Author: Arayn
Quelque-part au milieu du secteur de Vela, une immense station avançait lentement dans le vide spatial. Sous la forme d'un cylindre de plus d'un kilomètre de long, le Centre de détention de Vartax représentait l'autorité des Forces Défensives de Polaris pour tous les hors-la-loi. Sa silhouette sombre parsemée de hublots se découpait sur la nébuleuse de Bregus. Le pont de contrôle se situait sur une nacelle séparée du corps principal par plusieurs pylônes. Bien que la station soit équipée des dernières technologies de camouflage et se déplace régulièrement d'un secteur à un autre, la garde devait rester sur le qui-vive en permanence pour éviter une éventuelle attaque, qu'elle vienne de l'extérieur ou de l'intérieur.
Ce soir-là, un robot de guerre se tenait sur le fauteuil de la salle de surveillance. Issu d’une ancienne série de modèles de combat, il avait travaillé toute sa vie pour les Rangers Galactiques, avant de prendre sa retraite en devenant gardien de prison. Certains trouvaient cette idée étrange, mais il avait toujours refusé une remise à neuf. Il voulait ressentir le passage du temps, contrainte que beaucoup de ses semblables préféraient éviter en faisant changer leurs pièces pour de nouvelles améliorations. Il disait à qui voulait l'entendre que la "vieillesse" d'un robot ne résultait pas de la dégradation de son logiciel, mais qu'il s'agissait d'un processus naturel, inscrit dans le programme de base de toute vie synthétique, que les réparations ne faisaient qu'occulter alors qu'il était nécessaire pour se sentir "vivant". En arrivant sur Vartax, il s'était retrouvé face aux derniers modèles de gardiens de sécurité, équipés de toutes les technologies de pointes de GruminNet. Il avait fallu qu'il se fasse une place et prouve qu'il était digne de son cursus militaire. Il était devenu simple gardien de prison, mais cette fin de carrière lui convenait.
Cependant, de toutes les fonctions émotionnelles qu'il avait débloquées dans son programme, il regrettait toujours d'avoir activé "l'ennui", surtout quand il le ressentait. Après quatre heures de veille dans la salle de surveillance, il était presque sûr de ressentir des courbatures dans ses articulations en fibre de carbone pourtant dépourvues de récepteurs sensoriels. Heureusement, il finit par entendre la porte s'ouvrir. Il se retourna sur sa chaise et découvrit le garde qui allait prendre sa relève : Harlan Jayx, un jeune Cazar, fraîchement débarqué de l'académie militaire. Il s'était lié d'amitié avec le vieux robot, qui trouvait toujours moult anecdotes sur ses années de service à lui raconter. Son uniforme était impeccable et ses bottes cirées, les tresses sur sa fourrure couleur argile trahissant son appartenance aux clans du Noyau. Il se présenta devant le vétéran et serra vigoureusement la main qu'il lui tendait.
- Blaze, lui lança-t-il, on ne s'était pas croisés depuis un bon bout de temps ! C'est un plaisir de vous revoir.
- Plaisir partagé, répondit le robot.
On ne se souvenait que rarement de son matricule complet, il se faisait appeler par les cinq premiers chiffres, 8L-473. Tu tombes à pic, je commençais à avoir de la pitié pour les âmes en peine dans ces cellules.
- Une bonne chose que je vienne vous remplacer alors. Dois-je comprendre qu'il ne s'est rien passé ?
- Absolument rien, affirma-t-il en secouant la tête. Ah si, on a des pirates de l'espace qui ont commencé à se battre lors de la promenade. Rien de bien inquiétant.
- En parlant de pirates, dit le Cazar en s'appuyant sur le bureau à côté de la porte, j'ai appris qu'Ardolis avait été attaquée par les Lokis.
- Vraiment ? Je croyais qu'ils avaient surtout une dent contre les organiques... Comment dis-tu qu'ils s’appellent ?
- Les Lokis. L'Amirale Apogée l'a communiqué ce matin.
- Je savais bien qu’on n’avait pas affaire à des ennemis ordinaires. Qu'est-ce qu'on sait sur eux ?
- Pas grand-chose, en dehors des observations actuelles. Ils semblent vouloir récupérer des fragments de cristal, les Forces Défensives ont reçu l'ordre de les en empêcher. J'ai entendu dire qu'il s'agissait des morceaux de leur planète, qui aurait été détruite il y a longtemps.
- Étrange... C'est peut-être en rapport avec le Déplanétiseur, à moins que ce ne soit la faute d'Artémis Zogg... Et tu les tiens d'où ces infos ?
- Des rumeurs, répondit-il en se grattant la tête. J'ai aussi entendu dire qu'on aurait capturé un groupe de Cragmites.
Il avait lâché sa phrase en regardant le sol, mais il releva les yeux au bruit de fracas qui suivit : son ami venait quasiment de tomber de da chaise. Il se pencha pour l'aider mais le robot s'était déjà redressé.
- Des Cragmites tu dis ? Tu en es sûr ?
- Je vous l'ai dit, ce ne sont que des rumeurs. Désolé de vous avoir flanqué la frousse.
