour parler, chuchotant à l'oreille du renard que j'immobilisais contre le mur :
«Fokkusu, je te conseille de rester calme. Tu n'es plus le capitaine de StarFox, maintenant. T'es plus le héros de tous ces gamins qui te regardaient avec des yeux brillants pendant que tu sauvais la planète. Tu n'es plus rien maintenant, c'est compris? StarFox, c'est terminé. Toi et Faruko, vous n'êtes que poussière, à présent. McCloud et Lombardi ont disparus. Maintenant, vous êtes des brigands. Plus aucune trace d'héroïsme.
-Tais-toi, Cheikhall, cracha-t-il d'une voix rauque. J'ai pas peur de toi».
J'ai frappé une seconde fois sa tête contre le mur de béton, lui arrachant un cri de douleur.
«Et moi, je n'ai pas de patience, Fokkusu. Je n'en ai jamais eu».
Ratchet prit une douche chaude. L’eau brûlante qui glissait sur sa peau parvint à le calmer. Il resta à l’intérieur de sa baignoire pendant plus d’une heure. De temps en temps, il s’introduisant sous l’eau, essayant d’écouter le silence aquatique. Alors, à cet instant seulement, il put se sentir confortablement. Il y restait pendant plusieurs minutes en apnée et lorsqu’il ressortait la tête de l’eau, il voyait ses alentours, et son malheur revenait.
Oui, il avait un bel appartement sur l’un des bâtiments les plus modernes et les plus chers de Métropolis, qui surplombait toute la ville, et qui avait sur son balcon une piscine personnelle et un magnifique jardin. Oui, il avait beaucoup d’argent dans son compte bancaire, beaucoup de femmes à ses pieds, et une grande reconnaissance sociale. Mais…Mais…
Que lui manquait-il ? Il ne savait pas. En tout cas, il ne voulait plus entendre parler de lui. Il ne voulait plus faire l’apologie de sa propre personne. Raconter sa vie merveilleuse et pleine d’aventures et d’argent, sa vie privée qui intéressait maintenant trop de monde. Alors, il retourna sous l’eau bouillante de sa baignoire, et il resta là, quelques secondes, quelques minutes…Quelques…
La sonnerie de son holo-portable le réveilla. Il émergea hors de l’eau en sursaut et agrippa une serviette de bain à quelques mètres de lui. Tandis qu’il l’enroulait à la hâte autour de sa taille, il entendit une voix féminine qui le fit frissonner. « Reste dans le bain, je le prends », elle disait.
C’était Angela, sa petite copine, qui prit l’holo-portable dans sa main. « Allô ? » elle soupira d’une voix douce. Et elle resta là, plantée, écoutant le combiné.
Ratchet l’aimait. Oh, qu’est-ce qu’il l’aimait ! Il la connaissait depuis très longtemps. Leur romance avait commencé lors du tournage du second opus de Ratchet et Clank. Ils n’avaient cessé de se voir en secret pendant les prises. Elle l’avait rendu fou, et lorsque le tournage avait été terminé, elle n’avait plus donné de nouvelles. Mais, épris par elle, il avait décidé de reprendre contact avec cette belle Lombax. Alors, un soir, il l’avait appelée, et elle avait décroché en disant un simple « allô ? » sans conviction (exactement le même qu’elle venait de lâcher à l’instant) et il lui avait dit : « "Angela, je t’aime. Beaucoup trop. Voyons nous. Demain ». Et c’est ce qu’ils avaient fait. Se voir, s’embrasser, s’aimer.
Et là, elle se tenait face à lui, avec ce pantalon ajusté et cette chemise…Ratchet se mordit la lèvre. Il n’était pas fier de grand-chose. Mais de cette femme, qu’il avait face à lui et qu’il prenait dans ses bras tous les soirs, ah oui, de ça, il était fier.
Elle parlait sans rien dire, avec des « mmh, oui, bien sûr », sans conviction aucune. Elle regardait ses ongles, passait une main par ses cheveux longs et dorés, et disait « d’accord, je lui dirai ».
Puis elle raccrocha. Ratchet séchait ses oreilles et son corps mouillés.
« Qui c’était ? il demanda.
-Ton agent, elle dit. Il a appris que tu étais parti du plateau de « Qui veut épouser ma star », ce matin.
