J'ai enfin terminé Assassin's Creed Unity, du moins la partie solo, et ce quasiment à fond
Mes impressions, en détail s'il vous plaît !
Dans l'ensemble, j'ai grandement apprécié mon expérience de jeu, diversifiée, conséquente… et tellement belle. Qu'on se le dise, Unity est véritablement magnifique, cette reconstitution de la Paris historique étant sans nul doute la plus belle et vivante des villes ouvertes qui m'aient été données de voir dans un jeu. La qualité des modélisations, le niveau de détails, la variété architecturale… un soin qui se reflète dans chacun des différents quartiers et environnements proposés.
Un constat d'autant plus agréable, qu'il est rejoint par deux autres gros points forts : la foule et les décors intérieurs. Unity est le premier open world qui m'offre une ville que je puisse qualifier de vivante, organique. Le nombre de PNJs à l'écran est parfois bluffant, se comptant par milliers lors d'une certaine scène historique majeure… La présence de nombreux intérieurs explorables et accessibles change radicalement la dynamique du gameplay et la manière de percevoir l'environnement. Ainsi, il est bien plus aisé de prendre la fuite lorsque nécessaire, ou d'envisager de nouvelles tactiques inédites dans la série.
Toujours au sujet des intérieurs, j'ai beaucoup apprécié la structure façon "mini-donjon" de certains bâtiments renfermant des coffres à piller. Par exemple, un coffre contenant une importante somme, situé au rez-de-chaussée d'une maison dont l'accès ne pourra se faire que via une fenêtre mal fermée, ou une échelle conduisant dans le grenier. Un effort de level design d'autant plus appréciable qu'il donne souvent lieu à quelques sympathiques séquences d'infiltration en présence de troupes ennemies.
La variété des activités annexes m'a également vraiment plu, mention spéciale aux enquêtes sur des meurtres, ainsi qu'aux "Récits parisiens", de plus ou moins longues quêtes secondaires scénarisées et dévoilant davantage le background historique de l'époque. Cette diversité se retrouve dans la structure de la ville en elle-même, avec des quartiers distincts aux ambiances et aux architectures uniques.
Bref, dans sa conception open world, cet opus est une immense réussite, posant de nouveaux standards pour le genre en terme d'immersion. Rockstar & co ont de quoi prendre note.
Graphiquement, je le disais, c'est un jeu somptueux dont nous gratifient les équipes d'Ubisoft, avec une gestion des éclairages qui là encore relève du jamais vu dans un jeu à monde ouvert. Sacrifiant le cycle jour/nuit dynamique au profit d'éclairages en partie précalculés, Unity se montre souvent saisissant dans son rendu visuel, sa qualité d'éclairage conférant une mise en valeur des formes et volumes des différentes structures réellement bluffante. À mes yeux, il s'agit du plus beau jeu nouvelle génération sorti jusqu'à présent, tout simplement.
En terme de gameplay, sans révolutionner l'ADN de la franchise, Unity oriente la saga sur une bonne voie, se recentrant sur ce qui faisait sa force à ses débuts : la furtivité et la liberté laissée au joueur dans l'approche des différents assassinats majeurs. Hallelujah, nous avons enfin droit à une commande nous permettant de nous déplacer accroupi et discrètement, ainsi qu'une commande nous permettant de nous plaquer contre un mur ou tout élément suffisamment gros pour masquer notre présence. Cette dernière se révèle cependant parfois imprécise et n'aura pas manqué de me gâcher un certain nombre de tentatives d'infiltration… Heureusement, le jeu est bien moins punitif qu'auparavant et plus logique dans sa gestion de l'IA adverse. Bien que toujours particulièrement idiote et incohérente par moments, l'IA se montre en effet plus crédible, et les missions donnent désormais droit à l'échec, sans besoin de les redémarrer. Vous avez alerté les gardes par maladresse et fait échouer votre plan d'infiltration ? Ce n'est pas un drame, vous pouvez fuir, attendre que la situation se calme, et réessayer autant de fois que vous le souhaitez.
La possibilité de customiser en profondeur le personnage, son équipement et ses compétences apporte également une richesse bienvenue et non négligeable au système de jeu, et permet à chaque joueur de mieux définir son style esthétique et sa manière de jouer. Un ajout d'autant plus pertinent avec l'arrivée du mode coopératif à 4 joueurs. Je n'ai pas encore pu beaucoup m'y essayer, mais le peu que j'ai pratiqué avec des amis m'a largement convaincu du potentiel de ce mode, bien plus approprié et évident, je pense, que le mode multijoueurs compétitif des précédents volets.