- Je n'ai pas... commença-t-il, avant de se renfrogner en voyant le regard amusé de la jeune recrue. Bon d'accord, peut-être. C'est que tu ne l'as pas connu, toi. Le règne de Tachyon.
- Croyez-moi, il n'est pas nécessaire de combattre les Cragmites pour être horrifié. Je suis désolé. Je devrais prendre la relève et vous laisser tranquille.
- Ce n’est rien, répondit le robot en balayant l'air de sa main. Je me suis réglé trop sensible. Mais tu as raison. J'ai besoin d'une pause.
Sur ces mots, il se leva et sortit de la salle, avant de faire demi-tour.
- Ah, et cette histoire de Cragmites. Je ne sais pas d'où vient cette rumeur, mais je pense que c'est mieux qu'elle ne s'ébruite pas trop.
- Compris.
Satisfait, il commença à repartir en direction des quartiers de l'équipage. Mais alors qu'il sortait de la salle de surveillance, son collège l'interpella.
- Euh, je crois qu'on a un problème.
***
Vendra Prog, les yeux fermés, percevait tout ce qui l'entourait. Le sol froid sous ses jambes. Les barreaux de sa cellule derrière elle, et le garde qui patrouillait sur le chemin de ronde. Son frère Neftin sur sa droite. La caméra sur sa gauche. Le vide spatial devant elle, éloigné par plusieurs épaisseurs de métal. En se concentrant, elle élargit sa conscience sur tout l'étage. Dans sa tête, une carte de la station se forma : le quartier carcéral, situé à la poupe, était arrangé en couches. Deux rangées de cellules entouraient un couloir formant un premier anneau externe. Un autre anneau plus petit était incrusté dans le premier, et une dernière rangée de cellules munie d'un simple chemin de ronde faisait face à l'axe central du cylindre. Cette structure se répétait sur des centaines d'étages, reliés entre eux par plusieurs ascenseurs. Chaque anneau était séparé par un sas blindé, permettant de limiter les risques d'émeute. Elle sentait les vibrations de la coque, le crissement de l'ascenseur, les autres prisonniers. Sans même s'en rendre compte, elle se mit à léviter. Neftin releva les yeux de son livre pour l'observer. En une fraction de seconde, elle l'avait lu et pouvait le résumer. Un traité sur la physique quantique. À en juger par l'état de la couverture, ce n'était visiblement pas un ouvrage de référence pour la population de Vartax. Elle ouvrit les yeux et fixa ses mains au creux de ses jambes, toujours en tailleur. Des étincelles jaillirent de ses paumes et commencèrent à tourner, formant un halo violet entre ses mains. Elle plaça un noyau brillant au centre du nuage de particules. Au bout de quelques secondes, un atome géant tournoyait devant elle, créé par sa seule volonté. Elle conserva sa sculpture pendant plusieurs minutes. Elle dut se concentrer de plus en plus pour maintenir la structure, à tel point que son environnement se réduisait désormais à l'énergie qu'elle contrôlait. Cependant, la puissante voix de son frère la ramena à la réalité.
- Vendra, arrête ! criait-il.
Elle tourna la tête et vit son frère en train de flotter dans la cellule, ainsi que son livre et divers objets. Elle relâcha la pression et la sphère d'énergie disparut. Par la pensée, elle redéposa délicatement Neftin et son livre à la bonne page. Dans le couloir, le garde qui venait d'atterrir donna quelques coups de matraque sur les barreaux pour attirer son attention.
- Hé Miss Prog, on vous a autorisé à utiliser vos pouvoirs, mais si vous dégradez le matériel, on va devoir vous remettre en confinement.
- Je sais, s'excusa-t-elle. Cela ne se reproduira plus.
Vendra se leva et s'assit sur sa couche, en face de son frère. Après avoir vaincu les Néthers, ils s'étaient rendus aux autorités. Leur aide tardive contre l'invasion n'avait que peu impacté leurs multiples peines d'emprisonnement à vie, et ils avaient atterri sur Vartax. Au début, elle était maintenue en confinement avec Neftin, mais leur bonne conduite avait fini, après beaucoup de temps, par convaincre les responsables de leur donner plus de libertés. Depuis qu'elle le pouvait, Vendra s'exerçait à récupérer ses pouvoirs. Mr. Œil, le maître des Néthers, avait coupé le lien qui lui permettait de puiser dans l'énergie du Nétherverse après leur trahison, mais elle avait réussi à le reconstruire. Comme il s'agissait de sa principale occupation, elle passait ses journées à s'entraîner, atteignant un niveau de puissance qu'elle n'avait jamais soupçonné. Malheureusement, le cadre strict de la prison entravait ses progrès, et elle rêvait de liberté. De plus, elle devait porter un collier qui bloquait ses pouvoirs si elle dégageait une trop grande puissance. Neftin et elle avaient envisagé de s'échapper pour s'installer sur une planète déserte, où personne ne les trouverait, mais son frère était trop attaché à l'idée de rédemption pour la suivre, et restait persuadé que leur place était dans cette station. De son côté, elle ne voyait pas vraiment comment croupir en prison allait leur permettre de se racheter, et cette situation la frustrait. Elle s'allongea et se mit à jongler avec quelques orbes d'énergie. En essayant de ne pas entrer à nouveau en transe, elle ajouta de plus en plus d'orbes, jusqu'à-ce qu'un picotement à la frontière de son esprit lui fasse perdre sa concentration. Alors que l'énergie se dissipait, elle se redressa et étendit son champ de perception. Un vaisseau approchait de la station.
