Author: Skrunch
Chapitre 28 : Le masque tombe
[Pour ce chapitre, j’ai repris une écriture plus classique, car elle intègre pas mal d’éléments de vérité plus facile à retranscrire sous forme de dialogue]
C’était la confrontation ultime. Depuis toujours, ils s’étaient affrontés à distance, avançant leurs pions et établissant leurs stratégies sur l’immense échiquier galactique, mais pour la première fois, ils étaient face à face pour jouer le dernier coup. Le général Devor fut le premier à briser le silence.
- Tu en as mis du temps.
- Ravi de savoir que tu m’as attendu pour que je t’ôte moi-même la vie. Ton armée est détruite, tu t’es réfugié dans une impasse dont tu ne sortiras pas.
- Bien au contraire ! Je savoure notre unique rencontre et la dernière. Malheureusement pour toi, seul l’un de nous reverra le soleil.
- J’admets que tu me surprends de vouloir te confronter à moi seul, tu aurais du laisser tes larbins te protéger et s’occuper de moi. Tu sais très bien qu’aucun de mes soldats n’auraient osé mettre les pieds ici.
- Je ne voulais pas que ces imbéciles ne profanent ces lieux et je voulais te parler, en privé, même si je vois que tu n’es pas seul…
Ratchet avança un peu plus et apparu à la lumière.
- Ah, un lombax ! Tu sais t’entourer, je les croyais éradiquer.
- Par ta famille.
- Par NOTRE famille, rectifia Devor. Rappelles-toi que nous sommes cousins.
- Non ! La tienne a choisi une autre destinée contraire au principe des Brynnse.
Devor éclata de rire.
- Hahaha ! Tant de naïveté…
- La famille Brynnse a toujours œuvré dans l’intérêt de tous. La tienne a toujours agit dans son propre intérêt, alors éloignes-toi de ce tombeau, tu n’es pas digne d’être ici !
- Je ne suis pas ici pour salir la dépouille de notre ancêtre. C’est surement l’homme que je respect le plus, après mon père.
- Ton père a commis des horreurs en son nom, ne le confond pas avec Brynnse.
- Tu le vénère à ce point, sans même le connaitre. Brynnse a commis biens des crimes pour arriver à ses fins, son histoire s’est écrite dans le sang de "l’humanité".
- Je sais qu’il n’a jamais été blanc comme neige, mais lui n’a pas trahi ses alliés et a œuvré pour le bien de l’humanité.
- Vraiment ? Tu en es sûr ?
- Que connais-tu de Brynnse, pour te permettre de vouloir insinuer le contraire?
- Tout ! Sa vie, les récits de ses campagnes de guerre, ses plans, ses secrets. Tout ce qu’il n’y a pas dans les manuels de cours.
- Tu n’as jamais pu avoir accès aux archives secrètes, donc tu ne sais rien de plus que moi.
- Bien au contraire, je le crains pour toi. Ça fait des lustres que les archives n’abritent plus les noirs secrets de Brynnse. Ils ont tous été détruit pour faire disparaitre la vérité.
- Calomnie!
- Ah oui ? L’épidémie de 2065. Tu crois vraiment que ce sont des terroristes qui ont répandu l’arme bactériologique qui a emporté 1 tiers de la population ?
- Tu veux me la faire à la "théorie du complot".
- Une théorie, non, une réalité, réclamé, organisé et orchestré par Brynnse lui-même. Ça ! Tes archives ne le disent pas. C’est grâce à ça que Brynnse a pu bâtir les fondations de sa nouvelle société basé sur l’ordre et la discipline.
- Tu es doué pour inventer des histoires.
Ratchet se risqua à entrer dans la conversation.
- De quoi parles-t-il ?
- Rien, il cherche à gagner du temps, il ne sait rien !
- Je suppose qu’il t’a fait l’éloge de "notre grand précepteur", Lombax. Mais sache que lui-même ne sait rien pas son propre ancêtre.
- Assez ! Je ne sais pas ce que tu cherche à faire, mais il est temps d’en finir.
- Je vois que je ne parviendrais pas à te convaincre sans preuve, mais tu va vite te rendre compte que j’ai raison quand j’aurais récupéré l’héritage qu’il me revient de droit.
- De quoi parles-tu ?
- Tu vas voir.
Devor déposa son doigt prêt d’une petite console de commande, une petite aiguille lui préleva son sang. Le système le reconnu comme un descendant du Général. Un tableau d’accès se déplia, il tapa un code et la base supérieur du sarcophage se déplaça, découvrant un artefact qui était caché dedans. Un dispositif en forme de sphère de grande taille, incapable pour un homme seul de la soulever.
