L'ombre des lombax - Revival - Chapter 1

Chapitre 1 - La Grande Horloge

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Author: tenebro_lombax

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La Grande Horloge n’avait pas eu à faire face à de véritables crises depuis maintenant plus de six ans, lors de l’invasion du Docteur Néfarious, et de la tentative du lombax renégat Alister Azimuth de remonter le temps pour réparer ses erreurs, même si cela aurait signé la fin de l’univers tout entier. Sigmund, le gardien de l’Horloge était occupé à travailler à l’entretien de l’installation, comme il le faisait tous les jours.

Sigmund, ou Sigma 0426A selon sa véritable dénomination, était un robot de taille moyenne et dont le corps adoptait une forme cylindrique. Sa cuirasse était principalement orange mais était également traversée de parties métallisées et de néons bleus au niveau du torse. Deux bras noirs aussi grands que Sigmund lui-même longeaient son corps de chaque côté et se terminaient par de grandes mains grises dont dépassaient trois fins doigts dont la dernière phalange était grise et proéminente. En dessous de son corps se trouvait un système, composé d’une coupole dont dépassait trois grosses antennes, lui permettant de léviter légèrement au-dessus du sol. Autour de ce qui correspondrait à la taille sur un corps humanoïde, on trouvait une grande ceinture métallique lévitant autour de lui où était attaché divers outils, un trousseau de clé, un écran de contrôle, dont il se servait pour interagir avec les différents systèmes de l’Horloge, et, plus étrangement, un pot de fleur. Dans la partie supérieure du corps se trouvait sa tête, séparée du corps par une sorte de système pneumatique au niveau de la nuque. Le visage du robot était étrange : celui-ci était en effet coupé en deux au niveau de la « bouche » et le crâne lévitait à quelques centimètres de la partie inférieure. Dans cet espace on trouvait des sortes de dents très éloignées les unes des autres qui faisaient en vérité office d’aimants permettant d’empêcher le crâne de s’égarer. Au milieu du visage, se trouvaient deux yeux incrustés sur une plaque métallique ayant légèrement rouillé avec le temps, dont l’un était bizarrement bien plus petit que l’autre. Enfin de petites ailettes noires surmontaient le crâne du robot et servaient de récepteurs pour les transmissions. Sigmund était déjà particulièrement ancien et cela était visible sur sa cuirasse. Certains n’auraient pas hésité à le qualifier de « poubelle vivante », mais le robot n’avait que faire des commentaires désobligeant de personnes nuisibles et fondamentalement méchantes.

En tant que gardien, Sigmund avait la responsabilité de veiller au bon fonctionnement de la Grande Horloge et à son entretien. Bien sûr, il n’était pas véritablement seul à veiller à cela, même s’il disposait de la plus haute responsabilité. Il était assisté dans ses devoirs par des centaines de milliers de zonis. Ces derniers étaient des êtres assez mystérieux qui n’étaient ni robotiques, ni biologiques mais se constituaient d’une forme d’énergie pure, particulièrement puissante et vivante : la bio-énergie. Cependant pour pouvoir rester stable dans cette dimension, les zonis devaient se loger dans une armure métallique. Dans la majorité des cas, celles-ci ressemblaient à une sorte de gros insecte humanoïde. Ainsi, les zonis disposaient d’un corps fin doté de petites jambes et de petits bras surmonté d’une tête violette disproportionnée mais ne se constituant que de deux gros yeux bleus ainsi que de petites antennes. Mis à part de très rares exceptions, les zonis n’étaient pas dotés d’une individualité propre, mais formaient une conscience collective et composaient un véritable essaim fonctionnant en communion. Ils respectaient pleinement l’autorité de gardien de Sigmund et l’aidait systématiquement à réaliser les tâches que sa position impliquait.