***
- Je répète, ici le Centre de détention de Vartax, identifiez-vous !
Le Cazar attendit, mais aucune réponse ne vint. Derrière lui, Blaze fixait l'image du destroyer markazien, qui n'avait toujours pas entamé les manœuvres d'amarrage.
- Sonne l'alerte, ordonna-t-il calmement.
Harlan hésita une seconde, observa les relevés des senseurs, puis déclencha l'alarme générale. Les gardes de veille se hâtèrent vers le quartier carcéral pour sécuriser les prisonniers, tandis que d'autres armaient les tourelles de défense. Tout le personnel fut réveillé par la sonnerie, mais il faudrait plusieurs minutes aux plus endormis pour s'équiper. Blaze dégaina sa Bobine Tesla et sortit de la salle.
- Je rejoins le quartier des prisonniers.
- Ça marche. Je vais rester ici et vous tenir au courant de la situation.
- Je vais t'envoyer des renforts. Assure-toi de rester en vie d'ici là !
Sur ces mots, Blaze partit, l'arme au poing. Harlan posa son Foudroyeur sur la table, à portée de main. Le destroyer se positionna parallèlement à la station. Le Cazar saisit son communicateur et se brancha sur le canal principal.
- À tous l'équipage, attaque imminente à bâbord !
Le destroyer fit feu de toutes ses batteries. Les décharges de plasma illuminèrent la voûte céleste, et une demi-douzaine de missiles Kraken se divisèrent en centaines de bombes, frappant l'écran défensif sur toute sa surface. Harlan se cramponna à son siège alors que toute la station encaissait le choc. Il entendit les informations fuser par la radio.
« - Bouclier bâbord à trente pourcents, intégrité totale réduite d'un tiers des capacités !»
« - Feu à volonté !»
« - Plusieurs modules auxiliaires ont été endommagés !»
« - Qu'on envoie quelqu'un rétablir les communications longue distance !»
Sur les écrans, il apercevait des chasseurs émerger du hangar et se diriger vers l'ennemi, alors que les tourelles commençaient à tirer sur le destroyer. Un coup d'œil sur les caméras du quartier carcéral lui donna un aperçu du chaos qui régnait là-bas. Les prisonniers s'agitaient, et les gardes faisaient de leur mieux pour les calmer. Heureusement, les cellules restaient fermées, pour le moment. Il essaya de trouver Blaze, mais une nouvelle alarme attira son attention.
***
Un second destroyer émergea de l'hyperespace de l'autre côté de la station, et lâcha une nouvelle pluie de feu. Au centre de contrôle de Vartax, au sommet de la tour centrale, le directeur essayait de reprendre le contrôle de la situation. Les destroyers étaient trois fois plus petits que la station, mais ils étaient conçus pour s'attaquer à des cibles plus imposantes.
- Utilisez seulement les tourelles légères contre l'ennemi à tribord et concentrez la puissance de feu principale sur le premier destroyer ! Lieutenant, où en sont les renforts ?
- Le signal de détresse a bien été envoyé, répondit l'intéressé. Mais l'avant-poste le plus proche est à plus de deux mille parsecs, il leur faudra des heures pour arriver.
- Hyperpropulsion ?
- Encore quelques minutes pour calculer le saut.
- Très bien. Il suffit de tenir jusque-là. Que tous les chasseurs concentrent leurs tirs sur leur armement !
- Monsieur, je détecte une sortie d'hyperespace droit devant !
Le troisième vaisseau qui venait d'apparaître était plus petit que les autres, mais nettement plus solide. Il s'agissait d'un cargo tharpod blindé, reconnaissable à ses formes plus arrondies que les vaisseaux markaziens. Lancé à pleine vitesse, il fonçait droit sur la station. Le directeur, les poings sur la table du radar, comprit soudain ce qu'ils avaient en tête.
- Quel est l'état du bouclier ?
- Vingt pourcents d'intégrité totale.
- Basculez toute la puissance à l’avant ! Que toutes les tourelles ciblent ce cargo.
- Mais Monsieur, nos flancs vont se retrouver sans défense...
- Ce ne sont pas nos flancs qu'ils visent. Évacuez le pont immédiatement et préparez-vous à l’abordage !
Malheureusement, le vaisseau allait trop vite pour leur en laisser le temps. Il longea le corps cylindrique de la station en quelques secondes, et s'écrasa sur la tour de contrôle. Le bouclier déjà affaibli céda sous le choc et le cargo s'enfonça dans la tour dans un fracas de métal déchiré et de verre brisé. Au quartier carcéral, l'équipage comme les prisonniers encaissèrent l'impact.
Vendra déploya un champ de force par réflexe, et son frère et elle furent projetés dans un coussin d'air.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? lui demanda Neftin.
- La station a percuté un vaisseau blindé, répondit-elle, les yeux fermés. Les destroyers sont...