-Exact. Eh bien…Les nouvelles circulent rapidement.
-Tout le monde parle de toi, elle reprit en s’approchant de lui.
-C’était bien le cas avant que je ne quitte ce salopard de Lombardi.
-Tu sais ce qu’ils disent, dans les magazines ? Que tu es un rebelle.
-Oh, quel surnom ( et il se mit à rire). C’est pas mignon, ça, Ratchet le Rebelle ? Ça sonne assez badass. C’est beaucoup mieux que…Ratchet le Héros. J’ai l’air d’un abruti lorsqu’on parle de moi. « Le gentil Ratchet, qui tue le grand Drek qui voulait détruire l’univers, et qui sauve la galaxie des super-méchants ! ».
-Arrête, sourit Angela en l’entourant de ses bras. Qui que tu sois, tu es mon Ratchet ».
Le Lombax s’observa dans le miroir. Cette image, il l’aimait. Pour une fois, il se surpris en train de sourire pour de vrai. Ses lèvres se tordaient d’une façon aimable et heureuse. Oui. Parce qu’il était, à cet instant précis, très heureux.
Alors, Angela le réveilla de son monde merveilleux en susurrant à son oreille : « Ton agent…Il veut te faire bosser dans un nouveau projet.
-Je sais, il m’en a déjà parlé. Mais il ne m’a plus donné de nouvelles depuis. Je lui avais bien fait comprendre que ça ne m’intéressait pas. Et il m'a dit qu'il abandonnait.
-Pourtant, il a l’air d’avoir changé d’avis ».
Ratchet la regarda avec suspicion.
« Et…Que t’a-t-il dit, au juste ?
-Il veut reprendre le projet de la collaboration ».
Voilà. Tout s’écroula.
« S’il te plaît, ne me dis pas qu’il est encore décidé à me faire bosser avec…
-Jak, elle susurra. Ouais…Il est encore décidé, comme tu dis ».
Ratchet soupira. Une fois, deux fois. Il se regardait dans le miroir avec un manque de motivation que jamais auparavant il n’avait ressenti.
« Youpi… » murmura-t-il une dernière fois.
« Et t’es vraiment obligé de le faire ?
-C’est mon agent qui l’a décidé. J’ai le droit de refuser mais il me l’a très bien vendu en me disant que ce projet est vraiment l’un des meilleurs envisagés depuis des lustres.
-Sérieusement, t’as pas de chance.
-Pour une fois, je suis d’accord avec toi, Fox ».
Ce dernier arbora un sourire et termina d’un trait son verre de Martini. Ratchet et lui étaient sur le balcon du High-Rollers Casino, observant l’horizon étoilé et les lumières qui brillaient sous eux. Un silence les enveloppa par la suite, mais Ratchet le brisa :
« Tu imagines…Il a commencé à devenir connu dès ses quinze ans, avec son premier opus.
-C’est assez idiot, quand même, qu’un gamin avec des cheveux verts et une beloutre puissent devenir aussi célèbres.
-Je n’ai rien à dire, sourit Ratchet. Je ne suis qu’un simple Lombax qu’accompagne un petit robot.
-Et moi, je suis tout simplement Fox McCloud, un renard qui se bat contre des ennemis intergalactiques dans l’espace. Alors, j’ai de quoi me foutre de la tronche d’un elfe à barbichette et d’une bestiole rousse ».
Ils rirent les deux. A l’instant, un troisième personnage vint les rejoindre, entre les plumes de ses mains un cigare à l’embout fumant. Il serra la main à Ratchet.
« Alors, il susurra. J’ai entendu parler de vous. D’après mon oncle, vous avez quitté son studio parce que vous avez refusé de parler de votre vie privée.
-Vous êtes le neveu de Madgérard ? demanda Ratchet, étonné.
-Exactement. Falco Lombardi, que vous avez face à vous. J’ai travaillé avec McCloud dans plusieurs de ses jeux.
-Je vous connais, sourit le Lombax. Vous, l’oiseau bleu bagarreur…Vous étiez l’un des personnages clés de la série.
-Hélas, c’était il y a longtemps. Maintenant, plus personne ne nous connaît.
-Tu as tout faux, rétorqua Fox. Nous sommes des personnages clés de Nintendo. Sans nous, ils ne seraient rien.