Il ne se passait pas un seul jour sans que Sigmund ne s’extasie devant la merveille de technologie que constituait la Grande Horloge. Cette station spatiale, s’étalant sur des dizaines de kilomètres de diamètre, avait été conçue, dans un lointain passé, par l’esprit génial d’Orvus, l’un des rares zonis à avoir développé une individualité, afin de préserver la stabilité temporelle de l’univers tout entier. Celle-ci était constituée d’une quantité folle d’équipements et de mécanismes complètes permettant d’assurer son fonctionnement et son entretien. La structure était essentiellement constituée d’un métal doré, introuvable dans le reste de l’univers : la clokonite. Ce matériau avait pour avantage d’être parfaitement solide, bien qu’extrêmement flexible et polyvalent, et de pouvoir être utiliser durant des millions d’années tout en ne se dégradant que très peu. L’installation tout entière était alimentée par des quantités titanesques de la puissante bio-énergie, qui était également la source vitale de tous les zonis et l’énergie constitutive du temps. Cette énergie voyageait dans les différents secteurs de l’Horloge grâce à une multitude de conduits d’alimentations reconnaissables par la lumière de couleur bleu qui émanait de ceux-ci. La station spatiale était constituée d’une quantité affolante de différents types de centre d’opération. En particulier, tous les objets célestes importants en taille, dont toutes les planètes de l’univers, bénéficiaient chacun de leur propre console de contrôle afin de repérer au plus vite toute éventuelle perturbation temporelle. Bien entendu, étant donné le gigantisme de l’installation, il était tout à fait impossible qu’une personne entretienne la Grande Horloge à lui seul. Ainsi, si le gardien de l’Horloge jouait bel et bien un rôle essentiel dans l’opération, un nombre important de zonis était nécessaire pour entretenir la station spatiale. Parmi toutes les installations, la plus importante était bien sûr la bien nommée « Chambre d’Orvus », la salle où se trouvait le terminal de contrôle à partir duquel fonctionnait toute la Grande Horloge.

Sigmund avait été nommé gardien par XJ-0461, aussi appelé, plus familièrement, Clank, l’héritier légitime de la Grande Horloge, dont les occupations personnelles l’empêchaient d’assurer la gestion de la station spatiale. Si cette gigantesque responsabilité l’effraya grandement dans un premier temps, il devint, avec l’expérience, parfaitement à l’aise et heureux dans sa tâche. Il connaissait l’utilité de tous les mécanismes de l’Horloge et savait désormais utiliser parfaitement le chronosceptre, un artefact zoni d’un grand pouvoir également conçu par Orvus. Ce dernier était un sceptre faisant un peu moins d’un mètre de long et était constitué du même métal que la Grande Horloge. L’outil se reconnaissait facilement par de nombreuses parties qui devenaient mobiles lorsqu’il était utilisé. Il permettait de manipuler le temps de façon locale et pouvait ainsi réparer n’importe quel objet endommagé. Le chronosceptre pouvait également renvoyer un projectile à un opposant. De façon moins extravagante, il était également possible de se servir du sceptre comme d’une arme contondante. Le sceptre avait également la capacité de générer des chronobombes, des petits dispositifs permettant de ralentir le temps dans les limites de leur sphère d’influence. Sigmund avait également appris qu’il pouvait s’en servir pour interagir de façon particulièrement efficace avec un grand nombre de zonis. Cela permettait au gardien de leur transmettre aisément des ordres, d’un mouvement de bâton, afin qu’ils accomplissent rapidement une tâche précise.

Le gardien était occupé à remplacer, avec l’aide de quatre zonis, un modulateur gravimétrique, qui, comme Sigmund l’avait remarqué, ne fonctionnait plus de manière optimale depuis quelques semaines. La tâche était presque terminée et les zonis achevaient de remettre en place les plaques de clokonites. Le robot cessa alors de prêter attention à cette tâche triviale et consulta son moniteur afin de vérifier que la Grande Horloge fonctionnait correctement. Soudain il remarqua qu’une quantité importante d’énergie se déplaçait, de façon non planifiée, depuis différents secteurs de la station spatiale. Ignorant la raison de cette surcharge soudaine d’énergie, il lança une analyse globale afin d’en identifier la source. Il se concentra intensément sur les nombreuses données qui apparaissaient sur son écran. Il lui apparut alors clairement qu’une quantité énorme d’énergie temporelle était en train de converger vers un point précis de l’Horloge. De plus, les données montraient que cette énergie était particulièrement instable. Les résultats des calculs réalisés immédiatement par Sigmund étaient formels, une telle quantité d’énergie aussi instable se concentrant sur un seul point allait à coup sûr provoquer une explosion. Le robot transmit alors immédiatement aux zonis l’ordre de se rassembler au secteur dix-sept à proximité de la plateforme A113 vers où l’énergie convergeait rapidement. Sigmund prit ensuite un téléporteur qui le transporta immédiatement à proximité de la scène. De là où il se trouvait maintenant, il avait en vue la plateforme où allait se produire l’incident, mais il lui fallait encore parcourir environ cinq cent mètres pour la rejoindre. De nombreux zonis s’étaient déjà rassemblés autour de la scène et tentaient de voir s’il était possible d’empêcher l’incident ou s’il était au moins possible d’en limiter les dégâts. Sigmund constata également que l’énergie temporelle était déjà visible dans les canaux de la station spatiale et se concentrait rapidement en direction un convecteur temporel situé sur une petite tour se trouvant sur la plateforme. Une alerte de la console de commande que transportait Sigmund l’avertit soudain de l’imminence de l’incident. Le robot eut à peine le temps de voir que le convecteur était très visiblement en train de saturer d’énergie et de se mettre à couvert autant que possible avant que la déflagration eût lieu. Une immense lumière bleue, accompagnée d’un grand bruit, illumina l’Horloge et engloutit la plateforme A113 ainsi que plusieurs plateformes adjacentes. De nombreux débris furent également éjecté de façon importante et une grande poutre métallique vint s’écraser à moins d’un mètre du gardien de la Grande Horloge. L’explosion ne dura pas beaucoup plus qu’une seconde mais les dégâts allaient probablement nécessiter plusieurs semaines de réparations.

