Folie Furieuse - Chapter 18

15h43, Metropolis, Kerwan

Les Guerriers de la Vie agirent séparément, tirant et donnant des coups. Ils ne s’occupaient plus de Nefa. Ils n’avaient que de rares occasions de s’apercevoir dans la bataille. Ratchet ne pouvait que dire que la Cazar s’en sortait assez bien, malgré sa blessure à l’épaule. On supposerait presque qu’elle l’eût oubliée. La fin de l’armée approchait à grands pas.

Enfin, il ne restait que six robots – trois Robots-Blargs, un Robot-Rilgarien, un robot-lézard et un Robot-Tyrannoïde – les uns à côtés des autres. Avant que Ratchet ne fonçât vers le Robot-Tyrannoïde, il crut apercevoir du coin de l’œil Sasha attaquer les cinq autres. Tout en courant il entendait les bruits de ce combat. Il rangea son Hydro-Cracheur, qui était presque à court de munitions, et sortit sa Super Clef qu’il brandit. Arrivé près de son ennemi, il sauta et, sans que la machine n’eût le temps d’esquiver, lui écrasa son arme sur le crâne. Son adversaire tomba sur le ventre, sans tête, « mort ». Les sons du combat que menait Sasha continuèrent, puis s’éteignirent d’un coup. Craignant qu’elle eût succombé, il tourna vivement la tête pour regarder derrière lui. Il fut un peu rassuré en constatant que les robots formaient un amas fusionné de métal et qu’elle se tenait devant, vivante. Mais sa respiration rauque et sa tête baissée l’inquiétait : son épaule la faisait encore souffrir. Il se rapprocha d’elle d’à peine quelques pas et demanda :

-Ça va ?

Elle releva la tête, semblant feindre de ne pas trop souffrir, et répondit :

-Oui, ça peut être pire.

Il constata qu’elle avait raison et sourit gentiment devant elle, ressentant à nouveau ce sentiment maladif qu’on appelle l’amour. Il lança :

-Et trente-cinq ! Trente-cinq de détruits !

Comme elle ne répondit pas, il continua :

-Et toi ?

Elle sourit malicieusement.

-Je ne sais pas. Je n’ai pas compté.

Il entendit Nefa s’écrier :

-Ce n’est pas possible ! Tous ces crétins ont échoué ! Décidément, je dois tout faire moi-même !
-Si je ne me trompe pas, poursuivit la Cazar sans prêter attention au chef des robots, comme si elle ne l’avait pas entendu, ils étaient cinquante. On n’a qu’à calculer.
-Euh, ça fait… réfléchit Ratchet, les yeux regardant le ciel et en se frottant le menton, les idées soudainement trop embrouillées pour faire des maths de tête.
-Quinze, compléta-t-elle en riant.

Il ouvrit de grands yeux.

-C’est tout ? S’exclama-t-il.

La Cazar se mit soudain à courir vers lui, l’air affolé, en criant :

-Attention !

À peine eut-elle prononcé ce mot qu’il se prit un coup, vola et s’écrasa au sol. Nefa l’avait attaqué, il ne savait pas de quelle manière, mais il avait profité qu’il ne faisait pas attention à lui pour le surprendre.

Il se retrouva sur le côté, son ennemi et son alliée hors de son champ de vision. Il pouvait toujours les entendre se battre. Il n’était pas étourdi, cette fois, juste un peu remué. Il se releva et se retourna. Sasha tirait sur le chef robotique qui, au sol, griffait dans le vide ou lançait ses bombes violettes. À l’un de ses lancers, la Cazar, épuisée, sauta un peu trop tard et se prit la mini-onde de choc dans les pieds. Avec un petit cri aigu, elle tomba à genoux, pieds joints. Ratchet sentit la colère monter en lui. Cette fois, c’en était assez ! Il n’avait pas le droit de lui faire de mal !

Il brandit sa Clef et fonça vers son ennemi. Il sauta et lui donna un bon coup entre les deux omoplates. Le grand bruit métallique, quelques grésillements et sa paralysie d’une demi-seconde le fit d’abord penser qu’il l’avait bloqué, mais il se retourna et le griffa au front. Le Lombax eut le bon réflexe de reculer en sautant en arrière pour ne pas se faire tuer ou gravement blesser, mais deux grandes lignes rouges bien espacées voyageaient diagonalement de son oreille gauche à son sourcil droit.

