A light in a darkened world - Chapter 1

Je ne m'étais jamais demandé jusque maintenant ce que ça pourrait faire de ne pas être un solitaire… J'allais avoir ma réponse

Le cazar s'avançait, seul, dans cette ruelle déserte. La planète entière était déserte. Il n'était pas venu seul; il appartenait à un groupe de militaires. Il préférait être seul.

-Eh, tu fous quoi là? cria une voix au loin
-J'observe, répondit le cazar d'une voix ténébreuse
-T'es toujours en train d'observer, tu veux pas venir avec nous un peu?
-Pourquoi?
-Bah pour te changer les idées.
-Je suis mieux tout seul.
-Ryll, sérieusement, arrête de te croire le plus fort de la galaxie, c'est exaspérant.

Ryll se retourna sec, pour observer les deux lunes qui brillaient dans ce ciel noir. Les deux nuances nacres se mélangeaient pour former une lumière d'une couleur unique, une merveille pour les yeux. Tout lui paraissait merveille, de toute façon. Il en avait vu, des horreurs dans sa carrière. Il s'assit sur un rocher pour mieux contempler ce spectacle. Que de souvenirs lui remontaient… Il les chassa d'une pensée, cette pensée, la pensée de la liberté. Être libre, ne plus supporter ces gens qui le harcelaient sans cesse pour "avoir de la compagnie".

Je vois franchement pas l'utilité de se mettre à plusieurs. Comme la quasi-totalité des gens sont hypocrites, à quoi cela sert? Quand bien même ils seraient sérieux, le lendemain ils ont déjà oublié. "Plus on est de fous, plus on rit"… Je devrais peut-être leur montrer c'est quoi, la vie, cette souffrance continue, qui ronge l'âme, déjà ternie par les atrocités que nous faisons. Ce vide, ce manque, la mort qui guette la moindre occasion, même infime. Se laisser distraire, c'est baisser sa garde, c'est comme donner le couteau au tueur: c'est insensé.

Un pleur le sortit de ses pensées. Un pleur? Cette planète n'était pas censée être déserte? Méfiant, il prit son arme et écouta attentivement. C'est un enfant. Par le diable que fait-il ici? Ryll s'approcha des pleurs et vit la scène: une jeune Cazar d'une demi douzaine d'années, devant les cadavres déchiquetés et meurtris de ses parents. Ce n'était pas un pleur de dégoût par l'état immonde de la boucherie, mais un pleur de tristesse. Elle ne fut pas surprise de voir le soldat arriver.

-Je les connaissais… dit Ryll
-C'est vrai?
-Non. Mais si je les avais connu, j'aurai été triste.

La fille le regarda sombrement.

-Je les hais. Je veux les tuer, leur arracher les yeux, leur faire perdre tout espoir de bonheur.
-Pour les deux premiers, c'est à mon groupe de le faire, mais pour le troisième, je m'en occupe.
-C'est bon, arrête tes vannes. Tu penses que ça me fait rire? Tu crois que c'est facile de perdre un être cher? Toi t'es toujours tout seul, je t'ai vu. T'as jamais eu personne, et t'auras jamais personne. Qui s'intéresserait à toi de toute façon?
-Tais-toi!
-On dirait que j'ai touché un point faible?
-Dernière fois: tais-toi.
-Susceptible apparemment. Je…

Pas eu le temps de finir sa phrase. Plus le temps de rien. La balle a fusé et a percuté l'épaule droite de la fille. Elle tomba à genoux, essayant de retenir le flot de sang avec ses mains. Une larme coula sur sa joue.

-Désolée… Je suis désolée…

Ryll s'en alla doucement, la rage dans les tripes. Il regardait les dans les yeux la fille, qui mourrait. Elle pleurait. Puis elle s'en alla dans un monde sans doute meilleur. Et juste avant de mourir, elle lui dit "Merci"