Elle s'interrompit. Il lui semblait percevoir des murmures, venus du fond de son esprit. Elle essaya de comprendre ce qu'ils disaient mais le chaos ambiant l'empêchait de se concentrer.
- Vendra !
Neftin lui secoua délicatement l'épaule, ce qui lui fit l'effet d'une gifle. Elle se retourna brusquement, et vit son frère pointer la paroi de la prison du doigt.
- On ne doit pas rester ici !
Les deux destroyers s'étaient arrimés à même la coque de la station. Plusieurs brèches s'ouvrirent, faisant déferler une horde de possédés. Les cellules de la couche externe étaient les plus proches du vide spatial et furent les premières envahies. Les prisonniers sans défense ne purent pas résister longtemps et les Lokis en prirent le contrôle. Les gardes situés dans le couloir activèrent les champs de force d'urgence, qui cédèrent sous les étranges pouvoirs des Lokis. Très vite, l'attaque se répandit de quelques cellules à tout l'étage. Les robots étaient systématiquement tués, et les autres servaient de réceptacle aux créatures.
Quelques étages en dessous de la première brèche, dans l'anneau central, Blaze venait de verrouiller le sas de sécurité, et des gardes s'étaient placés derrière plusieurs barricades. Le robot passait devant chaque cellule pour s'assurer de l'état des champs de force, et en profitait pour tenter de communiquer avec la tour de contrôle, mais il n'obtenait aucune réponse. Soit tout le monde était mort, soit personne ne pouvait lui parler. Dans les deux cas, la situation était dramatique. En continuant à passer en revue tous les canaux radio, il fut interpellé par un homme à la carrure massive. Il reconnut Neftin Prog. Après un rapide regard pour s'assurer que sa sœur était toujours dans la cellule, il se tourna vers le géant.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, on essaie de sauver votre peau.
- Justement, répondit Neftin. On aimerait bien vous aider. Vous devez retirer le collier de confinement de Vendra et libérer les prisonniers.
A cette idée, le robot s'esclaffa malgré lui.
- Et puis quoi encore ? Vous ne voulez pas aussi une navette avec déjeuner au lit ?
- Ce ne serait pas de refus, dit Vendra. Mais sans aide, vous allez perdre la station.
Blaze marqua une pause. Les portes blindées subissaient les coups répétés des Lokis. Partout autour de lui résonnaient les cris des gardes massacrés et des prisonniers incapables de se défendre. Les jumeaux Prog n'avaient pas tort.
- OK, mais même si je le voulais, je ne peux pas ouvrir les cellules d'un claquement de doigts.
Comme tous les hauts gradés étaient portés disparus, il devenait le commandant de la station. Mais l'ouverture des cellules se faisait par contrôle manuel à distance depuis que Ratchet et Clank s'étaient évadés en prenant la clé d'un garde. Il lui fallait quelqu'un sur place. En se retournant vers le sas, il fit une nouvelle tentative.
- Centre de contrôle, vous me recevez ? Harlan, répond !
***
L'alarme de sa combinaison réveilla le jeune Cazar. Encore étourdi, il regarda autour de lui. Il dérivait dans le vide spatial. Son casque s'était déployé automatiquement en absence d'atmosphère. Pourtant, il avait du mal à respirer. Alors qu'il commençait à avoir le vertige, il chercha la source de l'alarme : un éclat d'acier était enfoncé dans son mollet, et l'air s'échappait par le trou. Nauséeux, il saisit maladroitement l'éclat et l'arracha d'un coup sec. Bien que le manque d'air ait un effet anesthésiant, la douleur qu'il ressentit n'en fut pas moins cuisante. À tâtons, il chercha son spray de Nanotechs coagulant, alors que l'air se faisait de plus en plus rare. En essayant de rester conscient, il décrocha le spray, mais ses doigts engourdis par le froid qui s'introduisait dans la combinaison laissèrent échapper la capsule. Pris de panique, il gesticula dans le vide pour la rattraper. Il finit par y parvenir, mais sa vision était si troublée qu'il ne voyait même plus le niveau d'oxygène affiché sur sa visière. Au bord de l'évanouissement, il appliqua la substance curative sur sa jambe. Les Nanotechs colmatèrent le trou et soignèrent la blessure. Harlan, soulagé par la douce chaleur qui se propageait dans sa jambe, vit le niveau d'oxygène remonter.
Prenant le temps d'observer où il se trouvait, il remarqua qu'il avait été projeté hors de la tour de contrôle par la collision. Des milliers de débris flottaient autour de lui. À quelques centaines de mètres, le sommet de la tour avait été remplacé par l'énorme cargo, comme une tumeur accrochée à la station. Au-dessus de lui, à l'envers, le reste de la prison était sérieusement endommagé par les deux destroyers qui s'y étaient arrimés. Il alluma son unité-Nav en quête de survivants. Il n'en détecta aucun aux alentours, et sa radio était cassée. S'aidant des microréacteurs de sa combinaison, il se déplaça vers le cadavre le plus proche. Arrivé à destination, il récupéra sa radio, tout en prenant garde à ne pas regarder son visage. Il ne tenait pas à savoir s'il connaissait la créature, et pouvait seulement espérer que sa mort avait été rapide. Il se rebrancha sur le canal général, et entendit aussitôt la voix de Blaze.
