Aöny Solitaire - Chapter 9

Chapitre 9 : Drôle d'entrevue

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Author: Ratchet_Dadou

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Note de l'auteur : Pour ceux qui ont sauté le chapitre 8 (où se trouve essentiellement l’Équipe Incassable), voici un bref résumé : Aöny a dû encore une fois se confronter à ce groupe de rigolos ; en les semant, elle s'est retrouvée par mégarde au bord de la rivière passant par Rivebois. Donc elle est non seulement retournée en arrière, mais de plus totalement perdue.


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Je décidai de longer la rivière avant de repartir, réfléchissant à la direction que j’allais prendre. Complètement désorientée, je ne savais pas où aller.

Je vis au loin quelques grands rochers dépassant largement ma hauteur et s’étalant sur des dizaines de mètres. Ils formaient un arc-de-cercle, ressemblant ainsi à une mini-grotte avec un quart de « toit » à peine formé. Je me dis de me reposer là-bas, ainsi j’aurais moins de chance de me faire repérer par les reps ou par les gardes de Rivebois – ou aussi par l’« Équipe Incassable ». Je marchais donc en direction de ces grands rochers.

Une fois arrivée, je m’installai dans la mini-grotte, m’asseyant sur l’herbe sèche, entre la pierre et la rivière. Je m’y sentais bien. Sentir l’herbe sèche, être à l’ombre des rochers protecteurs, écouter le bruit du cours d’eau,… c’était apaisant. Si seulement je pouvais profiter de cette nature, et ne pas avoir tous ces problèmes et cette mission sur les bras… Mais Dave m’avait confié cette dernière et je ne serais pas tranquille tant que je ne l’aurais pas accomplie. Je me tournai vers la roche et la caressai. Je le sais dès cet instant : en fait, je me sens assez proche de la nature.

-La voilà ! S’écria une jeune voix derrière moi qui me fit sursauter.

Je me levai et me retournai rapidement. J’aperçus aussitôt un jeune garçon d’à peu près mon âge qui se tenait debout, l’air dominant. Il avait l’air d’être un humain, mais je n’étais pas sûre qu’il en était vraiment un. Sa peau était de même couleur, mais avait des reflets légèrement bleutés. Il avait des yeux jaunes et des cheveux châtains clairs lui allant jusqu’au cou. Il portait des vêtements de couleur verte.

Je ne m’attendais pas à voir une bête sur son épaule gauche. Cette bête ressemblait beaucoup à un renard, sauf qu’il avait la fourrure bleue. Ce renard bleu s’agrippait au garçon avec ses deux pattes avant de devant dont le bout était blanc. Je ne voyais que sa tête et ses pattes avant, le reste du corps étant caché.

-Nous te tenons, sorcière ! Ajouta le jeune garçon.

Encore un autre qui me prenait pour Yrisha ! J’en avais assez. Était-il avec les gardes de Rivebois ?

-Je ne suis pas Yrisha, répétai-je, lassée de toute cette histoire.

-Tu ne m’auras pas comme ça ! Répondit-il d’un ton à la fois héroïque et joyeux.

Je pensais qu’il voulait me capturer. Je ne pouvais pas m’enfuir, car les grands rochers me bloquaient le passage. Je sortis mon pisto-laser et le pointai vers le garçon pour le persuader de me laisser tranquille. Mais avant que je ne puisse continuer, le renard bleu sauta de l’épaule du jeune adolescent, fonça vers moi et m’arracha l’arme des mains avec sa gueule dans un nouveau saut. Je m’étais fait avoir si facilement car j’étais très étonnée : cet animal, il avait couru… sur deux pattes ! Il était bipède ! Je ne me suis jamais attendue – et je n’en avais jamais eu l’idée non plus – à voir un jour un renard pouvant se tenir droit comme un humain.