Sigmund se releva rapidement une fois le calme revenu et se précipita sans attendre vers le site de l'explosion, un essaim de zonis, essayant d'identifier la cause de la déflagration d'énergie temporelle, s'était déjà formé aux alentours. Une épaisse fumée entourait encore la source de l'incident mais des dégâts considérables étaient déjà visibles sur les installations adjacentes. Sigmund s'avançait prudemment tout en tenant fermement le chronosceptre en mains de façon à être prêt à faire face à une éventuelle menace, tandis que les zonis dispersaient rapidement les nuages de poussière.
Une forte respiration se fit entendre par le robot, et une silhouette étalée au sol se dessina petit à petit sous ses yeux. Il était donc désormais certain qu'un individu s'était introduit d'une manière ou d'une autre dans la Grande Horloge sans déclencher un seul système de sécurité. D'un geste de chronosceptre, Sigmund indiqua aux zonis de concentrer leur énergie dans la zone où se trouvait cette mystérieuse forme afin d'identifier rapidement la menace. Très rapidement le nuage se dispersa autour de l'intrus et Sigmund vit avec stupeur qu'au centre de la déflagration se trouvait une lombax tentant avec difficulté de reprendre son souffle. Elle se leva avec difficulté en tentant péniblement de trouver son équilibre, tout en déplaçant rapidement sa tête de gauche à droite, comme pour essayer de comprendre ce qui se trouvait autour d'elle.

La lombax semblait relativement jeune, en fonction des deux seuls points de comparaison que Sigmund avait eu l'occasion d'observer auparavant. Son pelage était d'un gris très sombre et ses longues oreilles typiques de son espèce ainsi que ses bras n'étant pas entièrement couverts par son armure étaient traversés de rayures bordeaux. Elle disposait également d’une longue queue, grise et également rayée de bordeaux, bien plus touffue que celle des autres lombax que Sigmund avait pu rencontrer. Elle portait une armure légère de couleur noire et avec des épaulettes renforcées grises claires retombant sur les bras. Sur son torse, juste au-dessus de sa poitrine se trouvait une petite unité de navigation bleue sur laquelle se trouvait la lettre « A » en lombax. A sa taille, on trouvait une ceinture grise à laquelle était attachée différentes choses et en particulier une série de petites capsules. La boucle de celle-ci brillait d’un néon bleu et portait la même lettre que son unité de navigation, mais cette fois-ci gravée en alphabet zoni. Elle portait également des gants noirs remontant sur de gros gantelets gris qui occupaient la majeure partie de ses avant-bras. Sur ces derniers étaient apposés des écrans de contrôle brillant d’une légère lumière bleue, ressemblant étrangement à de la technologie zoni. A ses pieds elle portait des chaussures grises foncées fait d’une matière évoquant le cuir et traversées de deux bandes de néon bleu sur les côtés. La présence de bobines à ions sur les côtés laissait penser qu’il s’agissait d’hoverbottes, une invention lombax permettant à leur utilisateur de se déplacer très rapidement en le soulevant d’une trentaine de centimètre au-dessus du sol.

Lentement, Sigmund se rapprocha encore de la jeune lombax qui, après avoir analysé son environnement immédiat, déplaçait son regard d'un zoni à l'autre, tout en essayant toujours de reprendre son souffle, avant de l'arrêter sur le gardien de l'Horloge dont la vue semblait étrangement l'étonné bien plus que celle des entités célestes. Le robot discernait maintenant clairement les grands yeux rouge vif et brillants de l'intrus qui le dévisageaient avec insistance. Ceux-ci surmontaient un visage félin fin au pelage gris. Au sommet de son crâne, il était possible de discerner quelques mèches dépassant du reste du pelage. Comme tous les lombax, ses grandes oreilles triangulaires étaient longues et pointues. Les rayures bordeaux qui descendaient du haut de celles-ci en formant une légère courbe s’arrêtaient à seulement quelques centimètres du bas des oreilles. Sigmund remarqua également deux rayures, bordeaux également, une de chaque côté du visage, qui remontaient du cou de l’intrus et se terminaient en pointe au bas des joues.