- Qu’est ce que c’est ? interrogea le général.
- L’arme qui m’assurera le contrôle de l’univers, sourit Devor et observant l’engin comme si il venait de découvrir une relique unique.
- Quel genre d’arme ?
- Connais-tu l’accident de Todanduf ?
- C’est une affaire classé secret défense depuis des siècles, c’est moi qui te demande comment tu connais ça ?
- De la même manière que j’ai appris la vérité sur l’épidémie, mais ton ami ne doit pas la connaitre. De plus ça le concerne.
- Je ne vois pas en quoi ça peut le concerner.
- Qu’est ce que c’est ? demanda le lombax.
Le général hésita à révéler ce secret d’état, mais Devor brisa le silence.
- La lune de Todanduf abritait un laboratoire fabricant des prototypes d’armes de destructions planétaires.
- Ce laboratoire a été détruit par un accident, y comprit la lune sur laquelle il était situé, compléta le général. Tout le personnel est mort et l’affaire a été étouffée, car les recherches relatives à cette catégorie d’armes étaient totalement prohibées par le Conseil.
- Les humains aiment jouer les hors la loi, fit remarquer Ratchet.
- C’était une période de conflit et notre race était la moins évolué, défendit le général, qui n’appréciait guère les insinuations du lombax. Les autres races refusaient de nous transmettre leur savoir, nous étions contraints de développer nos propres armes pour nous protéger, quitte à commettre nos propres erreurs. Il ne restait plus rien du laboratoire. On a mis la cause de la destruction de la lune sur le coup d’un astéroïde et les recherches n’ont jamais été reprises.
- Mais la chose que tu ignore, c’est que des prototypes des bombes développés n’ont pas été détruit, elles ont été éjecté dans l’espace, protégé par leur champ de confinement anti-détonation, ajouta Devor.
- Les rapports n’ont jamais fait mention d’une telle chose!
- Car ils n’ont jamais été rédigés… sur ordre de Brynnse.
- Ce sont des mensonges ! Brynnse n’aurait jamai…
- Tu en as la preuve devant toi. Ceci est l’une des deux bombes récupérées par la milice secrète de Brynnse après la destruction du laboratoire. Parfaitement opérationnelle, c’est tout ce qu’il restait de viable, les restes des recherches avaient été annihilés.
- Alors, c’est donc ça ! Tu es là pour l’utiliser et détruire la Terre !
- Et me tuer par la même occasion… Non rassure toi, je n’ai aucun intention de détruire la Terre avec.
- Brynnse n’aurait jamais été aussi stupide pour cacher une arme aussi instable sur sa planète natale. Les dommages seraient considérables, si elle explosait.
- Exact ! Brynnse n’aurait jamais fait ça.
- Alors qui l’a mis là ?
- C’est sa fille ! C’est cette garce qui l’a caché ici après avoir assassiné et enterré son propre père.
- Foutaise ! Brynnse est mort dans son lit, elle était au front le soir de sa mort et pourquoi aurait-elle assassiné son père ?
- Et bien, à cause de ceci. Devor sorti un appareil et lança la lecture d’un enregistrement.
« 20 décembre 2118. J’ai fait appeler ma fille en urgence, je sens mes forces m’abandonner pour de bon. Il est temps que je lui révèle la vérité et mes projets pour notre espèce. Il est temps que je sache si elle aura les épaules pour accepter de continuer ce que j’ai entrepris. Si ce journal reste sans réponse, c’est que je suis mort, soit dans mon sommeil ou par sa main. Dans le second cas, je laisse le soin à ma descendance d’accomplir ce pourquoi je me suis battu aussi longtemps. Général Brynnse Terminé. »
- Ou as-tu eu cet enregistrement ?
- Là, où Brynnse l’avait dissimulé pour qu’un jour un héritier, digne de lui, soit capable de le retrouver en cherchant dans ses plus noir secret. C’est le dernier extrait du journal "intime" de Brynnse, qui est mort, peu de temps après cette fameuse visite. Sa fille n’a pas supporté d’entendre la vérité et l’a assassiné alors qu’il n’avait plus la force de se défendre. Il s’avait qu’un jour, l’un de ces héritiers seraient assez lucide pour voir le mensonge dans la "légende de Brynnse".
- Ne me parle pas de ton grand-père. C’était un idiot.
- Je ne peux pas te donner tord, mais il avait la soif de pouvoir de Brynnse, l’intelligence en moins. Ce que mon père avait, c’est lui qui a entrepris de chercher dans le passé de Brynnse et il a trouvé notre salut dans ce journal qu’avait Brynnse, son secret le mieux gardé, ainsi que les copies de tes fameuses "archives secrètes". On a pu apprendre toute sa vie, ses plans, ses crimes et ses projets. Toi, tu as eu accès aux versions censurées par sa fille après sa mort. Elle a tenté de faire disparaitre toute trace de la véritable identité de son père. Mais Brynnse avait prévu le coup, il a toujours eu un coup d’avance même après la mort.