-Tu oublies l’autre moustachu et son frère qui bottent les fesses d’une tortue géante.
-Attends…Qu’est-ce qui est plus classe ? Une bande de furries qui se battent dans des vaisseaux, ou alors, deux abrutis de plombiers italiens qui ne savent pas faire autre chose que sauter ? »
Ratchet tira sur sa cigarette. Falco sur son cigare. Fox chercha les dernières gouttes de Martini dans son verre. « La vie est injuste », lança Falco soudainement. Et les trois répondirent à l’unisson un « oui » duquel ils s’esclaffèrent par la suite.
Ils jouèrent au Poker toute la soirée, fumant et buvant, riant et s’égosillant, et sans cesser de discuter. Ratchet les aimait bien, ces deux-là. Fox était un très bon ami. Ils s’étaient rencontrés en 2003, alors que le premier volet de la série à succès de Ratchet venait de paraître, et que Starfox Adventures, était devenu l’un des jeux les plus achetés sur GameCube. Fox McCloud était déjà un vétéran. Depuis 1993, avec StarWing, il avait déjà sauté dans le monde des célébrités, en devenant l’une des figures les plus convoitées de l’univers des jeux-vidéos, et surtout l’une des plus sexys. « Ouais, il disait souvent. Avant, les femmes, elles m’aimaient. Mais maintenant, c’est des gens comme toi ou le séduisant Nathan Drake qui sont devenus les sex-symbols de l’univers vidéoludique ». Oui, Ratchet l’appréciait beaucoup. Parce qu’il était très sincère et honnête.
Et pendant leur partie de poker, ils avaient continué leur discussion.
« Quand est-ce que vous commencez à bosser avec Jak ? avait demandé le renard en posant quelques cartes sur la table.
-Il faut que je me mette en contact avec lui d’abord, répondit Ratchet. Faut qu’on discute. Qu’on s’entende. Qu’on…Qu’on…Bon sang, j’ai aussi envie de lui parler que de me jeter dans une fosse septique.
-Allez, fais pas le con, rétorqua Falco. Il a commencé en même temps que toi, ce gamin. Et puis il doit bien avoir la vingtaine. Tout comme toi.
-Ce n’est pas ça le problème, finit par avouer Ratchet en soupirant. C’est que Jak, c’est la personne la plus prétentieuse que je connaisse. J’ai déjà eu la possibilité de travailler avec lui dans un petit spin-off il y a plusieurs années. Nous étions les trois, avec Sly Cooper aussi. Et…Mon Dieu ! Au bout de quelques jours, je n’en pouvais plus ! Il ne cessait de commander, de faire le grand gaillard derrière ses muscles de pacotille, de me pointer du doigt…
-Il a peut-être changé.
-J’espère pour lui. Parce que moi, je vous assure, je ne suis plus le même ».
Ils continuèrent la partie. Ratchet gagna. Fox lui lança un « bien joué », et Falco lui lança un juron.
« Et dis-moi, reprit alors Falco au bout d’un moment. Qu’est-ce qui t’a pris, dans le plateau de mon oncle, à partir comme ça ?
-C’est…C’est plutôt long à expliquer, il soupira en redistribuant les cartes. J’en ai…j’en ai marre de tout cet univers.
-Quel univers ?
-Celui dans lequel nous vivons. Vous et moi. Je veux dire…Vous n’avez pas souffert, vous, lorsque vous étiez les héros de tous les jeunes ?
-J’ai gagné beaucoup d’argent, rétorque Falco en riant. Pourquoi devrais-je me plaindre ? Je suis devenu riche en disant des idioties aux commandes d’un vaisseau spatial.
-Oui, je suis d’accord…l’argent, c’est pas ce qu’il nous manque…Mais…Personnellement, il me faut quelque chose d’autre ».