Entre temps, de nombreux zonis avaient rejoint la scène et observaient la mystérieuse lombax. Sigmund s'étonna qu'ils n'interviennent pas immédiatement pour contenir la situation comme ils sont supposés le faire en cas d’invasion de la Grande Horloge et se surprit même de l'étrange agitation des quelques douzaines de zonis, d’ordinaire calme quel que soit la situation, qui étaient désormais présents. La jeune femme semblait cependant avoir totalement repris son souffle et prit la parole.

- Qui es-tu ? demanda-t-elle.
- Je suis Sigmund, répondit le robot avec assurance, gardien de la Grande Horloge, espace sacré que tu as l'impudence de profaner. Et au nom du grand Orvus, je t'ordonne de me révéler immédiatement ton identité et ton intention, lombax !

Un silence tomba après que Sigmund ait terminé sa phrase. Celui-ci vit alors le regard de l'envahisseuse changer subitement d'une interrogation à une intense rage faisant frissonner même le corps robotique du gardien. Il n'eut même pas le temps de déplacer un mécanisme que la lombax s'élança vers lui et avait atteint sa position en moins d'une seconde. Sigmund ne vit même pas partir le coup de pied qui le projeta prêt l'extrémité de la plateforme sur laquelle ils se trouvaient. Les zonis, voyant cela, sortirent de leur période d'inaction et se dirigèrent rapidement vers l'intrus pour l'arrêter. La lombax resta calme face à la situation et saisit une des capsules attachées à sa ceinture qu'elle actionna avant de la jeter au sol à quelques mètres d'elles. Elle se plaqua fortement les mains sur les oreilles tandis qu'une forte déflagration hypersonique se fit violemment ressentir par tous les zonis, fortement sensibles à ce type d'ondes, sur un rayon de cinq cent mètres par rapport à l'épicentre.

Sigmund se releva ensuite pour voir le spectacle désolant de dizaines de zonis volant de manière complètement désorientée, voire s'écrasant lamentablement sur les structures de la Grande Horloge. Son regard se tourna sur l'envahisseuse, elle observait le résultat de son attaque avec satisfaction. Mais très vite cette dernière se concentra à nouveau sur sa cible principale : le gardien de l'Horloge. Le robot la vit se rapproché de lui très rapidement. Il était maintenant réellement inquiet, l'assaillante savait pertinemment ce qu'elle faisait. Et quel que soit son objectif, elle ne reculerait devant rien pour l'accomplir.

Tentant le tout pour le tout, Sigmund jeta une chronobombe sur son opposante pour tenter de la ralentir. Mais, alors qu’elle semblait foncé droit dans le piège, elle activa ses hoverbottes dont les puissants réacteurs lui firent faire un bond de plusieurs mètres dans les airs, esquivant ainsi le dispositif temporel du gardien. Ses bottes désactivées, la lombax atterrit lourdement directement sur Sigmund, l'empêchant ainsi de pouvoir réagir, et lui asséna de nombreux coups. Le gardien senti alors les mécanismes de son bras droit se briser avant d'être projeté au sol. Il leva les yeux sur son assaillante pour constater avec horreur que cette dernière s'était emparée de son chronosceptre. Dans un acte de désespoir, Sigmund tenta de sauter sur son adversaire pour récupérer le précieux objet, mais il n'avait jamais été de taille à affronter une telle menace et le seul résultat de son action fut de ressentir le coup fort du chronosceptre lui tordre la carlingue et le projetant à nouveau au sol.
La lombax observa le robot étalé au sol avec un air déçu et analysa un instant le chronosceptre avant de prendre à nouveau la parole.

- Qu'as-tu fait au chronosceptre, tas de ferraille ? demanda-t-elle au gardien la voix pleine de rage. Où sont les pièces manquantes ?

Sigmund, ne comprenant pas de quoi elle parlait, resta silencieux, ce qui eut pour effet d'encore plus énerver son ennemi. Le robot n'eut à nouveau pas le temps de réagir et prit à nouveau un coup de sceptre, cette fois-ci en pleine figure, ce qui eut pour effet de lourdement endommager un de ses récepteurs visuels. Le gardien avait subi d'importants dégats, mais il essayait encore de se révéler.

- Ce chronosceptre ne t'appartient pas, articula-t-il avec difficulté. Il m'a été confié par le fils d'Orvus, et je ne trahirai pas sa confiance en te laissant l'emporter. Alors je t'ordonne de me le rendre.
- Le fils d'Orvus ? dit la lombax d'un air amusé. Ce vieux fou a été fort occupé pendant mon absence on dirait.

Elle commença alors à observer l'écran bleu renforcé situé sur son brassard gauche sur lequel s'affichèrent tout une série de données. Le gardien reconnu cette fois-ci très clairement que celui-ci était composé de technologie zoni.