- Je n’en crois pas un mot, certes Brynnse était un dictateur, il a été responsable de plusieurs génocides, pour devenir ce qu’il a été et faire le bien ensuite. Tu ne m’apprends rien sur la nature de Brynnse. Ton père n’était qu’un monstre qui a exterminé les lombax, nos seul véritables alliés, la seule espèce que Brynnse respectait.
Devor éclata de rire.
- Il les respectait ? Tu es pathétique, tu nie la vérité lorsqu’elle est devant toi. Les lombax étaient une menace pour les plans de Brynnse. Ils ont été de parfait alliés pour éliminer l’adversité, mais après ? Quand Brynnse a découvert la l’immensité de la galaxie, il avait déjà le contrôle de la Terre, mais il voulait plus. Le contrôle de la galaxie était son nouvel objectif mais les Blargs étaient un obstacle. Quand les humains entrèrent en guerre, c’était pour étendre le pouvoir de Brynnse sur les colonies libérés, mais les lombax sont apparu, très fort et les plus avancé technologiquement. Ils étaient le frein à tout coup d’état pour Brynnse. Alors quoi de mieux que de faire copain-copain, le temps d’une bataille et lorsque Brynnse en aurait fini, il les aurait asservir comme toute la galaxie. En cas de résistance, il les aurait éradiqués de la galaxie.
- Renversé une dictature est une chose, exterminés une race entièrement n’a jamais été à notre portée, ni pour moi, ni pour Brynnse.
- A ton avis, comment a procédé mon illustre père ? Alors qu’il n’a rien créé, juste utilisé ce qu’il avait à porter de mains.
Ces mots fusillèrent l’esprit du général.
- Il y avait deux bombes…
- Enfin, tu comprends, s’esclaffa Devor! L’accident de Todanduf a eu lieu quelques mois avant la signature de l’alliance. A cette occasion, qu’est ce que Brynnse en personne a offert aux lombax ?
- Un monument de bravoure dédié aux lombax pour celer cette nouvelle amitié… répondit le général, le visage sombre, qui avait tout compris.
- Un cadeau piégé ! Mon père n’a jamais déposé la bombe, elle était déjà là depuis plus de 3 siècle.
- La Générale le savait ?
- Pas pour la seconde bombe, Brynnse ne lui a rien dévoilé. Il lui a certainement évoqué la nécessité de neutraliser les lombax, une fois les Blarg, hors d’état de nuire, mais l’histoire a montré qu’elle n’était pas digne de lui. La bombe a été oubliée jusqu’à ce que mon père découvre les enregistrements.
Le général reste sans voix, Ratchet aussi, très silencieux, mais bouillonnait de rage.
- Bien ! Maintenant que les grandes révélations sont faites, se réjouit Devor. Je vais vous tuer, remonter, prendre le contrôle de ma nouvelle armée et imposer ma domination à la galaxie.
- Tu crois pouvoir t’en sortir aussi facilement, lança le général qui sorti l’épée qu’il portait à la ceinture.
- Ho ! Serait-ce l’épée légendaire des Brynnse, dommage qu’elle ne soit faite que d’acier.
Devor sortit, à son tour, un manche et un rayon de lumière sortit formant la lame de l’arme.
- Cette arme d’un second âge n’a pas la moindre de chance contre mon sabre laser, donc oui, ça sera facile.
- Ne t’inquiète pas pour ça, cette arme a su vivre avec son temps depuis 4 siècles.
Deux petits filaments de lumière sortirent du manche et s’enroulèrent autour de la lame en acier tel des serpents, formant une barrière protectrice ramenant le rapport de force des deux armes à égalité. De son coté, Ratchet sortit sa clé, prêt à venger les siens. Devor le remarqua et l’arrêta.
- Attends un peu, Lombax ! Equilibrons le match. Le rat ! Rends-toi utile et occupes-toi de lui.
Une silhouette dissimulée dans l’ombre, que personne n’avait remarqué, se décolla du mur. Elle était petite, elle s’avança avec une sorte de sceptre à la main. Lorsqu’elle sortit de l’ombre, la stupeur fut immense. C’était un lombax ! Il semblait âgé, son pelage était grisonnant et son corps était couvert de cicatrice où les poils ne poussaient plus. Son allure était celle d’un soldat, hautement gradé à en voir son armure qui était dans le même état que son porteur. Il avait une mine affreuse, il devait avoir beaucoup souffert, mais de quoi ? De la guerre ou de la torture ? Peut-être les deux ?