Fox lança une dernière carte, avec laquelle il remporta la partie. Entre son cigare allumé, il brailla :
« Arrête de te plaindre, gamin. Aujourd’hui, la vie des célébrités est beaucoup plus facile qu’avant. Maintenant, avec les nouveaux jeux qu’ils sortent sur consoles, avec ces graphiques incontestablement beaux et détaillés, vous allez devenir les nouveaux millionnaires de la galaxie, toi et tes potes. Falco et moi, ça fait des années que nous ne sommes plus dans cet « univers », comme tu dis. Les jeunes d’aujourd’hui, ils jouent à Starfox et ils disent : « quelle pourriture ! », puis ils retournent lancer des bombes et faire des head-shots à dos d’un cheval dans un far-ouest, ou en conduisant une voiture à trois-cents kilomètre heures en s’échappant d’un hélicoptère et de trois camions blindés…
-Ou dans des simulation de club de strip-tease où ils gaspillent de leur temps libres en observant des nanas toutes nues, continue Falco, parce qu’ils n’ont toujours pas l’âge de savoir ce que c’est en vrai ».
Ratchet se mit à rire. Il regarda, une à une, les cartes qu’il tenait entre ses mains. Là, il vit quelque chose entre elles. Un élan d’espoir. De victoire. Un vent qui lui souffle au visage. Il sourit. Et, d’un geste leste, posa une carte sur la table. « J’ai gagné ! » il lança.
Mais Fox pose à son tour une carte, et tout s’efface sur le visage du Lombax. Le renard, un sourire aux lèvres, soupira :
« Il est encore trop tôt pour crier à la victoire, jeune homme ».
*
***
Lorsque la partie termina, les trois compères se dirigèrent à l’extérieur du casino. Ils avaient sûrement pris un verre de trop, car ils ne marchaient pas droit.
« D’ailleurs, lança soudainement Ratchet. Tu t’entends bien avec ton oncle Madgérard ?
-Jamais, pesta Falco en crachant. C’est un véritable con.
-Ah bon ?
-Ouais…Disons que…Nous avons quelques différents. Notamment économiques.
-L’argent, ce fléau, grinça Fox tandis qu’il faisait signe à un taxi qui volait par-là de s’arrêter, mais ce dernier l’ignora.
-Madgérard est un avare. Il n’a que le fric en tête. Sérieusement. C’est un pourri, je me demande comment il fait encore aujourd’hui pour se regarder dans une glace et ne pas se cracher dessus. Il m’en veut parce que je suis honnête avec lui, et que tout ce que j’ai à lui reprocher, il le sait déjà très bien ».
La conversation s’arrêta là. Ils se mirent les trois à fumer, en attendant sous la lune et les étoiles. Lorsqu’un taxi s’arrêta enfin face à eux, ils y pénétrèrent en riant, jetant le mégot de leurs cigarettes par la fenêtre. Ils demandèrent au conducteur de les déposer dans le centre-ville de Luminopolis.
« Alors frimer un peu dans les bars, lança Falco en riant. Ça nous fera du bien ».
Ils continuèrent de discuter tandis que le taxi s’envola vers l’horizon.
Luminopolis se dressa devant eux. Grande, majestueuse, illuminée de centaines et de milliers de points blancs, bleus et violets, de néons et de flash, semblables à des lucioles multicolores. C’était la ville nocturne d’Igliak, où la musique s’échappait des restaurants et des cris de joies s’évaporaient dans les airs, provenant de toutes sortes de créatures intergalactiques.
Ils furent déposés dans le Millénium, un bar classe que Fox et Falco connaissaient parfaitement. « On s’y rend souvent » disaient-ils en se vantant. « On est des clients récurrents ».
En effet. Ratchet fut impressionné de l’acceuil qu’on réserva aux deux compères qui, habillés de leur smoking et leur cravate, semblaient se sentir comme chez eux. Ils serrèrent les mains de tout le monde, y compris du bar man et des serveurs. Le propriétaire du Millenium, un Blarg imposant à la longue barbe de motard, vint leur parler.
« Ah, Fokkusu et Faruko. Vous nous manquiez déjà, ici ».
Ils s’enlacèrent, et ce simple geste sans réelle tendresse traduisit leur relation.
« Et qui est-ce que vous me ramenez? demanda le blarg en souriant vers Ratchet.
-Une pièce d’or.
-Un diamant.
-Ratchet le Lombax, enchanté - et il tendit la main que l’autre serra avec force-.
-On a beaucoup entendu parler de vous, jeune homme. Un plaisir de vous accueillir ici. Prenez un siège, on va vous servir notre spécialité ».
Ratchet s’exécuta avec nonchalance. Falco s’assit à ses côtés, mais Fox chuchota quelque chose à l’oreille du Blarg. Ce dernier grimaça soudainement, et Ratchet tendit l’oreille sur la conversation qui s’ensuivit.