Côté histoire et narration, le résultat est en demi-teinte. Réussi, car porté par des personnages charismatiques et hauts en couleurs, le duo de tête Elise & Arno fonctionnant à merveille et écrit avec intelligence et subtilité. Pas de trame à l'eau de rose, mais une amitié d'enfance ayant survécu et construit des sentiments amoureux refoulés, presque inavoués. Mention spéciale aux doublages français de ces deux protagonistes, collant parfaitement à leur personnalité. Pour tout dire, je me suis surpris à frissonner en entendant la doubleuse d'Elise narrer l'une de ses superbes lettres, consultables au sein du Café-Théatre, sorte de domaine privé d'Arno. Si ce duo porte en effet l'histoire quasiment à lui seul, je regrette qu'il n'ait pas été davantage développé, faute à une aventure principale relativement courte.
En découle une narration malheureusement assez étroite et compressée, qui nous empêche par ailleurs de profiter pleinement des grands moments de la Révolution française, mais nous expose parfois à des séquences véritablement prenantes. Je regrette également un certain manque d'ambition dans la mise en scène et la variété des missions principales. À ce niveau, on reste loin de l'inventivité et de la diversité de la mise en scène d'un GTA V. Sans établir de comparaisons foireuses entre ces deux jeux, on pourrait toutefois imaginer davantage d’interactions contextuelles et une plus grande variété d'actions au sein des missions. Dommage.
Une fois de plus, j'ai eu peine à retrouver la force narrative d'un Assassin's Creed 3 qui demeure encore et toujours à mon sens le meilleur opus de la série à ce niveau. Notons néanmoins la très jolie séquence d'introduction jouable, qui permet de mieux saisir le pourquoi du comment de la relation entre Arno et Elise. Arno figure sans peine parmi mes assassins préférés de la saga, entre Connor et Edward Kenway, que j'ai tous deux nettement préférés à Altaïr et Ezio…
Enfin, et pour conclure ce bilan de mes impressions, un petit mot sur la bande-originale de Chris Tilton et Sarah Sachner que j'ai trouvée très belle et parfaitement dans le ton de l'histoire, bien que malheureusement trop effacée durant la majeure partie du temps de jeu. Où sont passées les musiques d'ambiance durant les phases d'exploration et d'errance au sein des différents lieux ? Une décision qui semble varier d'opus en opus chez Ubisoft, puisqu' Assassin's Creed 3 manquait lui aussi de musiques d'ambiances régulières au sein des environnements, tandis que Black Flag prenait la peine d'en réintroduire (les thèmes de Nassau étaient d'ailleurs formidables).
Autre choix qui m'a laissé fortement dubitatif : reprendre les notes du superbe thème Ezio's family de Jesper Kyd pour AC 2 en guise de thème plus ou moins central. Un choix qui vaut également pour Rogue, apparemment. Autant je suis ravi d'avoir un thème central pour des sagas telles que Halo et Uncharted, autant pour Assassin's Creed, il me paraît évident que chaque opus se doit d'avoir sa propre identité musicale et donc son propre thème central. Pour moi, Ezio's family appartient à AC 2, à son ambiance, à ses personnages, à son contexte historique. Point final.
Si l'OST d'Unity peut paraître peu marquante au sein du jeu, malgré, entre autres, le très beau thème d'Arno & Elise et quelques morceaux d'action ou d'ambiance réellement mémorables, je ne saurais que trop vous recommander de l'écouter à part, sur Youtube par exemple. Une écoute plus attentionnée et posée m'a permis de (re)découvrir de nombreux thèmes, et d'apprécier à sa juste valeur le travail des deux compositeurs.
En conclusion…
AC Unity est un très bon jeu, et probablement le meilleur opus de la saga dans sa plus fidèle tradition : la furtivité et l'assassinat. Si Black Flag demeure mon épisode favori, pour des raisons que j'avais déjà évoquées sur ce topic, l'expérience Unity m'a permis de redécouvrir la série sous un autre angle, et me rend très enthousiaste et optimiste pour son avenir. Adieu la trame totalement bidon et inutile du présent, focus intégral sur l'histoire des ancêtres, et tant mieux ! Inutile de préciser que j'ai hâte de voir ce que le prochain épisode, Victory, a dans le ventre, bien que je ne sois pas sûr de me le procurer cette année
P.S: je peux confirmer que les patchs ont fait beaucoup de bien au jeu, et qu'il est parfaitement jouable, malgré quelques bugs essentiellement visuels.