Devor profita de la surprise provoquée pour lancer la première attaque contre Brynnse, mais le général bloqua l’attaque. Le duel débuta. Le lombax se jeta à son tour sur Ratchet qui n’essaya pas de contre-attaquer, il ne pouvait pas se battre contre l’un de ses semblables. Il se contenta d’esquiver les attaques du vieux lombax pourtant très vif pour l’âge qu’il donnait. Ratchet tenta de le raisonner, mais en vain. Ce lombax n’éprouvait aucun sentiment à l’égard de Ratchet, juste une envie insatiable de tuer.
De l’autre coté de la pièce, les sabres s’entrechoquaient dans un vacarme électrique. Les deux adversaires étaient de redoutable combattant, esquivant au bon moment les attaques et profitant des meilleures occasions pour contre-attaquer. Il était difficile de pronostique l’issus du combat.
Soudain le général fut déconcentré. Ratchet s’était prit un retour de bâton dans la figure, le projetant contre le mur, son adversaire se jeta sur lui et le bloqua contre le mur avec son sceptre. L’extrémité du sceptre, en forme de clé, généra une boule de tesla et commença dangereusement à se rapprocher de la tête, sans casque, de Ratchet.
Ce bref moment d’inattention du général profita à Devor pour utiliser une habile technique qui désarma le général et le fit tomber au sol, à la merci de son ennemi.
Ratchet manquait de souffle et la sphère n’était plus qu’à quelques poils, il sentait les petites décharges électriques lui hérissé les poils. C’est alors que Ratchet remarqua de faible inscription sur l’armure du lombax, Ratchet ne savait pas lire ces inscriptions, mais il entendit une voix dans sa tête, lui soufflant un nom.
- Général… Fluxuan ? Romaniv Fluxuan, lâcha Ratchet à bout de souffle.
Le regard du lombax s’élargit, il lâcha subitement son emprise, le regard perdu comme si il venait de d’émerger d’un cauchemar. Les inscriptions de son armure et de son sceptre s’illuminèrent faiblement, comme si elles renaissaient. Il prononça quelques mots.
- Tu… Qu’est-ce que… Tu es un lombax ?
- NnnnOOONNNN !
Ce cri fut celui de Devor alors qu’il s’apprêtait à achever son adversaire à terre.
- J’ai mis tant de temps à le soumettre.
Devor attrapa un poignard à sa ceinture et le lança vers le lombax, qui se retourna malencontreusement face à son ancien maitre. La lame du poignard transperça l’armure, déjà très endommagé, au centre d’un médaillon placé en face du cœur. Le lombax s’effondra à genou.
Ratchet dans un excès de désespoir, sorti son lance-missile, mais il n’attendit pas que le verrouillage automatique soit prêt et tira, alors que son ennemi n’était même pas dans son angle de tir. La roquette sortit du canon, mais fut tout de suite dévié par les protections de la salle. Malheureusement pour Devor, il se retrouva dans la nouvelle trajectoire du projectile. Le général Brynnse, au sol, fut projeté par la déflagration, mais eu le reflet de protéger son visage du soufle. Quelques secondes plus tard, le nuage de fumée se dissipa laissant un sol noirci où se tenait, il y a peu, le chef de la rébellion.
Ratchet se précipita vers le lombax, qu’il rattrapa dans ses bras.
- Jol… Joli tir, garçon… Tu fai… honneur à notre race.
- Ne dites rien, je vais vous soigner. Braindy ? J’ai besoin de nanotechs ! Braindy, répond-moi ! par pitié…
- Laisse… C’es,… c’est fini pour moi… je vais rejoindre les notre… enfin…
- Non ! Pas maintenant, j’ai tellement de questions sur les lombax. Tenez bon. Braindy !
- Dés… Désolé… Ne fais jamais… jamais… confianc… aux humains…….
Le lombax lâcha un dernier soupir et son regard se ferma. Les inscriptions lumineuses s’effacèrent de nouveau, jusqu’à disparaitre à tout jamais avec l’âme du guerrier lombax.
Le général Brynnse se releva péniblement, l’uniforme noircie et assista à la scène. Il attendu de longues minutes avant de se décider à refermer le tombeau, de façon à sécuriser la bombe. Il jeta un dernier regard sur la dépouille de son ancêtre reposant derrière le verre de protection, son regard trahissait un sentiment de déception et de dégout envers son aïeul, puis il repartit vers escalier. Il s’arrêta un bref instant et lança à l’attention de Ratchet, un simple « je suis désolé » et remonta les marches.
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