« Tu peux pas me faire ça, Fokkusu. Tu m’avais laissé ta parole.
-Je sais bien. Mais j’ai eu quelques…Quelques soucis financiers, tu vois.
-Tu veux que je te dise ? J’m’en fous. Sérieusement, je m’en bat le steak. Et tu sais pourquoi ? Parce que tout ça là (et il montra du doigt les alentours, les néons des murs, les verres qui tintaient entre les doigts des clients). C’est moi tout seul qui ai tout créé. J’ai créé mon empire. J’ai démarré de rien. J’étais qu’une merde à l’époque, tu vois. Mes parents m’ont laissé m’instruire seul, et pourtant, j’ai eu la témérité et l’intelligence de savoir me débrouiller sans personne, et d’assurer ma vie. Alors c’est pas un petit morveux comme toi qui a vécu dans les prémices de l’âge d’or des jeux-vidéos et qui s’en est mis plein les poches en faisant l’imbécile derrière un écran qui va me sortir des bêtises pareilles.
-C’est pas une bêtise, Jakob ! grogna Fox en haussant la voix. J’ai travaillé pour toi depuis le début, tu m’entends ? Je t’ai fait confiance, et je suppose que toi aussi. Alors s’il-te-plaît, laisse-moi le temps de me rattraper. Je t’assure que je reviendrai après. Mais Falco et moi, on a besoin de penser à nous. Et c’est pas en bossant pour toi et en faisant ce que tu nous fais faire qu’on va s’en sortir, crois-moi ».
Ratchet détourna lentement les yeux et observa l’altercation. D’un seul coup, la mâchoire du Blarg se crispa, et Fox réajusta sa cravate en s’assurant que personne n’avait écouté leur conversation.
« Falco ? demanda discrètement le Lombax à l’adresse du faucon qui riait avec une serveuse. Je crois que Fox à un souci.
-Fox n’a jamais de souci, lança Falco en riant. Ce mec est un gaillard. On peut pas lui chercher la bagarre. Tout le monde sait qu’il gagne toujours ».
Cette remarque n’attisa pas la curiosité de Ratchet. Depuis quand Fox et Falco étaient des « gaillards » ? Bien sûr qu’ils étaient de bons viveurs, que les bars et les casino les connaissaient. Mais que cachaient-ils en plus de ça ?
Soudain, le Blarg leva un index menaçant envers le renard et murmura des paroles incompréhensibles. Ratchet les observa encore, mais il n’eut le temps de rien faire. Car Fox, d’un geste puissant et maîtrisé, asséna un uppercut contre la mâchoire du Blarg qui fut éjecté vers l’arrière.
L’ambiance du bar s’arrêta, et tout le monde observa le renard qui faisait craquer ses phalanges. "Qu'est-ce que t'as fait?!" hurla Falco avec colère. Le renard ignora sa remarque et se retourna vers le faucon et Ratchet, puis leur adressa un rapide et discret geste de la tête. Falco se leva du tabouret sur lequel il était assis et agrippa le poignet du Lombax. « On se casse » dit-il, d’une voix peu sereine. Ratchet se laissa faire, confus et encore sonné de ce qu’il venait d’apercevoir. Ils marchaient les trois d’un pas vif vers la porte d’entrée. Mais leur route fut barrée par deux énormes colosses Blargs qui, les bras croisés et le visage impassible, restèrent immobiles devant eux.
« Faites pas les cons, les gars… » murmura Falco, agacé.
Derrière eux, en se frottant sa mâchoire endolorie, Jakob le Blarg se relevait péniblement du sol.
« Petit morveux, lança-t-il au renard. Après tout ce que j'ai fait pour toi…Tu vas le regretter. Et c’est pas parce que t’as emmené ton pote le rat aux longues oreilles que tu vas te sauver, crois-moi ».
Ratchet se reconnut dans cette description peu avantageuse, et la peur commença à s’en prendre à lui alors que pour l’instant, il n’avait pressenti qu’une étonnante confusion.
Et là, encore une fois, alors que les tensions froides atteignaient leur paroxysme, ce fut Fox qui livra le premier coup.