- Deux cent quatorze ans, neuf mois, huit jours et dix-huit heures ! continua-t-elle. C'est un sacré saut ne crois-tu pas ? Je vois que ce cher Orvus a fait d'importantes modifications à son bijou entretemps. Rien d'étonnant, il a toujours eu la folie des grandeurs.

Sigmund ne comprenait vraiment pas de quoi la lombax parlait et resta silencieux. La lombax se rapprocha de lui, s'accroupit prêt du visage cabossé du robot et poursuivit :

- Alors écoute-moi bien, "gardien", fit-elle d’un ton doux et saracastique. Ce chronosceptre, je vais le garder pour moi, et ce pour la bonne et simple raison que je pense être largement plus légitime que toi de l'avoir en ma possession. Je ne sais pas où est Orvus, ni quelle folie l'a amené à se séparer de son précieux sceptre, ni ce qui a poussé son soi-disant fils à le confier, comme tu le prétends, à un petit robot défectueux tel que toi, ni même pour quelle raison ses autres pièces en ont été détachées. Mais ce que je sais, c'est que je vais les récupérer et redonner à cette relique sa grandeur et sa puissance d'antan. Ensuite, je vais aller m'occuper une bonne fois pour toutes de ces raclures de lombax sur Fastoon.

Elle se releva alors que Sigmund maintenant son silence, ne sachant pas bien que répondre à cela. La lombax vit que de véritables hordes de zonis commençaient à s'approcher de la scène. Cela ne semblait pas l'inquiéter plus que ça, elle esquissa même un sourire.

- Les zonis ont l'air d’être motivés à en découdre, fit-elle remarquer. Enfin, quoi de plus étonnant, j'imagine qu'ils n'ont pas vu d'action depuis deux cent cinquante ans, les pauvres. Mais je crois qu'il est grand temps que je m'en aille. Connaissant ce grand nostalgique qu'est Orvus, je parie qu'il a conservé mes affaires et mon vaisseau à l'endroit où je les ai abandonnés.

Plusieurs centaines de zonis étaient maintenant en ordre de bataille à proximité de la zone où l’intrus était originalement apparu. Une fois encore, elle actionna une de ses grenades hypersoniques qu’elle jeta haut dans les airs, ce qui fit à nouveau tomber des dizaines de zonis. Ayant créé une ouverture dans l’essaim d’assaillants auxquels elle était confrontée, la lombax sauta dans le vide et actionna ses hoverbottes qui la firent se propulser dans les airs à une vitesse folle. Il apparut maintenant évident que la paire qu’elle utilisait était bien plus puissante que celle employée par Ratchet. Alors que cette dernière ne lui permettait que de se soulever à une cinquantaine de centimètres au-dessus du sol, les hoverbottes de la mystérieuse lombax grise étaient tellement plus puissantes qu’elles pouvaient véritablement la faire voler à grande vitesse.

L’essaim de zonis la prit rapidement en chasse avec la ferme intention de l’arrêter. Un groupe de quatre d’entre eux entoura Sigmund et fit des réparations minimales tout en le faisant léviter pour prendre part à la course poursuite. La jeune envahisseuse filait comme une fusée au travers des différents secteurs de la Grande Horloge, elle savait pertinemment quel chemin emprunter pour atteindre son objectif. Sa maîtrise de ses hoverbottes était telle que, en ajustant son attitude à chaque instant, elle évitait sans aucune difficulté les zonis qui tentaient de lui bloquer le passage. Lorsqu’une telle manœuvre était impossible elle n’hésitait pas à envoyer une autre bombe hypersonique, bien qu’elle n’en dispose que de quantités limitées. Il lui arrivait même de foncer sans peur sur les zonis et de les dégager de son chemin à coups de chronosceptre.

Cette course-poursuite causait un important chaos dans la Grande Horloge. Sigmund et les zonis lui permettant de léviter restaient à bonne distance. De là, le gardien finit par comprendre que la lombax au pelage gris se dirigeait droit vers la section des archives. Il s’agissait d’une gigantesque tour mesurant près de trois kilomètres de haut et où, depuis la création de la Grande Horloge, Orvus avait pris soin de rassembler toute l’histoire et toutes les connaissances des différentes civilisations ayant peuplées l’univers, ainsi que toutes une série d’artefacts. Depuis qu’il avait repris les rênes de l’immense station spatiale, Sigmund tentait de poursuivre ce projet, mais il ne parvenait pas encore à comprendre le fonctionnement d’un tel classement. La raison pour laquelle l’assaillante désirait se rendre dans cette section de la Grande Horloge échappait cependant à Sigmund.