Les forces de Ratchet et de Sasha s’épuisaient. Nefa, étant un robot, ne ressentait jamais de fatigue physique. Les Guerriers de la Vie s’encourageaient néanmoins en leur for intérieur, se disant qu’ils pouvaient le vaincre. Mais ils se faisaient plus souvent toucher. Cette fois-ci, le chef robotique était plus puissant que jamais, et pendant ne serait-ce qu’une seconde, Ratchet douta s’il allait vraiment gagner, si cet Univers était fait ainsi pour accueillir à bras ouverts l’Âge des Robots et que personne ne l’abolirait jamais. Il pensa à Clank, à son chez-lui. Mais il reprit ses esprits et continua vaillamment le combat.

Au bout d’un moment, tandis que le Lombax éreinté chargeait son Foudroyeur, Nefa lui lança un rayon-laser rouge en pleine poitrine. Il fut repoussé violemment et il fut obligé de courber le dos devant une telle force. Il lâcha son arme et se retrouva à nouveau par terre, cette fois sur le dos. Le laser ne lui créa pas de blessure, mais il sentait une grande douleur au ventre. Allongé, il mit ses mains sur son estomac. Il chercha à se relever, mais n’y parvint pas les premières secondes à cause de sa fatigue et se sa douleur. Il crut entendre Sasha crier. Il tenta encore plusieurs fois de se remettre debout, puis enfin y parvint. Il se releva le plus vite possible, connaissant la possibilité qu’elle fût en danger à cet instant précis.

Son cœur bondit dans sa poitrine : il vit Nefa de dos qui se tenait debout, sur le sol, resserrant sa main droite sur le cou de la Cazar. Elle empoignait fortement et désespérément de ses deux mains le poignet de son ennemi. Sa Tempête N60 se trouvait à ses pieds. Elle cria : « Non ! » avant que ses griffes ne l’empêchassent de respirer. Sans hésiter une seule seconde, Ratchet fonça vers lui en sortant sa Super Clef et en lançant un cri de guerre. Le robot n’eut pas le temps de se retourner pour se défendre. Il sauta très haut et lui donna un grand coup sur le crâne en tenant son arme à deux mains pour exercer plus de force dans son attaque. Une partie de son crâne se brisa et il resta immobile. Il crut au début qu’il était mort - tout en se le demandant - en ressentant un immense soulagement car il en aurait fini avec lui et n’entendrait plus jamais qu’un certain Dr. Nefarious préparerait un coup, invisible dans l’une de ses nombreuses bases disséminées à travers la galaxie ; mais des grésillements, des étincelles sortant de son cerveau et la voix de John et de Pamela lui apprirent qu’il n’était que bloqué, peut-être plus gravement que les autres fois. Peut-être définitivement.

« Enfin ! » s’écria-t-il en lui-même.

Il ressentait encore sa rage, restant sans bouger après être atterri sur ses pattes agiles de Lombax. Puis il entendit une respiration aigüe et entrecoupée, comme quelqu’un qui avait peur de s’étouffer et qui se raccrochait à la vie. Il s’aperçut alors que les griffes de Nefa étaient toujours resserrées sur le cou de la pauvre Cazar. Sachant que le chef des robots était bloqué, elle cherchait avec ses deux mains d’écarter ses doigts crochus. En vain.

-Oh, Sasha ! S’exclama le renard jaune en se précipitant vers elle.

Il la contourna et arriva près d’elle, à sa droite. Il l’aida à écarter les griffes meurtrières du grand robot. Ils mirent toutes leurs forces dans cette opération. Les premières secondes furent sans succès, mais avec la force des quatre mains ils réussirent finalement. La main de Nefa s’ouvrit d’un coup. Sasha s’agenouilla et posa immédiatement ses deux mains sur sa gorge en respirant bruyamment, reprenant tout l’air dont elle avait été privée pendant ce moment. Ratchet la regardait, attendant qu’elle se sentît mieux et prêt à la protéger. Une voix joyeuse lui rappela la présence d’un troisième être organique dans le couloir.

-Ouais ! Vous avez réussi ! S’écria follement Minucius. Bravo ! Vous êtes des héros ! À bas Nefarious ! À bas l’Empire Robotique !