« - Harlan ! Bon sang, dis-moi que tu es en vie !»
- Blaze, ici Harlan. Je confirme.
« - Je suis content de l'entendre, petit. Désolé de te presser, mais j'aurais besoin de ton aide. »
- Que dois-je faire ?
« - Tu vas te rendre au centre de contrôle du quartier carcéral, ouvrir toutes les cellules puis m'apporter la clé du collier de confinement de Vendra Prog. »
- Pardon ?! Tu... c'est les Lokis qui t'embrouillent l'esprit, c'est ça ? À moins que ce ne soit cette sorcière...
« - Harlan, je suis un robot, ils ne peuvent rien contre moi. J'ai besoin que tu me fasses confiance, ou on mourra tous.
Le Cazar entendit plusieurs tirs fuser à côté de son ami.
« - Je dois te laisser, on se retrouve vite !»
Harlan hésita quelques secondes, mais la situation pouvait difficilement empirer. Encore sous le coup de sa blessure, il se propulsa en direction du pied de la tour de contrôle, en tâchant d'éviter les débris les plus dangereux. Il lui fallut plusieurs minutes pour arriver à un sas dans lequel il s'engouffra. Il se rendit compte qu'il était sans armes et se maudit de l'avoir posée sur la table. Elle devait désormais flotter au milieu des milliers de débris. Prudemment, il sortit du sas. Le couloir de maintenance était vide, seulement illuminé par l'éclairage d'urgence qui teintait la zone de rouge. Il se dirigea vers le casier d'urgence le plus proche et entra son code de sécurité biométrique. À l'intérieur se trouvaient une trousse de secours, quelques accessoires de survie et un pistolet paralysant. Il prit tout le matériel et repartit le plus vite possible vers la salle de contrôle. En courant dans le couloir principal, il vit soudain une porte s'ouvrir, une quinzaine de mètres plus loin. Instinctivement, il se jeta derrière une cloison et se plaqua contre le mur, l'arme au poing. C'était un groupe d'une vingtaine d'individus d'espèces différentes, venant tout droit de la zone de crash. Ils devaient être arrivés à bord du cargo. La plupart partirent en direction du quartier carcéral, mais trois d'entre eux, deux Terraklons et un Agorien entrèrent dans la salle de contrôle. Harlan jura et prévint Blaze de l'arrivée de renforts ennemis, puis s'approcha de son objectif.
La salle de contrôle ressemblait à un grand mirador plaqué au sol. Une rangée de vitres permettait de voir ce qu'il se passait à l'intérieur, mais aussi dehors. Harlan avança donc en rampant jusqu'à-ce qu'il soit hors de vue, puis se plaqua contre la porte latérale et jeta un coup d'œil par la petite fenêtre. Une cloison sur la droite masquait la salle, mais personne ne se trouvait dans l'entrée. Il ouvrit la porte, sans se soucier du bruit, couvert par le hurlement de l'alarme. En longeant la cloison, il se prépara à attaquer, quand une main plus grosse que sa tête traversa la fine paroi de métal et attrapa son épaule. Il fut tiré en arrière et traversa la cloison qui se déchira comme du papier. Il sentit les morceaux de métal l'écorcher en plusieurs endroits. L'Agorien qui l'avait saisi le tenait en l'air comme un chiffon, et se préparait à lui décocher un coup de sa main libre. La vive lumière rouge fit ressortir les veines violettes qui apparaissaient autour de son poing. Heureusement, Harlan n'avait pas lâché son arme. Il enfonça le canon entre les dents du monstre et tira plusieurs fois. Assommé, l'Agorien le lâcha et s'effondra. Les deux Terraklons se jetèrent sur lui. Il réussit à en envoyer un au sol mais son arme émit un cliquetis désagréable quand il voulut tirer sur l'autre, qui le percuta et le plaqua au sol. Harlan se débattit alors que le Terraklon commençait à l'étrangler. Cherchant désespérément un objet pour l'aider, ses mains finirent par trouver un morceau arraché de la cloison de l'entrée. Il se saisit du métal tranchant et l'abattit sur la tête de son ennemi qui, surpris, relâcha sa prise. Cela galvanisa Harlan, qui frappa sans relâche, en hurlant, jusqu'à-ce que le Terraklon recule et tombe à genoux, une main sur son œil en sang. Essoufflé, le Cazar s'avança, prêt à porter le coup fatal, mais quelque chose retint son geste. Il lui semblait voir quelque-chose dans les yeux du possédé. De la peur ? Une émotion simulée pour le troubler ?
Soudain, son adversaire se releva, prêt à répartir à l'assaut. Sans lui en laisser le temps, Harlan abattit une dernière fois son arme de fortune sur le crâne du Terraklon, qui s'effondra, mort. Il lâcha le morceau de métal et s'approcha de la console de commandes. Sans hésiter, il ouvrit toutes les cellules de la prison. Une intense clameur monta du quartier carcéral. Il copia ensuite le code de libération de Vendra Prog sur une clé électronique. Il tendit la main vers le dispositif et remarqua soudain qu'elle était recouverte de sang. Pas le sien, car celui-ci était vert. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c'était le sang du Terraklon qu'il avait battu à mort.