La mystérieuse lombax fit alors un véritable plongeon à la verticale en longeant la paroi dorée de la tour des archives. D’un coup elle se retourna dans les airs et augmenta la puissance des réacteurs de ses hoverbottes et ralentit brutalement sa chute, avant d’atterrir sur une petite plateforme, à une vingtaine de mètres à peine au-dessus de la base de la tour. Cette plateforme donnait accès à un couloir mal éclairé, et visiblement n’ayant pas été bien entretenu en comparaison avec le reste de l’Horloge. Au fond du couloir se trouvait une porte de hangar, grande d’environ cinq mètres de haut et de dix mètres de long, que la lombax observa longuement sans bouger, comme si elle était perdue dans ses pensées. Ce repos fut cependant de courte durée. Une véritable nuée de zonis encerclait maintenant la plateforme, et un nombre de plus en plus important d’entre eux rejoignait la scène.

- Ne trouvez-vous pas qu’une telle mobilisation de forces pour m’arrêter soit exagérée ? dit la jeune femme avec assurance. D’autant plus que vous savez tous très bien que c’est ainsi que les choses doivent être.
- Rend le chronosceptre, dirent les zonis à l’unisson, tu n’y as plus aucun droit. Nous te laisserons quitter la Grande Horloge et vivre une vie paisible, comme Orvus l’aurait voulu.
- « L’aurait voulu » ? Qu’est-il arrivé à ce vieux zoni ? demanda-t-elle surprise et inquiète.
- Orvus a été détruit, répondirent les zonis, il y a maintenant huit ans dans un piège tendu par le Docteur Néfarious. Son fils légitime, XJ-0461 a par conséquent hérité de l’Horloge et en a confié la garde à Sigma 0426A.

La nouvelle de la fin d’Orvus sembla affecter grandement la jeune femme. Elle s’assit par terre devant le regard des zonis, hésitant à intervenir. L’expression fière et déterminée, que la lombax grise arborait jusque-là, s’était soudain transformé en une expression manifestant une profonde tristesse. A son propre étonnement, des larmes commencèrent à apparaître sous ses yeux.

- Nous partageons tous ton extrême tristesse face à la perte d’Orvus, Astra, dirent doucement les zonis. Nous pensons que ce serait déshonorer sa mémoire que d’avoir celle qui fut sa fille s’emparer de son héritage par la force.
- C’était un imbécile, marmonna alors la jeune lombax. Je dois faire ce que mon père n’a pas eu le courage d’accomplir.

Elle se releva soudainement le chronosceptre fermement tenu dans sa main droite, tout en s’essuyant d’un coût les yeux avec son autre main.

- Les lombax doivent être condamnés pour tous leurs crimes ! cria-t-elle avec une conviction renouvelée.
- Dans ce cas, nous userons de toutes nos forces pour t’arrêter avant que tu ne commettes l’irréparable.

D’un coup, les zonis commencèrent à charger leurs attaques et envoyèrent des boules de bio-énergie en directions de Astra, qui fit un bon en arrière pour éviter les dizaines de projectiles lui étant destinés. Mais cette acrobatie ne suffira pas à la mettre hors de danger et les zonis continuaient de l’assaillir sans cesse. Par chance, la lombax savait très bien se servir du chronosceptre et de ses capacités. Ainsi, un bon nombre de boules d’énergie furent renvoyé aux protecteurs de la Grande Horloge. Elle fut cependant rapidement dépassée par le trop grand nombres d’attaques lui étant portées et, dans un dernier recourt, elle lança la seule bombe hypersonnique qui lui restait. De cette façon, les nombreux zonis proches d’elle furent mis chaos, ce qui lui donna un temps de répit le temps que les suivants rejoignent la zone de combat.

La lombax grise était essoufflée et voyait déjà des centaines d’autres zonis se rapprocher rapidement. Elle agrippa alors son chronosceptre des deux mains. Celui-ci commença à s’illuminer plus que d’ordinaire et, alors que la prochaine vague de zonis n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres, la lombax frappa la base du sceptre au sol de toutes ses forces. Un énorme bruit de cloche se fit alors entendre dans toute la Grande Horloge, et, soudainement, tous les zonis s’immobilisèrent dans l’ensemble de l’installation. Devant ses yeux, Astra les vit tomber l’un après l’autre et s’écraser dans les installations. Sigmund, qui, pendant ce temps, lévitait toujours grâce aux pouvoirs des zonis, fut soudain privé de son moyen de locomotion et se crasha violemment dans la tour des archives en traversant une baie vitrée.