Finalement, la Cazar se releva, l’air plus en forme. Puis elle posa une main sur son épaule blessé si légèrement qu’elle le touchait à peine. Ratchet s’approcha d’elle et lui dit :

-T’en fais pas, on va soigner ça. On en a le temps, maintenant : on a gagné.

Il remarqua que les cris joyeux de Minucius n’avaient pas cessé, et il comprenait : il devait être heureux comme jamais de pouvoir rentrer chez lui après avoir récupéré sa merveilleuse invention, de plus en ayant sauvé avec tous ses alliés cet Univers qui était sombre et funèbre quelques instants plus tôt déjà. Il se rapprocha des barreaux énergiques de la prison où le savant fou était prisonnier tandis que celui-ci sautillait et criait toujours
.
-…comme avant ! Entendit-il pendant son cours trajet. Et… ! Et quand je raconterai ça à mes collègues ! Houlà la ! Ils ne vont pas me croire !! Wouah ! Géant !

En voyant le Lombax, il finit par dire :

-Libère-moi, Ratchet ! On va rentrer chez nous !

Pendant que le renard jaune désactiva les rayons-laser, il entendit la voix de Sasha qui tremblait, sûrement à cause de la douleur de ses blessures.

-C’est exact, Dr. Minucius. Le monde va redevenir comme avant. Petit à petit. Bientôt, ce sera comme si l’Âge des Robots n’aurait jamais existé ! On ne devra plus se cacher ! Tu entends ça, Ratchet ?

Ses dernières phrases, malgré sa souffrance, étaient joyeuses. Le Lombax, qui lui tournait le dos, ne pouvait que l’entendre. Elle ne voyait donc pas son visage attristé. Le savant fou ne semblait pas l’avoir remarqué tellement il était heureux. Le renard jaune n’avait jamais pu lui apprendre son départ imminent jusque-là. Soit il n’en avait pas eu le temps, soit il l’avait oublié, soit ce n’était pas la bonne occasion. Mais maintenant, il pouvait tout lui dire.

Lorsque Minucius passa à sa gauche, il crut voir une énorme masse noire se soulever. Surpris, il fut apeuré et tourna la tête. Il vit alors Nefa qui se releva sans trop plier ses articulations, son regard étant lointain comme quand il disjonctait, tel un mort-vivant. La frayeur de la surprise n’arracha qu’un gémissement à Ratchet, tandis que Sasha, qui s’était un peu rapprochée, poussa un petit cri non-aigu et que Minucius hurla plus longtemps et plus fortement, comme s’il avait vu quelque chose de plus horrible encore. Après tous leurs efforts pour l’arrêter, voilà qu’il fallait à nouveau l’affronter ! Il allait en finir avec eux, les attaquer par surprise afin de les tuer rapidement et facilement. Mais au lieu de les blesser avec ses griffes, il resta immobile une seconde, toujours bloqué. Puis, comme si c’était un instinct, il croisa ses avant-bras, puis commença à bouger. On entendit soudain :

Op, op, op
Opa Nefa Style
Hey, sexy Courtney…

C’était une voix que le Lombax n’avait jamais entendu qui chantait cette chanson. Il resta interdit devant Nefa, l’air à la fois gêné et abasourdi, la bouche ouverte. Pendant que la musique continuait, Minucius s’écria comme un fou joyeux :

-Whoua ! Mais c’est Gangnam Style en version Dr. Nefarious !! Je ne savais pas qu’il pouvait diffuser de tels trucs !
-Gangnam Style ? C’est quoi ? Parvint à articuler Ratchet, ne pouvant tout d’abord détourner son regard du robot.
-Oh, vous ne connaissez pas ? C’est l’un des clips les plus connus de mon Univers ! Vous m’avez toujours impressionné, vous tous !

Il entendit la voix de Sasha.

-Votre Univers ? Demanda-t-elle, comme si le scientifique avait trop « fumé la moquette ». Vous, l’inventeur de la MTP, vous n’êtes pas d’ici ?

Minucius ne répondit pas. Il vit Nefa, bloqué, arrêter de bouger et s’écrouler sur le sol tandis que le clip pouvant probablement être nommé « Nefa Style » prit fin. Il se tourna ensuite vers Sasha, l’abandonnant à sa paralysie. Il commença :

-Heu, Sasha, je dois tout t’expliquer. C’est ce que je voulais faire pendant qu’on était devant l’ascenseur de l’immeuble.