L'adrénaline avait disparu et la réalité le frappait en plein visage. Le Terraklon pouvait être n'importe qui, du pire criminel au citoyen le plus exemplaire, mais il n'avait pas décidé d'attaquer la prison. Le coupable était le Loki qui le contrôlait. En réalité, il venait de massacrer un innocent. Tous ceux qui étaient sous le joug des Lokis, partout dans la galaxie, se rendaient coupables de crimes qu'ils n'avaient pas commis. Harlan n'avait encore jamais participé directement au conflit et ne s'en rendait compte qu'à cet instant. Les mains tremblantes, il saisit la clé et repartit vers le quartier carcéral.
***
Neftin était comme un Grungoth dans un magasin de porcelaine. Dès que la cellule s'était ouverte, il avait chargé les Lokis qui venaient d'enfoncer la porte, bousculant au passage le robot de sécurité. Face à sa force de géant, même les plus gros Agoriens ne firent pas le poids. Quand il eut fini, il retourna vers la cellule et aida le robot à se relever.
- Merci, lui lança Blaze. Mon collègue devrait arriver d'une minute à l'autre avec la clé, mais vous allez devoir me montrer qu'on ne vous a pas tous libérés pour rien. Vous avez une idée pour arrêter ce foutoir ?
Vendra étendit sa conscience. Elle voyait les esprits des prisonniers et des gardes réduits au silence par les Lokis, partout sur la station. Même en donnant des armes à tous les prisonniers, les assaillants étaient trop nombreux et leur nombre ne cessait de croître. Mr. Œil n'avait jamais partagé avec elle son pouvoir de télépathie, et elle avait dû s'entraîner sur les occupants de la prison, sans oublier le collier de confinement. Elle se concentra pour tenter de trouver une faiblesse dans l'esprit des Lokis, mais se heurta à une immense toile d'araignée mentale. Tous les esprits paraissaient reliés entre eux. Elle essaya de pénétrer dans l'un d'eux. Écartant les brins de pensée les uns après les autres, elle progressa péniblement jusqu'au cœur, luttant contre le collier qui l'entravait. Soudain, les murmures se transformèrent en hurlements. Bloquée par le collier, elle fut incapable de se défendre contre la déferlante mentale qui la submergea. Les Lokis s'infiltrèrent dans sa tête, fouillant les moindres recoins de son esprit. Une vive lumière l'aveugla, elle tituba avant de basculer en arrière. Quelque-chose la retint de tomber, mais elle ne sentait pas sa présence. Elle était noyée sous la puissance écrasante des Lokis. Puis, elle sentit un contact derrière sa nuque, et une autre force s'opposa aux créatures. La sienne. Puisant dans ses ressources, elle repoussa la vague, qui résistait férocement. Son pouvoir gagnait en intensité à mesure qu'elle gagnait du terrain. Alors, aussi soudainement qu'il avait commencé, le vacarme prit fin. Les Lokis se retirèrent et Vendra reprit le contrôle de son corps. Rouvrant les yeux, elle discerna le visage d'un jeune Cazar. Son collier, désactivé, s'ouvrit et tomba au sol. Alors qu'elle se relevait, elle remercia le Cazar d'un signe de tête. Neftin s'approcha d'elle, l'air inquiet.
- Vendra, tu vas bien ?
- Vous êtes restée prostrée pendant plusieurs minutes, renchérit le robot. Que s'est-il passé ?
- J'ai été attaquée par les Lokis, répondit-elle. Mais s'ils ne vous ont rien fait, c'est qu'ils ne peuvent pas s'en prendre de cette manière au non-télépathes.
- C'est bon à savoir. Bon, c'est un peu la panique mais on peut encore gagner. On va...
- La station est perdue, le coupa Vendra. Les Lokis sont trop nombreux et ils se multiplient. Si nous voulons survivre, nous devons lancer l'évacuation et créer une diversion suffisante pour occuper les Lokis.
- Quel genre de diversion ? demanda le Cazar.
- On doit faire exploser le réacteur, dit Neftin qui connaissait bien sa sœur.
À ces mots, le robot haussa le faux sourcil de son œil unique.
- Ce n'est pas pour remettre en cause vos méthodes que certains jugent terroristes, mais vous êtes sûrs qu'il n'y a pas d'autre moyen ?
- Alors croyez-en une ancienne terroriste, répliqua froidement Vendra, seule une diversion suffisante peut nous permettre de survivre.
Blaze réfléchit un instant. Par radio, il savait que la situation ne penchait pas en leur faveur. En faisant exploser le réacteur, le quartier carcéral serait anéanti, mais les deux destroyers subiraient de sérieux dégâts. Les navettes, situées à la proue, étaient assez éloignées pour ne pas être touchées. Il opina lentement du chef et pointa le fond de la station.
- Dans ce cas, c'est parti. La salle des machines est à plus de deux cents mètres au-dessus de nous. Harlan, vois si tu peux nous trouver un ascenseur. À tous les occupants de la station, j'ordonne le protocole Étoile Filante, cria-t-il dans sa radio.
- De quoi s'agit-il ? s'enquit Neftin.
