Author: gag_jak
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Chapitre 18 :
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Loin de là, dans un commissariat de la ville des Sables D’Olonne, un commissaire énervé regardait sa montre : elle affichait 13h.
- Sergent, vous avez des nouvelles ?
- Aucune commissaire, il a dû se passer là bas quelque chose qui a dû compliquer les choses à l’agent Fox. Peut être que Cooper l’a enlevée ?
- Pour une demande de rançon ? Ça m’étonnerait. D’après son dossier, il n’est pas du genre à faire ça.
- Alors quoi ? Qu’est ce qu’on va faire ?
- Parce que tu crois qu’on a le choix ? Il faut monter une équipe de secours composée d’une trentaine d’hommes. Nous partirons dans trois hélicoptères et nous seront armés. Ça peut être dangereux ! Exécutez l’ordre ! Nous partons dans une heure.
- Oui chef !
Pendant que son sergent exécutait l’ordre, le commissaire se retourna et sortit de sa poche un cigare et l’alluma. Il le mit en bouche et souffla une bouchée de fumée opaque. Quoi qu’il soit arrivé à Carmelita, ça n’annonçait rien de bon. Il fallait que cette affaire soit classée, et au plus vite.
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13h30, milieu de l’Atlantique, sur l’île de Cradje
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Bentley regarda une fois sa montre. Il soupira. Cette fois, Sly était bel et bien en retard, et, comme il l’avait convenu avec Murray, il devait rentrer à son tour dans le château de Cradje. Il était pourtant loin d’en avoir l’envie. Si Sly n’était pas encore là, le problème devait être grave, et ce n’est pas en rentrant dans l’édifice que cela allait changer quelque chose.
« J’attends encore dix minutes », se dit-il, sans croire à un retour de Sly dans le délai qu’il s’imposait.
Il profita pour regarder le paysage, les arbres étaient magnifiques et le joyeux chantonnement des oiseaux donnait de la fraîcheur à l’air qui l’entourait. Il inspira à plein poumon une gorgée d’air pur. Les vagues fouettant inlassablement le rebord de la falaise contribuaient à donner au décor une impression paradisiaque.
Tout cela était sans compter que Sly ne revenait toujours pas.
Soudain, quelque chose secoua un buisson. Bentley, intrigué, s’en approcha. La tension le prenait à la gorge, ça pouvait être un piège de la part de Cradje comme ça pouvait être un simple écureuil. Oubliant sa peur et poussé par sa curiosité, la tortue continua à avancer.
Il fit sortir un bras robotique de son fauteuil roulant pour qu’il bouge les branches du buisson.
Un écureuil apeuré en sortit en courant.
« Ouf », pensa Bentley en s’essuyant une goutte de sueur.
Mais sans qu’il n’ait eu le temps de réagir, quelqu’un derrière lui posa la lame d’un couteau sur sa gorge en guise de menace. L’homme était caché par l’ombre d’un saule pleureur vieux de plusieurs dizaines d’années.
- Ne bouge pas ! aboya-t-il.
« Je me suis fait avoir ! » réalisa la tortue.
- Qui es-tu et que fais-tu là ?
- Je m’appelle George, inventa Bentley, je me suis craché en hélicoptère, sa carcasse est là bas.
- Tu mens ! s’écria l’inconnu en resserrant l’étreinte autour du cou du héros, tu es en fauteuil roulant, or on ne peut piloter un hélicoptère sans l’usage de ses jambes !
La peur avait fait sortir de la bouche de Bentley un bien mauvais mensonge.
- Alors, répéta l’agresseur, qui es-tu ?
- Je m’appelle Bentley, et des amis m’accompagnaient, nous avons été séparés.
- Où sont-ils ?!
- Dans le château…
Bentley essayait de gagner du temps, pendant qu’il discutaillait, le bras robotique de son fauteuil sortait lentement de l’une de ses poches une bombe.
- Et que font-ils dans le château ?
- Ils cherchent le propriétaire, pour qu’il nous aide à retourner chez nous. Nous ne voulons pas rester ici.