Le canidé bleu retourna vers son maître, tenant toujours mon arme laser entre ses dents. Il leva la tête pour que le garçon la prît. Puis il se mit derrière lui, sauta sur son dos et s’y agrippa. Il grimpa, sans visiblement faire ressentir aucune douleur à son maître, comme il pourrait le faire involontairement avec ses griffes. Il retrouva sa position d’avant sur son épaule gauche.

-Bien joué, Volco ! Dit le garçon lorsqu’il obtint mon arme.

Je me demandai si « Volco » était le nom de cette espèce peu commune du renard ou bien celui du renard lui-même. Mais ce n’était pas encore le moment de réfléchir à ça. Le jeune garçon pointa le pisto-laser sur moi. Mais il le tenait mal.

-Allez, dit-il, suis-nous si tu tiens à la vie.

Bien qu’il avait l’air de ne pas bien savoir se servir de mon arme, il pouvait toujours me tirer dessus. Pour le moment, je serais probablement vite tuée si je résistais. Et je devais vivre pour pouvoir remplir la mission que m’avait confiée Dave. Je levai donc les bras en signe de soumission. J’acceptai de me rendre pour le moment. Je trouverais forcément une occasion de m’échapper, tôt ou tard. En voyant mon signe de soumission, le garçon s’exclama :

-Voilà, tu es raisonnable pour une sorcière ! Tu as vu, Volco ? Elle est à nous !

Je ne disais rien, le prenant pour un parfait idiot. Le renard bleu qu’il appelait Volco réussit à se dresser sur ses pattes arrière, debout sur son épaule. Il posait sa patte avant droite sur sa tête pour s’appuyer et maintenir son équilibre. C’était un renard peu ordinaire, dis donc ! Il commença à se balancer de droite à gauche et de gauche à droite. Il se balançait de plus en plus vite et fort. Il leva sa patte avant gauche et la secoua en s’écriant :

-Ouais, à nous la récompense !

« Mais il parle ?! IL PARLE ?! » pensai-je aussitôt, les yeux écarquillés d’une grande stupeur.

Ce n’était pas possible ! Je devais rêver !

La drôle de bête se balançait désormais avec une grande force. Une force tellement grande que cela fit balancer aussi légèrement le garçon. Le renard ne put plus rien contrôler. Lui et son maître se balançaient de plus en plus en faisant :
-Ouaah, ouaah, ouaaah,…

Puis le garçon était tellement penché vers sa droite qu’il tomba avec son animal dans un grand « Ouaaaaaaah ! » final. Il lâcha mon pisto-laser dans sa chute.

Je m’approchai de ce drôle de duo. Le garçon était allongé sur le dos, faisant paraître qu’il ne se relèverait jamais. Le renard était à deux pas de lui, couché sur le côté et le dos un peu courbé, laissant à penser qu’il était quadrupède. Aucun des deux ne se releva. Était-ce une espèce d’« Équipe Incassable » ?

Je pris le risque de me baisser auprès d’eux pour ramasser mon pisto-laser. Aucune réaction de leur part. Je fus soulagée. Je pointai mon arme vers eux, surtout vers le garçon. Celui-ci me vit et leva les mains au-dessus de son visage en suppliant :

-Non ! S’il-te-plaît ! Ne nous tues pas !

Je ne voulais pas les tuer, juste leur faire peur. Je les menaçai donc, la mauvaise humeur se lisant sur mon visage.

-Partez immédiatement et ne revenez jamais si vous ne voulez pas mourir ! Leur dis-je.

Je vis le visage du garçon, qui était avant apeuré, désormais très surpris. Il ouvrait de grands yeux.

-Quoi ? Fit-il. Tu nous laisserais partir ? Mais… mais… Yrisha ne se le serait jamais permis !

-Justement ! M’écriai-je. Je ne suis pas elle ! Ça fait une vie que je vous le dis !