- On évacue Vartax. Équipage et prisonniers. Les hangars contiennent assez de navettes pour emmener la moitié des occupants, mais au vu de la situation je doute qu'on les remplisse.
En utilisant un nom de code, les Lokis ne pourraient pas savoir ce qu'ils préparaient. Mais sans diversion, ils n'iraient pas loin. Harlan l'interpella du fond du couloir.
- Blaze, celui-ci fonctionne encore !
Le groupe se pressa dans la cabine. La carrure imposante de Neftin ne laissait pas beaucoup d'espace libre aux autres mais ils durent s'en contenter. Le monte-charge partit à toute vitesse vers la salle des machines. Par le hublot de la porte, Blaze et Harlan pouvaient voir que le plan fonctionnait. Les gardes escortaient les prisonniers hors du quartier carcéral. De ce qu'ils voyaient, ils ne s'attaquaient pas entre eux. Même les prisonniers les plus incurables avaient dû se rendre compte de l'urgence de s'allier aux forces de l'ordre. Le monte-charge continuait à filer, mais une explosion ébranla soudain la cabine, qui s'arrêta. Blaze regarda par le hublot et entrevit un Cazar rassembler de l'énergie au creux de ses mains.
- À terre ! hurla-t-il.
Le rayon pulvérisa le monte-charge. Quand Harlan rouvrit les yeux, il découvrit qu'ils étaient tous en train de flotter dans les airs, maintenus par les pouvoirs de Vendra. Elle les ramena sur la plateforme, tout en dressant un bouclier en face du groupe. Une dizaine de Lokis leur tiraient dessus. Blaze dégaina son arme et Harlan trouva un fusil à moitié déchargé sur le sol.
- Préparez-vous ! leur dit-elle.
Sur ces mots, elle projeta le bouclier vers leurs ennemis. Étourdis par l'onde de choc, ils stoppèrent leurs attaques. Saisissant l'opportunité, les deux soldats décimèrent le groupe adverse. Blaze, jetant un rapide coup d'œil à son coéquipier, vit que ce dernier n'avait pas l'air dans son assiette, et se promit de lui en parler plus tard. D'autres ennemis arrivèrent en renfort, mais les jumeaux Prog firent valoir leur réputation. Les poings de Neftin et les pouvoirs de Vendra réduisirent les possédés en un tas de cadavres fumants en quelques instants. Blaze sentit qu'il n'avait pas fini de regretter de les avoir libérés.
- On a encore cinquante mètres à monter, dit-il quand la poussière fut retombée. On ne doit pas traîner !
Le groupe entra dans le conduit du monte-charge. La plateforme était normalement soulevée par suspension magnétique. Deux rampes grav placées à l'intérieur de la cage d'ascenseur permettaient de parcourir les cinq cents mètres de hauteur du quartier carcéral en quelques minutes. Blaze et Harlan, équipés de bottes à semelles magnétiques, sautèrent sur une rampe, se tenant debout grâce aux renforts musculaires de leurs combinaisons. Neftin s'accrocha à l'autre rampe avec deux barres métalliques qu'il plantait dans la paroi pour l'escalader. Quant à Vendra, elle flottait simplement au milieu du conduit. Le groupe mit plusieurs minutes pour atteindre le sommet, sans rencontrer aucune résistance. Alors qu'ils se trouvaient juste devant la salle des machines, Blaze, inquiet, contacta les hommes qu'il avait envoyés aux navettes.
« - On est dans le hangar, répondit l'officier. On a commencé à charger les navettes mais on ne retiendra pas les Lokis longtemps. Quoi que vous ayez prévu, on en a besoin rapidement !»
- Blaze, intervint Harlan, je crois qu'on a un problème.
Blaze tendit une oreille imaginaire. Il lui semblait entendre un sifflement lointain. Puis plusieurs chocs métalliques ébranlèrent la paroi de la station.
- L'un des destroyers se désarrime, confirma le Cazar.
Les brèches ouvertes dans la coque, qui n'étaient plus colmatées par les sas du destroyer, furent directement exposées au vide spatial. La différence de pression provoqua rapidement une fuite, et tout l'air du quartier carcéral commença à s'échapper. D'ordinaire, le conduit du monte-charge était étanche, mais la bataille l'avait éventré en plusieurs endroits, et la dépressurisation atteint le groupe. Ils étaient trop éloignés pour être aspirés, mais l'air se raréfiait.
- Neftin ! hurla Blaze au milieu de la tempête. Ouvrez la porte !
- Elle est bloquée, répondit-il en appuyant frénétiquement sur le bouton d'ouverture manuelle. Verrouillage d’urgence !
- Alors enfoncez-la !
Neftin saisit les deux panneaux de la porte et commença à les écarter. Dans un horrible grincement, couplé au hurlement de l'air qui s'échappait de la salle, le frère Prog força le mécanisme. Le groupe s'engouffra par l'ouverture, et Neftin lâcha la porte, qui se referma. Le générateur d'atmosphère fonctionnait encore et la salle des machines se remplit d'air respirable. Le moteur de Vartax impressionnait par sa taille. Les deux turbines de chaque côté de la salle étaient si imposantes que les techniciens devaient utiliser des échelles ou des escaliers pour les entretenir. Chacune d'entre elles possédait un accélérateur de particules en son centre. Ces dernières étaient ensuite redirigées vers les tuyères par un conduit, qui se divisait en huit tubes de verracier pour répartir la puissance. Blaze pointa le répartiteur, dont la paroi transparente montrait le flot de particules chargées se déverser dans les propulseurs.