Son coude heurta l’un des colosses qui se tenait devant la porte, tandis que de l’autre bras, il agrippait un autre monstre par la nuque. Falco fit de même en assénant des coups de pieds dans les rotules de ses assaillants. Ratchet, quant à lui, s’affaissa au sol et se colla contre un tabouret, effrayé. Il vit, de ses propres yeux, Fox ouvrir sa veste, et en sortir un plasmo-mitrail moderne qu’il pointa sur ses ennemis.
A ce moment-là, Ratchet compris que ces deux compères n’avaient pas terminé de révéler leurs secrets.
Des cris se firent entendre dans tout le bar. Certains clients réussirent à sortir par la porte d’entrée, d’autres se cachèrent sous leurs tables alors que les tirs fusaient. Ratchet vit les pieds du tabouret sous lequel il s’était réfugié éclater en morceau sous l’impact d’un tir. Il hurla de frayeur et se faufila entre les autres sièges pour rejoindre le comptoir, derrière lequel il se réfugia.
Au-dessus de lui, les centaines de bouteilles exposées sur des étagères explosèrent en mille morceaux lorsque les tirs les atteignaient. Caché sous ses avant-bras, le Lombax resta immobile, lançant de temps en temps des hurlements de détresse. Puis, un corps de Blarg fut projeté contre ces mêmes bouteilles, qui s’écrasa par la suite juste en face de Ratchet.
Il n’osa bouger, voyant que le corps inerte du colosse tremblait.
« Ratchet ! cria Fox entre deux tirs. Sors de là !
-Je…Je peux pas !
-Fais pas ta chochotte, Lombax ! On va se tirer d’ici, t’inquiètes pas ! »
Lorsque Ratchet se redressa pour observer la scène, Fox et Falco, à coups de pieds, de poings, de crosses et tirs, s’occupaient d’une horde d’ennemis qui venaient les attaquer.
Mais son spectacle s’arrêta soudainement lorsqu’une main glaciale vint le prendre par le col de sa veste, et le souleva du sol. Le Lombax, apeuré, gigotait dans tous les sens, essayant de se délivrer de l’emprise du Blarg qui s’était réveillé de son impact contre les bouteilles.
« Lâche-moi ! » cria-t-il de la voix la plus imposante qu’il put. Mais le monstre l’écrasa contre le comptoir, lui éraflant la joue à cause des débris de verre. Par la suite, le Lombax sentit du métal se déposer contre sa nuque. Un métal froid et glacial. Avant d’entendre le cliquetis d’un pistolet chargé.
« Fokkusu, arrête ton bazar tout de suite, si tu veux pas que je lui explose la cervelle » brailla-t-il avec peine, ses lèvres fendues et sanglantes.
Le renard livra un coup de poing dans le thorax de son ennemi avant qu’il ne tombe lourdement au sol, et observa le Lombax qui, sous l’emprise du Blarg, ne pouvait bouger.
« Lâche-le, espèce d’abruti.
-Tu crois vraiment que tu vas me convaincre ? Toi, qui vient d’exploser mon visage contre des bouteilles de verre, hein ?
-Je t’en supplie. Tu peux me faire ce que tu veux. Mais pas à Ratchet. Laisse-le partir.
-Pourquoi ? Hein ? Parce que c’est une star ? Mais je vais te dire. Nous, ici, on s’en fout. Que tu sois célèbre, que t’es du fric ou pas, lorsque t’es un traître, tu restes un traître. Et ton pote, là, -il frappa le visage de Ratchet sur le comptoir, lui arrachant un cri de douleur-. Ton pote, il va prendre aussi cher que toi ».
Ratchet sentit le sang couler sur sa tempe. Il ne savait que faire. Suffoquant, il attendait que son sort soit décidé. Pourquoi était-il là ? Qu’avait-il fait de mauvais ? Deux heures avant, il jouait tranquillement aux cartes avec Falco et Fox, et à présent, il se trouvait entre la vie et la mort. Le destin semblait lui réserver bien des surprises.
Mais par chance, lorsqu’il sentit la pression sur sa nuque diminuer, il comprit après avoir entendu un coup de feu que Fox avait abattu le Blarg qui l’emprisonnait d’un tir dans la tête. Le colosse s’écrasa au sol derrière lui, couvert de sang, les yeux exorbités. Et le Lombax, qui n’avait jamais aperçu un vrai mort dans sa vie, resta de marbre en l’observant.