Le garçon garda un moment son air étonné, puis il l’abandonna en commençant à se relever. Son renard commença également à se remettre debout. Je fis un vif geste de la main qui tenait mon pisto-laser pour lui signaler que je pointais toujours celui-ci vers sa direction. À cette vue, il me dit, je pense plus pour sauver sa peau que pour me rassurer :

-Hé ho, du calme ! Je te crois, maintenant. C’est bon.

Je baissai mon arme, convaincue. Et puis, je pourrais toujours la ressortir s’il tentait à nouveau de me capturer. Il put donc se relever calmement, sans angoisse, et son renard qu’il appelait Volco, déjà debout depuis quelques secondes, se rapprocha de son dos, sauta, s’y agrippa et monta à nouveau sur son épaule.

Le garçon, avec cet air insouciant comme si tout allait bien, me fit un rapide révérence, comme si j’étais une noble, puis se présenta.
-Je m’appelle Siny Arbelt. Je suis un arka bleuté de Rivebois.

J’imaginai alors qu’un arka bleuté doit être encore une autre espèce que je ne connaissais pas. Mais alors, comment se faisait-il qu’il venait de Rivebois, un village isolé habité par des humains ? J’étais un peu sceptique à ce sujet. S’il essayait de m’avoir par la ruse, il pourrait toujours courir.

-Et moi, c’est Volco, reprit le renard bleu sans me laisser dire un mot et m’étonnant toujours autant, et je suis un renard bleu.

Je voulus lui répondre : « Un renard bleu ? Mais ça ne se voit pas du tout, pourtant ! », mais Siny continua sans me laisser parler, ce qui commençait à m’agacer :

-Et toi, c’est quoi ton nom ? On peut au moins savoir ton nom ? Et ton espèce ?

Je restai quelques secondes muette, ne sachant plus quoi dire, ce qui me parut étrange et m’inquiéta, car cela ne me ressemble pas. Puis je trouvai à dire :

-Vous ne le savez pas ? C’est bizarre. Ce si brave homme d’Alister ne vous l’a pas dit ?

Je marquai une courte pause avant de poursuivre :

-Je m’appelle Aöny Solitaire.

-Et ton espèce ? Insista Siny.

Ce garçon m’ennuyait. Que lui dire ? Inventer ? Que cela n’était pas ses affaires ? Ou bien la vérité ? Après une courte hésitation, je finis par dire :

-Je suis amnésique. Je ne sais pas.

Siny et Volco parurent soudain étonnés.

-Amnésique ? S’écria l’arka bleuté.

-Ce n’est pas du bol, ça ! S’exclama le renard bleu.

Puis le garçon s’avança vers moi, s’arrêta puis me demanda, une lueur d’espoir dans les yeux :

-S’il-te-plaît ! Oh, s’il-te-plaît ! Est-ce qu’on peut voyager avec toi ?

Je sentais un enthousiasme et un espoir hors du commun dans sa voix. S’il venait vraiment de Rivebois, il avait tellement l’air de vouloir quitter ce village à jamais. Je ne savais pas si je devais lui faire confiance. Voulait-il me piéger ? En tout cas, il avait l’air sincère. Alors je décidai d’accepter sa demande pour le moment, même si je resterais méfiante.

-Venez avec moi, leur dis-je en leur tendant la main, esquissant malgré moi un petit sourire. Mais à une condition : il faut à tout prix éviter les villes et les villages jusqu’à ce qu’on atteigne Avariny.

Le visage de Siny s’illumina.

-Oh, merci, fit-il. Compris : je te guiderai. Nous passerons par le Nord, jusqu’aux collines Herber, sans jamais croiser une seule trace de civilisation. Promis.

J’espérai qu’il tiendrait sa promesse. Il reprit d’un ton légèrement plus sérieux :

-Tu nous raconteras ton histoire sur la route ?

-Oui, répondis-je, si vous me racontez ensuite la vôtre.

-Compris.

Il se mit à marcher vers une direction, son renard bleu se perchant toujours sur son épaule, et je me mis à le suivre, continuant nous trois le voyage.

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