- En détruisant les conduits, l'énergie s'échappera dans toutes les directions et détruira tout sur son passage.
- Bien, dit Vendra en s'avançant, des étincelles crépitantes au creux de ses mains. Je présume que vous n'avez pas d'explosifs sur vous.
- Dans le cas contraire, répondit Harlan, on n’aurait pas besoin de vous.
En hochant imperceptiblement la tête, Vendra se mit en position au centre de la salle, et de l'énergie émergea de ses paumes, formant deux rayons attaquant les conduits. Blaze contacta l'équipe d'évacuation.
- Ici Blaze, quelle est la situation ?
« - On a repoussé les Lokis hors du hangar, mais le destroyer est en train de pilonner la sortie, on ne peut pas faire sortir les navettes !»
- Barricadez les portes blindées et préparez-vous à décoller.
« - Mais le destroyer... »
- À mon signal ! le coupa-t-il. Vous n'aurez pas de deuxième chance !
Les turbines commençaient à montrer des signes de faiblesse, mais chaque seconde perdue les rapprochait de la défaite.
- Vous ne pouvez pas aller plus vite ? demanda Harlan.
- La ferme ! cria Neftin. Elle se concentre !
- Et que ferons-nous quand tout va exploser ?
- Nous n'aurons que quelques secondes pour nous mettre à l'abri, répondit Blaze. Mon blindage peut me permettre de te protéger.
- Mais vous...
À ce moment, les conduits éclatèrent, libérant l'énergie des moteurs. Les chambres à combustible s'enflammèrent et la réaction en chaîne consuma la salle des machines. Blaze se jeta sur Harlan pour l'abriter, mais avant que les flammes ne les atteignent, le Cazar sentit l'air autour de lui se comprimer. L'espace d'un instant, il ne vit plus rien et n'arrivait plus à respirer. Puis la pression se relâcha, et sa vision redevint claire. Il se rendit compte qu'il était éloigné de plusieurs centaines de mètres de la station. Blaze et les jumeaux Prog se trouvaient à côté de lui. Vendra, les bras tendus, projetait un champ de force autour du groupe, le séparant du vide spatial. En baissant les yeux, il constata l'ampleur de la destruction : le quartier carcéral avait été réduit en miettes. Le destroyer qui était encore arrimé avait été brisé en deux et l'autre dérivait devant le hangar, soufflé par l'onde de choc. Des millions de débris sillonnaient l'espace, certains percutant le bouclier de Vendra. Les deux gardiens furent soulagés de voir les navettes, points lumineux s'échappant de la prison. Peu de temps après, le destroyer restant partit aussi en hyperespace. Alors que Vendra les ramenait en flottant vers le hangar, Blaze essaya de contacter la station, mais aucune réponse ne parvint.
- Vous croyez qu'ils sont tous partis ? demanda Harlan.
- Je l'espère...
Quelques instants plus tard, le groupe entra dans le hangar. Vendra les déposa en douceur au milieu d'un champ de ruines. Des conteneurs éventrés gisaient au sol. Des gerbes d'étincelles jaillissaient des panneaux électriques détruits. Harlan avait à peine avancé de quelques pas qu'un tir de plasma explosa à ses pieds. Le tireur, un soldat qui était de quart ce soir-là, les tenait en joue. Une dizaine d'autres gardes et prisonniers sortirent de leurs cachettes et pointèrent leurs armes sur eux. Le jeune Cazar leva les mains.
- Attendez ! On est de votre côté !
Un officier décala légèrement son fusil et fixa le groupe. Reconnaissant les des gardes et les jumeaux Prog, il fit un signe aux autres tireurs, qui rangèrent leurs armes et sortirent de leur couverture.
***
Il restait une centaine d'occupants sur la station. Dans la panique, plusieurs navettes étaient parties à moitié pleines, les prisonniers ne se souciant guère de la vie des autres. La moitié de la prison avait été réduite en un champ de débris. La première priorité fut la recherche des survivants et les réparations d'urgence. Alors que Blaze était occupé à renforcer un sas externe, un homme en scaphandre le rejoignit et se positionna à ses côtés.
« - Les communications sont fichues, lui dit Harlan par radio. Il nous faudra plusieurs mois pour les réparer. »
Blaze répondit d'un hochement de tête et attendit que son ami lui pose sa question.
« - On fait quoi maintenant ?»
« - On survit, et on prie pour que les secours arrivent à temps. »
Ohoh ! Avec les Prog dans l'affaire, ça deviens de plus en plus intéressant tous ça.
On sent l'inspiration de la trame des comics reprit ici. Décidément ton récit ne perd pas en intensité et tient en halène. Vivement la suite. J'aurais juste une remarque de style à faire : "Les décharges de plasma illuminèrent la voûte céleste" -> dans l'espace peut-on parler de voûte?