Grâce à mon sackikooboy préféré, j'ai pu me procurer Journey, et le terminer il y a quelques instants à peine.
Pour aller droit au but, je dirais que je n'avais pas ressenti ce genre d'émotions dans quelconque oeuvre audiovisuelle depuis celle que je considère encore et toujours comme mon jeu culte, à savoir Shadow Of the Colossus. Je m'attendais à quelque chose de surprenant, et j'ai été récompensé par une expérience tout simplement hors du commun, qu'aucun autre media que le jeu vidéo ne saura jamais proposer.
Journey n'est ni plus ni moins qu'un palier définitif dans l'affirmation du jeu vidéo en tant que forme d'art à part entière.
Dès les premières secondes, j'ai été frappé par l'incroyable élégance qui pare l'esthétique de ce jeu. Une direction artistique complètement unique, qui vogue entre les plus grands films de Miyazaki et le surréalisme.
Ensuite, vient un second choc : la dynamique des fluides absolument extraordinaire. Uncharted 3 n'aura été finalement que quelques mois le maître étalon en ce qui concerne le rendu et la gestion dynamique du sable dans un jeu. Journey pousse la technique encore plus loin, au point de la sublimer et d'en faire une véritable prouesse artistique.
Voir ces êtres si mystérieux et fragiles glisser dans les dunes, alors que leur cape fait onduler le sable derrière eux, et ressentir cette sensation de glissade, de plaisir aérien que même les meilleurs jeux de snowboard n'ont pas su procurer, c'est tout simplement l'une de mes meilleures expériences de gameplay dans un jeu.
En troisième lieu, la bande musicale tout juste somptueuse. L'occasion de découvrir Austin Wintory, un compositeur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et qui a réalisé un travail génialissime sur Journey.
La musique fait totalement corps avec l'esthétique, et la dynamique du jeu, et, comme dans tous les jeux signés thatgamecompany, s'associe parfaitement avec le design sonore.
L'idée de pouvoir émettre des sonorités musicales, et d'en faire non seulement une mécanique de gameplay essentielle, mais aussi et surtout un moyen de communication avec autrui, cela relève du coup de génie.
Dans l'ensemble, ce qui m'a sans aucun doute infliger l'une de mes plus grosses claques vidéoludiques, c'est cette cohérence absolue entre le visuel, l'audio et le gameplay. Une telle maîtrise pousse à l'admiration, et il y a vraiment des séquences qui m'ont littéralement laissé sans voix ni souffle, tant le jeu était parvenu à me transporter au-delà de toute frontière ludique et artistique.
En l'espace de 2 heures inoubliables, j'ai rencontré un inconnu, je me suis attaché à lui, j'ai eu peur pour lui, j'ai ressenti la solitude en ses rares absences, j'ai perdu tout repère et me suis enthousiasmé en le voyant revenir… et j'ai vécu cette expérience avec lui de bout en bout, sans que jamais nous n'oublions la présence de l'un et l'autre.
Aucun autre jeu n'a su véhiculer cela auparavant, si ce n'est bien entendu Ico. Exception faite que Journey propose une expérience online, et nous lie directement à un être humain derrière son écran, et ça, c'est ce qui rend ce jeu unique et lui confère une puissance émotionnelle grandiose.
Un nouveau chef d'oeuvre à faire rentrer au panthéon des plus grandes expériences vidéoludiques de tous les temps. Un voyage sans retour.