La Cazar le regarda en face, haussant les sourcils en comprenant de quoi il voulait parler avant qu’elle ne fît tomber la bombe dans le vide. Des autres mondes, devait-elle penser, du secret de Minucius, de ce qu’elle appelait « la MTP » suite au mensonge du trio venant d’ailleurs.

-Dis-moi tout, répondit-elle, l’air de comprendre la situation.

Ratchet inspira en fermant les yeux, puis les rouvrit. Le croirait-elle ? Si ce serait le cas, accepterait-elle cette réalité ? Il l’espérait vraiment. Si tout se déroulerait comme il le souhaitait, il y aurait moins de problèmes. Il commença, d’abord hésitant, frottant sa nuque de sa main gauche :

-Heu, en fait, ça te semblera stupide au début, mais plus je parlerai, plus ça va paraître logique. En fait, l’invention de Minucius ne s’appelle pas la MTP, mais le MTPATUP…

Il se lança dans une longue explication. Au fur et à mesure qu’il parlait, il se montrait de moins en moins hésitant, rassemblant son courage dans ce terrible aveu qui fendra sûrement le cœur de Sasha. Au début, le savant fou, ne s’ayant aperçu de rien, continuait à crier joyeusement et à s’agiter, heureux de cette grande victoire et riant du fameux « Nefa Style » inattendu. Mais au bout d’un moment, il s’aperçut que Ratchet faisait son récit, et se mit à l’écouter patiemment, le regard désolé, n’osant l’interrompre de peur de gâcher une occasion. Il savait qu’il avait raison de tout avouer maintenant. Le Lombax raconta l’existence des Univers infinis, le fait que plusieurs Ratchet respiraient dans plusieurs mondes, puis il conta l’histoire des Ratchet et Clank morts vaillamment au combat contre Nefa, refusant la bioblitération galactique, comment le trio avait atterri dans ce monde malgré lui, comment il avait décidé d’aider les Guerriers de la Vie, et enfin que lui, Clank et le Docteur devaient les quitter.

-Je suis vraiment désolé, termina-t-il, les oreilles baissées, attristé, mais nous devrons nous dire au revoir.

Sasha avait l’air choqué. Elle avait une main sur sa bouche, et il sembla que ses yeux fussent humides de tristesse. Elle leva enfin sa main après une éternité, découvrant sa bouche ouverte, puis murmura, l’air abattu et la voix tremblante :

-Ratchet…

Soudain, une alarme retentit. Tout le couloir clignota de lumières rouges aveuglantes et une voix féminine avertit :

-Autodestruction dans quarante secondes.
-Nous n’avons plus le temps ! Cria Minucius pour se faire entendre dans l’alarme, courant déjà à l’aveuglette vers le fond du couloir – s’il en possédait un –. Nous devons trouver un moyen de sortir d’ici ! Vite !

Ratchet sentit la main gantée de Sasha attraper la sienne et la serrer fermement. Il se mit à courir après son ami sans la lâcher, la guidant derrière lui. Le trio parcourut très rapidement le couloir qui était la seule possibilité de continuation et son seul espoir, abandonnant le corps de Nefa. Ils coururent ils ne savaient combien de temps. Il leur sembla que ce fut tellement longtemps que la station spatiale pouvait sauter à n’importe quel instant. Ratchet ne put s’empêcher de penser très fort à Clank et à son monde actuellement tranquille. Il entendit les petits rires, les calculs et les phrases affirmatives de son ami. Il revit ses grands yeux verts et sa bouche articuler des mots qu’il ne put entendre.

Le couloir se terminait dans une impasse. Mais à la place qu’il s’y trouvait un mur, il y avait deux grands tuyaux transparents verticaux, s’enfonçant dans la plateforme et dans le plafond, ne laissant qu’une partie d’eux visible. À travers eux on pouvait voir des sortes d’objets ovales où pouvait rentrer un individu comme eux. Ils pouvaient en réalité les éjecter dans l’Espace pour les faire atterrir à la destination choisie.

-Autodestruction dans vingt secondes, reprit la voix.