Un grand silence dominait maintenant la Grande Horloge. Astra était désormais débarrassée de toute résistance et entra dans le couloir. Elle s’arrêta sur une petite plateforme se trouvant devant la porte. D’un coup, celle-ci s’illumina et un rayon bleu vint scanner la lombax grise. Une voix robotique retentit alors dans le couloir :

- Signature biométrique reconnue. Astra identifiée. Accès au hangar BZA-4382, dénomination « espace personnel de Dame Astra autorisé ». Ouverture de la porte.

Un grincement bruyant se fit entendre alors que le hangar s’ouvra lentement. Immédiatement, la lombax pénétra dans la grande pièce. Une épaisse couche de poussière recouvrait l’ensemble de l’installation qui n’avait plus été entretenue depuis qui semblait être des décennies. L’endroit était rempli d’équipement en tout genre : pièces de vaisseaux, d’armures, d’armes, des ordinateurs et d’autres équipements électroniques. Astra fit lentement le tour du hangar, observant chaque objet avec attention. Il apparaissait clairement que cet endroit regorgeait de nombreux de souvenirs qui lui était chers. Elle passa encore de longues minutes à fouiller l’endroit avant de concentrer son attention sur le vaisseau qui se trouvait au centre du hangar. La forme de celui-ci était réminiscente d’un vaisseau lombax monoplace de classe Archangel, mais il ne restait plus qu’une épave.

La lombax passa légèrement la main sur le capot du vaisseau, ce qui en retira une épaisse couche de de poussière laissant apparaître une inscription en langage lombax se lisant « Rage ». Elle observa la marque, pensive, pendant un moment. Elle finit par sortir de sa torpeur et leva le chronosceptre avant de frapper le vaisseau d’un coup sec. Celui-ci se souleva soudain au-dessus du sol et s’illumina. Les capacités du sceptre lui permirent d’être remis à neuf en une poignée de seconde. La poussière avait entièrement disparue, et le vaisseau montrait enfin sa véritable forme. Les vaisseaux de classes Archangel se distinguaient des chasseurs Angel plus récent par une fine proue composée d’une seule pièce, permettant à l’engin d’être plus aérodynamique lors de ses manœuvres à l’intérieur d’une atmosphère planétaire. C’est à la droite de cette partie du vaisseau qu’était gravée en lettres dorées l’inscription en langue lombax, on retrouvait de l’autre côté de la poupe de façon symétrique une inscription en zoni cette fois-ci qui signifiait « Justice ». Sur la partie arrière du vaisseau, quatre canons ioniques étaient plaqués sur les deux côtés du cockpit et servaient de liens structurels vers deux petits ailerons. Si ces cannons étaient clairement les armes principales du vaisseau, il y avait cependant également de petits canons-mitrailleurs sur la partie avant du vaisseau. Le cockpit en lui-même donnait accès aux systèmes de commandes du vaisseau et à un espace de rangement. A la poupe se trouvaient un grand réacteur principal accompagné de deux auxiliaires de plus petite taille, selon un design ayant tant prouvé son efficacité qu’il est toujours utilisé sur les vaisseaux de classe Angel. En plus d’être une petite merveille de technologie lombax, cet Archangel avait de façon très visible été amélioré avec de la technologie zoni et il fonctionnait grâce à sa puissante bio-énergie. Cette caractéristique était rendue particulièrement visible par les pièces brillant de lumière bleue se perçaient la coque de couleur métallique de l’engin.

Le vaisseau avait ainsi retrouvé sa splendeur d’antan et ses systèmes s’enclenchèrent un à un. Soudain une voix masculine particulièrement rauque et métallique se fit entendre en provenance de l’engin :