- Je reste sceptique…
- Pouvez vous s’il vous plaît retirer ce couteau de ma gorge ? Vous me faites mal.
- C’est le but mon petit, c’est le but.
A ce moment là, le bras enclencha la bombe et la fit glisser derrière l’homme. Ce dernier réagit en vitesse, avec son bras gauche, il trancha le bras robotique avant de ramasser la bombe et de la lancer au loin. Elle explosa en faisant s’envoler des oiseaux qui s’égosillaient de stupeur.
L’agresseur posa la lame encore plus vivement sur le cou de Bentley.
- Alors comme ça tu m’as pris pour un imbécile, hein ?!
- Je m’excuse, paniqua la tortue, croyez bien que je suis sincèrement désolé…
- La ferme !
Joignant le geste à la parole, il assena un violent coup sur la tête du héros qui s’évanouit aussitôt.
« Quel imbécile », songea l’homme en sortant de l’ombre en découvrant ainsi sa fourrure grise et noire : c’était un raton laveur. « Quand mon père va apprendre ça… ».
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14h, à l’intérieur du château :
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Murray vagabondait toujours, depuis presque une heure et demie. Le château était un vrai labyrinthe, il comprenait à présent pourquoi Sly n’était pas revenu à l’heure.
Il n’avait toujours pas croisé de garde, et ça le décevait.
« Cradje ? » pensa-t-il à voix haute, « L’homme le plus riche du monde ? N’importe quoi, il ne s’est même pas payé de garde. Et la baston me manque ! »
Assis sur son fauteuil, Bobby Cradje regardait fixement l’hippopotame à l’aide d’une caméra caché dans une petite fissure d’un mur. Il sourit en entendant les paroles du héros.
- Je n’ai pas besoin que de peu de garde pour assurer ma défense. Rien que les couloirs compliqués de ce château ont tué plus d’un intrus de soif et de faim.
Pendant ce temps, à la même heure, Sly esquivait une autre flèche se dirigeant dans sa direction.
« Cradje ne perd pas de temps pour tenter de m’assassiner ! », médita-t-il.
Il partit en courant dans le couloir, tenant toujours Carmelita dans ses bras. Il arriva à un croisement et choisi le chemin de gauche. Après avoir fait quelques pas, il entendit un grand grondement venant de devant lui. Il aperçut vite une énorme boule de pierre entourée de piques acérées.
« Une nouvelle boule ? Tu parles d’une originalité ! »
En faisant demi-tour, il remarqua vite que les deux issues qu’il pouvait normalement emprunté – devant lui et sur sa droite – étaient bloquées par des grilles en métal.
« Fais chier ! Un cul de sac ! ».
Il posa Carmelita en douceur et sortit d’une des poches de sa veste une bombe que lui avait donné Bentley ; il l’amorça et la posa sur la grille devant lui. Quelques millisecondes plus tard, la bombe éclata, libérant un liquide vert qui fit fondre les barreaux de la grille : de l’acide.
Sly passa Carmelita par le trou formé par l’acide et s’y engouffra à son tour. A peine eut-il le temps de franchir l’obstacle que la boule heurta la grille, sans l’arracher, heureusement. Les piques de la boule passèrent à travers les barreaux et une d’elle s’arrêta à quelque centimètre de la tête du raton.
« Ouf, merci Bentley », soupira-t-il.
Carmelita battit des paupières et Sly vint à ses côtés.
- Qu’est ce qui s’est passé ? demanda-t-elle.
Sly lui expliqua brièvement, et dès qu’elle fut à nouveau en forme, elle se leva. Le duo marcha quelques instants avant que l’un d’eux ne marche sur un pavé dans un « Clic ».
Les deux se regardèrent dans les yeux, ils comprirent trop tard.
Le sol sous eux s’écroula, les pavés tombaient vers un étage inférieur, les laissant s’effondrer à leur tour dans le vide en hurlant. Ils atterrirent durement sur un sol pierreux, dont la surface était recouverte d’eau.
La chute était de plus de vingt mètre, et Sly devait bien avoir au moins une côte fêlée.
Tout autour d’eux, il n’y avait que du noir.