Sasha manipula rapidement mais efficacement un clavier se situant sur un mur près du tuyau droit et ce dernier s’ouvrit. Elle regarda ses alliés d’un air courageux et déterminé pour leur faire signifier que l’un d’eux devait monter dans le tube. Ratchet tapota Minucius sur l’épaule et lui lança :

-Allez-y !

Le savant fou obéit sans se faire prier. C’était vrai que personne n’avait envie d’exploser ici. Après qu’il fut monté, la Cazar, manipulant toujours la machine, referma la porte transparente. Puis elle ouvrit le tuyau de gauche. Elle regarda Ratchet. Le Lombax lui répondit par un regard hésitant, voulant qu’elle montât avant lui, car il l’aimait et voulait qu’elle risquât moins de danger que lui.

-Grimpe, Ratchet ! Hurla-t-elle, l’air en colère, mais en réalité inquiète et sentant le temps la presser et l’écraser de tous côtés.
-Autodestruction dans quinze secondes, rappela la voix féminine.

Entrer avant elle dans ce qui les sauverait lui déplaisait, mais il n’avait pas le temps de discuter. Il devait absolument faire tout ce qu’elle dirait jusqu’à ce que la situation s’arrangerait. Dans une telle galère, la moindre erreur serait fatale. Il monta donc à son tour précipitamment. Elle manipula une nouvelle fois le petit clavier et il vit la porte transparente se refermer devant lui, l’emprisonnant dans le tube. Depuis l’intérieur, tous les bruits étaient très atténués, comme si les tubes étaient hermétiques. La Cazar se rapprocha de lui et, affichant une mine triste et désolée, posa une main sur la matière transparente. Il restait moins de quinze secondes pour s’enfuir ! Il hurla alors :

-Qu’est-ce que tu fais ?! Dépêche-toi !

Elle fit doucement non de la tête et il en fut choqué. Lentement, il redressa les oreilles au maximum et ouvrit grandement la bouche. Elle ne pouvait pas mourir maintenant !

-Je n’aurai pas le temps de m’échapper, de toute façon ! Cria-t-elle pour se faire entendre, ce qui se réduisit à un murmure à peine compréhensible aux quelques mots manquants. Tu n’es pas de notre monde ! Je… rejoindre le vr… Ratchet ! Adieu !

Elle se précipita vers l’ordinateur pour éjecter Ratchet et Minucius le plus vite possible. Le Lombax, dans l’alerte, crut entendre des murmures graves et menaçants, et se rendit compte avec horreur que c'était la voix féminine annonçant les dix dernières secondes avant l’autodestruction de la station spatiale. Il continuait à crier des phrases comme :

-Sasha, reviens ! Tu peux t’en sortir ! N’abandonne pas !

Et il continuait, mais ce fut comme si elle ne l’entendait pas. Elle manipulait la petite console.

-…six, cinq,… fit la voix féminine.

Il ressentait une immense tristesse. Même si ce n’était pas la Sasha de son Univers.

-…quatre,…

Soudain, l’objet transparent et ovale dans lequel il était enfermé monta à une vitesse folle dans le tuyau. Il fit un brusque « Wouaaaaah ! » de surprise, ressentant la gravité agir très intensément sur lui. De plus en plus plaqué vers le bas de l’ovale, il vit la vitesse augmenter atrocement. Il ne voyait plus personne, ni Sasha, ni Minucius.

-Sasha ! Non ! Cria-t-il.
-…trois, deux,… continua la voix.

Et ensuite, il ne se sentit plus plaqué sur l’un des côtés de l’objet, mais la force d’attraction se faisait toujours ressentir, moins puissante. Il lui fallut un peu plus d’une seconde pour réaliser que ce qu’il voyait était un monde rempli d’étoiles. Il était désormais dans l’Espace. Il crut entendre un murmure grave de la voix féminine, mais celui-ci était trop long pour dire : « …un, zéro ». Elle devait dire : « Autodestruction » ou quelque chose comme ça. Et soudain, une lumière aveuglante apparut, obligeant Ratchet à cligner frénétiquement des yeux, puis à les plisser. Un bruit retentit, sûrement très sourd, car il ne pouvait pas l’entendre complètement dans cette capsule hermétique, mais les puissantes vibrations le lui dirent.

-Sashaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Hurla-t-il de toutes ses forces avant de perdre connaissance.