- Réinitialisation des paramètres. Classe : Archangel, signature 4921-Théta-Z. Dénomination : Odysée. Origine : Grande Horloge. Allégeance principale : Ténex. Allégeance secondaire : Zoni. Autorité propriétaire : Astra. Réinitialisation terminée. Tous les systèmes sont fonctionnels. Bonjour madame. C’est un plaisir de vous revoir après près de deux cent quinze ans.
- Heureuse de te retrouver, Odyssée, répondit la lombax grise. Je suis désolée que tu ais eu à emprunter chemin le plus long pour me retrouver, mais mon voyage temporel fut quelque peu précipité.
- Cela ne me pose aucun problème, madame, répondit poliment le vaisseau. Je suis votre serviteur dévoué et je reste à votre disposition complète quelle que soit les circonstances.
- Je vois que tes paramètres ont été réinitialisés, ça ne va pas vraiment le faire, dit-elle en ricanant. Modification des paramètres : outrepasser les paramètres originaux ; déverrouillage personnalité individuelle. Clé d’accès : Purin de l’espace.
- Code d’accès reconnu. Nouveaux paramètres enregistrés. Application immédiate des nouveaux paramètres. Tu m’as laissé rouiller dans ce hangar moisi pendant eux cent quinze ans ? hurla le vaisseau qui venait de changer subitement de ton. Je t’ai soutenu dans tous tes délires, dans toutes tes aventures stupides. J’ai bravé des armées de zonis et Orvus lui-même – et c’est tout de même l’entité la plus proche d’un dieu dans cet univers de fous furieux – pour te permettre de vivre un minimum d’excitation dans ta misérable vie. Mais deux cent quinze années à t’attendre ? Tu peux me rappeler deux minutes ce qui m’empêche de te griller l’ensemble de tes poils ?
- Alors, d’abord : toi aussi tu m’as manqué, et ensuite, pour répondre à ta question : ce sont tes protocoles de sécurité qui sont bien la seule chose sur laquelle je ne te laisse pas le libre contrôle, pour ma propre sécurité disons.
- Je suppose que je n’ai pas d’autres choix que de te supporter donc, grommela Odyssée. Quelle est la situation du coup ?
- Je ne sais pas trop, avoua-t-elle doucement. Orvus n’est plus, le gardien de l’Horloge est un robot rouillé qui a été désigné par un soi-disant « fils d’Orvus », j’ai volé le chronosceptre et j’ai dû affronter tous les zonis de l’installation pour arriver ici. Quant au reste de l’univers, je suis complètement incapable de t’en dire plus.
- Tu veux dire que tu t’es rebellé face aux êtres les plus puissants de l’univers, les mêmes qui t’ont nourrie et élevée pendant toute ta vie, le tout sans avoir la moindre idée de l’état actuel de l’univers. J’espère que tu as un plan solide pour la suite.
- J’improvise au fur et à mesure, en toute honnêteté. Les circonstances de mon saut dans le temps étaient bien trop précipitées pour planifier réellement. Mais l’objectif reste le même : le lombax doivent payer. Dans un premier temps, on quitte la Grande Horloge et on fonce à Polaris. On analyse la situation actuelle et il faut que je retrouve les pièces manquantes du chronosceptre. En théorie, il devrait être possible de les détecter. Ensuite, on confronte les lombax une bonne fois pour toute. Tout sera bientôt fini.
- Et je suppose que je vais devoir te suivre de nouveau en première ligne pendant tout ça ?

Astra ne répondit pas à ce dernier sarcasme et se contenta sourire en direction du vaisseau avant de partir fouiller de nouveau dans le hangar afin d’emporter tout l’équipement qui pourrait servir dans cette dangereuse aventure. Son attention se porta essentiellement sur des armes. Elle attrapa en particulier un vieux blaster qu’elle répara d’un coup de chronosceptre et l’attacha à sa ceinture. Elle répéta le processus de restauration à une série d’explosifs et d’armes lourdes qu’elle rangea dans l’espace disponible à l’arrière du siège du vaisseau. Après avoir préparé ce qui constituait sans doute un strict minimum, elle embarqua à bord de l’Odyssée après avoir jeté un dernier coup d’œil ému à cet endroit remplit de souvenirs et d’émotions.

La lombax s’assit dans le cockpit et agrippa les commandes du vaisseau. Une fois la capsule refermée, elle alluma d’un geste les réacteurs et le vaisseau se mis à avancer rapidement et sorti du hangar en traversant le sombre couloir avant de s’élever en s’éloignant de la tour des archives. L’Odyssée traversa alors la Grande Horloge, en prenant rapidement de la vitesse. Le véhicule prit à nouveau la parole.

- Quelle destination dois-je programmer ?
- Il nous faut des informations sur ce qui s’est passé et sur ce qui a changé durant mes deux siècles d’absence. Et malgré les risques que cela me ferait encourir, je ne vois vraiment qu’un seul endroit où les informations qui vont nous être les plus essentielles peuvent se trouver. Met le cap sur Fastoon.

Alors que le vaisseau commença à s’éloigner de la Grande Horloge. Dans la tour des Archives, Sigmund s’était finalement relevé, malgré les importants dégâts qu’il avait subis. Il regarda le vaisseau de Astra prendre ses distances et enfin disparaître lors de l’activation de son module FTL, permettant de réaliser le voyage entre galaxies dans un délai raisonnable. Le robot savait qu’il avait failli à sa tâche de gardien de l’Horloge. Il avait été incapable de se défendre face à son assaillante, le chronosceptre avait été volé, les zonis étaient tous inconscients et les dégâts subis par la station étaient importants. Sigmund se sentait abattu et impuissant et il savait qu’il ne lui restait plus qu’une chose à faire : appeler le véritable gardien légitime de l’Horloge à la rescousse, celui que Orvus avait lui-même choisi comme étant digne d’être son héritier. Il était temps pour lui de contacter XJ-0461, de contacter Clank.



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