Le silence se faisait lourd. Quelques Blargs restaient là, des clients sortaient par la porte d’entrée en courant. Et, au milieu du bar, Fox et Falco nettoyaient leurs pistolets et flanquaient des coups de pieds bien placés sur les corps gémissant de douleur des colosses.
« Allez, on se casse, grinça Falco.
-Les mecs…murmura Ratchet, hors d'haleine.
-Ratchet, arrête de perdre du temps. On se casse, vite ».
Ils marchèrent au-dessus des corps inconscients des Blargs. Une dernière fois, ils entendirent les cris de Jakob qui lançait des jurons envers eux. Et finalement, ils poussèrent la porte et sortirent à l’extérieur, où les néons de la ville les aveuglèrent et dévoilèrent leurs costumes tâchés de sang et déchirés. Le froid pénétra entre leurs habits. Fox se dirigea vers un vaisseau qui était garé à quelques mètres de là, menaça le conducteur avec son plasmo-mitrail. L'homme, effrayé, ouvrit la portière et se jeta au sol. Le renard entra dans le vaisseau et ordonna à Falco et Ratchet de le suivre. Puis, lorsque tout le monde fut réfugié à l'intérieur de l'engin, il le démarra avec adresse en enclenchant ses propulseurs, et ils s’envolèrent dans les airs à une vitesse vertigineuse.
Falco ne cessait de hurler des jurons, de frapper du poing sur les sièges du vaisseau, et de cracher des insultes à l’adresse du renard qui, impassible, conduisait tranquillement.
« C’est pas possible ! C’est bon, c’est foutu ! Tu t’en rends compte, Fox ? T’as vu ce que t’as fait ? Merde ! C’est bon, on a tout perdu !
-Tu peux éviter de perdre de la salive pour rien, Falco ? grogna Fox avec une cigarette entre les lèvres. T’as pas autre chose à faire ?
-T’as tué un Blarg ! C’était la seule chose que tu ne devais pas faire !
-Oh, les mecs, les coupa Ratchet soudainement, en posant ses mains en face du visage de Falco pour éviter que celui-ci ne dérape dans ses gestes qui devenaient de plus en plus violents. Vous pouvez m’expliquez dans quel bourbier vous m’avez foutu, là ? »
Les deux attendirent un instant avant de répliquer. Ce fut Fox qui commença.
« Disons qu’on a caché certains petits secrets depuis que nous avons arrêté notre profession de…D’« héros intergalactique » dans la série StarFox.
-Et vous tuez, c’est ça ? demanda Ratchet.
-Ouais. Des tueurs à gages, si tu veux tout savoir.
-On tue lorsqu’on a le droit, reprit Falco en ruminant. Mais seulement lorsqu’on nous l’ordonne, et qu’on nous paye après. Pas quand on en a envie, comme ça, pour s’amuser. On tue parce que c’était notre travail.
-C’est bon Falco, Ratchet allait se faire éclater la tronche. Je devais faire quelque chose.
-Sauf que là t’as abattu l’un des mercenaires de notre boss. De celui qui nous filait des dossiers avec un nom et une adresse dessus, celui qui nous filait des armes et de l’argent, celui qui nous faisait vivre ! C’est bien de ça que nous avions besoin : de nous amuser. Mais pas en tuant celui qui nous l’a permis. Pas comme ça !
-Jakob devenait violent, Falco. Il ne voulait pas nous laisser faire une pause. Il n’avait pas confiance en nous.
-Et il avait raison. Tu as tué l’un de ses mercenaires ».
Fox n’a pas répondu. Il a tout simplement tiré sur sa cigarette, exhalé la fumée par la fenêtre ouverte du vaisseau. Le silence s’ensuivit.
Ratchet, muet, décida alors de parler.
« Les gars ? »
Falco et Fox tournèrent leurs yeux vers lui.
« Mmh ?
-Merci.
-Hein ?
-Merci. J’en avais besoin.
-Besoin de quoi ? » lança Falco, étonné.
Avec un sourire, le Lombax remit en place sa veste couverte de tâches de sang et passa une main sur son visage égratigné.
« De vivre autrement. Voilà. C'est ça qu'il me manquait."